Les élèves commençaient à jeter le maïs à l’intérieur du cercle d’un air dubitatif pour certains, curieux pour d’autres. Peu en tout cas marquaient un réel intérêt à la chose et obéissaient aux consignes par habitude… ou pour éviter une des sanctions qui pleuvaient depuis le début de l’année. Et en parlant de météo, une pluie de questions bombardait Trelawney, preuve de l’intérêt des enfants ? En tout cas, elle se plaisait à le croire, et leur répondit de manière enjouée, avec un grand sourire.

- Madame ? Qu'est-ce que ça changera au juste pour les prédictions, si c'est une poule ou un coq ? ... Et si c'est un chapon, on fait comment ?

- Oui, cela fait une différence. Il est conseillé à un devin d’utiliser une poule, et inversement à une devineresse un coq, afin d’équilibrer les deux opposés, un peu comme le gin et le pisang… heu le ying et le yang. Si c’est un chapon… ma foi ce n’est pas plus mal, vous aurez un peu de neutralité dans le choix des grains, mais ce qui signifie que vous risquez d’influencer avec votre propre énergie l’animal en manque d’équilibre.

Lapsus ou humour volontaire, il était difficile, voire impossible, de déchiffrer le visage de Sibylle. De plus, elle ne semblait pas avoir relevé l’ironie dans la question, et y avait répondu de la manière la plus complète et la plus simple possible, alors que personne ne prêtait attention à ses propos.

« N'allons nous pas nous gêner pour faire nos prédictions puisque toutes les poignées sont mélangées dans le même cercle? »

- En effet, normalement seule la personne qui est le sujet de la prédiction, qui veut connaître son avenir, lance le maïs, ce qui permettra de lier les choix de l’animal au destin du lanceur. Ici, dans un but didactique, nous analyserons le trajet de manière théorique et pas personnalisée. Il serait peut-être dangereux d’effectuer une prédiction individuelle par les temps qui courent… Et vous êtes trop nombreux que pour le faire à tour de rôle.

Ayant ainsi satisfait à l’avidité de connaissances (feinte ou réelle) de ses élèves, Trelawney reprit l’ordre du cours et se dirigea vers un coin de la classe où une cage retenait prisonnier un gallinacé fort calme au demeurant. Peut-être sentait-il qu’il ne risquait rien en ce lieu, si ce n’était une indigestion ? Ouvrant la cage avec maintes précautions pour empêcher l’animal de s’enfuir, ce dont il ne manifestait d’ailleurs nullement l’intention, elle l’entoura d’un bras protégé par un châle. Un coq est tellement dangereux, c’est bien connu…

- voici donc un coq parfaitement normal, et très gentil. Je vous propose de l’appeler Cus. C’est un beau nom pour un coq qui pratique l’alectomancie. Notre ami Cus va donc se promener dans le cercle, appâté par le maïs, et picorer au hasard. Au hasard, car comme un coq n’est pas doué de raisonnement, il se laisse guider par ce qu’il pense être son instinct, mais il n’est qu’un jouet de l’Avenir qui s’en sert pour transmettre son message aux simples mortels que nous sommes.

A vous maintenant d’être attentifs : notez le trajet que le coq va parcourir dans le cercle, les endroits où il picore, le nombre de grains mangés, tout est important. Une fois qu’il aura fini, essayez de me proposer instinctivement une interprétation de la forme du trajet parcouru.




HP : grosso modo, le coq va picorer pour former une sorte d’ovale d’environ 40 cm, pour ensuite entrer dans cet ovale, picorer deux grains espacés de 10 cm, puis ensuite aller de l’autre côté de l’ovale manger une série de grains en ligne un peu sinueuse qui le fera sortir du cercle aplati, et il s’arrêtera.

J’ai évidemment une idée derrière la tête, mais je ne livre pas plus d’infos pour vous laisser une libre interprétation. C’est tout… pour le moment.

Tous les élèves avaient à présent jeté leurs grains de maïs dans le cercle. Par petits paquets ou bien plus éloignés, ces derniers ne formaient malheureusement pas, aux yeux de Scylla, une forme reconnaissable que l’on pouvait interpréter.

* Ouvre ton troisième ma fille, ouvre ton troisième œil ! *

La rouge essaya, bien qu’avec peu de conviction, de déceler dans ce qu’elle voyait par terre une quelconque prédiction possible, mais rien ne lui venait à l’esprit.
Soudain, comme revenue d’outre tombe, Sibylle Trelawney reprit la parole, de sa voix toujours aussi étrange.
Elle répondit aux diverses interrogations des élèves, et bien entendu, ne put s’empêcher de laisser tomber un léger froid à l’annonce des malheurs pouvant arriver aux élèves par les temps qui courraient…
Bien que ne croyant guère à cette branche de la magie, la lionçonne était bien heureuse de ne pas avoir à entendre, qui plus est devant tous les élèves de la classe, une prédiction de la part de son Professeur dont le sujet aurait été, sans aucun doute, morbide…

Le professeur de divination s’apprêta ensuite à faire découvrir à la classe le fameux gallinacé qui allait servir d’Oracle pour ce cours.
Intérieurement, la rouge rigola un peu… Elle se demandait quand même quelle idée lui était passée par l’esprit lorsqu’elle s’était inscrite à ce cours facultatif… Mais bon, ce cours était dans tous les cas plus ludique et reposant que celui horrible des deux Carrow…
Mrs Trelawney présenta donc à la classe entière Cus, qui selon elle était un nom parfait…

*Pauvre poulet*, pensa la jeune fille…

Apparemment « guidé par son instinct », Cus commença à s’avancer près du cercle, et Scylla la plume et le parchemin en main, suivit les instructions de son Professeur et commença à noter le trajet parcouru par la bestiole…
Tout d’abord, le poulet picora le maïs selon une forme relativement ovale, ce qui était un bon début car cette forme n’était pas franchement difficile à déceler, puis il picora deux grains d’un côté de la forme qu’il avait à son insu dessinée, puis alla à l’opposé et là, plus rien ne l’arrêta : il picora des dizaines de grains de maïs à peu près alignés, et une fois sorti du cercle, il s’arrêta.

Le coq regarda alors les élèves, enfin, peut être ne les regardait-il pas vraiment, car l’air qu’il avait semblé dénué de toute expression.

*Argh comment peut-on se fier au bon vouloir de ce piaf ? Il avait faim, et c’était sa nature de manger…*

La rouge et or aurait aimé dire ça tout haut, mais bon, elle n’avait pas à juger devant tout le monde son ressenti vis-à-vis de ce cours, et puis à 11 ans, elle avait encore tout à apprendre et en était bien consciente.
Essayant de faire des efforts, la sorcière se pencha donc sur ses notes et essaya de déchiffrer une quelconque prédiction possible…
Après quelques minutes de réflexion, elle tenta une réponse timide :

Hum, ben peut être que cette forme représente une tête… L’ovale représenterait le contour du visage, les deux grains picorés espacés d’un côté représenteraient le regard, et puis la ligne de grains picorés représenteraient une bouche dont l’expression n’est pas facile à déchiffrer… Est-ce que ça pourrait être une tête humaine de sorcier ?

Scylla laissa échapper un soupir, car interpréter ces formes lui semblait un exercice très difficile à réaliser, et elle regretta presque d’être intervenue tant sa réponse semblait débile…
Elle baissa alors les yeux, espérant qu’un autre élève prenne la parole pour effacer les bêtises qu’elle venait sans doute de débiter…

Le professeur Trelawney donna ses explications et alla chercher dans un coin de la salle un coq qui semblait se demander ce qu'il faisait là.

- Voici donc un coq parfaitement normal, et très gentil. Je vous propose de l’appeler Cus. C’est un beau nom pour un coq qui pratique l’alectomancie.
Erin en resta un instant bouche bée. Si Amycus Carrow l'apprenait, Trelawney était morte. D'abord ce cours d'alecto-machin et maintenant le coq Cus ... Elle cherchait vraiment les ennuis.

Le professeur lâcha le coq mais à la déception de Erin celui-ci ne fit aucun mouvement pour s'enfuir, au contraire, il se dirigea droit sur le maïs et commença à picorer les grains qu'il trouvait. Le menton posé sur le poing Erin le regardait faire avec lassitude. Les parfums du professeur Trelawney anesthésiaient complètement son esprit malgré la fenêtre ouverte. Elle sentait ses yeux et sa gorge piquer désagréablement. Elle avait besoin d'air frais le plus vite possible. Elle fixait d'un oeil morne le coq qui continuait son repas sans se soucier ce ce qui l'entourait. Elle ferma les yeux un instant pour les reposer et refouler les larmes qui commençaient à monter.

Quand elle les rouvrit, elle reprit son observation du coq qui allait et venait en picorant le maïs au centre d'un ovale. Elle ne faisait pas vraiment attention à ce qui se passait autour d'elle, elle gardait les yeux rivés sur l'animal comme si ses mouvements l'hypnotisaient. Elle entendit vaguement une voix parler de visage et elle pencha la tête sur le coté pour se donner un autre angle de vue. Elle réfléchit un instant.

**C'est vrai que ça ressemble à un visage, admit-elle l'esprit un peu embrumé par les parfums capiteux. Là ce sont les yeux et là le menton ... Et cette ligne là ... C'est quoi? Une bouche? ... Un sourire? ... Une langue? ... Une longue langue qui serpente comme celle d'un reptile**
Elle bâilla à s'en décrocher la mâchoire lorsque tout à coup elle réalisa avec horreur à quoi ça lui faisait penser.

- C'est la Marque des Ténèbres, fit-elle à mi-voix les yeux exorbités.
Elle fixait le coq et le cercle de maïs en pressant une main sur son coeur tandis qu'un frisson d'horreur parcourait son corps.

- Haaaan Tobias, r'gaaaarde ! Elle ramène le pouleeet !

Le môme avait donné un petit coup de coude à son nouvel ami qui se trouvait non loin de lui. N'empêche, c'était quand même trop fun, ce cours. Même s'il ne voyait toujours pas l'intérêt de la discipline en elle-même, ce qu'ils y faisaient était vraiment amusant. Avec un peu de chance, ils pourrait même chourer le reste de maïs avant la fin de l'heure pour faire des tests le soir dans sa salle commune et essayer d'en faire du pop corn à grands coups de baguette magique. Mais là n'était pas le problème pour le moment. Le divin devin poulet venait d'entrer en scène et Malcolm trépignait en attendant qu'il se passe quelque chose de drôle. Se penchant cette fois vers Hector, le blondinet murmura :

- J'te parie une chocogrenouille qu'avant la fin, le coq s'envole et fait crier une fille !

Le petit écosssais était captivé par ce qui se passait devant lui. Pas tant pour l'attrait de la discipline, mais parce qu'à tout instant, tout pouvait partir en cacahuètes, et il pouvait certainement gagner son pari. Seulement le piaf n'avait vraiment pas l'air vif, et ne montra pas la moindre velléité d'attaque. Malcolm fit la moue en voyant l'oiseau picorer calmement les grains de maïs.

- Non mais oh coco, tu sers à rien là, allez, bouge ton croupion, t'as un pari à me faire remporter ! chuchota-t-il.

Mais le têtu gallinacé ne semblait pas l'entendre de cette oreille. De toutes façons, est-ce que ça a des oreilles les coqs ? Nan, juste des petits trous cachés sous les plumes. Donc ça doit pas entendre terrible. Faisant la moue, l'aiglon ne prêta pas la moindre attention au dessin que traçait le volatile. Et pourtant, ça aurait dû l'amuser, c'était comme les jeux où il fallait relier les points ! Mais le blondinet ne pensait plus qu'à son pari, dont la réussite semblait lui filer entre les doigts de plus en plus vite. Un peu contrarié, le gamin profita que l'attention de ses camarades fut tournée vers le stupide poulet pour attraper une poignée de maïs sur la tale la plus proche, et, le plus discrètement en laissa tomber quelques uns depuis le bord du cercle vers... l'une de ses camarades, choisie totalement au hasard. Précautionneusement, il laissa tomber encore quelques grains à côté des pieds de cette dernière, avant de glisser le reste dans la poche de sa robe de sorcière. Allez, si avec ça le poulet ne remplissait pas sa part du contrat, c'était qu'il était vraiment irrécupérable. Un regard à droite, un regard à gauche... A priori, personne n'avait remarqué le manège de l'aiglon. Ou en tous cas, ils n'en laissaient rien paraître. Enfin, le Bleu et Bronze leva les yeux sur son infortunée victime collatérale. Oups. C'était une Rouge. Avec la chance qu'il avait, elle n'aurait même pas peur du coq et n'en ferait qu'une bouchée. Parce que les lions, y z'étaient comme ça il paraissait : ils rigolaient pas.

[HJ : Scylla, si tu le veux bien, c'est pour toi. Mais sinon, j'édite pour quelqu'un d'autre ]

Le reste des élèves du cours de divination ne semblaient pas très inspirés par le parcours du dit Cus.
Pour le moment, on ne pouvait distinguer parmi la foule que des regards vagues qui en disaient long sur le côté intéressant de ce que pouvait leur proposer Trelawney aujourd’hui.
Scylla avait donc donné une réponse qu’elle pensait relativement possible, mais probablement débile et sans intérêt.
Page, en bonne Gryffondor, lança une réponse spontanée et sincère :

- Ah, mais c'est un têtard !

Effectivement, on pouvait aussi le voir comme ça… Et si la réponse était bonne, Scylla était impatiente de savoir comment Sibylle Trelawney allait en tirer un présage…
Les réponses d’Erin et de Calypso, quant à elles, étaient beaucoup moins drôles et légères. En effet, les deux jeunes filles semblaient d’accord sur le fait que le poulet avait fait apparaître la très célèbre forme de la Marque des ténèbres…
La rouge et or hocha la tête, et ses yeux se levèrent vers le ciel. Elle poussa un petit soupir, inaudible, mais qui en traduisait long sur ce qu’elle pensait de ces interventions.
La Marque des Ténèbres, terrifiante, apparaissant comme ça, au milieu d’un cours ? Non c’était impossible… Erin lui faisait peur avec ses yeux exorbités, et l’ombre d’un instant, la lionçonne l’imagina un châle sur le dos, une odeur de Xérés sur sa peau, et des lunettes plus grosses que des loupes… Oui, pendant un infime moment, Scylla avait vu Erin, quelques années plus tard, transformée en Sibylle trelawney…
Franchement, cette dernière était déjà connue pour sa fâcheuse tendance à voir le noir et le mal partout, à faire des présages tous plus horribles les uns que les autres, elle n’avait franchement pas besoin que deux élèves viennent lui enlever les mots de la bouche…
La rouge lança donc un regard noir à ses deux camarades, car avec les temps qui couraient, mieux valait-il ne pas voir le mal partout, puisque malheureusement le mal était déjà bien assez présent…

Tout à coup, quelque chose chatouilla les chevilles de Scylla. Un peu dans les nuages, elle se gratta automatiquement avec sa main droite, le regard un peu vide, toujours absorbée par ses pensées… Elle n’avait donc pas vu que Cus, en bon poulet, grignotait des grains de maïs aux pieds de la sorcière.
Ce n’est que la deuxième fois lorsqu’elle se gratta à nouveau, que sa main rentra en contact avec quelque chose de dur, avec des plumes, qu’elle retira sa main beaucoup plus rapidement, avec un mouvement de recul.
Malheureusement, Cus, qui dans le geste brusque de la lionne avec perdu deux de ses plumes crâniennes, pinça avec son bec le mollet de la jeune fille.

Aïeeee !

Ca n’allait pas se passer comme ça, Scylla lança un regard noir au poulet, qui en un rien de temps, s’était mis à courir dans le sens opposé.

Foi de Gryffondor, tu ne t’en sortiras pas comme ça !

La rouge et or oublia alors qu’elle se trouvait dans une salle de classe, que la plupart des élèves présents étaient à présent en train de la regarder, que Sibylle Trelawney allait sans doute s’évanouir à la vue de son devin prenant la fuite… Mais peu lui importait, elle allait rattraper le poulet.
Elle profita d’un instant d’inattention de Cus pour le prendre par surprise : ce dernier, trop occupé à vouloir monter sur une table où il y avait des grains de maïs, ne vit pas la jeune sorcière se cacher sous une table, et lorsque le moment propice arriva, Scylla bondit tel un chat sur sa proie et l’attrapa par le cou.

Ah, je te tiens sâle bête !

Se rendant enfin compte de la situation dans laquelle elle se trouvait, la rouge se releva, tenant toujours Cus par le cou, les cheveux ébouriffés, le mollet rouge, et esquissa un semblant de sourire à tous ceux qui la regardaient…

Comment ces graines avaient-elles pu arriver à ses pieds ? Elle avait pourtant pris soin de ne pas en laisser tomber… Etait-ce une mauvaise blague ? Si c’était le cas, il ne valait mieux pas que Scylla connaissance l’identité du petit comique…
Penaude, elle revint à sa place initiale, et déposa le poulet par terre, et ce dernier sonné, lui lança un regard de reproche avant de s’en aller une nouvelle fois à son occupation favorite : manger.

S’adressant alors à son Professeur, elle s’excusa :

Je suis désolée Professeur…

Pas fière, la mine boudeuse car un peu vexée, Scylla n’attendait plus qu’une chose, que ce cours se termine…

[HJ: Accord donnée par Sibylle!]

Il fallait bien l’avouer, l’attention vacillante d’Hector s’était complètement évaporée depuis un bon bout de temps...elle s’était détournée du cours au moment où Tobias avait mentionné l’existence de certains champignons, en fait. Depuis, le Gryffondor ne pensait plus qu’à ça, malgré tous ses efforts pour essayer de comprendre ce que la prof pouvait bien leur vouloir avec ses histoires de poules et de maïs.

Ce n’est qu’en voyant tout le monde se lever et se mettre à balancer des graines comme des boules de pétanque qu’il réussit enfin à ranger les champignons magiques dans un coin de sa tête ébouriffée. Le suspense était intenable, après tout.
Qu’allait-il bien pouvoir se passer ? Des poussins géants allaient sortir des grains de maïs pour prédire une mort atroce à tous ceux qui les avaient lancés ? Hector, debout près de sa table, dut se mordre la langue pour ne pas éclater de rire à cette idée.

C’est alors que, coup de théâtre, la prof partit chercher une cage qu’apparemment personne n’avait remarquée jusque là (c’est que c’est tellement passionnant, le maïs), pour en sortir, tenez-vous bien...un coq. Toutes les morsures de langue du monde n’y auraient rien changé, Hector étouffa un rire joyeux.
Le coq n’était pas si drôle que ça, en lui-même. Mais il fallait voir les têtes de ses camarades. Pour certains, on aurait dit que Trelawney, après leur avoir promis le Graal, leur sortait un vieux bocal à cornichons. C’était tordant.

Aaaah mais c’était pas fini en plus...maintenant il fallait essayer de deviner ce que le coq allait dessiner en se baladant entre les graines. Hector, les yeux brillants de larmes à force de rire en silence, ne savait plus ce qui était le plus drôle. L’animal qui se dandinait tranquillement d’un grain à l’autre, sans se douter qu’une classe entière avait les yeux rivés sur son derrière, ou ses camarades dont certains fixaient le coq souffle coupé, semblant attendre que par de mystérieux rouages, le roi de la basse-cour leur ponde les décrets de la destinée.

Non mais c’était vraiment trop. Ce n’était qu’un coq ! Il ne faisait que manger ! Le seul avenir qu’il lisait dans cette histoire, c’était celui du piaf, qui allait bêtement claquer sous leurs yeux ébahis. Si ça se trouve, la Trelawney aurait le toupet de leur prédire que quelqu’un parmi eux mourrait d’une indigestion, cette année.

Hector venait de décréter que ce cours n’était qu’une récréation déguisée quand Malcolm se pencha vers lui pour lui proposer un pari.
Quoi ? Faire peur à une fille, celui-là ? S’envoler ? Avec toutes les graines qu’il s’enfilait, c’était déjà étonnant qu’il réussisse à poser une patte devant l’autre. Et puis quel genre de dinde avait peur des coqs, hein ?

- Tope là, murmura-t-il en retour en tapant discrètement dans la main du blondinet.

Les chocogrenouilles, ça ne se refuse pas. Surtout quand elles sont offertes sur un plateau d’argent.

Hélas...trop occupé à ordonner télépathiquement au coq de ne pas bouger d’une plume, Hector ne vit rien de la manœuvre de son nouvel ami, et eut donc la grande surprise d’entendre une fille hurler quelques instants après.

Les yeux ronds, il regarda la brune, une fille de sa maison dont il ne se rappelait pas le nom, fondre comme une furie sur le pauvre oiseau, d’un air qui ne laissait rien présager de bon pour lui. Sans pitié aucune, elle l’attrapa par le cou et se releva, encore plus ébouriffée que sa malheureuse victime.

Cette fois c’était trop.

Se retenant à sa table pour ne pas se rouler par terre, Hector explosa de rire, tout en se faisant la promesse solennelle de ne jamais manquer un seul cours de divination.
Il n’avait pas deviné grand-chose depuis qu’il était entré, mais qu’est-ce qu’on rigolait !!!!

HP

Points glanés jusqu'ici postés dans les sabliers. Je relance le cours début de semaine, vous avez encore un peu de temps pour interagir avec Cus avant son départ à la retraite

Sibylle avait elle aussi noté les déplacements de Cus au sein du cercle sur un bout de parchemin. Son tracé était certes hésitant et peu précis, mais elle faisait ce qu’elle pouvait avec les yeux qu’elle avait. En portant le parchemin à ses yeux, et donc à une distance d’environ un centimètre de son nez, elle tentait de discerner une signification quand un éclair de génie, une illumination… ou un message express de son troisième œil lui révéla la signification du cheminement poulettique : un rond, un manche, deux petits ronds… Bon sang, mais c’était bien sûr ! Une poêle avec deux œufs sur le plat en train de cuire ! C’était une vision du menu du prochain repas ! Mais déjà l’imagination des élèves se révélait débordante et les réponses fusaient :

- Est-ce que ça pourrait être une tête humaine de sorcier ?
- Ah, mais c'est un têtard !
- C'est la Marque des Ténèbres !

Avant que Trelawney ne puisse recentrer le débat, Cus s’en prit aux mollets d’une Gryffondor, qui sembla ne pas apprécier cette charmante marque d’affection et commença à courser le poulet au travers de la classe pour finalement se montrer plus habile, et l’attraper par le cou. Se rendant compte du ridicule de sa situation, elle redéposa l’animal au sol, qui ne semblait heureusement pas plus traumatisé que cela.

- Je suis désolée Professeur…

Prenant son air le plus sévère possible, l’enseignante admonesta sa jeune élève, qui avait au moins le mérite de présenter ses excuses pour son comportement aussi étrange qu’inacceptable dans un cours. Cela ne pouvait que mériter une sanction exemplaire…

- Vous pouvez être désolée mademoiselle, cela n’est pas une façon bien élevée d’agir, c’était cruel envers ce pauvre volatile sans défense, et de plus le lieu n’était pas approprié pour ce type de démonstration. Vos fantaisies vous coûtent cinq points. Et en guise de punition, veuillez récupérer, gentiment cette fois, votre nouvel ami et le replacer dans sa cage ; nous n’en aurons plus besoin pour la suite du cours.

Se tournant ensuite vers les élèves, la plupart hilares à cause de l’interlude, Sibylle laissa s’écouler quelques secondes en silence, le temps que l’excès de bonne humeur disparaisse et que le calme revint ; elle eut l’air plusieurs fois de vouloir commencer une phrase, mais sans savoir par quel bout la prendre.

- En divination, il n’y a pas forcément de bonne ou de mauvaise réponse, d’interprétation correcte ou faussée ; tout dépend des circonstances, du devin et des conditions dans lesquelles il réalise l’augure, et bien entendu du sujet, de la demande en elle-même. La preuve en est que vous avez chacun vu des choses très différentes, et qui amèneraient donc des explications, des lectures diverses et variées. En ces temps sombres, je peux comprendre que votre imagination vous pousse à voir des choses sombres et que … heu… que…

Soudainement, Trelawney semblait déconnectée, comme si on avait retiré d’un coup les piles d’un jouet et que le petit lapin rose ne pouvait continuer à pagayer. Elle était immobile, la bouche entrouverte comme si son mot suivant éprouvait des difficultés à en sortir ; son regard, déjà trouble en temps ordinaire, semblait perdu dans le lointain. Elle reprit la parole d’une voix rauque qui ne lui était pas habituelle,

Citation :

Comme un enfant pourchasse un coq, un autre poursuit la vérité.
Le moment arrive où coq et enfant seront face à face ;
Alors chacun devra choisir un chemin et une place,
Opter enfin entre l’ombre éternelle et la réconfortante clarté.

Il y aura beaucoup de pleurs et des grincements de dents,
La grande balance n’est pas encore fixée
Sur le côté vers lequel elle va pencher.
La clé se trouve en vous, dans vos sentiments d’enfants.

Une chape de plomb et de silence avait envahi la classe, sans pour autant avoir du recourir à un silencio. Soit c’était une représentation de grand art dramatique (mais une nullité poétique), soit… Mais comment faire la différence ? L’enseignante était tellement réputée pour ses prophéties fantaisistes ou évidentes qu’il était impossible de savoir si elle était vraiment douée ou pas. Chacun devrait se faire son opinion. Elle se réanima soudain et termina sa phrase entamée,

- … et qu’il ne faut pas forcément dramatiser. Avez-vous des questions sur ce cours, avant que je vous donne le sujet du devoir et que nous en restions là pour aujourd’hui ?

[HJ : Rho, mais j'avais pas vu qu'il restait un peu en suspens, ce cours... On va le finir proprement, non ?]

Suivant toujours des yeux le volatile gourmand, la troisième année releva les sourcils de surprise lorsque celui-ci sortit du cercle tracé par Trelawney et fonça vers une jeune élève de chez les Lions. Passé l'instant de surprise, la rouquine éclata de rire comme la plupart des autres apprentis sorciers, car la scène offerte par la première année était, il fallait l'avouer, plutôt tordante. Et puis cet interlude avait le mérite de faire passer la vilaine ambiance qui avait failli s'installer à la suite des déclarations de la Poufsouffle. L'altercation lionçonne/poulet coûta cinq points au sablier rouge, mais Page ne s'en formalisa pas. Pour le coup, elle avait bien ri, et il serait bien temps de regagner ces points plus tard. Cette bonne rigolade valait bien quelques petits points.

Après quelques instants, un calme relatif revint dans les rangs - les cours de divination n'étaient jamais vraiment calmes, il fallait l'avouer - et la femme aux châles, après plusieurs essais avortés, finit par se lancer dans une magnifique tirade relativisant les interprétations divinatoires, les remettant en perspective en fonction de multiples paramètres... Oui, bon, en clair, on ne pouvait être sûr de rien, et donc, on pouvait raconter n'importe quoi. Comme c'était commode. Mais les persifleries mentales de la troisième année furent interrompues par la voix rauque de leur fantasque enseignante. Ce même frisson bizarre passa rapidement dans le dos de la rouquine. Ah, ce qu'elle pouvait détester quand Trelawney faisait ça ! Surtout qu'elle sortait toujours des trucs incompréhensibles, et que Page ne trouvait aucun moyen de savoir si c'était du lard ou du cochon.

Et puis, comme si de rien n'était, la foldingue reprit sa phrase là où elle l'avait interrompue, devant un auditoire perplexe. Des questions ? Avaient-ils des questions ? Oula. Mieux valait ne pas brusquer la femme aux triple foyers. Page secoua la tête en signe de dénégation... Ce serait bien assez d'émotions pour aujourd'hui.

[HJ : si je poste avec l'une, fatalement, faut bien que je ramène l'autre Allez Sib, t'auras au moins deux réponses pour boucler le cours ]

D'un revers de la manche, le blondinet essuya les larmes de rire qui perlaient au coin de ses yeux, un sourire radieux toujours vissé au visage. Les cours de divination, c'était définitivement trop cool. Voilà qu'il avait remporté son premier pari ! Bon par contre, la pauvre lionçonne venait d'écoper d'une retenue de points... Encore heureux que Malc' n'ait pas choisi une Serdaigle, pour sa petite magouille ! Pour le coup, ce n'était pas très chevaleresque, ce qu'il avait fait, mais bon, il restait tout de même un mioche de onze ans avant d'être un chevalier en devenir, et il était bien normal qu'il se laisse aller parfois.

De toutes façons, Trelawney reprenait la suite du cours, se lançant dans un charabia dont l'aiglon ne comprit absolument pas le sens. Tout ce qu'il en tira, c'était que la divination, c'était un truc très approximatif, et qu'il pourrait laisser parler son imagination débordante, et ça, ça le bottait.
Et puis soudain, la prof se figea, et ses yeux devinrent limite vitreux, genre en mode transe bizarre. La vache ! Elle était carrément flippante ! Malc' échangea un regard étonné avec Hector... Nancy lui avait bien sûr parlé des excentricités de la foldingue de la tour, mais tout de même...

Trelawney débita une espèce de poème, comme un robot, auquel le première année n'entendit pas grand chose non plus, retenant seulement que ça avait au moins un rapport avec le cours, puisqu'il y était question de poulet. Le blondinet dévisagea la prof avec une moue étrange... Qu'est-ce qu'elle fichait ? C'était une sorte de test ? Elle jouait la comédie ? Surtout qu'elle reprit le fil de sa phrase direct, sans rien laisser paraitre. Merlin, c'était vraiment une bonne actrice ! Ou alors...

- Euh oui, j'ai euh, une question, madame... Vous... vous êtes sûre que vous allez bien ?

Et le pire, c'était que la question était sincère.

- Euh oui, j'ai euh, une question, madame... Vous... vous êtes sûre que vous allez bien ?

Sibylle regarda le jeune Serdaigle avec des yeux comme des soucoupes. Soucoupes encore amplifiées par les verres à triple foyer. Ou pas. Bref, en toute incompréhension, ça c'était sur. Aller bien? Mais bien sûr, pourquoi donc posait-il cette question? Est-ce qu'elle avait quelque chose sur le nez? Discrètement, elle se regarda dans le reflet d'une vitre afin de s'assurer que son maintient était égal à l'ordinaire: tous les châles, le foulard, les lunettes, pas de salade entre les dents... checklist ok! Elle se retourna donc vers Malcolm,

- mais bien seul jeune homme, quelle idée. Mais je vous remercie de votre sollicitude.

Et se tournant vers le tableau, elle le visa de la pointe de sa baguette afin de faire apparaître, comme à son habitude, le thème du devoir:

Citation :

Devoir: alectomancie
Question 1) le choix de l'animal effectuant la prédiction a-t-il une importance? Si oui, laquelle?
Question 2) quel est l'impact du sexe de l'animal sur la prédiction?
Question 3) la nourriture offerte au choix de l'animal a-t-elle un impact sur la prédiction? Si oui, laquelle?
Question 4) Quelles sont les meilleures conditions pour pratiquer l'alectomancie, à votre avis?
Question 5) Si un animal hésite dans le choix du chemin à parcourir, et donc de la forme dessinée, faut-il intégrer cette information dans la prédiction? Si oui, comment? Quel sera l'impact?

- Voilà. Votre devoir est attendu pour le prochain cours. Quelqu'un est-il volontaire afin de balayer tout ce mais qui traine par terre?



HJ: désolé, j'ai eu un peu de mal à trouver du temps pour terminer ce cours. L'essentiel est cependant qu'on le termine bien. Vous avez donc les vacances pour faire ce devoir, bon courage! J'attribue les points pour la participation au TP dans les sabliers.