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 Caught in a bad romance (ooh la la) [Terminé]
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  • Isaac Deniel
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MessageSujet: Caught in a bad romance (ooh la la) [Terminé]   Caught in a bad romance (ooh la la) [Terminé] EmptyMer 15 Sep - 20:38:47

[oui oui, le titre indique le thème musical. Si tu n’as pas déjà une chanson trop staïlée en tête, mets MTV, et tu auras la classe.]

Les vitrines exhibaient leur nouvelles collections automne, fêtaient rentrée littéraire, scolaire et sportive, les rires des étudiants en vacances éclataient à la terrasse des cafés, une foule bigarrée animait les rues, et il était assis sur un banc, à côté d’un clodo. Pour tout dire, il ne savait même pas ce qu’il fichait là. Ses pas l’avaient conduit devant le Chaudron Baveur, il était entré, avait bousculé quelques sorciers miteux le long de l’étroit couloir qui menait à la cour et un mur l’avait arrêté. Il avait effectué machinalement ce geste qu’il connaissait par cœur de la pointe de sa baguette. L’Autre Monde s’était ouvert. Alors voilà, il était là, comme un touriste lâché au milieu d’un souk. Sauf qu’il se sentait plus proche de la population d’un souk. L’univers magique avait perdu toute sa saveur, il ne voulait même plus y retourner. A l’évidence, tout tournait très bien sans lui. Le méchant tueur de Sang-de-Bourbe gisait six pieds sous terre grâce au gentil Potter, ses potes mangemorts croupissaient en taule, c’était le retour des belles valeurs, le temps des grands progrès. Merveilleux. Qui méritait vraiment cette paix ? Tous ces élèves qui avaient pratiqué la collaboration passive ? Ils avaient sauvé leur peau. Il ne pouvait plus vraiment le leur reprocher, de son côté, la solution était encore plus radicale, ou plus lâche pour ceux qui éprouveront le besoin d’évaluer leur pauvre mérite, lui, il avait fuit. Un jour, la loque humaine qu’il était devenu avait disparue. Ses camarades avaient probablement mis plusieurs semaines avant de constater son absence. Personne ne s’intéresse aux ‘marginaux par vocation’, surtout lorsqu’ils passent la majeure partie de leur temps libre en retenue. Pour quelles raisons déjà ? Il ne savait plus. Le goût de la résistance l’avait quitté en février, il avait continué à provoquer sans aucune prudence, par simple plaisir masochiste, parce qu’il était stupide et inutile. Parce qu’il s’attachait aux mauvaises personnes, et qu’il devait payer pour cela. Son humeur allait au plus sombre. Il aurait dû crever avant la fin des combats.

D’ailleurs, sa place chez les sorciers était dans la tombe. Ils l’avaient tous enterré, et il était sans doute plus évanescent que le vieux clochard qui surveillait un chapeau élimé désespérément vide à ses pieds. Il s’était régénéré ailleurs. On a parfois quelques pulsions lucides au bord du gouffre. Il ne devait sa survie qu’à une pensée chargée de bon sens : Je ne vais pas mourir pour des connards. C’était suffisant. En partant, à la fin du mois de mars, il avait dit adieu à tout, même à l’Angleterre. Ses grands-parents allaient fêter Pessah en Israël, il les avait suivi et n’était pas revenu avant fin juillet. Pour une fois, ses parents s’étaient montrés très compréhensifs, ils n’avaient encore jamais vu leur fils sombrer dans un état de dépression aussi aggravé et préféraient le laisser quitter le pays plutôt que le voir dépérir.
Isaac ne savait pas ce qu’il ferait de sa rentrée. Poudlard lui était devenu étranger. Pourtant, il revenait hanter le Chemin de Traverse, ses illusions en moins, le corps tout entier investi d’une force nouvelle, propre à ceux qui ne croient plus en rien. Tout ce qu’il avait essayé d’oublier en Israël, en s’aveuglant dans un rôle d’adolescent insouciant qu’il ne serait finalement jamais, se recomposait dans la poussière. Chaque échoppe lui était familière. Les réminiscences se jouaient derrière les portes vitrées. Il n’osait pas s’approcher. Ses derniers liens avec la société magique lui venaient des journaux qu’il parcourait depuis quelques jours. Cette communauté avait été la sienne, il avait besoin de connaître son évolution, de réaliser à quel point les cauchemars de l’an passé étaient inscrits dans la réalité. Mais il n’était plus qu’une victime oubliée. Qui pour se soucier de lui ? Il reconnaissait des élèves qui ne le voyaient même pas. La population de cette rue l’exaspérait. Sa visite était le fruit d’errances spectrales. Une partie de nous demeure dans les endroits qui marquent l’existence. On y laisse quelque chose, un petit bout de soi qui creuse le cœur. Il cherchait ce qu’il avait perdu, le vide de chair comblé avec de la paille, un matériau extérieur qui soulageait à peine la douleur. Chaque jour d’ennui lui rappelait qu’il n’était pas heureux. C’était une insupportable certitude. Retourner dans sa famille israélienne n’y changerait rien, il avait déjà essayé.

L’alccol et la précarité avaient fait leurs ravages sur le visage du clochard. Au fond, sa véritable apparence n’était peut-être pas très loin de cette épave. Le jeune homme au teint basané par le climat moyen-oriental n’était qu’un leurre, mais les joues creuses et la cicatrice blanche le long de sa mâchoire ne mentaient pas. Dire qu’il avait passé son enfance à se moquer des sdf… Il comprenait soudain ce qui pouvait pousser n’importe qui dans le caniveau. La pauvreté n’expliquait pas tout. Un jour, certaines personnes avaient juste arrêté de se battre et optaient pour la mort lente. Parce qu’ils n’aimaient plus assez la vie pour la quitter proprement, en se tirant une balle dans la tête par exemple. Le corps s’obstinait à fonctionner, et l’esprit se noyait dans les limbes. C’était absurde. Comment échappait-on à un sort qui semblait si obligatoire ? Il n’avait aucune réponse. Son regard se ternissait alors que la foule grossissait. L’heure de pointe était arrivée, il fallait partir. Or, c’est en se redressant qu’une silhouette furtive attira son attention. Une impression étrange avait figé un instant la mécanique de son organisme. Il lui semblait qu’un revenant l’avait frôlé. Pourtant, c’était bien un être de chair et de sang qui l’avait soudain mis sur ses traces. Les badauds étaient repoussés sans ménagement, il avait peut-être même donné un coup à un gamin mais ce n’était pas important, tous ces gens ne servaient à rien, il devait identifier l’inconnu. Sa course le conduisit devant la boutique d’Ollivander. Deux choses lui revinrent en mémoire, un article, des morts. Il s’arrêta, le cœur battant. L’article annonçait le suicide d’un certain Thomas Kirkby. La lecture de ce simple nom de famille l’avait mis si mal qu’il avait fermé le journal sans le terminer. Malgré le temps écoulé, il ne se sentait pas d’affronter les démons de son passé. Pourtant, c’était ce qui l’avait conduit chez les sorciers. Il avait trop de souvenirs à exorciser.

Tout ceci n’était peut-être qu’un mirage. Les espoirs inconscients en provoquaient beaucoup. Mais, il n’avait jamais essayé de chercher James. Le silence qu’il avait retourné à ses lettres depuis les troublantes révélations de janvier était assez éloquent pour le décourager d’avance. Le jeune homme n’assumait pas ce qu’il avait fait ou préférait retrouver la protection de son Seigneur malgré ses belles paroles et sa promesse de quitter les mangemorts. Il l’avait effacé de sa vie. A moins qu’on ne l’ait supprimé pour haute trahison. Dans tous les cas, des retrouvailles étaient impossibles. Isaac avait fait son deuil, au prix d’une fuite. Cette indifférence l’avait achevé. N’était-ce pas pathétique ? Il s’appuya sur le mur du bâtiment adjacent, terrassé par une angoisse de plus en plus étouffante. James lui avait dit qu’il serait devenu fabricant de baguettes si sa famille n’avait pas eu des ambitions plus élevées pour lui. Pourquoi fallait-il que la coïncidence fût si grande ? Il n’entrerait pas. Sa baguette se portait très bien de toute façon, il avait résisté à l’envie de la casser en deux. Mais tout était confus à présent. Il s’éloigna, revint quelques minutes plus tard, et s’approcha de la sortie du Chemin de Traverse à plusieurs reprises avant de se poser la tête entre les mains sur le banc, à côté du clochard qui dormait à présent. Les heures suivantes devinrent interminables. La rue se vidait doucement. Les regards curieux et égarés étaient de plus en plus nombreux à se poser sur lui. Immobile, habillé en moldu et tout en noir, il commençait à attirer l’attention. Et s’il osait ? Il avait de fortes chances de se tromper après tout. Dans l’autre cas, il serait au moins fixé. Ce fantôme qui le possédait pourrait enfin s’évaporer.

Il posa deux gallions dans la main recroquevillée du misérable sorcier et se dirigea d’un pas lent vers l’enseigne d’Ollivander, poussa la porte, la cloche teinta. Il avança sur le plancher usé et gémissant. Personne ne l’attendait derrière le comptoir. Il appuya une main fébrile. Le jeune homme rangeait la marchandise dans l’arrière-boutique. Même de dos, le doute n’était plus permis. Que devait-il faire maintenant. Trop désemparé pour agir, il se contenta d’attendre. Son sens du contact laissait quelque peu à désirer de toute façon. Il avait perdu l’envie d’aborder les gens. La passivité lui convenait très bien ces derniers temps.



Dernière édition par Isaac Deniel le Mar 2 Nov - 23:29:12, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Caught in a bad romance (ooh la la) [Terminé]   Caught in a bad romance (ooh la la) [Terminé] EmptyVen 17 Sep - 18:36:38

Août- fin août, même, et toujours pas d'arrestation. Le deux septembre, cela ferait quatre mois que Lord Voldemort était tombé, et que la chasse aux Mangemorts avait débuté. James tenait inconsciemment ce compte, en se demandant parfois à quel moment viendrait son tour d'être arrêté. Pour l'heure, on traquait du plus gros gibier que lui ; puis, lorsque le premier cercle serait hors d'état de nuire, on se mettrait à poursuivre les sous-fifres, les seconds couteaux, et c'en serait fini de sa tranquillité. Le fait d'avoir trahi n'y changeait rien ; le repentir n'effaçait pas, aux yeux de la justice, la culpabilité. Peut-être, en reconnaissance des informations données, James bénéficierait-il d'une peine allégée ; et encore, pour cela, il faudrait que le Ministère souhaite respecter la promesse de Lupin. Mais allégée ou pas, une peine devrait forcément être purgée, tôt ou tard ; le témoignage de Fortarôme n'y ferait rien, un jour ou l'autre il faudrait quitter cette vie si tranquille pour aller prendre sa place à Azkaban... Fort de cette certitude, James n'avait pas vraiment entamé une nouvelle vie. Son appartement ressemblait plus à un pied-à-terre, chichement meublé, qu'à un véritable logement ; il n'avait noué de contacts avec personne, laissait parfois un inconnu le ramener chez lui, mais sans jamais consentir à renouveler l'expérience. Les Moldus lui demandaient son numéro de téléphone, il griffonnait quelques chiffres pris au hasard à la devanture d'une pizzeria, et disparaissait.

Plusieurs soirs par semaine, il errait dans Londres, à la recherche d'un partenaire ; il avait fini par repérer les lieux les plus fréquentés, ceux où personne n'allait par hasard, et, en général, il trouvait assez vite son bonheur. Des types plus âgés, autoritaires, ravis de tomber sur un garçon aussi docile. Il s'étourdissait dans la débauche et les pratiques dégradantes, bien conscient qu'il était promis à Azkaban, et qu'il en ressortirait – s'il en ressortait – usé, enlaidi, le corps brisé. Il ne dormait pas chez ses amants ; vers le milieu de la nuit, lorsque la fatigue les terrassait, il regagnait son appartement, pour quelques heures de sommeil, toujours trop brèves. Au matin, il lui fallait faire un gros effort pour se lever et aller travailler. Ollivanders, lui semblait-il, n'aurait pas toléré le moindre retard. Les yeux encore bouffis de fatigue, l'apprenti s'attelait à sa tâche, heureux de pouvoir travailler en silence, et ne s'interrompait que lorsque le patron lui confiait quelque course ; il s'acquittait alors de sa mission avec sérieux, puis reprenait place dans l'arrière-boutique, en s'arrangeant autant que possible pour rester seul. L'annonce de la mort de son père l'avait plus affecté qu'il n'aurait cru ; il n'était pas réellement triste, mais soucieux, troublé, et, pour tout dire, perturbé par ce décès. Quelle idée Thomas avait-il eue de se pendre ? Était-il réellement, comme la presse l'avait laissé entendre, un Mangemort ? En se suicidant, il avait certainement jeté le soupçon sur toute la famille, et James lui en voulait un peu, comme s'il avait délibérément avancé la date de son arrestation. Ollivanders n'avait fait aucune remarque sur la mine sombre de son employé, et il semblait même s'appliquer à lui confier des tâches qui lui permettent de rester seul sans parler. Parfois, cependant, il fallait bien tirer le jeune homme de son isolement, comme cet après-midi brûlant où son patron le chargea d'aller chercher dans les commerces voisins divers produits encombrants qu'il avait commandés.

La chaleur ajoutée à la fatigue d'une énième nuit de débauche n'aidait pas vraiment à se secouer ; James traversa nonchalamment la rue, et, sans se presser, collecta les paquets d'Ollivanders dans quatre boutiques différentes. À son retour, le vieil homme lui confia la boutique, le temps d'aller ranger ses emplettes à l'étage ; quelques instants plus tard, tandis que James défaisait le seul paquet destiné à la boutique et rangeait son contenu dans l'arrière-boutique, la clochette de la porte tinta. Passablement ennuyé – il n'avait jamais vendu de baguette magique, et si Ollivanders ne se dépêchait pas, il allait faire montre de toute son ignorance, le jeune homme s'avança vers le comptoir de bois luisant. Puis recula d'un pas, comme pour mieux voir le client. Le toisa durant vingt bonnes secondes, ébahi, avant de lâcher finalement d'une voix étouffée :


-Isaac...

Il ne pensait plus jamais le revoir. Le silence s'était installé entre eux, par la force des choses, alors que leur réconciliation n'était qu'esquissée... Puis, il avait presque oublié le garçon ou, plus exactement, avait enterré ce souvenir, avec bien d'autres, sous une épaisse couche d'événements mineurs. À force de discipline quotidienne, il parvenait à ne plus penser que très exceptionnellement à son passé, et à ne plus éprouver, donc, la sensation de brûlure que lui causaient ces réminiscences. Solution de lâche, comme il les avait toujours choisies, mais c'était la seule qui lui permît de vivre – en attendant la grande, l'ultime confrontation avec son passé, celle qui précèderait et légitimerait sa condamnation.
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  • Isaac Deniel
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MessageSujet: Re: Caught in a bad romance (ooh la la) [Terminé]   Caught in a bad romance (ooh la la) [Terminé] EmptyLun 20 Sep - 20:21:12

Il se souvenait. Fin décembre, une averse boueuse et glacée, un visage contusionné, des mains en sang, un bras cassé, une porte qui s’ouvre et ce regard stupéfait, ce prénom hésitant, la fin du cauchemar, la plongée à plomb vers un gouffre sans fond. Ses doigts se zébraient des marques blanches d’une peau mal reformée, privée de pigmentation, déjà figée dans son habit de mort. Il y avait eu d’autres blessures depuis. Il les entaillait parfois, comme s’il s’interdisait la guérison. Son corps était façonné par les mains de ses bourreaux. Il ne savait plus vraiment quoi en faire. Dans quel état serait-il si James ne l’avait pas aidé à se remettre sur pieds ? Il ne voyait rien. Il lui devait la vie autant que le malheur. Le cadeau était lourd, empoisonné. Isaac contemplait le regard surpris du garçon en ouvrant de grands yeux noirs brouillés de confusion. Leurs retrouvailles se jouaient sur une scène brisée, un acte surprise après la chute d’un acte manqué. Cette tragédie n’était pas terminée, et le cœur pesait contre sa poitrine. Malgré sa meilleure forme physique, il se sentait ridiculement faible. Les mois et les épreuves le vieillissaient de quelques années, il avait fêté ses quinze ans sans les accuser. Ils lui semblaient passés depuis tellement longtemps… A l’intérieur, tout n’était que ruines. L’adolescence éclatée perçait la chair tendre d’une enfance isolée sur un linceul salé et ce qui s’édifiait sur ce monde ravagé n’avait pas la force de soutenir l’âge adulte. Son présent était stérile. James était responsable, autant que les autres. Sa fausse bienveillance avait souillé ses veines d’un sang empoisonné qui ne retrouverait jamais sa première pureté. Mais à qui pouvait-il s’en prendre si ce n’était qu’à lui-même ? Leur rencontre n’aurait jamais dû avoir lieu. Il avait forcé le destin et payait un tribut plus lourd que prévu. Il n’y avait pas de colère dans son regard. Il n’exprimait qu’une fatalité tranquille, amère et triste. Cela ne pouvait plus durer.

Mais l’idée que James pût le jeter sans état d’âme et se reconstruire une vie imméritée lui était insupportable. Qu’avait-il fait tout ce temps ? Où était-il pendant qu’il s’abaissait à lui pardonner sa trahison, parce qu’il était trop seul pour l’oublier, parce qu’il n’arrivait même pas à le détester ? La guerre était terminée, et un ex-mangemort travaillait sur le Chemin de Traverse à visage découvert. Il aurait préféré le savoir mort. C’était un fait qui ne pouvait lui apporter aucune déception. Il en aurait gardé un souvenir aussi étrange que devait l’être la douceur d’un baiser à l’acide. Le drame avait le romantisme noir d’une passion que le trépas privait d’un dénouement trop prosaïque et abandonnait à la rêverie des « si ». Isaac s’était pourtant gardé d’imaginer l’avenir autrement. Un jour, il parlerait sans doute d’une erreur de jeunesse, d’une aventure regrettable. Mais les choses ne tournaient plus comme avant. C’était à peine s’il remarquait les autres garçons. Les caresses le laissaient froid. Il savait donner du plaisir et n’arrivait plus à en prendre. Il s’était vite désintéressé de la vie gay de Tel-Aviv. Puis, un garçon de dix-sept ans était tombé amoureux de lui, Yarone, le meilleur ami d’une de ses cousines. Il était resté avec lui deux mois, jusqu’à son retour en Angleterre. Sa gentillesse était un réconfort. Seulement, il ne pouvait lui offrir qu’une chaleur temporaire et sans émois. Il s’ennuyait et souffrait de son indifférence. Pourquoi les sentiments n’étaient-ils jamais venus ? Il ne répondait plus à ses mails, priait pour se faire oublier d’un garçon qu’il avait tant de peine à blesser. Ne se comportait-il pas comme James en lui opposant ce cruel silence ? Celui qui aime ne comprend jamais par lui-même. Cependant, ses pensées restaient claires.


- Au moins, tu te souviens de mon prénom…
, dit-il d’une voix trop crispée pour dissimuler la pointe d’un sarcasme.

Il esquissa un sourire désabusé. James ne le fichait pas dehors, ce qui était un bon point. Il ne semblait pas non plus horrifié par cette apparition inattendue. Etait-ce le signe qu’il n’avait jamais eu l’intention de l’exclure de sa vie ? Ou la preuve, qu’il s’en moquait assez pour l’accueillir sans la moindre émotion avant de lui faire comprendre qu’il ne pouvait pas rester. Si la deuxième partie était prévue, nul doute qu’elle ne tarderait pas à arriver. Le Serpentard n’avait pas perdu son absence effarante de délicatesse. Pourquoi s’en encombrer ? Il était d’avance persuadé de ne pas être le bienvenu dans cette boutique.


- Il semblerait que tu aies trouvé la situation que tu souhaitais…
- Il prit une baguette sur le guichet et ajouta d’une voix plus basse : - Le ministère aurait-il déjà mis en place des systèmes de réinsertion professionnelle ou est-il à ce point mal informé ?

Le sourcil haussé avec une ingénuité que son regard sombre démentait, Isaac tordit la baguette inachevée entre ses doigts, menaçant à plusieurs reprises de la casser, mais il s’en amusait avec une brutalité très calculée. La question aurait pu être posée autrement. Il n’avait en effet pas de véritable reproche à faire puisqu’il ignorait tout de ce qui avait pu se passer. C’était précisément ce qui l’énervait.

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  • James Kirkby
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MessageSujet: Re: Caught in a bad romance (ooh la la) [Terminé]   Caught in a bad romance (ooh la la) [Terminé] EmptyMar 21 Sep - 16:06:19

Presque huit mois avaient passé depuis qu'ils s'étaient vus pour la dernière fois. Lorsqu'ils s'étaient quittés, début janvier, Isaac portait encore des bleus et des cicatrices, et les soins de James avaient à peine suffi à le maintenir en vie quelques jours. Que s'était-il passé ensuite ? Le Mangemort avait été gravement blessé la nuit de la Saint-Sylvestre, et tout se brouillait alors. Il se rappelait confusément la pénible explication avec Isaac, la violence de ses reproches – mérités, mais pas plus faciles à entendre pour autant– et le départ du garçon, peu après. Il lui avait semblé qu'ils ne se verraient plus jamais ; Isaac le regardait avec un dégoût si manifeste qu'il ne faisait aucun doute que tout s'arrêterait là. Et puis... et puis, courant mars, une lettre était arrivée. Encore sèche, mais le Serpentard avait fait un pas... James était alors caché par l'Ordre du Phénix, et il n'avait pas été autorisé à répondre. Trop dangereux, le courrier de Poudlard étant le plus surveillé du pays, cela mettrait en danger, au-delà d'un Mangemort repenti dont le sort n'importait à personne, trop de personnes innocentes. Isaac avait écrit deux fois, peut-être trois, puis l'absence de réponse avait dû le décourager, et les lettres avaient cessé d'arriver... Lui aussi devait croire que James était mort, qu'il était devenu le sinistre héros de quelque obscure mission ordonnée par Lord Voldemort... Il mourait peut-être dix Mangemorts par semaine, sans que le vivier se tarît, et le benjamin Kirkby ne serait qu'un cadavre de plus sous le trône du Seigneur des Ténèbres... Ce serait la conclusion logique de sa vie, et des décisions stupides qu'il avait prises. D'après ce qu'il lui avait dit en partant de chez lui, Isaac ne le croyait pas capable de trahir, de renier réellement son engagement... C'était cela, en partie, qui l'avait poussé à trahir. Sans Isaac, il se serait probablement révolté en silence, sans cesser d'obéir aux ordres qui l'écoeuraient, ou en se contentant d'esquiver les plus répugnants. Mais les accusations de lâcheté lancées par Isaac l'avaient piqué au vif...

Il y eut un instant de silence, puis l'adolescent ouvrit la bouche – pour balancer une de ces remarques acerbes dont il avait le secret. James n'avait jamais su comment répliquer à ces petites phrases perfides, et ce jour-là moins que jamais. Oublier son nom ? Comment aurait-il pu... ? Il ne se rendait donc pas compte... Non, il ne se rendait pas compte, il ne pouvait pas se rendre compte. Il ignorait tout des événements des derniers mois. Comme James allait protester, le Serpentard se saisit d'une baguette magique en cours de réalisation et se mit à jouer avec, en continuant à lâcher ses remarques. Le repenti se sentit blêmir, et il jeta un coup d'oeil de panique en direction de la porte derrière laquelle Ollivanders avait disparu.


-Tais-toi ! murmura-t-il nerveusement, tout en étant bien conscient que son patron devait l'avoir reconnu depuis bien longtemps.

Entre les doigts d'Isaac, la baguette menaçait de se rompre ; James suivait du regard les torsions exercées par l'adolescent, et il finit par tendre la main :


-Donne-moi ça...

Ollivanders pouvait revenir à tout instant, et il risquait fort de ne pas aimer qu'on maltraite ainsi une de ses créations. D'un coup d'oeil, James s'assura qu'il ne redescendait pas tout de suite -sans doute n'avait-il pas entendu tinter la cloche de la porte – et passa de l'autre côté du comptoir. Il n'avait aucune idée de ce qu'il pourrait dire ; quelques instants durant, il se contenta d'observer Isaac, de remarquer son bronzage, sa mine nettement meilleure qu'en janvier, les quelques centimètres qu'il avait pris, et sa tenue... Il était beau, mais son regard avait quelque chose d'effrayant. L'ancien Mangemort, sur la défensive, murmura :

-Un jour certainement, le Ministère se souviendra de moi... Ne te gêne pas pour leur rafraîchir la mémoire si ça te chante...

Il avait oublié que les provocations étaient l'entrée en matière ordinaire d'Isaac, et il s'était braqué, instantanément, en entendant des propos qu'il jugeait menaçants. Pas un instant il n'envisagea de s'expliquer, tant le ton du garçon lui semblait lourd d'hostilité. Plus pour s'occuper les mains que par réelle nécessité, il prit un chiffon sur le comptoir, et entreprit de lustrer les quelques baguettes achevées par Ollivanders ces derniers jours. Isaac n'avait pas bougé ; sans interrompre son travail, James murmura maladroitement :

-Merci pour la carte postale d'Israël.

La carte moldue était arrivée à la fin de son séjour dans les caches de l'Ordre, et il n'y avait pas davantage répondu qu'aux autres courriers. Il se souvenait avoir déchiré la carte, lorsqu'il avait dû quitter sa cachette, après la chute du Lord ; il avait alors brûlé toutes les lettres d'Isaac, pour éviter qu'on ne les trouve si on l'arrêtait. Et peut-être aussi pour enterrer son passé - mais ça, il ne se l'avouait pas.
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  • Isaac Deniel
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MessageSujet: Re: Caught in a bad romance (ooh la la) [Terminé]   Caught in a bad romance (ooh la la) [Terminé] EmptyMer 22 Sep - 21:47:45

Le vieil Ollivander était sans doute dans les parages et il avait parfaitement conscience d’acculer James sous lame d’une question assassine. L’ex mangemort pâlissait à vue d’œil. Après avoir tremblé à l’idée de le retrouver, erré sur le Chemin de Traverse sans réussir à le quitter, après avoir vaincu chaque hésitation, poussé la porte de la boutique, dénoué une gorge qui l’empêchait de respirer, après les heures étouffantes de l’attente, il avait décidé de le blesser. Ce n’était pas prévu. Tous les mots imaginés avant de franchir le seuil de cette porte s’étaient emmêlés, et s’effilaient cruellement. Il n’aurait jamais dû entrer. Ce n’était pas à lui de se manifester. James l’avait laissé tomber quand il lui donnait une seconde chance. Le souvenir de leurs adieux de janvier baignait encore ses yeux de larmes qu’il n’arrivait pas à verser. Cet au-revoir de non-retour était si triste… Les images le surprenaient au milieu de moments qui auraient dû l’en guérir. Le pauvre Yaron n’avait jamais compris les raisons de ces vagues à l’âme soudain, quand il s’enroulait dans un drap au bord du lit et prétendait vouloir dormir. Ce goût d’inachevé l’empêchait de vivre. La fadeur emplissait ses journées. Pourtant, la page était bien tournée. Toutes les histoires n’ont pas droit à ce point magistral qui achève les meilleurs romans. Elles restaient souvent en suspension, se poursuivaient à travers un espoir qui s’étiolait au fil du temps, et, un jour, les regards tournés vers l’arrière se posaient sur un amas de poussière. Il devait se montrer patient. Les déceptions amoureuses sont fréquentes à l’adolescence, elles préparent l’âge adulte. Mais, il était convaincu que cette logique n’avait aucune prise sur sa situation. Rien de ce qu’ils avaient traversé n’était aussi simple. Ses sentiments en cet instant même étaient tiraillés entre toutes les extrémités possibles. Oui, il avait voulu lui faire mal, lui montrer qu’il avait gardé assez de rancune pour l’enfoncer une dernière fois dans sa misère. Sur la défensive, il libérait sa frustration enfouie. Il se préparait à la confrontation, à un retour de bâton brutal qui achèverait cette torture mentale. L’appel au feu du condamné à mort. Et James lui demandait simplement de se taire.

Il arrêta de malmener la baguette mais ne la rendit pas à James et la reposa sur le guichet en lançant au jeune homme un regard en biais. Il contourna le comptoir pour se rapprocher de lui. Le sang d’Isaac se glaça. Et, tandis que James le fixait en silence, il l’observa à la dérobée, le regard à la fois dur et fuyant. Quelque chose avait changé dans son allure, il le devinait mieux bâti qu’avant sous ses vêtements. Ses cheveux avaient poussé, son visage, plus marqué qu’avant, n’avait rien perdu de sa jeunesse, et il était toujours aussi diablement attirant. Pourtant, il allait le mettre dehors. Il fallait qu’il le pousse hors de cette boutique, l’interdise de le revoir avec assez de brutalité pour qu’il ne soit plus jamais tenté. Mais James cherchait à peine à se défendre. Il le traitait même de balance. Quoi ? Aller le dénoncer au Ministère ? Cela ne lui viendrait jamais à l’esprit ! Enfin… pas tant que le jeune homme ne le rejetait pas salement. C’était contradictoire, oui, et alors ? S’il n’était plus amant, il devenait citoyen. Un bon citoyen ne laissait pas courir un repris de justice, surtout lorsqu’il avait toutes les raisons de le détester. CQFD. Pourtant, l’insinuation du jeune homme lui fit lever un regard perçant. Il n’avait aucune envie de sombrer dans cette folie vengeresse, pas après tous les efforts qu’il avait fait pour accepter James avec le passé criminel qu’il avait osé lui cacher.


- C’est vrai, je pourrais te dénoncer très facilement. Mais si j’en avais eu l’intention, je ne serais pas entré dans la boutique où tu travailles
, objecta-t-il. Si on t’a « oublié » , c’est… une bonne nouvelle, enfin, je crois…

La dernière phrase, plus hésitante, s’était achevée dans un murmure. Son visage s’assombrit. Visiblement, James n’était pas aussi bien tiré d’embarras qu’il en avait l’air. Et, de ce fait, il n’arrivait absolument pas à expliquer sa nouvelle situation. Comment avait-il obtenu cette tranquillité temporaire ? D’autres personnes se tenaient forcément derrière cette affaire. Le tout était de savoir s’il s’agissait de fréquentations honorables ou d’obscurs protecteurs attachés au fantôme du Lord Noir. Isaac regrettait d’avoir attaqué trop vite. Sa paranoïa avait très mal représenté la réaction de James et il se demandait quelle question lui poser lorsque les mots tremblants du jeune homme figèrent ses pensées. Il avait reçu sa carte, son dernier appel désespéré. Cet envoi n’était qu’un coup de folie. Il se rappelait très bien des circonstances de cet achat. Il était six heures du matin, il venait de se réveiller en sursaut dans le lit d’un garçon déjà à moitié oublié et avait quitté l’appartement après s’être tordu les doigts sur une serrure qui refusait de s’ouvrir. Il n’était pas tout à fait dégrisé, il avait la nausée, un goût dégueulasse dans la bouche, mais ce n’était pas à cause de l’alcool, juste une impression générale. Qu’avait-il écrit sur cette carte ? Rien d’important, quelques phrases idiotes, rien de plus. Il se mordilla la lèvre un peu honteux. James faisait-il néanmoins un pas de retour vers lui ? Dans ce cas, pourquoi ne l’avait-il pas fait plus tôt ? Parce qu’il n’en avait pas envie. Parce qu’il pouvait l’oublier plus facilement que lui. Parce que… Oh il n’en savait rien à la fin !


- Je suis rentré il y a deux semaines
, dit-il sans lien logique. Puis, plus brusquement : Te force pas à être gentil, c’était complètement stupide, ça ne méritait aucune réponse pas vrai ? – Mais son emportement perdait un ton à chaque mot. Il croisa finalement ses bras sur le comptoir et y enfouit sa tête en soufflant à lui-même : - Bien sûr, aucune.

Il soupira, écouta le silence, la légère rumeur qui battait la vitrine du magasin en priant pour que personne n’ait la mauvaise idée d’entrer à cet instant. Puis, il fit basculer sa tête vers James et murmura d’une voix ensommeillée :


- Où étais-tu ?

Autant aller au plus simple. Il ne saisissait plus rien, tous ces raisonnements qui s’entrechoquaient l’épuisaient et il lui semblait qu’un mystère de plus allait lui fendre le crâne en deux et le rendre définitivement aveugle.

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  • James Kirkby
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MessageSujet: Re: Caught in a bad romance (ooh la la) [Terminé]   Caught in a bad romance (ooh la la) [Terminé] EmptySam 9 Oct - 18:10:04

-James !

Depuis le premier étage, Ollivanders appelait son apprenti. James passa la tête dans l'escalier :

-Oui, monsieur Ollivanders ?
-Il va être l'heure de fermer, occupe-t-en, veux-tu ? Il n'y aura plus personne à cette heure-ci, tu peux partir.
-D'accord, monsieur Ollivanders... Vous avez besoin de quelque chose avant que je parte ?

Ollivanders répondit que non, et James l'entendit fermer la porte du palier. Le bonhomme quittait parfois le magasin avant l'heure, pour aller s'allonger chez lui ; les tortures subies chez les Mangemorts lui avaient laissé des douleurs qui venaient de temps en temps le tenailler, et il devait alors monter prendre une potion et se reposer.

James s'attela aussitôt au rangement de la boutique, content d'avoir quelque chose à faire pour se donner une contenance durant la discussion qui s'annonçait pénible. La colère froide qu'il sentait émaner d'Isaac le mettait mal à l'aise, d'autant plus que leurs ultimes conversations, en janvier, n'avaient pas été spécialement placées sous le signe de la tendresse. Le voilà d'ailleurs qui ruait à nouveau dans les brancards, au sujet de la carte. Oh, il n'avait pas tort, bien sûr... il avait écrit plusieurs fois, jusqu'à cette carte pathétique de simplicité, et rien, pas le moindre mot, ne lui était parvenu en réponse. À sa place, James savait qu'il aurait eu la même réaction, mais il ne pouvait s'empêcher de se sentir blessé. Sans interrompre son travail, il répliqua :

-Tu ne sais pas.

Le gamin sembla n'avoir rien entendu, et demanda enfin – on en venait à la question centrale – où il était tout ce temps. Où ? Il n'en savait rien lui-même, mais cette réponse serait probablement jugée irrecevable. L'ancien Mangemort hésita, cherchant ses mots pour expliquer ce qu'il était devenu ; il y avait fort à parier qu'Isaac trouverait encore à lui reprocher de n'avoir pas été assez loin dans le reniement, et d'être resté caché tandis que d'autres risquaient leur peau... D'un geste machinal, James lança les sorts de protection qui fermaient le tiroir-caisse, et marmonna :

-J'étais... j'avais disparu de la circulation. En février, j'ai..
(il baissa encore la voix) déserté... comme nous en avions parlé... J'ai négocié avec l'Ordre. Je ne sais pas si j'étais leur protégé ou leur prisonnier, mais ils m'ont enfermé dans une maison, avec un paquet de sortilèges de protection, et l'interdiction de communiquer avec l'extérieur. Je devais être transféré à l'étranger, mais le temps que tout s'organise... Bref, je suppose que c'est parce que j'ai trahi que le Ministère m'oublie aujourd'hui. Ils ont certainement des gens plus dangereux que moi à chercher pour le moment...

Il s'interrompit pour passer la tête par la porte de l'escalier, récupérer sa veste pendue derrière, et crier :

-J'y vais! À demain, monsieur Ollivanders !

Le vieil homme dormait peut-être déjà, assommé par sa potion anti-douleur, car il ne répondit pas. James désigna la porte de la boutique à Isaac :

-Viens, on va aller dehors, on sera plus tranquille pour discuter. Passe le premier, que je ferme le rideau...

Il enfila sa veste de toile légère par-dessus la chemise qu'il portait toujours, même en ces jours de grande chaleur, à manches longues et soigneusement boutonnées aux poignets. Son avant-bras gauche était assez abîmé pour qu'un oeil novice n'y reconnaisse pas la Marque, mais il ne s'habituait pas à voir cette peau meurtrie, brûlée, au milieu de laquelle demeurait une trace noirâtre, minuscule, qu'il savait être l'ultime témoignage de son appartenance aux Mangemorts. Finalement, Ophelia lui avait rendu service en lacérant et en brûlant son bras ; la trace noire était si déformée qu'elle ne ressemblait plus guère à ce que les journaux, reprenant une enquête du Ministère effectuée sur les Mangemorts emprisonnés, avaient publié.

La clochette tinta dans le vide lorsque James referma la porte derrière eux, et il demanda, un peu plus haut, sans animosité dans la voix :


-Tu sais ce que tu voulais savoir ? Ou tu veux que je développe ?
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  • Isaac Deniel
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MessageSujet: Re: Caught in a bad romance (ooh la la) [Terminé]   Caught in a bad romance (ooh la la) [Terminé] EmptyJeu 14 Oct - 21:22:04

Il avait envie de partir. Avait-il besoin d’obtenir une réponse ? Ce mal au cœur qui le prenait à chaque fois que James allait parler broyait les défenses bancales de son mental. Il avait souvent imaginé cette scène, et même ses pensées fléchissaient à l’instant de vérité. Il formait des reproches qu’il ne se sentait pas la force de prononcer. Même ses rêves n’aboutissaient à rien. Il s’y trouvait encore plus faible qu’en situation réelle. S’il quittait la boutique, il avait encore des chances d’oublier. La plaie cicatriserait comme un fossé asséché, le sang épuisé, la peau creusée. En restant, il se condamnait. Il était évident que ce jeune homme lui attirerait un nombre incalculable de problèmes, de soucis, de déceptions et de douleurs. Les histoires qui se rafistolaient de cette façon ne pouvaient espérer nulle fin heureuse. Ils s’empoisonneraient tous les deux. N’en avait-il pas conscience lorsqu’il avait poussé cette porte ? Isaac savait qu’il retournait au Pandémonium. On ne gagne rien à se perdre mais l’Enfer a ses tentations, la promesse d’un plaisir derrière les flammes. Il était fou. La raison ne pouvait rien pour lui.

Une autre voix, celle d’un vieil homme, lui fit lever la tête. Il écouta le dialogue entre James et Ollivanders en fixant le comptoir. Le magasin allait fermer, ils pourraient bientôt se quitter poliment avec un « à plus tard » abstrait. Mais, James s’arrêta au milieu de son rangement pour détailler à voix basse les événements de ces derniers mois. L’expression d’Isaac changea sensiblement lorsqu’il lui annonça qu’il avait quitté les rangs de Voldemort à une période où ce dernier était au sommet de sa puissance. A vrai dire, il avait vite cessé d’y croire, son silence épistolaire ressemblait à un désaveu. Avait-il puisé une partie de sa force dans leur pénible discussion ? En tout cas, la disparition de James s’expliquait d’une manière moins terrible qu’il ne le pensait. Si l’Ordre l’avait protégé en le faisait prisonnier, il n’avait pas intérêt à donner des informations à une personne extérieure. Au fond, il savait que leur correspondance était dangereuse et pouvait menacer l’ex-mangemort à tout moment. Les partisans du Lord l’auraient probablement mis à mort lui-même s’ils avaient connu l’identité du sang-de-bourbe qui incitait l’un des leur à la trahison. Pourtant, il avait continué et espéré. Attendre était la seule chose qu’il lui restait. Il pouvait regarder les Carrow en face tant qu’il s’attachait à ce secret, puisqu’en son for intérieur, il se savait vengé. Mais, le temps passant, il redevenait le né-moldu insignifiant des premiers jours, les humiliations étaient chaque jour plus pénible à supporter, et il était parti là où il n’avait plus rien à attendre. Aucune lettre n’arriverait jamais en Israël, il pouvait recommencer à vivre. Et, apparemment, si James travaillait sur le Chemin de Traverse, il ne le devait qu’à la négligence du Ministère. Le plan voulait qu’il disparaisse à tout jamais à l’étranger. Ils n’auraient pas dû ce revoir. Etait-ce une erreur de calcul ou un signe du destin ? Mouais… Il misait plus volontiers sur le tournant manqué. James risquait gros en travaillant à visage découvert dans l’une des boutiques les plus célèbres de l’avenue sorcière. Il n’avait pas assez de distinctions dans le monde magique pour s’en sortir indemne dans un monde magique en reconstruction, comme certains SS à l’après-guerre. Et s’il fallait fermer les yeux sur certains hauts-fonctionnaires d’Etat probablement plus cruels, on se rabattrait sur les sous-fifres. Il était difficile de croire que cette tranquillité pourrait durer. Les nés-moldus réclamaient vengeance, et les plus véhéments se disaient même prêts à faire justice eux-mêmes.

Isaac laissa le jeune homme passer devant lui sans esquisser le moindre mouvement. Il était trop plongé dans ses réflexions inquiètes pour se préoccuper de son départ. Cependant, James l’invita à le suivre et il s’exécuta, étonné à l’idée de poursuivre une discussion qui n’aurait jamais dû avoir lieu et qui s’annonçait plus éprouvante pour James que pour lui. Voulait-il vraiment se faire pardonner de son long silence ? Isaac ne savait plus du tout comment réagir. Il s’appuya sur le rebord de la vitrine et attendit que James vienne le rejoindre. Les visiteurs du Chemin de Traverse filaient, les bras chargés de paquets. Les rideaux de quelques échoppes étaient déjà tirés tandis qu’ailleurs, des vendeurs s’écriaient « c’est fermé ! » pour dissuader les derniers clients d’entrer pendant qu’une file d’attente grandissait à leur caisse. Isaac reprenait le cours de ses réflexions, son regard sérieux perdu dans le vague n’omettait aucun détail. Que voulait-il savoir de plus ? Si le jeune homme lui offrait un récit transparent et n’essayait pas de se dérober, il pouvait l’assaillir de questions à loisir. Mais il préférait sélectionner les plus pertinentes, régler cette affaire au plus vite avant de prendre une décision claire.


- Huit mois, ça laisse beaucoup de choses dans l’ombre
, dit-il d’une voix mesurée. Je ne saurai jamais tout, mais je vais te croire et penser que tu m’as dit l’essentiel. Mais… Puisque tu me laisses poser des questions, quel genre d’arrangement as-tu trouvé avec l’Ordre ?

Qu’il ait cherché à négocier sa protection ne le dérangeait pas finalement. La décision semblait la plus sage. James serait mort s’il s’était rebellé ouvertement. Isaac ne s’accrochait plus à ses idéaux révolutionnaires depuis qu’il avait lui aussi opté pour la fuite. La survie était la seule chose qui importait, ces gens là ne méritaient pas que l’on mourût pour eux. Mais la question charnière vint ensuite. Il hésita à la poser. Elle lui semblait beaucoup plus délicate, impossible à placer avec finesse. Cependant, il était inutile de se voiler la face, la situation de James était affreusement critique.

- Et… Il me semble que ta famille attire beaucoup l’attention ces derniers jours… S’ils ouvraient une enquête, es-tu assez protégé pour qu’elle ne remonte pas jusqu’à toi ? Les gens veulent des réponses, et les journalistes ne feront pas de cadeaux s'ils peuvent enchaîner les scoops…


Il tourna vers lui un regard plus grave, très différent des expressions en demi-teintes qu’il lui réservait jusqu’à présent. Il énonçait une réalité qui semblait l’affecter et, pourtant, sa tentative d’approche semblait annulée par ce même fait. Tout en lui marquait la distance. A quoi bon remuer le passé lorsque le présent direct montrait un avenir incertain.

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  • James Kirkby
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MessageSujet: Re: Caught in a bad romance (ooh la la) [Terminé]   Caught in a bad romance (ooh la la) [Terminé] EmptyMar 26 Oct - 22:22:57

Sans se presser, James tira le rideau de fer, ferma la porte, et réactiva les sorts qui protégeaient la boutique. Depuis son enlèvement, Ollivander était devenu terriblement méfiant, et il avait bardé sa demeure de sorts de protection d'une puissance exceptionnelle. On l'avait eu une fois, avait-il expliqué à son apprenti, on ne l'aurait pas deux fois, et peu lui importaient les belles déclarations sur la paix retrouvée. Il ne parlait jamais de ce qu'il avait eu à endurer durant sa séquestration, mais James connaissait assez les us et coutumes de la maison Mangemort pour deviner l'essentiel ; il ne posait pas de questions, et se pliait aux exigences du maître des lieux en matière de sécurité. Quoi de plus naturel, après tout, après une telle épreuve, que de devenir un peu paranoïaque ? Le jeune homme prononça les treize formules de protection, à mi-voix, en ponctuant chacune d'elles d'un geste de baguette ; lorsqu'il eut terminé, il remisa sa baguette magique dans sa poche, et se tourna vers Isaac, l'air passablement indifférent. L'adolescent l'attendait, et lui aussi arborait une mine sombre. On aurait pu les prendre pour deux frères, lorsque l'adolescence grincheuse les mure dans un silence borné... Pour les passants qui les voyaient là, l'histoire devait être simple ; le frère aîné avait été chargé par les parents de surveiller son cadet, ou de le conduire quelque part, et le plus jeune manifestait son rejet de cette tutelle par un mutisme farouche. Voilà, une scène de la vie familiale ordinaire, rien d'autre... La réalité était moins évidente, cependant, et sous son masque sans expression, James appréhendait la suite de l'entretien. Il devait s'avouer que, finalement, il redoutait plus que de raison l'adolescent adossé à la vitrine. Il connaissait ses réactions, la vivacité et la justesse de ses attaques, et espérait avant tout ne pas devoir soutenir une conversation trop tendue avec lui. Leur dernière discussion avait largement tourné à son désavantage, et il lui arrivait encore, parfois, de revoir le sourire suprêmement méprisant du Serpentard lorsqu'il l'avait vu à court d'arguments... Il lui avait dit, sans ambages, qu'il le dégoûtait, et c'était probablement toujours vrai. Que faisait-il là, dans ce cas ? James ne s'expliquait pas bien cette visite. Lorsqu'ils s'étaient quittés en janvier, il semblait qu'ils ne devaient plus jamais se revoir ; la présence d'Isaac sur le Chemin de Traverse venait tout remettre en cause, et le repenti ne savait pas trop comment se comporter.

Ils s'éloignèrent de quelques pas, et le Serpentard reprit la parole. James respira ; la suite des hostilités, visiblement, n'était pas pour tout de suite. D'un regard, il vérifia que personne ne pouvait entendre, avant de répondre à voix basse :

-Disons que... je leur ai donné toutes les informations possibles. Je leur ai dit tout ce que je savais, c'est comme ça que j'ai pu avoir leur protection... C'est bien ce que tu m'avais suggéré de faire, non ? ajouta-t-il, sur la défensive.

Avec Isaac, il s'attendait toujours à des reproches. Le gamin serait bien capable de trouver que trahir, ce n'était pas encore assez, et qu'il aurait dû risquer sa peau pour racheter un peu son passé... On le lui avait déjà fait comprendre, plusieurs membres de l'Ordre avaient jugé excessive la protection dont bénéficiait un Mangemort repenti, même en échange d'informations, et quelques-uns avaient suggéré de mettre sa bonne volonté à l'épreuve en l'envoyant se battre... Le repenti lui-même avait émis cette idée, désireux d'avoir à son actif un palmarès plus glorieux qu'une trahison, mais Lupin avait catégoriquement refusé. Pas facile d'expliquer ça à Isaac, d'autant que lui avait, plus que de raison, risqué sa peau à Poudlard, jusqu'à en revenir plus mort que vif...

Le garçon embraya sur une autre question, et James, qui s'était plongé dans la contemplation du sol, releva un regard surpris vers lui. Il faisait allusion au suicide de son père, mentionné dans la presse quelques jours plus tôt... un suicide qui, étrangement, n'avait même pas attristé James. La première pensée du jeune homme avait été pour sa mère, enfin libérée d'un époux tyrannique... Les raisons du geste l'intriguaient cependant ; son père n'avait jamais rien eu d'un suicidaire, et il n'était pas, à la connaissance de son fils, assez lié à Lord Voldemort pour être compromis... Le repenti secoua la tête. Il avait déjà réfléchi à ces questions, sans parvenir à trouver de réponse. Il tourna vers Isaac un regard doux, et répondit tranquillement :

-Si une enquête est ouverte, je suis foutu.


À force, il avait assimilé cette idée, et il s'était résigné. Tôt ou tard, il faudrait affronter tout cela – l'arrestation, le procès, la prison. Les preuves à charge étaient trop nombreuses, et les protecteurs pas assez... On ne rayait pas d'un trait de plume plusieurs mois passés à servir le plus redoutable Mage noir de tous les temps, trahison ou pas. James adressa un sourire amer à Isaac, et fit :

-De toute façon je ne veux pas me cacher. La mort de mon père va peut-être les choses, mais ça arrivera forcément. Pas la peine de se raconter des histoires. Tu veux aller boire un verre ?

Il parlait de sa future arrestation sans émotion apparente, ce qui ne pouvait que surprendre ceux qui le connaissaient ; lui qui aurait fait n'importe quoi pour se sauver acceptait désormais l'idée que sa position actuelle n'était que provisoire. Il n'était pas devenu courageux, mais simplement résigné ; et, lorsqu'il parlait, il semblait même indifférent, malgré la peur qui lui inspirait l'avenir.

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  • Isaac Deniel
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MessageSujet: Re: Caught in a bad romance (ooh la la) [Terminé]   Caught in a bad romance (ooh la la) [Terminé] EmptyVen 29 Oct - 12:39:58

Regarder les gens vivre, aller, courir, quand on vivait en même temps une scène particulière sous ses airs ordinaires était une impression étrange. James revenait vers lui, tête basse, comme s’il se préparait à recevoir un coup. Les rôles n’étaient-ils pas inversés ? Il semblait qu’ils redoutaient tous deux le rejet de l’autre, comme deux parfaits idiots qui désiraient se retrouver sans y parvenir. Ils se voyaient, un pied posé sur le sentier qui les reliait, et ils n’avançaient plus. Les herbes folles noyaient l’allée dévastée. Ils hésitaient devant les ombres, et les chimères grognaient dans leur sommeil troublé. Isaac n’avait pas envisagé les choses de cette façon. Il avait oublié ce visage d’enfant égaré qu’il avait pourtant quitté en janvier. Le mangemort qui tremblait à ses pieds, qu’il avait chassé de sa propre chambre le soir du nouvel an, était devenu un lâche, un traître, un sale type qui l’avait souillé puis abandonné. Et, cependant, ce n’était pas cette image qui l’attachait à lui. Elle s’était restituée face à lui. Il se voyait minuscule, soumis aux choix d’un adulte criminel qui ne voulait plus entendre parler de son passé. Il était à sa merci. S’il voulait le détruire, James n’avait qu’à prononcer une seule parole, « dégage », « va-t-en », ce serait simple, radical. Il n’insisterait pas. Mais surmonterait-il ce dernier choc ? La perte de la seule personne qui, au fond de son malheur, lui avait ouvert un petit bout d’horizon qui ressemblait au futur. Sans cette rencontre, il serait mort dans les cachots des Carrow. Il avait tout fait pour s’éloigner de ce monde, il était même parti à l’étranger, mais, en dépit de tous les plaisirs qu’il s’était accordés, la joie ne revenait pas. C’était pour cette raison qu’il était là, sur le Chemin de Traverse, en Angleterre. Il avait survécu, mais il n’avait plus de foyer contre lequel se réchauffer. Les cendres étaient grises et froides.

Ils avaient quitté la vitrine aveugle d’Ollivander et avançaient, à la même allure, sans avoir la moindre idée de leur destination. Les bras vides, ils se mêlaient aux derniers clients de l’allée. James essayait de lui répondre. Sa voix se tendait au fil des mots, Isaac se demandait s’il sélectionnait ses souvenirs ou si les aveux étaient réellement pénibles. Il avait peur. Mais de qui ? De lui ? De son avis ? Possible. Que devait-il penser de la façon dont il s’était tiré d’affaire ? Elle n’avait rien de très glorieux, mais, après tout, ce garçon avait vendu sa fierté en prêtant serment au seigneur des ténèbres. Il avait compté sur la vénalité des membres de l’Ordre pour être sauvé et ça avait marché. C’était ce dernier point qui préoccupait Isaac. Le fait que James s’en soit tiré était une bonne nouvelle. Mais s’il suffisait de fournir des informations aux rebelles, combien de mangemorts avaient-ils pu user de cette méthode ? Tous n’avaient pas la même sincérité. Il était certain que le Ministère actuel était salement corrompu. Et ces gens prétendaient rendre la justice ? Combien de mangemorts laissaient-ils courir sous prétexte de condamner quelques collabos de seconde zone ? C’était écœurant. Il posa un regard suspicieux sur le jeune homme qui attendait sa réaction comme un gamin en faute. L’autorité qu’il gardait sur lui le surprenait. James semblait définitivement marqué par la façon dont il l’avait traité en découvrant la vérité qu’il lui avait odieusement cachée. Il attendait l’approbation, essayait de montrer qu’il avait bien fait sans grande conviction. Que dissimulait-il encore ? Non, décidément, cette explication ne tenait pas toute seule. Elle n’était fondée sur rien. Il ne le croyait qu’à moitié, trop d’éléments manquaient. Cependant, s’ils lui avaient permis d’obtenir la protection des rebelles, ils n’étaient pas honteux à fortiori, alors pourquoi laisser planer le doute de la faute ? Peut-être parce qu’il n’avait pas vraiment agi de son plein gré. Et s’il ne s’était pas rendu ? S’il s’était fait capturer ? S’il était tout bêtement passé à table à force de chantage ? Certes, l’Ordre avait pu valider le fait qu’il ne représentait plus un danger potentiel, Isaac le lui accordait aussi, son comportement au premier jour de l’an était trop pitoyable pour réveiller l’âme d’un meurtrier, mais ça n’avait plus rien de méritoire pour James. Avait-il vraiment envie de retrouver ce genre d’homme ?

- Non, je ne me souviens pas t’avoir suggéré de te faire balance pour l’Ordre. S’il suffisait de ça pour les convaincre, tant mieux pour toi. Mais s’ils n’en demandent pas plus se faire pardonner me semble bien facile…


Il avait dit cela sur le ton de la conversation, avec la condescendance de celui qui accepte une version erronée sans y adhérer. Pourtant, il ne voulait plus que James soit arrêté, et il se sentit tressaillir en l’entendant affirmer ses craintes. Il avait la mine résigné du condamné qui accepte son sort. Si des investigations poussées poursuivaient sa famille, il n’avait plus aucune chance de s’en tirer. Il lui souriait comme un macchabé sur son lit de mort. C’est pas grave, ça va aller, disait le malade alors que son cœur lâchait. Ces faux-semblants de douceur que tout démentaient étaient terribles. Après l’effroi, la colère éclata. Isaac pilla net. James lui proposait d’aller boire un verre comme si la vie continuait, comme s’ils pouvaient encore officialiser ces retrouvailles. Ça ne rimait à rien. S’il se préparait à tomber, pourquoi l’entraîner avec lui ? Pour que tout ne s’arrête pas trop vite. Parce que la fin n’était pas écrite à cet instant. Il lui aurait bien dit de se débrouiller seul puisqu’il ne tenait pas plus que ça à la liberté, qu’il n’avait pas besoin d’un ami qui se laisserait embarquer sans broncher le jour de son jugement. La violence de ses yeux noirs refusait en apparence l’invitation.


- T’es en train de me dire que tu as acheté ta protection pour te faire arrêter ?
commença-t-il avec une sévérité plus assurée. J’ai jamais rien entendu d’aussi con. Si tu tenais aussi peu à la vie fallait le dire tout de suite, l’Ordre ne se serait pas donné tout ce mal pour toi. Ça t’avance à quoi d’être en liberté quelques mois ? Si tu es si résigné, prend un aller direct pour Azkaban, ils auront bien de la place pour toi, ou arrête de dire n’importe quoi et allons ailleurs, il y a trop d’oreilles indiscrètes côté sorciers.

Il n’avait pas parlé assez fort pour attirer l’attention sur les mots éloquents de sa tirade mais sa mauvaise humeur manifeste intriguait quelques passants qui les contournaient prudemment. Mais Isaac ne pensait pas déclencher une dispute. Sa phrase était tournée de telle façon qu’il n’avait même pas l’air de laisser le choix à James. Drôle d’idée que celle d’interdire à un mangemort de se laisser arrêter. Il se rapprocha d’un pas, tendit une main vers celle du jeune homme et frôla ses doigts. Il se sentait à nouveau tout petit. James devrait le prendre dans ses bras s’il voulait bien l’emmener de l’autre côté, peu importait la destination, tant qu’ils partaient d’ici ensemble.



Dernière édition par Isaac Deniel le Sam 30 Oct - 23:41:23, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Caught in a bad romance (ooh la la) [Terminé]   Caught in a bad romance (ooh la la) [Terminé] EmptyVen 29 Oct - 21:28:20

À petits pas, les deux garçons avançaient côte à côte dans la rue encore bondée, comme ces vieillards que chaque rayon de soleil rappelle à un semblant de vie. Malgré la chaleur enfermée entre les deux rangées d'immeubles, James sentit un frisson le parcourir, et il boutonna sa veste – précaution inutile, le froid n'était pas en cause. Son malaise avait une seule origine clairement identifiée, la présence d'Isaac et son insistance à vouloir en savoir davantage. Le repenti avait presque fini par oublier les événements de ces derniers mois, à force d'application ; il s'était interdit d'évoquer ces souvenirs, et le temps avait fait le reste ; pour un peu, il aurait pu croire n'avoir jamais vécu tout cela, et l'avoir simplement entendu raconter... Et voilà qu'un gamin débarquait comme Attila, exigeait de savoir, émettait des opinions sans fondement... James avait envie de tout, sauf de rester là à répondre passivement aux questions. Saisir Isaac par le col et lui gueuler la vérité, transplaner le plus loin possible, balancer deux claques à l'adolescent pour lui remettre les idées en place... et pourtant, il ne bougeait pas, il répondait, en peu de mots, mais il répondait. Pis encore ; il cherchait à se justifier aux yeux d'un môme, tout en sachant que c'était une cause perdue d'avance.

L'ambiance, déjà pas au beau fixe, se tendit encore lorsqu'Isaac assena qu'il « n'avait jamais rien entendu d'aussi con ». James s'arrêta net, le regard soudain dur, prêt à l'étrangler. Il ne comprenait donc pas... il croyait qu'il avait encore le choix, qu'il pouvait encore changer quelque chose... Il ne comprenait pas à quoi cela l'avançait d'être libre quelques mois, à se gorger de soleil avant d'aller moisir dans une cellule... Insensible à l'avertissement au sujet des oreilles indiscrètes, l'ancien Mangemort resta campé là où il s'était arrêté, et répliqua d'une voix sourde :


-Mais qu'est-ce que tu crois ? Tu crois que j'ai le choix ? Tu ne comprends vraiment rien, mon pauvre...

Isaac avançait sa main, cherchait celle de James. L'ancien Mangemort retira la sienne, aussi vivement que s'il s'était brûlé, en lançant un regard noir à l'adolescent. Il éprouvait soudain une véritable aversion pour ce garçon, et la simple idée de frôler le bout de ses doigts le mettait hors de lui. Dans un murmure furieux – il avait quelque peu élevé la voix sur les derniers mots – il reprit :

-Tu crois franchement que j'aurais pris le risque de déserter, si je n'avais pas eu certaines garanties ? Tu crois que je suis content que ces garanties soient réduites à néant ? Épargne-moi un peu tes leçons de morale, et retourne d'où tu viens si tu n'es là que pour m'enfoncer davantage.

Les poings serrés au fond des poches de son blouson, les mâchoires crispées, le repenti fit quelques pas et alla observer la vitrine de la boutique la plus proche. À vrai dire, il ne voyait aucun des objets exposés ; le sang battait à ses tempes tandis qu'il imaginait des tas de choses franchement désagréables à hurler à Isaac. Quelque chose, cependant, le retenait – et pas seulement le désir de ne pas hâter son arrestation en provoquant un esclandre en pleine rue. Quelque chose de plus profond, une sorte de frustration de ne pas pouvoir s'expliquer clairement, et, malgré tout, le désir de ne pas briser Isaac par une dureté injustifiée. Curieuse impression, alors qu'en même temps il n'avait qu'une envie, celle de lui faire entendre raison à grands coups de poing... Il y eut quelques instants de silence durant lesquels James fixa la partie basse de la vitrine ; enfin, il se retourna, et son regard accrocha le reflet d'Isaac dans la vitre. Le gamin n'avait pas bougé d'un iota. Un sourire faiblard aux lèvres, le repenti se retourna et lâcha :

-T'es encore là... j'en conclus que t'es pas là pour m'enfoncer... enfin, que t'étais pas venu pour ça... T'as peut-être changé d'avis, maintenant...
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  • Isaac Deniel
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MessageSujet: Re: Caught in a bad romance (ooh la la) [Terminé]   Caught in a bad romance (ooh la la) [Terminé] EmptySam 30 Oct - 23:11:55


Et l’orage qui grondait au-dessus de sa tête s’étendit jusqu’au regard de James. Il n’avait encore jamais vu ces yeux là, deux lames d’azures pointée à la fois sur son cœur, sa gorge et son âme. La violence d’un tueur en éveil déchirait la douce image de l’homme repenti. Pourtant, Isaac ne vacillait pas. Un instinct particulier lui murmurait qu’il ne risquait rien, qu’aucune folie meurtrière ne viendrait troubler un esprit qui aurait dû se perdre bien avant dans les déraisonnements sanglants. Et s’il le tuait, il persistait à croire que cette mort pitoyable valait toutes les autres. James avait encouragé cette conversation, mais il n’était visiblement pas capable de la tenir ni d’affronter les reproches inévitables qui s’ensuivraient. Sa brutalité n’était qu’une frustration intériorisée. Il affirmait d’une voix douloureusement contenue qu’il ne comprenait rien et Isaac en déduisait tout le contraire. Pourquoi réagir de cette manière s’il désignait des failles erronées ? L’ex mangemort s’enfermait dans sa misère et c’était décevant. Les adolescents aussi aimaient prendre leurs parents de haut en hurlant qu’ils n’avaient rien saisi à leur situation avant de claquer la porte de leur chambre. Le Serpentard faisait de son mieux pour analyser les quelques éléments qu’on voulait bien lui laisser à froid. Etait-ce sa faute s’il était impossible d’y trouver un mérite quelconque ? Il ne cèderait pas à la facilité. Il ne ferait pas semblant en passant sous silence tout ce qui provoquait son rejet. Mais, les efforts de sincérité ne sont pas toujours récompensés, surtout lorsque le parti opposé préférait trancher la réalité ou bon lui semblait et ne supportait pas de recevoir malgré tout une opinion négative de lui. Tel était l’avis d’Isaac. Il refusait d’être compréhensif, là était toute la nuance.

L’heure des adieux était-elle arrivée ? James se rebellait, et il ne le faisait pas de la façon dont il l’aurait souhaité. Il était évident que la dureté de ses paroles le fît réagir. Hélas, il ne contredisait rien, il se détournait de lui mais s’enfonçait tout seul. Son esprit buté interprétait tout de travers. Il lui semblait que James avait cessé de l’écouter à l’instant même où le ton était monté et qu’il avait déjà en tête les reproches qui auraient pu lui être fait, comme celui de ne pas avoir déserté tant que ses arrières n’étaient pas assurées, ou de compter sur des aides extérieures peu méritées pour échapper à la justice. Avait-il besoin de l’enfoncer lorsqu’il le faisait si bien tout seul ? Isaac était partagé entre un rire sec et amer, et les larmes d’un désespoir profondément enraciné. Il n’était même pas vexé. Mais ce discours était détestable. Et, si les sentiments se taisaient, il n’y avait rien d’autre à souhaiter que son arrestation. James donnait raison à ses provocations au lieu de les contredire. Une liberté acquise dans cet état d’esprit n’avait pas lieu de durer. Il l’avait laissée aux mains des autres. Puisqu’il n’avait même pas la volonté de changer, Isaac n’avait plus rien à faire ici en effet. Le regard éteint, lui laissa s’éloigner cet homme qui lui manquerait toujours – c’était du moins ce qu’il pensait. Il s’attendait à le voir disparaître, transplaner ailleurs, sans lui, et posait d’avance un écran noir sur son avenir le plus direct. Pourtant, James ne s’évaporait pas, il restait devant la vitrine d’une boutique à moitié vide. Hésitait-il aussi ? Il n’aurait pas dû. Car s’il se retournait, il avancerait. C’était inévitable, au-delà de toute raison possible, une loi de l’attraction à laquelle il était impossible de se soustraire.

Il vit le sourire timide du jeune homme, entendit ses paroles maladroites, et s’approcha, l’air absent, rêveur, perdu. Son regard était terne, il n’avait plus envie de se mettre en colère, ça n’en valait plus la peine. Il ne trouva rien d’autre à dire que :


- Peut-être…


Oui, son avis n’était plus à la compassion. Cependant, après un temps de silence, les phrases se délirèrent patiemment. Il parla sans vraiment savoir où il voulait en venir, avec la crainte d’être encore mal compris. Mais tant pis après tout. Il ne dissimulerait rien, et si James s’en trouvait contrarié, ce ne serait qu’un bel imbécile.


- J’aimerais que ce ne soit pas le cas, si de devait t’enfoncer, je m’enfoncerais avec, pas de la même manière, mais je peux bien prendre ce risque si tu t’attends à ce que je me réjouisse d’une passivité avec laquelle tu arrives à te maintenir en vie depuis si longtemps. Je ne viendrai pas te changer, tu fais ce que tu veux de mon opinion. Mais où t’es-tu vraiment battu dans cette histoire ? Tu as pris ce qu’on te donnait, et maintenant que tu n’as plus rien, et qu’il te faudrait agir pour garder la situation qu’on t’a permis d’acquérir, tu baisses les bras. Il n’est plus question de survivre, juste de vivre, et ce n’est pas assez ? La menace n’est plus assez grande ? Tu peux miser sur le complexe de persécution si tu veux en prétendant que je te rabaisse, c’est vrai que ça me déçoit. Je n’étais pas venu retrouver un type qui se voit déjà condamné. Tu sais, on peut choisir de ne pas renoncer, quoiqu’il puisse arriver…


Un voile discret de larmes troublait sa vue et il dissimula cette faiblesse en posant son front sur l’épaule de James. Ce n’était pas vraiment cohérent avec son discours. Il semblait qu’il l’implorait encore de rester. Mais pour quoi ? Etait-ce simplement à cause d’une nature obstinée qui dans le fond rejetait l’échec ? Ou de cette voix qui murmurait encore que les choses n'avaient pas le droit de se terminer ainsi ?
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MessageSujet: Re: Caught in a bad romance (ooh la la) [Terminé]   Caught in a bad romance (ooh la la) [Terminé] EmptyDim 31 Oct - 19:04:18

Ce gamin était pire qu'une sangsue, songeait James, avec une pointe de tendresse sous la chape d'exaspération. Il n'avait pas bougé, apparemment insensible aux paroles désagréables du repenti ; il se tenait fermement campé sur ses pieds, le visage sévère, dans la posture d'un adulte qui attend patiemment la fin de la crise de son ado caractériel. Les rôles entre les deux garçons s'étaient inversés la nuit de la Saint-Sylvestre, et ils ne s'étaient pas retrouvés depuis cinq minutes qu'ils reprenaientt leurs marques. Personne ne savait mettre James mal à l'aise aussi complètement qu'Isaac ; sous le regard impérieux du Serpentard, l'ancien Mangemort se sentait totalement désemparé, tant il décelait d'accusations muettes dans ces prunelles d'acier. Il comprenait toute l'absurdité de sa situation, et tâchait de se reprendre en se disant qu'il s'était trouvé sous des regards autrement plus redoutables – mais rien n'y faisait ; comme un enfant pris en faute, il attendait l'explosion et ne parvenait à imaginer que des stratégies défensives pitoyables. Le terrain appartenait à l'adolescent, et l'adulte était contraint à parer les coups. Il baissa la tête, honteux de sa propre faiblesse ; avait-on jamais vu un homme craindre ainsi le jugement d'un gamin ? Il pouvait balayer ce mioche d'une gifle, d'un mot, d'un simple regard dédaigneux, et pourtant il tremblait de l'entendre émettre une opinion sans appel ; il se croyait faible, et ne comprenait pas que cette appréhension témoignait en réalité de son attachement pour le garçon. La seule autre personne dont il redoutait à ce point le jugement était sa mère ; il n'avait jamais supporté de lire la déception dans les yeux d'Alba, et voilà qu'il trouvait une autre personne dont l'opinion pût l'ébranler. Il écouta Isaac sans relever les yeux, bien obligé de reconnaître que ce sale gosse n'avait pas tort ; mais les mots ne résolvaient rien, et « choisir de ne pas renoncer » lui semblait terriblement compliqué.

Isaac posa son front sur l'épaule de son compagnon ; il avait beaucoup grandi, et devait désormais baisser la tête pour se blottir contre l'épaule de l'ancien Mangemort. James demeura un instant les bras ballants, sans oser le moindre mouvement, avant de s'enhardir à poser une main malhabile sur le dos de l'adolescent. Le geste se voulait tendre, mais il manquait encore de conviction, comme si le repenti craignait de briser un objet précieux. Il lui fallut quelques instants pour prendre de l'assurance, et glisser les doigts de son autre main dans les mèches sombres du garçon, en murmurant ce qui lui passait par la tête :


-Je ne sais pas comment faire... Je veux pas baisser les bras mais je sais plus quoi faire... J'avais acheté des faux papiers mais il y a des gens qui m'ont identifié, des gens du Ministère, ça ne sert plus à rien... Je sais pas pourquoi ils m'ont laissé tranquille, mais avec mon con de père qui s'est pendu, ça va leur rappeler que j'existe, et voilà...

Il s'interrompit, essaya de retenir l'aveu qu'il refusait de se faire depuis des semaines, mais sans y parvenir :

-J'ai peur, Isaac... Je sais que les gens diront que je n'ai que ce que je mérite, et ils ont raison, mais j'ai peur...

Et, comme pour conjurer cette peur, il serra soudain l'adolescent dans ses bras, tout en soufflant à son oreille :


-Ne dis rien... ne dis rien s'il te plaît... pas tout de suite


Il redoutait d'entendre l'opinion d'Isaac, et regrettait déjà d'avoir parlé. Il n'avait jamais avoué sa peur à personne, pas même à sa propre conscience, certain qu'il s'agissait d'une faiblesse inqualifiable. Pour l'heure, il espérait seulement qu'Isaac se tairait quelques secondes, et ne se soustrairait pas tout de suite à l'étreinte. Qu'on lui laisse quelques instants encore, le temps de se reprendre, et il affronterait la suite de l'explication.
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MessageSujet: Re: Caught in a bad romance (ooh la la) [Terminé]   Caught in a bad romance (ooh la la) [Terminé] EmptyLun 1 Nov - 23:12:40

La révolte n’était qu’une vague au milieu d’une mer morte. James s’était courbé en se retournant sur une âme opiniâtre qui n’avait pas flanchée. La position délicate dans laquelle il se trouvait étreignait sa vue. Il s’affaissait sans distinguer la fêlure du regard noir. Tout cela n’était qu’une illusion de force. Isaac tenait tant qu’il devait lutter. Les émotions venaient ensuite, il ne se laissait jamais submerger. Mais lorsque la douleur éclatait d’un coup, le désespoir atteignait des sommets inimaginables. James avait-il une seule idée de cette sensibilité trop bien gardée ? Il n’aimait pas cet air piteux, ce front baissé, cette attitude soumise alors qu’il voulait le réveiller. Il n’avait pas assez de ressources pour deux. Même sa volonté pouvait tomber. Il avait déjà renoncé une fois, il était capable de bien pire. Cependant, la honte de l’ex-mangemort était un juste revers des choses. Puisqu’il était libre, il n’avait aucune raison de l’épargner en affinant ses paroles. La balle était dans son camp, avec toutes les souffrances et tous les remords que cela impliquait. Pour se relever dignement, il devait affronter cette réalité, passer par une phase de dégoût total de soi. Quoi de plus logique ? Il n’y avait rien à assumer derrière ce qu’il laissait. Aujourd’hui, le peuple le poursuivait, le peuple le détestait. Il n’avait rien gagné sinon une flétrissure définitive et pourtant, il essayait de vivre. Etait-ce une lâcheté que de s’accrocher à l’existence malgré les événements qui le frappaient ? Il était jeune, on ne lui avait pas appris à vivre autrement, beaucoup se seraient suicidés pour moins que ça. Isaac ne s’imaginait pas dans cette situation. S’il avait pu éprouver un sentiment de culpabilité aussi violent, il aurait appuyé sur la gâchette. Alors James n’avait pas le droit d’abandonner maintenant.

Il se raidit au contact de la main tremblante du jeune homme sur son dos, retint son souffle, ne bougea pas. Les doigts qui se mêlèrent à ses cheveux semblaient faits de métal glacé, il en tressaillit jusqu’au creux des hanches et le sang se vida sur ses oreilles. Ce que James pouvait faire en si peu de gestes était vraiment terrifiant. Il l’entendit parler par-dessus le bourdonnement de ses tympans. Il reconnaissait finalement qu’il était inquiet, et se sentait piégé. Isaac n’avait malheureusement pas de solution à lui proposer. A quinze ans, que pouvait-il faire pour l’aider ? Son éloquence était sans effets. Il ne servirait à rien de défendre la cause d’un criminel de guerre, le Ministère ne se laisserait pas attendrir par un gamin amoureux. Ils n’y verraient rien d’autre que l’aveuglement de l’adolescence, cette capacité incroyable à s’enflammer pour n’importe qui. Or, il refusait qu’on lui arrachât ce « n’importe qui ». James rejoignait ses pensées en lui confiant ses craintes. Il avait peur aussi, d’une autre manière, mais, comme il l’avait dit, ce destin paraissait tant lié au sien qu’il lui semblait que l’arrestation du jeune homme signerait aussi sa fin. Mais les gens s’en réjouiraient. Il n’y aurait que lui pour pleurer, tandis que personne ne lui reconnaîtrait ce chagrin… Les bras du repenti se refermèrent sur lui avec la vigueur du désespoir. Son cœur éclata, les larmes coulèrent, et il nicha son visage humide dans le cou brûlant. Parler ? Non, il n’y arriverait plus, son pouls battait trop vite, il ne sentait même plus ses jambes. Quel spectacle ridicule ne donnaient-ils pas en pleine rue ! Une séparation de quelques secondes pour finir en étreinte éplorée… De quoi confirmer la rumeur qui voulait que deux hommes ensemble aient une tendance à la tragédie amoureuse excessivement marquée.


- On s’en fiche des gens
, murmura-t-il, qu’est-ce qu’ils diraient de moi s’ils savaient ? Ils n’auraient pas tout à fait tort… mais ils ne seraient pas pour autant dans le vrai…

Il serra ses bras autour de James comme si sa vie en dépendait. C’était bon de retrouver cette poitrine là. Et les secondes s’écoulèrent lentement. Devait-il lui dire quelque chose de plus gentil ? Son compagnon ne réagissait que moyennement face à la provocation. Il n’avait pas un esprit de contradiction assez développé pour que cette méthode fonctionnât correctement. Au lieu de nier, il croyait, cet idiot. Les yeux rivés sur son épaule, il lui fit une concession énorme, celle de s’exprimer sans faux semblants, de révéler ce qui couvait sous sa colère, la raison la plus pure de son éclat.


- Je sais que tu portes un poids énorme, et il faut beaucoup de courage pour affronter une culpabilité dont un a pleinement conscience. Et ça, les gens ne le voient pas. Ils ne croient pas en la repentance du criminel, parce que celui qui regrette son mal le fuit par la folie ou la mort… Mais pas toi, tu vaux mieux que ça, alors ne les laisse pas te prendre ni te dire le contraire…

Il détestait parler de cette façon, et si le sel ne piquait plus ses yeux, le rouge fardait ses joues. Que faisaient-ils à présent ? Ils avaient atteint un degré d’intimité tel en si peu de temps qu’il n’était plus très convaincu par l’idée d’aller boire un verre, de parler par-dessus le brouhaha ambiant, d’exposer ces retrouvailles à la vue des gens, au risque de se faire interrompre. Il ne voulait plus voir personne.

- Dis…,
commença-t-il en relevant la tête. Tu es sûr de vouloir aller dans un bar ? En fait, même le côté moldu me semble trop exposé maintenant…

Mais certainement moins que le Chemin de Traverse où ils offraient une animation de rue tout à fait charmante. Cette pensée lui arracha un petit sourire amusé, encore incertain, qui soulignait l’ironie involontaire de ses propos. Puis il posa paresseusement sa tête contre la joue de James en attendant sa réponse.



Dernière édition par Isaac Deniel le Mar 2 Nov - 22:07:56, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Caught in a bad romance (ooh la la) [Terminé]   Caught in a bad romance (ooh la la) [Terminé] EmptyMar 2 Nov - 18:35:09

Si le vieil Ollivander regardait la scène depuis sa fenêtre, non loin de là, il devait bien rire. Vue de l'extérieur, la rencontre entre Isaac et James devait ressembler à une ridicule valse-hésitation ; l'un avance, l'autre se dérobe, les mains refusent de se frôler, puis les deux s'étreignent à s'en briser les côtes... Les passants ne faisaient guère attention à cette scène somme toute banale ; chacun, après la fermeture des commerces, était pressé de regagner son logis, et seuls quelques originaux comme les deux jeunes hommes flânaient encore sur le Chemin de Traverse. Plus loin, les terrasses des cafés accueillaient encore un peu de monde ; par moments, un vague bruit de verres entrechoqués parvenait jusqu'aux deux garçons, mais si assourdi qu'il semblait provenir du côté moldu. À vrai dire, James n'entendait plus rien distinctement, hormis la présence d'Isaac. Le frôlement de ses vêtements, sa respiration heurtée, et puis les quelques mots qu'il murmura. Lorsqu'il prit la parole, le repenti se raidit, craignant une nouvelle attaque, un nouveau reproche ; il se détendit légèrement en entendant les premières paroles d'Isaac, puis en sentant qu'il se rapprochait encore. Une larme tomba sur la peau de son cou, puis Isaac desserra son étreinte. Une fois encore, le repenti éprouva une appréhension ; l'adolescent allait parler, et à chaque fois, il redoutait ce qui allait suivre.

Et voilà qu'Isaac parlait de courage... James en resta sans réaction. C'était bien le dernier mot qu'il aurait pensé entendre... Incrédule, il secoua doucement la tête, comme face à une personne qui divague, mais il ne répondit rien. Après tout, ce n'était pas désagréable à entendre, même si c'était manifestement faux... Le repenti eut besoin de quelques instants pour revenir à la conversation, qu'Isaac poursuivait presque imperturbablement. Où aller ? Il avait proposé un bar, un peu sans réfléchir, mais l'idée d'aller s'asseoir dans un lieu public lui semblait plutôt mauvaise ; vu comme la conversation avait commencé, ils allaient avoir besoin de calme pour la poursuivre. Où aller, donc ? Le jeune homme avait un peu honte de son nouvel appartement ; Isaac avait connu un logement chaleureux, bien situé et aménagé, et il allait découvrir une sorte de squat impersonnel, dans un quartier minable... Après une hésitation, cependant, le jeune homme murmura :


-On... on peut aller chez moi si tu veux... J'ai dû déménager, c'est pas le grand luxe mais on sera tranquilles...

Les cheveux d'Isaac, contre sa joue, chatouillaient agréablement, et il s'amusa à souffler dessus pour écarter une mèche. Peu à peu, il se détendait, redoutait moins l'algarade. À voix basse, il avertit l'adolescent , tout en resserrant sa prise sur son bras :

-Départ imminent, attachez vos ceintures...

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