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 Talismans et souvenirs. [PV : Lynn Bower]
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MessageSujet: Talismans et souvenirs. [PV : Lynn Bower]   Talismans et souvenirs. [PV : Lynn Bower] EmptySam 3 Avr - 16:39:10

Talismans et Souvenirs.


Un soir, dans une salle de classe vide...

* * *

De laiteux rayons de lune dégoulinaient par les vitres embuées et glacées du château pour se répandre en flaques argentées sur les dalles de pierre, avant de ruisseler en serpentant à travers les ombres pour mieux se perdre dans le néant. Le crépuscule était là, et avec lui le massif édifice de granit, vautré au bord du lac, allait s'assoupir et s'avachir dans un sommeil lourd et fiévreux. Une à une, les fenêtres orangées s'éteignaient comme autant de paupières que l'on ferme et comme autant de chandelles d'espoir que l'on mouche. Le joyeux brouhaha qui avait fait suite au retour des élèves dans leur salles communes après le traditionnel souper du soir c'était tu, progressivement étouffé par le zèle des Miliciens. Poudlard se préparait à passer une nouvelle nuit, dans un lit de ténèbres et de terreurs. Ses couloirs d'ordinaires royaume des rires et des chants, n'étaient plus que des cimetières abandonnés, où un vent de haine sifflait entre les tombes érodées de l'amour et de la tendresse.

Ah Poudlard, qu'es tu devenu ? Du haut de leur cadres dorés, les tableaux pleuraient des larmes amères, sur cette déchéance, et cette tragédie dont ils avaient vu se jouer les actes avec une précision de métronome infernal. L'harmonie des quatre Fondateurs était brisée, de l'Aigle on ne voyait que le bec acéré, du Blaireau on n'entendait que les grognements hargneux, du Lion on ne sentait que les crocs puissants et du Serpent on ne craignait que les sifflements pervers. Partout la guerre avançait, et ses ricanements belliqueux se mêlaient aux claquements des bottes des patrouilles de la Milice Pourpre. Avec la mort de son Sage Directeur, le château avait égaré son âme, et en était devenu méconnaissable. Ses statues d'ordinaires ridicules et grotesques, se faisaient maintenant menaçantes, et des reflets sanglants s'allumaient dans leurs yeux de marbre, lorsque un élève tremblant osait passer devant leurs antres. Les tapisseries avaient perdu leurs couleurs, pour revêtir une robe morne et maussade ; une robe de deuil. Cette pluie de tristesse qui avait frappé le château, en avait lavé les pigments et noyé les chandelles, pour le transformer en une ruine sordide et malsaine.

Keith était perdu. Jadis, son instinct se suppléait à sa mémoire défaillante pour lui faire franchir les porches et les escaliers tortueux, qui constituaient ce labyrinthe minéral, mais ce soir tout était différent. Ombre parmi les ombres, il tournait un rond, désorienté, et prisonnier de cet édifice dont le plan se révélait indéchiffrable et impénétrable à son esprit. Il s'en voulait...Il c'était trop attardé à la bibliothèque, pour éviter ses congénères, et voilà qu'il était seul. Il se faisait l'effet d' un petit animal acculé loin de son terrier, qui voit s'allumer les regards affamés de meutes de hyènes portant sur leur poitrail l'araignée noire de leur infamie. Ce n'était plus qu'une affaire de minutes, avant qu'il ne se fasse attraper par un chien de garde.

Il traversa une galerie plongée dans le plus grand silence, où ses pas résonnaient comme autant de coup de tonnerre devant guider la meute de ses ennemis. Sa cape bleu et argent, voletait derrière lui, accompagnant sa démarche inquiète et nerveuse. Il leva un regard interrogateur vers une gargouille grimaçante, mais cette dernière l'ignora superbement trop heureuse de contempler la détresse de l'Aigle.

Au loin un chat miaula lugubrement...Sombre Présage ?

Les couloirs s'étiraient et s'enroulaient paresseusement sur eux même, comme autant de reptiles assoupis et alanguis. Insidieusement, le labyrinthe de pierre resserrait ses anneaux autour du jeune homme qui tournait en rond. Son front plissé trahissait les efforts de concentration qu'il faisait pour faire voler en éclat le voile noir de son amnésie. Il le connaissait parfaitement ce chemin, ses chaussures en avait parcouru les dalles érodées des centaines de fois, et son regard en avait caressé les vitraux des dizaines de fois ; il aurait du s'y retrouver...Mais rien n'y fit...Il avait l'impression de nager dans un brouillard grisâtre, qui dévorait les couloirs à mesure qu'il les traversaient, pour mieux les faire réapparaitre quelques mètres plus loin. Ce spectacle pathétique, et Oh ! combien ridicule, d'un cinquième année redécouvrant le château à la manière d'un premier année aurait pu être amusant, mais dans ce crépuscule spectral il prenait des aspect de comédie grinçante. Un témoin attentif, aurait été surpris de voir passer cette silhouette sombre, au visage d'une pâleur cadavérique, qui errait comme une âme en peine en proie à la plus démente des démences.

Loin, très loin le gong de bronze et d'airain frappa huit coups prophétiques. Des notes lourdes et menaçantes franchirent les différentes murailles pour hurler au Serdaigle des avertissements glaciaux : la chasse était lancé, les araignées allaient tendre leurs toiles. Désespéré Keith se laissa tomber au pied d'une statue féminine, et appuyée contre la volumineuse robe de marbre, il ferma les yeux, bien décidé à attendre la curée.

Il aurait pu rester dans cette prostration de pèlerin pendant de longues heures, mais les Parques en décidèrent autrement. Un frôlement le fit sursauter, il bougea brusquement, et sentit une infime piqure contre sa cuisse. Quelques gouttes de sang perlèrent dans son pantalon. Surpris l'Aiglon glissa une main dans sa poche pour en ressortir sa plume, c'est elle la traitresse qui venait de le mordre et de se rappeler à son bon souvenir. La pointe en était rougie, et le feuillage tordu, amusé, il laissa sa main tracer inconsciemment quelques lettres...treize petits caractères sanguinolents vinrent orner le piédestal de la statue comme une preuve de son passage et de son amour...

Le pouvoir des mots, le pouvoir de l'écriture, le pouvoir des noms...Keith y avait toujours cru, et y avait placé une grande foi. Coucher ces signes tièdes sur la pierre froide fut salvateur pour lui. Un visage aux yeux verts s'imposa dans son esprit, et une main fraiche se posa avec tendresse sur son front affolé. Il se redressa, sans effort, alors qu'un nom résonnait dans sa tête, comme un appel à se battre, à ne jamais abandonner ; toujours lutter au moins pour l'honneur, juste pour être fier...comme elle.

La brume opaque qui alourdissait ses sens et ses pensées n'était plus. Et son âme se redéploya avec vigueur et grandeur, il était redevenu un aigle qui s'envolait loin de ses instincts primaires et bestiaux ; loin de la peur et de la crainte. Il n'aurait pas le temps de retourner au nid, non il lui fallait se trouver un perchoir temporaire, un abri qui lui permette d'échapper aux hordes grimaçantes de ses adversaires. Des ailes d'acier inconscientes battirent avec puissance et souplesse pour éloigner les nuages qui assombrissaient son regard, et il se sentit revivre.

Il se retourna, et adressa un salut de la tête à la statue qui l'avait laissé se blottir avec douceur dans l'épaisseur rassurante de sa robe de pierre - et croyez le si vous le voulez – il crut voir Rowena Serdaigle lui adresser en retour un clin d'œil encourageant, sous son diadème de marbre.

Premier étage...

Tout lui revint, et apaisé il se laissa submerger par la vague rassurante de ses souvenirs.

Les salles de classe vide s'alignaient devant lui, comme autant de cavernes protectrices capable de lui offrir l'asile le temps que passent les premières patrouilles.

Il appuya sur une poignée ouvragée avec douceur, cette dernière ne résista pas, et l'huis de chêne tourna sur ses gonds avec la grâce d'une danseuse étoile. Quelques grincements, et autres gémissements des ferronneries firent voler en éclat le silence et le calme qui régnaient dans ce tombeau pas si mort que cela...

Keith rentra en vitesse et referma la porte.

Il se maudit pour sa précipitation, il se maudit pour son inconscience, il se maudit pour sa malchance.

La salle n'était pas vide...Une chandelle brulait...Et quelqu'un travaillait...
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  • Lynn Bower
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MessageSujet: Re: Talismans et souvenirs. [PV : Lynn Bower]   Talismans et souvenirs. [PV : Lynn Bower] EmptyDim 4 Avr - 10:12:31

Éclairée à la lueur d'une bougie, discrète et silencieuse, Lynn se consacrait à la création d'une amulette.

Depuis quelques temps, elle avait pris l'habitude de s'isoler, une fois le soleil couché, dans une salle de classe déserte pour y travailler. Ainsi, au calme, elle n'avait pas à subir les regards curieux de ses camarades et évitait les problèmes. Il valait mieux ne pas donner de nouveaux prétextes aux Carrows pour lui rendre la vie impossible. Ils s'y prenaient déjà très bien sans son aide.

Kitty, sa petite chatte noire, l'accompagnait dans ses virées nocturnes, se frottant contre ses jambes en ronronnant de satisfaction ou faisant une petite sieste sur ses genoux. La jolie lionne appréciait cette compagnie agréable dont la présence apaisante lui donnait un sentiment de sécurité.

Sur la table se trouvaient de nombreux ouvrages ouverts que Lynn feuilletait avec maîtrise. Sur le coin de la table, un petit coffret de bois contenait tous les matériaux de bases dont elle avait besoin pour ses créations : des disques de bois ou de métaux non précieux, des lacets de cuirs, des pierres taillées de toute sortes et quelques autres accessoires qu'elle s'était procurés au cours des derniers mois.

Alors qu'elle feuilletait un livre de runes anciennes, elle eut un mouvement brusque et le petit coffre se renversa sur le sol, éparpillant son contenu sur le sol poussiéreux.

Lynn pesta intérieurement alors que Kitty montrait sa désapprobation dans un grand et long miaulement plaintif.


"Chut..." Murmura Lynn en posant un doigt sur ses lèvres. " Je fais bien assez de bruit toute seule sans que tu n'en rajoutes !"

Elle s'agenouilla sur le parquet grinçant pour récupérer les éléments du coffrets et soupira. Un "Lumos" lui permit d'y voir plus clair quelques instants afin de trouver la plus grande partie des pierres dispersées mais il lui sembla tout de même qu'il lui en manquait quelques unes.

La rouge et or haussa les épaules et retourna s'asseoir. Elle viendrait un peu plus tôt le lendemain afin de pouvoir inspecter le sol à la lumière du jour.

Elle reporta son attention sur sa création en cour. Un amulette de cuivre incrustée d'une pyrite, une pierre dorée à l'éclat métallique. Sa constitution rigoureuse améliorait les facultés intellectuelles de son porteur, stimulant son sens de l'organisation et sa mémoire.
Lynn y gravait, à la baguette, un enchevêtrement de runes qui donneraient davantage de pouvoir à la pierre.

C'était, en réalité, la partie la plus compliquée. Créer le charme de rune nécessitait beaucoup de préparation et de recherche et il était différent pour chaque amulette, en fonction de l'effet recherché.

Concrètement, pour celle qu'elle était en train de terminer, le charme qu'elle mettait en place devait permettre au propriétaire de l'amulette de réfléchir mieux et plus vite. Ce qui pouvait toujours être utile de diverses manières.

Bien sûr, n'ayant pas de propriétaire désigné, elle était moins efficace qu'une amulette qu'on avait créé pour une personne en particulier. Ces liens-là, davantage compliqués, étaient également redoutablement plus efficaces. Mais Lynn était dans une période d'essais et elle tentait toutes sortes de choses.

Le dernier symbole gravé, l'amulette se mit à luire légèrement pendant une poignée de seconde. Lynn la prit précautionneusement entre ses doigts et ressentit un léger picotement.

Soudain un grincement lui fit relever la tête et sa main libre se referma sur sa baguette dans sa poche. Un mauvais réflexe qu'elle avait pourtant tenté de réprimer, mes l'amulette devait faire son effet. Il lui fallu très peu de temps pour analyser le nouveau venu. Malgré le faible éclairage, elle le reconnu. Un serdaigle, qu'elle connaissait de vue mais surtout de réputation pour être le cousin de Pénombre Craft. Et cette dernière pensée n'était pas pour la rassurer. Pourquoi était-il là ? Faisaient-il partit de la milice pourpre ? Avait-il suivit sa trace d'une quelconque façon ou était-il arrivé ici par hasard ? Elle scruta son visage et se détendit légèrement. Il avait l'air aussi inquiet qu'elle et visiblement ne s'était pas attendu à rencontrer qui que ce soit...

Elle sortit sa main de sa poche, y laissant la précieuse baguette de bois et lâcha l'amulette, légèrement étourdie par un trop plein d'informations. Au moins, cela fonctionnait-il à merveille. Maintenant qu'elle n'était plus sous le charme, elle voyait moins bien son visage alors qu'elle était persuadée d'avoir vu l'éclat de ses yeux bleus à peine un instant auparavant.

Kitty s'approcha sans crainte du nouveau venu et vint marquer son territoire en se glissant entre ses jambes en ronronnant.

Cela sembla rassurer Lynn qui offrit un sourire au nouveau venu:


"Tu fuis quelque chose...?" Demanda-t-elle dans un chuchotement.

*Ou quelqu'un ?*

Au moins avait-il refermé la porte derrière lui. Elle espérait vraiment ne rien avoir à craindre de lui. Mais il allait lui falloir un peu de temps pour en juger...


"Je peux t'aider ?"
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MessageSujet: Re: Talismans et souvenirs. [PV : Lynn Bower]   Talismans et souvenirs. [PV : Lynn Bower] EmptyDim 11 Avr - 0:10:56

Croyez vous au destin Mr Craft ? Étrange question qu'une voix ironique et désincarnée posa inconsciemment au jeune homme lorsqu'il referma doucement la porte derrière lui. Comment aurait il pu ne pas y croire ? Toutes les pages noircies du sang d'encre de sa mémoire de papier n'étaient que des jalons, rien de plus que des bornes guidant impitoyablement l'Aiglon vers sa fin. Lorsque le soir venu, sa main agile se mettait à trancher, à découper et coller dans ses carnets bleus de petits souvenirs glanés au fil de la journée, alors il ne pouvait s'empêcher de constater amèrement qu'il était en train d'écrire sa propre tragédie. Peu importe à quelle vitesse brûle la chandelle, il y a fatalement un moment où il n'y aura plus de cire, et où la flammèche se noiera dans ses propres déchets. Bien sur que l'on peut tenter de ralentir ou d'accélérer sa combustion, mais tout cela n'est que poudre aux yeux car la lourde faux de la fatalité tranche sans efforts les frêles remparts de papier que les mortels tentent de lui opposer.

Les Parques – les gardiennes des lignes de vie des mortelles – actionnaient sans cesse une énorme roue d'acier qui menaçait à chacune de ses rotation d'écraser et de pulvériser le Serdaigle. Il suait sang et encre pour la ralentir, mais toujours ses barricades explosaient sans parvenir à dévier d'un pouce le destin de son axe. Qui étaient les dramaturges aussi géniaux que sadiques qui avaient organisé et planifié sa descente aux Enfers ? Keith n'en avait aucune idée, mais à défaut de voir leurs masques grimaçants, il pouvait sentir la lourde chaîne de plomb qu'ils lui avaient passé autour de cou et dont la traction vers la damnation se faisait à chaque instant plus forte. Loin, très loin de lui, dans une forge enfumée naissaient les maillons d'acier qui viendraient renforcer ses liens. Un à un, les petits cercles métalliques venaient s'ajouter à la somme des tourments qui pesaient sur son âme maudite. Mais de tous ceux qu'il portait, le plus terrible était surement celui gravé du sceau de passions aussi répréhensibles que contre nature à l'égard de celle qui visitait ses nuits et assombrissait ses journées.

Pouvait on imaginer plus belle partition pour un requiem ? Keith n'avait vu passer que quinze hivers, et pourtant ses carnets débordaient et dégoulinaient de drames sanglants qui se perdaient en lamentions entre les pages tachées. Il avait vu les flots refermer leur suaire d'obscurité sur le visage mouillé de larme de sa sœur, il avait entendu les cris déchirants de sa mère lorsque son Père lui avait brisé les doigts, il avait senti les grondements du mépris de son géniteur lorsque ce dernier avait compris que son fils ne serait jamais rien de plus qu'une larve à l'esprit désespérément blanc ; autant de chagrins, autant de notes à la sordide musicalité qui s'inséraient à merveille sur la partition mélancolique de l'orchestre de sa vie.

Pourtant ce soir, une note beaucoup plus douce, beaucoup plus tendre résonna aux oreilles du jeune homme lorsqu'il referma la porte derrière lui, et se tourna vers celle qu'il venait de déranger.

Ce fut comme si le destin venait de faire une pause. Le gong d'airain qui accompagnait d'ordinaire de ses martèlements et de ses halètements affamés, la déchéance de l'Aigle fit silence pour quelques instants bénis. A aucun moment il ne se serait attendu à la croiser...Qui était elle d'ailleurs ? Keith n'en avait pas la moindre idée, mais il ne faisait aucun doute qu'elle n'était pas avec eux, qu'elle ne faisait pas partie des patrouilles aux capes d'ombres, qui rodaient dans les allées brumeuses du château. Son cœur qui avait sursauté lorsqu'il avait constaté avec terreur qu'il n'était pas seul dans la classe, se calma et se mit à battre plus doucement, presque avec légèreté. Ses yeux habitués à regarder pour l'éternité embrassèrent alors sa mystérieuse hôtesse.

Il fut tenté de sortir son carnet pour la décrire car il faisait confiance à sa plume pour échapper aux illusions et aux mirages des corps pour mieux en explorer les âmes, mais il se reprit vite et chassa cette envie déraisonnable. Il n'avait pas envie de lui faire peur, il ne voulait pas qu'elle s'angoisse à cause de ses excentricités.

Par quoi commencer, qu'est ce qui marqua le plus Keith lors de ce premier contact ? Peut être le regard envoutant de sa condisciples, ces deux yeux aussi gris que les siens qui semblaient dissimuler derrière l'écume de leur océan les épaves de lourds secrets. Peut être sa beauté délicate et fragile, couronnée d'une chevelure soyeuse dans laquelle s'amusait à danser les ombres sauvages que projetait l'unique bougie dans la pièce. Peut être sa douceur qui semblait à même de calmer d'une caresse ou d'un murmure le plus terrifiant des fauves. Ou peut être sa maitrise d'elle même, ce calme et cette confiance en elle dont elle fit preuve lorsqu'il pénétra dans son domaine. Il se promit d'en faire plus tard une description aussi précise que possible et espérait pouvoir retrouver avec le temps les mots capables de rendre grâce à l'harmonie de cet instant.

Son instinct de Craft, ces pulsions sanguinaires ancrées dans ses gènes par le poids des traditions meurtrières de sa monstrueuse dynastie, lui commandait de dégainer sa baguette et de l'agresser pour s'assurer de son silence. Mais il n'en fit rien, comme un dompteur qui fait reculer un tigre d'un simple regard, il fit claquer un fouet mental qui calma les rugissements destructeurs de ses instincts. Elle ne lui voulait pas de mal ! Il ne pouvait en être sur, mais aimait à croire qu'il pouvait se fier à elle. La raison d'une telle absence de méfiance était à chercher dans les intimes convictions du jeune homme qui pensait qu'il demeurait encore des gens honorables dans ce château pourtant abandonné aux spectres grinçants de la haine et de la violence.

Aussi, c'est avec plaisir qu'il reçu les premiers murmures qu'elle lui adressa. Ces quelques mots, posèrent entre eux les fils et les esquisses d'une complicité naissante.

-Oui, comme tout le monde je pense...Il avait répondu avec douceur sans se soucier des brins de mélancolie qui se glissaient insidieusement dans le flot de ses paroles. Je fuis la peur, je fuis l'ombre...Je ne cherche qu'à échapper aux horreurs que les Carrows ont libérées.

Les Crafts portaient sur leur blason un dragon, mais il aurait été plus approprié d'y faire apparaître un félin. En effet il suffisait de contempler les tableaux familiaux qui supportaient les languides silhouettes des ancêtres de la lignée, pour saisir la couleur du sang animal qui coulait dans les veines de la Maison . Les peintres en charge d'immortaliser ces monstres, n'avaient pu faire autrement que de donner à tous des regards scintillants de prédateurs. Les pinceaux, et les pigments n'avaient pu effacer leur élégante sauvagerie, qui dissimulait derrière un pelage de velours d'exquises cruautés. Enfin que pouvait dire le spectateur confronté aux charmes voluptueux et vénéneux qui s'échappaient des toiles comme un parfum capiteux ? Panthères, tigres, lynx, partout ce n'était que griffes acérés et prunelles fendues qui ronronnait pour mieux vous assassiner. C'est pour cela que Keith se pencha sans hésiter pour recueillir avec douceur dans ses bras, la chatte qui était venue se frotter à ses jambes. Pouvait on imaginer plus beau tableau ? pensa l'aiglon avec une ironie grinçante, en caressant le doux pelage du félin.

-Je suis vraiment désolé de t'avoir dérangé...Je croyais qu'il n'y avait personne dans cette salle. Mais maintenant à cause du couvre feu, je risque de t'imposer ma présence pendant un petit moment. Au fait, il inclina la tête vers elle, je me nomme Keith.

Il n'avait donné que son prénom, il n'avait pas envie de faire résonner son patronyme dans cette salle ; comme soudain pris à la gorge par un accès de superstition, il craignait que ce dernier n'attire sur eux les foudres des cerbères qui grondaient derrière les portes closes du castel.

-Quand à mon nom de famille...Un demi sourire gêné éclaira son visage...J'ai un peu de mal à le porter, dès fois je me dit qu'il est trop lourd pour mes pauvres épaules...Surpris de ne pas y avoir pensé plus tôt, il détourna la conversation pour l'interroger sur un tout autre sujet.Au fait quel est ton nom ? Je pense que nous avons déjà du nous croiser, mais j'ai vraiment du mal à fixer l'identité des personnes que je fréquente.

Ce n'était qu'une demi confidence, mais elle blessa l'orgueil du Serdaigle lorsqu'il l'énonça. Il détestait passer pour hautain et méprisant juste parce qu'il oubliait fatalement le nom de ceux qui partageaient son existence. S'approchant à pas mesurés de la table de travail de la Gryffondor, il y déposa le chat, non sans lui donner une dernière caresse.

-C'est un bel animal. Mais peut être un peu petit pour protéger sa maitresse lorsqu'elle brave les interdits et les décrets d'éducation.

Il n'avait pas prononcé ces paroles méchamment mais à peine eurent elle échappées à son contrôle qu'il se maudit pour son manque de tact. Ce n'était pas ses affaires, il n'avait pas à s'immiscer dans sa vie privée.

Son regard se détourna du félin, pour survoler avec surprise le plan de travail encombré sur la table. Le mystère s'épaississait et sa gêne augmentait à mesure qu'il prenait en compte qu'il avait pu interrompre ou faire échouer une expérience qui le dépassait. Il aurait bien voulu lui demander ce qu'elle était en train de faire mais sa timidité prit le dessus sur sa curiosité et il se tu, ravalant au fond de lui sa soif de connaissances et de découvertes.
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MessageSujet: Re: Talismans et souvenirs. [PV : Lynn Bower]   Talismans et souvenirs. [PV : Lynn Bower] EmptyDim 11 Avr - 9:30:15

Lynn croyait-elle au destin ? Cette étrange question avait souvent troublé l'esprit de la jolie gryffondor au cours des années. Toutes les épreuves et les souffrances qu'elle avait subit avaient indubitablement conduit à cette interrogation... Car il devait forcément y avoir une raison à tant de haine et de douleur, n'est-ce pas ?

Pendant de longues années elle avait payé au centuple chaque minuscule parcelle de bonheur auquel elle avait eu le droit. Elle avait finit par croire que tel était peut-être le destin de la pathétique, inutile et soumise petite Lynn. Et puis, contre tout attente, à chaque fois, dans les moments les plus sombres, un brin d'espoir surgissait et elle s'y accrochait de toutes ses forces.

Oui, sûrement y croyait-elle. Destinée à pourfendre les obstacles, toujours plus grands, toujours plus effrayants. Destinée à s'en sortir. Destinée à quelque chose de noble et de bon, qui parviendrait à dissiper les ténèbres qui lui collaient à la peau.

Le hasard n'avait plus de place dans la vie de la sage lionne. Elle avait compris que chaque décision, chaque rencontre, tissait indubitablement les fils de son destin.

Autrefois, elle était incapable de reconnaître ces instants, mais aujourd'hui, il lui semblait parfois, fugacement, que quelque chose était en train de se jouer dans les méandres de sa vie.

A l'instant où ses yeux croisèrent ceux du Serdaigle, elle eut cette impression. Cette rencontre allait changer quelque chose.

Dans un chuchotement, elle lui demanda s'il fuyait quelque chose. Elle acquiesça à sa réponse. Oui, ils fuyaient tous quelque chose. Savoir qu'il craignait lui aussi les foudres des Carrows acheva de la rassurer.

L'aiglon prit la chatte dans ses bras pour la câliner, ce que l'animal sembla apprécier. Il s'excusa de son interruption, expliquant qu'il s'attendait à trouver la pièce déserte.

Lynn lui offrit un sourire radieux, à la fois amusé et bienveillant :


"En fait, je ne peux pas t'en vouloir, car c'est exactement la raison pour laquelle je l'ai choisie ! Mais ne craint rien, ta présence ne me dérange pas."

Il se présenta, omettant volontairement son nom de famille avant d'expliquer que ce dernier était lourd à porter. Ô comme elle le comprenait ! Il lui arrivait si souvent de souhaiter porter un tout autre patronyme. Les gens la regardaient souvent avec une surprise mêlée de crainte lorsqu'elle avouait être une Bower. La réputation de ses frères, et de feu son père, n'étaient plus à faire et les gens parvenaient difficilement à associer la douceur et la gentillesse de la gryffondor à sa famille. Parfois ils devenaient suspicieux, s'attendant à voir ressurgir les tares familiales chez ce petit bout de femme en apparence innocent, et ils préféraient par la suite l'éviter. Heureusement, tous ne réagissaient pas ainsi.

Lui était un Craft, et elle se doutait qu'il devait faire face aux mêmes réactions.


"Je comprends parfaitement, crois-moi." Lui assura-t-elle, compatissante.

Elle ne trouvait pas très juste de lui cacher son nom alors qu'elle connaissait le sien mais il l'ignorait et, ne voulant pas le mettre mal à l'aise, elle se contenta de répondre:

"Enchantée, Keith, je m'appelle Lynn."

Ils partageaient quelques cours mais la jolie lionne préféra ne pas le préciser, de toute façon c'était la première fois qu'ils s'adressaient vraiment la parole.

Le jeune homme se rapprocha de l'espace de travail improvisé de la rouge et or et y déposa Kitty qui sauta très vite à terre pour aller se lover contre les jambes de sa maîtresse.


Citation :
-C'est un bel animal. Mais peut être un peu petit pour protéger sa maitresse lorsqu'elle brave les interdits et les décrets d'éducation.

Lynn acquiesça et laissa échapper un petit rire:

"Elle n'a pas cette prétention ! Elle me tient seulement compagnie..."

Elle hésita un instant et haussa les épaules:

"J'aime à croire que je suis assez discrète pour ne pas être découverte... Les Carrows ne me portent pas dans leur cœur et braver ainsi leur règlement est totalement inconscient de ma part. Mais... j'en ai besoin.."


Elle ne supportait plus de rester enfermée dans son dortoir. Ou qu'elle aille, quoi qu'elle fasse dans la journée, elle avait toujours cet horrible sentiment d'être épiée. Au moins, ici, au beau milieu de la nuit, elle respirait.

Lynn perçut le regard du Serdaigle qui se détourna du chat pour analyser le bureau. La petite gryffondor crut y déceler une étincelle de curiosité mais le bleu et bronze ne broncha pas.

Pourtant, en confiance, Lynn se laissa aller à quelques explications:


"Ho, ce n'est pas grand chose... juste une occupation.. je m'essaye à la création d'amulettes de protection et de talismans en tout genre."

Son carnet de croquis trônait fièrement au milieu de tous ses ouvrages et son matériel, dévoilant quatre ou cinq modèles au design différent. Car si elle s'intéressait aux pouvoirs et bienfaits que ces bijoux pouvaient avoir, elle aimait les personnaliser et y apporter une touche spéciale, unique pour chacune d'entre elle. Certains pouvaient passer pour de simple bijoux, les rendant à première vue inoffensifs, d'autres où l'aspect magique était volontairement mis en avant pour intimider celui qui les voyait.

Lynn designa une chaise et invita le jeune homme à s'installer près d'elle.
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