Bien qu'ayant reçu une éducation sorcière, Lacey connaissait certains contes moldus pour enfants. Différents des contes sorciers, ces derniers suivaient souvent un schéma, un fil rouge que l'on retrouvait dans les autres contes. Globalement, on pouvait même dire que si l'on ne prenait que le squelette de chaque histoire, l'on se retrouvait quasiment avec le même récit. Les personnages ne changeaient pas énormément bien sûr : une princesse, un vilain parent ou une sorcière, une aide extérieure qui prenait l'apparence d'un petit animal, d'une fée ou d'un nain et finalement un prince charmant. Les contes avaient apparemment pour les moldus, une valeur moralisatrice - c'était aussi le cas pour les récits sorciers- mais, Lacey avait peine à se retrouver dedans. Le brave sorcier se sentait exclu du schéma : la jeune et belle princesse, très peu pour lui, le vilain parent ou la sorcière, bof bof, il arrivait à la trentaine et la question d'un gamin le prenait parfois pour se finir sur l'évident constat qu'il lui faudrait déjà une compagne stable et s'il avait un môme, cela n'aurait certainement pas été pour lui faire du mal. Restait encore l'aide ou le prince charmant. Pour le dernier, il se voyait mal en tenue d'apparat sur un cheval blanc, ses boucles blondes brillantes sous un soleil impeccable, aussi impeccable que sa dentition ! Restait donc le rôle de l'aide qui se divisait en trois groupe : La bonne fée -il avait certes des pouvoirs magiques mais de là à chanter une chanson débile pour transformer une citrouille en carrosse-, le nain mais, Lacey n'était pas petit quand bien même son frère cadet avait quelques centimètres de plus que lui et se redressait toujours ostensiblement quand il passait près de son ainé, fier de cette supériorité et ignorant le sourire amusé de Lacey... Et pour finir l'animal. Pourquoi pas? Il songeait à l'animagus depuis quelques temps déjà et non pas dans le but de correspondre au schéma classique d'un foutu conte moldu mais, pour des raisons d'ordre plus pratique qui était lié à sa profession d'auror.

Le nez sur la vitrine, il suivait des yeux la figurine en bois d'un petit cochon qui courait derrière un pauvre loup apeuré, où allait le monde? Ah ! Il lui restait à la limite le rôle du bucheron dans le conte du petit chaperon rouge, celui-là même qui éventrait le loup à la fin de l'histoire pour en faire sortir la grand-mère. C'était un rôle presque parfait s'il n'était que l'auror détestait la vue des organes et autres joyeusetés du même style, entrailles et autres dérivés. C'était d'ailleurs le seul bon point qu'il reconnaissait aux mangemorts, l'avada kedavra était un sortilège propre.

Un corps rentra en collision avec le sien et de jolies mains gantées lui couvrirent les yeux, mettant un terme efficace à la réflexion existentielle qu'il avait quant aux qualités intrinsèques des hommes du 'Lord'. Les lèvres de Lacey se tendirent en un large sourire tandis qu'il fit mine de réfléchir la fausse question de son assaillante :

« Huuum, je pense très sincèrement à un croisement entre une doxy et un gobelin sous un sortilège d'aigreur d'estomac vu le ton de la voix mais, je pense que si je donne ça comme réponse, je risque de violentes représailles. Je me contenterais donc de dire : ma frangine? »

Sur ce, et sans attendre d'autres représailles qui aurait quand même pu tomber, il fit volte face et attrapa la demoiselle par la taille pour la serrer contre lui avec force. Inconscient de l'outrage qu'il faisait à sa soeur de ne pas contempler l'effort vestimentaire extraordinaire que la préfète des poufsouffles avait fait pour l'occasion. L'homme était pour le moment trop occupé à étreindre une personne qu'il n'avait pas assez vu à son goût et ce, depuis trop longtemps.

« Tu m'as manqué, tu m'as manqué, tu m'as manqué! »

Certes, on pourrait remettre en cause le caractère adulte de la réaction du brave fonctionnaire toutefois, l'homme s'en fichait comme du premier chocogrenouille qu'il avait mangé -il n'appréciait d'ailleurs pas trop la friandise, les aliments qui bougeaient n'avait généralement pas un excellent effet sur son estomac- et mettait au défi quiconque de venir le déranger en cette magnifique journée... pluvieuse. Il fallait qu'il se décide à prendre sa cadette dans ses bras pour que le temps ne décide de se gâter ! Jaloux, va ! Lacey relâcha la jeune femme, souleva un pan de sa cape pour la faire disparaître en dessous avant de remonter sa capuche et d'adopter un air narquois :

« Pourquoi fallait-il que tu te crois obligée de ramener la pluie avec toi? »

Non mais vraiment, question légitime.

[J'ai mis « d'autres représailles » dès fois que l'envie de lui filer un coup dans les côtes te prenne, sinon, ça restera une figure de style]

Lacey ouvrit la bouche comme pour lâcher un petit 'oh' discret et opina du chef, assurément il voyait ce dont sa cadette lui parlait. Une lueur goguenarde dans le regard démentait le sérieux de ce qui se passait dans la tête de l'auror. Assurément, il avait encore quelques imbécilités en réserve, il les garderait pour le moment. Il pleuvait, le vampire garderait donc la blonde agnelle sous sa cape, surtout que cette dernière paraissait parfaitement heureuse de pouvoir passer son bras autour de son frère ainé. Et ça n'était pas le dit frère qui allait se plaindre. Il fallait trouver un abris pour sauver la mise en pli -inexistante- de l'auror, qui n'avait cependant pas envie que sa tête ressemble à une serpillère.

Remarquez bien... certains mangemorts abrutis -pléonasme quand tu nous tiens- et qui lisaient trop -un mangemort cultivé, étrange...- l'ancien testament -un bouquin moldu en plus, Sa Sinistrerie se relâche dans le recrutement- les avaient confondu avec le buisson incandescent de Moïse. Sauf que si l'on mettait le feu aux cheveux du sorcier, ils brûlaient. Les cheveux, la nuque, le dos. Une étrange envie de casser la gueule au premier venu s'empara de Lacey qui dut faire un énorme effort pour la réprimer. Pas devant June, s'il vous plait. Est ce que cela voulait dire que le châtain aurait agressé le premier passant si la jeune fille n'avait pas été là? … Personne ne souhaite connaître la réponse à cette question.

Le sorcier se décida à chercher du regard un endroit où ils pourraient se poser, un coin sympa, un peu branché, pas trop pub avec fumée à couper à la baguette. On éviterait aussi les sempiternels salons de thé que monsieur l'ex-super-avocat-de-la-mort-qui-tue-la-vie-que-même-Flamel-il-peut-rien-pour-toi-futur-méga-gigantesque-directeur-du-département-de-la-justice-magique-tout-aussi-castrateur-que-sa-version-précédente-que-tant-que-tu-n-as-pas-vu-tu-n-y-crois-pas... enfin que Lawrence affectionnait quand il devait jouer la carte du parfait gentleman. Parce que le véritable Lawrence, celui bourré avant même la moitié d'un match de quidditch, ce qui arrivait régulièrement les vendredis, était un brin moins pet sec que sa version grand public. Un brin moins poli et brillant aussi. D'ailleurs, la jeunette lui parlait de Lawrence... Comment dire? Il ne pouvait pas parler à moins de se faire étriper vif par son cadet puis marqué au fer rouge et envoyé aux galères? Sans exagérer, ce n'était pas vraiment le genre de la maison.

Une question après l'autre miss Blondinette, on ne vous avait pas appris ça à Poudlard? Et … vu ! Lacey repéra le Star'griffs coffee. Un café à la mode pour étudiants où la population allait de quinze, seize ans à la trentaine. Un quadragénaire poussait parfois l'audace de venir s'y asseoir, mais ça n'était vraiment pas la majorité. Pour en revenir à la poufsouffle :

« Papa et maman vont bien. Papa a eu une augmentation au ministère, toujours pas de promotion, mais tu le connais, il préfère laisser passer les petits jeunes sous prétexte qu'ils ont l'avenir devant eux. Maman a eu une poussée de fièvre à cause de la grippe des doxys mais on l'a emmené à Sainte Mangouste avec P'pa et ils l'ont vite soigné. Sinon, Lawrence est venu nous aider à chasser les doxys de la maison. »

Il fit alors mine de réfléchir pendant qu'il poussait la porte du café. L'odeur de son breuvage favori l'assaillit et bien que comme précédemment dit, il en était à sa quatrième tasse, un cinquième ne le dérangerait absolument pas. Ernest -un collègue auror- lui avait signifié que s'il était aussi souvent sur les nerfs, c'était peut être du à l'excès de caféine. Lacey en doutait : Il était violent depuis son adolescence et depuis le temps qu'il buvait du café, il aurait su si la boisson avait quelque chose à voir avec son état d'humeur. Sans compter qu'il n'était pas stupide, il évitait les cafés forts et préférait ceux que l'on faisait à Vienne par exemple, avec du goût et sans être de la lavasse. Pour en revenir au Star'griffs -on ne demanderait pas qui étaient les créateurs de l'enseigne-, l'homme repéra une table près de la fenêtre avec de confortables fauteuils, parfait pour eux. Il n'aurait qu'à enlever les trois fauteuils inutiles pour qu'aucun petit malin n'ait l'idée de venir s'asseoir près d'eux. Lacey ne voulait pas être dérangé et il n'aimait pas non plus qu'on observe sa soeur de trop près. C'est pourquoi, il mit son projet à exécution, juste après avoir demandé à June quel siège lui convenait. Il se réservait un fauteuil club en cuir brun et ajusta la table comme cela lui convenait à la fenêtre, de façon à ce qu'il puisse voir l'extérieur sans angle mort trop important et qu'il puisse s'asseoir de manière à ce qu'il puisse observer tout le monde dans le lieu, petits tours aux toilettes, entrées et sorties compris. On était auror ou on ne l'était pas et c'était le même prix pour les pas-contents.

« Ce qu'il se passe avec Lawrence... et bien ma chère, tu as deux bras, un cerveau, de l'encre et du parchemin. Je finis ou tu saisis l'idée? »

La phrase n'était pas des plus aimables, malgré cela la lueur amusée sur le visage du sorcier et le ton employé ne laissaient pas de doute sur la façon dont il fallait l'entendre. Assis confortablement et caressant le cuir de son fauteuil de manière désinvolte, le semi-irlandais jaugeait la réaction de sa soeur et ajouta :

« De toute façon, t'sais bien que si j'ouvrais ma grande gueule, ton autre délicat frère me foutrait une muselière et me consignerait à la niche pour un temps indéfini mais long... Ce qui me rappelle qu'il faut se lever et aller au comptoir pour passer les commandes ici. Tu désires? »

L'auror lança un accio pour faire venir une carte qui rencontra malencontreusement en chemin les fesses en jupe noire et serrée d'une femme qui faisait le ménage. L'outragée se redressa précipitamment et lança un regard furibond autour d'elle pour savoir qui était le coupable. Quand elle avisa la table des Hawkesworth-Galdwin, Lacey lui fit son meilleur sourire innocent, la carte en main qu'il tendit à June pour qu'elle choisisse. A moins qu'elle n'ait déjà en tête ce qu'elle désirait.

[Pffff, comme si je faisais des conneries à chaque chose que j'entreprends, ce manque de confiance va me miner le moral pour quarante jours, j'ai plus qu'à aller marcher dans le désert à cause de toi. ]


90, 36, 40. Et ça n'était pas le début d'un numéro de téléphone. Oui si, s'en était un, de numéro, seulement pas de téléphone. C'était un numéro avec des cheveux bruns bouclés, des longs cils sous un épais mascara noir qui faisait ressortir deux beaux yeux bleus. Sans oublier une bouche lourdement maquillée de rouge à lèvres carmin et une rangée de dent blanches qui mordillaient nerveusement sa lèvre inférieure. Lacey ne savait pas trop si la jeune femme était ennuyée ou si elle lui faisait du gringue. 'Peut être les deux?' songea-t-il avec espoir avant d'être rappelé à la réalité avec une violence inouïe et parfaitement injustifiée. L'homme se massa le crâne et prit son meilleur air de chien battu :

« Mu... »

Très crédible, super classe et pas tout forcé. Si on n'avait même plus droit de faire l'imbécile, où allait le monde? Son numéro aux yeux bleus était reparti à son ménage et ne s'intéressait plus l'innocence incarnée qu'il était. Vilaine, vilaine petite soeur. Ceci dit, elle n'avait pas tort, même quand elle cassait ses coups -vous n'imaginez pas combien d'histoire pouvait commencer par un coup de menu sur les fesses-. Pleurant intérieurement sa belle romance détruite par la jalousie de June et aussi le fait qu'il avait deux cadets absolument pas possessifs et jaloux, Lacey fit la grimace devant le choix de sa compagne. Si l'estomac de la sorcière réussissait à garder ça au fond sans vomir, il en serait impressionné. Pour lui, cela lui semblait un peu trop chargé et il attrapa le bout de carton pour choisir à son tour, car il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il voulait. Hormis du café, chose évidente.

« Tu veux rien de plus consistant? »

Lui demanda-t-il pendant qu'il regardait la liste des pâtisseries qui s'étalaient joyeusement sur la carte. Des shortbreads, ça allait bien avec le thé, mais cela accompagnait aussi parfaitement les breuvages 'caféinés'. En ce qui concernait les boissons, son choix se fixa sur un café caramel crème, tout bon pour la ligne, mais comme on lui répétait souvent qu'il pourrait prendre un peu de poids, pourquoi pas? Merlin seul savait que si l'auror restait mince, ça n'était pas du à son alimentation, pantagruélique. Même ses précieux bâtons de nicotine ne suffisaient pas à lui couper l'appétit. Il était parfaitement inconscient du regard appuyé de sa June favorite-y en avait qu'une, heureusement...-, les soucis de ligne le dépassait totalement car il n'avait jamais appris ce que grossir voulait dire. Et en tant qu'homme, il préférait les jeunes femmes avec un bon coup de fourchette. Même si pour le cas présent, il s'agissait de sa petite soeur et non d'un conquête potentielle. Le sorcier leva son regard malachite de la carte et passa sa langue ses lèvres avant de la refermer :

« C'est bien, ça t'entrainera pour les examens. Tu vas pouvoir dépasser le stade du coloriage. »

L'ancien gryffondor se leva de table et décoiffa la blonde au passage, d'un mouvement ferme, de la main puis se dirigea vers le comptoir pour passer la commande. L'homme derrière le comptoir hocha deux fois la tête pour les boissons et fixa Lacey d'un air un peu étrange quand ce dernier commanda six pâtisseries. Hey, hey ! C'était lui qui payait, que le type garde ses commentaires. L'auror lui offrit son sourire le plus mal aimable et le serveur s'excusa avant de lui donner son tiquet pour qu'il aille attendre au bout du comptoir où les commandes apparaissaient comme par magie. Euh par magie tout court, en fait.

Le sorcier attrapa les deux boissons dans une main et attrapa deux assiettes où étaient répartis trois gâteaux sur chaque. Il fallait ensuite revenir à la table sans rien faire tomber et il était auror, pas jongleur dans un cirque. Contrairement à ce qu'il avait pu attendre, le trajet se passa bien, si l'on omit le sursaut qu'il eut en sentant quelque chose passer près de son fessier. L'homme s'arrêta dans ses pas et se retourna pour voir passer la serveuse auquel il lança un regard aussi étonné que circonspect avant de se mettre à sourire. D'habitude, c'était lui – et encore, il fallait qu'il soit ivre- qui mettait discrètement des mains au pétard des jeunes femmes, pas l'inverse. Cela n'était pas désagréable, juste un peu étrange, et cela faisait une affaire de plus à régler.

Le châtain posa les commandes sur la table et s'écroula dans son fauteuil. June lui avait bien fait comprendre qu'elle devait être la seule femme de l'après-midi. Il se contenta donc de sourire à sa soeur avant de reprendre la conversation :

« Sinon, il se passe quoi à Poudlard? Miss Teigne est toujours en vie ou quelqu'un a enfin réussi à noyer cette horrible bestiole? »

Oui, c'était une chose délicate à demander à une fille, mais comme June avait du sang de troll quelque part dans ses veines, cela ne dérangeait pas tant que ça.

La pique lancée par Lacey quant aux talents calligraphiques de sa soeur arracha une moue scandalisée à June, mais qui se transforma bien vite en mine amusée. Elle savait bien que l'ironie était l'une des armes préférées de son insupportable frangin, mais il n'empêchait qu'elle venait de se faire avoir. La jeune fille lança un regard complice à l'Auror lorsque celui-ci se leva pour passer commande en lui ébouriffant les cheveux. En temps normal, ce geste aurait relevé du sacrilège. Elle n'était plus une gamine ! Mais il s'agissait de Lacey, et avec lui, comme avec Lawrence d'ailleurs, elle aimait n'être parfois que la "petite soeur". Parfois seulement, car comme toute fille qui se respectait, June était un être compliqué, capable quelques secondes après de changer d'avis et de vouloir être considérée comme une vraie jeune fille. Ah lala, la psychologie féminine dans toute sa splendeur Messieurs Dames. June savait en jouer avec adresse, mais parfois, son comportement changeait sans qu'elle s'en aperçoive... Joies de l'adolescence.

En attendant son frère, la jolie blonde jeta un oeil à travers la vitrine, regardant les passants qui se promenaient... C'était étrange de voir tant de monde, si colorés, alors qu'elle était en pleine période scolaire... D'habitude, lorsqu'elle partait pour Poudlard, durant de longues semaines, elle n'avait pour seul horizon que les uniformes de ses camarades, et les robes de sorciers de ses professeurs. Tant de couleurs chamarrées et de sorciers d'origine différentes lui faisaient bizarre... Tous s'abritaient sous la pluie par des sortilèges ou des parapluies multicolores et loufoques. Le monde magique restait pour la jeune fille une intarissable source de surprise, quand bien même elle y baignait depuis sa naissance... Si le monde magique aurait pu lui paraître "normal", elle adorait y découvrir régulièrement de nouvelles bizarreries.

Le retour de son frère, tentant de ne rien renverser, la sortit de ses pensées. Les doigts fins de la jeune fille saisirent son chocolat chaud et elle porta la paille à ses lèvres, tandis que l'homme l'interrogeait sur les dernières nouvelles de Poudlard. La remarque sur Miss Teigne la fit réagir.

- Oh non, cette sale bestiole est toujours là et bien là... et sa saleté de maître aussi. Vivement qu'ils le mettent à la retraite celui-là... Je sais pas pourquoi Dumbledore garde un mec si détestable... Enfin sinon, pour le reste, ça se passe plutôt bien... Les autres élèves me regardent toujours comme une extraterrestre parce que j'aime les cours de Binns, ça, je crois bien que ça va me poursuivre toute ma scolarité.

June s'interrompit, car elle savait que Lacey partageait par ailleurs cet avis. La jolie blonde tenta de prévenir toute remarque désobligeante de la part de son frère par un sourire désarmant avant de poursuivre.

- On a fait une sortie de botanique aussi, avec un certain Vawdrey... Médicomage à Ste Mangouste... C'était vraiment sympa, on était dans la forêt interdite toute la journée. J'étais en binôme avec Nils et...

La jeune fille s'interrompit. Oups. Elle venait de citer un nom de garçon. Erreur. Elle était prête à parier que Lacey sauterait sur l'occasion. Vite, changer de sujet !

[HJ : je ne sais pas si tu veux relever la dernière phrase ou pas, libre à toi :) ]

[ Tu ne vas pas y couper ]


Quelqu'un dans le lectorat -ou dans la salle, hein les clients du café?- s'était-il déjà dit que la nature était injuste? Certains naissaient avec les cheveux bouclés, d'autres raides comme des baguettes de tambour, et de manière générale, on pouvait faire confiance à l'être humain pour ne pas être content avec ce que l'on avait. Lacey était grand sans être immense, son mètre quatre-vingt deux le satisfaisait pleinement, d'autant plus quand il remarquait la manie qu'avait son cadet à se redresser subrepticement quand il passait près de lui, histoire d'apprécier les deux, trois centimètres qu'il avait de plus que l'auror. Un sourire fleurit sur les lèvres du sorcier tandis qu'il appréciait pleinement la chance qu'il avait de pouvoir enfourner une demi-douzaine de pâtisserie en une fois et de ne pas les voir le lendemain sur la balance. Injuste, n'est ce pas? Mais tellement agréable. Le semi-irlandais avait toujours eu un bon coup de fourchette, et à la vérité, s'il ne mangeait pas à sa faim finissait rapidement pas avoir l'air rachitique. Il avait suffisamment souffert du look vampire anorexique à Poudlard pour ne plus se laisser aller de ce coté là. Il faisait parti des gens qui n'avaient pas à se sentir coupable de se faire plaisir, et sa nature le commandait plutôt à la jouissance qu'à l'abstinence.

L'auror piqua dans son premier gateau, un cheesecake à la cerise et couvert de chocolat, pudiquement appelé Russian Cake. Tandis qu'il le mordillait consciencieusement, il écoutait les explications de sa cadette sur ce qui se passait dans la très ancienne et très noble école. Il était ravi que sa soeur se soit retrouvé à Poufsouffle. Même tout Gryffondor qu'il était, sans l'ombre d'un doute, il reconnaissait à la maison des bruns et jaunes une certaine éthique et droiture, de belles valeurs, de celles qui conduisaient loin. C'était une maison scène et sa soeur au caractère bien trempé en dorait le blason. Lacey, malgré ses sarcasmes et ses sourires entendus, était très fier de sa soeur, tout comme il l'avait été de Lawrence. Le plus âgé prenait à cœur l'éducation que recevait les deux plus jeunes. Le nouveau directeur était un peu vieux pour subir la surveillance délicate du Hawkesworth châtain, June n'échappait malheureusement pas encore à l'étude attentive de l'auror. Pire, le métier l'avait rendu un brin paranoïaque mais surtout avec l'oreille trainante.

Cependant, une chose dans sa relation avec Lawrence reflétait un trait particulier de sa personnalité. Lacey Hawkesworth n'étais pas de l'espèce des dominants. Même s'il comptait dans le groupe de ceux qui avançaient seuls, il était tout de même dans celui des dominés. Le groupe de ceux qui préféraient prendre les ordres que de les donner. Le sorcier n'aurait jamais été heureux à être son propre maître, mais était parfaitement heureux dans le rôle de second. Il afficha une mine outrageusement choqué, malgré la tête de sa cadette, à l'évocation du cours de Binns. Comment, on pouvait faire autre chose que dormir durant les heures d'histoire de la magie? Sa soeur avait vraiment quelque chose d'inhumain, encore une raison de fierté.

La mention d'Arsène faillit lui tirer un commentaire quand quelque chose agressa son oreille. Comment ça, la mention d'un nom indubitablement de type masculin? Lacey plaisantait intérieurement avec ça, en fait, il laissait à June la liberté de mener sa vie comme elle l'entendait -minus quelques détails-, mais ne pouvait s'empêcher d'endosser avec plaisir le rôle du grand frère sur-protecteur et abruti, le tout sans en penser un mot.

« Et ce sieur Nils est...? »

Il but une gorgée de sa tasse, avec un sourire au coin des lèvres, avant de mettre une main sur son coeur et de prendre son air le plus innocent possible :

« Et ça n'est bien sûr que de la simple prévenance envers ma petite soeur chérie et révérée. Absolument pas la volonté de fourrer mon nez, que j'ai fort beau par ailleurs, dans tes affaires. »

L'homme bougea rapidement une main vers les assiettes de gâteaux qui trainaient gaiement sur la table, das fois que sa compagne se laisse tenter par l'une d'entre elles.

Sourire vissé au visage, la jolie blonde regarda son grand benêt de frère décacheter son cadeau - a contre coeur semblait-il, mais quel rustre ce Lacey - et crut un bref instant qu'elle avait manqué son coup. Le silence de son aîné la fit douter quelque peu. Allait-il goûter le trait d'humour ? Elle savait l'Auror partisan de la dérision, mais elle espérait ne pas tomber à côté. Elle scrutait le visage du semi-irlandais, guettant et espérant une réaction. L'homme ne semblait pas se rendre compte du trouble qu'il semait petit à petit chez sa compagne, mais la délivrance ne tarda heureusement pas : après avoir bien observé le dessin réalisé avec tant d'amour, l'employé du Ministère avait éclaté de rire, faisant tomber toute la tension qui s'était insidieusement glissée en June.

Ce n'était qu'un dessin certes, un tout petit cadeau de rien du tout mais... Faire plaisir à son frère comptait beaucoup pour la Poufsouffle. Elle le voyait si peu ! Il représentait beaucoup pour elle, et si elle s'était ratée, elle s'en serait voulu.

La jeune fille était si soulagée de voir la réaction de son frère qu'elle ne répondit même pas aux piques que celui-ci lui envoya dans la foulée. Lacey resterait Lacey, mais son ironie glissait sur la bonne humeur de la Bronze et Or. Elle accueillit les remerciements de l'Auror avec joie et retint son frère une fraction de secondes de plus que ce que l'homme ne lui avait accordé, comme si elle ne le laissait se rasseoir qu'avec regret.

Certes, June avait quinze ans et avait passé l'âge des câlins. Mais le contact avec sa famille était rare, et les moments passés avec chacun de ses membres étaient précieux. La complicité qu'elle avait avec ses frères ne s'émoussait nullement par l'éloignement, mais les entrevues étaient peu nombreuses, et June profitait égoïstement de chacune d'entre elles, au maximum.

Le sourire ravi et mutin qui avait accompagné la découverte de son cadeau en avait profité pour se changer en sourire moins triomphant mais sincère. June était contente d'être là, tout simplement. Pour ne rien gâcher, ce fut à son tour de recevoir des cadeaux.

Curieuse, la jeune fille sortit un premier paquet, un peu mou... Si elle s'était attendue à ça !

- Lacey Hawkesworth, tu veux vraiment me faire ressembler à Godzilla on dirait, fit la jolie blonde en éclatant de rire. Elle a l'air succulente cette tarte... Mais j'ai bien peur qu'on n'ait pas le droit de la manger ici...

La jeune fille referma l'emballage qu'elle avait écarté pour voir de quoi il s'agissait et reposa l'objet du délit sur la table, tandis qu'elle revenait vers le sac pour y replonger la main.

- Chic chic chic ! Des goodies des Canons ! Oooooh ils ont sorti une nouvelle collection de cartes sorcières à collectionner ! Oh, merci Lacey... Mais... Je vais encore devoir y faire passer la moitié de mon argent de poche...

Sans plus de cérémonie, la blonde avait étalé les quelques babioles achetées pas son frère et s'extasiait devant ces nouveaux objets qu'elle n'avait pas encore vu dans Quid'hebdo. Le semi irlandais avait toujours l'art de trouver les derniers attrape fan sortis pour gâter la Poufsouffle.
Quelques rires fusèrent des tables voisines lorsque les couleurs de l'équipe préférée de June furent aperçues, mais un regard noir de la cinquième année leur cloua bien vite le bec. On ne plaisantait pas avec June sur ce sujet.
Il restait encore un petit quelque chose au fond du sac, et la Bronze et Or termina la séance cadeaux en extirpant de leur emballage des chaussons tout à fait... mignons. June s'interrompit un instant en regardant les pantoufles, puis ses prunelles se relevèrent sur le visage attentif de son frère, et firent quelques allers et retours incrédules entre les deux.

- L'ours mal léché qui achète un truc... mignon ? Mais tout se perd ma bonne dame !

June éclata d'un rire cristallin, sincèrement étonnée par le cadeau de son frère.

- Merci beaucoup Lacey. Ca me fait très plaisir.

La jeune fille hésita un instant pour rajouter une petite raillerie, mais elle n'avait pas envie de briser l'instant. Elle laisserait à l'Auror le dernier mot quant à leurs chamailleries, et se contenterait des remerciements.

- On devrait plus souvent organiser quelque chose pour Law'... Enfin pas trop non plus, acheva-t-elle en lorgnant vers la tarte aux myrtilles.

Un câlin plus tard, la jeune fille reprenait sa place dans son fauteuil, et détaillait à nouveau les cadeaux que lui avait offerts son frère, sans les quitter des yeux, tout en s'enquérant de la suite des évènements.

- Dis-moi... On doit aller faire des courses du coup aujourd'hui ou pas ? Sinon, on règle son compte à cette appétissante tarte pour prendre des forces...

EDIT : ça y est j'ai édité les trois posts concernés ^^' Encore désolée.

[De quoi? J'étais pas très au fait non plus, pour ne m'en rendre compte que maintenant Je m'excuse pour la grosse anecdote du début ^^ »]

Lacey avait beau ne pas être un grand amateur des Chaudrons de Chudley [C'était un fanatique invétéré des Faucons de Falmouth, là au moins, c'était du sport d'hommes, du sport de brutes qui fait mal et qui sent la testostérone, et un petit peu l'œstrogène depuis qu'il avait inclus Felicia Chesney parmi eux. Excellente joueuse, toute aussi brutale que ses confrères et avec un magnifique mouvement de hanches quand il s'agissait de filer discrètement un coup de pied au poursuiveur adverse, soit dit en passant], l'endroit pour trouver les gadgets et les nouveautés restaient le même. Enfin, 'les' mêmes car tout ne venait pas de la même enseigne. C'était amusant de faire les boutiques à la recherche d'ustensiles, d'objets, de bibelots, de toutes sortes et pour tous les domaines. Lacey aimait le quidditch, il avait bien sûr ses magasins pour se procurer Le gadget à la mode et passer pour un abruti au bureau. C'était qu'il fallait le voir, monsieur l'auror à la main emportée, se ramener fier comme un paon pour exhiber sa dernière bêtise sur sa table.

Le pire était quand l'affaire tournait en bataille rangée entre Enerst -collègue auror et ami, véritable fanatique de quidditch et joueur dans un club amateur, ancien pouffsoufle, gardien des blaireaux-, Colin -autre auror, confrère apprécié, faux amateur, juste là pour mettre son grain de sel, toujours près à tirer dans les pattes de ses distingués collègues- et Lacey, pour celui qui ramènerait l'objet le plus improbable. La palme allait encore à Colin qui avait réussit à trouver des figurines de différentes équipes et à les faire excécuter un match improvisé dans le bureau des aurors. Thicknesse avait été ravi de la trouvaille, et cela avait justifié trois aurors préposés taverne pour le reste de la journée. Ernest et Lacey soupçonnaient le formidable jeu d'être une réalisation sur commande, et de par ce fait : de la triche. Mais comme Colin était un ancien serpentard, il était clair qu'il ne reculait devant aucune bassesse pour gagner un pari. C'était en tout cas l'avis profond et réfléchit d'un ancien poufsouffle et d'un ex gryffondor, tous deux imbibés. Si ce jugement, un brin naïf et subjectif, n'était pas d'une honnêteté intellectuelle première, le fait que le dénommé Colin s'amusait grandement à resservir ses confrères copieusement en alcool divers, n'aidait pas à prêcher sa paroisse. Par ailleurs, l'auror Colin aimait finir totalement torché quand il allait boire et ne souffrait pas que ses compagnons finissent en meilleur état que lui-même, Ernest avait la main lourde et Lacey avait cessé de compter après le troisième verre et un commentaire des deux autres. Une phrase douteuse comme quoi un homme qui surveillait son débit de boisson, ça faisait gonzesse. L'affaire avait trouvé sa finalité avec trois aurors ivres morts sur le trottoir inconfortable de la Soho, après qu'ils se soient fait sortir du pub pour s'être battus et avoir cassé la moitié du mobilier, pour ensuite passer la nuit dans un poste de police moldu en cellule de dégrisement. La classe les aurors, vraiment le fleuron du ministère.

L'auror chassa le souvenir de son esprit. Ce n'était pas vraiment le genre de chose à ruminer quand on était en présence de sa petite soeur et que l'on devait jouer les gentils grands frères qui donnaient l'exemple. C'était perdu d'avance de ce coté-là, sans compter le fait que l'homme n'avait pas honte du souvenir, et le trouvait amusant. Sauf quand il repensait à la gueule de bois monstrueuse du lendemain matin, et le transplanage hasardeux des cellules où ils étaient enfermés. Il y avait quelques moldus en uniforme qui avaient du se poser des questions. Et puis, c'était la faute à Pius de toute façon, il n'avait qu'à pas les sortir du bureau des aurors ! Bref, passons, la petite était contente de son cadeau et c'était l'essentiel :

« Tout se perds peut être, mais du moment que ça te fait plaisir. »

Et au final, c'était bien la seule chose importante : que le cadeau touche sa cible. Le commentaire sur les cartes et l'argent de poche le fit un peu tiquer. En bon grand frère, il aurait bien proposer d'en payer une partie, mais son inaptitude à conserver son salaire plus de quatre semaines rendaient la chose un peu difficile. Lacey aurait bien proposé à June d'en parler à Lawrence, il doutait cependant que le futur chef du département de la justice magique accorde de prêter son argent à de telles fins. Toutefois, Lacey aurait vraiment été le plus mal placé pour commenter la façon qu'avait son cadet d'utiliser son argent vu qu'une partie passait dans l'entretien d'un ainé dépensier et irresponsable. Si Lacey s'était rationné et avait fait attention, aurait-il pu gérer un budget? La réponse était non, sinon, cela serait déjà fait. C'était un peu lamentable à son âge, mais tant qu'il ne se retrouverait pas en position difficile de ce coté, l'homme ne voyait pas d'intérêt à faire plus attention. Il évitait d'y faire mention devant Lawrence, des fois que l'autre se sente de faire un sevrage.

« On doit aller faire des courses, tu te gardes la tarte pour plus tard. Enfin, tu fais comme tu veux mais... »

Le sorcier venait de ranger le dessin offert par sa cadette et continuait de faire un sort à ses propres pâtisseries sans trop se soucier de savoir si June allait choisir de manger la tarte où non. Il l'avait acheté pour elle, mais si elle tenait à manger, il y avait aussi les gâteaux du café où ils siégeaient présentement. La nécessité de faire des courses pour la petite soirée en l'honneur de Lawrence justifiait cependant qu'ils ne passent pas leur journée à se goinfrer et à discuter, bien que cela ne constituait pas une mauvaise perspective pour le semi-irlandais.

« Il faudrait qu'on aille voir du coté des décorations, maman a dit qu'on avait le droit de donner un petit coup de jeune à la maison... Mais... Qu'elle ne nous faisait pas confiance pour ce qui était de la nourriture -sauf le gateau, ce à quoi je lui ai répondu 'pourquoi au singulier?' et elle m'a filé un coup de poêle sur la tête-... Donc décoration, et gateau... au singulier. »

Grand frère fit un immense effort pour ne pas avoir l'air trop déçu.

Un sourire ravi accueillit la suite du programme. Non pas que la jeune fille préférait s'épargner la tarte, bien au contraire, mais la perspective d'aller arpenter le Chemin de Traverse avec son grand frère l'enchantait tout autant - voire plus - qu'un empiffrage de tarte à la myrtille. Certes, c'était délicieux, mais l'un était à consommer avec modération alors qu'elle pouvait profiter de l'autre de tout son soûl pour une fois dans l'année scolaire. Et puis elle se ferait un plaisir de partager la délicieuse pâtisserie avec Pily en lui racontant sa journée. Elle était certaine que les elfes de maison de Poudlard pâliraient de jalousie devant le gâteau offert par Lacey. Certes, la partialité de la Bronze et Or y était certainement pour beaucoup en réalité, mais un cadeau de l'Auror ne pouvait qu'être meilleur que les plats auxquels ils avaient traditionnellement le droit au château, fût-il, le cadeau, acheté dans le pure boui boui du Chemin de Traverse.

Lacey poursuivit ses explications avec l'origine de leur présence en ces lieux, et la jolie blonde éclata de rire en imaginant leur mère remettre ce grand dadais à sa place à grand renfort de poêle à frire. Il était intéressant de noter que pour la jeune fille, le terme "maman" coulait de source pour désigner celle qui avait adopté les Hawkesworth au même rang que sa propre fille. June considérait Lawrence et Lacey comme ses frères à part entière. Elle avait grandi à leurs côtés, et la cinquième année n'avait jamais remis en question l'unité de leur famille, bien qu'elle fût tout à fait au courant de la réalité de la situation. Mais "maman" s'appliquait sans complexe pour June ou pour les Hawkesworth. Aucune différence. Bien au contraire. La préfète était fière de sa famille patchwork. Leurs liens étaient complexes mais d'autant plus forts, et elle était fière que le destin l'ait gratifiée de deux aînés de la trempe des deux zozos.

La jolie blonde avait quitté ses cartes des yeux et regardait à présent son frère.

- Va pour la déco. On devrait trouver de quoi faire de toutes façons... Y a un thème spécial ? Genre Law' se fiance ? Law' a gagné un voyage aux Caraïbes ? Ou autre...

C'était frustrant de ne pas savoir exactement l'évènement qui lui avait donné le droit à une sortie. Et vu la mauvaise volonté dont l'Auror avait fait preuve précédemment pour répondre à ses questions, il y avait peu de chances pour qu'elle arrive à lui tirer les vers du nez. June pariait plutôt sur une esquive en bonne et dûe forme, et un choix de décoration des plus neutres et passe partout. Et ce ne serait pas très drôle, aux yeux de la cinquième année.

- Non, mais sinon, je sais, fit-elle avec une moue tout à fait sérieuse et assurée. C'est moi qui choisis un thème. Et on s'en fiche si c'est complètement à côté de la plaque. Maman nous tuera mais elle sera bien obligée d'accepter, et ce sera fun au final...

Faites plaaaace à June et ses gros sabots ! La diplomatie ? Oui, merci, un autre jour. L'idée plaisait bien à la Bronze et Or. Ce serait sa petite touche personnelle, pour participer à l'organisation malgré son éloignement. Sans se départir de son sérieux ni de son ton assuré - laissant peu de place à la négociation, il fallait bien l'admettre - la jeune fille poursuivit :

- Et puis pour LE gâteau, j'entrevois bien une solution... Maman a précisé que c'était au singulier... Mais elle n'a rien dit quant à sa taille, non ?

Déjà, June entrevoyait une immense pièce montée. Après tout, ils ne faisaient pas souvent de petite soirée en famille, il fallait en profiter pour mettre le paquet. Avec un sourire malicieux, la jeune sorcière se leva vivement et fourra ses cadeaux dans son sac à main - hormis la tarte, qui resta dans le sachet donné par le grand frère - avant d'attraper son frère par le bras.

- Allez viens ! On a du pain sur la planche si on veut trouver ce qu'on cherche ! Et puis on pourra discuter du thème en marchant. Je ne suis pas comme ça, tu auras même voix au chapitre...

[Que dirais-tu de boucler le topic au sortir du café? ]

'Maman', le terme était évident pour presque tous les membres de la famille recomposée. En fait, mise à part Lawrence, qui considérait toujours et définitivement que ses parents étaient morts lors d'une attaque de mangemorts, les Hawkesworth-Galdwin reconnaissaient tous « M'man » comme maitre du navire. Lacey en bon gros ours, avait sauté sur l'épouse Galdwin et l'avait adopté comme sa mère, sangsue d'affection, toujours prompt à venir se coller dans les jambes, à demander à ce qu'on l'aide dans sa lecture ou sur un sujet qu'il trouvait épineux, donc forcément pressant. Même dans sa phase « je suis de mauvaise humeur, donc je ne t'aime pas », maman Galdwin avait toujours été son refuge, peut être aussi parce qu'elle avait la main leste, autant pour le coup sur la tête que pour prendre son fils dans ses bras quand ça n'allait pas.

Maman avait toujours de bonnes idées. C'était amusant de la contrarier pour la voir s'énerver et vous expliquer par A+B qu'elle avait raison, le tout avec une logique implacable, quand elle ne se contentait pas d'un bon coup du premier ustensile qui lui passait sous la main si elle avait le malheur de se rendre compte qu'on se moquait d'elle. La dernière solution était généralement réservée à l'ainé des Hawkesworth qui, seul, s'amusait encore à maintenir que la nappe parme était rose, même des années après. La chose avait le don de mettre la femme très en colère, mais à l'avis de Lacey : Que cela soit parme ou rose, cela tenait toujours du mauvais goût. Ne pas laisser à une femme le loisir de choisir votre service de table, vous le regretterez à vie sinon.

Les idées de sa jeune quant à la raison de ce soudain besoin de faire une fête ne manquèrent pas de faire éclater de rire Lacey. Lawrence se fiancer? Celle là, ce serait la nouvelle de l'année, la meilleure blague jamais faite, l'auror se promettait de faire quelque chose de grandiose le jour où ça arriverait. Pour le moment, rien de tout ça, même si la pensée de son frère avec la corde au cou ne manqua pas de lui tirer un sourire narquois, petit et mesquin. Il se surprit même à rire stupidement de l'image d'un Lawrence énamouré auprès d'une jeune fille inconnue, à l'apparence aléatoire, puis ensuite à la vue d'un Lawrence aussi pet-sec qu'il pouvait l'être en mode 'monsieur le directeur' avec une femme à l'air tout aussi commode à qui il servait du 'très chère' avec un snobisme consommé. Quelle délicieuse vision. Les épaules du sorcier étaient secoué d'un silencieux sanglot.

« Tu veux choisir le thème? »

Le sorcier n'était pas si surpris de l'initiative, il se fit même le commentaire qu'il aurait pu s'y attendre. S'égarant un instant encore dans les méandres de son esprit, il analysait la proposition. Son oeil inquisiteur détaillait la blonde, non pas pour savoir si c'était une bonne idée, mais pour savoir si elle allait réussir à rendre la chose suffisamment cocasse pour qu'il puisse passer la soirée à rigoler dans son coin en se moquant de son cadet.

« C'est d'accord mon troll, mais hors de question de faire dans le noir et jaune. On acceuille pas l'attrapeur des canons à la maison. Et hors de question aussi de redécorer la maison en noir, je sais que ton frère a la gaité d'un croquemort asthmatique mais, ça serait cruel de trop lui montrer. »

Et puisque la plus jeune lui proposait d'avoir voix au chapitre s'il acceptait... Très bien. Elle n'allait pas être déçue du voyage.

« En plus, si on peut faire disparaître l'horrible nappe rose de la salle à manger pour une soirée, je crois que je suis prêt à n'importe quoi. »

Tout était payé au moment de la commande, il ne leur restait plus qu'à sortir du lieu, l'auror veillait à ce que sa jeune soeur n'oublie rien, pas plus que lui-même. La suggestion sur le gateau lui paraissait excellente. Gros gourmand qu'il était, l'idée de n'avoir qu'une seule patisserie le mettait difficilement en joie.