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 La roue tourne [Isaac] [Terminé]
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  • Megan Swann
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    Megan Swann
MessageSujet: La roue tourne [Isaac] [Terminé]   La roue tourne [Isaac] [Terminé] EmptyJeu 16 Sep - 14:21:44

Jamais Megan n'aurait pu imaginer une rentrée aussi horrible. Après avoir été séquestrée presque tout l'été au manoir, reçevant l'ordre d'y rester, et de ne pas sortir, ne serait-ce que pour aller dans le jardin, la jeune fille avait espéré que Poudlard la délivrerait de cet Enfer, mais il en fut autrement. On aurait pu espérer qu'avec la chute du Seigneur des Ténèbres, une atmosphère conviviale et joyeuse règnerait sur le monde magique, mais décidément la haine et la rancune des victimes de l'ancien régime n'étaient que plus grandissantes. Etait-ce donc de cela que Xenophius avait voulu protéger Megan en l'interdisant de sortir ? De tous ces regards assassins et méprisants que les gens lui lançaient lorsqu'elle passait ? Certes, dans la rue, la demoiselle y avait eu droit, mais dans l'enceinte même de l'école, c'était presque impossible, et pourtant, celle qui s'était attirée la facheuse rumeur d'être, avec Ange, celle qui a fait punir Jason Apple l'an passé, n'avait pas échappé aux regards noirs, et aux répliques amères des autres élèves. La seule consolation de Megan était de se répéter sans cesse qu'elle ne risquait rien, puisque son grand-père était haut plaçé au Ministère. Sinon, elle demeurait seule dans ce grand château, proie à toutes les insultes des autres élèves, en quête de vengeance. Pénombre et Théodre avaient quitté l'école, et laissaient la petite fille sans protection, Alix l'avait totalement oublié, et il ne lui restait plus qu'Ange... Mais cette dernière accepterait-elle de lui parler, après plus de deux mois passés, sans nouvelles ?

La gosse poussa un profond soupir, demeurant silenceuse devant les basses moqueries d'une Poufsouffle de son année, à quoi bon répliquer ? Après tout, ces personnes avaient raison d'en vouloir à ces sang pur cruels, qui avaient honteusement usé de leurs privilèges pour faire souffrir des dits "impur". Heureusement pour Megan, elle n'avait pas rejoint les rangs de la MP, elle aurait encore plus payé. De toute façon, elle méritait certainement ces insultes, elle qui avait fait passer Alix pour un odieux profiteur, et qui l'avait ignoré toute l'année, l'abandonnant alors qu'il avait tant besoin d'elle. Comme le proverbe le disait si bien, "la roue tourne", et cette fois la vipère risquait de se la prendre en pleine face, et de ne plus se relever d'aussitôt.

Avançant d'un pas accéléré, la troisième année se sentait humiliée, devoir presque baisser les yeux devant ces vermines devenues aussi stupides que les pro sang pur. C'était révoltant. La jeune fille arriva enfin devant la Bibliothèque, là elle devrait être tranquille pour le reste de la journée. L'idée d'y rester toute l'année était également tentante à vrai dire. La serpentard s'engouffra au milieu des livres, ne cherchant rien de particulier. C'était tellement pathétique de devoir se réfugier ici pour échapper à sa punition. C'était bien ça, non ? Un juste revenu, le prix à payer pour avoir trahi un ami... Megan devrait affronter la tête haute, et bien se moquer de toutes ces puérilités. Elle était une sang pur et l'assumait totalement, elle ne comprennait pas pourquoi son statut devait être aussi honteusement trainé dans la boue pour les erreurs de certaines personnes. Elle était fière de ses origines, et n'était pas pour la dévalorisation des sang pur. C'était certain, il y aurait des clans, des tensions entre sang pur et impur. La jeune fille était désespérée du comportement de tout le monde ! Alors qu'une nouvelle opportunité de paix s'offrait à la communauté magique, il fallait qu'elle soit gachée. Et puis cette idée complètement sotte de mêler les cultures sorcières à celles des moldus allait créer des révoltes, c'était certain.

Oubliant cinq minutes toutes ces histoires, Megan prit un livre, par hasard, et se dirigea vers une table, innoccupée. Lire l'aiderait à oublier ses soucis présents. Regardant le sol, elle ne fit même pas attention à l'élève qu'elle ne tarda pas à bousculer, renversant, ses livres et le sien par la même occasion. S'excusant à mi-voix, la jeune fille s'abaissa sans regarder qui elle avait interpellé, et ramassa les bouquins. Lorsqu'elle se releva pour rendre à son propriétaire ses biens, elle fit face à un jeune homme, dont le visage lui rappelait celui d'Alix tellement il était marqué de cicatrices. Ce visage famillier, qui appartenait à Isaac... Sous le choc, Megan en resta sans voix, tendant les livres d'une main tremblante. Isaac avait disparu de Poudlard fin Mars, et la jeune fille avait pensé à sa mort. Ce n'aurait pas été étonnant après le scénario désastreux qu'il avait orchestré au bal de Noel.

- Isaac... Je te croyais mort...

Oui, la Megan elle était fine.


Dernière édition par Megan Swann le Jeu 9 Déc - 20:52:31, édité 1 fois
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  • Isaac Deniel
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MessageSujet: Re: La roue tourne [Isaac] [Terminé]   La roue tourne [Isaac] [Terminé] EmptyMer 22 Sep - 14:30:00

Il avait perdu tous ses repères à Poudlard. Sa grande réputation n’était plus qu’un lointain souvenir. Les étoiles tombaient vite. Une succession de malheurs et tout s’éteignait, il n’y avait plus de ciel où s’accrocher. Isaac était retourné à l’école la tête basse. Il suivait ses cours au fond des classes, rentrait au dortoir le plus tard possible et tirait le baldaquin sans un « bonne nuit » pour ses camarades. Quelques élèves murmuraient parfois sur son chemin. On s’étonnait de le voir en vie, et les rumeurs les plus folles commençaient à circuler sur les raisons de sa disparition. Certaines étaient assez héroïques. Il aurait aimé qu’elles fussent vraies. Mais la vérité le frappait de dégoût. Que diraient-ils s’ils savaient ? Pour la première fois de sa vie, Isaac entrevoyait avec horreur le jugement des autres. Sa façade de survivant assombri par la guerre dissimulait un secret trop lourd pour être jeté en pâture à cette bande de vautours. Les adeptes des dénonciations à l’époque Carrow avaient mis leurs vestes aux couleurs de la nouvelle politique. La rentrée scolaire s’était transformée en chasse aux traitres. Celle-ci était d’autant plus virulente que personne dans cette école n’était exempt de reproches.
Seuls les résistants avérés échappaient aux poursuites. De nouvelles célébrités naissaient. En temps de paix, tout le monde s’accordait pour admirer les fous qui avaient donné leur vie à la libération. Des dingues oui. Isaac était heureux de ne pas en faire parti. Il avait renoncé au combat dans un moment clé, lorsque la révolte se réveillait enfin chez les élèves les plus endormis. Mais, si les victimes attendaient passives que l’on se bouge pour elle, si les bien-pensants critiquaient un régime injuste en murmurant du bout des lèvres des « ah si quelqu’un pouvait faire quelque chose ! », n’était-il pas finalement idiot de se mettre en danger au nom d’une égalité à laquelle plus personne ne croyait ? Cependant, le plan de Lord Voldemort avait lamentablement échoué grâce à ces utopistes. Il ne méritait pas sa place ici. Et puis, il n’était pas qu’un simple déserteur. Son petit crime se doublait d’une trahison bien plus grave aux yeux du nouveau tribunal d’élèves qui se mettait en place.

Pourtant, il souriait doucement. Il évitait ses anciennes amitiés pour ne pas avoir à s’expliquer. La vérité ne devait jamais éclater. La faune estudiantine ne l’attirait absolument plus. Il méprisait les collaborateurs et les partisans de la paix désormais. Au fond, tous étaient formés dans le même moule. Quel mal y avait-il à profiter d’une société débarrassée de ses parasites ? Tous ces sorciers qui se pavanaient aujourd’hui la tête haute dans la nouvelle administration n’avaient pas même levé le petit doigt avant l’assassinat du tyran. Il n’était pas pire que les autres. Il avait essayé de faire changer les choses, au début, avant de se faire abandonner de tous côtés et de comprendre que la loi du chacun pour soi devait rester sienne à jamais. Cette philosophie épargnait bien des états d’âmes et retenait la haine systématique qu’il réservait à toutes les personnes qui osaient poser un regard sur lui avant son départ en Israël. Qu’il était agréable de ne plus se préoccuper de son entourage ! Une sérénité étrange se dégageait de lui, indifférente et glaçante. On le sentait déconnecté de tout, vivant mais absent, le regard encore figé sur un passé en ruine, ou vers un ailleurs impossible à définir. S’il ne semblait pas souffrir d’une blessure morale à l’instar d’autres nés-moldus plus amochés que lui, les épreuves l’avaient dévasté en profondeur. Il était méconnaissable, et d’autres soucis obscurcissaient encore son regard. Les ennemis étaient partout. Sous la carapace de neutralité sinistre qu’il s’était façonnée, Isaac n’était jamais tranquille. Pourrait-il vraiment supporter l’arrestation de James ? Elle serait méritée, acclamée par les charognards qui l’entouraient, et cependant, la sentence le faisait trembler. Son cœur s’arrêtait tous les matins au moment d’ouvrir la Gazette. Mais que pouvait-il y faire ? Sa révolte l’année dernière n’avait servie à rien, et son impuissance persistait. On disait que l’adolescence était une belle période, qu’il fallait profiter de sa jeunesse. C’était stupide. Sans la majorité, il était inutile.

Et il n’avait même pas ses BUSE. Il n’accomplirait aucun exploit avec un cv aussi… vide. Cette pensée lui arracha un soupir. Elle s’était malignement glissée dans ses réflexions, comme un moustique au milieu de votre sommeil. Parfois, James tenait des discours aussi ennuyeux que ceux de ses parents. Va étudier. Ben voyons… Il obtiendrait un diplôme, la belle affaire ! Qu’en ferait-il ? Ces histoires de paperasse lui semblaient infiniment vaines, il lui semblait qu’il n’arriverait jamais à se remettre dans le rythme scolaire et tous les cours qu’il avait manqué l’année dernière sans chercher à les rattraper – considérant qu’il n’en avait plus rien à faire de la magie et qu’il allait se faire définitivement oublier chez les moldus – lui faisaient terriblement défaut. Son passage en cinquième année tenait du miracle d’après-guerre. Ainsi, au lieu de passer son après-midi à rêvasser, Isaac avait trouvé refuge à la bibliothèque en se promettant sans trop y croire de devenir enfin un élève studieux. Parfaitement. Il en était capable… Oui… N’était-ce pas la seule raison de son retour au château ? Il se trouvait tout de même perdu devant tous ces livres et avec toutes ses matières à reprendre. Seule la métamorphose ne lui posait aucun problème, il avait déjà pris de l’avance sur ses cours. Côté botanique et potions, c’était en revanche un véritable désastre et il lui semblait que même ses connaissances de troisième année s’étaient évaporées. Par où commencer ? Il étudia la liste de tous les sujets que les enseignants considéraient comme assimilés au début de la cinquième année et essaya d’en détacher les moins ennuyeux. De toute manière, ils n’en feraient probablement que la moitié. Après avoir sélectionné quelques livres de potion et de sortilèges – qui a parlé de botanique ? – il fila d’un pas rapide vers une table quand une gamine le heurta de plein fouet.


- Eh ! Mais fais gaffe !
lâcha-t-il surpris en laissant tomber tous ses livres.

Evidemment, l’élève maladroite était tout sauf une inconnue. Megan Swann et lui avaient pris l’habitude de se chamailler lorsqu’ils étaient respectivement en première et troisième année. A l’époque, elle n’était qu’une fillette insupportable, susceptible, arrogante et aussi complètement perdue. Son cas avait touché Alix. Isaac ne s’était quand à lui jamais laissé émouvoir. Les mésaventures des petits sangs-purs l’intéressaient fort peu, surtout lorsque ces derniers essayaient de l’intimider en lançant des malédictions sur sa famille moldue. Ces gens là changeaient rarement, surtout à cet âge instable. Ils pleuraient un jour et revenaient le lendemain la tête remplie de leurs préjugés idiots. Megan n’avait pas rejoint la milice cependant. Mais, sa grande amitié avec Alix semblait terminée. Beaucoup de choses avaient changé en son absence, il ignorait encore une bonne partie de toutes les intrigues qui s’étaient nouées depuis son départ. Il considéra la jeune fille avec une méfiance dénuée d’animosité. Elle avait bien grandi elle aussi, et son regard n’était plus celui de la gamine insolente qui s’amusait à le provoquer deux ans plus tôt. Sa remarque lui fit un drôle d’effet. Elle devenait ordinaire mais était toujours difficile à encaisser. Il était mort, d’une certaine façon, mais beaucoup de choses semblaient putréfiées dans ce château. Chaque souvenir lui donnait l’impression d’évoluer dans un vaste cimetière. Un sourire crispé étira ses lèvres. Il répondit avec une douceur sans timbre.


- Moi aussi je le croyais mais il parait que même les morts doivent finir leurs études. Dur système n’est-ce pas ?
– Le regard ailleurs, il récupéra les livres qu’elle lui tendait. - Mais ne t’inquiète pas, je n’ai pas encore besoin de sang pour garder une peau jeune et fraîche.

Et toujours hâlée par ailleurs. Il était curieux de l’entendre utiliser un humour qui ne portait pas la moindre trace d’agressivité. Mais, l’air complice qu’il avait pris n’invoquait aucune connivence, il creusait au contraire la distance. Isaac se déroba aussitôt en se retournant vers la table qu’il envisageait, la seule encore inoccupée dans ce secteur de la bibliothèque.

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  • Megan Swann
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    Megan Swann
MessageSujet: Re: La roue tourne [Isaac] [Terminé]   La roue tourne [Isaac] [Terminé] EmptyDim 3 Oct - 15:39:40


Comme il était étrange de voir l'ex-préfet dans cet état. Megan qui l'avait connu lors de sa première année, en restait muette, elle l'avait connu hautain et supérieur malgré ses ascendances moldus, il avait toujours su faire taire n'importe qui, et d'un côté, secrètement, la jeune serpentard l'avait toujours admiré pour son caractère impiétinable. Le voir ainsi presque effacé, caché tel un enfant appeuré derrière ce corps criblé de cicatrices, ces nombreuses marques témoins de la violence dont les Carrow avaient fait preuve sur de simples gosses, nouait l'estomac de la jeune fille. Deux ans plutôt, si elle l'avait ainsi bousculé, il lui aurait lançé une de ces piques amères mais pas réellement méchantes, la rabaissant en quelques mots, et se serait relançé une nouvelle année de puérilités en tout genre. Or, il ne lui avait qu'à peine parlé, et les quelques mots qui franchirent ses lèvres, furent d'une douceur qui jurait avec le personnage, ou du moins, avec le Isaac Deniel que Meg avait connu. Son humour résonnait mal aussi avec l'ambiance du moment. Alors la fillette força un sourire hypocrite, en ce moment, il lui vallait mieux ne pas négliger le peu de personnes qui lui adressaient un semblant de sympathie. Tout à coup, un malaise vint la secouer, lorsque le cinquième année se dirigea vers la dernière table sur laquelle elle avait elle-même voulu s'installer. Gênée, elle balaya la bibliothèque du regard, en quête d'une table innoccupée, malheureusement, il n'y en avait plus. Qu'il était humiliant de devoir chercher ainsi un endroit où s'installer, alors que l'an passé des gens se seraient bousculés pour s'assoir à ses côtés. Megan savait qu'il restait de ces personnes n'agissant que par interêt, qui aurait été heureux de devenir ses amis ne serait-ce que pour avoir des places gratuites à des défilés de Wizard's Paradise, ou bien venir dormir chez elle durant les vacances. Puis il y avait ces anciens Miliciens, qui s'étaient regroupés, formant de petits groupes dont la seule occupation était de critiquer les autres, mauvais et fourbes qu'ils étaient. La plupart était de sang pur, la quasi totalité étaient issus de nobles familles, et tous étaient méprisants. Ils ne vallaient rien, avaient suivi lâchement le régime des Carrow, et pour quelques privilèges, avaient fait torturer d'autres élèves. Si la jeune fille avait rejoint le club de Slug, l'idée de s'unir à la Millice ne l'avait même pas heurté, malgré les encouragements répétitifs de son grand-père. Si Megan avait été une peste, elle n'avait jamais été mauvaise dans le fond, loin de là, et même si elle n'aimait pas les moldus elle n'avait jamais rien eu contre les nés-moldus. Les malheureux n'avaient pas eu le choix, et si, il était honteux qu'un sorcier se soit uni à un moldu, leur enfant possédait des pouvoirs, et cela faisait de lui un sorcier. Pour Megan, cela avait son importance, car si elle était de celle qui proclamaient la supériorité des sorciers, elle admettait que certains impurs soient plus intelligents et puissants que des sang pur.

La jeune sorcière s'avança vers Isaac, et quelque peu gênée, elle lui demanda :

- Euh c'est la dernière table libre, et... Est-ce que je peux m'installer avec toi ?

Il lui semblait essentiel et naturel de poser la question, puisqu'elle n'avait jamais été correcte avec lui, et qu'il n'avait peut être pas envie de supporter une petite sang pur. En réalité, elle espérait qu'il accepte, puisque sinon, elle serait contrainte de quitter la bibliothèque et finir sa journée dans la chambre commune. Là-bas, peu de gens la critiquait, puisque tous plus ou moins, s'étaient placés du côté de Voldemort. Megan se lassait déjà de Poudlard, et pensait à accepter l'offre de son grand-père, soit d'étudier au manoir l'an prochain. Chez elle, l'ambiance serait lourde, à force d'entendre Xenophius critiquer le nouveau système, mais au moins elle serait à l'abris des regards rancuniers. Elle craignait simplement que le patriarche parvienne à lui manipuler l'esprit, à son avantage. Il était doué pour ce genre de choses. Mais d'un certain angle, la jeune fille le trouvait fascinant, l'admirait malgré tout ce qu'il représentait. Il était dur, froid et mauvais, mais il avait quelque chose d'attirant, qui faisait de lui un être intriguant. Megan n'arrivait pas à le cerner, il était tellement étranger finalement. Personne ne connaissait ses réels sentiments, pourtant il n'était pas Occlumens, simplement, il possédait cette capacité à dissimuler ses pensées avec une facilité incroyable. Il n'allait jamais dans le sens qu'on lui indiquait, préférant encore et toujours prendre l'inverse, se sortir du moule, se différencier de cette masse envahissante de personnes, poursuivant tous le même chemin, possédant tous le même optique, et suivant stupidement le système, se condamnant à une vie de servitude. La vie était ainsi, et Xénophius était un sorcier qui se refusait à admettre qu'il était un homme comme les autres. Megan elle, aimait cette vision des choses qu'avait son grand-père, elle se refusait à vivre une vie banale et commune à tous. Pourtant, elle n'était pas comme lui, elle avait apprit à aimer, ce que le chef de clan McGregor ne connaissait pas. Il n'aimait personne à part lui, il ne se comparait à personne, et si Megan était sa préférée, celle-ci se demandait encore s'il l'appréciait réellement. L'amour était étranger à Xénophius, il était source d'ennuis et était destructeur. Il avait raison certes, mais la jeune fille n'avait pas hérité de son don d'imunité à ce sentiment piège.

Désormais, elle se détruisait toute seule, se morfondait dans son coin, et n'avançait pas. Elle vivait sur le passé, et refusait de s'ouvrir à son avenir. Dans ce corps bien conservé, et gardé à l'abris de violences en tout genre, personne ne pouvait se douter qu'un mal rongeait la gosse de l'intérieur. Seules des cernes commençaient à venir creuser sa peau sous ses yeux, mais elle parvennait à les dissimuler sous du fond de teint. Attendant toujours une quelconque réponse d'Isaac, Megan attendit, immobile, l'esprit ailleurs.
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  • Isaac Deniel
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MessageSujet: Re: La roue tourne [Isaac] [Terminé]   La roue tourne [Isaac] [Terminé] EmptyDim 10 Oct - 21:28:19

Il s’était souvent demandé au cours de ces derniers mois s’il était possible de retrouver un visage qui semblait effacé par la douleur. Ses souvenirs les plus heureux le ramenaient à des périodes qu’il ne comprenait plus. Comme il avait oublié le plaisir du jeu à l’adolescence, il avait perdu l’ironie piquante et insolente qui avait fait sa fière réputation. Ses traits d’humour ne l’amusaient plus. Il se dissimulait derrière un esprit grave. Une blessure de surface gangrenait tout ce qui avait été légèreté. Isaac ne pensait pas revenir à l’enfance un jour. Une véritable rupture s’était creusée en lui, il lui semblait que toutes les joies à venir ne seraient jamais que des illusions. L’avenir ne promettait rien, une simple quête vers un bonheur impossible. Comment avait-il pu vivre sans se poser la question d’être heureux ? Il était bien, un garçon normal, ignorant de tout, bercé dans un présent où le futur existait à peine. Aujourd’hui, l’avenir lui inspirait une terreur indicible. Il voyait à l’horizon du temps un chemin de plus en plus étroit, tâché de zones invisibles, et divisé en centaines de sentiers qui s’enroulaient sur des terres désolées. Qu’avait-il à faire de plus ici ? Obtenir un diplôme, et ensuite ? Vendre son âme au démon du travail ? C’était d’un intérêt dérisoire. La réussite professionnelle n’avait aucune saveur lorsque le reste du monde s’écrasait sur un mur de verre. Il observait les vivants au travers d’une vitre invisible et n’avait plus envie de les approcher. Pourtant, la chaleur humaine lui manquait désespérément à Poudlard. Il s’abritait sous une ombre à laquelle il ne s’était encore jamais habitué en temps de paix. Les années où il s’appliquait à attirer toutes les attentions étaient révolues.

Il devenait étrangement blasé. Son acrimonie naturelle avait manifestement disparu et il parvenait à se maintenir dans un état de neutralité absolue. Megan l’avait bousculé, la crise n’éclatait pas. Il s’en fichait. La colère n’était plus une réaction naturelle. Tout ce qu’il devait encore affronter maintenait sa rage intérieure en ébullition constante. Les choses ne se passaient pas comme il l’aurait souhaité. Chaque réflexion lui présentait une nouvelle injustice, des « et si… » qui se fracassaient contre une barrière d’acier. La chute d’un obstacle en révélait un autre. Il n’y avait pas de sortie logique possible. Il était à Poudlard et n’avait qu’une pile de livres usés entre ses bras. Il pouvait croiser les doigts, ça ne changerait rien. Il ne restait plus qu’à prier, espérer bêtement la protection d’une bonne étoile qui n’existerait jamais. Reprocher sa maladresse à Megan serait aussi vain qu’un coup de pied rageur dans le sable. C’était ridicule. Isaac ne voulait pas établir de contact humain. Il ravalait sa fierté mal placée pour éviter les échanges les plus vrais. Un autre Isaac, celui d’avant, aurait exigé de la jeune fille qu’elle lui ramassât ses livres. Mais l’ombre du Serpentard avait fait un mouvement pour récupérer les ouvrages éparpillés sur le sol avant de se faire prendre de court par la fautive. Cette attitude ne ressemblait pas à de la soumission. Elle était même plutôt vexante. En effet, Isaac agissait comme si Megan était invisible. Il ne voulait pas lui parler.

Alors qu’il se retournait en espérant l’avoir découragé, il revoyait pourtant la scène avec un grand pincement au cœur. Cette rencontre brutale aurait pu devenir très drôle deux ans plus tôt. Ils se seraient disputés, la bibliothécaire les aurait mis dehors et ils auraient pu passer l’heure suivante à se renvoyer les accusations. Ensuite, ils se seraient maudits toute la soirée. Les choses dégénéraient vite pour une broutille. Parce qu’ils étaient heureux, le présent était vécu dans toute son intensité, et le moindre aléa devenait affaire d’état. Mais Megan portait aussi les marques des moments difficiles. Elle s’était rapprochée de sa table d’un pas hésitant et demandait à s’y installer avec un malaise évident. Isaac l’observa, impassible. La jeune fille ne s’était pas particulièrement fait remarquer l’année passée. Il savait que sa famille avait une place de choix au sein de la dictature. Il ne serait d’ailleurs pas étonnant que certains mangemorts se cachent derrière ses proches. Ce dont elle se vantait à douze ans était désormais l’objet d’un certain tourment. Il aurait pu s’en réjouir, mais il ne se sentait pas vengé. Les enfants ne devraient pas payer pour les erreurs de leurs parents. Beaucoup de partisans connaissaient des destins tragiques ces derniers temps, les règlements de comptes se faisaient dans le sang, et le Ministère était aveugle le plus souvent. Les né-moldus avaient perdu leurs parents, les sorciers purs vivaient les mêmes drames. En d’autres circonstances, il aurait peut-être refusé de s’apitoyer. Mais, finalement, il les comprenait, comme il s’était fait violence pour pardonner à James. Il était passé de l’autre côté, en quelques sortes. Même si cette pensée lui faisait honte il préférait encore le négationnisme à cette nouvelle « chasse au sorcier ». C’était complètement égoïste, et alors ? Il n’avait pas tenu le coup pour s’inquiéter du sort des autres. Peu importaient les problèmes de Megan, il n’avait pas envie de les connaître, il n’avait pas besoin d’un poids de plus sur la conscience.


- C’est drôle non ?
dit-il en baissant les yeux sur la couverture d’un livre de potions de quatrième années. On dirait que je t’intimide. Il y a quelques mois, je me serais attendu à un « dégage sang-de-bourbe ! l’héritier de la dernière Grande famille à la mode arrive ! »… Il faut croire que les habitudes se perdent vite.

Le ton était résolument grinçant. Il n’avait visiblement aucune envie de faire un effort d’amabilité même s’il avait perdu son agressivité habituelle. La jeune fille était à sa merci, il pouvait, s’il le souhaitait, lui infliger une magnifique humiliation. Nul doute que les élèves qui observaient à la dérobée leur étrange association adoreraient voir un né-molu refuser sa table à une sang-pur. Quelle belle valeur symbolique ! Mais une pensée assez incroyable prenait naissance dans son esprit : ce serait méchant. Oui, il s’assagissait. Depuis quand était-il sujet aux états d’âme ? S’il continuait sur cette voie le choixpeau allait revisiter son jugement et l’envoyer à Poufsouffle ! Isaac ne s’inquiétait cependant pas énormément. En dehors de ses soucis, beaucoup de choses lui apparaissaient sous un jour plus serein, et il n’était pas sûr que cet excès d’humanité soit très représentatif de son évolution intérieure. C'était un abri. Autrefois d’un caractère plein et entier, il n’arrivait plus à se fixer. Qui était-il ? La question ne trouvait plus aucune réponse. Son amour pour un criminel avait bafoué ce en quoi il croyait.

- Je n’ai pas plus de droits que toi sur cette table, répondit-il en haussant les épaules, fais comme tu veux tant que tu ne viens pas me provoquer avec des livres de botanique.

Son naturel ironique revenait vite. Il hésitait toujours sur l’attitude à adopter mais au fond, un peu de compagnie n’était pas à rejeter. Il n’était pas certain de tenir l’année en se renfermant au monde entier.

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  • Megan Swann
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MessageSujet: Re: La roue tourne [Isaac] [Terminé]   La roue tourne [Isaac] [Terminé] EmptyMar 19 Oct - 12:45:03


Si Megan reconnaissait ses tords intérieurement, elle ne prenait jamais la peine de s'excuser. C'était une question de principes, et puis surtout de fierté. Et si plus effacée elle était en cette période difficile de rentrée, elle n'avait pas perdu son caractère de braise. Les circonstances avaient simplement atténué son tempérament impulsif, elle préférait le silence et la distance, aux grands scandales hystériques. Malgré ce que les gens pouvaient s'obstinaient à dire, ne pas parler pouvait être plus effrayant et surtout plus convainquant que les hurlements à tout va. Alors la jeune fille errait dans le château, muette, ignorant péniblement les sarcasmes des autre élèves, se répétant sans cesse qu'il fallait qu'elle remonte la pente, qu'elle ne pouvait se permettre de s'écraser face à de êtres aussi pitoyables et méprisants qu'étaient les autres étudiants. Ils parlaient beaucoup, se vantaient d'avoir fait partie de la résistance, d'avoir tenue tête aux Carrow, se prenaient pour des héros, et se pavanaient dans les couloirs, le torse bombé, un sourire arrogant jusqu'aux oreilles, se permettant des insultes et autres paroles humiliantes auprès dans enfants de Sang-Pur. C'était une véritable honte. Megan n'avait jamais prit partie d'un des deux camps (ou du moins pas entièrement), elle s'était placée là, comme spectatrice, à cet odieux massacre, restant bon public, étouffant des remarques moqueuses. Pour elle personne n'avait raison, tout n'était que ridicule dans cette guerre. Seule son opinion semblait lui être la meilleure, les autres étaient risibles. Les mangemorts étaient des pions, de parfaits petits soldats obéissants, tout aussi stupides que la Cause qu'ils défendaient. L'extermination des moldus et des impurs n'avait jamais enchanté la jeune Swann, bien au contraire, elle avait toujours défendu avec détermination, qu'il était inutile de tuer ces êtres-là, et ce, malgré sa révulsion pour les sans-pouvoirs. Dans son optique, les Sorciers, tous sans exception, Purs ou non, méritaient une place privilégiée au sein de l'ordre mondial, pour elle, les nés-moldus étaient encore plus méritants que les autres, ils avaient mérité leurs pouvoirs. Mais dans sa vision des choses, l'idée d'être soumise aux ordres d'un autre, lui était inconcevable, elle devait dominer, elle devait être au-dessus, par simple frustration, dont Xénophius et ses principes monarchiques en étaient les causes principales. Elle se projetait déjà à la place de son grand-père, sur le trône McGregor, gouvernant le Nouvel Ordre. La Triade. Elle n'était dans aucun camp, juste le sien, pourtant sa conscience la torturait, Alix n'aurait pas été d'accord avec elle. Il était certainement d'accord avec ces fous, qui voulaient ouvrir les frontières magiques aux moldus, et à leurs cultures. Ils pensaient peut être que cela amènerait la paix dans le monde, mais ils se trompaient, Galimé McGregor, son ancêtre avait prédit après la chut d'un puissant mage, le désordre total, le Chaos. Pour Xénophius il ne faisait aucun doute que le Seigneur des Ténèbres étant tombé, une nouvelle ère de panique viendrait s'abattre tôt ou tard sur eux. Tout cela n'était que simple prédiction d'un vieux fou, à l'esprit infecté par la magie noire, mais Megan y croyait. En ouvrant leurs porte aux Moldus, il feraient une grossière erreur, c'était certain.

La verte et argent en avait assez de se soucier de tous ces problèmes, et son tracas n'avait pas échappé au patriarche de la famille, qui lui avait simplement dit : « Ne pense plus à tout ça, ce n'est pas de ton âge, ne torture donc pas ton esprit si pur, et attends l'année prochaine pour l'ouvrir à de nouvelles magies, et des savoirs plus avancés. » Le vieil homme avait toujours réponse à tout, et même si c'était faux, Megan lui avait assuré qu'elle s'amuserait cette année, et oublierait toutes ces sottises. Seulement, d'autres angoisses s'étaient accumulées pendant l'été, ces histoires d'héritier que voulait son grand-père ne l'avait pas enchanté du tout. Elle n'imaginait pas être un jour soumise à un de ses cousins, ou ce petit-frère encore imaginaire, que Xénophius s'inventait avec excitation. Il imaginait déjà les grands projets qu'il pourrait entreprendre avec lui, et s'il n'avait pas dit à Megan qu'il s'occuperait de son éducation l'année d'après, elle aurait presque cru qu'il l'avait oublié.

Isaac parla. Sa voix d'une douceur qui jurait affreusement avec le personnage prouva une fois de plus à la gosse qu'ils avaient tous souffert et perdu en acidité l'année passée. L'ancien préfet semblait finalement bien mort, sous ce corps mutilé, et Megan en venait même à regretter son ancien adversaire provocateur et arrogant. Sa remarque lui arracha un sourire. Oui elle avait changé, même si elle était toujours encore un peu perdue, elle avait bien évolué depuis sa première année. Elle n'était plus la gamine insupportable d'autrefois.

- Les gens changent comme tu peux le remarquer...

Elle avait lancé un regard accusateur vers tous ces élèves hypocrites envers eux-mêmes, ces faux-héros. Ils adoptaient exactement le même comportement qu'ils avaient reproché aux Sang-pur l'an passé. C'était minable. Ils la dégoutaient tous, sans exception.

- Tu en es la preuve Isaac, je t'ai connu bien plus corriace.

Ses derniers mots n'étaient pas mauvais, juste une sorte de moquerie amicale, une petite provocation amusante, entre deux vipères ayant perdu leur langue fourchue. Megan s'installa en face du cinquième année, et répondit par un léger sourire amusé à l'humour de Deniel. Il était étrange de les voir tous les deux assis à la Bibliothèque, échangeant quelques mots sans se taper dessus. Le revirement de situation était d'une ironie parfaitement risible. Elle avait perdu Alix, et retrouvait Isaac Deniel, ou du moins ce qu'il en restait. Décidément si Xénophius voyait sa petite-fille, sans nul doute qu'il aurait retourner la Bibliothèque, et aurait infligé à la jeune fille la pire correction de sa vie. Elle imaginait déjà son discours :"Trainer avec de la racaille ? Je ne t'ai pas élevé comme ça ! Tu fais honte à notre famille, une fois ne t'a pas suffit ? Tu n'as pas compris mon premier avertissement ?" Elle voyait encore cette ombre terrifiante dans son regard, ce témoin sombre des crimes et atrocités commises par le vieux tyran. Un instant, il lui sembla être aspiré dans le temps, et ramené à cet horrible jour, où elle avec reçu une flétrissure dans la nuque, gravant à tout jamais le mot "pur" sur sa chair d'enfant, abîmant la beauté de cette peau blanche. Elle passa sa main sous sa longue chevelure brune, effleurant du bout des doigts sa peau, le regard vague, figé sur un point inconnu.

La cruauté dont pouvait faire preuve ces vieilles familles pro sang-pur était terrible. Mais Megan s'efforçait de ne pas y penser, il n'était jamais très bon de remuer les fantômes de son passé. Elle jeta un coup d'oeil à Isaac, et à la pile de livres éparpillée sur la table, devant lui.

- L'année des BUSE... Tu as déjà une idée du métier dont tu envisages de t'empêtrer toute ta vie ?

Pour Megan, c'était totalement inutile, son compte en banque contenant une véritable fortune, cela lui épargnerait le fardeau ingrat du travail acharné.
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MessageSujet: Re: La roue tourne [Isaac] [Terminé]   La roue tourne [Isaac] [Terminé] EmptyVen 22 Oct - 22:03:35

La rancune des nés-moldus était légitime. Isaac avait ses raisons de ne pas l’approuver, mais il ne se sentait pas pour autant la force de prêcher la bonne parole en appelant à l’apaisement des âmes. Il ne pardonnait pas plus que les autres ce qu’on lui avait infligé. Il condamnait la passivité des uns, la lâche approbation des autres, et la cruauté assumée de la Milice. Peu d’élèves trouvaient le pardon à ses yeux. S’il l’avait pu, il se serait comporté en parfait charognard vis-à-vis des familles vaincues. Les beaux rôles lui allaient mal. Il n’avait pas assez de conscience pour chercher désespérément à se faire bien voir. Il aurait profité de la situation au contraire. La morale nauséabonde des rescapés considérait que la justice se rendait sous la lame d’une guillotine. Ils voulaient faire passer la chasse aux collaborateurs pour un acte citoyen plein de mérite. Ils avaient souffert, donc, la violence qu’ils pouvaient infliger en retour n’avait rien à voir avec les bas instincts de leurs bourreaux. Ces pseudo-héros devenaient monstres à leur tour, au nom de la paix. Isaac ne rejetait pas tout à fait cette attitude, mais l’idéologie derrière laquelle ils osaient s’abriter l’écœurait au plus haut point. La guerre n’épargnait l’âme de personne. Il n’y a plus de combat du bien contre le mal lorsque les victimes parlent de vengeance et nourrissent leur colère par des frustrations personnelles. Le Serpentard ne pensait pas faire le Bien en trainant un ex-milicien dans la boue. Il suivrait une logique animale, pour satisfaire son bien-être. Oh oui, il en aurait humilité plus d’un s’il l’avait pu, juste pour rire, parce que ce retournement de situation était drôle, qu’il fallait bien en profiter avant de mourir et que la notion du dent pour dent lui convenait parfaitement. Ce n’était plus une histoire de justice à ce stade, c’était l’assouvissement de pulsions brutales réfrénées toute une année. Les sang-purs avaient de la chance, il goûtait aussi à leur douleur. Sa violence était contrariée, il préférait se taire et mépriser tout le monde en même temps.

Il était amusant que Megan lui fît remarquer son absence d’agressivité. Un sourire impénétrable traça un autre sillon sur ses lèvres. Il n’essayait pas de lui prouver le contraire, ce serait admettre que quelque chose était mort en lui or, de ce côté au moins, il était à peu près sûr qu’elle se trompait. Les élèves pouvaient penser ce qu’ils voulaient de lui, ce n’était plus son affaire, au contraire, il préférait leur servir une image de pauvre Serpentard inoffensif. Le stratège le plus efficace est finalement celui dont on se méfie le moins. Les horreurs qu’il avait affrontées et vécues l’avait rendu plus dur que l’airain. Des pics de faiblesse le saisissaient parfois évidemment, des traumatismes encore bien ancrés qu’il dissimulait par tous les moyens afin de ne pas sombrer, mais, tant que personne ne les devinait, les barrières de son esprit étaient infranchissables. Il avait gagné en humanité, sa sensibilité s’était aiguisée au fil des épreuves, et, étrangement, cela ne le rendait pas plus clément. Même s’il n’avait pas été confronté à un nouvel adversaire, il sentait que cette nouvelle acuité le rendrait sans pitié le jour où quelqu’un s’en prendrait à lui. Son avis sur les humiliations infligées aux anciens partisans en était la preuve. Il était capable d’une chose qu’il n’aurait jamais crue possible deux ans plus tôt, il pouvait rire de la souffrance des autres. Après tout, l’humanité n’était qu’une bonne blague, une plaisanterie grotesque.


- Tu parles comme si je venais de m’incliner face à toi…
, souffla-t-il avec condescendance. J’ignorais que nous étions en entrés sur une arène depuis notre collision. Il y a des colères plus légitimes que d’autres, et celle là ne l’était certainement pas. – Il posa sur la jeune fille un regard tranchant lourd de sous-entendus. - Mais il me semble que tu l’as compris aussi…

Isaac refusait d’admettre qu’il avait perdu de son mordant. Il n’avait tout simplement pas envie d’en user pour l’instant et sa conception des choses avait énormément changée. La façade d’enfant chahuteur était tout simplement tombée, et le reste de ses organes semblaient pressés, flétris, desséchés. Au fond, il ressemblait probablement à ces cadavres dont la peau momifiée se confondait avec les os. La douceur était chose oubliée. La tendresse qu’il avait pu retrouver avec James quelques semaines plus tôt s’était évaporée à cause de la distance, et il retrouvait cette apparence inquiétante dont il n’était probablement pas prêt de se débarrasser. Il avait cependant l’impression que Megan avait une vague idée de ce qu’il pouvait éprouver. Quelque chose avait changé. Cette jeune fille s’était perdue dans des sillons beaucoup plus sombres que ceux sur lesquels elle errait en première année et l’agressivité s’en était allée. La fin de cette guerre n’avait rien conclu pour eux. Ils avaient autre chose à poursuivre. Toutes les ombres n’étaient pas dissipées.

Etait-ce cette impression qui l’engageait à poursuivre la discussion en lui parlant d’avenir ? Il posa ses yeux noirs sur les grimoires. Plus jeune, il songeait à faire de sa vie d’adulte un vaste terrain de jeu. Il rêvait d’amusements futiles, de soirées plus folles les unes que les autres, d’une vie mondaine égoïste, entre le monde de la mode et celui de la nuit. Mais ces choses là ne l’attiraient peut-être plus autant qu’avant. Sa faiblesse face aux mangemorts et aux événements présents lui laissait à penser qu’il n’arriverait à rien tant qu’il ne pourrait exercer une influence véritable sur les autres. Ses parents et ses grands-parents l’avaient compris avant lui. Il n’avait absolument aucune idée de la profession vers laquelle il finirait par se tourner. Mais il passerait ces fichus BUSE, et les ASPICs qui suivaient. Ces diplômes idiots avaient leurs valeurs auprès de l’administration, même si l’enseignement des professeurs lui semblait désespérément pauvre depuis qu’il faisait l’effort d’explorer les rayons de la bibliothèque.

- Je crois que mes idées ne sont plus d’actualité…, répondit-il d’une voix lointaine. Mais, ce qui est sûr, c'est que si je travaille un jour ça sera à mon compte, à un poste arrangeant et amusant. Et quand il m’ennuiera, je ferai autre chose.
Et il disait cela avec une telle désinvolture qu’il semblait impossible de mettre en doute sa capacité à passer d’une carrière à l’autre sans jamais perdre au change. Le jour où Isaac Deniel manquerait de confiance en lui n’était visiblement pas encore arrivé. Au contraire, il était plus que jamais décidé à rester maître d’un destin qui lui échappait. Cependant, la question le ramenait à des pensées plus sombres. Là où il allait, il ne distinguait plus le futur. L’amertume le tourna vers la provocation gratuite.
- Ceci dit, je m’en fiche un peu là. Je pourrais tout aussi bien te dire que j’ai l’ambition de me laisser entretenir par un vieux riche libidineux et trouver ça cool. Pour ce que ça change… Pourquoi cette question, tu as déjà la réponse toi ?


Il lança un regard en biais à la jeune fille et feuilleta l’un des livres d’un air distrait. Les bonnes places n’étaient pas nécessairement les plus avantageuses dans le monde sorcier. En ce moment, la puissance magique l’intéressait beaucoup plus. Avec des sorts redoutables au bout de sa baguette, personne ne s’amuserait plus jamais à le torturer. Cette vie ne ferait plus jamais de lui une victime ou un spectateur impuissant.



Dernière édition par Isaac Deniel le Mar 26 Oct - 20:41:48, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: La roue tourne [Isaac] [Terminé]   La roue tourne [Isaac] [Terminé] EmptySam 23 Oct - 13:09:00



Qu'est-ce qui l'avait poussé à engager la conversation avec son ancien adversaire de jeu ? Megan n'aurait su le dire. Certainement que la solitude et l'ombre dans laquelle elle se dissimulait, l'avait incité à se rapprocher de ce garçon qui semblait vivre la même chose. Ils étaient si différents, et pourtant une même réalité les unissaient. Ils peinaient tous les deux à avancer vers cet avenir fondé sur une gloire méprisante. Tous ces sorciers qui riaient et s'amusaient désormais à provoquer le souvenir de Celui qui les avait tous tant terrifié à l'époque, ce puissant mage noir dont ils s'amusaient à dire le nom, répugnaient la jeune fille, tout autant que cette chasse à l'homme qui satisfaisait la communauté sorcière. Ils se donnaient l'impression d'être vengés en condamnant leurs bourreaux, ils jouissaient d'un bonheur malsain lorsque le matin, en première page, ils apprenaient sur la Gazette, la mort d'un partisan du Lord vaincu. Tous se vantaient d'avoir été du côté du Bien depuis le premier instant, mais ils oubliaient d'avouer leurs doutes sur la victoire de la résistance, ils oubliaient facilement qu'ils avaient été les premiers à se soumettre aux nouvelles lois, et ces êtres repoussants ne parlaient pas de ce qui auraient pu se passer s'ils avaient été confronté à de lourds dilemmes. Auraient-ils vraiment sacrifié leur vie pour protéger celle d'un malheureux résistant recherché ? Certainement pas. Ils avaient accusé les sang pur d'être des collaborateurs, parcequ'ils avaient été les premiers confrontés au Lord, ils avaient été les premiers à faire des choix. Mais tous, auraient fait la même chose, ils auraient profité des privilèges qui leur été accordés. Ils se voilaient la face, derrière leurs persécutions imaginées, car si Megan reconnaissait que les nés-moldus avaient été maltraités, les Sang-mêlés n'avaient rien connu de ces tortures barbares, ils avaient été tolérés, pourtant, ils se confondaient dans le même passé douloureux de ceux qui avaient été les martyres des mages noirs. Ils n'avaient aucune honte à généraliser le dramatique et odieux crime, dont ils se plaignaient d'avoir été des victimes.

La jeune fille plongea son regard d'océan dans les sombres iris de l'ex-préfet des serpentard, elle y percevait bien les épreuves et les durs moments qu'il avait vécu, et qui restaient ancrés dans ses yeux témoins. Elle éprouvait presque de la pitié pour lui, et compatissait, même si elle détestait qu'on s'apitoie sur son sort, elle ressentait le besoin étrange de faire comprendre à Isaac qu'il n'était pas seul dans cet après-guerre finalement, tout aussi difficile que la bataille elle-même. Si les gens semblaient heureux de cette victoire, Megan ne s'identifiait dans aucun camp, elle ne trouvait pas sa place parmi les anciens membres de la Milice ni chez les anciens Résistants. Elle se sentait seule au monde, incomprise, enfermée dans sa propre bulle, et n'avait finalement aucune envie d'en sortir pour se mêler à cette masse grouillante d'êtres repoussants. Elle avait prit la décision d'avancer vers son avenir encore indécis, et de voyager en solitaire endurcie, elle souhaitait faire sa vie et bâtir son royaume toute seule, sans l'aide éphémère de quelqu'un d'autre.

Isaac lui répondit d'un ton tranchant, ferme, et il avait raison. Leurs petites querelles d'autrefois n'étaient rien face aux cruautés qui pouvaient être conséquences de colères bien plus grandes. Leurs disputes puériles n'avaient été que jeux entre deux gamins désireux de se faire remarquer, pour mieux être respectés, et craints. Mais si Megan avait tiré quelque chose de cette guerre, c'était bien qu'il était inutile de jouer aux clowns insolents pour attirer le respect des autres. La plus grande des frayeur était certainement le calme et le silence d'une personne, cela prouvait sa confiance en soi, et effrayer les êtres plus restreints d'esprit, qui se contentaient de peu de choses, et voyaient les choses comme elles paraissaient êtres, sans réellement chercher la faille, sans creuser plus loin. Isaac et Megan avaient compris et tiré de leurs erreurs passées, ils tentaient à présent de se forger dans ce monde, avec leurs nouvelles armes.

La troisième année haussa les épaules, et prit un air hasardeux, et lui répondit d'un ton tout aussi évasif :

- Tu as raison, nos querelle passées étaient finalement le reflet de notre manque d'assurance, notre besoin de se faire une place remarquée au sein de cette société. C'était vraiment pathétique si tu veux mon avis.

Pour la première fois depuis des mois, la jeune vipère laissa échapper un rire sincère, vrai, qui se prolongea en un fou rire non pas joyeux, mais froid et glacial, rattrapant pourtant ces mois de silence. C'était tellement ridicule de rire ici, dans la bibliothèque, avec Isaac, mais d'une délivrance exquise. Elle se sentait libre d'exprimer toute la moquerie étouffée, devant ces gens hypocrites, et réalisa lentement qu'il y avait longtemps qu'elle ne s'était pas sentit bien. Avoir quelqu'un qui semblait éprouver les mêmes sentiments qu'elle, était rassurant, et peu à peu, elle retrouver sa précieuse confiance en elle, qui avait fondé sa fidèle réputation de jeune fille au caractère de feu. Malgré tout ce qu'elle pouvait affirmer, elle avait perdu en ténacité elle aussi, certainement à cause de Xénophius, et de la crainte qu'elle éprouvait envers lui. Alors d'une lenteur cruelle et sadique, le temps la détruisait, et son corps mis à l'abri des blessures physiques dissimulait des séquelles psychologiques douloureux et lourds à porter. Sa fierté toutefois la poussait à nier sa souffrance, alors elle mentait, devenait tout aussi fausse que les autres. Ses principes et ses optiques pourtant, n'avaient pas changé, elle voulait toujours les mêmes choses, mais refusait d'admettre ses faiblesses, et n'envisageait pas la possibilité qu'elle ne soit pas suffisamment forte pour un jour prendre le commandement de la Triade.

Reprenant ses esprits, elle retrouva son sérieux, et répondit au jeune jeune homme :

- Pour moi ça changerait quelque chose. L'estime que je te porte se serait envolée aussitôt qu'elle est venue. Je pense que tu vaut mieux que ça. Enfin, ce que je pense ne t'importe pas, j'imagine ?


Tout en ponctuant ses derniers mots par un léger sourire en coin, Megan avait posé ses yeux de saphir sur le grimoire qu'elle avait prit au hasard. Elle le regardait sans le voir, et réfléchissait à la question d'Isaac. Son avenir à elle ? Enchainée aux volontés d'un grand-père intolérant, dépendante de son bon vouloir, et c'est tout. Voilà ce qu'elle aurait du dire, si sa fierté indétrônable ne la poussait pas sans cesse à prendre la direction inverse de celle qu'on lui imposait. Si elle craignait et respectait que trop Xénophius, elle ne serait jamais soumise comme sa mère et Symétrix l'étaient. D'un naturel presque indécent, elle lui répondit :

- Moi ? Je ne dépendrai jamais de personne, et si mon compte en banque bien garni pourrait m'éviter l'ingratitude du travail, j'aimerais fonder quelque chose. Et puis surtout, je ne recevrai jamais d'ordres. Plus jamais...
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MessageSujet: Re: La roue tourne [Isaac] [Terminé]   La roue tourne [Isaac] [Terminé] EmptyMer 27 Oct - 17:56:54

Ils avaient été deux gamins capricieux, comme on en faisait tant à Serpentard et dans les familles aisées. Isaac ne s’était pas suffisamment intéressé à Megan pour connaître les raisons de son comportement. Il ne posait jamais de question, retenait ce qu’on lui disait et se fichait du reste. Cette méthode très égoïste lui avait fait perdre ses amis les plus proches. Il jugeait souvent à tort et ne revoyait jamais son jugement. Une personne qui l’avait déçu ou énervé un jour était définitivement rayée de sa liste de fréquentations. Il ne croyait pas aux amitiés durables, rien n’était assez parfait pour lui... Alors pourquoi cette exception ? Sa tolérance envers un type qui la méritait à peine perturbait les fondements de sa logique. Son esprit buté se désagrégeait. Il se remettait en question. Certains éléments de son passé ne lui apparaissaient plus sous le même jour et le laissaient plein de regrets. Pourtant, la faiblesse de son cœur ne dépassait pas le stade de l’introspection. Il n’avait pas réellement envie de changer sa façon d’être et d’agir. Au contraire, il fallait vaincre cette odieuse culpabilité qui sapait son assurance. Ce qui lui avait échappé à l’époque ne se rattraperait jamais, alors à quoi bon ? Il n’était pas prêt à faire plus d’efforts qu’avant. Ses camarades étaient des inconnus et ils le resteraient. L’après-guerre les révélait sous leur plus mauvais jour. Ceux qui avaient gardé leur sincérité l’avaient payé au prix de leur âme. Ils semblaient éteints et il ne voulait pas renouer avec les heures sombres en les approchant.

Megan essayait d’expliquer leur attitude passée. Il avait remarqué très vite le manque d’assurance de cette petite première année pleine d’arrogance dont il était facile de faire tomber les défenses. La gamine égarée avait plus d’une fois ravalé sa fierté à cause de lui. C’était un jeu sans pitié mais sans méchanceté, une partie de vipères où le perdant acceptait la rudesse de la défaite. On s’endurcissait de cette manière à Serpentard. La résistance mentale était primordiale. La domination revenait au plus ingénieux. Celui qui attaquait de front se retrouvait forcément à terre. Une faiblesse dévoilée n’attirait jamais la compassion, elle devenait une arme pour l’adversaire. Megan n’était qu’une novice. Il n’avait jamais pris leurs querelles au sérieux. Tout vert et argent trop prétentieux mérite d’être remis à sa place par ses aînés, selon les règles de la Maison. Une fois de plus, il n’avait pas jugé nécessaire d’étudier son passé pour se moquer d’elle. Agirait-il de la même manière avec une gamine aujourd’hui ? Peut-être pas. Cependant, il avait quinze ans. La différence d’âge s’était nettement creusée et ses rapports avec les premières années s’en trouvaient radicalement changés. Mais l’assurance lui manquait-elle à treize ans ? D’une certaine manière. Un besoin maladif de reconnaissance est une preuve de doute. Ce ne sont pas les simagrées qui imposent les grandes figures de ce monde. Il redoutait la solitude et essayait de s’entourer d’un bon cercle d’amis pour se préserver de l’ennui. C’était rassurant. Chaque journée inventait une nouvelle facétie. Rien ne tenait, il ne construisait rien sur la durée mais s’amusait follement. Il éclata de rire au souvenir de ses plus belles idioties. En commettrait-il d’autres un jour ? Il l’espérait.

- Pathétique peut-être, mais tellement drôle !


Tous ces petits plaisirs s’étaient effacés pendant que sa perception du monde s’affinait. Il lui semblait qu’il avait perdu beaucoup plus de choses qu’il n’en avait gagnées. Le sage ne rit plus, et il n’avait pas envie d’entretenir l’image d’un éternel blasé. C’était pourtant la voie sur laquelle il s’engageait. Il n’arrivait pas à la dévier. Certaines plaies demandent plus que de la volonté pour être refermées. Ainsi, le pied broyé ne se reforme jamais. On peut le remplacer, réapprendre à marcher, mais il faut pour cela renoncer à la course, au pas élégant et à la sensibilité d’une partie de son corps. Les choses revenaient, mais elles avaient la saveur d’un lambeau de chair sur un os rongé.
Des élèves studieux s’étaient retournés sur leur table. Quel sujet pouvait bien provoquer l’hilarité d’un né-moldu et d’une sang pure ? Les Serpentard étaient des êtres étranges. Isaac devinait les regards sombres que certains étudiants lui lançaient. On ne pouvait décidément pas faire confiance aux verts et argents. En cet instant, ils le détestaient et n’hésiteraient pas à affirmer qu’il trahissait leur cause. Le jeune homme se tut en se rappelant qu’ils avaient raison. Leurs préjugés idiots ne les mèneraient pas dans le faux, c’était leur interprétation qui le serait. Dans la théorie, il resterait toujours de leur côté. C’était du moins ce dont il essayait de se persuader. Mais l’avenir n’était qu’un gouffre béant. Megan n’avait pas tout à fait saisi le sens de sa remarque désinvolte. Il pouvait envisager tous les possibles sans émotion. Et s’il finissait à la rue, se battrait-il pour remonter ? Bof, autant se laisser crever. Même s’il ne pensait pas en arriver à de telles extrémités, y songer ne l’incitait pas à réagir. La fatalité n’avait rien de terrible. Sa voisine parlait de l’estime qu’elle avait pour lui et ces mots lui arrachèrent un sourire ironique. Il avait presque oublié l’image qu’il renvoyait en troisième année. Cependant, l’avis des autres était effectivement une donnée négligeable. Il n’avait rien à démontrer.

- ça ne m’intéresse pas plus que le qu’en dira-t-on. Je crois que l’estime est un truc que je n’ai jamais éprouvé pour personne. Donc c’est que je n’en ai pas. Je n’ai qu’une fierté que je place où je veux. Mais ne t’en fais pas pour moi, j’ai encore assez de ressources pour repousser l’instant de ma chute.


Le ton léger dissimulait la fragilité de l’affirmation. Il n’était sûr de rien. Sa force reposait sur des fondations précaires. Il avait fait l’erreur de lier son destin à celui d’un hors-la-loi au lieu d’apprendre à vivre sans son souvenir. C’était profondément idiot. Il était à la merci de la déception de trop, celle dont on ne se relevait plus, et il redoutait chaque jour la capture ou la trahison. Dire qu’il avait une confiance aveugle en James serait mentir. Cet homme n’avait jamais respiré la franchise et il savait que ses aveux étaient incomplets.
Megan usait-elle de la même duperie en arborant cet air d’évidence pour parler du futur ? La fin de ses propos semblait l’indiquer. Visiblement, elle essayait de sous entendre quelque chose. Souffrait-elle de l’influence d’une famille sang pur trop autoritaire ? Hélas, il ne connaissait le sujet que trop bien. Mais la jeune fille semblait d’une autre trempe. Elle pourrait peut-être s’en tirer avant de se laisser absorber, même si la nature l’avait quelque peu désavantagée dans l’ordre social en la faisant naître femme.

- Bien dit
, dit-il gravement. Ne laisse personne décider pour toi. Parfois, se soumettre peut sembler moins douloureux, mais on finit par le regretter tôt ou tard… Ce jour-là, ceux qui tiennent tes liens te feront croire que tu leur es redevable…
Pourquoi s’était-il lancé dans ce discours ? Il se mordilla lèvre, chassa les images qui frappaient sa conscience mais la voix lui manquait toujours. Alors il acheva dans un souffle, les yeux posés sur la table tâchée d’encre :

- Et, fuir devient difficile.Puis, relevant la tête, il balaya la salle du regard et changea subtilement l’orientation de ses réflexions. - A moins d’une bonne intervention extérieure…

Si l’Ordre du Phénix n’était pas intervenu, il aurait fallu attendre des années avant de voir le soulèvement des oppressés. Obéir semblait tellement plus simple lorsque la mort pendait au cou des rebelles. Ils avaient presque tous choisis une vie de servitude en attendant que les temps soient plus cléments. Mais, à part dans la Bible, ce genre de miracle n’arrivait pas tous seuls.

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MessageSujet: Re: La roue tourne [Isaac] [Terminé]   La roue tourne [Isaac] [Terminé] EmptyVen 29 Oct - 17:39:38


[Je t'autorise à me balancer des cailloux pour la qualité du post Embarassed ]

A mesure que Megan écoutait l'ancien préfet lui parler, sa mémoire lui rappelait sans cesse l'être qu'elle avait été lors de sa première année à Poudlard. L'insupportable gamine reflet de l'éducation d'un vieux tyran puissant. Elle avait voulu être considérée comme une victime, et elle sentait encore l'injustice la hanter, elle se persuadait dans son esprit perturbé par une manipulation, qu'elle était à plaindre. Pourtant, sa trop grande fierté refusait de se plier à cette évidence frappante. Elle niait sans relâche l'emprise de Xénophius sur elle-même, elle tentait de s'échapper de l'étau ferme du mage noir. Elle ne s'avouerait jamais vaincu, il n'aurait pas de victoire sur elle, et elle ne serait jamais son esclave. Elle refusait fermement sa propre condamnation, elle ne s'enchainerait pas à la soumission éternelle. Elle voulait avancer seule, fuir la dictature des McGregor, sans jamais succomber à la tentation de se retourner. Personne ne la comprenait? C'était le but recherché. Elle se moquait à présent qu'on eut de la compassion pour sa personne méprisée, elle ne voulait plus de la pitié des autres. Megan s'était perchée dans des sommets autrement plus effrayants que le pouvoir de sa famille, elle s'était isolée dans des lieux inaccessibles aux malheureux mortels, dans le plus profond des abysses, le plus sombre Enfer, elle s'était elle-même liée les mains par des cordes tranchantes, et acceptait sans le moindre regret, sa propre pénitence. Son refuge pour âmes flétries lui procurait maintenant le bonheur jouissif de la solitude paisible.

Si elle s'était plaint de cette situation, elle le regrettait aujourd'hui, car elle comprenait peu à peu, les joies malsaines de la vie. La solitude en faisait partie. Voyager seule serait sans doute plus bénéfique que d'être accompagnée d'un balafré. Son esprit enfantin s'ouvrait doucement à de toutes nouvelles horizons, et repoussait les limites injustement imposées à leur liberté de penser. Elle distinguait mieux les choses, telles qu'elles étaient réellement, elle parvenait à faire tomber les masques sans peine, il lui était facile et naturel de vivre loin des soucis présents. Ses seuls problèmes étaient mineurs pour tous les gens normalement constitués et lui paraissaient énormes, tandis que cette nouvelle perception s'appliquait aussi à l'inverse. Elle minimisait les grandes catastrophes pour mieux les oublier, et s'attardait sur de petits détails pour se donner l'impression d'exister dans ce bas monde. Voilà ce qu'elle devenait peu à peu, une jeune fille à l'esprit torturé, déséquilibrée dont l'âme s'assombrissait à mesure que son coeur s'endurcissait.

Il était tellement plus facile de vivre sans avoir à se soucier du malheur des autres, et sans avoir à porter le fardeau du monde entier, par bonté. L'égoïsme, c'était la seule véritable arme pour survivre sur la Terre des humains, pour une fois, Megan aurait donné raison à son grand-père, et plus elle avançait dans sa remise en question, plus elle comprenait comment Xénophius avait réussi à hisser sa famille parmi les plus respectée et les plus puissantes. Il n'éprouvait aucune pitié, et se montrait d'une cruauté sans égal, il ne s'attardait pas sur les maux des autres, et combattait les siens par la faiblesse et la confiance de ceux qui abaissait leur garde, insouciants. Il profitait de la stupidité de la plupart de ces malheureux, il usait de coups bas plus fourbes les uns que les autres, et tiraient des démences de ces gens son propre butin. C'était cela la vraie solution ? La jeune Swann commençait à le croire à mesure qu'elle s'aventurait dans les entrailles du doute persistant. Elle aurait voulu se persuader qu'elle était capable de vivre comme les autres enfants de son âge, négligeant ces soucis compliqués aux issues difficiles à reconnaître. Mais une force insoupçonnable l'incitait à se préoccuper de tout cela, et elle n'était visiblement pas de taille à combattre ses démons. Elle pataugeait dans les marrés boueux qui l'emprisonnait de leur traitre profondeur.

- Drôle ? Oui, c'était encore l'époque où il nous était naturel de rire.

Il serait dur de rire maintenant qu'elle voulait s'abonner à une vie de solitaire impitoyable, et il fallait errer comme un marginal sur des sentiers plus rudes les uns que les autres, accepter la douleur et l'endurer sans vaciller. Il serait difficile d'en venir à ce sacrifice, elle qui fut longtemps symbole de gaité et de joie de vivre. Son estomac se noua, tandis que les souvenirs de ses plus beaux jours se pressaient contre ses tempes, cette période était révolue. C'était comme tourner la page sur un nouveau chapitre. Elle devait se rendre à cette réalité amère, Xénophius voulait s'occupait personnellement de son éducation l'an prochain, et si elle voulait minimiser les châtiments, elle devait préparer le terrain.

Les yeux clairs de Megan quittèrent la couverture abîmée du vieux manuel qu'elle avait emprunté pour rejoindre les iris sombres de Isaac. Si elle optait pour la facilité, elle voulait faire sa dernière bonne action, elle voulait aider le cinquième année à retrouver toute son aisance, son naturel sarcasme qui avait fondé sa si respectable réputation. Maintenant elle savait; elle n'était pas destinée à vivre heureuse et dans le bonheur qui aurait du lui être accordé en raison de la puissance de sa famille, elle devrait se battre contre ceux qui voulaient l'oppresser. Elle ne pouvait pas cacher une certaine crainte de tenir tête à Xénophius, mais elle était sûre d'elle, elle ne finirait pas comme sa mère, elle ne subirait pas les petits caprices de Monsieur McGregor. Un mince sourire étira ses lèvres, elle savait ce que lui réservait son avenir, elle devait simplement s'y préparer.

- Pourquoi n'es-tu pas avec eux ? Tu devrais fêter joyeusement votre victoire, non ?

Elle lança un regard en direction des élèves indiscrets, visiblement outrés de l'attitude de Isaac envers Megan. Ils s'étaient certainement attendus à une mauvaise blague de la part du jeune homme pour humilier la vipère.
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MessageSujet: Re: La roue tourne [Isaac] [Terminé]   La roue tourne [Isaac] [Terminé] EmptyJeu 4 Nov - 22:31:27

[Mais non c'était très bien ! Dzoulay si je ne fais pas trop avancer les choses dans cette réponse ^^]

Autrefois, la vie n’était qu’un rire diffus, un éclat perlé de bonne humeur. Les notes se déclinaient sur une gamme de légèreté. Même les sarcasmes y trouvaient leur compte. Puisque les moqueries n’étaient jamais amères lorsque l’on se voyait rayonner sur une masse d’imbéciles heureux. Isaac s’était longtemps cru de ceux que les malheurs épargnaient. Un coup au moral se guérissait vite, il suffisait de volonté. La meilleure méthode était encore de ne s’attacher à personne. Il changeait d’amis en fonction de ses humeurs, avant qu’ils n’aient le temps de lui faire faux bond. Beaucoup d’élèves avaient été retirés de Poudlard, un certain nombre de serpentard qu’il avait jadis côtoyé ne lui donnaient plus aucune nouvelle. Des noms comme ceux de Lou, Emilien ou Samael lui revenaient parfois en mémoire et il n’en éprouvait pas le moindre pincement au cœur. C’était terminé. Il les avait tour à tour remplacés par des compagnons sans visages avant de laisser toutes ses amitiés s’étioler. Il avait vu la superficialité de ces relations dans toute leur absurdité. Mais sa capacité à ignorer les sentiments humains le protégeait. Le rire lui était naturel parce qu’il ne connaissait encore rien de la vie. Il semblait né pour le plaisir. Il l’avait poursuivi, et le piège s’était peu à peu refermé. L’univers sucré s’était dilué sous une pluie torrentielle. Quelques cristaux immaculés étincelaient encore dans la boue mais les doigts qui se tendaient vers eux étaient couverts de crasse. Ces morceaux cassés avaient un goût plus âcre, celui des souvenirs évaporés. Mais certains bouts étaient plus doux que d’autres. Il avait passé quelques journées exquises avant de rentrer à Poudlard, avant de revenir à la réalité. Megan parlait de lui sans rien savoir. Elle l’associait à des conclusions plus personnelles. Mais qu’avait-elle vécu pendant la guerre qui méritât un tel revirement ? Un autre né-moldu aurait probablement mal pris les rapprochements qu’elle faisait entre eux. Pourtant, il éprouvait une vague pitié vis-à-vis de la jeune fille. Il aurait aimé que tout redevienne comme avant. La vision de cette enfant déjà meurtrie était insupportable.

Les sangs purs dont les familles s’étaient rangées du côté du Lord souffraient. Le suicide du père de James n’était qu’un drame parmi tant d’autres au milieu de la grande déroute qui déchirait les grandes lignées. Fallait-il les plaindre ? Pas vraiment. Mais les enfants étaient touchés. Ils voyaient un héritage sombrer et beaucoup de familles préféraient se renfermer sur elles-mêmes le temps de régler leurs affaires, de s’occuper de vengeance ou de successions. Ainsi, un climat autoritaire se déséquilibrait et pouvait par là devenir tyrannique. Il n’osait pas interroger Megan. Le sujet était trop sensible, elle avait sans doute des mangemorts dans sa famille. Comment devrait-il réagir si elle le lui faisait comprendre ? Il valait mieux éviter cette difficulté, surtout si les mangemorts en question couraient toujours en liberté. En soutenant son regard, il lui semblait que cette paix mal négociée préparait les monstres de demain. Le conflit n’était pas réglé, il sommeillait. Qu’y avait-il à fêter ? La jeune fille avait renoncé à l’idée de parler d’elle, ce qui était assez mauvais signe. Elle reportait la conversation sur lui, sur son sentiment à l’égard de la victoire. Que dire ? « Non… en fait je m’envoie en l’air avec un mangemort depuis l’année dernière et j’ai pas très envie qu’on l’arrête ». Ne serait-ce que pour voir la tête de Megan, cette réponse méritait d’être formulée. Cependant, il opta pour une explication plus raisonnable et tout aussi vraie.


- Je ne suis pas avec eux parce qu’ils n’ont jamais été avec moi. Souviens-toi du bal de Noël… Y en avait-il un seul pour songer à autre chose qu’au flirt à ce moment là ? Pourtant, il me semble que la situation à Poudlard comme à l’extérieur était très grave… Mais non, ils s’amusaient. Pire, ils faisaient tout pour se faire bien voir des Carrow et ils auraient continué si personne n’était intervenu. Ils s’y seraient fait en considérant que les choses pouvaient toujours être pires… Bien sûr !
– Il ricana. - On dirait que leur vie n’a pas changé d’un iota. Ce n’est pas leur victoire. Ce n’est pas non plus la mienne. Finalement, je ne me suis pas tellement battu, je suis parti pour ne pas avoir à plaider la cause de crétins pareils. Nous ne sommes qu’une bande de profiteurs tu vois.

Sa tirade cynique s’acheva sur un sourire sans joie. Il n’avait encore jamais exprimé à haute voix son ressentiment profond vis-à-vis de ses semblables. Cette liberté de parole lui faisait du bien. Si beaucoup de choses demeuraient cachées, il se sentait vidé d’un poids, celui de son départ peu de temps avant la grande bataille. Exprimer ses raisons le confortait dans son choix. Il ne s’était pas trompé en abandonnant le château. Son égoïsme ne le couvrirait pas de gloire mais sa vie était sauvée. De plus, il sentait que l’attitude de ses camarades auraient été beaucoup plus difficile à regarder s’il avait combattu pour eux. Ses illusions s’étaient effondrées plus tôt et l’épargnaient d’un trop grand désenchantement. Finalement, il en revenait à ses valeurs initiales. Il ne vivrait plus que pour lui, avec peut-être quelqu’un à aimer en plus, dans le meilleur des mondes possible.

- S’ils sont trop durs avec toi, tu pourras le leur rappeler
, ajouta-t-il après un silence, le regard plus pétillant, presque complice. Et si cette étrange prise à parti qu’il prenait déplaisait à ces pseudos victimes de guerre, il en serait ravi. Si rien n’avait changé dans la vie des élèves qui avaient à peine soufferts de la guerre, ils pouvaient considérer que face à l’adversités, les Serpentards seraient toujours soudés, ex-membres de la Milice pourpre mis à part, bien entendu.


Dernière édition par Isaac Deniel le Mer 10 Nov - 13:39:14, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: La roue tourne [Isaac] [Terminé]   La roue tourne [Isaac] [Terminé] EmptyDim 7 Nov - 16:41:37


[J'avais pas du tout d'idées, j'étais vraiment en panne sèche là Fou ]

Si la vie avait été un immense terrain de jeu, à présent, elle lui apparaissait comme un rude sentier de guerre, où il ne fallait pas se soucier des gens à terre, mais plutôt de sa propre survie. Les bombes jaillissaient de nul part, explosant de leur rugissement effroyable, et menaçant, expulsant chaque être qui se trouvait malheureusement dans leur périmètre d'action. Megan était une survivante, elle errait au milieu des débris, refusant la reconstruction nostalgique, elle préférait avancer et tout oublier, fuir son passé sans jamais vraiment l'effacer, conservant les maux de chaque coup encaissé pour mieux les accepter, et pour renforcer ses défenses physique et psychologique, bien affaiblies déjà. Pourtant les cris et gémissements implorants des victimes l'incitaient toujours à se retourner, à éprouver le désir infime et pitoyable d'aller les aider. Elle n'avait pas totalement chassé son humanité de son coeur meurtri, une part d'elle tentait de garder la tête hors de l'eau, et de rester à la lumière, tandis que l'autre sombrer dans les profondeurs des limbes, refusant catégoriquement une quelconque aide. Cette parcelle de bonté qui luttait en elle l'effrayait, elle ne voulait pas que Xénophius la découvre au risque de se faire sévèrement punir, elle savait qu'il faudrait la lui dissimuler tout au long de l'année suivante. Sa fierté grandissait à mesure que sa pitié s'envolait, elle se sentait extérieure à ce monde, elle observait les gens rirent, pleurer, parler d'avenir sans comprendre. Elle ne trouvait pas sa place parmi les rescapés, elle aurait voulu faire partie des victimes et ne plus jamais se relever, et si n'importe qui aurait pu trouver ça dur pour une enfant de son âge, elle n'y accordait aucune importance. Elle ne voulait plus vivre pour les autres, seulement pour elle.

A mesure que Isaac parlait, lui avouait certaines raisons de sa désertion, Megan sentait le soulagement du jeune homme à lui faire part de ce poids étouffant, il lui semblait plus léger, et un mince sourire étira le visage dur de la jeune brune, tandis qu'elle chassait de sa main droite, une mèche venue barrer son champ de vision. Elle eut même un certain malaise lorsqu'elle entendit l'ex préfet lui parler sur un ton devenu presque complice. Elle ne s'était pas attendu à ce revirement de situation, et surtout pas venant de lui, elle se sentait étrangement gênée de cette attention bienveillante et nouvelle qu'il lui portait, et dont elle avait été privée depuis la rentrée. Elle ne savait pas où tout ça les mènerait, s'ils deviendraient un jour amis, ou au contraire ennemis, mais pour le moment, elle se sentait bien, il lui semblait pour une raison qui lui échappait encore, que Isaac comprenait ce qu'elle ressentait. C'était à la fois troublant mais rassurant que d'être comprise. Elle souffla dans un murmure mi-grave mi-scandalisé:

- Mais leur vie n'a pas changé. C'est ça le pire dans cette histoire, elle n'a jamais changé, ni pendent le règne du Seigneur des Ténèbres, ni maintenant, ni demain. La moitié d'entre eux n'a rien subit de la dictature des Carrow, ils se sont tenus à l'écart commentant à voix basse, mais ne prenant jamais réellement d'initiatives pour faire changer les choses. S'il y en a qui ont eu du courage, c'est bien Craig, McHenry, Appleby, et tous ceux qui ont agi ouvertement, les autres, ceux qui n'ont fait que les encourager de loin, ils ne valent rien. Enfin, je ne vaux sans doute pas plus qu'eux, mais moi au moins j'assume entièrement mes actes...

Elle pensait bien sûr au mensonge qu'elle avait raconté à son grand père pour se préserver elle-même, et qui avait mit Alix dans une situation délicate. Elle s'en était voulu, longtemps, et même durant la fête de début d'année, elle avait éprouvé de nouveau ce malaise, mais c'en était fini, elle se voulait quitte. Le préfet lui avait en quelque sorte pardonné, et même s'ils ne redeviendraient probablement jamais les amis qu'ils avaient été, Megan s'en soulageait. C'était certainement mieux comme ça, au moins, il n'aurait plus d'ennuis à cause d'elle. Elle passa une main dans sa sombre chevelure, puis ajouta finalement :

- Je ne pense pas que cette guerre soit terminée. En fait, je crois qu'elle ne fait que commencer...

A peine avait-elle fin sa phrase, qu'un élève visiblement appartenant à la maison des Poufsouffle passa devant leur table, ne manquant pas de renverser au passage le bouquin qu'elle avait laisser au bord de la table, affichant un air arrogant qu'elle lui aurait bien fait ravaler si le lieu n'avait pas été aussi mal approprié. Notant intérieurement son visage, elle se promit de lui faire regretter son geste aussitôt que l'occasion se présenterait. Elle observa avec colère son livre étalé sur le sol de pierre, puis courba son dos de façon à récupérer le bouquin du bout des doigts.

- Comme on dit, chacun son tour, hein. Voilà qui m'apprendra à être une gosse d'un vieux sang pur tyrannique.
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MessageSujet: Re: La roue tourne [Isaac] [Terminé]   La roue tourne [Isaac] [Terminé] EmptyMer 10 Nov - 15:36:15

Profiter d’une situation de force acquise grâce au courage d’une minorité était la marque la plus certaine de la bassesse humaine. Ils étaient comme des hyènes qui se jetaient en meute sur la proie d’un lion. Ils arrivaient à la fin, après avoir assisté au combat de loin, pour tremper leur museau dans les entrailles encore fumantes de la bête. Ils imitaient les grands sans gloire, aspiraient au rang de carnivore lorsqu’ils se contentaient d’un statut de charognard. Isaac soutenait Megan parce que ses nouveaux ennemis ne provoquaient que son dégoût. Ils fanfaronnaient devant une gamine de troisième année. Pourtant, il était temps de gagner en maturité. Qu’aurait-on pu reprocher à une gamine de douze ans ? Ce n’était pas comme si l’on connaissait quelque chose de la vie à cet âge. Les adultes avaient l’air effrayant, ils incarnaient une autorité absolue, difficile à contourner ou à contredire, même lorsqu’on la savait tyrannique. Le Serpentard pardonnait aux plus jeunes. Ils avaient le droit d’être idiots, ils pouvaient se montrer lâches puisqu’ils étaient nécessairement faibles. Seulement, les plus vindicatifs appartenaient à des classes plus avancées. C’était même leur faute si les gosses de Poudlard s’entredéchiraient entre eux. Que quelqu’un leur remette un jour les idées en place ne leur ferait pas de mal. Mais Isaac n’avait pas de temps à perdre. Il était à peu près certain que tous ces gens qui le regardaient de travers refuseraient de l’écouter. Ils n’argumenteraient pas et lui demanderaient des comptes, en le jugeant à nouveau à l’aune de son blason.

Megan avait raison, et il approuva son discours d’un signe de tête sans oublier qu’il était plus facile d’adopter ce point de vue dans sa position. Elle n’avait pas souffert, le régime du Seigneur des Ténèbres imposait peu de contraintes aux jeunes de son espèce, bien au contraire, ils formaient l’avenir de cette société idéale et tout était fait pour les favoriser. Elle pouvait bien mépriser les vainqueurs et remettre leur mérite en cause, n’importe quel sang pur était capable de tirer ces analyses amères. Néanmoins, Megan ne jetait pas la pierre à tous les élèves. Elle osait citer des noms abhorrés par toute la noblesse Serpentardienne, ceux de Craig, McHenry ou, plus récemment, Appleby. Le regard assombrit, Isaac se demanda où en étaient ses fiers camarades né-moldus. Il les avait aperçus de loin, tous semblaient ravagés. Mais il ne les connaissait pas assez pour retourner vers eux. Trop d’éléments les séparaient. Même s’il s’était serré contre William un soir de désespoir, il ne pensait pas retrouver un jour ce genre de familiarité avec le préfet de Gryffondor. La guerre s’achevait, ils redevenaient de parfaits inconnus. Au fond, la vie au château n’avait peut-être pas tellement changé pour eux non plus. Ils gardaient leurs blessures à l’intérieur et ils évolueraient chacun de leur côté, en oubliant qu’ils avaient survécu tous ensemble à une année qui aurait pu les tuer. Isaac nota aussi que Megan avait pris soin de ne pas citer Alix. Le jeune garçon devait pourtant son rôle de préfet à ses actions plus ou moins héroïques. Il était l’un des seuls exemples de la lutte anti-Carrow à Serpentard. Que s’était-il passé entre eux ? Le fait qu’elle prétende assumer tous ses actes indiquait visiblement qu’elle n’était pas exempte de tous reproches. Hum… Il fronça doucement les sourcils et croisa ses doigts sur la table. Cette dernière réflexion lui rappelait les mots qu’il avait adressés à James sur le Chemin de Traverse. Comment aurait-il réagi s’il lui avait dit la tête haute qu’il assumait tout ? Violemment sans doute. Il y avait de fortes chances pour qu’il l’eût très mal pris. Mais, puisqu’il en attendait moins de la jeune fille, il la corrigea en croisant les doigts sous son menton.


- Mais ces gens n’ont rien à assumer puisqu’ils n’ont rien fait. Cependant, je ne suis pas sûr que tous les actes doivent s’assumer… Je ne sais pas ce que tu as fait Megan, il y a longtemps que je me suis complètement détaché des histoires de Poudlard mais il me semble qu’il y a des contextes particuliers où accepter sa faute, avec les remords que cela implique, est le meilleur moyen de regarder à nouveau les autres en face…


Ah il parlait comme un vieux sage, ou comme un mec blasé qui en avait déjà trop entendu. La logique parfaitement maîtrisée de ses phrases sonnait le rebattu. Oui, c’était un peu comme s’il répétait dans un registre plus elliptique et moins engagé une conversation déjà longuement filée avec un autre, et cet autre était James, bien évidemment. Mais il fallait espérer que la jeune fille serait plus apte à le comprendre. Il n’avait pas très envie de s’étendre sur ce sujet.
Megan n’était pas beaucoup plus optimiste que lui. Ils auraient pu débattre sur les discours actuels qui suggéraient un rapprochement entre le monde sorcier et le monde magique, les nouveaux conflits d’idées que ce projet de loi allait entraîner, mais un imbécile perturba la sérieux de leur conversation en faisant – ô injure suprême – tomber le livre de sa voisine. Tant d’idiotie le fit ricaner sombrement. Il ne commenta pas ce qui venait de se produire et poursuivit cependant sur un ton anecdotique :

- Et tu as revu les autres depuis la rentrée ? Les nouveaux Serpentard sont sympa ?


Abandonnant définitivement l’idée de travailler pour cette après-midi, il referma son livre, tira sa baguette magique de son sac ainsi qu’un crayon de papier rongé à la mine cassée (ses affaires scolaires étaient toujours dans un état lamentable). Vengeance ou non, la bêtise du Poufsouffle lui donnait envie de s’amuser. Il transforma l’objet en petit cutter en essaya la lame sur la couverture d’un grimoire tout en écoutant la réponse de sa compagne.
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MessageSujet: Re: La roue tourne [Isaac] [Terminé]   La roue tourne [Isaac] [Terminé] EmptyJeu 18 Nov - 20:19:43


[Pardoooon pour le temps et la qualité :/ J'espère que ça ira quand même I love you ]


Imitant inconsciemment Isaac, la jeune fille croisa les doigts sous son menton, adoptant une moue songeuse, tandis que d'un lointain monde dont elle était la seule maitresse, elle l'écoutait parler, et approuvait de temps à autre, en hochant la tête. Elle l'entendait sans l'écouter réellement, mais semblait capable de comprendre ce qu'il disait, puisque de toute évidence, ils étaient d'accord. Elle observa avec mépris le Poufsouffle s'éloigner, et se disait que de toute façon, il paierait un jour le prix de sa stupidité, et faire un scandale au beau milieu de cette bibliothèque n'était pas le meilleur moyen de prouver son évolution psychologique. Demeurer parfaitement silencieuse, et surtout au-dessus de ces puérilités était la solution la plus correcte à adopter, et puis, Megan n'avait aucune envie de s'énerver pour ce sombre abruti, dont tout de même elle aurait bien refait le portrait, en veillant à ce qu'il ne puisse plus que manger des soupes jusqu'à la fin de sa misérable existence ! Quoique accrocher sa tête dans l'entrée de son manoir était une idée particulièrement tentante également, mais il fallait regarder la réalité en face, il aurait gâché la beauté des lieux, et son teint abominable aurait juré avec la décoration. Laissant finalement de côté ses divagations Meganiennes, la jeune vipère tourna avec regret sa tête vers son ancien préfet, affichant sans y faire attention, une mine déçue, puis fixa son regard vif sur le jeune homme. Après avoir mit plusieurs secondes pour analyser la question, la brune y répondit avec lassitude :


- Oh, les nouveaux sont idiots. Ils sont niais, et tellement simples d'esprit ! En même temps, ils sont à l'image de leurs géniteurs, ce sont les simples reflets de l'éducation qui leur a été inculquée, j'imagine qu'on ne peut pas vraiment les blâmer pour ça.

Et voilà qu'elle était repartie dans ses pensées tordues, où tout le monde était limité mentalement, tout le monde était stupide, tout le monde ne méritait pas son ô combien précieuse attention. Oui dans son monde parfait qu'elle adorait imaginer, personne n'était suffisamment intéressant pour qu'elle daigne y jeter un regard. En fait, la serpentard était énervée, furieuse même, contre ce Poufsouffle qui l'avait volontairement provoqué, contre Xénophius qui exerçait avec une joie sadique son pouvoir sur elle , contre Voldemort qui avait tout chamboulé, contre Harry Potter qui avait laissé croire aux gens que la paix et le bonheur étaient possibles, et puis contre elle-même parce qu'elle était une idiote, qu'elle s'embrouillait toute seule, et surtout, parce qu'elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Ce changement plutôt radical d'opinion, de point de vue, était assez perturbant, et elle se sentait de plus en plus extérieure au monde, à la vie et à tous ces éclats de rire qui sonnaient affreusement faux, ces promesses mensongères, et sourires hypocrites.

Elle reporta son attention, une fois de plus évaporée vers l'attrayante liberté dont personne encore n'avait d'emprise dessus, qui était celle de penser, sur Isaac. Les autres ? Quels autres ? Megan pensa qu'il voulait parler de leurs amis en commun; Ange, Lou, Alix et puis les autres serpentard. A cet instant, la gosse eut du mal à lui répondre, puisque depuis le début de l'année elle s'était faite associable, et même si elle avait glissé quelques mots à ses camarades, on n' avait pu dire qu'elle ait tenu de plus grande discussion que celle-ci depuis la rentrée.


- Euh... Et bien j'ai parlé un peu avec Ange, mais je ne traîne plus trop avec elle, sinon, Alix et moi ne sommes plus réellement d'aussi bons amis qu'avant, alors bon... Enfin bref, comme on dit « mieux vaut être seul que mal accompagné »

Elle esquissa un léger sourire, fixant des yeux le cutter métamorphosé de son comparse qui détériorait sans scrupules le vieux bouquin. Megan aurait bien aimé voir la tête de Mme Pince si elle voyait avec quelle cruauté ce jeune homme torturait ce malheureux livre. La gamine se pencha sur le côté, et attrapa dans son sac entrouvert un paquet de friandises dont elle s'empara fermement, avant de le diriger vers sa bouche. Maladroitement elle déchira entre ses dents le papier plastifié, laissant le contenu jouir d'une liberté nouvelle sur la table de bois, et une multitude de perles colorées glissèrent sur la surface vernie. D'excellents bonbons moldus qu'elle s'était faite procurer par un camarade de Serdaigle, dont elle avait réussi à garder des relations plus ou moins neutres, et à qui elle avait donné quelques gallions pour un carton de ces délicieuses friandises sucrées, dont elle raffolait. Pour sûr que Xénophius n'aurait pas apprécié, mais qu'importe ? Il n'était pas là. La troisième année ramassa une perle jaune qu'elle mangea aussitôt avant de proposer poliment à son interlocuteur :

- T'en veux ? C'est moldu, c'est très bon, depuis que j'en ai gouté l'an dernier, je ne peux plus m'en passer.

La fillette étira ses lèvres en un sourire malicieux, si elle avait changé ses façons de voir les choses, elle ne perdait pas sa gourmandise qui faisait sa fière réputation de « personnalité la plus gourmande ».
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MessageSujet: Re: La roue tourne [Isaac] [Terminé]   La roue tourne [Isaac] [Terminé] EmptySam 27 Nov - 15:44:50

Elle suivait le Poufsouffle du regard, opinait d’un air absent, méditait probablement sa vengeance. Isaac se plaisait à imaginer l’esclandre qu’ils auraient pu provoquer deux ans plus tôt en de pareilles circonstances. Mais les vipères entrées en sommeil avaient appris la patience. Il était inutile d’ouvrir ses crocs sur un insecte un peu trop bruyant… En revanche, s’amuser avec des proies sans intérêt était encouragé. Les coups bas lui manquaient. Sa main guidait les actions, d’abord le couteau, ensuite le livre. Les vieux rouages de son enfance perdue s’activaient, les mécanismes s’enclenchaient sans grincer. Il connaissait déjà tous les tenants et aboutissants de sa farce. Et des lettres se formèrent peu à peu sous la lame tordue. Madame Pince allait crier au meurtre, ce serait amusant. Sa volonté de passer dans un registre plus léger l’incita à parler des camarades de classe et de ces petits nouveaux qu’il avait à peine remarqués. Bah… Les promotions changeaient assez peu d’une année à l’autre. Seul le gabarit se réduisait. Certains gamins étaient tellement petits qu’ils semblaient sortis d’une cour de maternelle. Les gros sacs à dos les faisaient ressembler à des tortues grotesques. Il suffisait de tirer un peu sur la poignée pour les faire tomber en arrière. C’était ridicule. L’appréciation de Megan arriva sur cette image et le cinquième année retint un rire idiot. Les mêmes remarques revenaient chaque année, et c’était un petit rituel agréable au final. Tous les aînés se désolaient de la puérilité scandaleuse des nabots de l’école. Mais n’avaient-ils pas été semblables ? Isaac était certain d’avoir exaspéré plus d’un « grand ». Et Megan n’était pas en reste. A l’époque, il lui aurait décerné sans hésiter la palme de la gamine la plus insupportable de Serpentard ! Elle était à l’image de ce qu’elle décrivait aujourd’hui, le reflet d’une éducation pro-sang pure, une belle imbécile qui ne connaissait rien du monde et pensait déjà tout savoir. Pouvait-il le lui reprocher ? Il n’était pas beaucoup plus intelligent à onze ans dans la peau d’un petit londonien frustré d’être privé des avantages que le statut de ses parents lui conférait dans le monde moldu.

- On est tous passé par là…
, dit-il dans un sourire. Et finalement, je ne sais pas si ce sont des choses qui s’effacent vraiment. En grandissant, on les adapte au mieux, en bien ou en pire.

Ainsi les personnes s’élevaient ou tombaient, d’autres s’émancipaient quand certains se radicalisaient. Mais Isaac n’avait pas perdu la conscience de sa naissance. Sa place ne serait jamais chez les ouvriers. La fortune de sa famille lui assurait une parfaite sécurité financière. Et même s’il ratait ses études, il n’hériterait pas d’une profession ingrate. Ce sont des choses qui forgent irrémédiablement l’âme. S’il avait appris la tolérance dans la souffrance vis-à-vis des classes moyennes ou misérables, il ne s’en sentait pas plus proche. Tout était trop différent. Parfois, les décalages culturels creusaient même un gouffre qui empêchait toute tentative de communication. Son adaptation à Poudlard avait été difficile pour cette raison. Ensuite, les élèves l’avaient détesté à cause du mur de prétention qui lui avait permis de s’affirmer dans ce monde là.

Mais cette nouvelle conversation n’ouvrait plus rien, elle les rendait à leur solitude. Megan n’avait pas repris contact avec leurs camarades et, d’une manière générale, il semblait que tous les liens s’étaient rompus à Serpentard. L’ambiance de la maison n’avait jamais été aussi triste. Ils avaient perdu toute leur complicité de groupe, les moqueries qui fusaient à table était d’une fadeur déplorable, les rires sonnaient faux, les éternels acolytes s’évitaient. Seuls les plus jeunes trouvaient encore à s’amuser. Il était impossible de faire semblant, de jouer le jeu de la bonne humeur comme ils l’avaient toujours fait. Personne ne faisait d’effort, et les discussions s’enflammaient vite. Une soirée sans dispute dans la salle commune était à marquer d’une croix blanche sur le calendrier. Tout cela était vraiment déprimant, et l’état de leur sablier était le reflet parfait de leur désunion. La rupture de son amitié avec Alix l’intrigua un instant mais il n’avait finalement pas envie d’en parler. Même s’il ne restait plus rien de son amourette avec le jeune homme, parler de son ex l’énervait, sans motifs précis, les séparations provoquaient parfois des sentiments qui ne s’expliquaient pas.


- J’ai l’impression que même chez les plus âgés, il n’y a plus personne de très intéressant.


Qu’avait-il à dire aux autres ? Il y songeait parfois, mais aucun sujet de conversation ne lui venait. Et lorsqu’une discussion était lancée, il réalisait qu’il avait finalement la flemme de développer ses idées. Voilà plusieurs mois que cette forme de mutisme persistait, et elle se renforçait en société. De quoi avait-il parlé avec Megan au final ? De leur opinion sur cette fin de guerre amère. Il n’y avait même pas de place pour leur vie, ou les ragots, pour une discussion d’étudiant simple et agréable. La couverture creusée de traits plus ou moins réguliers laissait désormais apparaître un « I Love U » brouillon, suivi des initiales de la voisine de table du Poufsouffle. Il se souvenait de son nom, c’était une sixième année avec laquelle il s’était déjà retrouvé plusieurs fois en classe. Il souffla doucement sur le grimoire pour en dégager les petits copeaux de papier. Pendant ce temps, Megan avait sorti un paquet de bonbon de son sac et libéra une armée de dragibus sur la table. Il leva un regard interrogateur vers elle en se demandant où elle avait pu se procurer ces sucreries moldues, mais son explication lui arracha un sourire. Il ramassa une perle rose qui avait glissé à côté de sa main.


- C’est vrai que c’est plutôt bon, et encore, tu ne connais pas tout ce que font les moldus ! Moi c’est la bièraubeurre qui m’a manquée cet été. A croire que c’est la nourriture qui nous attache le mieux aux deux mondes…


Il croqua le bonbon et pointa sa baguette sur le livre avec un air très concentré. Plusieurs minutes passèrent sans qu’il ne dise un mot et la couverture verte s’estompa peu à peu pour laisser place à un violet délavé. L’intitulé indiquait désormais un livre d’études des runes, sans aucun rapport avec l’ouvrage de potion qu’il venait de découper. Les marques de cutter n’étaient d’ailleurs plus lisibles. Il souffla, rassuré de voir que son sortilège de transfert avait manifestement réussi. Il ne restait plus qu’à le vérifier.

- ça te dirait de bouger un peu ? Je crois qu’on est mal partis pour bosser cette aprem…
, dit-il en se tournant vers sa comparse et en empilant les livres qu’il avait pris sur celui dont il venait de modifier l’apparence.


Dernière édition par Isaac Deniel le Mer 8 Déc - 21:50:16, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: La roue tourne [Isaac] [Terminé]   La roue tourne [Isaac] [Terminé] EmptyVen 3 Déc - 22:15:28


Son entière attention s'était à présent figée sur la couverture torturée du livre, que la lame transperçait et tailladait sans pitié, guidée par les intentions destructrices du jeune homme, visiblement très concentré dans son œuvre. Ses graffitis ne ressemblaient à rien, couverts sous une multitudes de copeaux de papier, pourtant, seulement en regardant les rotations et autres mouvements de son poignet, Megan devinait avec une facilité digne de celle d'une détective, que le cinquième année écrivait quelque chose de précis. Malheureusement son incroyable esprit de déduction ne lui permit pas de deviner ce que Isaac s'acharnait à graver sur le bouquin. Elle renonça à l'idée d'essayer de lire ce qu'il écrivait, et approuva d'un signe de tête sa remarque, puisque de toute façon elle avait la bouche pleine, mâchant nonchalamment un bonbon vert.

Les gens grandissaient et gagnaient en maturité, ou parfois il arrivait qu'ils conservent leurs tares toute leur vie, au grand désespoir de la société qui était contrainte de supporter ces têtards. Certaines personnes avaient pitié, et d'âme charitable, ils tentaient vainement d'aider ces simplets, alors que d'autres plus raisonnables, savaient déjà reconnaître une cause perdue. Megan ne s'était que très peu approchée des premiers années, ils étaient comme étrangers à tout ce qu'elle avait connu à Serpentard, il n'y avait plus cette esprit compétiteur entre les maisons, ni même ces moqueries basses mais plus drôles encore les unes que les autres qui fusaient dans les couloirs, dans la grande salle. Même la fière réputation des verts et argents était détruite, alors comment retrouver le sourire avec cette désunion malheureuse ? Il n'y avait plus ce semblant de solidarité au sein de leur famille de fourbes, et c'était certainement le plus triste dans cette histoire. La guerre n'avait pas seulement enterré ses fiers et valeureux soldats, mais elle avait emporté avec elle les éclats de rires, et les joies sincères.

Isaac sourit lorsqu'elle sortit son sachet de sucreries multicolores, puis il ramassa un bonbon rose qui avait roulé jusqu'à sa main. Sa remarque la fit rire, mais il était vrai que la nourriture des moldus était particulièrement bonne, et qu'elle trouvait dans ces délicieux Dragibus son petit bonheur. Toutefois elle aimait beaucoup la musique moldue, bien que son grand-père lui ait toujours dit que les grands musiciens de l'autre monde avaient en réalité copié les sorciers. Il avait toujours prétendu qu'ils tenaient des sorciers, les grands secrets de l'architecture, de l'art, de la chimie et de toutes les autres découvertes. Selon Xenophius, Thalès, tout comme Pythagore avaient été des sorciers.

Megan observa avec curiosité l'étrange manoeuvre de son comparse, qui avait d'un coup de baguette précis changé l'apparence du livre qu'il avait détérioré un peu avant. La couverture du livre avait subitement changé, et désormais on pouvait lire en gros, le titre d'un livre d'étude des runes, que Megan utilisait d'ailleurs durant ses cours, puisqu'elle l'avait choisi comme option. Isaac souleva ensuite son regard vers elle, et l'invita à bouger, ce qui n'était pas une si mauvaise idée, puisque visiblement, ils n'étaient pas prêts de travailler plus. D'un grand geste elle balaya les petites perles colorées, éparpillées sur la table, et les ramena vers elle, les laissant glisser à l'intérieur du sachet, non sans en laisser deux ou trois tomber à côté.


- Excellente idée, j'ai l'impression qu'ils vont bientôt nous jeter des tomates parce que le spectacle n'a pas été à la hauteur de leurs attentes.

Elle jeta un regard insistant vers la même table de laquelle le Poufsouffle s'était levé, et autour de laquelle les élèves les observaient depuis leur arrivée, avec une curiosité déplacée, pressés de voir le né-moldu humilier en public la sang pur. Ils avaient l'ait cependant bien déçus par la tournure des évènements, et leur jetaient de sombres regards, qui heureusement ne pouvaient pas lancer d' éclairs. Elle ramassa son sac posé négligemment par-terre et l'accrocha en bandoulière, puis elle attendit Isaac, prête à le suivre. La brune lui lança ensuite d'un ton ironique :

- Honte à toi, tu restes avec une odieuse sang pur !

Riant à mi voix plus pour elle même, elle défiait des yeux les élèves installés à la fameuse table, ne souhaitant nullement se défiler devant ces pimbêches de sixième année, aussi matures que des troll des rivières.
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MessageSujet: Re: La roue tourne [Isaac] [Terminé]   La roue tourne [Isaac] [Terminé] EmptyMer 8 Déc - 23:50:02

Un sourire moqueur passa sur ses lèvres à la remarque de Megan. Ces imbéciles auraient un spectacle à la hauteur de leurs attentes. Mais les Serpentards aimaient les surprises. Leurs mauvais tours survenaient toujours là où on les attendait le moins. Il n’avait rien préparé de très grandiose, son stratagème relevait même de la plus basse gaminerie. Il en était pourtant très content. C’était un plaisir que de s’amuser avec des choses idiotes et simples. Certaines ruses ne s’épuisaient jamais, et il avait désormais suffisamment de connaissances magiques pour en abuser. Sa compagne montrait l’attitude la plus digne possible. Elle riait, alignait les sarcasmes, narguait les Poufsouffle de loin. Malheureusement, la sang pur et le né-moldu quitteraient la bibliothèque ensemble. Il n’était pas nécessaire de leur accorder une importance démesurée, ils risquaient de croire que leur regard comptait, que cette indifférence provocante n’était qu’une façade ridicule, qu’un rien ferait voler en éclat. Isaac pouvait encore intégrer cette bande d’hypocrite. Il était toujours possible d’étayer le mérite de ses actions, de les faire un peu fantasmer sur cette guerre qu’ils n’avaient pas mener. Ils seraient heureux de l’accueillir, heureux de compter dans leur petit cercle d’ami un martyr, une sommité en devenir. Mais il n’était pas question de surfer sur cette vague grotesque. Que ferait-il d’une bande de curieux ? Ses amitiés là étaient les plus instables, elles se nourrissaient des succès et s’étiolaient dès qu’une lumière plus grand éblouissait l’ombre de leurs vies misérables. Non, ils ne le prendraient pas en pitié, ils le haïraient, comme ils savaient si bien le faire avant cette guerre, puisqu’il était Serpentard, préfet et officiellement insupportable.

- Un Serpentard comme moi était bien incapable de retenir quoique ce soit des leçons de la guerre. Je ne suis qu’un traitre, un vendu même !
renvoya-t-il sur le même ton à Megan en ramenant la lanière de son sac sur son épaule. Puis, haussant la voix, il ajouta plus sérieusement : De toute manière, je crois que le livre que je voulais emprunter est déjà utilisé par nos chers amis… Attends, je vais voir…

Il poussa un soupire faussement ennuyé et se dirigea d’un pas rapide vers les étudiants de sixièmes années. Tous se tournèrent aussitôt vers lui comme si sa venue était plus attendue que celle du messie. Visiblement, ils ne s’inquiétaient pas beaucoup et se préparaient plutôt à entendre quelque chose d’intéressant. Mais il ne fit aucune déclaration, posa une main sur la table devant le Poufsouffle qui avait bousculé Megan et se pencha vers lui. Le garçon tressaillit. L’instinct lui faisait soudain comprendre que sa tranquillité était menacée. Personne n’osa intervenir. Tous guettaient, passifs la suite de sa manœuvre.

- Il me semble que tu détiens là un livre qui pourrait m’être utile…
, murmura-t-il à son oreille sur un ton sinueux qui contrastait résolument avec la banalité de sa phrase.

Sans lui laisser le temps de lui répondre, il profita de son trouble pour fermer le livre d’un geste vif afin d’en examiner la couverture. Le sortilège de transfert n’avait pas oublié une seule lettre. Malgré l’écriture runique qui traversait les pages, la couverture était celle d’un manuel de potion trop salement écorché pour qu’il fût possible d’en lire le titre. Le message d’amour gravé sur le carton était en revanche flagrant. Jouant la surprise, Isaac leva un sourire dubitatif et s’exclama :


- Mais qu’est ce que c’est que ça ?! Ah bravo quel romantisme… C’est mignon, mais je doute que Mme Pince soit touchée !


Le jeune homme avait rougi jusqu’aux oreilles. Quel crétin, c’était tellement facile. Il lui lança un regard hébété tandis qu’il lui soufflait un « bonne chance » sournois. La bibliothécaire alertée par ses cris se rua sur la table d’un pas vif et Isaac se déroba avant que les premiers soupçons ne pèsent sur lui. Même si le titre du grimoire n’était plus visible, le changement de couverture portait la trace de quelques raccommodages incertains. Ce serait cependant plus que suffisant pour éveiller la fureur de Madame Pince et soustraire quelques points à la maison des blaireaux dans un élan de colère non maîtrisé. Ah, cette bouffée d’adrénaline qui suivait ces facéties idiotes mais risquées était d’un charme inégalé. Il retourna vers Megan, le regard brillant et acéré.


- En fait je m’étais trompé… je crois qu’on peut y aller
, dit-il d’un air léger.

Et comme si une seule provocation ne suffisait pas, il prit la main de la jeune fille et l’entraîna dehors avec lui. Que pourrait-il lui dire de plus une fois qu’il se retrouverait en tête à tête avec elle ? Il n’en savait vraiment rien. Beaucoup de sujets étaient susceptibles d’éveiller leurs blessures. Mais il leur resterait bien quelques ragots à propos des professeurs et des élèves pour trouver matière à plaisanterie. Du moins, il l’espérait, car s’il n’avait aucune envie de s’ouvrir aux grandes confidences, il ne se sentait plus de passer le restant de sa scolarité à Serpentard dans la solitude la plus absolue.


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