L’Ordre du Phénix reprenait petit à petit du poil de la bête (sans vouloir faire de jeu de mots^^) et il devenait assez fréquent que des jeunes recrues fassent leur apparition dans la salle de réunion. Bien entendu, il y avait toujours quelques méfiances vis-à-vis de ces « nouveaux », une paranoïa assez justifiée dans ces heures sombres d’une guerre qui ne tarderait pas à éclater ouvertement. Les « anciens », disons, ceux qui étaient là la première fois, servaient en général de guide pour intégrer les courageux sorciers qui rejoignaient l’assemblée secrète. Il fallait bien entendu s’assurer que leurs intentions étaient louables et ensuite les emmener au repaire dans la plus grande discrétion. Dans les débuts, ils n’étaient pas très actifs sur le terrain, il leur était surtout demandé une grande prudence et de prendre quelques mesures diverses en cas de problèmes graves. Ensuite, ils assistaient à plusieurs réunions, apportaient des éléments nouveaux aux discussions, donnaient leur avis, pour finalement se voir confier une mission ; dans un premier temps à deux. Pourquoi tant de précautions me direz-vous ? Une fois au 12, square Grimmaurd, qu’ils soient du coté de Voldemort ou de Dumbledore ; Impossible de réellement le savoir. Non en fait ces précautions étaient prises dans le but de préparer les nouveaux membres de l’Ordre à ce qui pourrait se passer si ça tournait mal ; Leur permettre en quelque sorte de se rétracter et de choisir par eux-mêmes la nécessité d’agir sur le terrain au nom de l’Ordre.

C’était le cas de Mallory Clarks, nouvellement enrôlée par Arthur. Elle travaillait au ministère et était mère d’un enfant en bas âge. Il le savait car il savait en règle générale tout. La première guerre leur avait apprit au moins une chose ; Ils n’étaient plus en sécurité dès qu’ils se déclaraient, même anonymement, ennemis du Seigneur des Ténèbres. Ainsi, ils étaient plusieurs à connaître énormément de choses, à être tenus au courant des moindre détails, dans un souci de transfert de l’information en cas de décès de la part de l’un d’entre eux. Mallory Clarks, donc, revenons en à nos brebis. Une première mission lui avait été assignée et Rémus, tout droit revenu d’une mission très périlleuse, s’était proposé pour la former à la filature en tout discrétion. Il n’avait aucune envie de rester seul au square, et ce depuis la mort de Sirius. Prendre l’air lui ferait du bien et lui changerait les idées. Il n’était pas revenu depuis plusieurs semaines et maintenant que sa mission avait prit fin, il voyait autour de lui un certain nombre de personne qui prenaient soin de lui de manière détourné. Que ce soit Tonks en lui refilant de nouvelles robes de sorcier discrétement ou Molly lui gardant à manger pour trois ; Rémus en avait eu assez lorsque Maugrey s’y était mit, se renseignant sur sa santé. Trop c’est trop !

"Je vais bien ! Et c’est la dernière fois que je te le dis Fol Œil, laisse moi tranquille. Et toi aussi Dora… s’il te plait."

Il n’avait bien entendu pas voulu être blessant à travers ses paroles et avait esquissé un sourire d’excuse à la jeune femme ; il faut dire qu’il n’avait pas l’habitude qu’on se préoccupe de lui. En général les gens l’évitaient ou le harcelaient et il avait prit ses petites habitudes qu’il ne voulait pas voir chambouler. Mais il faut aussi l’admettre, il n’avait pas envie de se confier et de revivre les derniers mois qu’il avait vécu ; les pires de sa vie bien entendu. Depuis la mort de son meilleur ami retrouvé, il avait perdu goût à la vie et se voyait déprimer comme jamais auparavant. Dumbledore l’avait envoyé parmi les loups-garous de Grande Bretagne qu’à contre cœur, sachant pourtant très bien que la souffrance de Rémus ne peut se combattre qu’à travers une souffrance encore plus atroce ; le retour à sa condition de lycan une fois par mois.

Après un somptueux repas qu’il prit sous l’œil faussement accusateur de la femme d’Arthur, Moony enfila enfin sa cape pour s’aventurer dans les rues de Londres. La porte se referma derrière lui et il prit alors une grande pouffée d’air libératrice. Il se dirigea dans un des bosquets du square et transplana en toute discrétion jusque sur le Chemin de Travers bondé en ce samedi après-midi ensoleillé. L’œil aux aguets, il repéra Mallory sur une terrasse qu’il rejoignit rapidement. Il s’assit à coté d’elle et approcha son visage près de son oreille, dissimulant ainsi un salut affectif.

"Heureux de voir que vous êtes à l’heure. Avez-vous mis l’alliance ?"

Il reprit ses distances et s’installa sur sa chaise alors que la serveuse d’approchait d’eux. Il lui sourit d’un air détaché alors qu’elle s’arrêta à hauteur de sa chaise. Elle donnait l’impression d’en avoir assez d’être là et d’attendre désespérément l’heure de sa pause.

"Et qu’est-ce que ce sera pour vous ?"

"Un café s’il vous plait. Et toi chérie ?"

Autant jouer le jeu jusqu’au bout, c’était ainsi qu’on entrait le mieux dans le rôle et qu’on évitait de faire des bourdes. Il attendit que la serveuse s’éloigne d’eux d’un pas enjoué (^^) pour reprendre à voix suffisamment basse pour que seule sa « femme » puisse l’entendre.

"Nous allons commencer par un petit repérage des lieux à distance. La boutique se trouve juste un peu plus loin. Nous irons ensuite vérifier si notre ami est bien là aujourd’hui puis nous reprendrons notre poste d’observation en flânant dans les boutiques en face."

La serveuse réapparut, leur servant leurs consommations. Il prit soin de verser l’entier du sachet de sucre et de la crème avant de l’entamer ; C’est ainsi qu’il le préférait. Sa collègue était très charmante et semblait passablement jeune pour être déjà maman. Il ne s’en serait jamais douté si Arthur ne le lui avait pas dit. Et heureusement qu’ils s’étaient rencontrés une fois auparavant, sinon il aurait tourné un moment avant d’oser s’approcher d’elle pour savoir si elle était celle qu’il cherchait. En fait, elle n’avait pas du tout le profil qu’il s’était imaginé.

La demoiselle était entrée très rapidement dans son rôle et c’était d’autant plus agréable de ne pas devoir se soucier de savoir si leur « relation » collait ou non. Elle lui prit la main et il ne pu réprimer un sourire. Elle était douée. Très douée. Et ferait certainement une excellente fileuse au sein de l’Ordre. Malheureusement pour eux, tout ne se passait pas toujours de la meilleure façon possible et même les bons membres se font parfois avoir, il en avait la lourde expérience sur les épaules. Son sourire ne disparut pas pour autant car il se vit entrainer par une jeune femme très enthousiaste jusqu’au premier magasin de robes sorcières. Il laissa échapper un petit rire en se disant qu’elles étaient toutes pareilles, tout en gardant un œil vigilant trainer autour d’eux.

La rue était toujours autant bondée ce qui pouvait leur facilité la tâche car ils passaient inaperçu, mais d’un autre coté, filer quelqu’un dans ces conditions n’était pas chose aisée. Il avait la boutique de brocante en ligne de mire et laissa Mallory observer un instant la vitrine de Mme Guipure en faisant semblant de s’y intéresser. Il plissa les yeux sur les prix et se demanda comment il pourrait bien un jour entretenir une femme. S’en était accablant de voir à quelle point il fallait être riche pour s’acheter ce genre de robe, si belles pourtant. Il ne savait pas si Mallory s’équipait dans cette boutique, mais il fut content de n’avoir à lui offrir qu’un café qu’il avait déjà payé. Il ne serait d’ailleurs pas allé bien loin avec les quelques noises qu’il lui restait au fond de la poche. Il envoya un regard septique sur la boutique et se retourna sur la rue. Son air n’avait pas dû échapper à Mallory qui s’excusa de lui faire subir ça. Il lui rendit son sourire et ils s’aventurèrent, toujours main dans la main, jusqu’à la ménagerie Magique situé un peu plus loin et qui offrait un meilleur angle sur leur cible.

- Oh regarde, des boursoufs ! Ils sont vraiment adorables, tu trouves pas ?

Il adorait venir ici, il se sentait très proche des animaux depuis toujours. Ses parents n’avaient jamais eu les moyens de lui acheter un hibou durant sa scolarité à Poudlard, mais il passait toujours du temps dans la volière lorsque ses amis n’étaient pas sur son dos. Les animaux l’apaisaient et le rendaient serein. Il trouvait pourtant dommage toutes ces cages qui s’étalaient devant le magasin. Les animaux étaient pour certains très curieux de découvrir le monde qui les entouraient, mais beaucoup avaient peur de voir autant de gens autour d’eux et tout se brouhaha qui régnait dans la rue. Il voyait près de lui des enfants tirer leurs parents jusqu’à des hiboux dans de grandes cages ou vers des chats qui tentaient de s’échapper à la moindre occasion. Il regardait ça d’un œil nostalgique, lui qui ne s’était jamais marié et n’avait jamais eu d’enfants. La raison n’était pas par manque de succès ou crainte ; être un Maraudeur lui avait permit un certain succès non dissimulé auprès de la gente féminine. Oh non, il avait rencontré beaucoup de filles à qui cela ne faisait pas peur. En fait, il n’avait pas envie de prendre le risque inutile de transmettre sa condition si infernale de loup-garou à son fils, ou pire, à sa fille. Il ne pourrait le supporter et fuir la vie de famille était la meilleure solution qu’il ait trouvée jusqu’à présent. Pourtant la réalité au fond de lui-même était bien autre et briser ainsi le cœur de Dora le rendait triste comme il ne l’avait jamais été auparavant. Mais c’était hors de question et de toute façon, elle était bien trop jeune pour lui.

Son regard s’attardait sur les passants, n’oubliant cependant pas sa mission. Mais on instinct ne lui avait encore pas titillé les sens ; signe que rien d’anormal ne se passait. C’est sûr que ce n’est pas en attendant que les choses arrivent qu’elles allaient se produire, mais si Mallory était là aujourd’hui, c’était également pour apprendre. Il pouvait donc se dissiper un petit peu et laisser la jolie blonde faire une partie du boulot, sinon à quoi cela servait-il qu’elle vienne ?

- Tu vois le suspect ?

Il l’avait sentie s’approcher mais était occuper à gratter le dos d’un chat aux couleurs beige et brun foncé qui avait essayé de le mordre dans un premier temps. Il se redressa et glissa sa main derrière le dos de Mallory pour paraître plus discret et se retourna sur la boutique de brocante. Effectivement, plusieurs hommes venaient d’y entrer. Ils en avaient déjà vu quelques uns quelque part mais ne savait plus vraiment où. Il fronça légèrement les sourcils essayant de réfléchir. Il n’avait pas un très bon sentiment à l’égard de ces types.

"Non. Mais ces hommes ne me disent rien qui vaille. Je pense que notre homme doit être à l’intérieur."

Rémus tenta d’évaluer la situation. Il était inutile de prendre des risques juste pour savoir si ces hommes étaient suspects, de plus, il ne voulait pas mettre Mallory dans une situation périlleuse. Heureusement, la ménagerie magique n’était pas la seule à étaler sa marchandise sur la rue, le brocanteur faisait pareil avec quelques bibelots disposés sur des tables anciennes. Il se tourna vers Mallory pour lui faire signe de rester sur ses gardes. Il lui reprit la main et l’entraîna dans la rue en faisant attention à garder un rythme de promenade. Puis, ils passèrent devant la boutique de brocante et il fit comme s’il avait vu un objet intéressant à mettre dans sa maison. Il s’en approcha, le prit et se mit à l’observer en essayant de voir ce qu’il se passait dans la boutique à travers la vitrine.

Il était difficile d’évaluer avec certitudes ce qu’il se passait, mais les hommes étaient apparemment passés dans l’arrière boutique pour une raison inconnue. L’étiquette de la petite statuette qu’il tenait dans les mains indiquait 9 mornilles et 23 noises, qu’il n’avait pas. Il glissa alors discrètement à Mallory :

"Vous avez un peu de monnaie ?"

Il se sentie rougir tellement il avait l’air stupide de ne pas avoir prévu son coup. Mais disons qu’en ce moment son compte à Gringott’s était dangereusement vide et il comptait donc sur Mallory pour le dépanner sur ce coup-là et ainsi pouvoir pénétrer dans la boutique pour payer l’objet et par conséquent se rapprocher de la cible. Il espérait ne pas se tromper, mais son cœur s’était accéléré et ses sens étaient en état d’alerte ; l’avantage d’être un loup-garou et d’avoir ainsi les sens plus développé qu’un sorcier normal. Bien maigre compensation pourtant.



[j'espère également que ça te convient...]

Lupin s’arrêta alors de caresser un adorable chat, ce qui d’ailleurs étonnait un peu Mallory. Elle avait pensé que le félin aurait senti le côté loup de Rémus et ne se serait pas laissé faire aussi facilement. S’arrachant donc à cette bestiole, son compagnon se redressa et, lui glissant une main dans le dos, répondit,

"Non. Mais ces hommes ne me disent rien qui vaille. Je pense que notre homme doit être à l’intérieur."

C’était bien ce qu’elle avait pensé. Effectivement, leur suspect n’était pas parmi ce groupe d’hommes, la jeune sorcière l’aurait tout de même reconnu, mais ces derniers avaient vraiment l’air louche. Certes, ce n’était pas toujours judicieux de se fier à ses premières impressions, c’était pourquoi Mallory avait cherché conseil auprès de Rémus. Etant plus expérimenté, il était plus à même de jauger les gens et comme elle, il avait un mauvais pressentiment sur eux. Il était douteux qu’ils représentent une véritable menace et fassent quelque chose de vraiment dangereux, on était en plein jour après tout et il y avait bien trop de monde pour ça, mais cela ne signifiait pas pour autant qu’ils ne préparaient pas un mauvais coup. Et dans ce cas là...

Tickner devait certainement se trouver à l’intérieur et était leur contact. Les apprentis espions n’avaient pour l’instant aucune certitude mais tout penchait vers cette supposition. De toute façon, ce n’était pas pour rien que l’Ordre le suspectait, ils avaient déjà repérés des signes. Maintenant, il s’agissait de déterminer exactement la nature de ses activités illicites. Ce n’était pas parce qu’on était un trafiquant ou un truand qu’on était automatiquement un Mangemort. La blonde ignorait encore comment ils pourraient d’ailleurs en être sûrs. Après tout, ils ne pourraient pas relever sa manche pour vérifier s’il avait une marque des ténèbres ou pas ! Il n’y avait juste qu’à espérer que quelque chose d’autre le trahisse, mais cela tenait à peu de chose ou beaucoup de chance de leur part.

Rémus lui prit ensuite la main pour poursuivre leur "promenade" et l’entraîna jusqu’à la fameuse boutique de brocantes. Le cœur de la jeune femme commença alors à s’emballer. Plus ils s’approchaient de leur but, plus elle était nerveuse. Pourtant, elle était déterminée à n’en rien laisser paraître et se concentra à projeter l’image d’une simple épouse en train de chercher différents bibelots pour orner leur maison. Ce n’était pas facile, Mallory avait tellement peur de faire un faux pas mais il fallait qu’elle tienne bon. Elle était certaine que c’était seulement parce que c’était sa première mission, au fil du temps elle serait assurément habituée au stress et saurait mieux le gérer. De toute manière, c’était une priorité si elle voulait être d’une quelconque aide à l’Ordre. Aujourd’hui était Son Test et si elle le ratait, ils pourraient la juger inepte et donc elle ne pourrait plus participer à l’effort de "guerre". Or Mallory y tenait, elle avait besoin d’agir, de faire quelque chose pour lutter contre ce mal qui les envahissait de plus en plus. Elle en avait besoin pour pouvoir se regarder dans une glace et se dire qu’elle avait fait tout ce qu’elle pouvait pour protéger son fils et tous les gens qu’elle aimait.

"Vous avez un peu de monnaie ?"

Surprise, Mallory regarda Rémus puis l’objet qu’il tenait entre ses mains, une petite statuette assez quelconque. Elle comprit évidemment que son compagnon voulait utiliser l’excuse d’un achat pour rentrer dans les lieux, mais la jeune femme fut prise aussitôt d’un doute. Est-ce qu’elle avait pensé à amener de l’argent ? Elle n’avait pas vérifié combien il lui restait après qu’elle avait fait des courses dans la matinée. En plus, ce n’était pas une petite somme. La blonde gagnait désormais sa vie, ayant trouvé depuis peu un emploi au ministère, mais elle n’était qu’une employée parmi tant d’autres, et son salaire n’était pas très haut. D’autant plus qu’elle avait un enfant à élever et des parents à rembourser. Ils avaient été très généreux avec elle, l’aidant financièrement jusqu’à ce qu’elle trouve un travail. Travail qu’elle n’avait obtenu que très récemment, ayant eu du mal à se séparer de son petit garçon. Par conséquent, 9 mornilles et 23 noises constituait tout de même une assez grosse somme.

La jeune maman n’était pas une radine mais avec cet argent, elle pourrait acheter des choses bien plus utiles qu’une simple statuette qui, bien que jolie, ne servirait à rien d’autre qu’amasser la poussière. Mallory parcourut des yeux l’étalage qui s’étendait devant elle, cherchant une autre babiole moins onéreuse mais il n’y avait pas moins cher. Franchement, pour une boutique de brocantes, ils ne baissaient pas vraiment les prix. Cependant, c’était pour la bonne cause, de toute évidence c’était un bon prétexte pour pénétrer dans la boutique sans se faire repérer. De là, ils pourraient mieux voir de quoi il en retournait. Se résignant, la blonde regarda dans son sac et heureusement, il lui restait un peu plus de 12 mornilles. Se tournant vers son "mari" avec un sourire, elle lui confirma,

- Oui, c’est bon je les ai. On rentre ?

S’accrochant au bras de Rémus, ils entrèrent alors dans la boutique. Le contraste était tout d’abord surprenant. Après l’éclat du soleil qui inondait le Chemin de Traverse, l’intérieur de la boutique était beaucoup plus sombre. Clignant des yeux pour s’habituer à la nouvelle luminosité, Mallory se fraya lentement un chemin entre la multitude d’objets et de meubles hétéroclites qui jonchaient la boutique. Quelques curieux examinaient les différentes antiquités mais il n’y avait pas beaucoup de monde. Manifestement, les gens préféraient rester à l’extérieur et profiter du beau temps en faisant du lèche-vitrines. La caisse n’était pas très loin mais ce n’était pas Tickner qui la tenait mais une femme d’âge mûr. Où était-il ? Il pourrait être vraiment n’importe où, pouvant se dissimuler à loisir derrière les différentes vieilleries exposées.

- Chéri, on peut regarder un peu le reste avant d’aller payer ?

Mallory ne voyait pas non plus la bande d’individus qu’ils avaient vu rentrer dans la boutique plus tôt. Zigzaguant entre les étalages, la blonde regardait discrètement autour d’elle, tentant d’apercevoir leur homme. Puis, après avoir dépassé une horloge particulièrement hideuse, elle aperçut enfin le groupe de sorciers en train de discuter dans un coin sombre de la boutique. La jeune femme se dirigea alors vers une armoire qui se trouvait proche d’eux et fit semblant de l’examiner attentivement. C’était un meuble impressionnant et de fort mauvais goût, d’un bois sombre décoré de crânes et de taille assez imposante, il avait aussi la particularité d’avoir des pieds d’hippogriffes. Cependant, il présentait l’avantage d’être situé juste devant ces types, ce qui permettrait de pouvoir peut-être surprendre ce qu’ils se disaient. Un de ces hommes s’écarta soudainement, laissant apparaître un autre homme beaucoup plus maigre et avec l’œil fuyant. Sous la surprise, Mallory serra alors le bras de Rémus. C’était lui ! Finley Tickner...

[Mille pardons pour le retard j'espère que ça te conviens]

Évidemment, c’était très peu délicat de demander ainsi à une dame de payer. Rémus avait subitement l’impression d’être au restaurant et d’annoncer à son invité qu’il n’avait pas assez d’argent pour payer. Très gentleman chez un homme qui chercher absolument à être courtois et bien éduqué, une manière caché de montrer qu’il est un être humain avant un monstrueux loup-garou. Une éternelle gêne aussi que celle de voir son porte-monnaie désespérément vide. Si seulement il pouvait enfin trouver un travail stable et être en mesure de subvenir à ses besoins. Son rougissement passé, il soupira légèrement en voyant Mallory faire des pieds et des mains pour trouver suffisamment de monnaie pour qu’ils entrent dans la boutique. Il était peiné de devoir lui demander ça et il se promit de lui rembourser dès qu’il aurait quelques économies. La pauvre, avec un enfant à charge en plus. Il se sentit plus penaud que jamais et essaya de cacher son mal-être en souriant lorsqu’elle lui proposa d’entrer dans la boutique.

D’un geste vif, Mallory lui attrapa le bras et ils pénétrèrent dans la boutique, donnant encore une fois l’illusion de former un couple amoureux en quête de bibelot pour décorer leur nouvelle maison. Un rêve qu’il ne réalisera probablement jamais et qui le renfrogna encore un peu plus lorsqu’ils passèrent le seuil. Vraiment, lui qui pensait que cette mission lui changerait les idées, le voilà qui broyait à nouveau du noir. Quand arriverait-il à retrouver un semblant de moral ? Quand pourrait-il enfin passer une journée sans ressasser une tonne de souvenirs douloureux et des rêves idiots qui ne lui apportaient rien de bon ?

La boutique était vraiment sombre et poussiéreuse, un peu comme la maison de Rémus finalement. Levant les yeux au ciel, il chassa ces pensées définitivement de son esprit et se concentra sur leur mission. Il tenta de discerner les différentes personnes présentent qui se limitaient à la caissière quelques mètres plus loin. Pourtant, il entendait des murmures qui devaient venir de plus loin.

- Chéri, on peut regarder un peu le reste avant d’aller payer ?

Il lui sourit d’un air entendu et lui lâcha la main, lui permettant ainsi d’aller flâner un peu plus loin. Il décida quant à lui de suivre une autre rangée, histoire d’avoir un autre angle que celui de Mallory et surtout d’être plus discrets dans leurs observations. Il s’approcha suffisamment pour entendre quelques bribes de voix. Rien d’important dans cet échange, mais ce qui l’inquiétât pour sa couverture fut le brusque mouvement que firent les hommes pour se déplacer lentement vers l’endroit où se tenait Mallory. Entre deux bibelots il tenta de la prévenir par des petits « Mallory » tout juste murmurés qui n’attinrent pas la jeune femme, concentré sur sa tâche et l’observation d’une énorme armoire.

Lentement et le plus silencieusement possible, il se rapprocha de Mallory qui ne se rendait compte de rien, caché derrière l’imposant meuble. Malheureusement pour elle, dès que les hommes passeront à coté, elle se retrouverait à découvert et se verrait obligé de passer à la caisse. Peut-être même les hommes s’arrêteraient alors de parler et la mission serait foutue.

…Venez par là, nous serons plus tranquille pour débattre de cette affaire…

Le fameux Tickner avait prit la parole et entrainait d’un pas résolu les hommes dans leur direction. Rapidement, Rémus se rapprocha de Mallory, lui fit signe de ne pas faire un bruit et la poussa dans l’armoire qu’il referma derrière lui. L’espace était restreint, mais au moins ils l’avaient échappé belle. L’armoire paraissait grande vue de l’extérieur, mais une fois dedans, elle semblait minuscule et les obligeait à se courber légèrement et surtout à être très proche l’un de l’autre. Heureusement que le noir régnait dans le meuble car sinon Mallory se serait rendu compte à quel point le teint habituellement cireux de Rémus avait viré au rouge en l’espace de quelques instants. Il lui murmura le plus doucement possible dans l’oreille :

Excuse-moi, mais tu allais être mise à découvert.

Il avait prit un ton d’excuse et semblait passablement embarrassé de la situation. Il espérait qu’elle ne voyait pas la une manière de la mettre en boîte. L’avantage de leur situation c’est que les hommes, qui étaient passés devant l’armoire, étaient maintenant si près d’eux qu’il avait l’impression de partager l’espace restreint avec six hommes en plus.

…Vous comprenez qu’il vous faudra revenir cette nuit pour prendre l’objet, il n’est pas discret de traverser la foule en sa possession. Je préfère rester discret si cela ne vous ennui pas…

Apparemment, ce Tikner avait tout du parfait trafiquant à la Mondingus et Rémus se demanda pourquoi ils n’avaient pas pris la peine de se renseigner auprès du voleur sur ce fameux brocanteur. Ils auraient peut être pu gagner du temps et éviter de le filer pour rien. Enfin, pour l’instant, l’homme n’avait pas affiché très clairement sa situation de mangemort et ils leur étaient donc impossible de savoir si oui ou non il était sous commandement du mage noir ou simplement trafiquant à ses heures.

Lupin semblait horriblement tendu et avait l’air d’avoir des problèmes pour respirer. Peut-être qu’il faisait une crise de claustrophobie ? Mallory ignorait tout de l’histoire personnelle de son équipier, hormis le fait qu’il soit un loup-garou depuis très jeune. Cependant, ce n’était pas exclu qu’il ait associé de mauvais souvenirs à des endroits clos. Il avait peut-être été enfermé malgré lui lors de ses transformations et il en avait gardé depuis une certaine appréhension ? Si c’était vraiment le cas, la blonde espérait bien qu’il ne fasse pas une attaque de panique. Normalement, Remus était un homme posé en qui on pouvait avoir confiance en toute circonstance, mais tout le monde avait un point faible.

Néanmoins, il sembla prendre sur lui et s’empara de sa main qui avait été blessée par les soudaines piques qui étaient apparues sur le côté de l’armoire. Charitablement, ou pour se changer les idées, il cherchait à visualiser les petites blessures. Tache rendue évidemment impossible avec l’obscurité quasi-totale qui régnait dans cette armoire. Seuls quelques petits filets de lumière parsemés de poussière apparaissaient entre les interstices des portes qui n’étaient pas complètement fermées. Relâchant finalement sa main, abandonnant ainsi toute tentative d’en savoir plus, Remus s’excusa alors de ne pas pouvoir la soigner. Lui souriant, même s’il était fort possible qu’il ne le remarque pas, la jeune femme le rassura.

- Ne vous en faites pas, c’est rien du tout.

Puis, portant sa main à sa bouche, Mallory suça les quelques gouttes de sang qui perlaient sur ses doigts. Elle avait à peine été piquée et cela ne lui faisait pas mal alors elle doutait maintenant que cela avait été empoisonné. De toute manière, Merlin seul savait depuis combien de temps ce piège n’avait pas été actionné. Tout poison qui aurait pu y être appliqué se serait largement dissipé depuis. Enfin, elle espérait bien, autrement elle serait plutôt mal. La jeune blonde n’avait aucune envie de trépasser, et encore moins dans une fichue armoire à l’aspect aussi hideux. Lupin se pencha alors pour tenter d’apercevoir quelque chose entre l’espace entre les portes. Mallory quant à elle essayait de tendre l’oreille pour en apprendre davantage. Ils n’étaient plus que deux à parler, les autres ayant visiblement déjà quitté les lieux mais ce qu’elle entendit confirmait tout ce qu’ils avaient déjà soupçonnés. Tickner n’était qu’un trafiquant et il devait livrer quelque chose à un homme non identifié. Ils ignoraient encore quelle était cette marchandise mais, au vu des protestations et des excuses fuyantes de Tickner, cela devait être quelque chose de hautement illégal et dangereux, et valable certainement d’une peine de prison à Azkaban. L’autre homme insistait pourtant lourdement, à croire que ce Finley Tickner était le seul à pouvoir se procurer dudit objet.

- Qu’est-ce que ça peut être à votre avis ? souffla-t-elle à Lupin.

Toutefois, la jeune femme avait beau entendre la voix du commanditaire, elle avait quand même envie de mettre un visage dessus. Aussi, se baissant le plus possible dans l’espace restreint, elle s’accroupit et plaça sa tête en dessous de lycanthrope pour regarder elle aussi à travers la fente entre les portes. La position était un peu bizarre mais aux grands maux les grands remèdes ! De son angle de vue, Mallory voyait à présent très bien le suspect qu’ils avaient été chargés de surveiller mais l’autre homme était malencontreusement caché par un sorcier bedonnant qui venait de s’interposer entre eux. Celui-ci regardait attentivement une quelconque babiole située non loin de leur cachette. Le maudissant, l’ex-Gryffondor espérait vivement qu’il se bouge le plus vite possible. Ce n’était pas tant le souci qu’il puisse les repérer qui gênait la blonde, mais qu’à cause de lui elle n’arrivait pas à distinguer les traits de l’homme qui accompagnait Tickner. Et il pourrait également faire taire, ou pire faire partir, leurs cibles.

Heureusement, ses prières furent entendues et le client de la boutique s’éloigna, ayant sans doute trouvé son bonheur. Les deux comploteurs s’avancèrent également et se rapprochèrent tout près de leur armoire, présentant aux membres de l’Ordre leurs profils. Un moindre bruit de leur part et ils seraient fatalement repérés... Bien que ses genoux commençaient à lui faire mal, Mallory resta de marbre et complètement silencieuse. Ils étaient maintenant quasi certains que Tickner n’était pas un Mangemort mais un simple intermédiaire, néanmoins cela ne les empêchait pas d’en savoir un peu plus sur son trafic illégal et sur l’homme qui l’accompagnait, et qui lui pouvait s’avérer être nettement plus dangereux. Cependant, par manque de chance, celui dont ils ne connaissaient absolument rien avait sa capuche sur sa tête, dissimulant ainsi ses traits à leurs yeux inquisiteurs. Il n’y avait aucun détail qui pourrait les aider à l’identifier. Il était assez grand et de corpulence moyenne, vêtu d’une cape noire tout à fait banale. Leur discussion bien que toujours discrète devenait plus houleuse entre eux, le ton de l’inconnu devenant de plus en plus agressif et menaçant.

- J’en ai rien à faire de vos excuses Tickner, à moins que vous préfèrerez avoir affaire à Lui...

Ce faisant, l’individu releva légèrement sa manche gauche, laissant entrevoir ainsi la Marque des Ténèbres...

La poussière s’infiltrait dans ses narines et difficilement il se retenait d’éternuer. La vision qu’il avait été des plus pathétique, les yeux rivés sur le cul d’un type rondouillard, une image vraiment déplacé lorsque l’on se nomme Rémus Lupin et qu’on est bien sous tout rapport, ou presque. Il clignait des yeux pour se retenir de n’avoir que ça dans son champ de vision mais également pour chasser cette poussière qui s’infiltrait un peu partout et le chatouillait.

Discrètement, il sentie Mallory se glisser juste en dessous de lui, lui frôlant les jambes. Leur situation devenait vraiment des plus cocasses et encore plus gênante qu’elle ne l’était déjà, plongeant Rémus dans un état d’angoisse assez élevé, le faisant transpirer à grosses gouttes. La sueur perlait sur son front et dégoulinait dans son cou, la chaleur à l’intérieur de l’armoire n’aidant pas. D’une main hésitante, il desserra son col pour respirer un peu mieux et diminuer sa température.

- Qu’est-ce que ça peut être à votre avis ?

Déglutissant difficilement, Lupin murmura finalement d’une voix un peu rauque.

Probablement quelque chose d’illégal. Nous préviendrons le ministère qu’ils fassent une descente ici au plus vite.

Ses paroles étaient d’un banal très navrant, mais le loup ne savait pas vraiment quoi dire. La question de Mallory était presque plus une affirmation qu’une question car comment aurait-il pu savoir de quoi il s’agissait ? Il s’agissait un peu de parler pour se réconforter l’un l’autre et se rassurer par un bruit agréable et familier. Finalement, le gros lard poussa ses fesses et les laissa entrevoir ce qu’il se passait dans la pièce sombre et poussiéreuse. Apparemment la discussion ennuyait pas mal Tickner qui se tortillait les mains dans tous les sens, malmenant ses doigts grossièrement. Mais le surprenant se déroula très rapidement et laissa Rémus sans voix. Très rapidement, l’homme un peu épais se mit à vociférer des menaces à leur cible et souleva brusquement sa manche pour révéler une marque des plus intéressante mais qui faisait très froid dans le dos ; la marque des ténèbres.

Instinctivement, sa main se posa sur l’épaule de Mallory, une manière de se garder lui-même au calme et de ne pas sortir de l’armoire en brandissant sa baguette magique pour la pointer sur le sbire du Lord.

Ça devient intéressant subitement.

Le murmure qui était sortit de sa bouche était tout juste audible et Rémus n’était pas certain que la blonde avait pu l’entendre. Un silence de mort tomba sur la boutique alors que Tickner arrêta de s’agiter, transit pas la peur, le visage palissant à vue d’œil. Apparemment il était en train de réfléchir et de mesure le poids d’un éventuel refus définitif de sa part. L’homme devait probablement avoir de la famille et ne voudrait en aucun cas que le Lord s’attaque à elle. Probablement était-il prêt à tout pour la protéger, ce qui rendait la menace encore plus pesante sur les épaules du pauvre homme. Rémus ne fut donc pas étonné d’entendre les paroles qui s’échappèrent des lèvres du trafiquant.

C’est en ordre… Venez avec moi…

Les deux hommes sortirent de leur champ de vision, probablement pour se rendre dans l’arrière boutique. Etait-ce l’occasion pour sortir et se faufiler vers la sortie discrètement ? Lupin hésitait, il ne voulait pas mettre en danger Mallory et risquer un échange de sorts indésirables. Il ne voulait pas non plus montrer à la blonde qu’il n’était pas sûr de lui en lui demandant son avis. Mais la réflexion prit trop de temps car les deux hommes revenaient déjà dans la boutique. Retirant sa main de l’épaule de la demoiselle, il reporta son attention sur la boutique. Le contact avec la blonde lui avait ravivé une nouvelle fois des pensées floues qu'il ne voulait plus laisser lui faire perdre ses moyens.

Je reviendrai Tickner, n’oubliez pas ce que je vous ai dis !

[Je m'excuse pour le post :/:]

[HJ : désolée pour le retard, j’espère que ça te va ]


Son sang se glaça à la vue de la néfaste Marque des Ténèbres. Le symbole des Mangemorts et de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom. L’annonciateur de la mort. Les yeux fixés sur ce serpent sortant de la bouche de ce crâne, Mallory pensait à toutes les occasions où cette marque signait toutes les violentes scènes de tortures et de crimes. Lors de la première guerre, elle terrorisait la population sorcière et tout le monde vivait dans la peur de l’apercevoir. La jeune membre de l’Ordre, bien que luttant contre les porteurs de ce tatouage, ne l’avait pourtant encore jamais vu. Elle n’était pas une trouillarde, fidèle à son esprit Gryffondor elle avait toujours été casse-cou, n’ayant pas peur du danger. Cependant, la voir en vraie pour la première fois était vraiment effrayant. Même Lupin qui pourtant avait du rencontrer cette marque un grand nombre de fois ne resta pas de marbre en la découvrant. Sa main se crispa alors sur son épaule, choqué comme elle d’avoir un Mangemort en face d’eux.

Pourtant Mallory s’était préparée à cette éventualité. Après tout, leur mission avait été de filer un prétendu Mangemort. Cependant, elle ne s’attendait pas à ce que la vision de la Marque des Ténèbres la perturbe autant. La jeune sorcière n’avait pas imaginé qu’elle ressentirait la sombre aura de magie noire qu’elle recélait. Cela la mettait mal à l’aise et cela devait être encore plus prononcé pour Remus avec ses sens exacerbés par sa lycanthropie. Il s’avérait donc que même si Tickner n’était pas un serviteur du Mage Noir, il était, plus ou moins volontairement, en contact avec eux.

A ce moment-là, Lupin marmonna quelque chose d’inintelligible et Mallory n’osa pas se retourner pour le lui faire répéter. La position dans laquelle elle se trouvait risquant de devenir plus que gênante si elle le faisait, déjà que là c’était limite. Néanmoins, la blonde ne regrettait pas son initiative puisque cela lui avait permis d’assister à cette scène. Il n’en restait pas moins que ce Mangemort était soit très inconscient de dévoiler sa marque dans un lieu public ou soit trop arrogant pour ne même pas considérer qu’on pouvait l’espionner. Elle ne doutait pas qu’il fut dangereux, les sbires du Seigneur des Ténèbres étant pour la plupart des brutes assoiffées de sang, mais son intellect laissait quelque peu à désirer. Toutefois, cela eut l’effet escompté sur Tickner qui avait blanchi à ce rappel de l’identité de son interlocuteur. Ne cherchant plus d’excuses, il accepta finalement de fournir le mystérieux objet et conduisit le Mangemort vers l’arrière-boutique.

Relâchant sa respiration qu’elle ne se souvenait pas avoir retenue, Mallory considéra leur situation. La mission qu’on leur avait confiée était terminée, ils étaient certains à présent que, bien que travaillant pour eux, Tickner n’était pas un Mangemort. Ce n’était qu’un trafiquant. Cependant, l’autre homme en était un, lui. La blonde aurait aimé le pister et essayer d’en découvrir un peu plus sur lui, ne serait-ce que son apparence, mais elle ne savait pas quelle était la procédure habituelle de l’Ordre. Est-ce qu’on pouvait prendre l’initiative de le filer ? Après tout, Remus était un membre aguerri de l’ODP et cela serait stupide de ne pas chercher plus de renseignement sur le serviteur du Mage Noir. Alors que les deux hommes refaisaient leur apparition, Mallory souffla à son collègue,

- Il faudrait qu’on suive le Mangemort, non ?

Celui-ci se dirigeait vivement vers la sortie alors que Tickner, encore tremblant, retourna d’où il venait. Il avait certainement dû recevoir d’autres menaces en privé car il était clairement agité. La démarche peu assurée, il titubait et se cogna même à un petit guéridon où se trouvait un jeu d’échecs, faisant tomber quelques pions au passage. Une fois qu’il eut disparu, la jeune femme tenta ensuite de se relever mais ce n’était pas une mince affaire. Avec ses jambes légèrement ankylosées à cause de l’espace restreint et de sa position peu confortable, elle s’accrocha à la jambe du loup-garou pour se redresser et... la porte s’ouvrit !

- Oh... C’est... c’est scandaleux ! De ma vie, je n’ai jamais... Allez ailleurs pour faire vos cochonneries !

La sorcière aux yeux de travers qui venait malencontreusement de les découvrir porta la main à sa poitrine, comme si elle allait défaillir. Mallory, quant à elle, était mortifiée. Brusquement paralysée, elle ouvrait de grands yeux surpris sur la femme qui se faisait tout un film. Certes, ce n’était pas très fréquent de trouver un couple dans une armoire, mais de là à considérer... ça ! Le visage en feu, la blonde n’osa pas regarder Lupin. Elle parvint néanmoins à se lever et, pressée de quitter la présence de l’horrible vieille femme qui les regardait encore d’un air choqué, attrapa la main de Remus et courut presque avec lui jusqu’à la sortie. Merlin ! Quelle humiliation ! Mallory était certaine qu’avec le recul, elle rira de cette situation mais en attendant c’était affreusement gênant ! Heureusement, dans leur malheur ils avaient eu au moins la chance de ne pas être repérés par Tickner et le Mangemort inconnu. S’écartant de la boutique, l’anglaise toussota un peu, pas sûre de la stabilité de sa voix après cet épisode, et questionna le lycanthrope,

- Vous voyez notre homme ?