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 Psycho Trip [Terminé]
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  • Aïlin Bower
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MessageSujet: Psycho Trip [Terminé]   Psycho Trip [Terminé] EmptyMer 7 Sep - 15:49:38

Aïlin observa son reflet dans la grande glace du couloir. Une cape fine tombait sur ses épaules carrées, plus pour ajouter à l'élégance de sa tenue que par réel souci du froid. En ce début de Juillet, le temps était bon dehors et malgré l'heure tardive, le soleil peinait à se coucher. Il portait un gilet d'homme de soie noire par dessus une chemise bleu-gris, ainsi qu'un pantalon à pince qui tombait sur des chaussures cirées à l'embout pointu.

Jenny, sa cuisinière et femme à tout faire lui jeta un regard soupçonneux en dépassant l'arche qui séparait le large couloir du salon. À peine rentré au manoir que son jeune maître s'éclipsait déjà presque tous les soirs, vêtu la plupart du temps avec une élégance étudiée et ne revenait pas avant des heures improbables. Bower se doutait bien que la vieille femme s'interrogeait sur ses activités mais, fort heureusement, il n'avait aucun compte à lui rendre. Si la cuisinière avait tenu le rôle de grand-mère bienveillante durant ses jeunes années, Aïlin n'avait aujourd'hui rien d'autre à lui rendre que son salaire. Toute la gentillesse et la prévenance de cette dame ne l'empêcherait pas de mener sa vie comme il l'entendait, et il lui avait subtilement fait comprendre lorsqu'elle avait cherché à savoir ce qu'il faisait de ses soirées. Malheureusement, Jenny était tenace. Certainement craignait-elle que le jeune Bower tourne aussi mal que ses frères et cela l'agaçait particulièrement. Si Aïlin agissait mal, ce n'était pas pour les mêmes raisons que ses frères ou son père. Cela n'avait absolument rien à voir. Lui avait le projet de relever le blason Bower de ses cendres et briser la réputation exécrable que Devin, Torin et Ultan avaient, par la force des choses, apposée comme un sceau sur leur famille. Devenir un alchimiste estimé et réputé l'y aiderait, en plus des alliances familiales auxquelles il réfléchissait.

Avant d'aboutir à cela, il fallait travailler, rendre service, se faire des amis et surtout, surtout, ne passer en aucun cas pour un roturier. La tâche qu'était sa mère dans son arbre généalogique et qui avait tellement affaibli l'estime que les autres familles de sang-purs portaient aux Bower étaient aujourd'hui une marque d'ouverture et de privilèges comme l'avait d'ailleurs estimé, trop tôt, son défunt père. En un sens, feu Devin avait été un visionnaire. Un sourire amer passa sur ses lèvres à cette pensée, et il réajusta ses cheveux d'ébène qui encadraient en un carré un peu sauvage son visage. Des cernes grises bordaient ses yeux d'un bleu métallique. D'un coup de baguette magique, il les fit disparaître. D'un autre, il lissa sa chevelure, puis il rangea son arme dans l'étui qu'il portait à la ceinture et se tourna vers sa servante qui l'observait toujours sous l'arche.


« Ne m'attendez pas pour aller vous coucher, miss. Je ne sais pas à quel heure je rentrerai.
- Vous allez vous épuiser à force, mon petit. Ce n'est pas bien de vivre à un tel rythme, vous risqueriez de vous perdre en route !
Elle lui adressa un sourire contraint auquel répondit Aïlin en feintant l'amusement.
- La jeunesse perdrait son temps à se reposer. »
Rétorqua-t-il tout en se dirigeant vers la porte de chêne.

Descendu du perron, Aïlin traversa la cour en direction d'une voiture où était déjà installé Erycius à la place du cocher. Celui-ci attendait ses ordres, les rênes au bout desquelles il n'y avait nul cheval fermement tenues entre ses doigts. Il ouvrit d'un coup de baguette magique le portail lorsque son maître lui indiqua l'allée des embrumes tout en montant dans la calèche. En un claquement de rennes, la voiture disparu ou plutôt, traversa l'Irlande jusque Londres à une telle vitesse qu'en quelques secondes, elle se trouva au lieu-dit.

Aïlin était légèrement nerveux, mais n'en laissa rien paraître alors même qu'il était encore seul. Il s'était forgé un masque confiant et désinvolte. D'après Brennan, le sorcier qu'il allait rencontrer n'était pas un petit bonnet. Il ne connaissait ni son identité, ni ses affiliations, mais se doutait qu'il allait faire des affaires avec l'homme le plus louche, et certainement le plus dangereux, qu'il avait jusqu'alors rencontré. Quand un sorcier vous donnait rendez-vous pour parler d'expérimentations alchimiques en vue de créer de nouveaux psychotropes, mieux valait rester sur ses gardes et ne pas se laisser impressionner.

C'était la raison pour laquelle il ne descendit pas dans la petite rue adjacente à l'allée des embrumes où il s'était arrêté pour attendre le mystérieux commanditaire. Bien à l'abri des regards dans sa voiture, il ouvrit seulement la porte après avoir jeté un regard à sa montre à gousset et attendit que l'homme se présente et le rejoigne à l'intérieur. Ainsi, ils seraient cachés à la plèbe qui déambulaient dans ces lieux. C'était ainsi qu'Aïlin avait exigé le rendez-vous. Une ruelle sordide ne lui plaisait pas, aussi peu qu'un bar malfamé où n'importe quel énergumène pouvait être un complice prêt à lui lancer un mauvais sort. Il s'était très aimablement excusé pour cette exigence, mais vous savez, « de nos jours prudence et discrétion sont de mise ».


Dernière édition par Aïlin Bower le Jeu 15 Déc - 18:56:01, édité 1 fois
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  • Hugh Murray
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MessageSujet: Re: Psycho Trip [Terminé]   Psycho Trip [Terminé] EmptyJeu 8 Sep - 16:35:43

Hugh Murray, assis dans son salon, finissait son cognac, avant de partir pour le rendez-vous qui avait été programmé plus tard dans la soirée. Il avait accepté de se déplacer pour joindre l’individu qui l’avait contacté, étant donné que celui-ci avait un certain niveau social. Même s’il avait une tendance à se sentir supérieur au reste de la population magique, des brins de mesure l’atteignaient parfois. Surtout que le personnage qu’il allait rencontrer avait des vues d’alchimiste, et il se demandait s’il pourrait le charger de certaines recherches pour les nouvelles substances psychotropes qu’il souhaitait lancer sur le marché en perpétuelle évolution. Son potionniste principal faisait des ratés en ce moment, et il aurait été ravi de s’en débarrasser proprement, s’il pouvait s’offrir les services de personnes compétentes, car il n’y en n’avait pas pléthore pour son type d’industrie. Par ailleurs, s’il pouvait devenir un client potentiel, cela lui ferait l’économie de devoir vendre une partie de sa marchandise via ses hommes, et donc de perdre de l’argent en passant par ces intermédiaires, qui lui coûtaient un certain pourcentage de ses bénéfices.

Etant attendu du haut niveau social de son interlocuteur, il s’était vêtu avec soin, mais comme d’habitude avec un style dépassé. Il s’était fait couper les cheveux, pour qu’ils soient impeccablement taillés, comme jadis l’était la moustache de Barty Croupton. Il portait une robe d’un rouge presque noir à col haut, boutonnée sur la poitrine par des boutons d’argent. Par-dessus, il avait passé une cape noire qui descendait voluptueusement jusqu’à ses mocassins cirés. A l’image de Lucius Malefoy, il gardait sa baguette dans sa cane d’ébène à pommeau. Par mesure de prudence, il en dissimulait toujours une seconde de secours dans sa poche de robe, si jamais les événements tournaient mal. Il avait également avec lui une bourse contenant une certaine quantité de Gallions, toujours nécessaire s’il fallait payer des affres à quelqu’un, ou soudoyer un quidam. Son cahier à la couverture de cuir noir, fermé par un sortilège, l’accompagnait, ainsi qu’un morceau de parchemin, le matériel utile à l’envoi de lettres, ou de notation d’informations intéressantes. Dernier élément de son habillement, une chevalière ornée d’une émeraude amovible, sous laquelle se cachait un minuscule réceptacle qui renfermait un poison mortel quasi instantané, arme de dernier recours, si jamais quelque chose tournait vraiment mal.

Son regard parcourant le salon adjacent à sa chambre, de petite taille mais bien meublé, s’attarda sur l’horloge murale. L’heure de son entrevue approchait. Il se leva, descendit l’escalier à vis de pierre, et appela son homme de main d’un ton sec.

« Il est l’heure Matthew, venez. »

Hugh Murray avait deux hommes de confiance. L’un deux, celui-ci, jouait son rôle de valet et escorteur. Hugh le traitait mal, mais il réussissait à trouver ses compensations. Sa mission était de suivre les traces de son maître, et de veiller à ce qu’il ne lui arrive rien. L’autre, le regard sournois, et les yeux atteints d’un strabisme divergent aléatoire, était le chef de sa bande et son second. C’était lui qui gérait les relations entre les revendeurs, les fabricants, et les importateurs de produits. Sa fonction auxiliaire était de servir d’assistant à Hugh, les rares fois où il devait tirer des informations d’un individu récalcitrant, ou faire disparaître un témoin gênant.

Hugh Murray, suivi de Matthew, transplana dans l’Allée des Embrumes. Il avait refusé, pour un premier contact, de recevoir l’individu chez lui, et avait même obtempéré à sa demande, et avait accepté de le rejoindre dans sa calèche. Certes, cela le rendait vulnérable, mais son homme de main veillait au grain. Ce n’était pas un duelliste expérimenté, ni Hugh d’ailleurs, quoiqu’il soit aidé par sa violence inouïe. Il commença à marcher en direction du lieu choisi, suivi à une dizaine de mètres par Matthew, qui portait une longue cape passablement élimée, surmontée d’un capuchon qui masquait son visage, comme celui de nombreux autres passants de ces lieux mal famés. Il avait pris la précaution élémentaire de ne pas transplaner sur le lieu de son rendez-vous directement, dans le cas où il aurait été pris en embuscade.

En chemin, il eut la voie obstruée par un jeune ivrogne, manifestement fort imbibé. Refusant de se laisser ralentir, d’une de ses mains, il envoya une raclée au passant qui s’effondra avec la maladresse d’une homme saoul sur le sol, adossé au mur. Arrivant à la ruelle de son entrevue, il aperçut le coche qui l’attendait. Il ouvrit la portière d’un geste ample, et y entra, s’asseyant sur la confortable banquette, en face du propriétaire de la calèche.


« Bonsoir, monsieur Bower. »

Il attendit quelques instants, le temps pour son interlocuteur de répondre et de dire quelque chose s’il avait un mot à souligner, avant de commencer, la voix basse, et ses yeux sombres brillant dans l’obscurité.

« Je me suis laissé dire que nous pourrions envisager une relation d’affaires monsieur Bower… j’ai également cru comprendre que vous pouviez souhaiter vous procurer mes produits. Ai-je raison de penser que nous pouvons trouver des intérêts à une collaboration ? »

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  • Aïlin Bower
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MessageSujet: Re: Psycho Trip [Terminé]   Psycho Trip [Terminé] EmptyJeu 8 Sep - 22:14:55

Sans surprise, son auguste et anonyme commanditaire était à l'heure. Aïlin l'accueillit d'un sourire aimable et lui indiqua d'un geste la banquette face à lui, par pur formalité, puis laissa retomber sa main sur l'accoudoir.

« Bonsoir, Monsieur... »

Rétorqua-t-il à la salutation de l'individu, laissant en suspens sa phrase afin de lui laisser le choix ou non de se présenter. Il posa un regard affable sur l'homme, non sans avoir pris le soin de détailler discrètement son accoutrement. Il avait repéré le détail qui lui indiquait le rang de ce personnage, et ce détail, après tout, importait plus que son nom. La chevalière qu'il portait à l'instar d'Aïlin indiquait qu'il venait d'une famille respectable de sorciers et qu'Aïlin devait, en ce sens, veiller aux convenances.
Son potentiel employeur ne s'étendit pas en amabilités, cependant. Il parla sans détour, d'une voix qui indiquait clairement qu'il n'avait pas de temps à perdre. C'était un personnage charismatique, au regard vif où planait une agressivité latente. Ce regard lui rappelait celui de son père. Il sut d'instinct à quel genre d'homme il avait affaire. Un homme dont il fallait se méfier, et qu'il fallait satisfaire au risque sinon d'avoir de graves ennuis. Un instant, il se demanda s'il avait bien fait d'accepter un tel rendez-vous, d'autant plus que la référence indirecte à l'usage personnel qu'il faisait des drogues l'avait quelque peu froissé, bien qu'il n'en avait rien laissé paraître.
C'était donc ainsi qu'avait parlé son intermédiaire de lui. Un alchimiste doué et amateur de psychotropes. Cela expliquait certainement le fait qu'il fasse le candidat idéal au poste proposé. Un connaisseur savait ce que le client au bas de l'échelle attendait, quelles étaient les mouvances du moment en matière d'effets recherchés. Bien sûr, si le commanditaire pouvait payer en substances plutôt qu'en pièces sonnantes et trébuchantes, le bénéfice serait excellent.
Aïlin ne comptait cependant pas se faire avoir de la sorte, si c'était ainsi que son interlocuteur projetait de le remercier pour ses services. Ses recherches avaient un coût. Créer pour d'autres était un investissement qui lui coûtait du temps, un temps précieux qu'il ne réservait pas à ses projets plus personnels. Les produits chimiques, les plantes et le métal qu'il pouvait être amené à utiliser étaient souvent rares et chers. S'il avait les moyens de les financer, il lui paraissait pourtant stupide d'avancer les frais pour la simple notoriété. Mais ils n'en étaient pas encore là et Aïlin était un jeune homme trop subtil pour amener directement l'aspect financier de leur collaboration sur la table. Il se contenta donc, d'abord, d'acquiescer.


« Si je n'estimais pas qu'il y ai des intérêts conséquents, pour vous comme pour moi, à tirer d'une collaboration, croyez que je ne me serais pas permis de vous faire perdre un temps qui doit vous être précieux en répondant à votre appel, Monsieur. Avant d'entrer dans le vif du sujet, permettez-moi cependant d'ordonner à mon cocher de se mettre en route. Il serait mal avisé de rester à l'arrêt par ici, nous risquerions d'être dérangés par quelque badaud, pour ne pas envisager le pire. Je suppose que vous souhaitez rester aussi discret que moi. Si vous êtes accompagné, ces messieurs peuvent bien sûr ce joindre à nous, il y a bien assez de place, ici ou aux côtés de mon cocher. »

Que ce Monsieur ait déambulé seul dans les rues malfamées de l'allée des embrumes pour rencontrer un parfait inconnu aurait été une idée grotesque. Si Aïlin comptait sur ses talents pour se défendre en cas d'ennuis, il n'avait pour autant négligé de mettre plus ou moins au fait Erycius, afin que ce dernier reste sur ses gardes. Bien sûr, le cocher n'était pas un sorcier d'élite, mais il lui savait des compétences très acceptables en matière de duels. C'était aussi pour cette raison que son défunt père l'avait choisit pour serviteur, habitué qu'il était à fréquenter des hommes prêts à tuer à la moindre entourloupe. Sa discrétion légendaire de majordome anglais ajoutait au confort d'avoir un tel homme à ses ordres. Il attendit la réponse de son vis-à-vis, avant de s'exécuter et reprendre la parole.

« J'ai estimé qu'une démonstration valait mieux qu'une description usante de mon expérience en matière d'alchimie. Je me suis donc permis de vous apporter un flacon de ma création. Vous n'êtes peut-être pas sans savoir qu'à Poudlard, des substances ont été utilisées par une certaine caste, dans des buts bien précis. Cependant, il y a toujours des effets secondaires qui altèrent l'efficacité de ces produits, empêchant d'en faire meilleur usage. Les descentes trop violentes et cassantes, entre autre. C'est d'ailleurs ce qui rebute souvent les usagers, ou ce qui effraient de potentiels intéressés.
« Prenez par exemple la mescaline. Ses effets sont lents à venir et la descente particulièrement violente, même à faible dose. Si bien que le peyotl, entre autres plantes en contenant, est parfaitement illégal dans l'usage des potions, même à visées chamaniques. Voici un échantillon transmuté de cette substance. »


L'alchimiste se tut pour glisser une main dans la poche intérieure de sa cape, d'où il retira un flacon en verre épais qui ne contenait pas plus de cinq cachets. Il le tendit à l'intéressé.

« J'ai noté que les effets sont raccourcis de trois heures environ, mais qu'ils apparaissent dans les trente minutes après la prise d'un cachet. Une vingtaine en poudre. Quand à la disparition de la drogue dans l'organisme, elle entraîne tout au plus de la fatigue, un peu de nervosité et une très légère dépression. Juste ce qu'il faut, je dois dire, pour souhaiter en reprendre. Ce produit entraînerait une addiction seulement à des usages trop répétés, cependant. »
Il se doutait qu'une addiction plus immédiate arrangerait mieux les revendeurs.
« Ce n'était pas l'effet visé par les quelques personnes qui s'en réservaient l'usage. »

Déclara-t-il, se gardant bien d'ajouter qu'il avait tenté d'annihiler les effets addictifs pour son usage personnel plutôt que pour rendre service aux membres de la milice pourpre, qui n'avaient jamais eu connaissance de la conception d'un tel produit. Il n'avait aucune envie de passer pour ce qu'il n'était pas. S'il s'était intéressé à de telles activités, c'était parce que la transmutation de composés chimiques d'origine végétale était plus simple que celle à pratiquer sur ceux provenant d'une forme de vie plus évoluée. Transformer le fer en argent ou le cuivre en or était une possibilité infime du pouvoir de l'alchimie et Aïlin ne s'en contentait plus à présent. L'expérimentation avait été plus enrichissante que l'usage qu'il en avait fait, pensait-il sincèrement.

« C'est une expérimentation à petit budget qui a, avant tout, visé à satisfaire ma curiosité. Néanmoins, avec des altérations plus approfondies de la base chimique de la mescaline, ou avec d'autres substances, les possibilités sont vastes. L'alchimie ne s'handicape que de peu de frontières en matière de métamorphose. Il y a infiniment de possibilités. »

Aïlin s'adossa plus confortablement contre le dossier de la banquette, soulagé d'avoir finit sans heurt son entrée en matière. S'il tenait bien son rôle autant en tête-à-tête qu'en public, il n'était pas encore parfaitement habitué au tournant que prenait sa vie. Assumer son talent autant que son nom étaient des responsabilités plus lourdes qu'il ne se l'était imaginé, mais c'était là des objectifs qui lui plaisaient et le motivaient à se dépasser. Il se découvrait lui même sous un nouveau jour, à user de son autonomie comme il n'aurait pu l'imaginer seulement deux ans plus tôt. Lui qui s'était cru destiné à toujours devoir jouer un rôle secondaire était maintenant le dernier héritier de Devin Bower. Le seul sous les projecteurs.
Aujourd'hui, c'était à lui d'enrichir son carnet d'adresse, de satisfaire assez pour voir son labeur récompensé. Personne d'autre que lui même ne lui tendrait la main. Il était seul. Cet homme qui lui rappelait le visage cruel de son père le lui rappelait. Un enfant craintif en lui espéra ne pas avoir trop parlé, mais il le fit taire avec une véritable violence. Son discours avait été nécessaire. Si l'homme voulait savoir s'il pouvait ou non lui faire confiance, il était à présent fixé. Aïlin savait de quoi il parlait et était inventif. Seule son imagination et celle de son employeur seraient des limites à l'alchimie. Quant à ses capacités en la matière, il n'en doutait pas. Ce n'était plus l'heure de l'indécision.
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  • Hugh Murray
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MessageSujet: Re: Psycho Trip [Terminé]   Psycho Trip [Terminé] EmptyJeu 15 Sep - 19:53:13

Une fois qu’il se fut présenté, le jeune adulte lui répondit, et se sentait nettement dans sa voix les traces d’une éducation distinguée, qui prouvait qu’il n’avait pas affaire à n’importe quel vulgaire jeune médiocre qui tenterait de passer dans sa bande. Il répliqua de manière hautaine et sèche au questionnement de son identité. Pour lui, pas question de révéler son identité à quelqu’un qu’il n’allait peut-être pas prendre part à son groupuscule, pour qu’il aille jouer les fins délateurs au ministère.

« Nous verrons s’il est nécessaire que vous sachiez qui je suis. Prudence est mère de sûreté, n’est-ce pas ? »

En s’habituant rapidement à l’environnement du carrosse, il ne put s’empêcher de s’interroger sur les motifs qui conduisaient un héritier de l’ancienne noblesse anglaise, qui avait encore beaucoup d’influence dans le monde des sorciers, de par sa richesse et son réseau de relations très étendu, à se plonger dans les interdits et entrer dans les réseaux mafieux. Certes, malgré le fait qu’il ait cherché à collecter des renseignements sur le jeune Bower, il ne savait pas grand-chose des motifs qui l’avaient fait dévier de son droit chemin, même s’il avait eu le sentiment que la famille avait perdu de son cachet depuis quelques temps. Néanmoins, une richesse assez conséquente devait encore être en sa possession, sans quoi il n’aurait pas eu les moyens de le balader dans ce coche relativement confortable. Avant de partir, Hugh tendit son bras hors de la fenêtre, et fit signe à son homme de main de s’approcher puis, sans un mot, lui intima d’aller se placer aux côtés du conducteur. D’une voix toujours aussi sèche et dure, il commenta :

« Excellente idée, je déteste être dérangé durant mes transactions, que ce soit par de la racaille qui traîne habituellement dans les parages, ou par un membre de la brigade magique qui n’aurait pas trouvé mieux avant. »

Pendant que Bower lui parla, il garda les yeux fixés sur lui, tout en détaillant son apparence. Tout indiquait en lui le fils de haute famille aisée, et il lui semblait également que l’intelligence transpirait de ses paroles. Durant son monologue, il ne prit la peine que de l’interrompre pour ajouter une ou l’autre remarque qu’il estimait avoir son intérêt. Il écouta avec intérêt son exposé sur sa transmutation, tout en notant certaines remarques mentalement. Il interrompit le discours du jeune homme, et indiqua d’un ton cassant.

« J’espère malgré tout que vous pouvez faire plus. Cette transmutation est, certes, intéressante, mais je souhaite développer certains autres éléments, qui vont, je pense, se montrer plus ardus dans leur réalisation, néanmoins, je crois que vous avez les capacités pour ce que je désire. Quant à la question de l’addiction, il est évident que, dans nos entreprises, nous voulons qu’un besoin pour notre substance se fasse vite ressentir, mais j’espère bien plus. Je n’ai pas que de la vulgaire clientèle à laquelle on peut vendre des produits de basse qualité, tout en gardant des visées sur le long terme à ses dépends. Je fournis aussi une certaine caste plus élevée à laquelle je dois vendre quelque chose de pur, de raffiné, et qui n’entraîne pas, ou presque, de manque, mais plutôt la nuance d’une qualité si incomparable que l’individu ne peut s’empêcher de la vouloir à nouveau. »

Il laissa le jeune homme achever, tandis que son esprit s’aventurait vers des horizons fous. Tout le monde connaissait le but ultime de l’alchimie : la fabrication de n’importe quel métal en or le plus pur, et la production de l’élixir de longue vie, vous rendant presque immortel. Si jamais Bower pouvait réussir à fabriquer une nouvelle pierre philosophale, exploit inégalé depuis Nicolas Flamel, employée autrement qu’elle ne le fut autrefois pas l’illustre alchimiste, elle pourrait bouleverser l’équilibre mondial, et propulser son détenteur au pouvoir. Cependant, il aborderait ce point après, une fois qu’il serait sûr du jeune homme. Il prit donc la parole, d’une voix sérieuse d’homme d’affaire.

« Le produit que vous avez conçu peut se révéler utile, et vous semblez avoir les dispositions que je requiers pour ce que je souhaite. Laissez-moi vous faire quelques propositions dans lesquelles nous trouvons tous deux nos intérêts. »

Il n’allait pas s’embarrasser de plus d’éloges sur ses compétences, son objectif était de conclure un accord, et il n’avait pas pour habitude de perdre son temps à d’autres discussions passablement inintéressantes. La nuit était une période dangereuse, et même si Hugh avait l'habitude de travailler souvent après la tombée du jour, il n'en gardait pas moins un excès de prudence quand il s'aventurait dehors en terrain inconnu quand les derniers rayons du soleil avaient traversé l'horizon. Il avait l’espoir qu’il pourrait construire une relation lucrative, et même en faire un de ses seconds, s’il était disposé à faire partie intégrante de son réseau.

« Je peux vous faire plusieurs propositions. Si je vous ai contacté, c’est dans le but d’avoir un potionniste, mais avec les qualités d’un alchimiste en sus. J’ai besoin de quelqu’un de doué pour répondre aux exigences de conception des nouveaux produits. Le marché est en perpétuelle mouvance, et il faut que l’offre soit la plus rapide, et la plus qualitative possible, la mienne en tout cas. Nous devons aussi être en mesure de diversifier notre gamme en fonction de la demande, et de, comme je vous le disais précédemment, mettre au point des substances destinées au seul usage d’une marge de la clientèle qui, si elle n’est pas majoritaire, rétribue cependant plus nos services. En ce sens, j’ai besoin de vous, mais pas seulement, car un simple potionniste doué pourrait me suffire, or, je veux également un alchimiste. Utiliser l’alchimie dans notre domaine, pour transmuter des matières premières, dans le but de reproduire les atouts d’autres matières coûteuses ou difficiles à se procurer est un des aspects de ce que j’envisage, mais pas le principal. Mon idée est d’envisager la création de nouvelles marchandises, en utilisant l’alchimie dans le processus de transformation, pour donner des aspects nouveaux au substances obtenues, et à la fois améliorer les produits existants, mais aussi créer, et c’est là que l’idée est novatrice, un panel de produits différents de ceux qui sont déjà connus. Voilà pourquoi je veux un alchimiste. »

Il se tut, et sortit de sa cape une bouteille remplie d’un liquide pâle. D’un déclic, il sortit sa baguette de sa cane, et fit apparaître deux verres de cristal fin, qu’il remplit du vin blanc sec que contenait la fiole, et en tendit un à son interlocuteur. Il affectionnait les boissons peu liquoreuse, et en règle générale les plus brutes possible. Cependant, ce n'était sans doute pas le cas du jeune homme, la plupart des gens préféraient à l'heure actuelle des vins doux et sucrés dotés d'une belle rondeur. Après l’avoir goûté, il en prit quelques gorgées avant de poursuivre d’un ton légèrement différent, moins froid qu’avant.

« Tant de palabres fatigue la gorge, alors je me permets de vous faire goûter ce délicieux vin blanc de nos amis français. J’en viens donc à ma deuxième proposition. Aux fonctions que j’ai citées, vous pourriez en ajouter une qui, je tiens à le souligner, vous rapporterais beaucoup plus, et je me doute bien que vous ne faites pas cela par amour du métier. Néanmoins, je toucherai à ceci plus en détail à la fin. Pour des raisons personnelles qui n’appartiennent qu’à moi, je désirerais remplacer mon ancien chef potionniste, et je pense que vous pourriez faire l’affaire. Cela entraînerait cependant une plus grosse implication de votre part dans les activités, et donc une plus grande redevance à l’égard du réseau. C’est-à-dire que vous devriez entrer au cœur du repaire, y être présent souvent, trouver une couverture importante. Des recherches peuvent très bien s’effectuer chez vous, si vous possédez un laboratoire, et le temps qu’elles prendraient serait de deux jours par semaine, environ, même si cela évolue en fonction des aléas du marché. Le fait d’être chef potionniste demanderait d’être présent au repaire, où vous pourriez avoir à votre disposition un laboratoire équipé à la perfection et avec des ustensiles de pointe, mais aussi sans doute quatre jours par semaine, au moins, car il s’agirait de superviser la fabrique de tous nos produits en plus. A cela s’ajoute le fait que vous serez nettement plus impliqué dans le système, et plus proche d’éventuels protecteurs potentiels ou autres relations. Le paiement, au contraire de la recherche pour laquelle vous êtes payé à prix fixe, s’effectue moyennant un certain pourcentage sensiblement plus intéressant qu’une rétribution simple. Néanmoins, si vous êtes disposé à prendre cette fonction, dites-le moi, auquel cas je devrai vous informer de plus d’éléments.

Une légère pause se fit à nouveau, mais il n’en profita pas pour s’hydrater, laissant un léger silence lourd de propos s’installer. Son expression prit durant ce temps un teint menaçant. Ses yeux se firent plus petits, et son regard dur à soutenir, pour quiconque n’y étant pas habitué. Lorsqu’il reprit la parole, sa voix était empreinte d’une menace à peine voilée.

« Je serai franc. Vous savez le savez sûrement, mais je vous le rappelle quand même, dans notre catégorie d’entreprise, la règle d’or est motus et bouche cousue, ainsi que loyauté vis-à-vis de son commanditaire, c’est-à-dire moi, de même que moi au Grand Patron. Les cas de déloyauté ou de trahison sont sévèrement punis, et le pardon n’existe pas là où nous sommes. Je ne fais pas exception à la règle. Si vous entrez dans le système, vous devez savoir que je n’hésiterais pas à vous réduire au silence en cas de trahison. Et le réseau ne se limite pas à moi, on n’échappe pas à la mafia. Si vous y entrez, vous acceptez cela. Donc, à partir du moment où vous me dites que vous êtes intéressé par ma seconde proposition, vous êtes au courant de certaines choses pouvant justifier votre élimination, mon identité, entre autres. Dans le cas ou vous seriez d’accord, je pourrais même vous proposer une troisième offre encore plus intéressante, pour vous comme pour moi… »

Les dernières phrases contenaient un avertissement clair, et il aurait été stupide de ne pas en tenir compte. La mafia était un milieu impitoyable, et beaucoup croyaient que l'on pouvait s'y engager comme au ministère, et prendre les voiles n'importe quand. Cela donnait souvent lieu à des disparitions inexpliquées, ou à des accidents malheureux, car la mafia ne prenait aucun risque, pas Hugh Murray en tout cas, dont le caractère systématique dans ses procédures était connu. Sa voix d’homme d’affaire revint à nouveau pour conclure.

« Pour ce qui est de la question financière, je prends à charge les frais de matière première, et de laboratoire si vous employez le mien. Pour vous donner une idée, entrer dans le réseau vous rapporterait trois fois plus si vous étiez juste chef potionniste que faire de la recherche, mais si vous faites les deux, cela pourrait aller jusqu’à quatre ou cinq fois plus, cela dépend du pourcentage que nous fixons. »

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MessageSujet: Re: Psycho Trip [Terminé]   Psycho Trip [Terminé] EmptyDim 25 Sep - 14:50:53

Cet homme était parfaitement antipathique, Aïlin n'en eut plus le moindre doute au bout de quelques minutes d'entretien. La façon dont il tanguait entre expression dédaigneuses ou agressives lui chauffait le sang, mais il garda bien caché son agacement derrière une expression neutre, tout au long du discours de son interlocuteur. Ce dernier parla d'ailleurs beaucoup, sur un ton qui tout d'abord crispa davantage Aïlin. Sa façon qu'il eut de remettre en cause ses talents sans avoir au préalable mesuré l'étendue de ses capacités auraient été suffisante pour que l'alchimiste fasse arrêter la voiture en le priant de trouver meilleur candidat au poste qu'il lui proposait s'il l'estimait nécessaire. Mais Bower n'était pas stupide et avait bien vite calculé l'irresponsabilité d'un tel comportement. Ce sorcier n'était pas n'importe quel sorcier, il n'y avait pas à en douter. Couper court à cet entretien pour une question d'orgueil aurait été parfaitement malavisé. Son commanditaire anonyme était d'ailleurs bien vite revenu sur ses propos en l'estimant tout à fait capable. Aïlin acquiesça sans émettre le moindre commentaire.

« Je vous écoute. »

Daigna-t-il cependant ajouter, lorsque son vis-à-vis proposa d'en venir au fait. Ce dernier lui parla alors de nouveau et bien plus qu'avant. Il précisait sa demande et Aïlin sortit un calepin de la poche intérieure de sa cape et le déposa près de lui, non sans poser également une plume qui tint en équilibre sur le papier. Cette dernière prit en note ce qu'il y avait d'important à retenir sans l'aide de son propriétaire.
Son commanditaire s'interrompit un instant, et proposa à l'ancien Serdaigle un verre de vin, à l'étonnement de ce dernier. Il ne semblait pas, en effet, friand des mondanités d'usage, mais Aïlin accueillit l'effort avec politesse. Il prononça un remerciement poli et braqua son regard dans celui de son interlocuteur, qui se faisait soudain moins glacial qu'auparavant. Ses changements réguliers d'attitude avaient quelque chose de troublant. Il avait la sensation d'avoir un homme profondément instable face à lui et, en ce sens, particulièrement dangereux s'il attisait sa colère. Il allait devoir répondre finement aux propositions que l'anonyme étalait sur la table. Propositions qui se faisaient de plus en plus nombreuses et de plus en plus profitables, en apparence, du moins, au fur et à mesure que le discours approchait de sa fin. Après l'avoir rabaissé quelques instants plus tôt, il l'appâtait à présent à coup de promesses de gallions, comme on appâte un jeune ressortissant d'une filière rare et privilégiée, dans l'espoir d'en tirer le plus possible de ses capacités. Malheureusement, Aïlin ne fonctionnait pas comme cela. Il avait toujours vécu dans l'opulence, sûr d'une confortable fortune en héritage dont il avait placé une grande partie à Gringott's. Ce qui l'intéressait étaient les contacts, le renom. L'argent, bien qu'ayant son importance pour se financer, n'était que secondaire. Pourquoi risquerait-il sa vie, s'attacherait-il déjà si jeune à un groupuscule alors qu'il s'était battu toute sa jeunesse contre cela, seulement pour de l'argent et une protection ? L'homme venait de lui donner le mot-clef, qui rendit certain Aïlin qu'établir une limite à ne pas franchir était nécessaire : Mafia. Si la mafia n'était pas au point des mangemorts en terme de fidélité et d'appel au terrorisme, il n'avait aucune envie d'y être mêlé de trop près. Du moins, l'idée d'être le subalterne d'un homme qui lui rappelait à ce point la figure exécrée de son père était tout bonnement inenvisageable. De plus, Aïlin était trop solitaire pour se résigner à intégrer la mafia, abandonner son laboratoire personnel et, avec lui, ses projets plus concrets et intéressants. Il savait ce que cela engendrerait. Les résultats de ses expérimentations finiraient par ne plus lui revenir et il devrait les rendre à un tiers qui s'enrichirait de la sueur de son front.

Il aurait pu sourire de toutes ces propositions qu'enchaînait son potentiel employeur, si celui-ci n'avait pas changé à nouveau d'attitude pour se montrer cette fois menaçant. D'une voix claire, il lui promettait le risque de se faire tout bonnement assassiner pour toute dérogation à une des règles de la mafia, s'il en faisait parti. Aïlin resta perplexe. Quel était l'intérêt pour lui de se plier à de telles règles si la première proposition lui offrait plus de libertés, et si on lui opposait, d'emblée, des menaces ? Il avala une gorgée de vin blanc après en avoir inspecté la robe, sans répondre d'abord au sorcier. C'était bien les moyens de ceux qui voulaient régner par la terreur que cela, pensa-t-il.


« Ce vin est excellent. Vous devriez féliciter votre fournisseur. »

Murmura-t-il en observant son verre d'un air appréciateur. Ses yeux se levèrent finalement sur l'autre et un petit sourire arquait ses lèvres. Celui-ci disparut cependant bien vite, au profit d'une expression parfaitement sérieuse.

« Je serai franc également. Je ne suis pas financièrement dans le besoin et la question d'argent est très obsolète. Bien sûr, j'ai besoin de financement sur le long terme et le coût de mes recherches ont un prix élevé. L'alchimie est aussi rare que précieuse et il faut des moyens pour la pratiquer ou pour profiter de ses bienfaits. Ma fortune n'est pas éternelle, mais ce que je recherche, avant tout, est une relation réciproque de confiance entre ceux qui aspirent à profiter de mon art et moi. En d'autres terme, j'ai besoin d'une renommée pour m'élever et continuer mes recherches. Cependant, je ne suis pas sot, Monsieur. Je serais profondément désavantagé en acceptant votre dernière offre et je suis certain que vous en avez autant conscience que moi. L'alchimiste a besoin de solitude, et d'être émancipé des contraintes très matérielles de la réalité pour exercer son art. Ce n'est pas n'importe quelle branche de la métamorphose. L'implication intellectuelle est plus forte que dans la plupart des pratiques magiques et je n'ai pas besoin de soucis et de règles autres que celles que m'imposent déjà mon métier.
« Croyez bien que l'intérêt que vous me portez m'honore. Il est rare d'avoir d'aussi belles opportunités, mais elles ne pourraient s'associer à mes aspirations personnelles. M'intégrer à votre mafia est exclu. Mes services ont pour prix, en premier lieu, de respecter ma liberté, si je puis m'exprimer ainsi. Je vous l'ai dit, je suis un homme discret. Cette conversation ne sortira pas d'ici, que vous m'engagiez comme simple potionniste ou en tant qu'associé à part entière. À mon sens, d'ailleurs, rien n'empêche une relation de confiance et de profit entre vous et moi sans s'embarrasser de tant de formalités. »
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  • Hugh Murray
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MessageSujet: Re: Psycho Trip [Terminé]   Psycho Trip [Terminé] EmptyMar 27 Sep - 19:19:43

Les affaires commençaient mal. Hugh percevait très bien le fait qu’une tension dérangeante et froide régnait dans l’habitacle du coche entre les deux hommes. Il savait pertinemment bien qu’il pouvait ne pas plaire à beaucoup de monde, mais de son côté, le garçon (il pouvait se mettre de l’appeler ainsi au vu de la si grande différence d’âge entre eux) avait des demandes farfelues. Une relation de confiance ne se créait pas du jour au lendemain comme une inscription à un club de Bavboules, les liens se devaient de se tisser lentement, au début ténus et fragiles, incertains, mais au fur et à mesure de plus en plus solides et nombreux, qui finissaient par devenir quasiment indestructibles, et cela au prix de nombreux mois. Cependant, il fallait le reconnaître, il y avait chez ce jeune homme nombre de qualités qui plaisaient à Hugh. Il ne se priva pas de lui faire savoir. Si le jeune semblait se braquer au fur et à mesure de l’entretien, le vieil Hugh parlait avec plus de décontraction et d’amabilité, à mesure que la conversation se déroulait.

« Voyez-vous, monsieur Bower, il existe deux catégories de personnes. Il y a celles dominées par le pouvoir de l’argent, et qui ne recherchent que cela, sans poursuivre d’autres objectifs, et il y a les autres qui ont compris que l’argent n’est pas le plus important, une fois que l’on dispose d’un généreux tapis sous nos pieds, mais qu’un réseau solide de relations rend l’existence bien plus facile à bien des égards. Et je préfère de loin la deuxième catégorie, déjà parce qu’elle m’économise de l’argent. »

Il acheva son verre de vin et s’en resservit, ainsi qu’au jeune homme. Il faudrait qu’il songe à renvoyer Matthews se procurer des stocks, sa cave à vin se vidait, et à part les quelques vins liquoreux trop sucrés et trop doux à son goût, il commençait à manquer d’à peu près tout. Grâce à l’argent que lui ferait économiser l’alchimiste, il pourrait disposer de plus de liquidité, sans avoir besoin d’entamer ses réserves de son coffre-fort personnel, ou de celui contenant son argent placé à Gringotts.

« Si je comprends bien, nous partons plus sur une relation du premier type. Vous travaillez chez vous, et élaborez des substances psychotropes nouvelles selon les demandes de mes clients, ou travaillez à la transmutation de matières premières. Je pense qu’il est préférable que je prenne à ma charge les frais de matière première et de matériel, si vous avez besoin d’instruments particuliers. Cela vous va-t-il ? Je pense que vous avez de grands talents, aussi serait-il stupide qu’ils ne se trouvent restreints par un manque quelconque. »

La suite lui posait quelques problèmes. Si l’absence de rémunération représentait en soi une certaine économie pour le mafieux, nouer des contacts ne se faisait pas simplement. De même, la mafia entravait toujours la liberté, dans le sens où l’on ne pouvait la trahir une fois qu’on en connaissait une partie de ses secrets.

« Je dois avouer que si vous ne désirez pas spécialement d’argent, cela m’arrange aussi. Vous donner des contacts ne me coûte rien. Mais vous savez, je suppose, que même en travaillant hors du sein même du réseau, en étant au courant de contacts, et en connaissant certains membres, vous êtes tenu par la loi du silence en dehors du milieu, et même vis-à-vis des adversaires des clans pour lesquels vous travaillez. Cela, tous vous le diront, ou alors vous le cacheront avant de vous poignarder dans le dos lorsque vous ferez volte-face. »

Hugh laissa à nouveau traîner le silence. Il s’était toujours fait un point d’honneur à être franc avec ceux qu’il embauchait. Cela lui évitait beaucoup de meurtres inutiles. Une bonne partie des petits escrocs revenaient sur leur idée d’intégrer le réseau quand ils apprenaient cela et Hugh préférait, car maquiller des meurtres était toujours un travail fastidieux et onéreux.

« Parlons de la confiance et des relations. La confiance ne se développera qu’au fur et à mesure de notre relation. Je ne vous donnerai même pas mon nom au sortir de cet entretien, et attendrai encore quelques semaines avant de me dévoiler à vous. Il en va de même pour les contacts et la renommée que vous souhaitez voir s’établir. Néanmoins, si vous travaillez bien, je me ferai un plaisir de vous mentionner auprès des alliés de mon réseau, voire même à mon rival de la drogue, avec lequel je vais peut-être conclure un accord bientôt. Et évidemment, je pourrai vous mettre en relation avec toute une série de gens et de contacts utiles que seule la mafia peut vous procurer, même sans en faire pleinement partie. Et bien évidemment, en étant en contact avec des barons de notre réseau, que cela par mon intermédiaire ou pas, de nombreuses choses peuvent s’arranger, notamment dans les métiers intéressants, ou lorsqu’il y a des postes juteux à pourvoir. Mais je vous suggère de préciser votre demande, car je ne sais si c’était cela dont vous parliez. »

Hugh avait conclu son offre. Pour l’instant, il estimait avoir fait une bonne proposition. Si le jeune homme refusait l’argent, la mafia ne pouvait rien lui offrir de plus que ce qu’il venait de mentionner, et qui en soi n’était pas rien : des contacts, des puissants protecteurs, des alliés généreux, et tout un réseau de relations utiles. Il pensait avoir proposé ce qu’il pouvait, l’avoir mis au courant des risques qu’il encourait à trahir la mafia sans détour et sans cacher la vraie réalité, et, après avoir commencé un marchandage peu habile, pris une direction raisonnable lui offrant ce qu’il demandait. Le jeune Bower était très loin d’être un imbécile, et grandes étaient ses qualités. Pouvoir en bénéficier, même à fort prix, lui serait productif. Et ce n’était pas parce qu’il ne souhaitait pas prendre une grande part à la mafia que cela n’arriverait pas plus tard. Après tout, Hugh Murray nourrissait secrètement un espoir : l’âge avançant, même s’il savait qu’il pouvait encore vivre des dizaines d’années, n’étant pas marié, il faudrait qu’il se trouve un successeur capable de reprendre ce qu’il avait fondé, et chaque fois qu’il rencontrait un jeune potentiellement apte à le suivre, il ne pouvait s’empêcher d’y penser. Le jeune Matthews était, certes, de bonne volonté et entièrement dévoué à son affaire, mais ses qualités de gestion auraient tôt fait d’envoyer le commerce droit dans le mur. Hugh replongea dans l’instant présent avec la soudaineté d’une douche froide, et demanda, après ce silence étrange :

« Que pensez-vous de tout cela, mon cher ? »

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  • Aïlin Bower
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MessageSujet: Re: Psycho Trip [Terminé]   Psycho Trip [Terminé] EmptyLun 24 Oct - 14:07:37

L'avantage des personnalités telles que celle de ce Monsieur, c'étaient qu'elles ne s'embarrassaient pas de politesses pour présenter ce qu'elles pensaient. Le mafieux était clair, net, précis. Bien que l'expression de son regard lui rappelait à un certain degré celle de son père, Aïlin ne pouvait qu'apprécier cette qualité. C'était agréable, pour une fois, de ne pas avoir à tourner autour du pot. Un léger rire lui échappa même lorsque son interlocuteur fit sa remarque à propos de ces gens qui avaient pour qualité première de lui faire économiser de l'argent, autrement dit, lui. Ce trait d'humour le détendit et il se pencha avec moins de raideur pour recevoir le vin que lui servait le quinquagénaire, tout en le remerciant poliment.
Le sorcier profita de cet interlude pour revenir sur les termes de leur contrat, maintenant précisé. L'aboutissement de cette rencontre semblait correcte au jeune Bower. Chez lui, il disposait de la tranquillité et de l'intimité nécessaires et il n'aura qu'à faire parvenir la liste des produits dont il avait besoin, sans se soucier de ce que cela coûterait. C'était la méthode de travail rêvée. S'il avait des comptes à rendre, ce ne serait que sur la qualité des produits qu'il créerait, sans autre souci.


« Je ne peux pas rêver meilleures conditions pour faire mon travail. C'est parfait. »

Rétorqua sincèrement Aïlin, lorsque le supposé chef mafieux lui demanda si cela lui convenait. Son interlocuteur, apparemment attaché à son argent, remit l'aspect financier sur le tapis, félicitant son partenaire de lui coûter finalement si peu. Il était vrai que c'était une très bonne opportunité pour le larron. Aïlin était doué, intelligent, productif et travailleur. Il remplissait toujours ses obligations dans les temps et parfois, même avant que l'échéance ne soit arrivée à terme. Idéalement, on ne pouvait rêver meilleur partenaire, surtout lorsque celui-là ne lui coûtait que le prix de la matière première. Les conditions de travail qu'exigeait le jeune Bower étaient, en ce sens, à la limite du don, non pas par crainte de perdre un potentiel employeur, mais parce que, selon lui, les contacts valaient plus que tout l'or du monde. Il aurait tout le temps par la suite de voir à la hausse ses demandes, lorsque du temps se sera écoulé sur les ponts et que son employeur aura mesuré tout le profit que lui apportait Bower.
De la question d'argent découla à nouveau celle du secret, dans lequel devait impérativement se fixer le partenariat. Cela allait de soi, Aïlin mesurait parfaitement ce que signifiait travailler pour ce genre d'entreprise. Depuis sa plus tendre jeunesse, il avait baigné dans le secret, dans l'illégalité et les partenariats compromettants. Il était arrivé plus d'une fois que son père invite à diner quelques grosses têtes du marché illégal, des diplomates corrompus et quelques fois, des mangemorts soit disant repentis. Bien que la plupart des négociations se soient déroulées loin de ses oreilles d'enfant, il avait toujours clairement ressenti les enjeux de ces diners de négoce.


« C'est entendu, Monsieur. Les affaires qui concernent la famille Bower ou celles qui s'y rattachent ne sortent jamais du manoir. Je crois que c'est une règle de survie fondamentale en ce monde. »

Commenta l'irlandais. Les choses, de ce côté-là, devaient effectivement être bien claires. Cela sembla satisfaire son vis-à-vis, puisqu'il ne revint pas sur ce point. Il était cependant évident que la confiance ne pouvait s'instaurer entre les deux hommes au terme d'un simple entretien en catimini, autour d'un bon verre de vin. Aïlin était encore jeune, son passé trouble. Nul n'avait sut s'il avait été un opposant ou un partisan des forces du mal, pendant la guerre et même avant. Ses frères, le plus jeune mort au combat aux côtés du Seigneur des Ténèbres, l'autre exécuté au terme d'une arrestation musclée, avaient été clairement identifiés comme mangemorts, de même que son père à titre posthume. Mais qu'en était-il d'Aïlin ? Personne n'avait les moyens de clairement se prononcer, peut-être pas même lui, tant sa situation avait été ambigüe. Il n'avait semblé faire parti d'aucun bord, il demeurait le gros point d'interrogation qui planait sur l'illustre famille irlandaise. Ce mystère qui l'auréolait, ajouté au fait qu'il soit jeune et brillant, devait certainement en faire quelqu'un dont on devait se méfier ou, du moins, aborder avec méfiance. Quand on était pas fixé sur les points de vue d'un sorcier, mieux valait ne pas partir du principe qu'il était digne de confiance.
L'explication du mafieux n'étonna donc pas Bower. L'immédiateté de la chose n'avait même pas été pensée en proposant une relation de confiance. D'ailleurs, lui-même n'avait pour le moment aucune raison d'établir ce genre d'entente avec son interlocuteur. Ces choses là venaient avec le temps. Il n'en fit pas la remarque cependant, supposant que « l'individu sans nom » avait conscience d'avoir affaire à un quelqu'un qui n'était pas assez stupide pour offrir sa confiance au premier venu. Au lieu de quoi, il se contenta de boire par petites gorgées son verre, tout en écoutant les promesses du patriarche de la mafia. Lorsque ce fut à son tour de prendre la parole, il abaissa son verre et prit une courte seconde pour rassembler ses mots.


« Et bien, je pense que c'est un échange honnête et même tout à fait profitable. Votre appui, particulièrement sur des questions d'avenir, me serait effectivement d'un grand soutien et je me réjouis d'imaginer un partenariat aussi prolifique, pour vous comme pour moi. »
Commença-t-il avec un sourire.
« Vous n'êtes certainement pas sans savoir que le nom des Bower a été violemment traîné dans la boue au terme de la guerre et, en bénéficiant de l'héritage de ma lignée, je me retrouve aussi à assumer le poids des erreurs qu'ont commis mes aînés. Évidemment, cet état de fait compromet grandement mes chances de prouver ma respectabilité. Les gens ont quelques... à priori, à mon égard. Je ne supporterais pas que cette situation demeure. Je pense que vous comprenez à quel point l'argent me semble dérisoire à côté de cette responsabilité. Néanmoins, j'ai parfaitement conscience, malgré ma jeunesse, que ma situation ne se rétablira pas en quelques mois. Je propose d'abord de partir sur la base que vous venez de proposer, nous aurons tout le temps par la suite d'approfondir ces questions, n'est-ce pas ? »

Sa dernière phrase fut prononcée sur un ton plus léger. Il s'arrêta néanmoins un instant, glissa un index le long de son menton, tout à coup pensif.

« Il y a un dernier point sur lequel nous devrions nous pencher, il me semble. Comment souhaitez-vous entrer en contact avec moi, par la suite ? Les hiboux sont pratiques, mais ne sont pas la méthode de communication la plus sûre. Vous serez bien sûr le bienvenu au manoir, ce dès que vous le souhaitez. La région d'Irlande dans laquelle j'habite n'est pas très fréquentée, nous y serions tranquilles, mais dans ces temps encore troublés, on pourrait malgré tout s'étonner de nos rendez-vous, si cela venait à se découvrir... »
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  • Hugh Murray
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MessageSujet: Re: Psycho Trip [Terminé]   Psycho Trip [Terminé] EmptyMar 8 Nov - 19:50:46

Hugh éprouvait en l’instant présent une sensation exquise de contentement ; comme à l’habitude, il ressentait la douceur agréable et apaisante du travail mené à bien. Il avait réussi à faire du jeune Bower un allié de choix. Grâce à ses dons, aussi rares que développés à ce qu’il semblait, il pourrait orienter ses projets d’expansion dans la ligne qu’il désirait, et par là engranger des bénéfices considérables en utilisant l’exclusivité qu’était le jeune alchimiste. Il était singulièrement impressionné par l’héritier Bower. Lui-même, à son âge, ne s’intéressait pas le moins du monde aux fabrications magiques, et même s’il n’était déjà pas dépourvu d’un esprit intelligent, il n’en avait pas encore utilisé les plus subtiles ressources, son boulot étant de voler sur un balai en envoyant des sphères destructrices à tous vents contre les joueurs adverses.

Ce n’était que plus tard, sa retraite entamée, qu’il avait commencé à rechercher dans son esprit les rouages les plus astucieux et les fils les plus fins pour tenter, vainement jusqu’à présent, de se débarrasser de son cousin honni. Et par la suite, cette même intelligence avait été la base de ce qu’il dirigeait aujourd’hui, un empire commercial, certes illégal et non reconnu, mais d’une telle dimension. Néanmoins, si l’étendue de ses connaissances théoriques en matière de préparations magiques était désormais suffisante que pour lui permettre de gérer un réseau de ce type, il serait purement incapable de réaliser une de ces préparations, n’ayant jamais eu la main assez leste et le doigté assez précis ; pour cette raison, il avait une certaine forme d’admiration pour le jeune Bower.

Cependant, un léger détail le titillait et s’était insinué dans sa tête au fil de la discussion, et restait présente, parasite, dérangeante, disgracieuse, comme une tache d’encre sur un papier jusque là immaculé. L’alchimiste partait, résolu et déterminé, vers ce qu’il espérait, et qu’Hugh aussi espérait, à savoir une réussite lui permettant d’avoir un soutien fort et de redresser la bannière de sa lignée, pouvoir dresser à nouveau fièrement l’étendard de sa famille, souillé à présent par les actes de sa fratrie, aujourd’hui disparue sans aucune trace, si ce n’était les salissures qui traînaient sur le nom de la famille.

Celui-ci devait cependant savoir que la méthode qu’il employait ne marchait que si la mafia restait puissante. Le réseau, désormais dense et ayant des fils tissés dans tout le pays, agissait en fond, comme des ombres à la politique actuelle, et dominait le plateau. Mais il suffisait d’un retournement de situation, peu probable à l’heure actuelle tant le réseau fonctionnait bien, pour que l’édifice ne voie un de ses flancs s’effondrer. Et dans une situation pareille, si Hugh avait, comme certainement tous ses homologues puissants, un échappatoire préparé, les acteurs moins influents qui gravitent autour de leur chef tomberaient tous dans les prises des filets du système judiciaire dont il était tellement difficile de s’extraire.

Mais si Hugh savait cela, il savait également qu’il était peu probable que de tels événements se produisent. La direction prise par le cours de choses semblait indiquer que la mafia continuerait son expansion, au détriment du ministère, jusqu’à ce que celui-ci finisse par tomber sous sa coupe. Chassant donc ces pensées de mauvais augure, il prit la parole, le ton plus chaleureux qu’il ne l’avait été depuis le début de l’entretien, même si, de manière sous-jacente, la rigidité de sa voix transparaissait toujours.

« Partons ainsi en ce cas, et que le voyage soit le plus long possible. Je vais vous donner, pour vos frais à venir, une bourse de mille Gallions. Deux tranches identiques suivront, dans un premier temps, dans les semaines prochaines, une fois les premières réalisations faites. En ce qui concerne la communication, vous aurez le plus souvent affaire à mes aides de camp, même si je ne négligerai pas de venir vous parler de temps à autres, pour voir si notre collaboration est toujours concluante. Pour que leurs allées et venues ne paraissent pas suspectes, j’ai à cet égard une politique de couverture des plus solide. Etant donné que les visites représentent un risque toujours présent, même si elles seront toujours présentes dans nos contacts, j’ai mis en place un système de communication des plus fonctionnel. Un des membres de mon réseau gère une société totalement légale et reconnue, dont le siège officiel se trouve à l’étranger pour plus de sûreté, qui est une société d'aide à domicile pour les personnes ne disposant pas d’un elfe de maison, ou ayant des tâches à confier, et par laquelle je transmets mes messages. Le système est simple : je fais partie de leur clientèle, transmets le message à un des membres de la société, qui vient vous voir ensuite sous la couverture d’un service et transmet le message. Cette petite société s’occupe d’ailleurs aussi de personnes totalement anodines, ce qui fait passer cela sans nous inquiéter auprès de contrôles fiscaux. Ainsi je peux vous contacter par ce biais sans risquer ni ma sécurité, ni la vôtre. »

Hugh était d’ailleurs particulièrement fier de ce système. Un tel procédé permettait de faire passer ses communications sans risquer qu’un hibou soit intercepté, ou que la police magique puisse établir un lien entre des allées et venues suspectes. Jetant un imperceptible coup d’œil à sa montre ornant son poignet, il conclut :

« Bien, je pense que nous nous sommes tout dit. Quelques affaires m’appellent encore au cours de la nuit, et je ne souhaite pas faire languir mes collaborateurs. Si vous n’avez pas quelque chose à dire nécessitant que nous en parlions, j’estime que cet entretien est terminé. Bonne nuit, monsieur Bower, je vous recontacterai personnellement dans les semaines à venir, et nous aurons une discussion privée plus poussée que celle-ci. »

La main sur la poignée du coche, Hugh s’apprêta à descendre. Une autre affaire l’attendait encore cette nuit, et il devrait se rendre jusqu’aux Pays-Bas pour rencontrer un personnage pouvant lui procurer une substance extraordinairement coûteuse mais qu’il se refusait à livrer sur le sol anglais. Hugh allait donc chercher à établir avec lui un plan avec l’individu, ses sous-fifres étant pour la soirée occupés au déménagement de tout un entrepôt vers une nouvelle cachette. Il pourrait également en profiter pour aller visiter sa fabrique hollandaise, car, sans visite régulière de leur chef, les hommes commençaient à travailler avec moins de rigueur et de vigueur. Attrapant sa cane dans la main, Hugh se leva, prêt à ouvrir la portière.
« Bonsoir », lâcha-t-il avant de prendre le large dans les rues sombres adjacentes à l’allée des embrumes.
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