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 Un Auror à la réputation douteuse cherche à se cultiver !
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MessageSujet: Un Auror à la réputation douteuse cherche à se cultiver !   Un Auror à la réputation douteuse cherche à se cultiver ! EmptyMar 7 Déc - 9:39:59

Dehors, derrière la fenêtre de la chambre du Chaudron Baveur, tout un peuple animait la vie du Chemin de Traverse, des sorciers, des sorcières, allaient et venaient, entraient dans les boutiques, observaient les articles. Les rues ne désemplissaient pas. Sans doute l’approche de Noël poussait beaucoup de gens à venir se perdre dans la tourmente commerciale des petites échoppes, à la recherche du cadeau parfait. Pamva, qui ne comptait faire de cadeaux à personne, regardait d’un peu loin cette agitation soudaine.

Et puis il jetait, de temps à autre, un coup d’œil songeur à sa baguette, qu’il faisait tourner rêveusement entre ses doigts. Il se souvenait – comme tous les sorciers sans doute – du premier jour où il l’avait rencontrée, de cette sensation si particulière, qui était comme de se trouver soi-même, quand il l’avait touchée pour la première fois, de cette vague énergique et indescriptible qui était passée par son être et lui avait annoncé que cette fois, pour de bon, sa vie allait changer – c’était plus que la lettre de Poudlard, plus que l’achat des manuels de magie. C’était le début d’une nouvelle existence.

De la poudre de corne de licorne. Il se souvenait de l’éclat un peu triste du regard d’Ollivander. Le marchand lui avait expliqué : que si une licorne donnait sa corne, c’était qu’elle était morte, nécessairement. Et y avait-il une chose plus triste que la mort d’une licorne, créature pure entre toutes les créatures ? Parfois, Prudence s’interrogeait sur les circonstances de la mort de cet animal qui lui cédait un peu de son essence magique. Parfois, il se demandait ce que la mort d’une si grande pureté, cette mort qui lui destinait une baguette, voulait dire de son destin.

Ces interrogations l’agitaient par une sorte d’esprit de superstition assez répandu, sans doute : car après tout, l’on disait bien que la baguette disait beaucoup du sorcier qui la manipulait. Alors, une baguette si noire, et née de la mort d’une licorne, fallait-il s’en réjouir ? Il y avait des jours – c’était idiot bien sûr – où il se sentait presque coupable. Et d’autres où ces considérations faisaient naître en lui une exaltation un peu obscure.

Le jeune homme passa une cape noire, arrangea machinalement sa chevelure, et descendit dans la salle du Chaudron Baveur. Des consommateurs attablés le suivaient du regard : pour certains, il était connu ici, comme une personne souvent de passage. Pour d’autres, il était un Auror dont on voit le nom et la photographie de temps en temps dans les journaux, souvent associés à une explosion ou à une métamorphose un peu (trop) audacieuse. Pour le patron de l’établissement, il était un client turbulent.

Avec l’un de ses sourires désarmants de charme et d’insouciance, Prudence balaya à la fois les propositions de tournées et le patron qui lui rappelait avec une certaine insistance qu’il devait songer à payer son séjour – et il se dirigea vers l’entrée du Chemin, qu’il ouvrait toujours avec la même excitation qu’il l’avait vue s’ouvrir devant lui lorsque, étant encore enfant, sa mère avait dissipé sous ses yeux ce rempart de pierre. Il avait quatre ou cinq ans à l’époque ; on venait lui acheter des Chocogrenouilles.

Dix minutes plus tard, c’était donc, bien entendu, devant l’étalage d’un confiseur que Prudence s’était arrêté dans une contemplation enthousiaste. N’étaient les gallions qui manquaient cruellement dans son escarcelle, il eût sans doute raflé l’ensemble des friandises. Et après tout, les enfants n’en avaient pas besoin : ils étaient à l’école. Pouvait-il laisser ces Chocogrenouilles solitaires, sans acquéreur ? C’était d’une telle cruauté !

Quelque argent en moins plus tard, Prudence continuait à progresser dans le Chemin en mastiquant une Chocogrenouille. De temps à autre, un petit garçon qui devait découper les articles de la Gazette du Sorcier tirait sur la manche de son père, pointait Pamva du doigt et s’exclamait, un peu admiratif :


« Papa, Papa, regarde, c’est l’Auror cinglé ! »

Alors le père de l’enfant jetait à son fils un regard réprobateur, sans qu’il fût tout à fait possible de déterminer si c’était parce qu’il venait de traiter un Auror de cinglé ou bien parce qu’il s’adressait à un cinglé qui, par hasard, était Auror (et sans doute, pour bon nombre de sorciers, il y avait là une sorte d’intime adéquation). Prudence, pour sa part, se contentait de sourire. C’était après tout ce qu’il faisait de mieux (avec les explosions).

Et finalement se dessina devant lui l’enseigne familière d’Ollivander, si célèbre dans le monde des sorciers. Elle était l’une de ces silhouettes dont on n’imaginait pas qu’elles pussent disparaitre un jour ; disparaitraient-elles qu’il semblerait que le monde devait s’effondrer. Tant de générations de sorciers étaient passées par cette échoppe, tant de baguettes fabriquées ici ; tant de souvenirs se croisaient en ce lieu – pour tous.

Pamva poussa la porte de l’enseigne en engloutissant sa dernière Chocogrenouille, et pendant que le goût s’en développait encore dans sa bouche, il entreprit de promener son regard machinalement analytique sur les étagères, les meubles, et de comparer la disposition des objets avec son souvenir ; il y avait des choses qui avaient changé, mais bien sûr, depuis la seconde guerre, tout avait un peu changé. Et cependant, c’était la même boutique, la même odeur.

Mais pas le même Ollivander – car d’Ollivander, il n’y en avait point. Prudence enfonça les mains dans ses poches, et mit ses sens en alerte : pour trouver Ollivander. Il était reposant de déployer ses instincts de chasseur pour quelque chose de plus pacifique qu’un mage noir et une bataille sanglante – c’était à peu près l’image que Pamva se faisait des vacances. (Sans doute n’était-il pas en la matière très imaginatif.)

Il y avait du bruit dans l’arrière-boutique : les lieux n’étaient pas désertés ! Prudence s’approcha du comptoir, pencha la tête pour tenter d’apercevoir quelque chose, huma un peu l’air comme dans l’espoir d’y trouver des indications parfumées et se résolut finalement à s’éclaircir un peu bruyamment la gorge et à interroger :


« Euh… Hm ! Bonjour ? Monsieur Ollivander ! C’est moi ! »

Car comme tous les clients d’Ollivander, qui prenait un soin particulier de chacun des jeunes sorciers qui passaient par sa boutique, Prudence avait l’impression qu’un homme qui avait jouer un rôle si considérable dans son existence devait nécessairement se souvenir de lui.
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MessageSujet: Re: Un Auror à la réputation douteuse cherche à se cultiver !   Un Auror à la réputation douteuse cherche à se cultiver ! EmptyMar 7 Déc - 20:21:38

Comme d'habitude, Ollivander avait passé dix minutes à faire des recommandations à son apprenti avant de quitter la boutique. Le jeune homme avait gagné en compétences, mais son patron était toujours aussi inquiet à l'idée de lui laisser le magasin. Bien sûr, il savait désormais prendre les mesures d'un client, faire une réparation simple, mais pour vendre une baguette, le vieil artisan se savait imbattable. Il fallait pour cela un coup d'oeil, un flair qui ne venait qu'après des années de pratique... et James, malgré toute sa bonne volonté, ne possédait pas encore le nez d'un vendeur aguerri.

-Je serai de retour dans une heure, fais patienter les clients, ou dis-leur de revenir... Si c'est pour une réparation tu peux la faire, mais seulement si c'est comme l'autre fois, une baguette pas entièrement cassée... si les morceaux se sont séparés il faut que je m'en occupe moi-même... Ah, et si tu as le temps, il faudrait étiqueter toutes ces baguettes, et aussi...

James acquiesçait à tout, tâchait de tranquilliser son patron, mais il fallait, comme à chaque fois, qu'il lui fasse son quart d'heure de recommandations. Il avait progressé, cependant ; au tout début, il consacrait pas loin d'une demi-heure à ces conseils et consignes, puis on était tombé à un quart d'heure. Et ce jour-là, à peine dix minutes, et le vieux sorcier s'en était allé... Sa confiance en son apprenti augmentait, à mesure qu'il lui apprenait le métier. Le garçon était raisonnablement doué pour ce travail, et surtout désireux d'apprendre ; avec cela, Ollivander était instinctivement sûr de son honnêteté, et il lui confiait le tiroir-caisse sans le moindre scrupule. Les clients, c'était autre chose ; un Gallion volé se rembourse, mais un client déçu ne revient jamais. À chaque absence de l'artisan, James devait donc promettre de ne rien faire qui puisse mécontenter un client, quitte à leur demander de revenir plus tard.

Le patron était parti depuis une bonne demi-heure lorsque la clochette fixée à la porte d'entrée tinta ; James acheva l'étiquette qu'il rédigeait avant de se lever pour aller accueillir le client. Un type apparemment connu d'Ollivander, puisqu'il s'annonçait en disant simplement « c'est moi ». L'apprenti posa sa plume et passa dans la boutique, où attendait un jeune homme – plutôt beau gars, au demeurant. Le repenti avait la vague impression de l'avoir déjà vu, mais il ne pouvait dire où. Bon, s'il s'agissait d'une connaissance d'Ollivander, il avait déjà dû venir... Essuyant ses mains tachées d'encre sur son pantalon noir, James le salua :

-Bonjour monsieur... Qu'y a-t-il pour votre service ?

Une réparation, allez, une petite réparation de rien... Juste pour avoir la fierté de faire le boulot lui-même, et de pouvoir dire à Ollivander qu'il s'en était parfaitement tiré... Depuis quelques jours, le patron lui faisait réparer à peu près tout ce qu'il pouvait, et les dernières tentatives avaient été couronnées de succès. Peu à peu, le jeune homme constatait ses progrès, et son travail en devenait d'autant plus intéressant ; bientôt, Ollivander le lui avait promis, il fabriquerait sa première baguette, en prenant en charge tout le processus, de la conception au coup de vernis final... En attendant, il fallait aussi apprendre le métier de commerçant, et c'était beaucoup plus difficile ; rester souriant, d'humeur égale, avec tous les clients, ne pas regarder les beaux hommes comme des conquêtes possibles, tout cela était un exercice délicat pour James. D'ailleurs, il se rendit compte qu'il adressait au type un sourire un peu trop insistant pour un simple vendeur, et il tâcha de revenir à quelque chose de plus professionnel. Et tant qu'à faire, il s'interdit de regarder le monsieur plus bas que le torse, juste au cas où.
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MessageSujet: Re: Un Auror à la réputation douteuse cherche à se cultiver !   Un Auror à la réputation douteuse cherche à se cultiver ! EmptyMar 7 Déc - 21:08:54

Parfois, Prudence surprenait en lui des mouvements nostalgiques, un vague romantisme typiquement anglais peut-être ; quand il entrait dans une boutique où la poussière mêlait aux souvenirs sa saveur ancienne et confortable, il songeait que c’était une vie beaucoup plus calme, beaucoup plus paisible, et non moins agréable que celle qu’il menait : une vie où il eût pu se trouver lui-même au lieu de s’égarer dans des aventures diverses, et dangereuses.

Il se prenait à rêver d’un petit cottage perdu dans les Highlands de son Ecosse natale, d’un élevage de moutons, de longues soirées de tricot (car Pamva n’était peut-être pas d’une virilité à toute épreuve) devant le feu de la cheminée, de vieux livres aux pages jaunies et écornées, de la cornemuse qui développerait ses accents chuintants dans l’ombre verdoyante, d’un chat qui ronronnerait, d’un proche que les arbres obombraient généreusement pendant les chaudes journées d’été et d’une vieille chaise à bascule légèrement grinçante.

Il promenait ses doigts sur le bois du comptoir, comme pour prendre plus intimement contact avec cette essence naturelle et paisible, cette massive tranquillité des lieux que rien ne semblait pouvoir perturber ; il se sentait un peu plus vieux peut-être, en se souvenant de l’enfant qu’il avait été entre ces murs. Mais il ne se sentait certes pas plus sage, et bientôt une impatience agitait d’un pianotement machinal ses doigts et dissipait ses rêveries gentiment bucoliques.

L’apparition – au demeurant charmante – du jeune apprenti ne l’aida de toute façon pas à caresser un peu plus ses songeries de vieillesse anticipée. Prudence avait déjà braqué son regard droit dans celui de l’inconnu et répondu, avec un demi-sourire :


« Soit il se bonifie considérablement avec le temps, soit vous n’êtes pas Ollivander. »

Mais il se trouvait que Prudence n’était pas un Auror pour rien et que son insouciance entreprenante n’était jamais sans se teinter d’une prudence machinale – et c’était bien la seule qu’il possédât. Son regard se détacha de celui de James Kirkby pour entreprendre de le détailler ; ce n’était l’affaire que de deux ou de trois secondes, mais pendant ce temps si court, les yeux de l’Auror avaient quelque chose d’un peu dérangeant, quelque chose de trop scrutateur et de trop perspicace, d’involontairement soupçonneux presque : c’était un regard à l’affût des secrets, et l’on s’imaginait aisément qu’il en trouvait souvent.

Le visage de James Kirkby portait-il des traces de son passé nébuleux ? Y avait-il de ce visage une photographie ou un portrait qui dormît quelque part dans les dossiers du Bureau des Aurors (que Prudence faisait mine de ne jamais consulter, pour se donner un genre, mais qu’il gravait dans sa mémoire à force de lectures – plus consciencieux qu’il ne voulait bien le reconnaître) ? Il fallait croire que non, ou que Pamva était bon comédien, car ces secondes passées, son sourire désarmant avait repris place sur son visage et l’irradiait de son insouciance.

Peut-être était-ce que Prudence faisait confiance à Ollivander, une confiance un peu naïve, encore toute enfantine, comme si un homme si habile pour choisir les baguettes, pour percer la personnalité des gens, leur identité secrète, et leur trouver l’instrument qui leur fallait, ne pouvait décemment employer que des gens qui fussent irréprochables et en lesquels on pouvait placer la même confiance aveugle que celle qu’inspirait naturellement le célébrissime fabricant. Peut-être.

Les yeux de Prudence pétillèrent encore quelques secondes dans ceux de l’apprenti avant de s’envoler, pour effleurer du regard, versatiles, les boites, les baguettes, les étagères, tout le paysage familier de la boutique. D’une voix vaguement (et faussement !) distraite, Pamva commençait à évoquer les motifs de sa visite :


« Eh bien, il se trouve… Que je passais dans le coin, vous voyez et hm… Comme j’avais quelques questions à poser à Monsieur Ollivander… Des questions à propos des… »

Il s’arrêta net, contemplant avec un intérêt soudainement vif telle rangée des étagères, qui ne présentait rien de particulier – cette pensée l’absorba une seconde ou deux, puis il secoua la tête comme pour se tirer de ses rêveries et reposa le regard sur James (pour se plonger peut-être dans d’autres rêveries pas tout à fait aussi avouables).

« Je veux dire, des baguettes. Oui. Des questions d’ordre général, en fait. Théoriques, un peu, si vous voulez. »

Pamva ferma quelques secondes les yeux pour murmurer, un peu lentement :

« Mais je suppose qu’il n’est pas là. »

Il avait adopté un ton oscillant entre l’affirmation tranquille et la question poliment discrète. Ses yeux se rouvrirent et se plongèrent à nouveau dans ceux de James, avec une intensité qui tenait moitié de l’inquisition, moitié de la séduction.

« Ce n’est pas grave. Je suis sûr que vous êtes très… Très compétent. Vous voyez… »

Ses doigts recommençaient à pianoter sur le comptoir ou bien ils s’y promenaient, comme pour suivre une route très claire, allant, venant, rebroussant chemin, appuyant parfois un mot ou deux d’un index précis, balayant une demi-phrase d’un revers de main.

« J’étais en Russie… »

La Gazette du Sorcier venait justement de relater, le matin même, la mission d’un Auror du Ministère, en Russie, qui s’était terminée en succès, mais dans une série d’explosions et autres manifestations peu discrètes, qui avaient un peu indisposé le Ministre russe.

« Et je me demandais, vous voyez, une baguette, c’est si composite, si morcelé, si divers, et en soi-même si magique, bien sûr, je me demandais si l’on pouvait en faire quelque chose. Lancer des sorts à une baguette. Je ne sais pas, moi… »

Il prit un air faussement évasif.

« Des sortilèges, des enchantements. »

Tout doucement :

« Des métamorphoses ? »
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  • James Kirkby
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MessageSujet: Re: Un Auror à la réputation douteuse cherche à se cultiver !   Un Auror à la réputation douteuse cherche à se cultiver ! EmptyJeu 9 Déc - 21:08:51

James marqua un léger temps d'arrêt sous le regard attentif du client, en se demandant un peu pourquoi il l'observait ainsi. Par réflexe, il passa une main dans ses cheveux – pas de toile d'araignée –, vérifia du bout des doigts sa braguette – fermée – et termina ce tour d'horizon en passant sa langue sur ses dents : pas le moindre morceau de salade coincé. Rien. Ah, et la chemise ? D'un bref regard, l'apprenti s'assura qu'elle ne portait aucune tache suspecte ; mais rien, dans sa tenue, ne lui semblait justifier le regard inquisiteur dont on le gratifiait. À moins qu'un énorme bubon violet à poils verts lui soit poussé sur le front ? Ou une moustache rose en balai ? Ou une paire de cornes sataniques ? L'idéal aurait été de pouvoir se regarder dans un miroir, de pied en cap, pour être définitivement rassuré sur son apparence, mais c'était exclu pour le moment ; il fallait garder une attitude un minimum naturelle pour répondre à ce client, et le jeune homme s'y employa tout de suite :

-En effet, je ne suis pas Mr Ollivander. Vous avez un redoutable esprit de déduction, monsieur.

Il n'avait pu s'empêcher de lancer cette petite pique – parce que l'homme lui semblait sympathique ; il ne se serait pas permis la plaisanterie avec tout le monde, et ne l'aurait jamais risquée en présence du patron... mais le type n'avait pas l'air d'être homme à se formaliser pour si peu, et Ollivander ne rentrerait pas avant un bon quart d'heure. Le visiteur avait cessé de le détailler, et il lui adressait un sourire ; ce changement brusque n'était pas fait pour rassurer James, qui jugeait le client de plus en plus étrange. Un coup je te scrute comme si je voulais t'apprendre par coeur, un coup je te souris façon séducteur italien, un coup je te fais une blague... Mais que voulait-il, au final ? Tout cela ne collait pas. Un simple dragueur aurait eu un regard différent ; il y avait quelque chose de franchement bizarre chez ce type-là, mais l'apprenti ne pouvait déterminer quoi exactement.

Les propos décousus de l'homme complétaient parfaitement le tableau ; James ne comprenait pas où il voulait en venir, il guettait la suite de chaque phrase, sans trop savoir quoi répondre. Il réagissait à mi-voix, sans que son interlocuteur paraisse l'entendre, et encore moins s'en soucier :


« Eh bien, il se trouve… Que je passais dans le coin, vous voyez et hm… Comme j’avais quelques questions à poser à Monsieur Ollivander… Des questions à propos des… »

-Monsieur Ollivander n'est pas là...

« Je veux dire, des baguettes. Oui. Des questions d’ordre général, en fait. Théoriques, un peu, si vous voulez. »

-Heu...

« Mais je suppose qu’il n’est pas là. »

-En effet, mais il ne va pas tarder...

« Ce n’est pas grave. Je suis sûr que vous êtes très… Très compétent. Vous voyez… »

-Heu... il vaudrait mieux...

« J’étais en Russie… »


Là, pour le coup, James ne tenta pas de répondre. En Russie ? Au pays de Grim. Le jeune homme eut une bouffée de nostalgie, et se raisonna en se disant fermement que Grim avait disparu corps et bien, et qu'il ne reparaîtrait jamais. Il lui fallut faire un effort, cependant, pour revenir aux paroles pour le moins absconses du client. Il perçut seulement les derniers mots de sa question : « Des métamorphoses ? »... et comme il n'avait rien écouté de ce qui précédait, il rebondit sur ces deux mots :

-Vous cherchez une baguette pour les métamorphoses, c'est ça ? Il faut privilégier la souplesse, je vous recommande un bois du type saule, ou noisetier... Vous souhaitez en essayer une ?

Ollivander ne serait pas content que son employé prenne de telles initiatives, mais le jeune homme se sentait soudainement capable de vendre une baguette qui corresponde au client... Et lorsque ce serait fait, il ne pourrait rien dire. Ou si. Il trouverait le moyen de gueuler, même si tout était fait à la perfection, parce que son apprenti avait enfreint ses ordres. Songeant que ce genre de libertés pourrait bien lui faire perdre sa place, James s'empressa d'ajouter :

-Dans ce cas, il vaudrait mieux attendre que Mr Ollivander revienne... Il n'en a pas pour longtemps, si vous souhaitez patienter...

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MessageSujet: Re: Un Auror à la réputation douteuse cherche à se cultiver !   Un Auror à la réputation douteuse cherche à se cultiver ! EmptySam 11 Déc - 12:38:18

Pamva n’avait guère l’habitude qu’on ne l’écoutât pas. Il fallait bien avouer que les deux situations dans lesquelles généralement il s’adressait aux gens disposaient à l’attention la plus vive : c’était soi qu’il interrogeait un Mage Noir et lui extirpait des réponses avec une délicatesse discutable – mais la déontologie n’avait jamais été le fort des Aurors du Ministère – soit qu’il se justifiait auprès de ses supérieurs d’un énième Feudeymon un peu trop gourmand.

Et pourtant ! De toute évidence, l’employé d’Ollivander n’avait pas écouté un traître mot de ce qu’il venait de lui demander, si ce n’était le dernier, sur lequel il tentait de rebondir avec plus ou moins d’habileté. Prudence se demandait ce qui pouvait pousser un jeune homme apparemment si consciencieux à ne pas prêter une oreille assez attentive aux demandes d’un client – et particulièrement d’un client aussi charmant que lui. Il eût aimé pouvoir percer les souvenirs et pensées qui avaient préoccupé le jeune homme au point de le détourner de son importante mission : faire honneur à l’enseigne Ollivander.

Pamva esquissa une moue dubitative en guise de réponse aux interrogations de James et son regard, dans celui du jeune homme, s’était une fois de plus fait un peu inquisiteur. Son redoutable esprit de déduction, habilement dissimulé sous ses apparences fantasques, s’était mis en marche. Ollivander n’aurait employé que des jeunes gens consciencieux. Ce jeune homme était donc consciencieux. Les gens consciencieux ne se laissent pas aisément divertir de leur travail. Ce jeune homme s’était laissé divertir. Donc ses pensées et souvenirs avaient quelque chose d’important. Une valeur sentimentale forte.


« Hmm… »

L’Auror commençait à échafauder et examiner des hypothèses sur l’esprit de James et son contenu. Pendant ce temps, il promenait son regard sur les étagères, et comme il réfléchissait en effet, l’on eût dit qu’il méditait les propositions de James et cherchait des yeux une baguette qui pût lui convenir. Mais, à court d’indices pour soutenir ses hypothèses et progresser de sa petite enquête, et comme il était exclu de torturer James qui n’avait rien fait (semblait-il), Prudence dût se résoudre à tourner son esprit vers des choses plus productives. Et puis, après tout, il était en congé.

Et donc, il songeait aux baguettes.


« Je ne sais pas. »

Il venait dans un magasin de baguettes, et il ne savait pas s’il voulait une baguette ? C’était à croire qu’il avait l’art de paraître suspect ! Dans son esprit s’agitait ses projets à demi-avouables. Sans doute était-il venu pour avoir des informations théoriques, mais à défaut de les obtenir, peut-être qu’un ou deux… spécimens, pour passer à la pratique, faire quelques expériences, seraient les bienvenus. Une baguette neutre, encore jamais utilisée, de chez Ollivander, pouvait être un bon point de départ.

« Eh bien, je veux bien en essayer quelques-unes. Je suis sûr qu’il est inutile d’attendre Monsieur Ollivander. Vous êtes manifestement parfaitement capable de vous en charger. »

Il adressa à James, comme pour appuyer ses propos, un sourire qui rayonnait de confiance sereine, et l’on avait l’air de pouvoir lui donner le Bon Dieu sans confession, et que lui-même se vouerait sans réfléchir à n’importe quel saint. C’était qu’il ne voulait pas que son désir d’écarter l’homme expérimenté et peut-être soupçonneux qu’était Ollivander de cette transaction fût trop évident. Après tout, il ne venait qu’innocemment acheter une baguette. De plus. Pour…euh… Une collection !

Comme par ailleurs il avait toujours des questions théoriques, auxquelles il ne désespérait d’obtenir des réponses, fussent-elles partielles et soutirées par des voies un peu détournée et comme aussi il ne voulait pas que James eût une seconde à lui pour réfléchir à la manière dont il se comportait, Prudence entreprit de faire la conversation au jeune homme, moitié pour obtenir des réponses effectives, moitié pour lui tenir l’esprit occupé.


« C’est curieux, tout de même, c’est la première fois que je vois un apprenti chez Ollivander. »

Comme s’il passait souvent !

« Alors, dites moi, je ne voudrais pas être indiscret, mais ça m’intrigue ! Qu’est-ce qu’un jeune homme aussi charmant que vous vient faire dans une boutique aussi poussiéreuse ? »

Et pour être sûr que James fût bien occupé de ce qu’il lui disait, et quasi débordé par le flot des questions, Pramva fit une gerbe de deux ou trois nouvelles interrogations qu’il lança en vrac au malheureux employé.

« Ca doit être intéressant, bien sûr ! Vous avez toujours voulu faire cela ? Il faut faire quel genre d’études ? Cela fait longtemps que vous êtes ici ? Et vous comptez monter votre propre affaire, un jour ? »

Et en disant cela, il avait commencé à déambuler dans la boutique, soulevant le couvercle de certaines boites, regardant par la vitrine les passants qui allaient et venaient dans la rue, effleurant du bout des doigts telle ou telle étagère, levant le nez vers le plafond pour l’observer avec une sorte de distraction qui lui donnait l’air d’un aimable causeur un peu dérangé. Et sans doute l’était-il – (un peu) dérangé.
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  • James Kirkby
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MessageSujet: Re: Un Auror à la réputation douteuse cherche à se cultiver !   Un Auror à la réputation douteuse cherche à se cultiver ! EmptyDim 19 Déc - 16:58:52

Le plus discrètement possible, James jeta un coup d'oeil à sa montre ; le retour d'Ollivander, sauf contretemps, n'était plus qu'une question de minutes... Le mieux à faire était de faire patienter le client, sans prendre d'initiative qui mécontenterait le patron, et sans trop exaspérer l'homme qui semblait légèrement bizarre. À bien le regarder, l'apprenti lui trouvait un air vaguement familier, mais il ne pouvait se rappeler où il l'avait déjà vu. Sur le Chemin de Traverse, peut-être ? Il y avait des gens qu'on croisait presque tous les jours, sans trop y faire attention, ce type en faisait peut-être partie ? À moins que ce ne soit l'année précédente, à l'UMA. L'homme était encore assez jeune pour être un de ces étudiants attardés... ou alors... ne s'agissait-il pas d'une de ces obscures vedettes du monde sorcier ? Un chanteur pour adolescentes aux hormones bouillantes ? Un metteur en scène hystérique mais ô combien novateur ? Un auteur de romans à l'eau de rose racontant inlassablement la même histoire (à savoir comment la jeune fille très belle au sang très pur parvient après mille péripéties à épouser le jeune homme très beau mais très sang-de-bourbe, avec au final l'approbation émue de sa famille réactionnaire, le tout sur six cents pages avec aventures à l'étranger, intervention de trolls sanguinaires et dénouement haletant, 1,99 Gallion chez tous les bons libraires.) ? Il avait une tête à bien passer dans le journal, ce devait être ça. Peut-être même son nom était-il archi-connu, d'où le « c'est moi » prononcé en entrant. James ne suivait absolument rien de l'actualité pseudo-culturelle du monde magique, et il le regretta brièvement ; un minimum d'attention lui aurait permis d'identifier ce type, et de le recevoir dignement. Ollivander allait sûrement trouver scandaleux qu'un hôte de marque ne soit pas accueilli avec plus d'égards, il reprocherait à son apprenti son ignorance du Who's who magique, et il prendrait les choses en main. D'ici là, il suffisait d'occuper l'homme, de faire un brin de causette – et il ne demandait pas mieux, puisqu'il bombardait James de questions. Et, au passage, il le traitait de charmant jeune homme, ce qui fit légèrement rougir le destinataire du compliment. D'un mouvement de sa baguette magique, le repenti fit venir le mètre ruban, et entreprit à la fois de répondre à l'homme et d'expliquer ce qu'il faisait :

-Eh bien... Je crois que je suis le premier apprenti formé par Mr Ollivander. Je vais prendre vos mesures avant de vous proposer des baguettes, d'accord ? En fait, le savoir-faire s'est toujours transmis en famille, mais comme Mr Ollivander n'a pas de fils... Il a hésité avant de prendre un apprenti, et il a fini par me prendre... enfin par m'engager... J'ai toujours voulu faire ce métier, je ne sais pas pourquoi, j'ai d'ailleurs abandonné l'université pour ça... Vous voulez bien tendre le bras, du côté où vous tenez la baguette, monsieur... monsieur ?

Peut-être que s'il donnait son nom, cela éclairerait un peu la lanterne de James ? Sans hâte (pour laisser à Ollivander le temps d'arriver), le garçon continua de prendre les mesures, en notant au fur et à mesure sur une fiche de bristol les mensurations de l'homme ; écartement des épaules, longueur du bras, de l'avant-bras, largeur de la main, puis – moment délicat, qui expliquait en grande partie pourquoi Ollivander préférait ensorceler le mètre-ruban – il s'agenouilla pour mesurer la distance entre la cheville et le genou, tout en s'excusant à mi-voix :

-Désolé, monsieur, je suis obligé de...

Il déplaça un peu le mètre, mesura le tour de genou, griffonna le résultat sur sa fiche puis se releva souplement.

-Encore un détail, fit-il d'une voix douce en avançant le mètre vers le visage de l'homme pour mesurer l'écartement des yeux. Vous permettez ?

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MessageSujet: Re: Un Auror à la réputation douteuse cherche à se cultiver !   Un Auror à la réputation douteuse cherche à se cultiver ! EmptyDim 19 Déc - 17:37:30

Prudence s’était arrêté – finalement – devant la vitrine de la boutique, et il regardait les passants dans le Chemin de Traverse, cherchant à moitié à repérer Ollivander dans la foule. Peut-être était-ce une mauvaise idée finalement : il était fort possible que l’apprenti ne pût rien lui apprendre, et fort peu probable qu’Ollivander lui livrât très volontiers les informations qu’il cherchait à obtenir. L’Auror devait bien s’avouer que c’était par ennui et volonté de s’occuper un peu, plutôt que par considération de réelles chances de succès, qu’il était venu ici.

Au moins pouvait-il acheter une baguette de test. Comme James reprenait la parole et entreprenait tant bien que mal de répondre aux flots de question dans lequel Prudence l’avait sournoisement noyé, ce dernier se détourna de la vitrine et s’approcha à nouveau du l’apprenti – soudainement un peu plus calme et un peu plus songeur, et avec dans le regard cette lueur d’intelligence un peu froide qui démentait si souvent l’apparente insouciance de son comportement volubile.

Si sa visite chez Ollivander ne devait être qu’une distraction, au moins le visage charmant de l’apprenti en ferait une distraction d’une certaine saveur. Un visage dont il eût juré qu’il avait quelque chose d’un peu familier, mais peut-être était-ce simplement que Prudence y retrouvait les traits qu’il aimait dans le visage d’un jeune homme. Et sans que l’Auror s’en rendît tout à fait compte, cette beauté endormait un peu sa méfiance et l’empêchait de comparer ce visage à l’un des innombrables portraits qui ornaient les murs du Bureau.

Son regard tomba sur le mètre-ruban, et un sourire un peu attendri se dessina sur son visage : comme il avait changé depuis que ce mètre l’avait mesuré pour la première fois. Il s’était toujours demandé quel genre de rapports secrets les mensurations d’un sorcier entretenait avec la baguette qu’Ollivander lui proposait, et parfois il avait soupçonné que cette étape de la vente n’était qu’un paravent, destiné à cacher le fait qu’en dernier recours, c’était toujours l’intuition inexplicable du vieux fabricant qui gouvernait le choix.

Comme il s’y était attendu, les réponses de l’apprenti, en un sens, s’avéraient décevantes : de toute évidence, ce ne serait pas ici que Pamva trouverait la solution à ses petits problèmes. Il faudrait écumer les livres de la bibliothèque universitaire, peut-être soudoyer une ou deux Langues de Plomb, et faire ses propres expériences. Il profiterait probablement d’une mission à l’étranger, loin des yeux et des oreilles du Ministère, pour se livrer à ses premières tentatives.

Ou bien il pouvait mettre la main, en Allemagne ou en Russie, sur un fabricant peut-être moins réputé qu’Ollivander, mais qui serait également moins réticent à partager ses secrets de fabrication. Moins réticent ou moins résistant. Quelques noms lui venaient à l’esprit, qu’il avait récoltés pendant ses voyages – ses fameux voyages – et, un peu d’alcool aidant, il était certain qu’au moins un ou deux d’entre eux se montreraient un peu bavard.

Ces pensées qui roulaient dans son esprit ne l’empêchaient guère de prêter attention à la réponse de James. Prudence étendait docilement son bras gauche – celui qui tenait la baguette – et il étendait la main, les doigts, penchait la tête, se prêtait sagement, comme un enfant lors d’une visite médicale, à la séance de mesures. Il se demandait, puisqu’en théorie il possédait déjà sa baguette, celle qui pouvait le choisir, comment les choses se passaient, quel genre de second choix la boutique pouvait lui proposer. Encore un mystère à éclaircir.

Le jeune homme allait donner son nom à l’apprenti, lorsque ce dernier s’agenouilla devant lui. Ce n’était pas que Prudence ne fût pas familier de ce genre de situations ; au contraire, et il essayait de ne pas laisser trop se deviner les souvenirs évocateurs que faisaient naître en lui la position de James. D’une voix où se mêlait un soupçon de gêne et quelque chose d’involontairement plus chaud et plus caressant, il murmura :


« Oui, bien sûr, naturellement. Je comprends. »

Et comme James maintenant s’approchait de lui, il n’avait guère d’autre choix que de le fixer dans les yeux – mais son regard à lui avait cessé de se faire inquisiteur, ses réflexes professionnels temporairement s’étaient endormis, et il avait repris son aspect normal, un regard marron, un peu sombre, dont il était difficile de démêler les émotions et que venait briser, de temps à autre, pendant une fraction de seconde, une brusque et secrète fragilité.

Les mesures étaient finies, et comme James s’était écarté, Prudence avait baissé les yeux, machinalement, avec un air de soudaine pudeur, comme s’il avait craint que ce regard échangé eût permis à James de lire trop clairement en lui – comme si les gens passaient leur temps à essayer de sonder les méandres des esprits étrangers. Prudence avait reposé ses mains sur le comptoir, qu’il caressait machinalement, et dit, de la voix d’un homme qui évoquait de très lointains souvenirs :


« Bien sûr j’ai déjà une baguette. Celle que j’ai achetée ici, avant de rentrer à Poudlard. Elle est en ébène. Trente centimètres. Extrêmement rigide. Avec de la poudre de corne de licorne. »

C’était une baguette parfaite pour les enchantements, une baguette susceptible d’aider à canaliser une puissance magique brute pour la faire servir aux architectures complexes et subtiles de ces sortilèges de longue durée. Mais, si le crin de licorne qui se trouvait dans certaines baguettes se prélevait sur un animal vivant, la poudre de corne ne s’obtenait qu’après la mort de l’animal, et la superstition voulait que cette substance fût de mauvais augure.

« Je voudrais… Quelque chose pour les métamorphoses. Une baguette très flexible, je suppose. Pour être tout à fait honnête… »

Car subitement, il avait abandonné le jeu de cache-cache. C’était peine et temps perdus : James n’avait pas l’air de savoir grand-chose des mystères qu’il voulait sonder, de sorte qu’il ne retenait nulle information par devers lui et qu’il était inutile d’essayer de le sonder par la ruse. Mieux valait dire très clairement ce qu’il cherchait, sans pour autant trop rentrer dans les détails.

« …ce n’est pas pour en faire un usage quotidien. C’est pour une expérience. »

Il y avait des mots qui sonnaient toujours un peu dangereuses. Quand on achetait des baguettes ou des artefacts pour faire des expériences, toujours cela développait un parfum d’interdit et d’illégalité. Les gens normaux ne faisaient pas d’expérience. Ils n’avaient pas les connaissances pour, pas les moyens, et surtout – c’était le plus important – ils n’en avaient aucune espèce d’envie. Les gens qui faisaient des expériences avaient quelque chose derrière la tête, et les gens qui avaient quelque chose derrière la tête finissaient tous tôt ou tard à Azkaban.

Sans doute y avait-il de doux inventeurs, et même des savants très utiles. Mais Pamva était loin d’avoir l’air d’un doux inventeur ; quelque fantasque qu’il fût, il se dégageait de lui, confusément, une aura parfois charmante, parfois inquiétante.


« Au fait. Je m’appelle Prudence Alvirabilis Menolate Vunover Adrian. »

Un nom qui ne passait pas inaperçu et qui régulièrement, occupait deux lignes dans une colonne de la Gazette du Sorcier, qu’il s’agît de la disparition (heureuse) d’un mage noir dans un pays étranger, de la coopération un peu brutale du ministère à l’international, des révoltes de trolls ou des herbes et potions de l’ancienne Ecosse. Un nom qui avait finalement bien peu à voir avec les romans sentimentaux – quoique Prudence jouît occasionnellement d’une certaine popularité chez les jeunes adolescentes, ravies de trouver des Aurors qui ne fussent pas encore complètement défigurés et unijambistes.
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MessageSujet: Re: Un Auror à la réputation douteuse cherche à se cultiver !   Un Auror à la réputation douteuse cherche à se cultiver ! EmptyMar 21 Déc - 21:54:08

Par chance, Ollivander ne s'était pas montré tant que James était en posture précaire, agenouillé en train de mesurer la jambe du client. Le vieil artisan aurait probablement poussé une gueulante mémorable en trouvant son apprenti ainsi occupé, et sans doute avec raison ; il fallait bien avouer que cela ne faisait pas très sérieux, et même que cela évoquait irrésistiblement une activité bien éloignée des baguettes magiques. Sur le moment, James n'avait pas vraiment réfléchi à ce qu'il faisait ; simplement désireux de gagner du temps, il s'était lancé dans la prise artisanale des mesures, sans vraiment mesurer toute la portée de ce qu'il faisait.
Le client avait eu une drôle de voix pour lui répondre – une voix chaude, caressante, très agréable malgré l'espèce de gêne qui la faisait vibrer. L'apprenti prit la toute dernière mesure, la distance entre les yeux, avec une lenteur exagérée, et il adressa un sourire éloquent au client lorsqu'il rompit le contact entre eux. L'homme baissait les yeux à présent, comme si l'intermède précédent l'avait profondément embarrassé. James commença à compulser sa fiche bristol, tout en surveillant le client du coin de l'oeil ; il aurait été content, à présent, qu'Ollivander rapplique, pour savoir quoi faire de cette liste de mesures. Il savait qu'il y avait quelques calculs à faire, des calculs que son patron effectuait de tête, tout en discutant, et qui orientaient ses premiers choix de baguettes. Le flair faisait le reste, et aucun client n'était jamais ressorti de la boutique sans la baguette parfaite.

James avait pris toutes les mesures, très sérieusement, il les avait soigneusement consignées, mais il ne savait pas du tout quoi en faire. L'air très concentré, il fit mine de lire la fiche, puis la jeta négligemment sur le comptoir en marmonnant :


-On va essayer de voir... pour les métamorphoses...

Tandis que son client s'expliquait, il attrapa l'escabeau derrière le comptoir, et alla prélever quelques boîtes au sommet d'une pile. Ollivander lui avait assez bien expliqué quelles baguettes étaient les meilleures pour les métamorphoses, de sorte qu'il savait à peu près où chercher ; il sélectionna, totalement au hasard, une demi-douzaine de boîtes, en faisant mine de réfléchir intensément avant de se décider, et les apporta sur le comptoir, devant le client. Sans s'en rendre vraiment compte, il adressa à l'homme un nouveau sourire un peu trop appuyé pour être purement professionnel, et annonça :

-Je vous ai choisi quelques-unes des baguettes les plus indiquées pour les métamorphoses, monsieur Adrian. (l'homme avait donné son nom, sans que James soit plus avancé pour autant).. Voici la première, bois de noisetier et crin de licorne, 25,5 centimètres... tenez, prenez-la.

Il avait sorti la baguette de son étui et la tendait à Prudence ; leurs doigts se frôlèrent tandis que le morceau de bois changeait de mains, mais James n'insista pas ; comme si ce contact était purement fortuit, il garda un visage impassible, et observa l'essai de la baguette. Il ne s'attendait pas à une réussite, mais savait-on jamais ? Le hasard faisait parfois bien les choses... Mais non, cette baguette-là n'était pas la bonne. L'apprenti la récupéra en commentant :

-Non, ça ne va pas. Essayez plutôt celle-ci... Bois de saule, griffe de dragon, 21 centimètres...

Pas de frôlement de doigts cette fois-ci, il fallait bien rester sérieux. La mine grave, James suivit chacun des gestes de son client, tout en épinglant de travers sur sa chemise son badge qu'il venait d'apercevoir, abandonné sur le comptoir. Ollivander tenait à ce qu'il le porte en présence de la clientèle, car l'objet, outre son prénom, mentionnait son statut d'apprenti et incitait à l'indulgence. Ce n'était pas vraiment pour cette raison que le jeune homme avait jugé nécessaire de l'accrocher à ses vêtements, mais vu son expression angélique de petit apprenti modèle, il aurait été difficile de douter de l'intégrité de sa conscience professionnelle.
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MessageSujet: Re: Un Auror à la réputation douteuse cherche à se cultiver !   Un Auror à la réputation douteuse cherche à se cultiver ! EmptyJeu 23 Déc - 15:40:28

Prudence avait beau trouver le jeune apprenti de Monsieur Ollivander absolument charmant et sa méfiance avait certes été anesthésié par les sourires un peu trop fréquents et guère professionnels du jeune homme, il ne put s’empêcher de remarquer qu’il n’avait pas l’assurance de son vieux maître, et l’Auror se demandait même un peu s’il savait quoi faire de toutes les mesures qu’il venait de prendre et s’il n’allait pas entreprendre de lui faire essayer des baguettes un peu au hasard.

Sans doute eût-il été plus raisonnable – quoique guère courtois – de demander à attendre Ollivander. Mais Prudence avait plus ou moins abandonné son enquête, et avec son enquête il avait abandonné la nécessité d’être raisonnable. Après tout, il pouvait bien essayer toutes les baguettes du magasin, il finirait bien par tomber sur une qui lui conviendrait, et tout le temps que cela prendrait, il pouvait le passer à bavarder avec l’apprenti d’Ollivander – bavarder, ou simplement le regarder et sourire.

Car après tout, lui qui venait de passer plusieurs semaines en Sibérie, dans le froid, à chasser un mage noir, à camper dans les steppes, à manger de la viande de renne séchée, maintenant qu’il était en vacances, au pays, dans sa chambre un peu miteuse du Chaudron Baveur, il pouvait bien s’octroyer quelques minutes d’insouciance et de repos, laisser dormir, pour une heure ou deux, ses projets, ses réflexions et ses plans, ses perspectives d’avenir et ses préoccupations. (Il était peu probable en réalité qu’il en fût tout à fait capable – de laisser de côté tout cela – de ne penser à rien – qu’au sourire simplement séduisant d’un jeune apprenti dans une boutique familière – qu’à essayer des baguettes simplement pour gagner du temps avec quelqu’un qui lui plaisait – comme on essaierait des jouets – peut-être, sans doute, était-il déjà trop marqué – trop sombre quelque part – pour faire simplement cela.)

Il prit la première baguette que lui tendit le jeune homme, laissant ses doigts frôler délicatement les siens, mais sans le regarder, et avec un vague sourire discret. Petit mouvement de baguette – rien. Ce n’était pas cela : ce n’était pas la bonne. Il se souvenait du premier essayage qu’il avait fait, ici, il y avait des années de cela à présent, il se souvenait de l’air pénétrant d’Ollivander, de son regard qui semblait le décrypter. Souvent Prudence s’était demandé qui, du Choixpeau ou du vieux fabricant de baguette, avait le plus d’instinct pour démêler les aspirations profondes des jeunes gens qui venaient les voir, avant d’entrer à Poudlard.

Il se souvenait qu’avec les premières baguettes qu’Ollivander lui avaient tendues, il avait failli démolir une partie du magasin. Ollivander avait posé un regard plein de sous-entendus sur la mère du petit garçon. Plus tard, Prudence avait compris ce que ce regard voulait dire alors : sa mère avant lui était venue dans cette boutique, et elle avait eu ce même déchaînement un peu paniqué de magie, cette même puissance brutale, qu’il s’était agi de canaliser.

Sans doute était-ce pour cela que depuis des générations, dans la famille de sa mère (au sang bien plus pur que celui de son père) et jusqu’à lui, on utilisait des baguettes qui contenaient du crin de licorne. Créature respectable et ancienne, à la magie calme, posée, qui tempérait un sang un peu trop chaotique. Au contraire ils évitaient – comme la peste – les baguettes faites à partir des corps des dragons : trop nerveuses, trop vives. C’eût été comme pousser un mauvais naturel sur une pente dangereuse vers laquelle il allait déjà trop volontiers.

Bien sûr, il arrivait que l’on n’eût pas le choix. Au cours des batailles, un Auror égarait souvent sa baguette, en prenait une autre – alliée imprévue et de circonstances pour quelques secondes. Ainsi, parfois, Prudence avait-il eu entre ses doigts l’une de ses baguettes au ventricule de dragon et le souvenir des résultats funestes – un peu trop efficaces en un sens – faisaient encore brûler son sang. De crainte, sans doute, mais aussi du plaisir qu’il avait éprouvé – malgré lui – à s’abandonner à une violence innée.

Ainsi avait-il un peu hésité avant de prendre la seconde baguette que lui avait tendu l’apprenti. Instinctivement, il avait levé vers le jeune homme – James Kirkby, c’était ce qui était marqué sur le badge – un regard un peu inquiet, comme si James eût dû deviner à quoi il les exposait tous deux en lui confiant une baguette de cette sorte – mais il l’avait prise finalement, comme une tentation. Alors, comme il l’avait dans les mains, il hésitait à faire le moindre geste – de peur que quelque chose explose.


« Je… »

Ollivander ne lui eût jamais proposé une telle baguette. Mais était-ce vraiment que le vieil homme était infiniment plus compétent que son apprenti ? N’avait-il pas simplement déduit de l’histoire de la famille de Prudence, qu’il connaissait pour avoir rencontrée sa mère, ce qui aurait des chances de convenir et ne pas convenir ? Après tout, si Prudence avait été son premier client de ce sang, peut-être lui eût-il confié une baguette assez semblable à celle que James avait inconsidérément placée dans les mains de l’Auror.

« Je ne suis pas sûr que… »

Il fallait sans doute la reposer. Et demander à attendre Ollivander. Ou bien Ollivander était un vendeur déjà un peu trop vieux, qui manquait d’audace, et l’œil neuf de James allait lui ouvrir de nouveaux horizons. Peut-être y avait-il une baguette – une manière de faire de la magie – qui lui convenait plus authentiquement ? Brutale, mais après tout, pourquoi pas ? Pourquoi ne pas profiter plus pleinement de cette énergie brusque qui était la sienne ?

Un petit mouvement de baguette, et il serait fixé. Juste un petit mouvement : ça ne coûtait rien. Seulement, maintenant, bien sûr, il n’était plus un enfant. Si ce mouvement était malencontreux, ce serait à toute sa maturité d’adulte qu’il donnerait libre cours. A nouveau, le regard de Prudence chercha une réponse dans les yeux de James – après tout, c’était lui l’expert, c’était à lui de décider. Et puis, et puis…


« Je crois que… »

C’était trop tentant ! Il sentait cette baguette sous ses doigts, qui attendait patiemment qu’il fît un geste, et puis… Et puis James la lui avait confiée. Ollivander avait embauché James. Donc James savait sans doute ce qu’il faisait. Ce raisonnement plaisait trop à Prudence pour qu’il cherchât beaucoup à le combattre, et à peine s’était-il sournoisement agencé dans son esprit que l’Auror fit un petit geste avec la baguette que James venait de lui prêter.



« Je suis désolé ! »

Il avait fait froid – soudainement très froid – un froid plus mordant que celui du plus glacial des hivers. A peine Prudence avait-il agité cette baguette, avec un peu trop d’enthousiasme sans doute, la température dans la boutique d’Ollivander s’était faite glaciale – mais il y avait quelque chose de sombre et morbide dans ce froid, c’était un froid qui perçait le corps et s’emparait de l’âme, un froid qui ressemblait étrangement à celui des…

« Meteorribilis Recanto ! »

L’Auror avait laissé tomber la baguette d’essai et saisit sa propre baguette pour proférer le sortilège qui conjurait les sorts météorologiques mal lancés. Lentement, la température commençait à revenir à la normale, mais le passage de ce froid étrange laissait une impression plus que désagréable sur l’âme. Prudence se maudissait intérieurement d’avoir laissé, au moment d’essayer la baguette, ses pensées errer vers un sort qu’il était en train de concevoir.

Il posa sur James un regard où se mêlaient la sollicitude et un air désolé d’excuses.


« Vous allez bien Monsieur Kirkby ? Vous devriez… Prendre un peu de chocolat, si vous en avez. »
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MessageSujet: Re: Un Auror à la réputation douteuse cherche à se cultiver !   Un Auror à la réputation douteuse cherche à se cultiver ! EmptyJeu 23 Déc - 22:00:38

Assurément, il valait la peine de faire ces essais de baguettes magiques, ne serait-ce que par pur plaisir – puisque de toute façon, il était entendu que cela ne mènerait à rien. Prudence Adrian était un homme d'excellente compagnie, qui savait utiliser à bon escient son sourire enjôleur... Sous couvert d'observer ses tentatives avec les baguettes, James ne le quittait pas des yeux, et, inconsciemment, il détaillait le jeune homme... Bien fait, un joli visage, d'agréable compagnie, mais un regard parfois trop fixe qui mettait un peu mal à l'aise. Qu'est-ce que c'était que ce type ? Plus James le considérait, moins il l'imaginait en artiste ou en vedette quelconque. Pourtant, la chose était certaine, il avait lu son nom imprimé quelque part dans la Gazette du sorcier... et plusieurs fois, ce qui excluait presque tous les faits divers ainsi que le vainqueur de la loterie du Gallion... Allons, qui pouvait bien avoir son nom dans le journal, assez régulièrement, en dehors d'une vedette ? Un repris de justice ? Non, impossible. Un inventeur ? Un scientifique célèbre ? Non, cet homme avait une aura un peu fantaisiste qui ne collait pas. Le porte-parole du Ministère ? Pourquoi pas... mais non, le porte-parole du Ministère devait être un vieux grincheux au crâne luisant... Alors ?

Alors, Prudence (drôle de nom, d'ailleurs, songea James pour la première fois) venait de prendre la seconde baguette, avec une hésitation qui n'échappa pas à l'apprenti. Un souci ? Un problème ? Quelque chose n'allait pas, visiblement, mais le jeune homme n'aurait su dire quoi... Il examina la baguette magique, cherchant un défaut quelconque, en vain ; le bois était lisse, brillant, sans la moindre égratignure... pourtant, Prudence hésitait, babutiait des paroles décousues, sans que James puisse comprendre ce qui le gênait...


-Quelque chose vous pose problème, monsieur Adrian ? demanda-t-il à son client qui fixait la baguette avec méfiance.

L'homme débuta une phrase, mais il sembla changer d'avis en cours de route et agita finalement la baguette en bois de saule... Un froid terrible emplit alors la boutique, et James eut besoin d'un instant pour comprendre ce que c'était que cette vague glacée... Une puissante nausée vint lui nouer les entrailles tandis qu'il jetait des regards frénétiques autour de lui pour les voir... Où étaient-ils ? Ils venaient nécessairement pour lui, il ne pouvait s'agir d'un hasard... La tête lui tournait légèrement, et il s'appuya au comptoir, devant lui, pour ne pas flancher.

Prudence prononça une formule, et le froid se dissipa aussi rapidement qu'il s'était installé ; James, cependant, garda les yeux fermés encore quelques secondes, le temps de faire complètement cesser le tournis... Le client s'inquiétait gentiment de son état, et l'apprenti lui adressa un pâle sourire en répondant
:

-Ça va, je vous remercie, monsieur Prudence...

Dans son état de choc, il s'emmêlait les pinceaux et ne s'en rendait même pas compte.

-Ce n'est rien, juste...

Par réflexe, il jeta encore un coup d'oeil vers l'extérieur, pour s'assurer que réellement, il n'y avait aucun danger ; le retour de la chaleur aurait dû le rassurer, mais un léger tremblement continuait à agiter ses mains – jamais il ne s'était vu si près de l'arrestation. La voix fébrile, il reprit :

-Je... je n'ai pas de chocolat. Mais ça va aller. En revanche euh... il vaudrait mieux attendre Mr Ollivander non ? De toute évidence, vous avez en vous une forme de magie que je ne connais pas. Je ne suis apprenti ici que depuis quelques semaines, ajouta-t-il sur un ton d'excuse. Je suis désolé, monsieur.

Ollivander aurait immédiatement compris ce qui avait déclenché l'étrange alchimie entre le client et la baguette, mais James, pour l'heure, en était incapable. Il savait seulement que des désaccords entre sorcier et baguette pouvaient se manifester, pour des causes diverses, des causes que le jeune apprenti ne savait discerner. Il eut un vague sourire, comme pour demander l'indulgence du client, et d'une main nerveuse, entreprit de remettre la baguette de saule dans son étui pour la ranger avant le retour du patron.

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MessageSujet: Re: Un Auror à la réputation douteuse cherche à se cultiver !   Un Auror à la réputation douteuse cherche à se cultiver ! EmptyVen 24 Déc - 10:19:17

C’était une situation inconfortable – très inconfortable – que celle dans laquelle ils se trouvaient tous les deux à présent. Mais, au milieu de toutes les conséquences fâcheuses qui pouvaient découler de cette démonstration de force soudaine et bien involontaire, la première – et la seule pendant un moment – qui vint à l’esprit de l’Auror fut qu’il était désormais très peu probable que James lui sourît encore comme il avait pris en quelques minutes l’habitude de le faire ; et cela, c’était bien sûr navrant – totalement navrant.

Ce ne fut qu’une fois le choc passé, et en observant James ranger un peu nerveusement la baguette, l’inciter à attendre Ollivander, bref, temporiser, que Prudence se mit à analyser la situation. Il venait de lancer malgré lui un maléfice très particulier, qui n’existait dans aucun livre, parce que précisément il venait de l’inventer. Sans doute l’apprenti s’en était-il rendu compte. Impossible de ne pas voir que cette forme de magie n’était pas la moins obscure qui fût. Vraiment très inconfortable.

Cela faisait plusieurs semaines que Pamva travaillait sur ce sort. Il en avait eu l’idée dans les steppes sibériennes, pendant sa longue traque. Le froid. Il avait cherché à se souvenir, avec le plus de précision possible, la sensation qu’il éprouvait chaque fois qu’il amenait un prisonnier à Azkaban, cette sensation obsédante, qui le submergeait totalement, ce profond malheur, ce froid de l’âme et du corps, cette chose plus terrible que la mort qu’était le désespoir sans cesse recommencé. Il avait isolé dans son esprit le phénomène.

Puis il avait, lentement, patiemment, insufflé à un sort météorologique classique cette dimension beaucoup plus spirituelle, cette profondeur maléfique. Il avait extrait du sortilège de Doloris sa composante la plus sombre et la plus agressive pour l’y marier et créer ce qu’il appelait désormais le Doloris de l’Ame : c’était une forme de douleur et de torture plus sournoise qui se préparait là, plus insidieuse et, d’une certaine manière, beaucoup plus abjecte.

Mais il restait encore quelques problèmes. Un simple contre-sort météorologique suffisait pour l’heure à annuler son maléfice – et, contrairement au sort de Doloris originel, le sorcier qui subirait son Doloris de l’Ame aurait probablement la liberté de lancer un sort. Prudence craignait également qu’un sort de Patronus prît pour cible l’origine de cette sensation de désespoir et attaquât qui avait lancé le sort. Il devait donc encore travailler au maléfice, pour lui donner un aspect plus individuel, qui pût le distinguer des sorts qui l’avaient originellement composé.

C’était sans doute cette réflexion continuée depuis des jours et des jours, cette préoccupation intellectuelle, qui s’était emparée de lui au moment où il agitait la baguette que lui avait tendu James. Et sans doute devait-il y avoir la confirmation que les essences de dragon n’étaient guère faites que pour réveiller les aspirations les plus sombres de sa personnalité. Mais ce qui était plus préoccupant encore, c’était qu’aux yeux de James, il devait avoir l’air maintenant de quelqu’un de décidément bien suspect.

Et puis, tout de même, en-dehors du danger que le témoignage de James pouvait représenter, Pamva s’en voulait – beaucoup – de lui avoir fait subir cela. La pâleur du jeune apprenti, le tremblement de ses mains, l’air paniqué que Prudence avait vu se peindre sur son visage quand le froid s’était instillé en lui, tout cela serrait le cœur de l’Auror, qui ne songeait nullement que James pût avoir une excellente raison de craindre l’arrivée de Détraqueurs. Pamva avait tout simplement l’impression d’avoir torturé un pauvre animal sans défense.

Alors se réveillait en lui une vieille aspiration, plus ancienne que toutes ses ambitions un peu troubles et que toute sa curiosité malsaine pour les Arts Obscurs, une aspiration quasi originelle de sa personnalité : le désir de protéger ce qui pouvait l’être et d’envelopper dans une aura protectrice ceux que la vie bousculait. De temps à autre, par cynisme, Prudence essayait d’étouffer en lui cette propension à l’altruisme : il la trouvait un peu trop naïve et peu trop bêtement virile. Et néanmoins, il ne pouvait s’en défaire.


« James… »

Il avait glissé dans le regard de James un regard si rassurant, et sa voix s’était faite si chaudement protectrice, qu’il semblait qu’une armée de zombies pouvait débarquer sans espoir de jamais toucher au moindre cheveu de l’apprenti ; car Prudence était un peu un super-héros, et des super-héros il avait gardé le pouvoir le plus précieux : un certain air d’invincibilité qui inspirait la plus complète des confiances.

« Vous n’avez pas à être désolé, voyons. C’est moi qui le suis. Ecoutez, ne craignez rien : pas de Détraqueurs à l’horizon, et quand même il y en aurait, je vous protègerai. »

Il avait appuyé ses derniers mots d’un sourire tranquille qui lui donnait l’air d’un rempart contre tous les maux du monde. Il eût voulu pouvoir joindre à ce sourire la consolation beaucoup plus sensible en ces circonstances d’un peu de chocolat. Alors il se souvint qu’avant de venir chez Ollivander, il avait fait ce qu’il faisait toutes les trois heures quand il était sur le Chemin de Traverse : il avait acheté des friandises. Il plongea la main dans une de ses poches et en sortit la boîte d’une chocogrenouille.

« Tenez, pour me faire pardonner. »

Il tendit la fameuse confiserie à James avec un sourire charmant. Il n’avait à présent plus qu’une seule obsession, loin des maléfices, des baguettes, des métamorphoses étranges et des plans saugrenus : effacer du visage du jeune homme cette pénible impression d’angoisse vague et de nervosité et lui redonner un peu de ces sourires enjôleurs qu’il avait vus l’éclairer quelques minutes à peine auparavant.

Il l’eût bien pris dans ses bras, par exemple, mais il doutait que ce fût totalement approprié.


« Vous savez, je ne suis pas sûr que je doive attendre Monsieur Ollivander. Je crois que j’ai eu ma dose d’essayage pour un bout de temps. Mais… »

Il ne savait guère comment tourner cela pour ne pas avoir l’air trop racoleur. Il esquissa un nouveau sourire – dans lequel venait se glisser une pointe de timidité – et glissa doucement :

« Peut-être que quand vous aurez fini, je pourrais vous inviter prendre un verre. Pour vous remettre de vos émotions. »

Ah ! Il était très satisfait de sa formulation : c’était aussi parfaitement innocent qu’il pouvait le souhaiter.
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      Statut sanguin: Réputé pur
      Baguette magique: Bois de noyer, crin de licorne, 26,5 cm
    James Kirkby
MessageSujet: Re: Un Auror à la réputation douteuse cherche à se cultiver !   Un Auror à la réputation douteuse cherche à se cultiver ! EmptyDim 26 Déc - 22:55:40

Pas de Détraqueurs à l'horizon, avait dit Prudence... Il n'y avait pas de danger, mais un fond d'angoisse continuait de tarauder James. C'était donc un sort, un simple sortilège qui avait provoqué ce froid si caractéristique, ce qui ne manquait pas d'étonner l'apprenti. Le jeune homme pourtant studieux n'avait jamais entendu parler d'un tel sort... Ce monsieur Adrian serait-il donc un inventeur, un de ces experts payés par le Ministère pour créer de nouvelles formules magiques ? Cela expliquerait qu'il recherche une baguette « pour une expérience »... Bien qu'il fût encore secoué, James se promit de lui poser la question à la première occasion ; on n'avait pas tous les jours ce genre de personnage sous la main, et il pouvait être intéressant de savoir comment se créait un nouveau sort... James s'était toujours raisonnablement débrouillé en sortilèges, mais pas au point de comprendre tous les arcanes de cette discipline ; le mystérieux sort lancé par Prudence avait piqué au vif sa curiosité toujours en alerte, et il entendait bien en apprendre un peu plus.

D'une agréable voix caressante, Prudence rassurait James, s'excusait et – chose plus inattendue, mais non moins charmante – promettait de le protéger contre les méchants. Enfin, ce n'était pas exactement ce qu'il disait, mais c'était l'idée ; il offrait une poitrine accueillante sur laquelle reposer son front, une assurance tranquille de preux invincible, et, par-dessus le marché, un détail cocasse, une Chocogrenouille... L'apprenti accepta la friandise avec le sourire poli qu'un garçon bien élevé se doit d'arborer dans ces circonstances, et il partagea la Chocogrenouille en deux ; il tendit la moitié de la confiserie à Prudence, et mordit dans sa part du bout des lèvres. Une sensation de chaleur se répandit aussitôt dans ses veines, et le très léger tremblement qui agitait encore ses mains cessa pour de bon ; la première bouchée le réconforta assez pour qu'il puisse remercier le client d'une voix presque assurée :


-Merci, monsieur Adrian... Ça fait du bien...

Machinalement, il fouilla dans la boîte de Chocogrenouille, et en extirpa la carte ; il n'avait jamais été un collectionneur acharné, et ignorait tout de la rareté de la carte qu'il tenait entre ses doigts.

-Salazar Serpentard. Vous la voulez ? Je ne les garde pas.

En vérité, il était fort rare qu'il mangeât des Chocogrenouilles ; les sucreries ne le tentaient guère, et il jugeait un peu ridicule les adultes qui entretenaient ce penchant tout adolescent pour les confiseries. Dans le cas de Prudence, il n'allait certes pas s'en plaindre, puisque cela lui permettait de se remettre plus rapidement des effets du sort ; il n'en demeurait pas moins qu'il trouvait un peu étrange que monsieur Adrian, un garçon plus âgé que lui, puisse se promener avec des Chocogrenouilles plein les poches. À moins qu'il ne s'en serve pour attirer les enfants... James eut un sourire amusé à cette pensée, et il termina son morceau de Chocogrenouille ; il n'était pas tombé loin, les propositions concrètes arrivaient... Prudence lui suggérait d'aller boire un verre, après son travail, pour qu'il puisse se remettre. L'idée était vraiment séduisante – autant que celui qui venait de l'émettre – et l'apprenti l'accepta sans hésiter :

-Oh... C'est une très bonne idée... Je quitte à sept heures. Je préfèrerais...
(il baissa la voix, bien qu'Ollivander ne fût pas en vue) je préfèrerais que nous nous retrouvions à quelque distance du magasin... je ne voudrais pas que mon patron aille penser que...

Que quoi ? Que son apprenti avait profité de son absence pour faire du gringue à un client ? Mais ce n'était pas du tout le genre de la maison, voyons... Un chaste sourire, presque prude, passa sur les lèvres du jeune homme, qui enchaîna :

-Voulez-vous que je vous retrouve... disons vers sept heures dix, devant Fleury and Bott ?

De la boutique d'Ollivander, on ne pouvait pas voir cette partie du Chemin de Traverse, et ce serait beaucoup plus tranquille pour James s'il savait que son cher patron ne serait au courant de rien – d'autant plus s'il connaissait Prudence.
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MessageSujet: Re: Un Auror à la réputation douteuse cherche à se cultiver !   Un Auror à la réputation douteuse cherche à se cultiver ! EmptyMar 28 Déc - 19:36:38

Donc, c’était avec une parfaite innocence que Prudence observait James Kirkby : il voulait simplement voir si la Chocogrenouille faisait son effet et si le jeune apprenti d’Ollivander se remettait des émotions qu’il lui avait bien involontairement causées. Peut-être l’idée d’être en quelque manière le sauveur (et incidemment le bourreau) de James planait-elle quelque part dans l’esprit de Prudence et l’avait-elle engagé à faire cette avance – somme toute assez discrète.

Il prit la carte de la Chocogrenouille que lui tendait James et la fit tourner entre ses doigts pour apercevoir le portrait dessiné de Serpentard. Indubitablement un grand sorcier. Chaque fois que Prudence voyait une reproduction de son visage – reproduction toujours plus ou moins fantasmée – il ne pouvait s’empêcher de songer à ce fameux jour où le Choixpeau avait failli l’envoyer dans la maison de ce célèbre fondateur, à Poudlard. Il s’était toujours senti une profonde sympathie pour le goût du mystère de Serpentard et son désir de connaissance. Naturellement, l’homme n’était pas sans défaut.


« Ca fera un marque-page. Merci. »

Prudence avait répondu avec un haussement d’épaules et glissé la carte dans l’une de ses poches. Des friandises, il en avait presque toujours sur lui. Avec une sorte de vague superstition, il sentait parfois le besoin de diluer la noirceur de sa vie, la rudesse du monde, dans leur douceur ; elles étaient pour lui presque un symbole , ou un signe : le signe qu’il y avait des gens dont le seul souci était de satisfaire la gourmandise des enfants – des gens qui avaient le loisir de ne jamais se préoccuper que de ce que le monde portait de plus innocent.

Et comment, en voyant cesser le léger tremblement qui avait agité les mains de James, n’eût-il pas continué à entretenir cette petite croyance personnelle – rituel aujourd’hui littéralement salvateur ? Prudence adressa un sourire au jeune homme, ravi qu’il allât mieux – et son sourire s’affirma un peu quand l’apprenti accepta son invitation à boire un verre – avant de se muer en un rire étrange – parce qu’il était léger, parfaitement insouciant, comme si en riant – et seulement en riant – Prudence se délivrait de cette aura vaguement inquiétante qui d’ordinaire se mêlait toujours à ses manifestations d’innocence.

Son regard pétilla un peu dans celui de James et Prudence éteignit son rire dans un sourire un peu malicieux.


« Oui. Il ne faudrait surtout pas qu’il s’imagine que… »

Il avait laissé sa phrase volontairement inachevée, avec un petit air de conspirateur et retenait manifestement un autre éclat de rire. C’était que sa réputation à lui, depuis l’université, n’était plus à faire, et il y avait peu de personnes qui le connussent même d’assez loin qui ne lui prêtassent pas la réputation d’un incorrigible coureur de garçons. Alors Prudence supposait que les gens faisaient toujours ce genre de suppositions sur lui, de sorte que la précaution de James lui faisait l’effet d’une adorable (mais bien inutile) timidité.

Il prenait soudainement conscience de combien James devait être jeune – et dans cette jeunesse, dans cette timidité, dans les efforts que l’apprenti faisait pour ne pas trop éveiller les soupçons de son patron, Prudence trouvait une certaine fragilité qui l’émouvait – ainsi l’émouvaient les enfants (ce qu’il refusait fermement d’avouer), les trolls (ce qu’il reconnaissait en maugréant) ou les hiboux (ce qu’il affirmait volontiers). Tous ces êtres – et maintenant parmi eux James Kirkby – éveillaient en lui son désir de protéger – désir peut-être un peu déraisonnable et puérilement viril – désir bien ancré néanmoins.

Son sourire désormais ne le quittait plus – la baguette qu’il était venu acheter, ses projets compliqués, pour quelques heures sortaient de son esprit désormais uniquement occupé de la simple compagnie de James, et cet esprit libéré retrouvait sa douceur et sa vivacité natives.


« Alors, sept heures dix, ce sera très bien. »

Il s’était reculé vers la porte de la vitrine. Il jeta un dernier coup d’œil à James et, juste avant de sortir, lança :

« A bientôt, Monsieur Kirkby. »

Une fois dehors, dans la rue, il se sentit porté par une joie simple et enfantine. Il se promena quelques temps dans le Chemin, rentra au Chaudron, dans sa chambre, pour se changer. Il resta longuement à contempler son armoire, qui certes ne débordait pas de vêtements, choisit ceux qui le mettaient le plus en valeur et sortit à nouveau pour se rendre à Fleury & Bott. Bien sûr, il était en avance d’une bonne demi-heure.

Les mains dans les poches, il pénétra dans la librairie. Elle était vide, car les magasins allaient bientôt fermer – alors le gérant, inoccupé, vient l’accueillir à grands pas. Car le peu d’argent dont Prudence semblait disposer, il n’était pas rare qu’il se dépensât beaucoup ici : l’Auror avait conservé, de ses années à Poudlard et à l’Université, l’habitude de fréquenter assidûment les ouvrages complexes de théorie magique.

Alors il avait échangé d’abord quelques mots avec le gérant d’ordinaire un peu brusque de la librairie, puis les deux hommes avaient sympathisé et il n’était pas rare désormais qu’ils s’engageassent, pendant une heure ou deux, dans ces discussions typiques des bibliophiles qui sont un peu hermétiques aux observateurs extérieurs. Ce jour-là, Prudence parcourut les rayonnages avec cette vieille connaissance, avant de l’aider à fermer le magasin.

Dans la rue, alors que le gérant lui proposait d’aller prendre un verre au Chaudron – cette fois-ci probablement sans aucune arrière-pensée – Prudence lui répondit qu’il avait un rendez-vous. Alors les deux hommes restèrent dans la rue, à discuter avec un flegme critique du dernier ouvrage qu’un théoricien irlandais un peu farfelu venait de consacrer aux illusions éphémères et à leur possible reclassement taxinomique dans la catégorie des enchantements de courte durée.

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