D’un geste de sa main cadavérique, comme si personne n’avait rien remarqué, le Serdaigle avait soutiré de sa poche intérieur ce petit carnet qui était resté tel quel avec le temps : d’une couverture noirâtre, donnant cette vague impression que le dessus avait été brûlé volontairement, comme sur le point de s’émietter et donc d’emporter avec lui tous les secrets que pouvait comporter ce petit gardien des secrets du bruns. L’ouvrant presque au hasard bien que le geste était totalement prémédité, Qare tomba immédiatement sur la place intitulée tout en haut « les autres ». Il y avait plusieurs noms, même celui d’Harry, aucunes ratures mais des flèches, des schémas, des expressions inconnues sans doute pour la plus part des élèves de ce château, et puis dans certains coins des taches, là où l’encre semblait avoir coulée contre son gré, mouillée sans prévenir, une goutte roulante et dévalant la pente raide de ce pendant de parchemin. On n’aurait pu dire si des larmes étaient à la cause de tout cela, mais si la magie était capable de révéler les signes invisibles, on aurait pu découvrir bien des secrets sur le jeune homme tout vêtu de noir.

Alors que cette petite prise de note l’avait conforté, le drôle de corbeau releva aussi tôt la tête lorsqu’il perçut les quelques paroles de sa camarade, elle qui l’attendait, qui l’avait attendu, et qui l’attendrait encore s’il n’était pas revenu. Ouvrant deux grands yeux bleus, et peut être pour la première fois amplis d’une présence bien réelle, comme si une âme s’était introduit dans cette coquille, son cœur se mit à battre plus fort que jamais, lui donnant la sensation qu’il était prêt à déborder de sa poitrine pour s’écraser sur ses genoux. C’était une sensation des plus étranges et presque indéfinissable, livrant le sentiment d’être transpercé par quelque chose qui vous réchauffait de l’intérieur sans le vouloir réellement. Le petit Qare se sentait aspiré vers ce monde qu’il cherchait à fuir, et dans ce genre de situation, il ne savait pas vraiment comme réagir, voilà son moindre défaut :


Se levant aussi tôt du lit le faisant légèrement rebondir, une vague le projetant hors de son nid. Se retrouvant alors face à Clarisse, le corbeau de mauvaise impression posa subitement une main sur son cœur, cette étrange douleur le dérangeant au plus au point, et il devait s’en débarrasser avant qu’il ne s’en accommode. Pour la première fois, Qare semblait vivant et bien plus présent que jamais. Il était perdu, il était seul dans cette situation, ne pouvant trouver aucune échappatoire. Il aurait pu tout de même s’envoler dans les escaliers, disparaître aux yeux de sa camarade, mais il y avait ce on ne sait quoi qui l’empêchait d’avancer, de reculer ou encore d’agit. Et avec toute la ferveur qu’il avait, il annonça d’une voix tonnante mais ampli de tristesse :


Attrapant sa tête à l’aide de ses deux mains, il sembla vouloir pousser un cri mais rien ne sorti de sa bouche grande ouverte, la peau de ses lèvres craquant ou le poids de la force, jamais habitué à avoir la bouche ouverte, taciturne de nature. Se mordant aussitôt les lèvres, le sang commençant à couler, il finit par tomber à genou au sol, la tête toujours prise entre ses deux mains :


Les paroles de sa camarade semblait avoir dénoué un nœud de ressentiments, surgissement à l’unisson sans prévenir, plaçant dans un piteux étant le Serdaigle qui faisait endurer à son corps des blessures intérieures et rouvrant des plaies secrètes. Le fait de sentir son cœur battre plus vite que jamais ne lui convenait pas, ce n’était pas lui, ce n’était pas le Qare qu’il voyait dans le miroir en tournant sa tête vers la droite. Et là, soudain, se calmant lentement, sa respiration se faisant allaitante, il se rendit compte qu’il était toujours le même, hormis cette pénible douleur dans le cœur, il était toujours maigre, il était toujours aigre, il était toujours faible. Tombant enfin sur ses fesses, il ramena ses genoux contre lui en forme d’arc pour poser son front contre ses derniers. Il devait évacuer tout cela pour retrouver son calme, mais comment ?