Blanche avait observé le restant de ses chocolats aux éclats d’orange pendant quelques minutes, se disant que tout ceci était bien trop triste. Terminer des chocolats la rendait toujours très nostalgique, comme si elle mettait fin à une joie plus qu’immense. Cela voulait aussi dire qu’il était grand temps pour elle d’aller en acheter d’autre. La demoiselle croyait que le chocolat était un aliment essentiel à sa propre survie et à sa propre bonne humeur.

C’était donc pour cette raison qu’elle s’était rendue sur le chemin de traverse, ayant entendu parler d’une bonne chocolaterie. Elle achèterait tout plein de petites gâteries. C’était comme si elle faisait l’épicerie. Après tout, il y avait la majorité du temps des fruits dans les chocolats qu’elle choisissait, parfois du lait. Cela donnait presque un repas complet…

Elle marchait avec quelques petites difficultés entre les gens qui abondaient. Certes, elle se fit bousculer à quelques reprises, mais heureusement, elle semblait quand même se rendre à destination. Ce n’était certainement de la détermination qui lui manquait. Sa petite carrure lui permettait de se glisser entre les gens sans bousculer personne. Cependant, lorsqu’elle se faisait bousculer, c’était quelque peu différent. À quelques reprises, elle risqua de se retrouver sur le sol, mais heureusement, sa maladresse naturelle semblait au repos. C’était sûrement une première, car son habitude était de se retrouver la figure première sur le sol.

Finalement, la jeune femme arriva devant la vitrine de la fameuse chocolaterie. Blanche regarda un peu à l’intérieur, se retenant de baver et de mettre des traces de ses doigts sur la vitre. Elle apercevait les chocolats, de couleurs différentes et de saveurs différentes. La nostalgie qu’elle avait ressentie en terminant son chocolat dans sa chambre sembla disparaître pour faire place à de l’excitation et de la joie. Ha tout ce que ce chocolat pouvait faire…

Il ne lui prit pas beaucoup de temps pour se décider à finalement entrer. C’était comme aller au paradis, mais en mieux. Du moins, à ses yeux. Il y avait déjà quelques personnes dans la petite boutique, mais pas une foule. Un peu à son soulagement, car après le périple pour se rendre, la française n’avait pas envie d’avoir à se faufiler encore. Elle voulait tant avoir un chocolat noir aux framboises, puis de l’orange enrobée de chocolat au lait, ainsi que des carrés aux amandes, au café et au nougat. Elle devait se retenir de sautiller autour comme une fillette. La demoiselle commença à se promener dans la boutique et à ramasser les petits paquets de chocolat qu’elle voulait. Il y avait des pralines qui avaient l’air délicieuses. Évidemment, l’étudiante avait aussi trouvé des cerises enrobées de chocolat et des une barre de chocolat au poivre.

Blanche observait toujours les chocolats, puis, toujours surexcitée par tout le chocolat, la française se retourna avec hâte, voulant regarde les gâteries de l’autre côté de la boutique. Mais, il sembla alors que sa maladresse lui était revenue car la jeune femme prit le bout de son soulier dans une petite craque du plancher et fit un magnifique plonger vers l’avant. Les petits paquets de chocolat volèrent un peu partout autour d’elle et alors qu’elle s’apprêtait à rencontrer le plancher avec son visage, elle fut sauvée. Enfin, sa chute s’arrêta sur quelqu’un. Dans les bras de quelqu’un. Quel ne fut pas son soulagement tout de même. Peut-être qu’elle était chanceuse après tout. L’étudiante se mit alors à balbutier quelques excuses.

« Je suis extrêmement désolée… Je me suis prit le pied et voilà je tombais… Je suis maladroit, vous voyez…? Très désolée… » dit-elle en se redressant un peu.

Les petites boîtes s’étaient éparpillées toutes autour d’eux et heureusement, rien ne semblait avoir été brisé pendant sa presque chute. Ce ne fut qu’à ce moment qu’elle releva la tête vers son sauveur, parce qu’elle avait bien constaté que c’était un homme qui l’avait rattrapé. Blanche rougit un peu en voyant le jeune homme qui se tenait devant elle. Ce ne fut seulement qu’après quelques secondes qu’elle adressa un sourire timide à l’étudiant devant elle. Bien évidemment, elle devait à nouveau s’embarrasser devant le gallois avec lequel la première rencontre avait été plus que marquante…

« C'est que tu en fais vraiment une habitude, hm? »

La remarque avait été dite sur un ton qui était tout sauf grave et sévère. On pouvait même entendre un rire dissimulé dans le ton bienveillant du gallois alors qu'il se penchait pour venir recueillir du sol une barre de chocolat au lait et aux éclats de sucre d'érable. Il vint déposer la barre dans les mains de la Française avant de penser qu'il y aurait probablement une façon beaucoup plus simple pour elle de continuer ses courses chocolatées. Surtout moins risquée. Il éleva le doigt comme pour lui dire de patienter un peu et s'avança rapidement vers l'avant du magasin, prenant un petit panier entre ses doigts. L'étudiante pourrait alors mettre tout ce qu'elle avait trouver dans le panier. Emmanuel marcha vers elle puis prit tout ce qu'elle avait dans ses mains avant de mettre les achats potentiels de la demoiselle dans le récipient. Le jeune homme déposa le panier sur le sol et adressa un sourire sincère à la Française.

« Maintenant, tu peux me donner un câlin. » , dit-il dans un Français tout-à-fait acceptable en tendant ses bras dans la direction de son amie.

Emmanuel serra Blanche dans ses bras pendant quelques secondes, un fin sourire aux lèvres. Il aimait bien sa compagnie. En fait, il trouvait qu'ils se complétaient bien, d'une façon complètement platonique. Le gallois avait eu quelques amies, mais pas comme c'était le cas avec la première année. Ils partageait une complicité silencieuse. Alors qu'il la laissait s'échapper de son étreinte, le jeune homme scruta du regard le stock de chocolat qu'elle avait amassé jusqu'à présent.

« Eh bien, dis-donc, t'es en crise d'hypoglycémie...? »

Bien entendu, lui n'avait absolument rien à dire. Il était là pour les mêmes raisons qu'elle. Cela faisait un moment qu'il n'avait ni mangé ni acheté du chocolat et il ça commençait à lui manquer franchement. Pour cela, rien de mieux d'une petite session de shopping chez Mrs. Sin's Chocolates. Le jeune homme s'était habillé en conséquence ce matin-là. Il savait qu'il allait passer la journée dans les magasins. L'anniversaire de sa mère approchait et il croyait que c'était le temps idéal, pendant qu'il était à Londres pour la cadeau de sa maman, pour faire des courses arôme cacao. Il portait un jeans déchiré à quelques endroit et un t-shirt des Bizarr Sisters, rien de plus détendu et confortable selon un homme. Les yeux d'émeraude du Gallois frôlèrent les étalages discrètement à la recherche de victimes potentielles... Airelles au chocolat? Chocolat aux piments et à la cardamome? Après tout, il fallait être raisonnable, ne pas faire d'achats excessifs et non-réfléchis. Il était seulement ici pour une petite gâterie.

Mais quand on s'appelle Emmanuel Perks, c'est parfois difficile de doser...

La demoiselle fut heureuse de constater qu’elle n’avait pas blessé le gallois lors de sa magnifique chute. Elle aurait pu lui envoyer une main au visage ou quelque chose d’aussi stupide et lui faire mal. Elle lança un sourire reconnaissant à Emmanuel, alors qu’elle reprenait son équilibre et se redressait.

« Ha non non, ne t’inquiète pas… Enfin si, tu peux t’inquiéter. Je suis toujours maladroite comme cela… C’est une habitude…. » répondit-elle en le regardant ramasser une barre qui était tombée de ses mains quelques instants plus tôt.

Il partit alors et un grand sourire éclaira son visage en le voyant aller chercher un panier. Mais pourquoi elle n’avait pas pensé à se prendre un panier en entrant dans la boutique? Elle était probablement trop énervée pour penser à autre chose que du chocolat. La française pensait parfois qu’elle avait peut-être un trouble d’attention. Il lui arrivait de complètement partir dans ses pensées et oublier le monde environnant. Heureusement, elle ne s’égara pas très loin avant que Manu ne revienne avec le panier.

Elle déposa tous ses achats futurs dans le simple petit panier, surprise que tout y rentre, puis le regarde déposer le contenant plus qu’utile sur le sol. Un câlin…? Un grand sourire éclaira son visage alors qu’elle serrait le gallois. Comme elle aimait donner des câlins… La jeune femme avait toujours adoré donner des caresses aux gens, bien qu’elle respectait si ceux-ci ne désiraient pas la serrer dans leurs bras. Toujours aussi souriante et heureuse, l’étudiante se retira des bras du jeune homme, sentant que c’était une belle journée, car elle magasinait du chocolat et en plus elle donnait un câlin à Emmanuel. Elle rit un peu à son commentaire concernant l’hypoglycémie. Certes, elle aurait pu passer pour une diabétique en manque de sucre. Mais ce n’était vraiment pas le cas.

« En fait, j’aime surtout beaucoup trop le chocolat… Je pourrais me nourrir uniquement de cela… Je sais que ce ne serait pas très bon pour ma santé, mais c’que ce serait plaisant… » dit-elle en réfléchissant à cette possibilité.

Ce n’était sûrement pas viable comme possibilité. Mais elle avait presque envie de l’essayer un de ces jours. Reportant son attention sur son camarade, la jeune femme posa un nouveau sourire. Il avait parlé en français. Elle aimait bien cela. Il lui était rare d’entendre parler français et cela lui réchauffait un peu le cœur.

« Tu parles très bien en français, tu ne devrais pas être gêné… J’aimerais que tu me parle en français, ça me manque, tu comprends…? » dit-elle en se mordant ensuite un peu la lèvre.

« Je suis totalement avec toi là-dessus, Blanche. Le sucre, c'est bien. »

Décidément, la présence de Blanche le motivait pour qu'il s'efforce autant à lui parler en français. Certes, au début, il était légèrement timide à l'idée de montrer à quelqu'un qu'il parlait cette langue, peu confiant de ses talents de simili-francophone. Mais les mots de Blanche et son caractère facile d'approche l'avait rendu un peu plus fier de pouvoir parler cette langue beaucoup plus complexe que l'on pouvait l'imaginer, surtout lorsqu'on le comparait à l'anglais, langue qu'il utilisait beaucoup plus depuis son entrée à Poudlard. Plus jeune, il parlait beaucoup le gallois mais, aujourd'hui, il avait l'occasion de le faire avec les Cadell et sa propre famille, sans plus.

« Dans ce cas, je vais te parler en français le plus souvent possible. Il faut que tu me corriges si je fais des fautes, okay? » dit-il doucement.

Il pausa un instant, esquissa un sourire et continua d'un air taquin.

« Un jour, je t'apprendrai le... le... What's the word again...Welsch...Oh, that's right! Le Gallois, voilà. »

Son teint se rosi subtilement; il n'aimait pas faire des erreurs, surtout pas devant une aussi belle demoiselle que Blanche. Et surtout pas à propos de quelque chose d'aussi important que son héritage culturel. Bref, il n'était pas très fier de son coup. Mais au fond, il savait que Blanche était tout sauf méchante et qu'elle trouverait le jeune homme que d'autant plus mignon à cause de ce petit oubli. Bref, il ne s'en fit pas trop longtemps. L'étudiant sourit gentiment à la Française et regarda les allées silencieusement, commençant à les parcourir d'un pas lent. Après avoir soigneusement choisi quelques barres de chocolats, des truffes et d'autres petites gâteries, il s'avança vers la caisse, s'assurant que Blanche n'était pas loin derrière lui. N'étant pas dans les même classes que la jeune femme, il n'avait pas l'opportunité de la voir beaucoup. Il voulait prendre de ses nouvelles, savoir comment elle s'était intégrée à la vie étudiante. L'étudiant donna au tenancier la somme demandée et attendit Blanche, appuyé sur le comptoir, son sac au bras.

« Alors, comment tu t'y plais dans notre belle université, hm? Tu ne t'es pas encore fait harcler par de beaux grands russes, j'espère? »

Il avait dit cela avec une teinte d'humour, mais ce n'était pas totalement faux. Le gallois connaissait bien les habitudes de son confrère étudiant, Andrzej, et savait très bien que l'innocence de Blanche pourrait être quelque chose qui l'attirerait. Normalement, il n'avait rien à faire des aventures du russe favori de l'université, mais là, c'était différent. C'était Blanche, il avait appris à la couver. Il ne pouvais pas faire autre chose, considérant sa naïveté et sa maladresse excessive.

Et surtout, il n'avait aucune idée qu'elle avait déjà fait la connaissance du russe en question...

Ironie, quand tu nous tiens.

La satisfaction se lisait sur le visage de la française lorsque le jeune homme lui dit qu’il allait lui parler le plus souvent possible en français. Elle hocha la tête, acceptant de le corriger en cas d’erreurs. La demoiselle sembla excitée à l’idée qu’il lui apprenne le gallois un jour. Elle sourit un peu en le voyant gêné par son erreur, trouvant qu’il était mignon comme tout. Blanche comptait déjà essayer d’apprendre tout plein de langue dans le futur, cela lui semblait comme étant important. Puis si elle pouvait avoir un professeur privé, ce serait encore mieux.

« C’est une promesse, dit? J’aimerais bien apprendre le gallois un moment donné… » dit-elle en le suivant vers les allées.

Elle se promenait derrière lui, ramassant quelques autres gâteries qu’elle mit soigneusement dans son petit panier. Elle vit que Manu avait très bon goût en matière de chocolat, ce qui la fit sourire légèrement. Elle avait trouvé quelqu’un qui avait la même obsession du sucre qu’elle! C’était certainement une première. Une fois à la caisse, la demoiselle le regarda un peu, ainsi que ses achats, en se demandant si il avait l’air pressé ou si il aurait le temps d’aller dans un petit café ou dans un autre petit établissement où des breuvages sont servis. Puis elle se dit que c’était bien plus simple de seulement lui demander.

« Ça te dirait d’aller prendre un café? Ou quelque chose d’autre… Un verre? Ou euh, un thé… Quelque chose… » demanda-t-elle en essayant de trouver de bon breuvages.

L’étudiante regarda la personne derrière le comptoir mettre les trucs au chocolat dans le sac et le tendre à Emmanuel. Elle aimait bien le chocolat chaud, c’était toujours bon. Mais si Manu préférait aller dans un bar ou quelque autre truc du genre, cela de la dérangeait point. Elle commença alors à mettre le contenu de son panier sur le comptoir, le tenancier les mettant aussi dans un sac. En entendant la question de l’autre étudiant, Blanche se sentit rougir un peu, ses pommettes prenant une jolie teinte pourpre. La française se mordit légèrement la lèvre, en se demandant comment il pouvait savoir qu’elle avait rencontré un russe. C’était étrange. Elle déposa l’argent qu’elle devait sur le comptoir et prit son sac puis regarda un peu Manu.

« J’aime bien cela, c’est très plaisant comme endroit. Et j’ai certes rencontré un russe, mais je ne qualifierais pas cela d’harcèlement… Il était très sympathique et très gentil… » dit-elle avec un sourire.

Elle ne comprenait pas très bien pourquoi Manu lui demandait cela, c’était très nébuleux en fait. C’était comme si il avait prévu d’avance qu’elle allait rencontrer Andrzej. C’était surtout la mention du mot « harceler » qui la mêlait un peu. Elle pouvait comprendre que le slave était du genre à socialiser et à rencontrer les nouvelles étudiantes – elle avait assez vite comprit qu’il était probablement le genre d’homme à aimer beaucoup les femmes- mais elle ne croyait pas vraiment qu’il était du genre à harceler. Enfin, elle ne le connaissait pas vraiment et cela lui importait peu à l’instant, car il avait été gentil avec elle. Même qu’elle ne pouvait que s’avouer avoir sentit son cœur s’attendrir devant les gestes du russe…

La jeune femme se dirigea vers la sortie du petit établissement, avec Emmanuel et sortit à l’extérieur.