Le soleil peinait à ressurgir sur les toits des grandes maisons qui bordaient le chemin de traverse. Soit ces mêmes toits étaient trop haut et empêchaient ses rayons d'éclairer les rues, soit ils étaient bien en pente et rendait les rues en contrebas, presque lugubre. Et en ce mois d'avril, avec toutes ces actualités troublantes, on pouvait même dire qu’elles étaient beaucoup moins sures. Même si des membres de la police magique, parsemaient les rues comme autant de pot de fleurs immobiles, à observer et se préparant à intervenir, il y avait toujours un risque, une peur, celle de faire partie d’un plan lugubre, qui dépassait toutes les idées préconçus des journaux magiques, et qui ne pouvait avoir été crée que par un mage fou au regard noir… Voldemort. En tout cas, Il avait franchi plusieurs fois le chemin de traverse, ses pas l’ayant mené à parcourir la grande allée de long en large, sans montrer d’intérêt pour aucune des quelques boutiques… Son intérêt résidait surtout dans sa main droite, repliée sur elle-même… et qui contenait une lettre ayant sûrement appartenu à un très ancien mangemort, qu’il avait retrouvé au manoir, derrière un tableau, encore. Si les élèves ici, fleurissaient de toute part, il n’était pas insensé de penser que les mangemorts aussi se tenaient terrés dans des places diverses. Et sans cape noire, comme le voulait la croyance habituelle. Cafés, boutique, Ollivander… Une reconnaissance avant l’heure des futurs mangemorts en toisant les élèves de première année ? Ils cherchaient peut-être le prochain Potter du mal, qui pouvait le dire.

Il disposait d’une journée entière pour satisfaire ses penchants de vérité, alors que la lettre en disait bien peu. Elle ne la conduirait sûrement pas à son père, même si c’était ce qu’il désirait profondément. Les mois passants si vite… Et toujours aucune nouvelle de lui. La lettre indiquait un lieu près de ce chemin là. Mais lequel ?

Il déroula la lettre une nouvelle fois, le regard prêt à scruter le moindre détail, comme si une tache d’encre allait lui apporter une soudaine illumination, mais il devait se rendre à l’évidence que ça n’était pas le cas. Si le chemin de traverse avait été clairement noté, le reste des mots ne formaient plus qu’une énigme lassante. Dans le temps où les mangemorts ne marchaient pas encore sur la terre, et se contentaient de rester au ministère, les lettres étaient vagues. Les indications imprécises. Leur envie de tout rendre incompréhensible, très importantes.

« Au chemin de traverse, deux animaux dévorent un troisième. Deux serpents dévorent un lion. Et dans les ténèbres de la marque, nous nous réunirons… »

Une simple phrase… Et quelque chose d’intéressant au bout. Mais quoi ?

Tout en regardant son morceau de papier, ses pas l’avaient conduit à l’extérieur du chemin de traverse. Là où il y avait bien moins de monde. Ce n’étaient que des habitations, collés l’une à l’autre, rien de bien important. Quelques pubs supplémentaires, et deux trois boutiques, mais qui ne connaissaient pas le même succès que celles du chemin de traverse. Et puis elles étaient bien loin de vendre la même chose…

Une ruelle, puis une autre, se succédaient tour à tour sur sa gauche, puis à sa droite. Mais il n’emprunta aucune d’entre elles de peur de se perdre encore et de faire des mauvaises rencontres. Et puis rien ne spécifiait que ça pouvait se trouver dans une ruelle…

Soudain quelque chose attira son regard. Le symbole tout bête d’un magasin. Pas le symbole écrit sur un panneau en bois qui ne devait guère avoir plus d’un an, non, il s’agissait d’un symbole peint et à moitié effacé juste à coté d’une vieille inscription. Comme une marque secondaire sur un mur, comme un symbole pour se repérer, comme une marque pour… dire que le magasin ne vendait pas ce qu’il avait l’air de vendre actuellement. Une boutique de brocantes de bijoux sorciers, fait main… Deux serpents mangeant un lion. Une contre vérité.

Il s’approcha de la boutique, pour y rentrer… Avant qu’une soudaine explosion ne le projette en arrière. Il heurta vigoureusement le sol, son dos amortissant le choc, mais sa tête prenant un bon coup. Sans compter les débris de verre qui maintenant parsemait le sol et qui lui écorchait les mains. Il eut juste le temps de se relever pour voir deux mangemorts sortir de la boutique. L’un d’eux le regarda, avant que tout les deux ne transplanent rapidement. Le bruit de l’explosion allait attirer bon nombre de personnes ici, puis les gens du ministère.

Eliad se leva, tout était flou autour de lui. Il ramassa le papier tombé au sol et il se précipita dans la ruelle juste à coté du magasin. Comme s’il devait fuir, un réflexe anticipé… Quelque chose qu’on lui avait appris. Ne jamais rester sur place et dans les ténèbres se dissimuler… Il se cala sur le mur pour reprendre son souffle et apaiser ses pensées. Le ministère n’allait pas tarder à venir. Il ne disposait que… d’une vingtaine de minutes, voire trente. Tout dépendait de combien de temps mettraient les aurors pour s’intéresser au cambriolage d’une boutique qui ne payait pas de mine.

Il contourna la ruelle avant de découvrir une fenêtre dérobée. A l’aide d’un sortilège, il l’ouvrit et s’y glissa. La boutique ne payait pas de mine… Il lui restait juste à continuer d’explorer.

Svea se demanda pourquoi elle était venue au Pré-Au-Lard aujourd'hui. Elle était seule. Cela n'avait aucun sens. Et puis, c'était quoi cette manie de toujours vouloir aller marcher n'importe où ? Elle avait réussi, maintenant, elle pouvait vraiment être fière d'elle puisqu'à présent, elle était perdue. En plus, elle aurait vraiment dû s'en douter, elle n'avait jamais le sens de l'orientation, mais jusque là ? C'était vraiment possible ? Non. C'était stupide, c'était tout.

Quitte à être stupide et seule, autant se lamenter, après tout, ce n'était pas vraiment comme si elle avait quelque chose à y perdre.

Elle marcha encore un peu. Elle n'avait pas vraiment d'espoir, ce n'est pas comme si elle était sûre de retrouver son chemin dans les minutes qui pouvaient suivre, c'était sûr, mais elle marchait quand même. De plus, les rues dans lesquelles elle marchait à présent n'étaient plus vraiment les mêmes que celles du Pré-Au-Lard. Les allées étaient bien plus sombres et, malgré les nuits passées à vagabonder dans le château et à toujours attendre un danger qui ne venait pas, là, elle avait un mauvais pressentiment. Le genre qui donne mal au ventre, et là, si son corps tout entier ne la prévenait de quelque chose d'inhabituel, alors elle ne s'appelait pas Svea Mason.

Elle essayait vraiment de faire demi tour, mais à quoi cela pourrait-il vraiment bien servir ? De là où elle marchait, elle sentait la menace d'en face et elle n'était pas assez courageuse pour partir en courant dans l'autre sens tout en sachant que la chose pourrait venir la chercher de derrière elle. Elle se sentit stupide à cette pensée. Alors elle préférait aller au devant du danger tout en sachant qu'elle y fonçait plutôt que de partir en courant et d'avoir une peur abominable pendant quelques minutes ? Même au péril de sa vie ? Elle haussa les épaules, s'arrêta au milieu du chemin. Personne devant. Personne derrière. Elle souffla. Très fort. Pour se redonner contenance et parce qu'il était important qu'elle ne montre pas sa peur si quelqu'un approchait, même quelqu'un de dangereux. Il fallait qu'elle soit forte.

"Svea, tu es stupide, stupide, stupide !", se répétait-elle en n'avançant toujours pas.

Elle entendit du bruit derrière elle et ne se fît pas prier pour courir aussi vite qu'elle en était capable. Elle se jetait dans la gueule du loup, elle le savait bien. Peu importait. Là, maintenant, elle ne pouvait juste pas rester en plan, ni faire face au danger qui s'approchait dans son dos. Curieusement, elle préférait y aller d'elle-même plutôt que de se faire voler presque la vedette en se faisant retrouver. C'était toujours mieux d'être l'effet de surprise, être surprise, c'était moins bien.

Svea tenta de se rappeler d'où elle était venue lorsqu'elle s'arrêta une seconde fois. Elle n'avait pas traversé de mur, elle était venue ici par ses propres moyens alors la dernière chose qui lui restait à faire était de déterminer à nouveau le chemin qu'elle avait pris. Pour calmer son rythme cardiaque et pour se calmer tout court, elle s'appuya contre un mur, de cette perspective, elle pouvait voir si il y avait une agitation de n'importe quel côté. Ce n'était pas comme si quelqu'un allait passer à travers le mur, non ? Elle sursauta, se retourna aussi rapidement que possible, tentant de rester focaliser sur le mur qu'elle observait et surtout de ne pas penser à celui auquel elle n'avait pas accès. Le pire du pire, c'est qu'elle ne savait même pas ce qu'elle cherchait ! Une faille ? Depuis quand la magie laissait-elle des traces à l'oeil nu ? Elle voulut se donner une gifle. Elle faillit en oublier ce qu'il pouvait se passer derrière elle sans qu'elle n'en sache rien. Un frisson dans son dos lui rappela qu'elle ne pouvait pas tout surveiller à la fois.

Elle n'était pas en sécurité ici. Pas en sécurité du tout.

Lorsqu'elle entendit un second bruit, comme un bourdonnement, elle éclata en sanglot et se remit à courir. Elle trébucha sur une dalle mal posée. Elle hurla quand elle pensa au fait que si elle tombait, cela pourrait la ralentir considérablement et le mal qui était sans doute en train de la pourchasser derrière elle n'aurait aucun mal à la rattraper en un rien de temps. L'allée dans laquelle Svea se trouvait, pourtant relativement large, mais bien trop sombre lui parût tout de suite encore plus terrifiante, et, quand elle vît une petite ruelle légèrement plus ensoleillée, on ne pût lui répéter une deuxième fois car elle se jeta directement à l'intérieur. Elle continua à courir un temps interminablement long pour elle et ses poumons et, quand elle décida de s'arrêter, elle se sentit encore plus en danger qu'auparavant. Par réflexe de ses promenades nocturnes, elle poussa la première porte et s'enferma dans le magasin -puisque c'était ce que cela semblait être- et chercha des yeux un propriétaire. Elle ne tenta même pas d'observer les divers objets en réserve. Elle savait très bien que ce n'était pas la même magie qu'on pouvait lui enseigner à Poudlard. Elle se sentit oppressée. Elle eut envie de pleurer encore une fois mais s'abstint. Elle s'appuya contre un mur, et descendit le long de celui-ci tout en ramenant les jambes contre elle.

Au loin, elle entendit une explosion. Cette fois-ci, ce n'était pas juste dans sa tête. Autour d'elle, tout avait tremblé et un pot rempli de choses visqueuses qu'elle ne tenta même pas de déterminer tomba à deux mètres de ses pieds.

Elle ferma les yeux. Très très fort. Comme si cela pouvait la protéger de n'importe quoi.

Il continuait lentement sa progression, poussé par la curiosité, mais freiné par la peur d’être découvert. Tout ce qu’il voyait ici ne lui était d’aucun intérêt. Ni à lui, ni aux mangemorts venu visiter cette sombre maisonnette. Qui sans ses décorations multiples seraient largement passé pour une bicoque quelconque. Une habitation qui ne payait pas de mine. Aucun attrait particulier, aucune visite, et de la poussière qui avait pris place depuis bien longtemps sur des étagères laissés vides. Des bibelots de tout genre étaient posés dans de vastes armoires, des bijoux mêlés à des plantes, des baguettes qui n’étaient pas des vrais, juste des reproductions. Eliad ignorait totalement l’usage qu’il pouvait en être fait. Mais il savait que dans les boutiques hors des rues marchandes, ce n’était jamais la vitrine qui importait, mais plutôt l’arrière boutique, que seul le propriétaire savait ouvrir, la porte ou la trappe savamment dissimulée, celles que les mangemorts cherchaient peut-être… Et qu’ils avaient sûrement trouvé. Il était rare qu’ils partent d’un endroit sans l’objet de leur recherche. Il se désintéressa bien vite de l’entrée et de tout ce qui la composait pour s’aventurer dans ce qui semblait être une petite réserve, qui ressemblait plus à un réduit qu’autre chose. Un individu lambda, ou un cambrioleur en aurait vite fait le tour, mais pas lui. Il savait qu’il devait y avoir quelque chose d’important. Et quand il les avait vu s’enfuir, il n’avait pas vu de troisième homme qui aurait été ligoté, et emmené de force. Donc il s’agissait d’un objet transportable, d’un parchemin, d’une formule… Quelque chose qui aurait pu aider leurs noirs dessins. Mais pourquoi aller chercher ce qu’ils avaient peut-être emporté ? Pourquoi prendre le risque de se faire attraper par la police magique, alors qu’il avait déjà eu affaire à eux ? Il ne savait même plus comment il avait fait pour être relâché, alors qu’un témoin l’avait vu quitter une chambre d’hôpital qui venait de prendre feu, mais ce n’était pas lui qui avait déclenché tout cela… Il n’avait aucun souci avec son innocence, il avait juste eu le devoir de ne pas trahir la vraie coupable…

Mais c’était du passé et maintenant dans sa nouvelle quête de mettre la main sur un bien précieux, il avait entrepris la fouille complète de la pièce. Des vieux livres aux reliures sales, des caisses vides ayant contenu du matériel, maintenant bien vide… Des traces de doigts laissés sur la poussière. Et en dessous, un tapis…

Il avait de nombreux plis, comme si l’on avait déplacé, puis replacé ensuite. En dessous il y avait une trappe. Le temps pressait. Il souleva l’ouverture… Et arrêta son regard sur sa main couverte de sang. Pris de panique soudaine, il recula en arrière, frottant sa main contre le tapis pour que ça disparaisse. Il lui fallut quelques secondes pour que sa tête ne tourne plus et qu’il reprenne conscience. Il ne s’expliquait pas l’abondance de sang sur la trappe. Y avait-il un cadavre en bas qui l’attendait ? La peur s’empara de lui aussi rapidement qu’un prédateur sur sa proie. La peur était un sentiment noir, qui paralysait les membres et empêchait d’agir. Pourtant lui devait agir avant d’être capturé par les membres du ministère. Il ouvrit la trappe en s’aidant d’un pan plié en deux du tapis avant de descendre les quelques marches en bois.

Alors qu’il descendait, il avait une certaine appréhension quand à la possibilité de découvrir un corps. Qui le croirait innocent si on le découvrait devant un cadavre ? Personne… Et il ne pourrait bénéficier d’aucun appui de son père, vu que ce dernier avait disparu, peut-être au fond d’un égout putride ou d’un étang marécageux…

Mais il n’y avait pas d’odeur particulière, juste une odeur de renfermé et de vieux bois. Lorsqu’il atterrit sur le sol de la cave, il fit un tour des lieux. Une observation rapide qui le déstabilisa. La cave était remplie d’animaux sorciers… Mais empaillés. Eliad ne pensait pas qu’on pouvait empailler un scrout à pétards sans qu’il explose avant, mais pourtant il y en avait bien un qui lui faisait face. Il ressemblait à un vrai en tout points. Il y avait aussi un niffleur, et une autre créature dont il ne se souvenait plus le nom. Une main noire sur un plateau, semblable à une sculpture, sans doute l’un des objets les plus marquants de prime abord. Sortes de souvenirs d’anciennes magies noires venant de bien avant la naissance de Voldemort. Tout ce qui était interdit à la vente donc et n’aurait pas du se trouver caché dans une boutique. Pour autant, il ne pensait pas vraiment que les mangemorts allaient se mettre à cette sorte de magie, bien trop ancienne. Puis son regard se posa sur un coffre et il s’y approcha… Et déclencha un mécanisme avec la pointe des pieds sur ce qui devait être… Le système de protection de la pièce.

Un carreau d’arbalète se dirigea vers lui à toute allure. Il n’eut pas le temps de l’éviter…

Il lui perça l’épaule et Eliad s’écroula sous l’impact, respirant faiblement.

Seule. Personne pour l'aider. Et toujours cette peur incessante. A croire que ça ne cesserait jamais.

C'est long, long d'attendre. Surtout quand on attend rien.

Elle n'était pas restée longtemps, contrairement à ce qu'elle pensait. Elle se demanda s'il était possible d'avoir des crampes aux yeux, pour ne plus jamais avoir à les ouvrir. C'était possible, après tout. Là, par exemple, elle ne pouvait plus ouvrir les yeux, ou peut-être qu'elle ne voulait juste pas. De toute façon, ça revenait au même alors quelle importance ? Doucement, elle leva sa tête qui était collée au genoux depuis quelques minutes, elle se rendit vite compte que la position était inconfortable et que sa nuque allait lui lançait affreusement pendant les dix prochaines minutes quand elle reprit une position normale. Ses paupières tremblèrent autant que ses membres quand elle tenta d'ouvrir les yeux. Elle y parvint. Svea prit quelques secondes pour observer l'endroit mais il lui était juste impossible de réfléchir correctement, la seule chose qu'elle réussit à retenir était que la température était anormalement basse pour un jour d'avril. De toute façon, rien n'était pas vraiment normal, ici, alors un peu plus ou un peu moins, cela n'allait pas la déranger outre mesure. Sa fatigue mentale était telle que son oeil exténué sursautait au moindre mouvement dans l'air noir, au moindre changement de lumière. Elle se leva, car il lui sembla tout de suite inconcevable de rester assise ici une seconde de plus, et, après quelques pas sur le sol gelé, tout l'étouffa. A qui la faute ? Personne, ici. Un silence perçant. Tout était calme. Trop calme. Et une tempête dans sa tête.

Alors, elle se mit à penser à quelque chose. Même quelque chose d'insignifiant du même que cela pouvait combler un peu le vide.

Ce fût dur.

Elle se dit qu'elle était stupide. Quelle fille normalement constituée de onze ans aurait l'idée de se balader là où, petite, ses parents lui avaient dit de ne pas aller ? Il fallait qu'elle arrête avec cette façon qu'elle avait de chercher des problèmes toutes les secondes. Ou alors, peut-être que c'était juste ce qu'elle cherchait ? Jusqu'ici, elle avait eu énormément de chance, jamais la Milice ne l'avait croisé dans les couloirs la nuit, et Carrow n'avait toujours pas posé de problèmes avec elle mais jusqu'à quand ? Quitte à rencontrer des problèmes, autant y aller au devant. Quitte à faire quelque chose qui énerverait Carrow durant le cours. Quitte à se montrer volontairement dans les couloirs un soir aux membres de la Milice. Peut-être que ça la calmerait, après tout, si c'était vraiment ce qu'elle cherchait, au fond. Mais pour l'instant, le problème n'était pas vraiment là, personne n'était là, elle était seule, et il ne manquait pas des kilomètres pour qu'elle meure de faim ici. C'était un peu dramatique mais ça pouvait arriver, non ? Non. C'était insensé, si elle avait envie, elle pouvait toujours partir du magasin, ce n'était pas comme si elle était enfermée. Non, le fait est qu'elle ne pouvait juste pas sortir. Ses membres l'en empêchaient, et elle ne pouvait pas aller à l'encontre de cela.

Alors que faire ? Visiter, bien sûr cela semblait une très bonne idée pour perdre un peu de temps et tenter d'oublier pourquoi elle était là, c'est sûr mais ce n'était sans doute pas la chose la plus intelligente à faire. Et si elle ne retrouvait pas le chemin jusqu'à la porte d'entrée, quand elle serait enfin prête à partir ?

Elle respira. Elle accepta l'idée de marcher un peu en déglutissant.

Un bruit mat. Comme un corps qui tombe à terre. En bas. Au sous sol. Les sens de Svea se mirent encore plus en alerte en une seconde et sans s'en rendre compte, elle se mit à claquer des dents, elle avait sérieusement l'impression que la température avait encore baissé de dix degrés en quelques secondes. Peut-être que ce n'était juste qu'un objet tombé au sol, alors pourquoi paniquer aussi vite ? L'attente était aussi, voir plus, terrifiante que la vérité en elle-même. Elle resta calme tout de même, en apparence, surtout. Elle marcha droit, avec vigueur, comme quand sa mère lui apprenait à se tenir en présence de personnes importantes, et garda la tête haute, cherchant un escalier ou une trappe, un moyen de descendre en somme. Sincérement, elle esperait que ce ne soit qu'un objet et elle tentait d'anticiper un soupir de soulagement, mais au fond d'elle, Svea savait bien que ce ne pouvait juste pas être un outil ou une potion, puisqu'avec ce bruit, c'était un corps. Ca ne pouvait être que ça.

Une cage d'escalier se présentait à dix mètres d'elle, elle avança, pas sûre d'elle du tout, mais il fallait vraiment qu'elle sache. Les marches grinçait et à plusieurs reprises, Svea fermait les yeux en essayant de calmer l'allure de son coeur qui battait bien trop vite. Si elle se faisait prendre maintenant, elle était fichue. Vraiment fichue. Quand elle arriva tout en bas, elle marcha doucement, pour ne pas se faire prendre, mais, vu comment la pièce était sombre, il était impossible de distinguer quoi que ce soit. Elle arrêta de respirer, tentant d'entendre n'importe quoi, quelque chose qui pouvait lui prouver qu'elle n'était pas seule.

Un souffle. Très faible.

À l'oreille, elle avançait, toujours dans le noir. Elle vit une lumière un peu tamisée plus loin, le genre de lumière glauque mais qui, dans le noir le plus complet, donne une légère impression de clarté. Elle s'y avança, en étant persuadée qu'elle serait la résolution à tous ses problèmes. A quelques mètres, elle vit un corps allongé près d'un coffre. Elle vit la poitrine de l'homme, çar ç'en était un, bouger légèrement et elle souffla de savoir qu'il n'était pas mort. Elle courut vers lui, s'agenouilla en posant ses mains près des bras du garçon et reconnut un éléve de Serpentard. Elle leva les yeux au ciel. C'était toujours pour elle, les histoires comme ça, il fallait sincèrement que ça cesse.

"Hey, tu m'entends ?"

Elle voulut mettre ses cheveux derrière ses oreilles car ils lui cachaient la vue elle sentit un liquide sur ses doigts, elle fît une grimace. Elle ne tenta même pas de comprendre comment ça avait pu arriver. Choquée, elle sanglota quelques secondes avant de se reprendre. Déjà parce que sa dignité partait sérieusement en lambeaux mais aussi parce qu'il y avait bien plus important à faire. Elle posa ses mains sur les joues de l'élève tout en réitérant sa question :

"Tu m'entends ?! Qu'est-ce qu'il faut que je fasse ?"

Elle était perdue. Ca ressemblait vraiment à un cauchemar, elle allait se réveiller. Ce n'était pas possible autrement.

Un cri à demi étouffé s’échappa de sa gorge. Il avait essayé d’arracher le carreau à son corps endolori, mais la douleur l’avait vite fait se raviver. Et puis le sang risquait de couler plus fort encore. C’était si idiot qu’il n’ait jamais bien écouté en cours de sortilèges, du moins pour les sorts de soin… Il aurait pu avoir une aide précieuse de sa baguette… Un sort léger, pas digne d’un médicomage certes, mais quelque chose qui aurait rendu son épaule insensible à la douleur. Son épaule… Et maintenant ses lèvres qui sentait le goût du sang… Il cracha sur le coté, et la salive atterrit de l’autre coté du meuble. Loin de lui. Le carreau était en fer, et il résisterait bien à n’importe quel sortilège capable de briser un morceau de bois. Il tenta de se relever, sentant ses jambes lourdes. Le coffre allait sûrement devoir attendre une autre fois. Il n’avait pas prévu ce piège là et il ne savait même pas comment il allait sortir d’ici, sans éveiller les soupçons.

Il se mit à serrer les dents quand il essaya encore d’enlever le carreau de sa blessure. Il ne supportait pas d’avoir ça dans son corps. Il se mit debout, s’appuyant d’une main maladroite sur la table, et prenant soin de ne pas écraser l’un des animaux empaillés qui pourrissaient de part et d’autre de la pièce.

Et il observait ce coffre, fermé, qui le narguait… Les mangemorts avaient du se faire prendre au même piège qu’Eliad, au vu des traces de sang sur la trappe. Eux-mêmes était peut-être reparti sans rien et pourtant… Il voulait réussir, là où ils avaient sûrement échoué. Et puis un bruit le détourna de son but principal. Il entendait des bruits à l’étage supérieur et il s’arrêta même de respirer pour mieux entendre. La trappe, elle venait de bouger. Des pas légers dans les petits escaliers. Et un visage qui allait sûrement apparaître dans la semi obscurité.

Il se rassit au sol, ses jambes tremblant plus encore, il voulut se glisser sous la table pour s’y réfugier, mais il était bien trop grand pour ça… Si c’était un membre de la police magique, il était dans une position vraiment inconfortable. Et puis elle apparut derrière le léger recoin d’un mur…

Une jeune fille, blonde, qui surprit vraiment Eliad. Il la laissa venir à lui, sans prononcer un seul mot. Il avait juste repris sa respiration, et il l’observait s’approcher lentement. Ce n’était pas la police magique et il poussa un soupir de soulagement.

« Oui, je t’entends, mais ne sanglote pas, je vais bien, je suis juste blessé. Mais qu’est ce que tu fais ici ? Tu m’as suivi ? Tu ne sais pas que ça peut-être dangereux ? »

Il avait l’impression de passer pour le moralisateur de service, alors qu’il avait écouté plus sa curiosité que son courage avant de venir ici.

« Je suis blessé, tu ne connaîtrais pas un sortilège de soin ou même deux non ? »

Pour la rassurer, il prit sur lui de se relever assez vite, c’était toujours mieux que de traîner au sol, et c’était lui le grand, il n’allait pas la laisser dans cet état, alors qu’il était bien plus âgé qu’elle. Surtout ne pas se montrer faible… Et puis elle lui rappelait sous quelque aspect que ce soit, sa sœur Erin…

Mais à vouloir se relever trop vite, la douleur le reprit aussitôt. Pas de répit, et il ne savait toujours pas d’ailleurs, d’où avait été tiré le coup.

« Tu es à Serpentard non ? Mais tu es en quelle année ? Je suis Eliad Midnell… »

Et j’essaye d’ouvrir un coffre qui ne m’appartient pas, tout en espérant repartir avec le butin entre les mains… Bien sur, ça, il n’allait pas lui dire…

Svea se calma sous les conseils du garçon. Elle se donnait en spectacle, ce n'était pas vraiment la meilleure chose à faire, de plus, ce n'était pas dans son habitude de pleurer pour n'importe quoi. Même dû à l'angoisse. Elle ne savait pas qui était ce garçon, s'il était capable de le répéter à Poudlard, ou quoi que ce soit d'autre. Pff. Idée stupide. Il n'irait jamais hurler au collège ce moment précis. C'était du suicide. Tous les deux étaient dans une position pire que délicate.

"Je ne t'ai pas suivi. Enfin... c'est une histoire compliquée. Et oui, je sais bien que c'est dangereux, tu ne m'apprends rien. En même temps, c'est toi qui est couvert de sang."

Elle regretta à la seconde ce qu'elle venait de dire. Elle ne savait pas qui il était, après tout. Svea savait être insolente, mais pas avec n'importe qui non plus. C'était toujours facile de paraître supérieure aux yeux des autres, des premières, deuxièmes, et certains troisième année. Mais le garçon en face avait sans doute dépassé depuis bien longtemps ces stades là. Il fallait qu'elle apprenne à se taire, de temps en temps si elle voulait aller bien.

Ses tremblements se calmèrent parce que, mentalement, elle se dit que c'était déplacé. Qu'il fallait qu'elle se calme. Elle pensa à autre chose, quelque chose de plus posé, qui l'aiderait à rester plus apaisée, même si ça ne durerai que quelques minutes. Tout de suite, elle se sentit relaxée, comme si elle s'était elle-même persuadée que la situation n'était pas si alarmante que ça. Non non. Il fallait juste savoir faire la part des choses. Elle était dans un sous sol... jusque là c'était clair. Avec un garçon... aucun sous entendu ni problème jusque là. Qu'elle ne connaissait pas... ça commençait sérieusement à devenir problématique. Blessé de surcroît... ce n'était pas bon du tout.

Ce n'était même pas grave. Il fallait juste faire en sorte de prendre du recul. Faire la part des choses. Tout allait bien. Il n'y avait aucun problème.

Elle s'obligea à croire à cette pensée.

Le serpentard, car elle était sûre qu'il en était un, tenta de se relever, mais, trop essoufflé, se rassit. Svea, prit son courage à deux mains et reposa sa main sur son épaule et l'obligea à se rallonger pendant qu'il lui posait une question qu'elle n'écouta même pas. Elle le regarda dans les yeux. C'était délicat. Elle pouvait prendre la situation en main, mais la possibilité de se recevoir une gifle l'arrêtait quelque peu. Le jeune homme avait encore plus de mal à respirer qu'auparavant, et, pour la première fois depuis leur rencontre, elle observa longtemps la plaie et remarqua une morceau de bois. Un énorme morceau. La vue du sang ne l'écoeurait pas, mais Svea ne l'appreciait pas pour autant. Il fallait faire un choix, le plus vite possible. Aussi rapidement qu'elle le pût, elle répondit à une question qu'il avait posé il y a un certain temps dont elle n'avait pas fait cas, tout en s'approchant de l'épaule.

"Non, je suis sincèrement désolée, je ne connais aucun sortilège capable d'arranger ça, dit-elle en jetant un d'oeil au visage du serpentard tout en le virant vers l'épaule. Écoute-moi, je vais pas faire des romans, tu connais la façon la plus rapide d'arranger ça. Je vais pas non plus te demander ton avis parce que tu es peut-être une pauvre chochotte qui souffre bien trop pour avoir un peu de courage. Oh, je ne t'abaisse, pas, c'est pas mon genre, crois-moi."

Elle eut envie de rire quand elle pensa à la possibilité qu'il puisse s'endormir après un long discours de la sorte.

"Le fait est que t'es pas dans une position des plus faciles, tu sais, doucement, sa main se posa sur le morceau de bois. Moi, je pensais vraiment que j'étais un cas, mais en fait, t'es bien pire. En même temps, je ne sais pas si tu remarques le ridicule de la situation, mais t'es quand même allongé dans un sous sol en train d'agoniser.Y a mieux, comme façon de mourir, hein ? T'en penses quoi ? Je sais bien que je te laisse pas le temps de répondre, mais j'ai peur que tu me coupes et ça irait pas aussi bien après. Juste tais-toi, d'accord. Essaie d'être aussi calme que toi. "

Un silence.

"Désolée encore."

Vivement (autant qu'elle le pût, en fait) elle retira le morceau qui dépassait de l'épaule et, comme si cela pouvait être possible, elle bloqua tout son pouvant arriver jusqu'à ses oreilles. Elle vit l'homme hurler de douleur mais n'entendit absolument rien. Comme si elle se trouvait déconnectée de la scène.

C'était pas si mal, en fait. Remarquable. Elle n'aimait pas trop entendre les plaintes des autres.

Elle attendit jusqu'à ce qu'il se calme, ou que la douleur disparaisse peu à peu. Ca semblait difficile. En même temps, elle n'allait pas juger tout de même, ce n'était pas comme si elle avait été à la même place que lui un jour, et peut-être qu'il souffrait encore plus qu'elle ne pouvait le penser. Elle se sentit cruelle. Qui pouvait bien faire ce genre de chose ? Elle ne savait pas à quel degré se trouvait la douleur, ni si elle était piquante, ou constante. Si de temps à autre, la douleur pouvait disparaître pour réapparaître aussitôt, ou si elle ne le quittait jamais. Elle n'avait pas fait cas de ça... En même temps, comment pouvait-elle vraiment le savoir ? Elle n'avait pas fait des études supérieures dans le domaine non plus. Ce n'était qu'une première année ordinaire. Bien trop ordinaire à son goût, d'ailleurs. L'homme ne hurlait plus. C'est à ce moment qu'elle se décida à prononcer ces premiers mots depuis l'instant où elle l'avait tant fait souffrir. Enfin... tout ça c'était toujours très subjectif. Personne encore ne lui avait dit si le garçon en face d'elle n'avait pas des talents de comédie ou si c'était dans ses désirs prochains. Il fallait toujours trouver la fraude n'importe où, quelle qu'elle soit.

"Ca va mieux ? Encore une fois, crois-moi, je voulais pas vraiment te faire du mal. C'était pour toi."

« C’est vrai que je ne l’avais pas remarqué… Au moins la prochaine fois je saurais qu’il ne faut pas te mettre en garde contre les pièges… En attendant avec ces vêtements, je me demande bien comment je vais pouvoir rentrer à Poudlard, sans attirer toutes les attentions sur moi… Tu n’aurais pas un T shirt de rechange sur toi par hasard ? Taille 5 fillette…»

Il avait été assez abrupt avec elle. La phrase de la fin risquait de ne pas détendre l’atmosphère de sitôt. Il ne devait pas oublier qu’elle n’était qu’en première année. La magie ne coulait pas complètement dans ses veines… Et elle était loin de tout savoir, de même que sa blessure devait lui sembler bien plus impressionnante, qu’elle ne l’était vraiment. On a tous été première année, un jour. Naïf, se croyant capable de tout, jeune et si insouciant… Ce dernier trait de caractère se poursuivait d’ailleurs chez certaines personnes à en croire le fait qu’il était venu ici, sans protection.

« La blessure n’est pas aussi grave qu’on pourrait le penser, ne t’en fais pas, il y a juste beaucoup de rouge c’est tout. »

Elle le fit se rallonger. Sans trop savoir pourquoi, il acquiesça d’un simple signe de tête avant d’obéir. Il remarqua au plafond les larges poutres en bois et les nombreuses toiles d’araignée. Cette boutique était-elle vraiment abandonnée ou le propriétaire n’aimait juste pas le ménage ? Et ce piège si ancien et pourtant encore en parfaite activité. Il recueillit sa baguette sur le coté par un geste élégant de la main et lança un lumos, quelque chose l’intriguait dans le fond, ce recoin de la pièce qui restait désespérément obscur, car aucune lumière ne parvenait à l’éclairer. Mais il reposa la baguette, conscient pour le moment qu’il ne pouvait pas y aller. Le reste du discours de la jeune fille n’allait pas apaiser ses craintes, celle qu’elle fasse un acte irréfléchi…

« C’est gentil de me traiter de faible, alors que tu n’es qu’en première année… Attend que les Carrow refasse ton éducation ou que les mangemorts t’approchent de trop près… Tu as déjà entendu parler d’eux je suppose non ? Il ne faut jamais se balader seul dans les nuits les plus obscures, de peur qu’ils t’attrapent… J’en ait déjà vu certains, affronté d’autres… Non, je me tairais pas, non j’ai pas envie, pourquoi tu as ta main là, tu vas vraiment me faire mal, et Aiee ! »

Elle lui avait retiré le carreau aussi vite qu’elle l’avait pu, mais ça ne l’avait pas empêché de sentir une partie de sa chair disparaître avec le morceau de bois. Et fait surprenant…

« Ferula ! »

Il avait prononcé ce sortilège qui lui était revenu en mémoire. Aussitôt des bandages apparurent et s’enroulèrent autour de sa blessure. La douleur avait réveillé son esprit endormi et ravivé ses souvenirs de cours. Ou souvenirs de ses journées à l’infirmerie, à cause des malaises assez fréquents qu’il faisait plus jeune.

« Ca devrait aller mieux maintenant. »

Il se releva, titubant une demi seconde, avant d’être enfin debout.

« Je sais que tu ne voulais pas me faire du mal, mais je dois avoir un sacré trou à l’épaule maintenant… »

Bien sur, il exagérait la situation. Il restait un garçon et le carreau n’était pas aussi grand que ça. Le bandage comprimait la blessure et amenait son visage à se plier en rictus. Mais il savait que ça passerait bientôt.

« On peut dire en tout cas que pour une première année, tu n’as pas froid aux yeux… Ni la vue du sang, ni soigner quelqu’un te rebute… »

« Merci »

Il reprit sa baguette qu’il tenait dans sa main crispée et relança un lumos, éclairant au passage le visage de Svéa et s’assurant, presque inconsciemment, qu’il n’y avait pas de traces de sang à lui dessus. Ses yeux brillaient de la douce lueur de l’innocence. De même que ses cheveux d’or, rehaussés par l’éclat bleuté de la flamme. Son blason bien en vue, ce serpent si froid, contrastait avec son visage d’ange. Mais l’assurance avec laquelle elle avait agit, démontrait qu’elle avait un avenir bien à elle… Loin des moutons, et toujours plus près des loups.

« Au fait, tu m’as aidé, mais tu ne m’as toujours pas dit ton nom… »

Il s’éloigna légèrement d’elle, toujours intrigué par ce coin sombre dans la pièce. Un élancement dans son épaule, mais ça serait sans doute le dernier. Une forme semblait se mouvoir dans la pénombre, et lorsque le plancher craqua sous ses pieds, apparut deux yeux verts avec une seule fente au milieu, qui brillaient dans le noir…

"Je sais que tu ne voulais pas me faire du mal, mais je dois avoir un sacré trou à l'épaule maintenant...
- Tu aurais préféré que je te laisse ici ? C'est pas mon genre."

En fait, c'est sans doute ce qu'elle aurait du faire. Il n'avait pas vraiment l'air de mériter quoi que ce soit. Elle aurait du trouver le courage de prendre la porte. Quitte à partir en courant, c'était toujours mieux que d'être coincé avec quelqu'un qui ne savait pas faire la part des choses. D'accord, il n'agonisait pas non plus, mais aurait-il vraiment trouvé le courage de s'enlever cette flèche tout seul ? Svea était bien gentille (elle n'avait, en plus, pas l'habitude) de l'aider, si, en plus, elle n'y trouvait aucune reconnaissance, ce n'était juste pas possible. Ce n'était pas parce qu'il était dans les dernières années que ça pouvait y changer quelque chose.

Encore une fois, elle baissa les yeux. Il fallait vraiment, mais alors vraiment qu'elle apprenne à se taire. Comme il l'avait dit plus tôt, elle n'avait encore jamais croisé le chemin des Carrow ni d'aucun mangemort. Il fallait qu'elle arrête d'être aussi insolente. C'était malvenu.

"On peut dire que pour une première année, tu n'as pas froid aux yeux... Ni la vue du sang, ni soigner quelqu'un te rebute."

Elle ne savait pas trop comment le prendre. Déjà parce que ça la surprenait, tout simplement, parce que ça n'avait pas l'air d'être son genre de faire des compliments... Enfin, si ç'en étaient, et puis, ça changeait carrément toute sa vision des choses. Elle était surprise. Elle ne le montra pas. Elle n'allait pas le remercier pour ça. Ca ressemblait pourtant vraiment à des compliments... Oui, elle était presque sûre que ç'en étaient, d'ailleurs. Ca lui faisait plaisir, certes mais elle ne pouvait juste pas les accepter, de toute façon. C'était nul. Elle faisait quelque chose que son père faisait tous les jours. Était-elle aussi malchanceuse au point de toujours faire une action qui se rapportait toujours à son père ou était-elle juste obsédée pour toujours tout ramener à lui ?

Elle préféra penser à la première idée.

Elle ne répondit pas.

"Merci."

Le serpentard lança un 'Lumos' et les yeux de Svea, habitués à l'obscurité se plissèrent par réflexe. On avait toujours dit que les yeux les plus clairs étaient ceux qui souffraient le plus à la lumière du jour, pourtant, elle n'y comprenait vraiment rien. Ses yeux n'étaient pas clairs. Ils étaient verts. Ils n'avaient pas à être aussi fragile. C'était stupide.

Elle savait que ça ne l'aidait pas d'être aussi hautaine, pourtant, elle ne baissa pas les yeux quand le garçon fît une inspection et leva même le menton quand il posa les yeux sur son blason. Elle ne suivait pas pour autant les idéaux de sa maison, cependant, il devait bien y avoir une raison pour qu'on l'ait placée ici et pas dans une autre, alors autant en être fière. Tout le monde savait bien que les Serpentards étaient connus pour leur intelligence et leur ambition. Bien sûr, ces temps-ci, ils étaient bien plus connus pour d'autres choses mais ça n'intéressait pas vraiment Svea. Les gens pouvaient bien dire tout de ce qu'ils voulaient, elle seule savait vraiment ce qu'elle pensait. Le reste importait peu.

"Au fait, tu m'as aidé, mais tu ne m'as toujours pas dit ton nom..."

Il s'éloigna d'elle.

"Je m'appelle Svea Mason."

Un craquement.

"Qu'est-ce que c'était ?", demanda-t-elle avec un peu de panique dans la voix.

Elle vit alors Eliad baisser les yeux vers le plancher, elle fit de même. Elle en avait assez de ne pas dire qu'elle avait peur, là, maintenant. Elle avait réussi à oublier un peu à quel point elle était terrifiée, mais ça ne marchait plus à présent. Dès qu'elle posa les yeux sur ces deux choses lumineuses qui sortaient du plancher, elle ne pût s'empêcher d'ouvrir la bouche en reculant d'environ deux pas.

Elle avait l'habitude de tout maîtriser. Elle eût envie de hurler. De demander de l'aide. Elle sentait le danger. Il était trop imposant. Encore plus que tout à l'heure, dans la rue. Alors, c'était ça qu'elle fuyait depuis tout à l'heure ? Elle le fuyait pour toujours revenir au point de départ ? Pour au final être vraiment en face du danger ? Elle se remit en question. Elle n'était pas courageuse. En cet instant, elle avait bien trop peur pour être quoi que ce soit. Elle avait bien trop peur pour lui tourner le dos également. C'était du suicide de rester là, pourtant, c'était vraiment ce qu'elle faisait. C'était exactement ça, au final. Elle ne bougeait pas. Elle attendait... mais elle attendait quoi ? Il fallait vraiment qu'elle se donne des gifles un jour. Elle agissait aux antipodes de ce qu'elle pensait réellement. Il fallait juste qu'elle arrive à relier ses gestes et sa tête. Ce n'était pourtant pas difficile que ça, non ?

"Qu'est-ce que c'était ?!", demanda-t-elle une seconde fois, non plus pour le craquement, mais pour la chose dans le plancher qui les observait.

La gorge serrée, elle prit une respiration et ferma les yeux une seconde pour se réveiller, pour de vrai, cette fois-ci.

Qu’est ce que c’était… Qu’est-ce qui, après toutes ses pseudos hallucinations d’homme blessé, parvenait encore à lui faire voir des choses alors que la blessure se guérissait d’elle-même ? Qu’est ce qui pouvait provoquer cette lueur de panique dans le regard de Svea alors qu’elle avait jusque là, fait preuve d’un courage exemplaire… Qu’est ce qui, enfin, faisait trembler ses jambes, alors qu’il ne semblait plus rien y avoir devant lui…

Plus rien ne bougeait, alors qu’il y avait peu, il se sentait pleinement observé. Le lumos balayait la pièce, comme un phare balayerait les alentours d’un navire en perdition… Son imagination lui avait encore joué des tours. La peur de la pénombre sans doute… Celle qui nous incitait à voir des choses qui n’existaient que dans nos esprits. Mais soudain le lumos vacilla et il se retrouva alors dans l’obscurité la plus totale. Surpris, il recula de quelque pas sans savoir où il allait… Il heurta alors un objet qui chuta lentement avant de se briser au sol, projetant des éclats sur ses pieds. Alors qu’il se penchait pour sentir au toucher qu’il s’agissait de verre, une fumée s’échappa du sol et envahit totalement la pièce, avant même qu’il n’ait eu le temps de se relever. Il essaya de retenir sa respiration car il ne savait pas ce que c’était, mais il était bien trop tard… Il se mit à tousser brusquement, avant de péniblement se remettre debout et chercher Svea des yeux. Il ne la voyait plus…

Il alluma le lumos qui se mit à découper la fumée blanche en tranche… Il y voyait encore moins bien maintenant, mais surtout… L’étrange lueur était revenue. D’abord une, puis deux. Deux reflets verts. Ce qui avait disparu tout à l’heure, était bien là maintenant. Il approcha le lumos de cet obstacle étranger, mais la lumière n’avançait plus… Comme bloqué par une barrière invisible. Par un réflexe de protection, il se pencha vers Svea, qu’il avait senti en tendant les bras dans son dos, et il se servait de son corps comme bouclier entre elle et cette lumière.

C’était des yeux… Des yeux qui se rapprochaient maintenant très vite. Il n’y avait que deux animaux à avoir des yeux si verts, avec une rayure au milieu… Un chat ou… un serpent ! Ce dernier se jeta sur lui, alors qu’Eliad l’évitait de justesse. L’animal lui heurta l’épaule avec violence, alors qu’il se retournait rapidement pour voir son agresseur.

« Attention Svea ! »

Il se remit à tousser violemment. Légèrement pris de panique, il se retournait dans tout les sens, mais il ne parvenait pas à retrouver l’animal. Il relança un lumos, espérant y voir plus clair dans cette masse blanche. Il se retourna de nouveau vers l’endroit d’où il avait surgit et…

Ce fut pour se retrouver nez à nez avec d’autres créatures, d’autres regards, plus violents encore… Des yeux jaunes, même rouges !

« Ecarte toi ! »

Il se dépêcha de se ruer en arrière, le lumos permit d’éclairer rapidement les escaliers, il se mit devant ces derniers pendant qu’il protégeait Svea en lançant des endoloris contre toutes les formes qui semblaient surgir devant eux.

« Pourquoi ça ne fonctionne pas! »

Mais les sortilèges semblaient ne toucher que le vide… Illusions ou réalités ? Qu’en était-il de ces créatures qui les assaillaient sans cesse ? Il y voyait un chat agressif, puis un loup, le plus cruel de leurs agresseurs… Et une autre créature encore, alors qu’il se méfiait de toujours regarder ses pieds, car le serpent devait toujours guetter, attendant la moindre de ses faiblesses…

Le loup surgit soudainement de sur le coté et Eliad tomba à la renverse en esquivant. Svea se retrouvait maintenant seul devant le chat noir aux yeux verts, qui léchait ses griffes, alors qu’Eliad essayait de retrouver sa baguette, qui avait du glisser quelque part…

Pourquoi il ne répondait pas ? Il aimait la laisser dans un état comme celui-ci ou il ne savait juste pas ? Svea n'était pas en état. Non. Elle secoua la tête. Elle n'était certainement pas en état. Elle essayait vraiment de se calmer depuis un certain temps, mais elle y pensait bien trop pour que cela cesse aussi facilement. Elle respira calmement, tout son apparence ne montrait absolument rien qui puisse prouver sa peur. Seulement, dès qu'elle ouvrait la bouche pour parler, les mots hachurés, les tremblements... et cette température qui ne cessait de descendre. Ce n'était pas possible de faire aussi froid, n'est-ce-pas ?

Et Midnell qui ne répondait toujours pas. Une catastrophe.

La chose verte qui était là, cachée sous ses pieds, il y a peine une minute, ne l'était plus à présent. Où alors ? Tout était fermé. Obligatoirement dans la pièce, alors. C'était invivable. Impossible de respirer, l'air semblait lourd, trop dur à inspirer.

Le lumos s'estompa, et, très rapidement, ils se retrouvèrent dans la pénombre la plus totale. D'habitude, elle n'avait pas si peur que ça du noir, elle l'aimait même plutôt bien... mais là, c'était carrément différent. C'était vraiment sombre, et pas que dans les couleurs. Rien que l'atmosphère l'était. C'était glaçant. Quelque chose chuta à terre. Un bruit de verre. Une potion en moins. Ca ne lui paraissait pas grave sur le coup, mais, ses instincts se remirent en alerte et vu tout ce qui se trouvait dans ce sous-sol, si une fiole était tombée, ce n'était certainement pas du jus de citrouille. Elle fit une grimace. Ca devenait presque une habitude. Et, comme pour répondre à ses questions, elle se mit à tousser à cause du gaz qui lui brûlait la bouche... En fait, si, elle arrivait bien à respirer malgré tout, mais... si c'était pour ça... Elle recula, instinctivement pour échapper à tout ça.

Elle avait la baguette dans sa poche. Elle pouvait bien l'utiliser si elle en avait envie. Elle n'avait que trop peu confiance envers le garçon, mais il devait bien avoir de l'expérience, non ? Il faisait parti de la Milice... Alors il devait bien connaître les sorts de base pour se défendre. Il le fallait de toute façon. Parce que ceux de Svea étaient on ne peut plus basique.

Eliad formula une nouvelle fois 'Lumos' et, malgré la lumière qui maintenant était présente, cela ne rendit Svea que plus craintive. Elle arrêta de trembler quand elle se décida à reprendre le contrôle d'elle même. Elle eut à peine le temps de cligner des yeux que, dès qu'elle les rouvrit, les deux points verts étaient réapparus. Elle inspira très fortement malgré cette chose, là, qui semblait lui griffer la gorge. Le garçon se rapprocha d'elle, ce dont Svea ne fît même pas attention, elle était bien trop fascinée par les points lumineux. Soudain, les deux éclats verts se jetèrent sur Midnell et Svea ne bougea même pas, remarquant la vitesse à laquelle ces choses là avaient été pour attaquer.

"Attention Svea !"

Elle sursauta et tenta de prendre conscience de l'endroit où elle se trouvait, non pas qu'elle l'avait oublié, mais pendant quelques secondes, elle s'était juste absentée. Un bref instant. Elle n'avait vraiment plus eu peur. Il n'était pas question de contrôle de soi ou de quoi que ce soit, elle n'avait juste plus rien ressenti. Le fait est qu'elle ne bougeait toujours pas. Comme si cela n'avait aucune espèce d'importante. Elle entendait le garçon l'apostropher violemment, elle n'en faisait pas cas.

Elle se réveilla réellement quand elle entendit le garçon lancer des endoloris, sans succès en plus. Bien sûr, il était de la Milice, il savait bien faire ce genre de chose. Elle ne ressentit rien. Elle était très passive face à la situation, et, même voir un garçon de cet âge-là lancer des sorts impardonnables ne lui faisait même plus rien. Après tout, l'époque où elle se trouvait été telle qu'il valait mieux savoir s'en servir.

Elle vit Eliad se débattre avec les animaux qui l'attaquaient sans relâche. Elle ne fît rien. Elle observa. Il fallait bien qu'elle l'aide, elle le savait, le problème était qu'elle n'arrivait pas quoi à savoir quoi faire sur l'instant. Après tout, Midnell serait bientôt épuisé et ce serait à elle de prendre la relève. Elle ne se préparait pas.

Et voilà. il tomba à la renverse en tentant d'évitant un loup, elle entendit la baguette du garçon tomber, mais il faisait bien trop noir pour y voir quoi que ce soit. Seuls ces animaux atroces éclairaient la pièce.

Il fallait prendre son courage en main. L'animal semblait jubiler. Il était près à la déchirer, de partout, littéralement. Alors non, ce n'était juste pas possible. Avec une force dont elle ne se pensait pas capable, elle se jeta sur la bête, et elle se rendit compte de sa bêtise quand elle ne sentit plus ses pieds toucher le sol. Elle ne pouvait plus faire marche arrière maintenant. Soit elle le tuait à mains nues, soit il lui scarifiait le visage. Programme on ne peut plus sympathique. Elle tenta de lui donner un coup. Elle s'attendait à avoir très mal, mais quitte à avoir un os cassé, autant qu'elle fasse les choses biens.

Elle ne sentit absolument rien.

Sous ses yeux, l'animal se vaporisa, se transforma en brume puis disparut complètement. Svea retomba sur ses pieds, mais, encore choquée par ce qu'il venait de se passer sous ses yeux, trébucha et tomba à plat ventre sur le bois.

Elle savait que ça allait lui coûer des bleus et des égratignures. Peu importait, elle ne sentait plus la douleur du tout.

En se relevant, elle prit sa baguette et lança un 'lumos'. Pourquoi ne l'avait-elle pas utilisée plus tôt, celle là ? Elle chercha Eliad des yeux et l'éclaira avec sa baguette.

"Ca va ? Tu as retrouvé ta baguette ? C'était quoi ces trucs ? Je comprends rien... On devrait vraiment partir d'ici."

Il avait totalement perdu le contrôle de la situation en seulement quelques secondes. Où était donc passée la police magique qui devait venir enquêter sur ce cambriolage ? Il n’y avait plus dans la pièce qu’un animal enragé bien décider à en terminer… Que le danger et la victime. Qu’un élève qui se tordait le visage de douleur et qui sentait les multiples griffures alors que le loup l’attaquait, faisant couler son sang… Il sentait les griffes lacérer ses joues encore et encore et la douleur, persistante, qui refusait de partir. Combien de cicatrices allait-il garder sur son visage ? Le loup continuait de l’attaquer jusqu’à le rendre méconnaissable. Il se sentait perdre connaissance avant que l’animal ne cesse soudainement son attaque pour laisser sa gueule béante au dessus de ses lèvres. Il ne sentait plus que la bave dégoulinant de sa gueule, qui venait se déposer au bord de ses joues, et qui coulait encore le long de son menton. Les sorts auraient pu voltiger dans la pénombre, des sorts de douleurs et des sorts de souffrances. Oui, mais voilà, tout comme avec Bellatrix, il s’était montré incapable de se défendre et cette fois-çi, le loup n’allait pas prendre la peine de le narguer comme l’avait fait la mangemorte. Que devenait Svéa au milieu de cette fumée ? Il ne savait plus où elle se trouvait dans cette courte pièce. Avant que le loup n’achève son œuvre, il se mit à penser à ses proches.

Sa baguette au loin ne lui permettait plus de se défendre, et il n’avait pas d’armes autour de lui non plus… Contre tout attente, avant de parachever son œuvre de mort, le loup fut rejoint par deux autres animaux… Se sentait-il seul, ou Eliad était bien trop grand pour qu’il le finisse lui-même ? Et maintenant devant ces yeux, il avait un bataillon entier contre lui, qui faisant fi de leurs corps empaillés, s’étaient unis pour un même but.

Alors… Il ferma les yeux.

Patientant quelques secondes qui lui parurent une éternité, il les rouvrit précipitamment pour apercevoir les loups se jeter sur lui à l’unisson, et alors que leurs griffes déchiraient sa chemise, une curieuse chose se produisit… Un halo de lumière venu de nulle part, fit paniquer les animaux, qui se mirent à gémir. Ils avaient peur de quelque chose qu’Eliad ne pouvait pas encore voir. L’halo de lumière se rapprochait lentement, il avait l’impression de voir des ailes dans la lumière… Son sauveur… Et puis les loups se jetèrent sur lui et d’un mouvement du poignet, elle les fit disparaître… Svea… Il avait aperçut son visage, lorsque le halo avait disparut de lui-même. Il se releva tant bien que mal pour la regarder fixement, et vérifier qu’elle n’était pas une autre de ses visions dangereuses, mais non… C’était bien elle, une baguette à la main éclairant la pièce par un lumos.

"Mais qu'est ce qu'il s'est passé? Tu as bien vu les loups tout comme moi? Comment ont-ils pu disparaître aussi vite?"

Par crainte de leurs possibles retours, il reprit sa baguette perdue contre un meuble, et il lança aussi un alohomora sur le coffre. C’était peut-être dû à cette étrange vapeur, en tout cas le coffre s’ouvrit de lui-même. A l’intérieur il y avait un petit carnet en cuir noir, qu’Eliad s’empressa d’ouvrir. A l’intérieur des noms et des adresses, notamment le nom de celui qu’il recherchait, le mage noir qui avait brûlé sous ses yeux à l’hôpital… Avec ça, la recherche de son père pouvait reprendre. Et il ferait tout pour le retrouver…

Il entendait des bruits au dessus de la maison, la police magique devait être là.

« Svéa, il faut partir maintenant, avant qu’ils ne voient la trappe. Passe en premier et partons. »

Il passa une main sur son visage et il sentait toutes les griffures qui avaient laissé sa peau meurtrie. Avec son t shirt déchiré et plein de sang, nul doute qu’il allait attirer l’attention, alors il rajusta sa tunique sur lui-même pour essayer de cacher ça le plus possible. La police magique allait vite découvrir la trappe. Il fallait faire vite…

"Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ? T'as bien vu les loups tout comme moi ? Comment ont-il pu disparaître aussi vite ?
- Mais de quels loups tu parles ! Y avait personne d'autre ici à part toi et moi !"

Elle avait hurlé sa phrase. Sa tension montait en pique. C'était mauvais. Son coeur accéléra soudain. Elle n'attendait pas de réponse. Elle n'en avait pas besoin non plus. Elle se redit sa phrase, mentalement. Il n'y avait plus personne d'autre dans cet endroit. Difficile à croire. Après tout ce qu'il s'était passé, de toute façon, elle allait mettre un certain temps avant de se croire en sécurité dans un endroit qu'elle ne connaissait pas... ou même qu'elle connaissait. Ca ne faisait plus aucun doute, maintenant. L'expérience l'avait traumatisée. Elle était dans ses pensées. Elle ne regardait plus où elle se trouvait, c'était trop tard maintenant, le mal était fait. Elle voulût sourire, juste pour savoir si c'était encore possible. Elle n'y parvint pas. Pendant quelques secondes, elle ne remarqua plus rien autour d'elle. Le vide avait pris soudain emprise sur elle et, pour rien au monde, elle n'aurait voulu en sortir. Quand elle émergea calmement, elle observa ses mains, seule partie du corps visible sans qu'elle n'ait à faire un effort quelconque et n'eut même pas la force de crier quand elle les vit pleines de sang. Et pas uniquement le sang de Midnell. Non, ça se sentait, il y avait le sien aussi. Elle s'était fait bien plus mal qu'elle n'avait pu le penser lorsqu'elle était tombée à l'instant. Elle bougea lentement. Ses muscles le lui rendirent assez mal. Elle se demanda si elle serait vraiment capable de marcher pour rejoindre les autres. En fait, non, le courage n'y était pas, mais elle allait devoir le faire quand même. Ca allait être très difficile. Elle savait à la seconde même où elle s'était relevée qu'elle aurait mal pendant quelques jours, mais elle pensait que la douleur lui laisserait un peu de répit et qu'elle n'aurait qu'à en souffrir dans deux ou trois heures, mais non. Elle était déjà là. Elle sentait ses abdomens en feu. Elle avait fait un plat dessus, il faut dire. Ses épaules avaient également pris un sacré coup et son poing droit, en voulant frapper sa cible s'était presque tordu sur lui même.

Plus jamais, elle ne serait violente.

La voix du serpentard la sortît de ses songes, et rapidement, enfin, aussi vite que possible plutôt puisque sa nuque semblait assez raide, elle se retourna vers lui afin de l'écouter.

"Svéa, il faut partir maintenant, avant qu’ils ne voient la trappe. Passe en premier et partons."

Elle acquiesça, remonta la trappe sans problème, faisant abstraction de ses douleurs à tous les endroits du corps.

En haut, elle attendit Eliad. Elle essayait de tirer sur ses membres pour les décontracter un peu. Elle y arriva pendant que le sixième année arrivait vers elle. Svéa était bien trop fatiguée pour penser à quoi que ce soit, maintenant, elle remit ses cheveux en place et sortit du magasin. Elle se souvint du mal fou qu'elle avait eu à y rester cloîtrer et, maintenant, sans aucune difficulté, elle sortait. C'était lassant. Ici, la peur était moins présente, certes, mais toujours là. Près à les attraper. Au premier bruit qu'ils entendirent, Svea tourna la tête vers Eliad pour lui demander n'importe quelle aide qu'elle était possible de recevoir en l'instant. Il ne la calcula même pas. Elle savait bien que c'était la police magique qui faisait tant de bruit. Au moins, se dit-elle, le travail était fait, bien trop tard, certes, mais tout de même. Ils restèrent sur place en silence. Aucun ne prononça un seul mot, bien trop concentré pour essayer d'entendre ce qu'il se disait. Impossible. Pendant quelques minutes, ils restèrent dans la ruelle à attendre que le bruit se dissipe. Quand, ils se rendirent compte que le danger était fini, Eliad montra le chemin à Svéa pour repartir au Prè-Au-Lard. Il n'attendit même pas qu'elle s'en aille pour prendre le chemin contraire.

Elle le regarda faire quelques pas et partit dans la direction indiquée en courant.