Clarisse avait obtenu une nouvelle paire de gants, mais aussi un de ces avertissements dont Trelawney avait le secret ; une prédiction fourre-tout, assez vague pour se vérifier d'une façon ou d'une autre, et prononcée sur ce ton mystique incomparable. Tandis que sa binôme enfilait ses gants neufs, William écoutait, un air de profond intérêt sur le visage, la réponse à la question qu'il venait de poser et dont il se souvenait à peine ; la prof était généralement contente qu'on lui pose des questions, et vu que jusqu'à présent, elle était l'une des rares à ne pas avoir mis ses méthodes en conformité avec la nouvelle politique, autant la ménager. Le roux la remercia d'un signe de tête d'avoir déversé tant de savoir sur ses frêles épaules, et se retourna vers Clarisse, fin prête désormais. La rousse observait l'intérieur du veracrasse, avec cet air de profonde compréhension qui rend les Serdaigles si insupportables... Ils devaient avoir des cours spéciaux au début de leur scolarité, sur le thème « comment avoir toujours l'air de tout comprendre à tout même lorsqu'on est totalement largué »... Ou alors, ils faisaient des concours en salle commune – comme les Poufsouffle faisaient des concours du plus gros mangeur, les Gryffondor des tournois de bataille explosive et les Serpentard des concours de pets... à chacun sa spécialité, n'est-ce pas ?

Le rouquin se pencha pour prendre une vieille plume dans son sac, et écarter les deux parties du veracrasse de façon à dégager le panorama. Même avec les explications de la vieille chouette, ça ressemblait toujours autant à une bouillie infecte... pas facile d'aller distinguer quoi que ce soit, et surtout l'avenir, dans ce tas de vomi. Surmontant sa répugnance, William se souleva de sa chaise pour se placer exactement au-dessus du bestiau, en mode photo aérienne ; à force de regarder, il finissait par s'habituer au spectacle peu ragoûtant, et il discernait vaguement les choses. Il se rassit et, attirant son parchemin à lui, nota :

Willou a écrit:

Couleur :
-Dominante brun : tristesse, vieillesse, maladie
Aspect :
-Mélangé : confusion, sociabilité, voyage
Forme :
-En rond : courte durée, absence de décision, force
Épaisseur :
-Fluide : rapidité, éloquence, perte d’argent

Poussant le parchemin vers Clarisse, il lui demanda son opinion dans un murmure, et elle se replongea dans la contemplation de l'amas dégoulinant en lui faisant signe qu'elle répondrait ensuite. William relut ses notes, et, croisant n'importe comment les pistes d'interprétation, inscrivit en dessous :

Willou a écrit:

Augure :
Quand Clarisse sera vieille, elle sera triste mais un voyage de courte durée lui donnera force et éloquence.

L'adolescent eut un ricanement en lisant ce tissu d'âneries, et repoussa le parchemin vers la Serdaigle pour qu'elle prenne connaissance de cette importante information sur son avenir. La rouquine sourit, secoua la tête et prit la plume usagée de son camarade pour aller farfouiller plus en détail dans les viscères du veracrasse. William, quant à lui, émit un profond baîllement, comme s'il venait de fournir un effort intense, et s'étira peu discrètement, sans avoir pris la peine de vérifier si Trelawney était hors de vue.

[HAHA ce retard T_T]

Ce fut Zélie qui prit le relai, tandis que Trelawney se rapprochait du petit groupe d'un pas aérien. La main de la jeune fille se retrouva rapidement dans les pattes de la femme aux triples-foyers et, dd'un coup de baguette magique, la douleur disparut. Ouf. June haussa pourtant un sourcil incrédule lorsqu'elle avisa la couleur étrange qu'avait pris son ongle, mais elle remercia Trelawney pour la sa prévenance, refusant poliment le prêt de vernis à ongles (il ne fallait pas pousser Merlin dans les orties non plus). Le temps de s'occuper des petits bobos, et la Bleue et Bronze avait cloué le ver sur la planche. Beurk. C'était écoeurant. Mais déjà, Zélie relevait des yeux de bambi vers la préfète. Arg. Non, pas ce regard là ! June chercha Edwin des yeux. Après tout, c'était lui le mec du groupe, le courageux Gryffondor. Non ? Mais le Lion semblait se défiler lui aussi. June soupira. Allons bon. Ce n'était tout de même pas si terrible tout de même. Dégoûtant, oui, mais pas la fin du monde. La blonde fit un sourire rassurant à l'aiglonne. Elle allait le faire. Après tout, ce n'étaient que des veracrasses.

La préfète saisit le scalpel, retint un instant sa respiration - elle était certaine que l'ouverture du corps flasque du bestiau allait libérer une vilaine odeur - et plaça la lame en haut du ver, du côté de ce qu'on pouvait désigner comme la "tête". D'un geste assuré, la jolie blonde trancha net, ouvrant l'animal de haut en bas, faisant jaillir un petit jet d'un immonde jus qui vint tâcher sa joue. Avec un haut le coeur, la jeune fille s'empressa de s'essuyer du revers de la main, non sans lancer un regard écoeuré à Zélie.

- Eurk. C'est fait. Allons-y gaiement maintenant...

Penchant la lame du scalpel, la blonde écarta les tissus tranchés, répandant un fumet nauséabond dans la pièce. La seule chose à laquelle elle pensait en cet instant était la bonne douche qu'elle allait s'accorder en sortant du cours, en salle de bains des préfets, pour se débarrasser de l'odeur qui allait sans aucun doute la poursuivre.
C'était navrant. Les entrailles de la bestiole s'apparentaient plus à une bouillie dégueulasse qu'à un quelconque indice divinatoire. June lança un regard un peu désemparé vers Trelawney. La femme aux châles leur en avait pourtant fait voir de toutes les couleurs durant leur scolarité, mais là, c'était tout de même du haut niveau. Poussant un soupir la Bronze et Or, essaya de se concentrer sur l'amas de chairs et d'entrailles qui remplissait le veracrasse.

- Bon. Euh... Je dirais que... C'est entortillé et... compressé. Pour la couleur... brun jaunasse, on met quoi Zélie ? De toutes façons, c'est carrément pas vert, donc ce sera négatif.

Après une hésitation, la sixième année trancha.

- Allez, va pour jaune, ce ne sera pas pire.

Continuant de triturer les chairs gluantes du bout de son scalpel, la jeune fille retint un nouveau haut le coeur lorsqu'elle releva la lame pour faire couler le fluide et en juger la consistance.

- Euuuuh... Je dirais épais, non ?

Désireuse d'en finir au plus vite, la blonde se contenta de ce verdict, et repoussa la planche un peu plus loin d'elle. Dégainant sa plume, qu'elle préférait mille fois au scalpel, elle entreprit de noter ses conclusions sur son parchemin pour se lancer dans une interprétation fumeuse :

Citation :

Couleur :
- dominante jaune : angoisse, crainte, chaleur
Aspect :
- compressé : timidité, enfermement, stress
Forme :
- entortillés : dilemme, amour, sentiments
Épaisseur :
- épais : mort, difficultés, richesse

Super. Qu'allait-elle bien pouvoir faire de tous ces paramètres ? Poussant un profond soupir, la jeune fille releva un regard blasé vers ses partenaires de TD. Trelawney était tout de même un cas à part.

- Eh bien euh, je dirais, commença-t-elle sans regarder personne en particulier, observant plutôt la bouillie de veracrasse de manière totalement inutile, qu'un dilemme amoureux va frapper l'un d'entre nous. Que cette situation va engendrer angoisse et stress, peut être même plus, un repli sur soi ou autre car des difficultés vont venir s'ajouter à ce choix difficile.

La jolie blonde se tut, en adressant un sourire navrée à Zélie et Edwin. L'exercice était navrant.

HJ:

il me manque encore les réponses des groupes:

Ema - Shuro/Léandre
Joanna - Lellia

Désolé de vous mettre la pression mais je souhaite avancer... Je vous laisse jusqu'au 18, puis je devrai considérer le TP comme non remis. Bon RP

Sibylle commença à parcourir les groupes afin d'analyser le fruit de l'observation scientifique des entrailles visqueuses et peu ragoûtantes des veracrasses. Elle était obligée de tenir discrètement le pan d'un de ses innombrables châles devant le nez car l'odeur qui se dégageait de plus en plus des bestioles mortes l'incommodait au plus haut point, mais il eut été malvenu de vomir devant les élèves. Elle regardait avec envie l'armoire où se trouvait son xérès, une petite goutte lui aurait bien remis le coeur d'aplomb, mais cette solution n'était pas non plus possible, malheureusement...

Elle s'approcha du premier groupe, celui d'un rouquin de Gryffondor et d'une rouquine de Serdaigle. Se penchant pour regarder les viscères, Trelawney sentir son dernier repas vouloir se faire la malle dans le sens contraire de la marche. De l'air le plus docte qu'elle le pouvait, la main sur le menton remontant bien sur le nez pour le couvrir, l'enseignante acquiesçait et opinait, comme si la lecture était d'une évidence limpide, aussi limpide que les verres sales de ses lunettes. Approchant ensuite la feuille de résultats et d'interprétation de ses yeux, elle fit mine de s'approcher d'une source lumineuse, et en profita pour s'éloigner de la cause de l'odeur infecte, espérant qu'il s'agissait bien de l'animal mort. Après quelques instants de lecture et quelques longues inspirations afin de remettre son estomac au bon endroit, elle livra son verdict.

- Monsieur Craig, Mademoiselle McBrien, bonne lecture des signes que les astres voulaient vous transmettre. L'analyse est malheureusement un peu courte, même si elle reprend tous les éléments. Je doute que vous ayez suffisamment ouvert votre troisième oeil pour interpréter le message subliminal contenu dans ce réceptacle mortel... Ce travail rapporte au groupe 12 points.

Sibylle se dirigea vers le groupe suivant, mais limita la vérification de l'observation au strict minimum. On aurait quand même pu lui dire que les veracrasses étaient si puants une fois morts! En fait, ils l'étaient déjà vivant, mais qui s'en souciait? Prenant la feuille de résultats, elle s'éloigna à nouveau du banc de dissection. Décidément, cet exercice ne semblait pas inspirer les élèves...

- Même commentaire pour le groupe de Mademoiselle Galdwin, Mademoiselle Colien et de Monsieur Echeberry. Et donc, même note de 12 points.

Et elle continua à passer dans les groupes, passant de plus en plus vite d'un groupe à l'autre, ne regardant même plus le ver et se contentant de lire le travail fourni. Elle arriva enfin au dernier groupe à évaluer.

- Et de même pour Mademoiselle Skye et son partenaire, et même évaluation. Visiblement, cet exercice ne vous a pas inspiré énormément. Il est vrai que je n'ai pas choisi le support de lecture le plus aisé. Mais qui peut le plus peut le moins.

Allant s'asseoir dans son rocking-chair, qu'elle se garda bien de faire balancer, Trelawney inspira profondément les effluves qui émanaient du brûleur d'encens placé juste à côté. Ouf, cela allait déjà un peu mieux. Mais il y avait urgence à terminer ce cours. Elle fit apparaître quelques phrases au tableau.

- Je vous offre l'occasion de vous rattraper, veuillez prendre note du devoir que vous aurez à rendre pour le prochain cours. Le sujet se trouve écrit au tableau:

Citation :

Individuellement, analysez les résultats d'observation suivants, de manière structurée et personnalisée: n'oubliez pas de vous projeter dans votre travail afin d'appliquer concrètement votre prédiction:

COULEUR
- dominante jaune : angoisse, crainte, chaleur
ASPECT
- compressé : timidité, enfermement, stress
FORME
- en rond : courte durée, absence de décision, force
EPAISSEUR
- épais : mort, difficultés, richesse

- Ce travail est attendu pour le prochain cours. Et avant de vous libérer, qui est volontaire pour récupérer ces cadavres et aller les jeter le plus loin possible de cette classe?


HJ: le devoir est attendu pour le 15/01, profitez bien de vos vacances. Une personne peut donc poster à la suite et emporter les veracrasses... et en faire ce qu'il veut :sifle:

Bonne réflexion et imagination

Clarisse s'absorbait dans l'observation ô combien délicieuse du veracrasse mort, un air de grande concentration sur le visage, et William, en proie à l'ennui, reprit sa plume pour orner son parchemin de quelques dessins. Il était en train de mettre la dernière main à une petite potence du plus bel effet, lorsque Trelawney surgit de nulle part pour venir commenter leur pseudo-travail. À force de ne plus la voir déambuler dans la classe, le roux avait fini par oublier sa présence, et il sursauta légèrement en entendant le bruissement de ses bracelets à breloques tout près de lui. Bon, par chance, elle n'était pas difficile et trouva que leur lecture des messages surnaturels était bonne... Il fallut à William toute sa capacité de concentration pour ne pas s'esclaffer. Voir un message des astres, dans cette bouillie nauséabonde de veracrasse... et une interprétation dans les quelques mots qu'il avait jetés au hasard sur le parchemin... Il fallait être soit très optimiste, soit complètement con, et par respect pour une enseignante, l'adolescent refusait de se prononcer. Il adressa un sourire à Clarisse à l'énoncé du verdict – douze points sans rien faire, ou presque, ça mettait tout de même de bonne humeur...

Tandis que le professeur Trelawney s'en allait voir les autres groupes, William s'étira en bâillant longuement, avant de reprendre sa passionnante activité de dessin. Un pendu orna bientôt la potence, puis une toile d'araignée vint meubler le coin supérieur droit de la feuille, puis... Puis Trelawney coupa court à cet élan créatif en annonçant le sujet du devoir. Un moment, le rouquin avait espéré y couper, mais le baba au rhum qui leur servait d'enseignante avait décidé de suivre la mode et de leur coller du boulot. Comme s'ils n'en avaient pas assez... Le garçon nota soigneusement l'énoncé dans son agenda, en songeant par avance au paquet d'âneries qu'il pourrait écrire...

Enfin, Trelawney les libéra, en demandant au passage un volontaire pour évacuer les cadavres de veracrasses. William n'avait pas la moindre idée de s'en charger, mais le hasard et la malchance firent qu'il se retrouva le dernier à sortir, alors que personne n'avait pris les cadavres... Le professeur lança un regard de remerciement au cinquième année, qui n'eut d'autre choix que de faire le tour des tables pour recueillir les bestiaux morts sur une feuille de papier.

-Au revoir professeur, marmonna-t-il en repliant la feuille avec précaution avant de s'engager dans l'échelle d'argent.

Qu'allait-il faire de ces horreurs dégoûtantes ? L'odeur aurait suffi à couper l'appétit à une armée de trolls... Tiens, et s'il allait les jeter dans une armure, juste devant le bureau de Rogue ? D'ici quelques jours, une délicieuse odeur de rat crevé emplirait tout le couloir...