We can make you a girl ! [Lou et Ange]

Une après-midi d’ennui, un défi avait été lancé dans la salle commune. Isaac devait se travestir en fille. L’idée avait beaucoup amusée le garçon et les trois premières années qui avaient reçu son serment. Mais, les semaines avaient recouvert, ses promesses. A demi effacées sur le tableau d’entrée, elles semblaient oubliées. D’autres paris s’étaient présentés depuis. Le Serpentard ne se démontait jamais, quitte à clamer son amour à l’odieuse Lucy Duncan, il relevait toutes les provocations. Son audace et sa fierté ne pouvaient renoncer au plaisir de contrer le sourire narquois de son adversaire par un ferme « C’est d’accord, j’accepte ! », et il se laissait emporter dans les aventures les plus folles, car il n’était pas question de se contenter de la forme en espérant le dédain du temps. Ange et Lou avaient longtemps débattu avec lui. Son déguisement méritait d’être remarqué. Il n’y aurait aucun intérêt à se présenter à la table des Gryffondor en jupe plissée au beau milieu d’un petit-déjeuner quelconque. Il fallait créer la surprise, le scandale, et duper plus honteusement les rouge et or. Une date, entourée d’un cercle rouge dans le calendrier, avait remporté leur adhésion. La Saint Valentin n’était-elle pas toute désignée ? Il aurait tout le loisir de mener un garçon désespéré en bateau. Ce projet les faisait beaucoup rire. Ils avaient même essayé de trouver des cibles potentielles. Les individus masculins les plus pitoyables se coupaient une part importante dans la liste de Lou et Ange. Isaac, plus sournois, gardait une priorité particulière à Orion. Et Potter ? Oh quitte à approcher un Gryffondor ce serait tellement drôle ! Mais on disait qu’il craquait sur les rousses… Il pouvait aussi achever de se faire détester des lions en s’occupant de ce coincé de William après avoir réglé le cas de Page McHenry ou approcher de plus près cette célébrité de Quidditch qui devait, selon les rumeurs des couloirs, donner une sorte de conférence de presse à Poudlard… Tant de cibles s’offraient à lui…

Ce matin, Isaac était aussi excité qu’une jeune fille de bonne famille à l’approche de son entrée dans le Monde. Il aimait se déguiser, changer de peau, jouer avec les étoffes et les fards interdits aux garçons. Lorsqu’il était plus petit, ses cousins et lui retournaient allègrement les armoires de sa mère. A côté de ses tailleurs, Mrs Deniel avait de superbes robes de soirée. Marie-Charlotte demandait toujours à les essayer en cachette et, il arrêtait de la tourmenter pour entrer dans la partie, et entraîner le petit Henry avec eux. Mais ses plus beaux souvenirs se trouvaient dans le grenier de ses grands-parents paternels. Levy Deniel, historien zélé et passionné, avait eu sa période costumes. C’était avant qu’il ne se mette, pour le plus grand plaisir de son petit fils, à construire des maquettes de catapultes et ne transforme les combes en véritable champs de bataille. Toutes les époques, toutes les classes défilaient sur les cintres des armoires. Les plus belles pièces, les authentiques, épousaient les formes des mannequins. La collection était surprenante. Elle s’étendait sur cinq longues années, durant lesquelles le chercheur s’était intéressé de près à l’évolution de la mode. Ses sujets d’études finissaient toujours par envahir la maison. Et parfois, son épouse devait sévir, « Aucune hallebarde, aucune armure ne franchiront le seuil de ma maison ! », s’était-elle exclamée, hors d’elle, quelques mois plus tôt. Isaac ne comprenait pas ses réserves. Toutes les idées de son grand-père lui semblaient fabuleuses ! Son enthousiasme était contagieux. Et le vieil homme oubliait très vite son grand âge lorsqu’il s’occupait de lui. Combien d’heures avait-il passé à se déguiser avec lui ? En ajustant ses robes, il lui expliquait joyeusement qu’à l’époque de Shakespeare les femmes étaient interprétées par de jeunes garçons et que bien des rois avaient fait leurs premiers pas en jupons. Isaac l’écoutait, s’étonnait. Il n’avait jamais vu dans cette activité – pédagogique ! avançait son grand-père pour se justifier auprès de ses parents - une façon de fuir sa virilité. Quel enfant ne s’est pas laissé fasciner par la splendeur des apparats féminins ? La tenue d’écolière n’avait rien de fantastique mais, une fois de plus, elle ne quittait pas le cadre du jeu. Ce défi n’était qu’un prétexte pour rire entre amis, partager un bon moment autour d’un miroir.

Les trois compères devaient se retrouver à dix heures précises devant la salle sur demande. Isaac attendait Lou et Ange, un sac à la main. Il avait rassemblé quelques magasines utiles, des numéros spéciaux de sorcière hebdo et des catalogues de mode. Les deux premières années lui étaient chargées de lui fournir le costume. Ce n’était pas bien difficile. Il suffisait d’emprunter une jupe à une jeune fille mince et assez grande. La métamorphose pourrait régler le problème de la cravate et du blason, la magie de la pièce enchantée saurait créer le reste. Il lui tardait de découvrir le salon de beauté qu’elle lui préparait.

Ce matin là, les deux midinettes du MAL avaient rendez-vous devant la salle sur demande avec le très populaire préfet des serpent pour une raison bien particulière. Depuis ce jour où Isaac avait accepter ce fameux défi, à savoir se faire passer pour une fille de la maison Gryffondor, en draguant ceux qui lui feront un remarque, l'occasion de concrétiser le pari ne s'était pas représenter.. Pourtant à l'approche de la Saint Valentin, les trois verts et argents étaient tombé d'accord sur le fait que c'était le moment idéal.. Avec l'aide d'Ange et Lou, Issac serait très bientôt transformé en l'une des plus jolie fille de Poudlard et pourrait s'en donner à coeur joie pour faire tourner en bourrique certains garçons, réservant tout de même une place de choix pour des spécimens comme Orion, Harry, William et bien d'autre.. Il ne manquerait plus que les concernés se mettent à se battre pour lui Pour ce genre de plaisanterie, le garçon était simplement génial et ce n'était pas sans raison qu'Ange et Lou l'appréciaient beaucoup et s'entendait à merveille avec lui. La blondinette avait même parfois tendance à le considérer comme l'une de ses meilleures amies Par ailleurs la rumeur de cette célébrité de Quidditch qui viendrait à Poudlard tombait à pic car la grande majorité des élèves y seraient, ce qui faciliterait ainsi les plans des trois Serpentards qui risquaient de bien s'amuser..

Pressant le pas, Ange grimpa les sept étages d'une seule traite, tant elle était excitée comme une puce à l'idée d'aller s'occuper du garçon pour le_ enfin la_ rendre irrésistible.. La gamine avait emporté dans son sac simplement quelques magazines de mode et quelques uns de ses produits de beauté personnels et la salle sur demande ferait le reste.. Cette pièce était véritablement une vraie mine d'or et ce n'était pas pour rien que les trois rusés s'était fixé cet endroit comme lieu de rendez-vous. La petite poupée bouillonnait d'idées en tout genre, dont beaucoup n'était guère réalisables, mais quoi qu'il en soit, Isaac ne serait pas déçu.. La transformation risquait d'être bien amusante et le résultat serait parfait. Il ne resterait plus qu'à lui trouvait un nom de fille pour le rebaptiser et il allait avoir tous les garçons de Poudlard à ces pieds.. La petite imaginait déjà la scène, avec de parfaits crétins comme Orion venir se pâmer devant le préfet des Serpentards.. Et mieux encore, la gamine trépignait d'impatience de voir leur tête quand ils découvrirait la vérité et se rendraient compte qu'ils avaient été berné depuis le départ ! Cela pourrait même faire un excellent article dans la gazette et leur humiliation serait totale XD

Arrivant enfin devant la fameuse tapisserie de Barnabas le follet et ses trolls danseurs, les iris vert-bleu de la fillette se posèrent sur le garçon qui devait lui aussi venir d'arriver et un sourire mutin illumina son visage de poupée.. La petite vipère s'approcha de sa poupée du moment, se demandant par quoi elle allait commencer pour qu'elle soit toute belle

- Alors ? Prête pour cette petite séance de beauté ? niarkhéhé

Comme une lourde porte de bois venait d'apparaître, la blondinette s'approcha d'un pas bien plus assuré que la première fois, ayant fini par prendre l'habitude de se rendre dans la salle sur demande. Sans hésitation, la blondinette s'engagea dans la pièce ayant prit l'apparence d'un vaste salon de beauté, comportant livres, accessoires, diverses lotions, du maquillage.. Bref bien plus de chose qu'il n'était nécessaire pour réussir la métamorphose.

- Lou ne devrait pas tarder, c'est elle qui a l'uniforme. Viens tu n'as qu'à t'asseoir là. Ajouta la blondinette désignant d'un signe de tête l'un des fauteuils disposé face à un large miroir mural; la coiffeuse faisait presque la totalité du pan de mur. Enthousiaste , la fillette tira Isaac par le bras pour l'installer là où elle l'avait arbitrairement décidé, s'emparant de son sac pour le déposer sur une table en vue de s'en servir éventuellement plus tard^^

-Tu as une idée de ce à quoi tu voudrais ressembler ?

En réalité que réponse soit positive ou non n'avait pas une réelle importance, car de toute manière Ange en avait a revendre des idées, mais cela lui permettrait au moins de faire un tri et de choisir ce qui lui siérait le mieux.. Un sourire enchanté irradiait le visage de poupée de la petite serpentard qui détaillait son ami sous tous les angles pour déterminer quelle serait la meilleure façon de changer son apparence, presque avec professionnalisme. ^^

- Je pense que des cheveux mi-longs serait le mieux..

Ange ne se fit pas attendre. Les joues colorées, le visage rayonnant, la petite blonde arriva vers lui en réfrénant une envie manifeste de sautiller en tout sens. Il lui donnait enfin l’occasion d’exercer ses talents. Maquiller un garçon ! Le rêve pour une fille de douze ans. Il se mettait à sa disposition, et partageait son excitation. Son grand-père n’avait jamais essayé de le mettre dans la peau de l’autre sexe. Les perruques et les robes créaient la mascarade. Lorsqu’il piquait les fards de sa grand-mère, il ne cherchait qu’à se donner un air plus drôle. Et il avait grandi depuis. Les filles de son âge prenaient des formes, et il entrait doucement dans la peau d’un jeune homme. Son visage, quoique très fin, perdait les rondeurs trompeuses de l’enfance, sa poitrine gagnait une musculature légère, mais il restait maigre. Son allure ne le destinait pas à tenir le rôle d’une beauté pulpeuse. Il faudrait pourtant créer l’illusion. A treize ans, elle était encore possible. Notre futur travesti refusait déjà d’apporter trop de changements à son corps. Il se sentait parfaitement capable de jouer sur l’ambigüité en travaillant ses gestes et sa voix. Son attitude lui donnait déjà quelques notions, même s’il n’était pas – merci bien – au niveau d’Alix. Ange et Lou sauraient lui donner de bon conseil afin d’améliorer son effet. La première s’intéressait de près à la mode, et la franchise de la seconde leur permettrait d’éviter les fautes de goût. Les deux fillettes avaient carte blanche. Il les avait laissé choisir entre elles les accessoires à apporter et leur laissait son entière confiance. En apparence du moins. Il les surveillerait de près. Isaac avait déjà médité la question de sa transformation. Si ses complices avait des idées, il savait lui aussi où il voulait aller. Cependant, il ne doutait pas qu’ils tombassent tous d’accord, comme toujours.

Isaac accueillit Ange avec un large sourire. Aucune appréhension ne pouvait le troubler. Il avait hâte de commencer la séance. La petite blonde le dévisagea d’un regard pétillant. Son expression avait changé. Il obtenait soudain un statut de mannequin. Elle l’évaluait déjà, et l’imaginait derrière d’autres atours. S’il était prêt ? Et comment ! Etrangement, il ne fut pas choqué de l’entendre s’adresser à lui au féminin. Ce fut à peine s’il le releva. Lorsqu’il plaisantait avec les deux fillettes à propos de son défi, il avait lui aussi pris cette habitude. Il adorait ces nouveaux codes d’expression. Il avait le sentiment de découvrir un autre monde, d’affirmer doucement une sorte de personnalité nouvelle, plus proche de celle à laquelle il aspirait, avec laquelle les changements qui secouaient sa vie s’accordaient mieux.

- Ah si tu savais depuis combien de temps je t’attends…, dit-il en roulant exagérément des yeux.

Ils exécutèrent le rituel d’entrée. La porte apparut, et Ange entra d’un pas décidé. Il la suivit. La salle n’avait définitivement plus rien à voir avec la cuisine qu’il avait utilisé l’année passée avec Samael et Emilien pour fabriquer une potion de confusion. Sa bouche s’entrouvrit doucement. Ils venaient de plonger au milieu d’un salon de beauté au style à la fois kitch et tendance. Le décor le ravissait. Il avait toujours voulu se regarder à travers un miroir entouré de lumières ! La magie avait même pensé à enrouler un boa à plumes roses autour du siège. Il l’attrapa en s’exclamant « ouais ! trop bien ! » et le passa autour du cou en mimant une diva pendant que sa compagne disait que Lou arriverait plus tard. Elle ne lui laissa pas le temps de répliquer. Très motivée, la première année le tira jusqu’au siège et le força à s’asseoir. Elle lui demanda s’il avait des propositions à faire, mais il semblait que son avis comptait peu. Ange trépignait d’impatience. Ses idées, trop longtemps contenues, lui brûlaient la langue, et elle aborda aussitôt le thème de la coiffure, avec l’air d’une fille qui connait bien son sujet. Isaac l’écouta, amusé. Ils allaient donc jouer à la coiffeuse, comme deux gamines devant une table en plastique et une glace de papier argentée.

- C’est aussi mon avis. Il faudrait les laisser retomber souplement jusqu’aux épaules… Je veux être Abso-Lu-Ment Par-faite ! D'ailleurs, je me demandais, pensez-vous qu’il faille les laisser prendre un peu de volume ? Je crois que ça dégagerait mieux le visage…

Il avait déjà étudié le problème devant son miroir. Ses cheveux lisses seraient peut-être trop reconnaissables. Mais, puisqu’ils ondulaient naturellement, en version féminine, ils devraient le rendre plus séduisante. Il pouvait utiliser un sort pour les faire pousser, et garder quelque chose de complètement naturel. Cependant, il hésitait encore. Sa coupe plus courte serait fichue. Il attendrait de voir les propositions d’Ange.

La salle ainsi transformée avec ses lumières, ses strass et ses paillettes était idyllique et ferait baver les plus grandes vedettes ! Ce soir la diva qu'on parait c'était Isaac. La pièce s'était une fois de plus surpassée pour répondre aux attentes des trois Serpentards, les merveilles et les prouesses réalisable par la magie ne cesserait jamais d'étonner la gamine, même si elle était née dans un tel environnement. L'enthousiasme des gamins, clairement palpable, se manifestait par des sourires complices et enjoué et un émerveillement devant l'étendues des possibilités qui s'offraient à eux. Ange avait l'impression de se retrouver dans l'un de ses matins de Noël à l'ambiance de fête et de bonne humeur contagieuse où elle s'extasiait devant des centaines de cadeaux tous plus beaux, brillants, et joliment emballé les uns que les autres, si bien qu'elle ne savait jamais par quoi commencer et finissait par se jeter au hasard sur le premier paquet venu dans sa hâte enjouée de tout découvrir. Laissant le préfet prendre ses aises sur le fauteuil tandis qu'elle fouillait dans la quantité de choses qu'elle avait apporté, ainsi que dans les divers tiroirs, étalant devant le garçon toute sorte de flacons, lotions, magazines, crèmes, parfums et maquillage, pendant que celui ci avait déjà adopté un boa en plume rose^^

- C’est aussi mon avis. Il faudrait les laisser retomber souplement jusqu’aux épaules… Je veux être Abso-Lu-Ment Par-faite ! D'ailleurs, je me demandais, pensez-vous qu’il faille les laisser prendre un peu de volume ? Je crois que ça dégagerait mieux le visage…

La fillette acquiesça avec conviction s'efforçant d'imaginer son ami après une telle transformation.. L'avantage c'est qu'il disposait d'un visage plutôt fin pour un garçon avec des traits délicats, donc si on lui laisser quelques mèches en dégradé en augmentant la longueur de ses cheveux d'une quinzaines de centimètres environ, ce serait parfait.. Pour ce qui était du volume, à l'évidence, il fallait donner une forme à sa coiffure et non laisser des cheveux plats et trop lisse tomber devant son visage comme un rideau façon Rogue XD D'ailleurs en songeant au directeur des Serpentards, Ange vérifia quand même qu'Isaac ait les cheveux assez propres mais ne trouva rien à redire XD Passant ses doigts sur le cuir chevelu du préfet pour analyser un peu comment elle allait pouvoir le coiffer, la blondinette déclara finalement:

- Oui je suis d'accord, il faudra de toute façon donner du volume sinon ça sert à rien.. Attends j'ai ce qu'il faut..

Tendant le bras vers l'une des fioles, Ange présenta la bouteille à son ami pour avoir son accord. Quitte à relooker quelqu'un de la tête au pied autant rester dans le professionnalisme jusqu'au bout^^ Par ailleurs, la gamine n'avait pas fait les choses à moitié et le produit en question était de la meilleure qualité, elle savait bien sur qu'il ne fallait jamais à ces substance bon marché qui peuvent donner de véritable catastrophe, mais avec cela en principe aucun risque.. en principe.

- ça fait pousser les cheveux sans les abîmer, c'est très efficace et au moins avec ça tu n'auras pas de la paille sur la tête.. Bon le truc c'est qu'il faut faire gaffe à pas en mettre trop si tu veux pas te retrouver avec une barbe façon Dumbledore.. mxm

Mais comme je maîtrise pas vraiment ce genre de sorts de métamorphose, je crois que c'est plus sûr.. Fou

Ce serait tout de même regrettable qu'Isaac se retrouve avec un paillasson sur la tête ou une choucroute à cause d'un sortilège raté D'autant plus que la métamorphose humaine était rarement abordée avant la quatrième année en principe en raison de sa complexité..

- Et ensuite on pourrait aussi te colorer les cheveux avec quelques mèches plus claires tu crois pas ? Enfin on va juste éviter le roux, sinon les gens vont vraiment finir par croire cette histoire de rouquinite aha

Autant éviter le look Page McHenry Fou

Regardant son camarade par l'intermédiaire du miroir mural, la gamine versa une petite dose de lotion dans sa main avant de l'appliquer au cheveux bruns d'Isaac.. Les indications présentes sur la bouteille étaient simples: « verser une petite dose dans les mains, masser le cuir chevelu pour étaler de façon uniforme le produit, attendre une dizaine de minutes et rincer » Ange avait déjà suivit des indications pour réaliser des potions bien plus difficile que ça, en principe il n'y aurait pas de problème ^^ Et puis au pire si quand les cheveux trop longs, on est toujours à temps de couper

- Prêt ?

La poupée commença alors à enduire les cheveux courts du serpentard avec le produit, prenant soin de ne pas en mettre à côté et que tout le crâne soit traité uniformément.. Jusque là à moins d'être un Gryffondor manchot, pas de grandes difficultés, il restait ensuite à voir le résultat ^^ Après la coiffure, il faudrait s'occuper du maquillage et on verrait en dernier pour la tenue.. Il y avait de quoi faire..

Une ribambelle de produits apparut devant ses yeux. Ange ne s’était pas moquée de lui. Les marques sorcières étaient de qualité, le choix était vaste, rien ne manquait et la salle magique achevait de diversifier la gamme en mobilisant une armada d’accessoires colorés. Les flacons de verre se déclinaient dans tous les tons et débordaient de pinces, de cotons, de limes à ongles, de pierreries, d’encens parfumés… Il y avait de quoi faire pâlir les plus grands instituts cosmétiques du monde. Les deux Serpentard évoluaient au palais de la beauté. Isaac mourait d’envie d’ouvrir chaque pot, de renverser les coffres à bijoux, et sentir, admirer de plus près, essayer… Il se découvrait une âme de petite fille, réalisait un rêve d’enfance. Quand on est un garçon, il y à certaines choses que l’on se retient de demander. S’il se prêtait volontiers aux jeux de ses copines, chez lui, il était impossible de lui supposer un quelconque attrait pour les robes de princesses. Les legos, les figurines de super-héros, de dinosaures et les voitures téléguidées couvraient traitreusement le sol de sa chambre. Il s’en contentait très bien, mais, il arrivait que ses fantaisies lui inspirent quelques distractions interdites. Voler les parures de sa mère avec une amie devenait alors grisant. Il goûtait, d’une certaine façon, à un fruit défendu, et les petites filles de bonne famille qu’il connaissait bien partageaient le même enthousiasme lorsque, suivant ses scénarios, leurs poupées quittaient les bras des princes charmants pour fuir une meute de tyrannosaures affamés. La nouveauté était séduisante. Et il n’y avait que les parents pour venir le disputer en le surprenant derrière une couche de maquillage ou très occupé à écraser une barbie imprudente avec un tracteur à pédales.

Aujourd’hui, personne ne le surveillait, tout était à sa disposition. Ange méditait la coiffure en caressant ses cheveux et, sans se soucier d’elle, il vaporisa les parfums les plus proches sur des languettes. L’odeur était un facteur important. Les exhalations fixaient les jugements de l’inconscient. Il voulait ce qui se faisait de mieux, une composition fraîche, captivante et inattendue. Pourquoi pas à base d’ambre ? Cela lui donnait quelques idées… Il observa sa complice à travers le miroir. Ange était très convaincante. Sans ses onze printemps, il se serait facilement cru entre les mains d’une experte. Elle approuva ses premières remarques et lui montra un flacon qu’il n’avait pas encore remarqué. Il s’agissait d’un onguent bien connu destiné à accélérer la poussée des cheveux. Les magazines de mode sorcier en faisaient souvent l’éloge. La marque semblait fiable et Isaac n’accordait sa confiance qu’aux meilleurs produits. Utiliser le premier prix était absolument inenvisageable. Tout devait être parfait, à la hauteur de son statut, à plus forte raison lorsque la magie était de la partie. Les lotions ratées causaient de beaux désastres. Que deviendrait-il si on le privait de sa superbe chevelure brillante et soyeuse ? La petite blonde évoqua les risques. Il fit une légère grimace en s’imaginant avec une barbe digne du directeur de l’école. Quelle horreur !

- Mais bien entendu, tu vas faire très attention… Une seule maladresse et je peux t’assurer que tu ne quitteras pas cette salle tant que tu ne pourras pas rivaliser avec Ombrage…

Ange n’avait pas connu la terrible femme à Poudlard, mais le personnage était suffisamment connu pour la dissuader de prendre son travail à la légère.
Elle lui proposa ensuite d’éclaircir quelques mèches. Il observa son reflet, pensif, mais l’histoire de la rouquinite aigüe dont les Gryffondor étaient atteint le fit pouffer de rire. Un article stupide avait paru un peu plus tôt dans la Gazette du sorcier. Les élèves s’en étaient beaucoup amusés, et la nouvelle mode voulait que l’on évitât tous les roux que l’on croisait dans les couloirs. Heureusement, son amie, obligée d’adopter la teinte maudite suite à la défaite de Serpentard contre l’équipe de Capitaine McHenry avait retrouvé une blondeur tout à fait saine.

- Parce qu’il y a un look Page McHenry ? J’ai toujours cru qu’elle avait honteusement copié celui des paysannes lépreuses de son village d’arrièr… - Il toussota. - d’irlandais.

Ses cheveux étaient d’un noir profond, presque luisant, il refusait d’y renoncer pour une horrible teinte orangée. Ce ne serait même pas crédible. Ses sourcils noirs, l’obsidienne de ses prunelles, ses traits qui étaient tout sauf typés rouquin auraient découragé les plus grands visagistes. Il se méfiait aussi des mèches plus claires. Le résultat pouvait être convaincant, à condition de les choisir avec goût.

- Pour la coloration, ça pourra se discuter…

Ange prépara le produit. Sa jolie coupe serait bientôt fichue. Il espérait retrouver quelque chose d’acceptable avant son prochain passage chez le coiffeur de Pré-au-Lard. Le masque crémeux se répandit sur sa tête. La première année l’appliquait avec soin. Une note d’appréhension se mêlait à la hâte de voir son nouveau visage. Ses racines commencèrent très vite à le démanger. Son crâne fourmillait de toutes parts, c’était très désagréable, et il se mordit la lèvre pour résister à la tentation de le masser. Les cheveux s’allongeaient doucement en ondulant jusqu’à ses épaules. La transformation se déroula sans effets secondaires et le produit disparut, absorbé par la chevelure toute neuve. Isaac la toucha aussitôt. Les nouveaux cheveux étaient incroyablement doux. Il les prit entre ses mains et les relâcha plusieurs fois, étonné de se découvrir une telle masse sur la tête.

- Wahou… Alors ça fait ça d’avoir des cheveux longs ! C’est bizarre… ça me va bien dis ?

D’un geste faussement négligeant il les repoussa en arrière et renvoya un sourire espiègle à son reflet. Sa coiffure avait naturellement gagné en volume. Fiers de leurs origines ses cheveux adoptaient des courbes généreuses.

- Et maintenant que faire… Les souligner, désépaissir un peu si c’est dans tes possibilités…

Car longs ou pas, ils étaient bien trop lourds pour permettre un résultat parfaitement soigné. Le choix de la coupe était l’étape la plus importante de la métamorphose. Le reste ne servirait qu’à appuyer son effet.
En attendant la réponse d’Ange, Isaac tira un petit flacon de sa poche.

- Pour les ongles, expliqua-t-il ravi.

Que serait une jolie fille sans des ongles soignés. Prévoyant, il avait laissé les siens prendre quelques millimètres. Il imbiba un coton du liquide miracle et repassa le bout de chaque doigt qui se renforça en rosissant délicatement.

Au cas où vous ne le sauriez pas déjà, les enfants sont des individus vraiment étranges (terme scientifique pour dire « cons comme des robinets »).
Interdisez à l’une de ces mystérieuses créatures de monter sur le divan Louis XIV du grand salon, et vous la retrouverez, moins d’une heure plus tard, en train de bondir joyeusement sur le pauvre sofa, maculant de la boue collée à ses baskets votre malheureux taffetas blanc.
Répétez-lui cent fois de faire son devoir de potions, sous peine de voir un énorme zéro bien rond orner son bulletin de notes, et, le jour où vous ramasserez, il vous pondra sans gêne aucune une histoire à dormir debout incluant des hippogriffes voleurs de plumes et des sirènes mangeuses de devoirs.

D’une façon générale, leur interdire strictement de faire quelque chose est la meilleure façon de les y pousser, et inversement.

Maintenant que nous avons vu la théorie, appliquons donc la pratique de cette loi si terrible que le grand Murphy lui-même n’a pas osé l’aborder quand il devisait sur les tartines qui tombent toujours du côté du beurre et la file d’attente qui n’avance à deux à l’heure que quand on est justement là pour une raison trèèèèèès urgente et qu’on est déjà en retard pour un entretien de la plus haute importance (qui a forcément lieu à l’autre bout de la ville).

En rabâchant à Lou qu’il fallait qu’elle soit là à une certaine heure devant la salle sur demande (- Non mais ça va Ange j’ai compris tu vas pas me gonfler jusqu’à demain si ?), ou en lui cassant les oreilles avec cet uniforme de Gryffondor qu’elle devait apporter ( - Sérieux tu m’en parles encore une fois et jte lfais bouffer l’uniforme !), Ange n’aurait pas pu mieux s’assurer que la petite brune :
1/ se réveillerait en retard
2/ oublierait de prendre l’uniforme avec elle

En même temps, pauvre Lou, ce n’était tout de même pas sa faute si, la veille, Harvey avait sorti la cargaison de Bieraubeurre envoyée par son grand-frère et, qu’avec toute la bande, ils s’étaient mis à faire le concours de celui qui peut boire le plus de verres sans courir aux toilettes en se dandinant comme une oie (ils avaient brusquement décidé d’arrêter quand l’un d’entre eux avait proposé de faire la même chose avec la potion laxative que sa mère lui avait fait parvenir pour ses problèmes de constipation).
Bon, oui, le concours était son idée à elle, mais elle n’y était quand même pour rien si les gens avaient des vessies aussi résistantes et si le jeu avait duré jusqu’aux aurores.

Résultat des courses : une petite brune débraillée qui court comme une folle dans les couloirs, rouge de sueur, ses longs cheveux encore mouillés d’eau savonneuse voletant allègrement dans son dos, bousculant tout le monde sur son passage, jusqu’à ce qu’elle s’arrête devant la porte de la salle dans un dérapage de la mort qui tue et qui crisse comme un pneu.

Je veux transformer Isaac en fille avec Ange, je veux transformer Isaac en fille avec Ange, je veux transformer Isaac en fille avec Ange...

La porte ne tarda pas à se laisser ouvrir quand la litanie résonna silencieusement dans la tête ébouriffée de Lou, dévoilant un spectacle digne des plus grands teen movies où, quand il ne s’agit pas d’une bande de copains pressés de perdre leur pucelage avant le bal de fin d’année, il est souvent question d’un relooking réalisé par les trois expertes du lycée pour transformer la grenouille de la classe en véritable princesse très charmante.
Et même si cette fois, la grenouille était plus un crapaud qu’autre chose, l’idée était sensiblement la même.

- Si c’est pas du vernis noir ou violet foncé c’est même pas la peine, lança-t-elle en rejoignant Ange et Isaac de son habituelle démarche sautillante, sinon t’auras l’air vraiment con.

D’un œil critique, elle avisa la nouvelle coiffure de son copain, avant d’afficher un grand sourire joyeux.

- T’es presque mieux en fille qu’en mec, tu devrais rester comme ça tout le temps.

Elle bailla, s’étira, et se laissa tomber sur l’épaisse moquette en croisant ses petites jambes.

- Et comment on va appeler notre créature, au fait ?, lança-t-elle en étouffant un nouveau bâillement, Frankenstein c’est déjà pris.

(dsl c'est un peu court U_u)

- Parce qu’il y a un look Page McHenry ? J’ai toujours cru qu’elle avait honteusement copié celui des paysannes lépreuses de son village d’arrièr… - d’irlandais.

La gamine pouffa au commentaire d'Isaac. La comparaison était bien imagée, à la différence que les paysannes faisaient au moins l'effort de recoudre leurs chaussettes, tandis que la rouquine se pavanait dans des tenues hideuses, totalement débraillée

- Ouai, c'est un peu ça l'idée.. Un assortiment hideux de vêtements de seconde main ou achetés en solde chez prêt à sorcier, n'allant de préférence pas du tout ensemble et jurant avec l'orange carotte de ses cheveux.

A peine appliqué, le produit haut de gamme commença à agir, transformant les cheveux courts du préfet en une sublime chevelure ondulée de la même couleur de jais sous le regard satisfait de la blondinette. La cascade souple et soyeuse se mariait parfaitement avec le visage fin et le corps androgyne du préfet, si bien que ce seul changement de coupe le faisait davantage ressembler à une fille qu'à un garçon ! Pourtant il ne fallait pas se réjouir trop vite, la coupe n'était que la première étape de la transformation. Et puis, rien que pour la coiffure, il restait la couleur à changer et trouver un moyen de dégager un peu le visage..

- C'est flippant, avec les cheveux comme ça, on dirait vraiment une fille Fou

L'attention de la petite peste fut retenue un instant par un bruit à l'entrée de la pièce et Ange se tourna à temps pour voir Lou débarquer dans la salle sur demande, complètement débraillée. Décidément Lou était incorrigible, elle avait encore du se réveiller en retard et oublier la moitié des affaires, ses cheveux encore humides dégringolant dans son dos.. La gamine laissa Isaac se dépatouiller avec son onguent pour renforcer et allonger les ongles avec un hochement de tête pour donner son accord. Chaque détail avait son importance. Si on voit une fille super belle et que soudain on se rend compte qu'elle a des ongles tout crottés et tout moches (Cf les mains de Page McHenry) ça casse tout !

- Va pour du vernis noir, le violet avec le blason rouge de Gryffondor ça ferait trop moche.. D'ailleurs, t'en as fait quoi de l'uniforme ?

Questionna la fillette en jetant un coup d'oeil interrogateur au sac de son amie où il n'y avait pas la moindre trace de robe de sorcier.. Si elle l'avait oublié, il allait falloir s'y prendre autrement.. mais au pire on réglerait cela un peu plus tard. confiant à Lou le soin de mettre du vernis à Isaac, Ange attrapa un peigne pour lisser les nouveaux cheveux de la Miss. La classe, elle pouvait jouer à la coiffeuse pour de vrai Avec un soin tout particulier, la petite poupée brosser les longs cheveux de la nouvelle préfète vers l'arrière, en essayant de pas trop tirer. Ce produit faisait vraiment des miracles. Relevant la tête à la question de Lou, la gosse ignorait qui pouvait bien ce Frankenstein en revanche, le problème du nom la fit tilter. Elles ne pouvaient continuer à appeler Isaac Isaac parce qu'alors leur belle transformation ne servirait pas à grand chose, il lui fallait une toute nouvelle identité !

- Ah oui c'est vrai ! Il faut qu'on te trouve un nom et aussi qu'on fasse quelque chose pour ta voix ! mxm

Ce n’était pas une perruque. Les cheveux se coulaient sur ses épaules, solidement enracinés à son crâne. Ange disait qu’il ressemblait à une fille, mais, avec cette masse ondulée, mal coiffée, il se trouvait davantage de liens de parentés avec un gothique rebelle qui aurait raté son effet à la The Crow. Les garçons n’aimaient pas prendre soin de leur tignasse. De crainte de passer pour des tapettes, ils préféraient se la jouer clodo. Son visage fin le tenait à l’abri d’un malentendu grossier. La longueur ne lui allait pas mal, avec du travail, il serait peut-être même digne d’intimider les plus grandes pimbêches de Poudlard. Là, il n’était qu’une belle au réveil. S’il eût été une fille, le miroir se serait fendu d’horreur.

- Une fille tout droit sortie des années 70 tu veux dire ? ricana-t-il en repoussant ses boucles fatiguées sur le côté. Apelle moi Sharon poupée…

Il fit un clin d’œil aguicheur à son reflet. Ces dernières décennies, les femmes avaient présenté des tenues particulièrement douteuses. Il riait toujours beaucoup en détaillant leurs maquillages outranciers et leurs imprimés à fleurs. La crise du mauvais goût n’était pas très loin, des boysbands se déhanchaient encore avec leur chemise ouverte sur les chaînes musicales, mais le monde se soignait doucement, loin de se douter qu’un jour, les jeunes gens branchés se mettraient à la tecktonique. Isaac s’imagina un instant dans une série ringarde. Avec de longs ongles rouges il pourrait interpréter, tout au plus, le travesti de service. On laissait volontiers aux hommes ce que les femmes avaient démodé. N’était-ce pas profondément injuste ? Il inverserait la tendance, et refuserait la vulgarité. Ces demoiselles ne méritaient pas une caricature grossière. Il voulait leur faire honneur, car, quoiqu’il fût insensible aux fragrances de leurs corps délicats, le Serpentard aimait les filles et reconnaissait leur beauté. Elles arrivaient à le fasciner. A leurs côtés, il sentait parfois monter la jalousie. Enfin, il les défierait sur leur terrain, à armes égales. Il leur prouverait que le mimétisme n’était pas si difficile que certaines semblaient le croire. Leurs charmes deviendraient siens.

Il s’occupait de ses ongles lorsque Lou s’imposa au milieu de la séance. La petite brune n’excusa pas son retard. Vive, franche, elle mordit aussitôt. Isaac glissa un regard vers elle. Des cheveux mouillés et mal rincés dégoulinaient sur ses épaules. Contrairement à son amie Ange, elle n’accordait à son apparence qu’une importance très relative. Libre et sauvage, Lou avait choisi de s’amuser. Elle portait les joues rougies de quelqu’un tiré du sommeil par une urgence. Son retard ne les étonna pas. Ils avaient l’habitude à force. Un fin sourire s’arqua sur les lèvres du préfet. Les remarques cinglantes se poursuivaient joyeusement. Elles ne le contrariaient pas, ils se taquinaient souvent tous les deux, et Isaac ne se vexait pas lorsque les moqueries venaient d’un ami. La petite brune et lui partageaient le même type d’humour. Ils s’accordaient à merveille. Entre eux, les piques ne s’épuisaient jamais. Il vivait une complicité très reposante avec Ange et elle. Son naturel pouvait de libérer sans exaspérer ni blesser. Pour l’instant, il n’avait réussi à dépasser sa façade de méchanceté qu’avec des verts et argents. Les autres, trop méfiants, prenaient toutes ses plaisanteries, toutes ses petites colères passagères à cœur. Ils bloquaient la communication en se montrant aussi abrupts que lui.

- Pourquoi, tu me trouve plus attirante… ?

Puisque Lou disait le trouver mieux ainsi, il lui renvoya la répartie en esquissant une jolie moue. Son regard, éloquent, la dévisagea comme si elle venait de se trahir. Mais pourquoi pas après tout ? Il préférait bien les garçons.
Les deux amies décidèrent de lui poser du vernis noir. Il ne protesta pas – c’était une bonne idée – et tendit une main légère vers Lou.

- Allons qu’attendez-vous pour vous mettre à l’ouvrage jeune fille ?

Il n’avait rien à faire. N’était-ce pas fabuleux ? Ange le peignait, son acolyte le maquillait. Le service était décidément très bon.
Evidemment, il avait déjà médité son nom de scène. Isaac n’avait rien de très féminin, et il tenait à se baptiser lui-même. Il avait d’abord étudié une série de prénoms anglais, mais aucun ne l’avait inspiré. Puis, il s’était tourné vers des origines plus lointaines, un héritage de son père. Le projet lui avait tout d’abord semblé un peu fou. S’il était très attaché à son deuxième pays, comme il aimait le dire, il n’en avait jamais beaucoup parlé. Les autres n’avaient pas besoin de savoir, de le découvrir sous un jour plus intime et plus sensible, car sa deuxième culture appartenait à ses grands parents, aux êtres qui lui étaient le plus cher. Bien sûr, ses camarades seraient incapables de faire le rapprochement. L’histoire n’avait de sens que pour lui. Il avait longuement réfléchi. La possibilité d’entrer dans un rôle nouveau lui donnait envie de laisser l’un de ses univers intérieur s’exprimer. Que risquait-il ? Son imagination le consumait. Il avait doucement repoussé ses réserves. A part Lou et Ange, qui saurait vraiment ? Et ne faisait-il pas cela pour s’amuser ? Personne ne le prendrait au sérieux. Cela valait le coup de se jeter à l’eau.

- Comment ? Mais j’ai déjà un nom voyons…
Il maqua un temps d’arrêt et se composa un air innocent. Sa voix, qui ne souffrait pas d’une gravité sérieuse, monta d’une octave et se teinta d’une sorte d’accent arabe.
- J’yé m’Appéle Meira et Jy viens di Tel Aviv ah sheli ! Yiheye beseder… Je gère… - Il sourit, tranquille. - Avec l’accent en plus, il sera fort celui qui reconnaîtra ma voix. Tu as prévu quelque chose d’autre ?

Ne disait-on pas que plus la tromperie était grosse, mieux elle marchait ? Le naturel faisait tout. L’important était de ne pas amener l’autre à se poser des questions. Il devait entrer dans le jeu, malgré lui. Meira était le prénom de l’amie d’une lointaine cousine israélienne. Il ne la connaissait que très vaguement - assez pour savoir que son accent anglais était atroce - mais la sonorité de son patronyme lui plaisait. De plus, cela rappelait Miranna, qui se faisait plus discrète ces derniers temps. Avec ou sans elle, le MAL était toujours là.

Ange ne lui eût pas plus tôt planté le minuscule flacon de vernis dans les mains que Lou eut la très nette et très désagréable impression de se retrouver à la maison, à l’époque, pas si lointaine, où sa mère, désespérée de ne la voir manifester qu’un intérêt très limité pour l’art délicat de la séduction, l’enfermait des heures durant avec des professionnelles peroxydées chargées de lui apprendre toutes les subtilités du maquillage.

Perchées sur des talons aiguilles (la plupart étaient plus minces que leurs talons), ces virtuoses du superficiel passaient la première partie de la leçon à la tartiner de fond de teint éclat de ceci, de rouge à lèvres teinte numéro chose, de fard à paupière irisé d’on ne savait quoi, et de dizaines d’autres cosmétiques qui, réunis, valaient bien à eux seuls le salaire annuel d’un sorcier moyen. Puis elles s’asseyaient à leur tour, et, convaincues que leur enseignement était bien rentré, se confiaient aux doigts de fées de leur élève pour qu’elle leur montre qu’elle pouvait les dépasser.
Mais à la fin de la leçon, aux côtés d’une Lou impeccablement fardée, Mercedes retrouvait souvent une maquilleuse professionnelle attifée comme la fiancée de Frankenstein et au bord de la crise de nerfs. Et le pire, comme toutes ces pauvres créatures suffocantes de sanglots s’égosillaient à le répéter, c’est que la pauvre enfant ne le faisait même pas exprès. Même si sa vie en avait dépendu, elle n’aurait pas été capable de masquer la plus petite rougeur ou d’illuminer le moindre teint grisâtre.

Et maintenant, Isaac allait en faire les frais.

Angoissée, Lou leva les yeux sur lui. Pauvre chaton, qui se remettait entre ses mains avec insouciance, sans se douter de la catastrophe qui l’attendait !
Respire, Lou, pour le moment, ce n’est que du vernis. Tu débouches le flacon, et tu peins les ongles. C’est pas bien compliqué !
La langue légèrement sortie, une goutte de sueur perlant à son front, elle s’attaquait courageusement au pouce droit de ~~sa victime~~ son ami quand une suite de paroles incohérentes la fit sursauter.

Elle releva la tête sur lui.
- C’est quoi cet accent pourri ?, demanda-t-elle, haussant un sourcil perplexe, on te déguise en fille, pas en extraterrestre. Le but c’est quand même qu’on capte un peu ce que tu dis.

Son regard retomba sur les doigts qu’elle tenait et horreur !!!!! En sursautant, elle avait fait une grosse trace sur l’ongle du pouce, qu’elle avait pourtant réussi à vernir sans faute. Tant pis, en rajoutant une couche assez épaisse, on ne verrait rien ! Mais la goutte qu’elle appliqua sur l’ongle était si épaisse qu’elle ne réussit qu’à l’étaler sur tout le doigt en voulant en enlever un peu.
Bien joué Lou. Et on n’en est qu’au premier doigt.

Avec un sourire forcé pour le pauvre Isaac, qui devait commencer à se douter que quelque chose n’allait pas, elle se saisit du flacon de démaquillant, une horreur qui puait la rose, et se dépêcha d’en verser la moitié sur du coton pour ensuite en frotter le pouce de son ami comme si elle avait voulu lui arracher la peau.

- De toute façon avec le vernis ça ferait trop, s’empressa-t-elle d’expliquer d’un air dégagé.
Bon, on allait laisser le maquillage à Ange, ça vaudrait mieux pour tout le monde.

D’un bond, elle se leva et alla fouiller dans son sac, d’où elle ne tarda pas à sortir une liasse de parchemins.
- Avec ça, clama-t-elle d’un air théâtral en brandissant les parchemins comme un Graal, je te transforme en fille en un tour de main !

Il ne s’agissait pas d’une formule magique particulièrement puissante, ni de la recette d’une potion aux effets miraculeux, ni même des coordonnées d’un chirurgien plastique réputé, mais tout simplement des tonnes de lettres que sa mère lui envoyait régulièrement, remplies de ses conseils d’experte sur le comment du pourquoi on réussissait à mettre les garçons à ses pieds.

Lou n’y comprenait peut-être rien à l’art délicat de la séduction, mais elle était sûre d’une chose : tous les cosmétiques les plus chers du monde ne serviraient à rien sans le savoir de Mercedes Brady.