Le manoir de Thadeus regorgeait de mille splendeurs à vous couper le souffle. Le médicomage avait passé les premières semaines de l’année 1998 à visiter les salles de la demeure McLipswitch, fuyant les relations sociales, essayant de digérer ce qui s’était passé le soir du Nouvel An.

Lorsqu’il ne passait pas son temps devant le miroir à examiner avec attention les ravages causé par le Mangemort masqué, il lui était arrivé de rester enfermé dans une pièce à lire les précieuses archives que contenait le manoir. Récemment, il était tombé sur un rayonnage entier consacré à la Médicomagie, de quoi réveiller la curiosité dans son esprit en manque de pratique et le maintenir éveillé durant de longues heures jusque très tard dans la nuit. Lui faisant oublier durant de maigres heures l’avenir qui s’ouvrait à lui et qui, au fond de lui, l’effrayait quelque peu. Sans compter la frustration d’avoir été à ce point amoché par un des sbires du Lord.

Mais petit à petit, le médicomage avait fini par sortir de sa torpeur première pour sentir grandir en lui un besoin d’agir. Bien plus présent qu’il ne l’avait été jusqu’à maintenant, confiné dans sa petite vie parfaite et intouchable. Mais maintenant qu’il était fasse à un destin instable qu’il ne contrôlait plus et pire qu’il avait vu basculer à cause de son orgueil déplacé, l’ancien professeur de Soins Magiques sentait la nécessité de redoubler d’efforts pour contrer le Mage Noir.

Il avait donc finalement prit la décision de quitter ses excursions en solitaire dans la maison du Professeur de Magie Noire pour reprendre du service. L’Ordre du Phénix se trouvait dans une situation des plus précaires et leurs actions devenaient de plus en plus dangereuses. Le moindre faux-pas risquait de réduire au silence la petite organisation secrète. Mais Arsène ne comptait pas rester cloitrer dans le manoir comme un peureux. Depuis quelques temps déjà, il réfléchissait à la manière dont il pourrait retrouver le petit salaud qui lui avait fait ces marques sur le visage. Celui-ci ne serait pas difficile à repérer étant donné que seul un médicomage pourrait lui réparer son genou et aux dernières nouvelles, Ste Mangouste ne faisait pas entièrement dans le Mangemort. Et puis, tous les praticiens n’avaient pas son talent. Immanquablement, son assaillant garderait des séquelles de leur rencontre, séquelles qu’il visualisait parfaitement bien dans son esprit.

Mais comment lui remettre la main dessus ? Il le savait. Il avait deux solutions. La première était de s’adresser directement à Ella Schwarz qui accepterait, bien qu’à contre cœur, de lui fournir se renseignement. Mais il n’avait pas l’intention de lui faire prendre de risque supplémentaires, il ne savait même pas si elle était ressortit indemne de cette fameuse soirée de Nouvel An. Non il ne devait pas la mêler à ça a moins que la deuxième solution ne fonctionne pas.

Deux jours plus tard, il se faufilait à travers les passants, suivant une chevelure blonde qui se démarquait aisément dans la foule des badauds. Elle était toujours aussi belle et malgré son changement d’identité, il n’avait pas mis long à la retrouver. Il lui avait simplement fallu retourner à l’UMA avec Niallàn, fouiner dans quelques dossiers scolaires et ressortir incognito. Biensûr sa mission première à l’Université s’était avérée être une petite visite de son bureau personnel mis sous celés. Mais il s’était permis un petit détour pour retrouver Saya, ou nouvellement Maxyne, et ainsi pouvoir mettre son plan à exécution. Rémus n’avait pas été très ravis de l’entendre lui annoncer le but de cette recherche, mais il n’avait rien dit ni fait pour empêcher le médicomage, déterminé.

A présent, Arsène se trouvait devant le domicile fort impressionnant de Mlle Saya Hondashi qu’il ne comptait pas appeler autrement. La question qui se posait, était : qu’allait-il faire à présent ? C’était bien simple, il allait patienter. Patienter jusqu’à ce qu’un événement intéressant se produise. Le Médicomage était conscient que ça pouvait prendre des jours, voir des semaines, mais il était bien déterminé à attendre le temps qu’il faudra.

Le spectacle qui s’offrit à l’ancien Médicomage le prit totalement au dépourvu. Il se retint au dernier moment d’écarquiller stupidement les yeux et préféra resserrer sa poigne sur sa baguette tout en essayant de se dissimuler maladroitement au regard de la jeune mangemorte qu’il n’avait pas prévu de voir apparaître si subitement à la porte d’entrée.

Bien évidemment ce n’était pas la jeune demoiselle, bien que fort belle, qui lui donnait envie d’ouvrir grand les yeux et la bouche, mais la chose qu’elle tenait dans sa main, gigotant comme un fauve (c’était le cas de le dire), du sang coulant sur le seuil de l’entrée.

Grand moment de solitude.

Puis, le chat fut relâché, fila entre ses jambes à la vitesse de l’éclair, laissant sur le bas du pantalon d’Arsène une trainée de ce qui semblait, à deuxième vue, de la sauce tomate et la porte fut quant à elle refermée d’un coup sec et bruyant.

Deuxième grand moment de solitude.

Se grattant légèrement le menton de la main droite, Arsène essayait de comprendre ce qui venait de se passer. C’était quand même très troublant de voir une furie, en fait deux vu l’allure de la bestiole, apparaître instantanément à la porte d’entrée qui se refermait presque aussi vite qu’elle s’était ouverte. C’était tout simplement ce qui s’appelait être au mauvais endroit au mauvais moment, ce qui engendrait en général une situation assez particulière et gênante. Encore que là mise à part la sauce tomate sur son pantalon, il n’y avait pas grand-chose de gênant pour Arsène.

Finalement l’animal, après avoir apparemment effectué au pas de course le tour de la maison (si c’était possible), s’arrêta en face du hors la loi, s’assit et se mis à se lécher d’un air hautain. La sauce tomate n’était apparemment pas pour déplaire à la bestiole qui se nettoya à la vitesse de l’éclair avant de se mettre à miauler.

Sans hésiter, Arsène l’attrapa pour la glisser dans ses bras, non sans quelques coups de pattes d’incompréhension, puis tendit la main sur la sonnette.

Troisième grand moment de solitude

Non mais je crois que cette chose vous appartient… Mlle Hondashi !

Les yeux du médicomage détaillèrent la blonde du regard. C’était assez troublant, maintenant qu’il la voyait il la reconnaissait sans mal, mais Saya n’avait apparemment pas lésiné sur les moyens pour passer inaperçu. Apparemment son stratagème avait du fonctionner puisqu’elle passait visiblement pour une nouvelle à l’UMA. Du moins pour ce qu’il en savait.

Bonsoir.

Sa main se tendit en direction de Saya, prolongé par la bestiole qui se tenait calmement, pendant par la peau du cou.

Mrrraouuuuh