Ses paupières s’ouvrent lentement, révélateur d’un sommeil paisible. La première chose qu’il aperçoit, c’est le plafond de sa salle commune. Puis les élèves qui s’habillent et partent déjeuner avant d’aller en cours.

Aujourd’hui, c’est le jeudi matin d’un mois de novembre glacial. Où comment rafraîchir le sang déjà froid des serpents ainsi que celui d’Eliad, en très peu de temps. Délaissant un grand hall trop ennuyeux, de par les gens qui l’entouraient, Eliad décida de prendre l’air et de combattre par la même, le froid matinal, en faisant bouger son corps, à commencer par une longue marche vers le lac. Tout en avançant, il s’imagine déjà vers sa destination. Assis devant le lac a attendre l’arrivée de Poséidon, celui là même qui émergera des mers, qui, les traits du visage, caché par sa longue barbe blanche, s’approchera de lui et se penchant, lui offrira un trésor digne de ceux qui sont surveillés et appréciés par les dieux. Et il repartira en secouant le lac, envoyant des vagues immenses, faire déguerpir les curieux ou les emportant dans le lac pour qu’il s’y noient… Spécialement ceux des autres maisons, les verts pouvant toujours surnager au dessus des autres…

Eliad sourit quand à ses drôles de pensées, ce matin n’était pas comme les autres, juste parce qu’il n’avait pas rêvé. Pas anticipé de mauvaises choses pouvant lui arriver, juste parce que cette journée était partie pour être normal. Et il n’avait pas envie que les choses changent. Pas quand tout s’apaise. Ces cinq ans ici, ne devaient pas devenir un motif de destruction de plus.

Lorsqu’il s’approcha de l’arbre, il remarqua un élève de sa maison qui sautait d’un arbre. Il le reconnut instantanément sans pour autant se douter qu’il aurait pu le trouver là. Peut-être sommeillant, ou se reposant juste, entre la quatrième et la cinquième branche d’un arbre, qui changeait la couleur de ses feuilles.

La magie ne permettait pas d’empêcher le froid de l’hiver, ni le changement de couleur. Ni ne permettait d’arrêter les sombres pensées. De nouveau, il en revint à l’élève qui le regardait. Ultan. Un septième année, au passé, qu’Eliad ne connaissait pas, à l’avenir qu’il pensait sûrement sombre. Fut-ce une malédiction permanente dans la maison des serpents.

Recherchait-il la solitude en venant prés du lac, ou il était heureux de la présence d’Ultan ? Même lui n’aurait su le dire. Ca aurait pu être pire s’il s’était agi de Lellia… D’un geste de la main rapide, il salue Ultan avant de finir de s’approcher de lui.

« Bonjour Ultan. Je suis étonné de te voir dans un arbre, y aurais tu passé la nuit après un rendez vous galant ? Ou fuirais tu Rusard, après une nuit agitée dehors… »

Eliad frisonne légèrement. Il n’y a personne autour d’eux… En même temps, ce n’est pas vraiment étonnant.

La silhouette s'approcha jusqu'à être suffisamment près pour être reconnue. Eliad Midnell. Tout comme Ultan, c'était un élève de Serpentard, mais il n'était qu'en Cinquième Année. Apparemment, son camarade l'avait également reconnu car il le salua avant d'achever de réduire la distance les séparant. L'aîné des deux adolescents ne rendit pas son salut à Eliad. Il n'était pas du genre à s'empêtrer dans les salutations et formules de politesse, même avec ceux de sa propre maison. Ce fut le plus jeune qui prit la parole le premier :

- Bonjour Ultan. Je suis étonné de te voir dans un arbre, y aurais tu passé la nuit après un rendez vous galant ? Ou fuirais tu Rusard, après une nuit agitée dehors…

Pourquoi posait-il des questions ? Etait-ce simplement pour faire la conversation, ou avait-il réellement envie de savoir ? Quelle que soit la véritable raison, Ultan ne dévoilerait pas la véritable explication à sa présence ici.

"Bonjour, Eliad." répondit-il, dans un premier temps, sur un ton neutre.

Il détailla un instant son vis-à-vis, avant de poursuivre :

"Ni l'un, ni l'autre. J'avais besoin d'être seul."

Tout simplement. Le Septième Année posa son regard sur la cime des montagnes, qui se teintaient de violet à l'approche des premiers rayons du soleil. Le vent semblait s'être calmé, la surface du lac n'oscillant plus que légèrement sous son souffle froid.

"Et toi, un but particulier t'a-t-il amené jusque sur ces rives ou est-ce simplement le hasard de tes errances qui t'y ont conduit ?"

D'un geste lent, Ultan tira sa baguette magique de sa poche, puis il la pointa vers quelques branches mortes au pied de l'arbre qui lui avait servi de perchoir. Les morceaux de bois se réunirent en un petit tas, et le Vert et Argent y mit le feu. Une soudaine lumière vacillante projeta leurs ombres dansantes sur les troncs des arbres alentours.

Après avoir rangé sa baguette, Ultan dégagea une pierre plate et s'y installa, auprès du feu qu'il venait d'allumer. Pour le moment, il n'avait pas l'intention de quitter sa position. Rien ne l'y obligeait, et il avait à présent une compagnie qu'il ne rejetait pas. Si son visiteur avait été autre, peut-être serait-il parti.

Le Septième Année jeta un regard furtif à son cadet. Etait-il issu d'une famille de Sang-pur ? Avait-il aussi des problèmes au sein de sa famille ? Avait-il encore ses parents ? Et puis... avait-il dans ses projets la volonté de suivre le même chemin qu'Ultan, ou choisirait-il de s'en détourner ?

[hrp : désolé pour la qualité, je reviens doucement...]

Un rire sardonique jaillit de ses lèvres… A demi fermées. Le manque de salut de son aîné le refroidit. Il n’était pas le bienvenu, cela se sentait. Etre seul. Sans avoir quelqu’un qui vous fasse descendre de l’arbre. Etre seul.

Il connaissait cette envie.

Pour autant, il avait eu cette envie de venir aussi, et ne se ferait refouler, ni par le vent froid, ni par les propos d’un septième année.

« Je dirais le hasard, si j’y croyais vraiment… Mais rien n’est jamais du au hasard, tout nous conduit toujours à un événement, et il est rare, que même un séjour perché dans un arbre, ne nous entraîne pas à la rencontre de quelqu’un… »

Il le regarde allumer un feu et s’y asseoir.

Finalement, il est peut-être le bienvenu.

Il prend un caillou et fait de même. Pendant un instant, le silence s’empare de la scène, laissant le feu crépiter à sa guise et émettre le seul bruit… Ce n’était pas les élèves alentours qui allaient brusquer le décor, ni les gêner outre mesure. Et puis qui allait s’approcher d’Ultan… Il fallait vraiment peu le connaître, comme Eliad, pour s’approcher de lui. On disait qu’il avait un certain caractère, et il émanait de lui, une aura assez noire. Mais Eliad savait que les apparences ne voulaient parfois rien dire, et il ne voulait pas se contenter de la vision qu’on lui avait donné de lui.

Crevant le silence, par des paroles malhabiles, il balbutie, puis se rétracte, difficile de parler sans dire quelque chose d’inutile.

« Parlons de ta famille, Ultan… Il me semble en avoir entendu parler, il y a bien longtemps par mon père… Les Bower, une famille puissante, je crois… »

Sujet difficile. Que savait-il lui de son propre père, après tout ? Pas moins de choses que sa sœur, mais toujours peu de choses. Sur sa vie avec le seigneur noir surtout. Sur son passé qu’il ne racontait pas. Sur ce qui le troublait, et le laissait parfois pantois, agenouillé sur les carreaux froids de la maison, et proche de pleurer.

Le feu crépite. A cette question là, Ultan ressentira peut-être l’envie de le jeter dans le feu. Mais qu’importe, ça fait toujours une question.

Dans le regard d’Ultan, peut-être découvrira t’il ce que son père lui cache. Ce qu’une famille puissante, est parfois obligée de faire…

Hj : Désolé, je reviens aussi, petit à petit...