BANG !

L'ancestrale armure voltigea à travers le couloir des enchantements.

« T'es qui toi ? »

Le passage secret derrière la tapisserie d'Alberta Toothill terrassant Samson Wiblin s'ouvrit avec fracas, laissant apparaître le concierge de Poudlard, toujours aussi patibulaire, son chat se précipitant entre ses pieds vers les deux gamins, penauds.

« Cette fois vous ne m'échapperez pas ! Pas de magie dans les couloirs ! »

Ni une ni deux, sans concertation préalable, les deux gamins de 11 ans firent volte-face, prirent leurs jambes à leur cou et firent leur possible pour mettre le maximum de distance entre Rusard et eux. Ils s'engouffrèrent au hasard dans une galerie, poussèrent une tapisserie, dévalèrent des escaliers en mouvement, puis trouvèrent refuge dans une salle de classe inutilisée. Apparemment, cela avait été suffisant pour semer le concierge. Ils n'entendaient plus sa respiration essoufflée, ni ses grognements agacés, ni, comble de bonheur, les miaulements inquiétants de son chat. Ils prirent donc un instant pour reprendre leur souffle, attendant d'être sûrs qu'il n'y avait bel et bien aucun danger à sortir.

Le gamin aux cheveux rouges considéra son compagnon de fuite. En fait, il l'avait déjà vu, bien qu'il ne soit à Poudlard que depuis quelques jours. Il s'agissait d'un de ses collègues de la tour de Gryffondor. Un première année, comme lui. Un gamin, qui n'avait probablement pas compris non plus ce qu'il s'était passé entre le moment où Tim avait tenté de raccourcir magiquement les moustaches de son chat et celui où l'armure avait traversé en vol plané le couloir dans lequel il se trouvait par hasard.

« Lacey Hawkesworth »

« Tim Mondshmetterling »

« Sympa comme nom... »

...

Et plus de quinze ans plus tard, les deux anciens camarades de Gryffondor s'étaient retrouvés. Dans un cadre évidemment un peu moins habituel que les passionnants cours du professeur Binns, ou que les effrayantes heures passées dans la tour de Trelawney. Les deux garçons, devenus des hommes, s'étaient engagés dans l'Ordre du Phénix. Ils y avaient retrouvé nombre de leurs anciens camarades de Poudlard, dony beaucoup de rouge et or. Il était toujours rassurant de tomber sur des visages connus quand on arrivait dans une institution aussi prestigieuse que l'Ordre du Phénix. Même si les deux garçons n'avaient jamais été particulièrement proches, mais il leur était arrivé plus d'une fois de se retrouver embarqués dans des galères communes, et ils s'étaient toujours mutuellement appréciés.

Dans l'Ordre, ils avaient également retrouvé Edward Mole, qui était dans la même année qu'eux, à Serdaigle. Comme souvent, les rapports entre les Gryffondor et le Serdaigle avaient été cordiaux, et ils se fréquentaient régulièrement en cours, voire parfois en dehors. Enfin, il y avait également Arsène Vawdrey, Gryffondor lui aussi, d'un an leur aîné, et qui avait été leur préfet. Cette position un peu particulière avait parfois entraîné des débuts de conflit, notamment entre Arsène et Tim, qui au fil des années à Poudlard avait développé une aptitude à se fourrer dans des sales coups qui en faisait régulièrement un ennemi des préfets. Cependant, au sein de l'Ordre, tout était désormais apaisé, et les deux hommes n'avaient aucun mal à partager un poulet aux pommes de terre et une bouteille de vin.

D'une initiative de Tim était née l'idée que les quatre anciens camarades de Poudlard se retrouvent un soir dans un bar, entre mecs, histoire de se remémorer quelques souvenirs, ou tout simplement de passer une bonne soirée entre vieux potes. Les autres membres de l'Ordre n'y avaient vu aucun inconvénient, considérant qu'une telle initiative ne pouvait que renforcer bénéfiquement les liens qui unissaient les compagnons de lutte, et qu'avoir en son sein un tel groupe de jeunes hommes dynamiques et dans la force de l'âge ne pouvait être qu'un avantage pour l'Ordre. Comme convenu, Tim se tenait donc à la table qu'il avait réservée pour eux quatre au Chaudron Baveur, attendant ses congénères.

[me suis permis d'esquisser les rapports entre Tim et les trois autres, notamment avec Lacey... si quelque chose ne va pas à quelqu'un, mp =)]

[HJ : en ce moment, les rapports entre Ed et Ars' sont euh, disons légèrement tendus, alors je vais partir du principe que Tim n'a pas mentionné son nom quand il a prévenu Ed'... je ne pense pas que ça pose de problème, mais sinon, dites le moi, et j'éditerai, j'arriverai bien à le forcer à y aller, le bougre ^^ ca va être drôle !]

- Une soirée entre potes ! Comme au bon vieux temps !

- Oh, oui, c'est une excellente idée Tim...

- On recroiserait du monde, on parlerait de l'école... Bon, vendu, j'organise ça.

- Je te laisse t'en occuper... Cela me parait pour le moins intéressant comme soirée !

Si à l'enthousiasme de l'un semblait répondre la réserve de l'autre, c'était mal connaître Aloysius Edward Mole. Le binoclard n'était pas très enclin aux franches démonstrations de joie. D'un tempérament plus réservé et timide que son compère au nom imprononçable -sauf pour Edward, qui lui avait toujours réussi à articuler distinctement le patronyme de l'élève aux cheveux rouges - l'ancien serdaigle faisait difficilement étalage de son enthousiasme. Mais le brun n'en était pas moins partant pour une soirée "retrouvailles". Cela faisait un moment qu'il n'avait pas revu certains de ses camarades. Il en avait revu quelques uns de sa promotion ici même, dans l'Ordre du Phénix, pour son plus grand plaisir. Mais le caractère secret de leur organisation et leurs métiers officiels respectifs, sans compter les travaux de recherche qu'Edward menait en sus n'aidaient pas aux joyeux repas entre "potes". Finalement, les jeunes hommes s'étaient assez peu croisés au Square, et l'initiative de Tim était donc la bienvenue. Il pourrait revoir ses anciens camarades sans avoir besoin de frapper leurs rencontres du sceau du secret. Car c'était au Chaudron Baveur, pas moins, que le policier magique les avait conviés. Ed' se faisait une joie à l'idée de revoir ses anciens camarades.

L'oubliator ignorait qui serait de la partie ce soir. Tim ne lui avait pas laissé entrevoir la liste des "invités", mais le brun se doutait que Lacey serait de la partie. L'Auror et le policier avaient fait - c'était de notoriété publique à leur époque - quelques coups fumants dans les couloirs de l'école, et même si Edward n'avait pas souvent été embrigadé dans leurs mauvais plans, n'ayant clairement pas le caractère suffisamment aventureux ou tête brûlée pour cela, il avait, au cours de sa scolarité, partagé beaucoup de cours avec les jeunes garçons, et quelques aventures également. Le binoclard se demandait aujourd'hui encore comment les deux gosses survoltés en étaient venus à discuter avec le timide premier de la classe à lunettes, mais toujours était-il que cela s'était fait [HJ : je reste vague pour qu'on puisse broder plus tard à notre guise] et que le petit Mole avait passé quelques agréables moments en leur compagnie.
quant aux autres éventuels participants, Ed' n'en avait pas la moindre idée, mais il verrait bien sur place. La soirée ne pourrait qu'être sympathique de toutes façons.

L'employé du Ministère arriva pile à l'heure, comme à son habitude. Le Chaudron Baveur était encore calme en ce début de soirée, mais il ne tarderait certainement pas à s'animer rapidement. Edward était d'ailleurs bien content de se savoir accompagné par quelques camarades suffisamment costauds pour défendre, au besoin, l'intégrité de ses lunettes. Car les soirées passaient pour être animées dans ce bar, et jamais Ed' ne s'y serait aventuré seul, trop incertain quant aux fait d'en ressortir en un seul morceau. Mais bien accompagné, l'animation devait sans nul doute être distrayante. Edward se faisait donc une joie de cette soirée, qui le distrayait agréablement de son quotidien, ajoutant une petite pointe de piquant à ses soirées assez ternes en ce moment, il fallait bien l'avouer.

Faisant profil bas -il n'avait aucune envie de froisser la moindre susceptibilité dès son entrée dans le bar - le jeune homme chercha son collègue du regard et le trouva assez rapidement, installé à une table un peu plus loin. A grandes enjambées, le brun le rejoignit et s'installa sans attendre à ses côtés, bien content d'être déjà arrivé à destination sans pépin quelconque.

- Bonsoir Tim ! Je suis sincèrement ravi de ta petite idée. Alors dis-moi, qui attendons nous ce soir ?

[J'ai suivi ton idée Tim.. Si quelque chose vous déplait, faites moi signe Ed je suis désolée mais je ne vois pas ce qu'Arsène aurait pu faire avec toi à Poudlard.. ]

Le repas des deux compères au 12, square grimmaurd s’était merveilleusement bien terminé sur une note animée par cette bonne bouteille de vin moldu et un repas succulent. Tim avait à ce moment là émit l’envie de retrouver les vieux potes de Poudlard pour une sortie à l’occasion. Arsène avait été charmé d’être invité car il n’avait jamais vraiment fait partie de la bande de copains à proprement parlé. Premièrement car il avait une année de plus que Tim et Lacey, ensuite car il avait été nommé préfet. Mais c’était sans compter le nombre de fois où il avait évité à ses deux amis des retenues chez ce vieux fou de Rusard. Cela n’était pas dû au fait qu’Arsène avait en sympathie les deux jeunes hommes dès leur première rencontre, non en fait ça s’était passé un peu bizarrement. Mais voyez plutôt.

Printemps 1982 :

Un dernier baisé volé et la belle Mercedes Brady s’engouffrait dans l’escalier qui menait à la tour des Serdaigle. Silencieusement, le jeune homme fit demi-tour et commença sa traversé du château, priant pour que Rusard ne traine pas dans les couloirs. Même s’il était préfet, cela ne justifiait pas sa présence dans les couloirs et il risquait gros s’il se faisait repérer. Le gryffondor arrivait enfin à la tour lorsque…

Tiens, tiens. Vous êtes sûr que ce sont des horaires pour sortir les gars ?

Merde ! Arsène !

Vous feriez moi les malins si je vous trainais jusqu’au bureau de Rusard à une heure pareille ou que je vous retirais des points…

Ah bon, et depuis quand les préfets ont le droit de se promener la nuit ?

Bingo. Il avait visé juste. Surtout que ce n’était ni la première, ni la dernière fois que notre jeune préfet sortait en douce la nuit de la salle commune. Et puis il fallait avouer que la perspective de retirer des points à sa propre maison lui faisait un peu mal.

Ok ça va. Si vous ne dites rien, je ne dirai rien concernant vos balades nocturnes.

Les trois garçons se serrèrent la main et pénétrèrent dans la salle commune à pas de loup pour ne pas éveiller les soupçons de la grosse dame.

Arsène se souvint que depuis ce jour, ou plutôt cette nuit, il couvrit un nombre incalculable de sortie nocturne de Tim et Lacey tout en sachant qu’en contre partie, les deux gars le laissaient tranquillement filer en douce à la tour de Serdaigle pour rejoindre sa chère amie. Il arrivait qu’ils s’attendent pour sortir ou pour retourner dans la salle commune. C’était bien pratique et ils risquaient moins de se faire prendre à trois, ou plus en fonction des nuits, sachant que l’un pouvait toujours faire diversion et Arsène trouver des excuses pour être hors de son dortoir en pleine nuit.

C’est avec joie qu’il avait retrouvé ces anciens collègues au square, se rendant ainsi compte que leurs convictions étaient toujours les mêmes, même s’ils s’étaient perdus de vue depuis de nombreuses années déjà. Malheureusement, les rencontres au square étaient soit d’ordre professionnelles, soit ne permettaient pas de se retrouver pour boire un verre. Les occasions de gouter aux bons plats de Molly n’étaient également pas courant et une sortie entre mecs était une idée lumineuse de la part de Tim Mondsbidulechose.

Comme à son habitude, Arsène n’était pas vraiment à l’heure. Il sortait de Ste Mangouste et avait prit le temps de terminer de remplir quelques dossiers ; tout ce qui était fait, n’était pas à faire le lendemain. Cette sortie allait être probablement des plus agréables malgré la seule ombre au tableau : Edward Mole avait été invité. Il le savait car ils en avaient parlé avec Tim lors de leur dernière rencontre et le nom d’Edinouchet avait été lâché lors de la discussion. Arsène savait très bien que le flic se doutait d’une incompatibilité d’humeur entre les deux hommes, mais n’en connaissait pas la nature et notre médicomage n’avait pas l’intention de laisser cette ombre lui gâcher la soirée. Ils allaient être plusieurs, il pourrait donc très facilement éviter de s’adresser à Mole.

Le chaudron baveur se profilait à l’horizon et il avait déjà quelques minutes de retard. Le pub à cette heure-ci était assez plein et on pouvait y rencontrer des gens de tous les horizons ; tous moins fréquentables les uns que les autres, mais cela ne dérangeait pas notre Don Juan qui n’en avait que faire de ces autres. De loin, il aperçut la table et la tête à lunettes de Mole ainsi que la tignasse rouge feu de Tim ! D’un pas leste, il s’approcha d’eux, tout en refoulant sa rancœur et sa mauvaise humeur, et s’assit à la table.

Salut les gars !

« Les gars » s’adressait surtout à Tim car il ne posa même pas son regard sur Edward.

Lacey n’est pas encore là ? Qui doit venir encore ?

[Désolé pour le retard, enfin, c'est moi … quoi? Et vive Raistlin d'abord, je quitte mes Dragonlance pour vous, estimez-vous heureux.* évite les tomates, chaises et autres ustensiles pouvant passer sous la main de ses condisciples * Et puisque tout le monde se permet d'ajouter son grain de sel sur les rapports entre les différents persos, j'y mets du mien !]

A tout bien considéré, Lacey se demandait encore si c'était une bonne idée d'accepter l'invitation de Tim. Il avait dit oui sans réfléchir, force de l'habitude aidant, et avait totalement oublié qu'il avait quelque chose de prévu quelques heures avant et que les deux horaires allaient se chevaucher. Force de l'habitude, oui, les vieilles manies de Poudlard, une complicité de couloirs et de mauvais coups, les même sourires canailles sur des lèvres d'enfants quand il s'agissait d'activités n'ayant pas l'approbation du tout Poudlard. Baste, ce n'était pas la faute de Tim – et encore moins la sienne- si les autres ne savaient pas s'amuser. Il avait connu l'autre avant d'être devenu un tantinet violent, tout à fait désagréable et de s'être attiré les foudres de ses camarades gryffondors, en plus de celles des autres maisons. Il avait gardé une bonne image du garçon et n'avait jamais senti le besoin de lui démonter le portrait. Lacey Hawkesworth soupira, il avait gardé l'habitude de répondre à l'affirmative -et avec enthousiasme, s'il vous plait- aux propositions de son ancien camarade, quand bien même la suite de leurs études et de leurs vies respectives les avaient séparés... et que le terme « d'amis » n'avaient jamais été à l'ordre du jour.

En attendant, il fallait se presser. C'était pour ça que l'homme déambulait rapidement dans les rues du chemin de traverse, ayant abandonné son autre ami un peu plus tôt. Russel avait tenu à l'emmener choisir son costume pour le bal, il paraissait que les gays avaient meilleurs gouts pour ces choses-là, et à force de supplications, de post-it et d'autres éléments de coercition que la discrétion nous obligera à taire, l'auror avait fini par céder. Il n'aurait pas du, mais alors vraiment pas. Enfin si, Russel avait effectivement bon goût et avait même tenu à payer une partie du costume – sous les protestations éhontées de Lacey qui n'appréciait guère d'être à la place de la « petite amie » à qui on paye ses achats et avait fini par accepter la chose comme un cadeau d'anniversaire en avance- mais pour trouver le costume adéquat, il avait fallu faire toutes les saintes boutiques de ce foutu chemin, sans exagération, et le fonctionnaire avait du changer une bonne trentaine fois de peau aujourdhui... au bas mot ! L'homme s'était vu devoir augmenter la dose de nicotine pour survivre à l'épreuve et plus d'une fois ses mains s'étaient retrouvées tremblantes sur son briquet. Cependant, Lacey n'avait vraiment aucun goût pour la mascarade et il n'aurait probablement jamais réussi à trouver un costume potable par lui-même. Il n'avait aucune envie de venir en vampire, loup-garou et se voyait moins Napoléon que Bonaparte, aurait fait un piètre Pluton et s'il était une foudre de guerre n'aurait guère fait d'éclats en Zeus. Les deux hommes avaient finalement opté pour un personnage de la littérature après des heures de discussion dans le bureau de l'auror -qui a dit que les fonctionnaires n'en branlaient pas une?-, un certain personnage de l'auteur irlandais Oscar Wilde : Dorian Gray. Lacey appréciait l'auteur et son style, il pensait plus que le choix du personnage venait, pour Russel, du fait que son auteur avait une préférence pour les hommes du même sexe. Il s'était cependant abstenu de faire part de cette observation, de peur d'entendre l'autre lui reprocher de tout ramener à ses «penchants ». Enfin, du moment que ça ne faisait que pencher, Lacey s'en contenterait. Surtout que pour le coup, Russel avait vraiment un talent extraordinaire pour dégoter les bons tissus, la bonne couturière, qui devait faire ceci, où ils devaient acheter cela. L'auror était ruiné mais content, son ami était hilare et lui avait fait remarquer qu'il aurait même l'air presque beau dans son costume. C'était le but, c'était l'essence du personnage, Lacey le savait pour avoir lu Wilde en long, en large, en travers, dans le noir, en diagonale, une lettre sur deux... Enfin, vous voyez le topo.

L'après-midi bouclé, il avait réussi à congédier poliment son compagnon sans le vexer. Ce qui avait été dur car le policier avait voulu s'immiscer dans la petite soirée prévue par Tim puisque ce derner était un collègue de la police magique. Le demi-irlandais n'était pas son frère en matière de diplomatie mais, il avait fini par trouver des mots convenables pour justifier la chose, lui avait promis de le réinviter une autre fois et avait bouclé l'affaire sur 'De toute façon, un rendez vous d'hétéros dans un bar, c'est pas très romantique.', ce qui lui avait valu une forte claque sur l'arrière de la tête. Il avait ensuite fallu se diriger en courant vers Gringotts, histoire de se remplir à nouveau les poches car il se voyait mal extorquer ses consos à Tim. Il fronça les sourcils en se rendant compte qu'il n'avait même pas eu la présence d'esprit de lui demander qui d'autres venaient à leur petite soirée.

Il faisait sombre quand il poussa la porte du chaudron baveur et il ne mit pas de temps à repérer la chevelure rouge de son collègue. Lacey soupira mais ne put se retenir de sourire en se frayant un chemin vers la table où deux autres hommes étaient déjà assis. Le sorcier pensa qu'il était heureux qu'il ait demandé à ce qu'on livre le costume fini chez lui plutôt que de se trimballer avec ses affaires jusqu'au chaudron baveur. L'homme fit un rapide salut de la main pour dire bonsoir.

«  Désolé du retard. »

Parvint-il à bredouiller en baissant la tête et en rougissant avant de glisser sur un siège au bois poli, ce qu'il apprécia. Ses jambes le lançaient suffisamment pour qu'il évite de se prendre des échardes dans le cul en plus. Un sourire flottait sur ses lèvres, signe que malgré la gène de son retard, il était ravi de voir ses anciens camarades. Il détailla rapidement la petite table et comprit qu'ils étaient au complet... génial, il était le dernier. Son regard voyagea de Tim à Edward puis se posa sur l'avenant personnage qu'était Arsène. Son apparence était loin de celle négligée avec laquelle il s'était présenté lors de leur mission ensemble. Le sourire de l'auror se fit un brin narquois avant qu'il ne parvienne à se reprendre, il doutait qu'Arsène appréciait d'être la cible de ce type d'hilarité. Quand bien même, Lacey riait de la situation, et non d'Arsène lui-même. A vrai dire, il était agréable de voir un homme sous ses 'mauvais' jours, cela gommait l'aura de perfection et montrait un visage plus humain. Ensuite, l'ancien gryffondor n'avait que de légers souvenirs de son préfet, fait de silences mutuels pour masquer leurs escapades respectives, et plus tard, de franches engueulades quant à son comportement excessif et brutal. Arsène Vawdrey était un bon préfet à son souvenir, aussi bon que lui avait été un mauvais élément de sa maison. Ce n'était vraiment pas les meilleurs souvenirs qu'Arsène évoquait chez lui de ce coté là. A contrario, pensa-t-il en fixant Edward de ses prunelles malachite, l'ancien serdaigle était un souvenir appaisant de ses années à Poudlard. Il avait toujours trouvé le garçon pataud et maladroit, mais aussi remarquable. Il n'avait jamais pu trop expliqué pourquoi mais la présence de l'autre était calmante... sauf quand l'autre se décidait à prouver à quel point le bon Dieu lui avait filé deux mains gauches et deux pieds droits. Hum, et pour les lecteurs athéistes et qui ne croyaient pas que Sa Grandeur Éthérée fut pour quoique ce soit dans la gaucherie du sire ? Bien, dans ce cas, nous dirons que les parents avaient du égarer le manuel au moment de concevoir Aloysius Edward Mole. Néansmoins, les défauts de fabrication du serdaigle n'avaient jamais empêché Lacey de retourner sa chaise pour s'accouder dessus et d'écouter Edward ou plus simplement le silence quand ce dernier n'était pas décidé à parler. Quand Tim était avec eux, c'était encore plus simple, Lacey n'avait même pas besoin d'ouvrir la bouche pour entretenir la conversation et se contentait de fermer les yeux. Cela n'avait pas non plus empêché le gryffondor d'envoyer quelques élèves à l'infirmerie s'il entendait quelques marioles occupés à critiquer le garçon à lunettes plutôt que de finir leurs devoirs de potions ou d'histoire de la magie. Même si le chatain se serait fait arraché la langue plutôt que de reconnaître que c'était la description faite du serdaigle qui lui avait chauffé les oreilles.

Lacey étendit douloureusement ses jambes sous la table, filant sans faire exprès un coup de pied à Tim qui était en face. Il leva un fin sourcil pour le mettre au défi de faire un commentaire, provocation enfantine et amusée. L'auror était à table avec des compagnons de Poudlard, tous membres de l'Ordre du Phénix et qui avaient plus ou moins perdus contacts à la sortie de l'école. C'était une bonne idée que de réparer l'erreur.

Petit à petit, le Chaudron Baveur commençait à se remplir autour de Tim, prenant rapidement les allures qu'on lui connaissait, avec les va-et-viens incessants de sorciers et autres créatures plus ou moins bizarres se dirigeant vers le Chemin de Traverse. Un instant, Tim se surprit à penser au boulot et à se dire qu'il y aurait sûrement de quoi faire dans ce bar si d'aventure la police se mettait en tête d'arrêter les petits trafiquants ou de récupérer des objets ensorcelés. Il fut tiré de cette passionnante pensée par l'arrivée d'Edward Mole, dont il s'était attendu à ce qu'il soit le premier. Après tout, il avait toujours été le seul Serdaigle du groupe, le bon élève, le petit à lunettes auquel les copains costauds évitaient de se faire casser la gueule... Il n'avait rien perdu de l'allure que Tim lui connaissait depuis le collège, traversant la foule de sorciers patibulaires en faisait profil bas, tâchant de se faire aussi peu remarquer que possible. Il le savait, Ed n'avait jamais été un grand téméraire, contrairement aux deux gryffondor qui avaient acquis une solide réputation de têtes brûlées au cours de leur scolarité. On se demande bien pourquoi, d'ailleurs. L'oubliator se glissa sur une des chaises à côté de Tim et adopta un sourire de circonstance, auquel le policier répondit avec plaisir.

« Et moi je suis franchement ravi que tu aies accepté de venir... On attend encore Lacey ainsi que... ah mais le voilà. »

Comme si le simple fait de penser son nom avait suffi à l'invoquer, Arsène apparut à côté de la table. Tim remarqua qu'il eut, un instant, l'air moins souriant qu'à l'accoutumée. Avait-il eu une mauvaise journée ? Ou bien quelque chose ou quelqu'un dans le bar lui déplaisait-il ? Le rouge ne pouvait qu'espérer que cela ne gâcherait pas la soirée des quatre compères. Quoi que, le cas échéant, si vraiment la tête d'un client ne lui revenait pas, il serait toujours possible de le traîner dans un coin sombre pour lui péter la gueule. Même si Tim n'aimait pas trop faire ça en dehors du service. Le médicomage s'assit de l'autre côté de lui, sans le quitter du regard. En fait, Arsène agissait comme si Edward n'avait pas été là. Tim ne se dit rien d'autre que comme c'était lui qui avait invité les quatre jeunes hommes, il avait le droit à toute l'attention de son ex camarade de maison. Et puis tout bien réfléchi, il était assez probable que les deux autres, n'ayant été ni dans la même maison ni dans la même année, ne se connaissent absolument pas.

« Salut Arsène ! Tu connais Edward Mole, je suppose ? Il était dans la même année que Lacey et moi, à Serdaigle. »

Et d'ailleurs, en parlant de Lacey, il était encore une fois en retard. Pas que Tim s'en formalise, ou même qu'il en soit surpris. Ça l'amusait plus qu'autre chose, en fait. Il repensa en souriant que son frère n'aurait sûrement pas manqué d'adresser à l'auror une petite remontrance pour ce manque de ponctualité. Tim avait récemment eu l'occasion d'enfin rencontrer le fameux Lawrence, et il n'en avait pas été déçu. Il fallait qu'il en parle à son compère.
Son compère qui, comme Arsène avant lui, arriva juste au moment où Tim pensa à lui [quel heureux hasard, dites moi]. Lui non plus, dans l'attitude, n'avait pas changé. C'était toujours autant un bulldozer, qui n'avait pas son pareil pour se frayer efficacement un chemin dans le foule de clients amassés autour du comptoir et agitant des pièces d'or et d'argent pour commander des l'alcool. Certains, pourtant à peine arrivés, semblaient déjà dans un état éthylique relativement avancé. Voilà qui promettait une soirée animée, et surtout hautement rentable, pour Tom, le patron du bar. Une fois arrivé près des trois autres, Lacey se contenta d'un signe de la main pour saluer, sans dire bonjour de vive voix. Encore une fois ça n'étonna pas Tim outre mesure.

« Salut Lacey, on n'attendait plus que toi. On est au complet maintenant, sauf si l'un d'entre vous a prévu un ou une invitée surprise... »

Il se tourna vers Arsène, connaissant l'habitude qu'il avait de conquérir des cœurs dans n'importe quelle situation. Il n'était pas impossible qu'il ait rencontré une jolie demoiselle sur la route en venant, qu'il l'ait séduite en un temps record et déjà invitée à partager le verre de l'amitié. Cet attrait pour le sexe opposé n'était pas nouveau chez lui : après tout, n'était-ce pas grâce à ses rendez vous galants qu'il avait rencontré Tim et Lacey ? C'était autour de cette cruciale thématique que la complicité entre les trois garçons s'était formée. Ensemble contre les règlements !

« Bien passée votre journée à tous ? Et sinon, je vous commande quoi ? La première est pour moi. »

C'était un jour de semaine, donc il était possible que comme Tim avait du le faire, ses trois camarades sortent à ce moment du bureau. Le policier, bien décidé à oublier cette énième journée passée à griffonner des parchemins, était d'humeur à payer sa tournée. En comptant bien sûr sur le fait que les autres en feraient de même par la suite, ce qui aurait pour conséquence logique de leur faire boire au moins quatre verres chacun. Ce qui ne serait pas de trop, au moins pour Lacey et lui, il en était certain.
Avec un sourire, il sentit le pied de Lacey contre sa jambe. Il sentit bien que c'était involontaire, mais ne put retenir un commentaire. D'autant plus que le châtain lui adressa un regard sur le mode du défi, comme si le rouge avait pu avoir peur de se moquer de lui. Ça n'était pas dans les habitudes des deux comparses de se retenir quand l'un avait une vanne à envoyer à l'autre. Et puisque ça fonctionnait de la sorte depuis des années, il n'y avait pas de raison pour que ça change ce soir là. Tim répondit sur un ton faussement froid, trahi par le sourire caustique qui lui barrait le visage.

« Lac', si tu voulais faire du pied à un homme, il aurait mieux valu inviter Russell. Avec moi ça va pas le faire. D'ailleurs, comment va ce cher vieux collègue ? »

[Désolée du retard :/:]

A peine Ed' s'était-il installé que déjà la bonne humeur de Tim commençait à faire son oeuvre : le flic aux cheveux rouges avait accueilli l'Oubliator très chaleureusement, comme à son habitude, et Edward se sentait déjà bien plus à l'aise que ce qu'il aurait jamais pu espérer. Le simple cadre de leur rencontre faisait affluer les souvenirs du jeune employé... Il se revoyait, sur les bancs de cours, au premier rang, évidemment, répondant aux questions de son professeur, mais tendant une oreille aux bavardages des lions qui eux, occupaient les rangs plus éloignés. Même si Edward était loin d'être un modèle de courage, il se souvenait, non sans fierté timide, avoir quelquefois détourné l'attention de ses professeurs avec des réponses exagérément longues pour couvrir les bêtises de ses petits camarades. C'était sa témérité à lui, les seules armes avec lesquelles lui pouvait se battre pour leur rendre la pareille, pour les fois où Lacey et Tim avaient évité au jeune binoclard de se prendre une bonne dérouillée entre deux salles de cours.

Un sourire commençait à s'étirer sur les lèvres du brun quand son début d'enthousiasme fut interrompu par l'arrivée d'une personne qu'il n'aurait jamais imaginé retrouver ce soir.

Enfer. Que fichait donc Vawdrey ici ! Le sourire de Mole s'affaissa bien vite. Ce devait être une erreur. Certainement devait-il venir pour un autre rendez-vous. Il n'était pas possible que Tim ait invité l'ancien préfet ! et pourtant... pas de doute permis. C'était bien vers leur table que se dirigeait le Médicomage. Edward ne put s'empêcher de déglutir, en passant un doigt dans le col de son éternelle chemise. L'atmosphère se faisait pesante, tout d'un coup... Le jeune homme détourna le regard. De toutes façons, Vawdrey ne lui en adressa pas un, parlant tout de suite à Tim.

La soirée venait de se compliquer en quelques secondes. Et le beau début d'assurance du brun venait de fondre comme neige au soleil. Il était si surpris de l'arrivée de Vawdrey qu'il se sentait comme un petit garçon intimidé devant le directeur d'école. Pourtant, le médicomage n'avait aucun lien hiérarchique avec l'oubliator, mais c'était l'impression qui s'était imposée dans l'esprit craintif d'Edward. Celui-ci commençait à transpirer, désormais mal à l'aise.

Mais voilà qu'une fois de plus, l'arrivée de Lacey allait soulager l'ancien Serdaigle. Tel un preux chevalier -légèrement bourrin et décadent, je vous l'accorde - l'auror arrivait à point pour faire une magnifique diversion. Edward fixa intensément le nouvel arrivant pour éviter d'avoir Vawdrey dans son champ de vision, accrochant son regard à la silhouette d'Hawkesworth comme un naufragé se saisirait d'une bouée de sauvetage. Un sourire forcé plus tard, et tous les invités étaient installés. Tim annon ça qu'ils étaient au complet, et ed' réprima un sourire. En si petit comité, ignorer délibérément Vawdrey allait être délicat. Mais cela restait la meilleure solution pour ne pas gâcher la soirée de ses amis.

- Hum, pour moi, ce sera... un irish coffee...

Au moins ainsi coupait-il la poire en deux... Alcoolisé mais pas trop, il ne passerait pas tout de suite pour une lopette mais limiterait la casse. Il se savait incapable d'encaisser les quatre tournées annoncées par Tim, et devrait certainement rapidement passer à des boissons plus légères...

En attendant, Lacey et Tim, fidèles à eux -mêmes, commençaient déjà à se "chamailler". Cela pourrait certainement détendre un peu l'atmosphère, car si Edward n'était déjà pas bavard au naturel, la présence imprévue de Vawdrey n'améliorerait pas son débit de parole.

[J'espère que vous voudrez bien excuser mon lamentable retard.... Je fais comme si j'avais déjà rencontré Russel il y a fort longtemps... Et je sais pas si je vous ai dis, mais le topic se situe avant le scénario à Ste Mangouste (question pratique entre moi et Ed')]

« Salut Arsène ! Tu connais Edward Mole, je suppose ? Il était dans la même année que Lacey et moi, à Serdaigle. »

Évidement il le connaissait. Il sourit à Tim et tourna son regard vers Mole. Dans un grand effort de concentration hypocrite, il hocha la tête et le salua d’un geste simple tout en gardant son sourire rivé sur ses lèvres. Il n’avait pas envie d’épiloguer sur le fait qu’ils se connaissaient et il savait que c’était réciproque. D’ailleurs, le binoclare ne releva même pas la tête, aussi décidé qu’Arsène à s’ignorer mutuellement. Tant mieux, au moins le message était passé. Encore qu’aux dernières nouvelles c’était à Mole de présenter des excuses claires et à Arsène d’être en colère. A moins qu’Edward n’ait pas trop aimé qu’il lui explose ses lunettes finalement ? Il avait envie subitement de recommencer juste pour lui faire remarquer qu’il lui avait fait une promesse !

Enfin, Lacey arriva, cassant la gêne qui s’était installée entre lui et Edward sans que Tim ne s’en soit rendu compte [trop facile sinoooon lol vous interviendrez plus tard…]. Arsène hocha une nouvelle fois la tête pour saluer son ancien camarade de Poudlard, mais cette fois-ci, son sourire n’eut pas besoin d’être hypocrite. Il lui sourit ouvertement et le fixa des yeux l’air de dire « Ouais je sais j’ai meilleure mine que l’autre jour, d’ailleurs si t’évitais de me le rappeler ça m’arrangerait… ».

Non, pas d’invité surprise de mon coté !

Le noiraud avait lancé ça d’un ton détaché et désinvolte. Il avait envie de se détendre et était prêt à parier qu’il y arriverait avant Molinette ! Il s’appuya contre le siège miteux qu’il avait prit et s’installa à son aise. Depuis là, il pouvait voir l’ensemble du bar, ou presque, et repérer non seulement les trafiquants, mais également les jolies filles si rares qui passaient par là. Il en profita pour se rincer l’œil sur la serveuse qui était un peu plus loin à qui il fit un signe pour qu’elle puisse venir prendre la commande.

Pour moi ça sera une pinte. T’es un brave Tim ! Je payerai la suivant, quand vous ne vous verrez plus les mains et ne saurez plus faire la différence entre les gallions et les noises...

Autant commencer directement, il n’y avait pas de raison de boire autre choses avant d’attaquer la bière. Il venait de sortir du boulot et n’avait qu’une envie, se détendre et faire la fête avec de vieux potes.

« Lac', si tu voulais faire du pied à un homme, il aurait mieux valu inviter Russell. Avec moi ça va pas le faire. D'ailleurs, comment va ce cher vieux collègue ? »

Arsène avait raté l’échange entre les deux hommes, trop occupé à ignorer Edward et à observer en profondeur les quelques filles du bar et la serveuse qui s’approchait d’une démarche qui se voulait élégante. Plus loin, il avait aperçut une espèce de billard moldu mais qui ne devait pas être d’origine moldu connaissant l’établissement. Il ne l’avait jamais vu auparavant et se demandait bien ce qu’il faisait là et surtout comment y jouer. Il se promit d’aller éclaircir ce mystère plus tard dans la soirée. Russel ? Si c’était celui qu’il connaissait, effectivement, il aurait été charmé que l’un d’eux lui fasse du pied, même Mole peut-être.

Russel ? Russel ? Si c’est celui que je pense, oui tu aurais dû l’inviter ! Ça fait un baye que je l’ai pas vu !

Le noiraud avait un peu dit ça sur le ton de la plaisanterie, pensant à sa collègue qui elle aurait vraiment trouvé sa place à leur table à boire des pintes de bière et à se comporter comme un garçon manqué. Il sourit à Tim sur le ton de l’entente espérant que Lacey ne monterait pas les tours trop vite. Après tout, il n’y avait aucune raison de s’énerver ou de passer une mauvaise soirée. Aussi étonnement que cela puisse paraître, Mole restait silencieux. Etait-ce la présence du médicomage qui le mettait dans cet état ou sa nature renfermée d’antan ? Arsène s’en foutait mais il ne pouvait s’empêcher de lui lancer de petit regard discret juste pour vérifier que Mole était toujours autant mal à l’aise que lui-même et prêt à disparaître sous la table à la moindre anicroche.

[Je ne m'excuserai pas pour le retard, ça ne servirait à rien à ce stade. Quand on est un cas désespéré, on est un cas désespéré : je préfère prendre dignement les chaises et autres ustensiles à disposition.]

L'invitation de Tim n'était pas tombée dans l'oreille d'un sourd. Monsieur voulait payer la première consommation? C'était noël avant la date ! Le gateau d'anniversaire sans la chanson débile obligatoire avant et les rires faux ! C'était Londres sans sa sinistrerie. Le pied, monseigneur ! Lacey répondit au regard et au sourire d'Arsène en découvrant largement une rangée de dents blanches impeccables dans un sourire assuré. L'homme semblait mieux mis qu'à leur dernière rencontre et la vue de son collègue à son avantage et plus à son aise semblait indiquer que c'était là plus l'image habituelle que donnait l'individu. Cela correspondait aussi mieux au souvenir qu'en avait eu l'auror.

Le sourire du sorcier s'étira en entendant Edward passer sa commande le premier. Monsieur l'ancien serdaigle serait-il le plus porté sur la bouteille des anciens élèves réunis dans la taverne? Nenni, ou plutôt, hautement improbable. Edward était seulement le plus discipliné des quatre attablés et si on lui demandait ce qu'il voulait boire, il ne passait pas par quatre chemins et répondait. L'ancien rouge et or fit claquer sa langue :

« Bon choix, Edward. »

On était plus irlandais qu'un irlandais... ou on l'était pas ! Et si Edward avait le bon goût de s'en tenir à ce qu'on lui demandait, les deux autres hommes de la pampa ne semblaient pas inclinés à suivre la même direction. Pour reprendre la formule usitée un peu plus tôt : on était gryffondor... ou on l'était pas ! Les gryffondors faisaient vraiment de très mauvaises recrues militaires, les pires bidasses qu'on puisse imaginer par le simple fait que, sans généralité-jamais!-, le gryffondor moyen était totalement incapable de suivre une instruction à la lettre, le type à jeter le manuel et à se demander ensuite comment faire fonctionner l'engin. Bref, sire Vawdrey et son altesse Tim avaient jeté le manuel du Laceytor TI98 et avaient entrepris de caresser la bête dans le mauvais sens du poil. Pour Tim cependant, Lacey devait reconnaître que ça n'était là que la juste réponse d'une provocation tout aussi puérile que la phrase de son compère. Un frisson ne manqua pourtant de glisser le long de l'échine du sorcier, la mention de Russel avec 'faire du pied' avait toujours pour effet de lui faire dresser les cheveux sur la tête et Tim devait le savoir. Russel n'avait jamais été particulièrement subtil -sauf si la personne l'intéressait vraiment- vis à vis de son entourage masculin. Le policier aux cheveux rouges avaient surement du se prendre quelques commentaires quant à son physique ou regards appuyés, sans doute pas plus loin, Tim n'était pas le genre à se laisser ennuyer et Russel n'aimait pas se prendre des baffes... Sauf si c'était Lacey qui les lui mettait, allez savoir pourquoi. Le Hawkesworth avait toutefois fini par trouver une technique imparable pour calmer son impossible ami : si Russel aimait les hommes, Lacey finissait généralement par lui présenter de façon percutante le mur, individu de sexe masculin certifié.

L'auror se retint de soupirer quand Arsène crut bon d'en rajouter et se força à sourire encore plus, à ce stade, il allait se décrocher la machoire :

« Mais mon cher Tim, où est l'intéret? Tu sais bien que si ça ne se débat pas c'est moins drôle. »

C'était absolument répugnant comme commentaire, mais merde ! On était entre hommes, pas de demoiselle à la table pour qu'on continue à parler façon Shakespear avec crème chantilly torsadée et cerise confite en haut du monticule. D'ailleurs, les fruits confis, c'était immonde, ça devait être français comme invention. Une table d'hommes se devaient d'avoir des conversations masculines; et malgré ses oreilles délicates, il était bon de noter que le sieur Mole était aussi un homme ! … Pardon Edward. L'auror repris avec un ton goguenard et un pli narquois sur les lèvres :

« Bon Tweedle Dee et Tweedle Dum, vous allez me faire votre numéro de duettiste encore longtemps pour que j'invite Russel? Quand je pense que j'ai mis deux heures à le convaincre de ne pas venir ici pour vous faire la bise... Enfin, si ça ne vous dérange pas plus que ça qu'il s'immisce, je suis sûr qu'il est là en quelques minutes et en ce cas... », Lacey haussa les épaules avec nonchalance, « Y a à peu près qu'Edward qui est à l'abris. »

Lacey fronça les sourcils : Qu'est ce qu'il avait à mettre Edward à part? L'homme n'était pas une statue de verre à mettre à l'abri dans un carton marqué 'fragile'. L'homme avait failli ajouter 'sans vouloir t'offenser Ed'', l'oubliator n'était pas en sucre et pouvait prendre un commentaire dans le nez et comprendre que ça n'était que de l'humour, non? De plus, ça n'était pas faux, Edward était trop calme et discret pour intéresser Russel. Ce n'était pas le cas des deux autres... et pardon Russel aussi. L'infortuné s'en prenait plein le nez alors même qu'il n'était pas là. Ceci dit, le policier aurait été le premier à en rire.

« Ceci étant dit, Tim, c'tune bonne idée » , il agita rapidement la main pour désigner le lieu, « comme endroit pour se retrouver, ça m'fait plaisir de vous voir... Je vais démarrer sur un Gin du fossoyeur... S'ils en font ici... »

L'auror avait froncé les sourcils, il adorait cet alcool qu'un collègue lui avait fait découvrir. Le GDF comme ils l'appelaient n'était pas particulièrement fort mais avait l'idée incongrue de mélanger une infime quantité de belladone, dont l'effet était réduit par l'action de jus de racine de mandragore et contenait aussi nombre de plantes bizarres que Lacey était incapable d'identifier. C'était délicieux, doux-amer, c'était entre jaune et vert profond en fonction de si le barman chargeait ou non la boisson, avait l'étrange effet de faire piquer les extrémités et ça sentait ridiculement bon.


[Pour ceux qui ne savent pas... mais je doute qu'un anglais ne sache pas : Tweedle Dee et Tweedle Dum sont des personnages de Derrière le miroir, la suite d'Alice au pays des merveilles.]

Les trois camarades de Tim passèrent commande l'un après l'autre, et le policier constata avec un sourire que pour chacun d'entre eux, l'alcool qu'ils buvaient était révélateur de leur personnalité. Edward suivait le mouvement, mais s'assurait de pouvoir supporter le goût de cette première tournée ; Arsène restait classique et peu alcoolisé, probablement de manière à ne pas être trop ivre en cas de rencontre intéressante ; Lacey, lui, n'y allait pas par quatre chemins en commandant un de ces alcools d'outre-tombe qui montaient à la tête en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire. De son côté, le rouge se contenterait lui aussi d'une pinte, au moins pour commencer. Il ne tenait pas forcément à danser sur la table en chantant « La baguette à Dudule », comme il arrivait parfois aux pires soiffards de le faire. Il avait une réputation à tenir, tout de même !

Lacey aussi semblait tenir beaucoup à réaffirmer une facette de sa personnalité : il était hétérosexuel, et ne souffrait aucune contestation, aucun doute, aucune moquerie sur le sujet. Tim le savait, et ne manquait par conséquent jamais une occasion de glisser sans aucune subtilité des allusions à Russell à chaque fois qu'il en avait l'occasion. Cette fois-ci, ça n'avait bien évidemment pas manqué, et Lacey avait une nouvelle fois réagi au quart de tour. Mais l'aspect le plus amusant de la plaisanterie était la réaction d'Arsène, qui avait cru bon d'en rajouter une couche, s'exposant à son tour aux moqueries des deux autres anciens rouge et or. Tim constata que son ami médicomage laissait son regard vagabonder d'une jeune fille à une autre, s'attardant notamment sur la jolie serveuse qui virevoltait de table en table, distribuant les whisky pur feu et les bièraubeurre avec une dextérité indéniable. Avait-il déjà des proies en vue ? Décidément, il y avait des choses qui ne changeraient jamais. Depuis leur passage à Poudlard, Arsène avait toujours été précédé de cette réputation pas toujours flatteuse de coureur de jupons, qui pour ce qu'il en savait lui avait déjà causé plusieurs fois des ennuis. C'était d'ailleurs plus ou moins grâce aux habitudes nocturnes de l'ancien préfet que les trois gryffondor avaient fait connaissance derrière le portrait de la Grosse Dame, à l'époque où chacun sortait faire ses petites affaires à deux heures du matin dans les couloirs de l'école. Tim comprit qu'étant donné tous ces éléments, une nouvelle chamaillerie à l'égard d'Arsène ne serait pas de refus.

« Ben alors, Ars', t'es à ce point en manque ? Tu préfères qu'on rappelle Russell ou que je te branche avec la serveuse ? »

Tim s'était levé et était passé derrière Arsène, posant ses deux mains sur ses épaules en guise de complicité, baissant sa tête au niveau de l'oreille de son camarade pour lui poser la deuxième question. Question qui n'en était d'ailleurs pas vraiment une, Tim ayant bien l'intention d'aller effectivement discuter avec la serveuse sans attendre la réponse du médicomage. Voilà qui aurait au moins le mérite de mettre un peu de piquant dans ce début de soirée.

« Nous disions donc, un irish coffee, un GDF et deux pintes... Je vais aller nous commander tout ça. »

D'un pas décidé et un large sourire aux lèvres, il se dirigea vers le bar où la charmante serveuse s'activait pendant qu'une armée de torchons essuyaient des verres fraîchement nettoyés. Tom, le patron, était quant à lui occupé à discuter avec de vieux sorciers mal rasés tout en enchaînant les whisky, laissant à son employée le soin de s'occuper de tous les autres clients. Tant mieux, ça éviterait qu'il vienne les déranger. Tim s'accouda au bar, prenant bien soin de tourner le dos à ses camarades pour qu'Arsène ne voie pas ce qui se disait. Après avoir poliment salué la demoiselle, il lui passa commande et lui tendit la somme qu'il lui devait, à laquelle il avait ajouté deux gallions en guise de très généreux pourboire.

« Le pourboire, c'est de la part de mon camarade brun, là-bas. Si vous voulez faire comme votre patron et prendre une pause en discutant avec des clients, je suis sûr qu'il serait ravi de vous offrir un verre. »

C'était certes affreusement macho, mais on n'avait rien sans rien. Et puis c'était une soirée entre hommes ou ça n'en était pas une. D'autant plus que la réaction de la jeune fille n'avait rien de négative : elle jeta un coup d'œil à la table des quatre mousquetaires, sourit d'un air amusé et posa sur le comptoir les quatre verres sans faire de commentaire. Dans l'esprit du rouge, cela signifiait quelque chose comme « pourquoi pas ». C'est donc toujours le sourire aux lèvres et l'esprit léger et amusé qu'il fit léviter les boissons jusqu'à la table, qu'il rejoignit à grandes enjambées. Il adressa à Arsène une amicale tape sur l'épaule, lui signifiant que la soirée commençait bien. Une fois sa place rejointe, il leva sa pinte en direction de ses camarades en énonçant d'une voix franche et sonore :

« A la nôtre ! Et à Poudlard ! »

Il plongea dans sa pinte avec délectation, reconnaissant instantanément que cette bière n'était certainement pas un de ces odieux breuvages anglais, mais bien une importation du continent. Ce qui valait nettement mieux. En reposant son verre, il se tourna vers Lacey, rebondissant sur quelque chose qu'il avait lancé avant qu'il aille passer commander.

« En parlant de choses qui se débattent, Lacey... Il paraît que tu fais dans l'étudiant, maintenant ? Tu sais que j'ai été envoyé recueillir les témoignages après tes petites frasques chez Fleury et Bott ? »

La brigade de police magique n'avait d'ailleurs servi à rien dans cette affaire, pour changer. Le gamin auquel Lacey s'en était pris s'était volatilisé, et l'implication de l'auror avait été soigneusement étouffée, notamment grâce à l'intervention de Lawrence, le grand frère avocat et toujours prêt à rendre service. Pendant un temps, Tim en avait voulu à l'irlandais de lui avoir fait perdre son temps puis, comme d'habitude, ça lui était passé. Il n'arrivait jamais à en vouloir trop longtemps à Lacey, de toute façon.

[J'ai eu beaucoup de mal à réagir à tout et à organiser mon message de façon logique, donc si vous voyez quelque chose d'incohérent, mp ^^ et je vous laisse voir ce que fait la serveuse]

[ GDF... J'avais pas vu l'abréviation à la con que ça faisait quand je l'ai faite au début... XD Tim, Tu me commandes donc un Gaz de France. Cela me rappelle De Bons Présages de Pratchett et Gaiman avec l'IVG, Intervention Violente de la Gueule. ]

S'il avait été dans l'intention d'Arsène d'être discret quant à son habitude de reluquer la donzelle qui passe, c'était raté. Dans un premier temps, Lacey n'avait pas fait attention au regard vagabond du médicomage qui semblait posséder une extraordinaire faculté d'arrimage aux jupes et autres atouts féminins des demoiselles qui se déplaçaient dans la taverne. Certaines étaient totalement inconscientes du regard posé sur elles et continuaient leur chemin avec la superbe d'une innocente gazette au milieu d'un troupeau de lions. L'auror aurait parié cependant que plus d'une feignait de ne rien voir car il était parfaitement ridicule de penser un instant venir dans une taverne et échapper à l'obligatoire marque d'appréciation masculine qui allait du simple regard à la discrète -mais au combien délicate- main au pétard, laquelle se soldait généralement par une gifle tout aussi délicate et surtout bien sentie, en passant par le simple et galant sifflement qui n'avait pas à rougir devant le commentaire suave et poétique du poivrot moyen avec deux grammes cinq d'alcool dans le sang. A la décharge d'Arsène, il était vrai qu'il y avait beaucoup plus désagréable que de se savoir couvé par le regard pénétrant d'un homme avenant.

Lacey manqua de pouffer de rire -de façon masculine!- quand il entendit son cher collègue de la police magique en rajouter une couche en ce qui concernait l'aimable Russel. Le Hawkesworth était on ne peut plus disposer à laisser son tactile ami tenter d'aller peloter quelqu'un d'autre que son auguste personne. Si c'était un médicomage, il aurait peut être en plus la chance de se faire soigner après s'être fait démonter le portrait. La réponse de leur ancien préfet suffit à transformer l'hilarité discrète de l'auror en un éclat de rire sonore qui finit dissimulé derrière sa main, un peu de distinction s'il vous plait. L'auror continua à secouer la tête de façon négative et baissa la tête pour sourire à son content. Savoir être désespérant mais le faire avec classe était un art auquel Arsène semblait rodé. Il avait bien attrapé le regard de l'autre qui lui avait gentillement demandé de laisser Russel en dehors de leur histoire d'hommes, s'abstint aussi de faire un commentaire et laissa Tim aller s'occuper de passer les commandes.

Les consommations sur la table, ou plutôt dans les mains de chacun des protagonistes de ces émouvantes retrouvailles, Lacey salua l'événement après que Tim et Edward l'eurent fait :

« Aux vieilles connaissances qui se retrouvent autour d'une table et à Poudlard -moins les serpentards-. »

Finit-il d'une voix calme pour corriger le policier. Vieilles rancunes tenaces? Du tout ! Il n'était pas dans le genre d'un gryffondor de garder des rivalités stupides de leur scolarité. Le sorcier fit tourner son verre quelques temps dans sa main pour admirer la couleur anisée du liquide avant d'en boire une petite gorgée. Le verre des GDF était un petit verre à liqueur et il comptait bien garder son verre un petit moment. Ce fut son désir de conservation qui sauva la table d'un remake du déluge de Noé quand un certain membre de la police magique mal avisé se crut malin de rappeler au pauvre homme qu'il était, un affreux incident qui lui avait valu une belle peur et un frère en colère. L'avada kedavra était une chose, Lawrence en colère en était une autre, une bien pire. Ce même sadique Lawrence Hawkesworth qui avait trouvé malin de lui coller une grande claque sur la brûlure pour lui rappeler -comme s'il en avait besoin- qu'un dos brûlé, cela faisait mal.

Cela évita le déluge mais, pas à Lacey de s'étouffer avec ce qu'il avait dans la bouche. L'auror posa rapidement son verre avant de se mettre à tousser comme un perdu. Il enregistra avec peine les voix des deux autres attablés, trop occupé qu'il était à étouffer. Sa majesté des écrevisses allait se retrouver avec un homicide involontaire sur les bras, tuer par ingestion d'alcool dans le mauvais tuyau, cela manquait de classe.
La quinte de toux passée, l'auror se tassa dans sa chaise et croisa les bras, sur la défensive et un brin grognon.

« Mes frasques m'ont valu de me rendre compte que l'UMA fait dans le diplôme mangemort maintenant et que ces têtes vides d'étudiants lisent n'importe quoi. »

Le sorcier grogna avant de rattraper son verre et faisant fi de sa préoccupation précédente, avala tout le verre d'une traite avant de le reposer sur la table et de se détendre un peu. Tim excellait vraiment quand il s'agissait de manquer de délicatesse. Ce fut seulement après ce commentaire grincheux que Lacey se rendit compte qu'Edward avait totalement compris de travers les propos de l'homme aux cheveux rouges. Le demi irlandais fixa l'oubliator avec incrédulité avant d'exploser de rire en comprenant ce que l'autre venait de sous entendre. Ce fut la seule réponse qu'obtint Edward à sa première question, la seconde était plus sérieuse. L'auror se passa une main nerveuse dans ses cheveux dans l'optique de désordonner un peu plus la masse châtain fièrement chaotique. Si ses parents n'étaient pas morts, Lacey aurait songé à les maudire pour lui avoir filé une chevelure pareille et puisqu'on était dans les 'si' : si Tim n'avait pas eu les cheveux couleur tomate trop mûre, il lui aurait presque envié la raideur splendide de ces derniers. Mais Tim avait les cheveux rouges dont le seul avantage était -selon Lacey- que s'il se retrouvait au chômage, il pourrait toujours postuler en tant que panneau de circulation moldu, pour remplacer les stops.

Son corps était sous l'effet de l'alcool qu'il avait avalé et le bout de ses doigts l'avait immédiatement piqué pour devenir totalement insensible, effet de la belladone sans doute. L'auror trouvait cette constatation intéressante et se promit de ré essayer avec une plus grosse quantité du même alcool. Pour l'instant, il se contenta de secouer la tête négativement à l'attention de l'homme à lunettes :

« T'occupe, c'est pas vraiment le moment de parler travail, Ed. Te sens pas obligé de faire comme cet abruti de Tim qui se croit intelligent de ramener du boulot dans une soirée entre potes. » Il plongea ses yeux verts dans ceux du policier, un pli narquois sur les lèvres. « Tu mériterais de me re-offrir un verre. »

Arsène semblait plus disposé à partir sur le sujet des filles, ce qui n'étonna pas le moins du monde le fonctionnaire. L'auror considéra un instant la proposition de l'homme avant de lever les épaules et de rire à nouveau :

« Toi t'es pas croyable. Non, je ne branche pas encore les étudiantes bien que je ne doute pas que tu ais de jolis brins de filles dans tes cours. C'est pas vraiment ma tranche d'âge. »

Il avait certes rencontré une charmante jeune femme de l'université mais la rencontre n'avait rien eu qui justifiait de prendre le risque de voir Vawdrey fourrer son nez dans ses affaires. Quand bien même, il avait fini par demander à cette Elanor s'ils pouvaient se revoir. Lacey ne savait guère ce qui lui avait pris de faire ça, ce qui lui avait d'ailleurs valut de se faire plaquer dans les règles de l'art avec vase, tasses, assiettes qui avaient volé dans l'appartement sans qu'il n'arrive à en placer une. Une pensée saugrenue fusa alors dans l'esprit de Lacey qui prit pour la seconde fois de la soirée son air dubitatif qu'il réserva cette fois ci à Arsène :

«Tu... dragues quand même pas tes étudiantes? »

C'était répugnant comme pensée. Pauvres filles. Cette bande de greluche en fleur toujours à rêver d'une aventure sentimentale avec un de leurs beaux professeurs. De malheureuses agnelles en face d'un séduisant grand méchant loup.

La soirée commençait à prendre un tour amusant. Malgré le fait qu'ils s'étaient tous un peu perdu de vue depuis quelques temps, les quatre amis firent vite remarquer qu'ils n'avaient rien perdu de leurs bonnes vieilles habitudes. Les trois anciens Gryffondor, notamment, s'étaient rapidement livrés au traditionnel échange de moqueries et autres allusions plus ou moins sous-entendues. Et comme il se devait dans une soirée entre hommes, le principal sujet de ces plaisanteries était la vie sexuelle des quatre compères. Bien entendu, celui qui fournissait le plus matière à parler était Arsène. Toutefois, Ed fit la preuve qu'un léger quiproquo et un esprit mal tourné – car oui, Ed avait un esprit mal tourné, ils en avaient maintenant la preuve – suffisaient pour qu'une innocente allusion au boulot devienne une blague à caractère sexuel. Homosexuel, même, pourrait-on préciser pour énerver encore un peu plus l'auror incriminé. Un sourire narquois accroché aux lèvres, Tim plongea une nouvelle fois dans sa pinte, ingurgitant une gorgée de l'excellente mousse. Ses trois camarades ne le décevaient absolument pas : quand il avait imaginé cette soirée, il visualisait déjà les conversations enflammées et les rires francs qui les accompagneraient. Il ne pouvait en être autrement étant donné les personnalités présentes à la table.

A son tour, Tim éclata de rire quand Arsène et Ed réagirent à sa petite saillie sur les aventures de Lacey sur le Chemin de Traverse. Ils avaient manifestement complètement compris de travers. Il s'agissait d'un banal accident, le genre de bagarres auxquelles l'auror était on ne peut plus habitué, et les deux bruns avaient interprété ça comme une nouvelle aventure sentimentale de leur collègue. C'était aussi pour ça que Tim aimait bien Ed : malgré son apparente timidité et un certain manque d'excentricité, il avait toujours le mot pour rire ! Certes, c'était souvent à ses dépends et bien malgré lui, mais les moqueries n'étaient jamais méchantes, et ils en avaient bien tous conscience. Du moins Tim considérait que chacun en avait conscience. C'est pour cela qu'il se refusa à mal prendre le fait que Lacey venait ouvertement de le traiter d'abruti devant les deux autres. En fait, c'était presque un terme affectueux...

« Et t'essayes de faire croire à qui que ça a à voir avec le boulot ? Je suis sûr que t'as adoré mettre un peu d'action chez ce bon vieux Fleury... »

Et il insistait, parfaitement. Mais en même temps, cette affirmation était on ne peut plus plausible. Lacey était connu pour aimer les situations musclées, et pour avoir la dégaine rapide. Certes, dans ce cas précis, éviter un Avada Kedavra était une version extrême de la bagarre d'étudiants, mais après tout, Tim n'avait aucune idée de ce qui s'était précisément passé. La faute au grand frère Hawkesworth qui avait soigneusement étouffé l'affaire et l'avait empêché d'enquêter plus loin. Toujours était-il que du point de vue du policier, cette histoire était désormais derrière eux et ne constituait plus qu'un amusant sujet de plaisanterie, même s'il se doutait que si Lacey recroisait le mangemort en herbe, il ne serait plus temps de plaisanter. Dans ces conditions, l'habituel manque de délicatesse de Tim ne pouvait que se révéler sous son plus beau profil, bien que l'alcool n'ait rien à voir avec ça. Il fallait plus d'une demi pinte pour émoustiller le solide policier. Sans lâcher Lacey des yeux ni se départir de son sourire, il plongea une nouvelle fois dans sa bière, un air de défi dans le regard. En reposant sa choppe, il fit cependant disparaître son sourire, affichant un sérieux volontairement surjoué.

« Et pour la deuxième tournée, ça serait avec plaisir, mais Ars' s'est déjà engagé, je voudrais pas qu'il rompe sa promesse et que ça lui pèse sur la conscience jusqu'à la fin de ses jours... »

Tim reçut tout de même avec un certain bonheur l'insistance du médicomage à parler de filles. Voilà au moins un sujet qui ferait consensus, qui intéresserait tout le monde et sur lequel les quatre compères ne risquaient pas de se disputer. D'abord parce qu'ils étaient plusieurs à convoiter la même jeune fille, ce serait nécessairement Arsène qui finirait par l'emporter. Ensuite parce que s'ils commençaient à se battre, Lacey leur mettrait promptement un pied dans la gueule, et ça n'en valait pas la peine. Enfin parce que Tim n'avait pas – ou du moins, espérait ne pas avoir – les mêmes goûts qu'Edward en matière de jeunes filles. Il fallait toutefois reconnaître que sur le sujet, c'était avant tout Arsène et Lacey qui étaient intarissables. Les deux ne mirent d'ailleurs pas longtemps avant de se moquer l'un de l'autre. En fait, Arsène semblait même avoir carrément choqué son collègue en sous-entendant qu'il était possible de draguer les étudiantes quand on était prof. C'était pourtant une idée fréquemment répandue, et même si Tim avait un peu de mal à imaginer son ami avec une gamine de 18 ans, ça ne le choquait pas outre mesure. Avec son inséparable tact, il s'intégra facilement à l'échange d'amabilités :

« Bah, elles sont majeures et vaccinées, non ? Et puis dis toi qu'en ce moment, Ars' n'a le choix qu'entre Russell et ses étudiantes, alors... »

Et la serveuse aussi. On avait failli l'oublier celle-là.

[HJ Qualité moyenne je m'en excuse :/:]

C’était assez incroyable de penser que certains étudiants de l’UMA se donnaient à de telles pratiques. Néanmoins quand il voyait les énergumènes qu’il avait dans son cours, cela ne l’étonna presque pas lorsque Lacey affirma que des mangemorts trainaient dans le bâtiment universitaire. Mais quand même, ça faisait froid dans le dos et on n’était décidément à l’abri nulle part. Mais ils en avaient déjà discuté le week end d'avant et Arsène avait déjà commencé à ouvrir l'oeil et à observer les étudiants de ses cours un peu plus assidument qu'auparavant, négligeant ces demoiselles.

Mais tu sais, je ne pense pas que l'UMA soit à remettre en cause. Les défenseurs de vous-savez-qui sont juste un peu plus âgés qu'à Poudlard.... et ont des moyens plus dangereux de le faire savoir.

Un court instant les sourcils d’Arsène se froncèrent et il reprit son sérieux. Il ouvrait l’œil depuis un moment déjà, mais les étudiants en question étaient bien plus discret que lors du temps de Poudlard où les Serpentards affichaient clairement leur position. A l'UMA chacun jouait un double jeu et il était impossible de connaitre les véritable intention des gens, d'où la difficulté de les mettre à jour. Mais c’était tout bonnement scandaleux de laisser de telles pratiques se développer sous ses yeux et ceux de ses collègues également dans l’Ordre du Phénix pour quelques uns, il fallait agir et vite. Mais Lacey avait raison, il ne fallait pas qu’ils se laissent envahir par le boulot, ce soir était une soirée de retrouvailles et c’était hors de question de la gâcher avec des discussions ennuyeuses, surtout qu’il y avait de la viande fraiche dans l’air et que la bière était bonne. Parlant de bière, la sienne arrivait d’une manière alarmante à son terme et il lui faudrait en recommander une très vite s’il ne voulait pas se déshydrater rapidement. Retrouvant son air détendu, il adressa un clin d’œil au chatain lorsqu’il lui affirma que les étudiantes ne faisaient pas parties de sa tranche d’âge de prédilection. Après tout, il était libre de choisir ses copines où il le voulait et comme il le souhaitait.

«Tu... dragues quand même pas tes étudiantes? »

Le nez enfouit dans le reste de sa bière, le médicomage releva la tête pour éclater de rire et lancer un regard stupéfait à l’auror. Ben voyons ! Il allait se gêner de profiter de ce qu’il avait à disposition. Surtout que c’était bien connu qu’un étudiant choisissait son cours en fonction de ses professeurs, et là je vous parle des garçons comme des filles.

Tu plaisante j’espère ? Tu crois que c’est moi qui les drague ? Je n’ai même pas besoin d’aller les chercher, elles se pavanent spontanément en mini jupe et me collent leurs décolletés sous le nez durant mes cours. Alors non je ne les drague pas mais je ne me prive pas…

Il secoua la tête d’incrédulité devant tant de naïveté émanant de la bouche de Lacey – encore venant d’Ed il ne se serait pas formalisé. Depuis quand les étudiantes étaient-elle des filles prudes qui cherchaient le prince charmant ? Même à son époque c’était des véritables chasseuses d’hommes. Bien sûr il ne fallait pas partir dans des généralités et oublier les étudiantes studieuses et désintéressées et celle qui effectivement attendait que leur prince leur tombe sous le nez et ça il en avait quelques unes égarés dans son cours qui faisaient remonter le niveau. Mais quand même, la grande majorité de ses étudiantes étaient des bêtes assoiffées de chaire fraiche jeune ou pas. Alors non, il n’allait pas être outré de se faire ses étudiantes, surtout que comme le soulevait Tim, elles étaient adultes et consentantes.

Tu devrais faire pareil Lacey, il y en a qui en valent la peine crois moi.

Finissant sa pinte, Arsène se leva au moment où la serveuse débarqua auprès d’eux et l’aborda… Heu… Enfin non à la réflexion elle aborda Edwardounet ce qui arracha un haussement de sourcils surpris de la part du brun qui ne comprenait plus ce qu’il se passait.

Un sourire en coin se dessinant sur son visage, il lança un regard à Tim pour lui faire comprendre qu’il n’allait pas manquer de lui rendre la pareille. Et non, il ne se contenterait pas de Russel, c’était hors de question au contraire il allait déjà bien trouver un moyen de le lancer aux trousses du rouge. Dissimulant un fou rire à la vue de la tête que tirait Edward, Arsène s’éclaircit la voix et plongea son regard noisette dans celui de la serveuse qui dégna bien lui jeter un faible regard alors qu'il posait une main dur sur l'épaule du binoclare qui était à sa disposition.

Hé bien Mademoiselle je vous présente Edward. Je pense qu’il va vous faire une place à coté de lui si vous nous ramenez de quoi continuer la soirée.

Non seulement il venait d’enfoncer Edward bien profondément dans son siège qu’il ne l’était déjà, mais en plus il allait bien rire. Finalement l’idée de Tim n’était pas si bête que ça et il n’allait pas se priver de voir Mole s’humilier tout seul devant les trois anciens gryffondor.

Pour ma part je vais reprendre une pinte.

[heureusement que Ars m'a dit récemment que c'était à moi de répondre, j'avais pas vu ]

« Et la même chose pour moi ! »

Les trois anciens Gryffondor faisaient preuve d'une originalité à toute épreuve. Il suffisait que l'un d'entre eux commande une pinte pour que les deux autres s'engagent dans la brèche et fassent de même. Il faut dire qu'il était de coutume, quand ils se retrouvaient à plusieurs, que le breuvage partagé ne fût pas de l'eau. D'autant plus que selon un théorème difficilement explicable mais indéniablement humain et masculin, plus les occasions de boire étaient rares, plus les beuveries effectives étaient intenses. Les quatre mousquetaires n'ayant pas passé une soirée ensemble depuis des lustres, les anciens rouge et or semblaient bien décidés à tester le stock de bière du Chaudron Baveur, juste pour voir si celui-ci était aussi intarissable qu'on le prétendait. Et puisqu'ils avaient une serveuse à portée de main, toute disposée à les abreuver, ils n'avaient aucune raison de se priver.

La présence de la serveuse était à bien des égards une excellente nouvelle pour le déroulement de la soirée. Certes, Tim aurait bien poursuivi la conversation sur les affinités sexuelles d'Arsène, ne serait-ce que pour en apprendre plus sur ces fameuses étudiantes qui, semblait il, jouaient à agiter leurs attributs sous le nez de leur professeur. La conversation aurait pu être d'autant plus intéressante que Lacey jouait le gars outré, alors qu'il semblait bien au policier que son ami avait récemment rencontré une jeune étudiante et qu'il était prévu qu'ils se revoient. Mais cela pouvait attendre, après tout les occasions pour se moquer les uns des autres ne manquaient pas. Tandis que les soirées où Edward se faisaient ouvertement draguer, qui plus est par une jeune femme plutôt jolie, étaient nettement plus exceptionnelles.

Un coup de pied atterrit brutalement dans le tibia du policier, qui étouffa un juron avant d'adresser à Lacey, évidemment coupable, un regard faussement énervé. Il fit balancer sa chaise en arrière tout en s'appuyant contre le dossier, de manière à se retrouver dans le dos de la serveuse et d'Edward, mais juste en face des deux autres compères. Un large sourire moqueur en travers de la face, il leva le pouce en leur direction, signifiant qu'il avait compris le message et qu'ils allaient bien s'amuser. Revenant à une position normale, il sortit sa baguette qu'il agita pour qu'une nouvelle chaise vienne se placer entre Edward et Arsène, sur laquelle leur nouvelle amie pourrait prendre place. D'un geste, il l'incita à s'asseoir.

« Je m'appelle Tim, lui c'est Arsène, et ça c'est Lacey... Nous sommes des amis d'Edward, le brillant oubliator assis à côté de vous. »

Voilà qui était complètement dépourvu de subtilité, mais la jeune fille semblait tellement décidée à fixer le petit brun avec des yeux de merlan frit que cela n'avait pas grande importance. La seule chose qui comptait était de faire prendre conscience à Ed qu'il n'avait aucun intérêt à fuir en courant si la jeune femme s'approchait à moins d'un mètre de lui. Connaissant quelque peu l'énergumène, c'était pas forcément gagné. Avant d'aller plus loin, Tim finit d'un trait ce qu'il restait de bière au fond de sa pinte.

« Donc, Ed, tu étais en train de nous raconter cette intervention sur le lieu d'une attaque de mangemorts... Ça devait être sacrément flippant, non ? »

Dans un timing parfait, à peine la phrase était elle terminée que trois nouvelles pintes se posèrent sur la table. La serveuse semblait bien décidée à rester quelque temps à leur table si les commandes se passaient maintenant toutes seules. Bon point.