Eliad se dirige d’un pas rapide vers la bibliothèque, sans faire attention aux autres. Pas de bonjour matinal, pas de discussion qui peut durer, Eliad voulait juste étudier tranquillement et parvenir à terminer ce devoir de sortilège. Au plus il s’y prenait tôt, au plus vite il l’aurait terminé. Une phrase parfaite surtout quand le devoir était à rendre dans quelques heures. Mme Pince était déjà là, suspendu à son bureau, comme l’on collerait une grenouille à un nénuphar.

Bon il était temps qu’il se dirige enfin vers le rayon concerné. Visiblement un nombre incalculable d’élèves avaient des devoirs à faire et à rendre très vite. Les salles communes devaient être bien vide hier dans la soirée. A croire que Poudlard était devenu le recueil d’élèves sous doués, n’ayant aucune envie de travailler…

Les rangées de table et d’élève étaient tellement alignées qu’on aurait pu jouer aux dominos moldus, et les faire chuter de leurs chaises une à une… Il y avait tellement d’ordres dans cette bibliothèque que ça en était ennuyé… L’ordre parfois était ce qu’il y avait de plus ennuyeux.

Eliad lui aimait les recoins poussiéreux de la bibliothèque, les recoins où les élèves n’avaient pas la permission d’aller. Là où les livres s’entassaient parfois sans ordre, et où on pouvait faire de belles découvertes.

Eliad reste un instant à observer ces étagères et ces meubles si particulier avant de dévier son regard et de repartir vers les étagères plus communes, celles où il trouvera un livre sur les sortilèges pour un devoir de cinquième année.

Ici pas de poussières, pas de découverte, rien que de l’ennui… Et des gryffondors qui parlaient juste devant. N’ayant rien à faire de plus sans doute… Le sablier de leurs maisons était truqué à coup sur… Encore un coup de la confédération Dumbledore, McGo…

Son regard parcourre les titres des larges volumes. Il y a tellement de choix et si peu de choses qui l’intéressent parmi toutes ses leçons.

Non, pas celui là… Non, celui là, ne m’a servi à rien jusqu’à présent… Pas de trace d’Elza dans la salle. Elle au moins devait faire ses devoirs… Ou alors elle était parti chasser des crapauds prés du lac pour les mettre dans les vêtements d’on ne sait qui.

Ah, le voilà.

Eliad tend la main, attrape le livre…

Et une autre main se joint à lui pour attraper le livre en même temps.

Incroyable… C’était à croire que la bibliothèque n’était remplie que par des serdaigles prétentieux… Celui qui avait rattaché leur maison à l’adjectif érudit, ne s’était pas trompé. Ils traînaient toujours un livre à la main… Sans pour autant avoir prouvé, qu’ils savent vraiment lire…

Et voilà une jeune serdaigle à lunettes, le stéréotype de la fille simple, ne pouvant pas vivre sans ses lunettes et un mouchoir a carreaux pendu à ses narines… A moins que ce ne fut trop ? Sans doute l’exaspération emmenait t’elle, Eliad à penser certaines choses qui pouvaient sembler brutal, mais l’attitude de la serdaigle était presque une provocation…

« Tu le veux ? Depuis quand une serdaigle désire quelque chose qu’elle ne peut obtenir… ? »

On s’absentait quelques secondes et déjà les élèves n’avaient plus le respect des maisons… Le livre était vieux et corné, pas vraiment l’édition la plus chère qui pouvait se trouver dans la bibliothèque, alors pourquoi voulait-elle vraiment celui là ! Eliad retroussa sa manche un instant.

« J’ai attrapé ce livre le premier, parce que moi, j’en ait besoin pour un devoir. Je l’ai vu le premier et je le prends le premier. Mais pour toi, j’en ait vu quelques uns par là bas… Vu ton niveau, le même livre mais pour un premier ou un deuxième année devrait suffire… »

Il jette un coup d’œil autour de lui. Pas vraiment de serpentards dans les parages pour lui enlever cette épine du pied. Il va devoir se débrouiller seul… Si Elza était là, elle aurait pu se jeter sur elle et lui mordre les jambes.

Pas le temps de penser plus, et pas l’envie de la convaincre.

« Maintenant si tu le permet, je vais tranquillement aller étudier de ce pas… »

Il tire le livre à lui, mais par contact avec l’autre main, le livre chute. La descente se fait lentement et en tombant le livre s’ouvre en deux, révélant deux plumes…

« Tiens, une plume, ça tombe bien, j’en avais presque plus, je te laisse l’autre, maintenant je vais me mettre à une table, et essaye de ne pas te mettre en face de moi, j’ai besoin d’étudier en paix… »

Sans dire d’autres mots, il repart avec sa plume, et va s’asseoir à une table.

Hj : J’espère que ça te va. La suite continue, ben normalement lol

Oh le rustre ! Oh le fourbe ! Oh le vil veracrasse bileux ! Oh le butor ! Oh le Serpentard ! Pour un peu, si Eva ne s'essuyait pas une si criante rebuffade, elle aurait presque sourit. Non : elle aurait sourit. Ce comportement hautain, ce manque de savoir vivre, ce dédain irréfléchi à l'égard des plus jeunes ! C'était son Jacky tout craché ! Et par conséquent la victime parfaite ! ... Sauf que Jacky avait été plus classe et moins classique : bien que prétentieux et hautain, lui avait trouvé le moyen de finir à Gryffondor ! Pour en revenir au mécréant, ce dernier était en plus studieux, ce qui ne manqua pas de lever un sourire amusé et condescendant sur les lèvres de la demoiselle tandis qu'elle l'écoutait. En toute honnêteté, le grand machin devant elle l'impressionnait un minimum, il n'était cependant pas dit que l'aigle allait se laisser terrasser par un vulgaire reptile ! Pourtant, Eva ne put pas l'empêcher de repartir avec le livre.

Le plus vieux la laissait donc vaincue dans le rayonnage avec pour compagnons, une plume abandonnée, deux élèves qui commentaient l'affaire à voix baffe et d'autres, arrivés depuis, qui ne semblaient guère prêter d'attention aux esclandres qui pouvaient éclater entre les maisons respectives de Poudlard. Peste soit des blasés. Et peste soit des plus serpentards plus âgés. Soit l'autre était idiot, soit sa dernière phrase était une invitation peu discrète à venir continuer leur petite mise au point quant à l'utilité des livres de la bibliothèque. Soit ! Quand bien même, elle voyait là l'occasion d'aller se faire laminer par un plus vieux, voir de se prendre un petrificus totalus au sens figuré comme au sens propre, la raison d'Eva était partie par la fenêtre depuis cette provocation éhontée ! La demoiselle sourit et ramassa la plume qu'elle fit tourner son son menton pour savourer la sensation du contact léger. Fermant les yeux à demi comme un chat de salon, elle suivit le grand serpentard des yeux, immobile qu'elle était, et guetta distraitement l'endroit où le digne sire poserait son séant. Le garçon avait un autre tort évoqué plus haut : il lui rappelait son cher Jack Dear et ce n'était pas une éducation de onze à coup de bassesses et de mauvaises blagues réciproques qui allait calmer son sentiment. Souriante, elle se retourna et commença à chercher dans les ouvrages présents. Des ouvrages pour nains de jardin de son âge ! Il allait voir ! Il allait comprendre ce que c'était de traiter Eva Lydekker, représentante de l'Ordre, de minus incapable de lire un livre d'images pour plus de deux ans ! Ses yeux étrécis se fixèrent sur l'ouvrage parfait, ses lèvres se fendirent encore plus. La fillette rangea la plume en la mettant sous son pull, elle espérait qu'ainsi, cette dernière ne fut pas abîmée. L'ouvrage qui l'intéressait était massif, l'expression moldue la plus proche eut été un cale-télé ou une brique... mais comme Eva n'était pas moldue et n'avait qu'une culture très erratique de ces derniers, nous dirons simplement qu'il était bien de trop lourd pour sa mince carrure. Elle allait se briser le dos à porter l'énorme monstre. Prenant son courage et le livre à deux mains, elle entreprit se diriger vers le Serpentard qui était en face d'elle, un peu plus loin.

Elle espérait que l'autre fut suffisamment absorbé ou la trouva trop inintéressante pour daigner lever le nez à son approche. C'est qu'elle n'avait pas l'air maligne avec un ouvrage qui l'obligeait à faire des pauses et avancer très lentement mais, dans la vie, on n'a jamais rien sans rien ! Et pardonnez le cliché de la formulation. Se plaçant en face d'Eliad, une fine couche de sueur perlant son front, Eva laissa tomber le mastodonte sans douceur. La chute provoqua un bruit sourd, ainsi qu'un choc qui eut pour effet de faire sauter les objets disposés dans un rayon de quelques mètres. Sauf bien sûr, le livre d'Eliad puisque 'Recensement et Explications des Sortilèges du Moyen-Age des pays de l'Est' de Pergin Cétinconssiancius était en parti tombé dessus. Un hasard malheureux vraiment ! Mais pas de quoi fouetter un chat puisque aucun des ouvrages n'en sortaient abimé. Eva subit avec une hauteur maitrisée les regards colériques des quelques élèves qui travaillaient un peu plus loin.

Elle apprécia moins, même si elle s'en doutait, de voir apparaître cet affreux corbeau de Pince dans les secondes qui suivirent l'incident. Après avoir jeté un oeil, mais sans rien voir, la femme repartit. Toute délicate qu'elle était, la bronze et bleu se sentit prise d'une crise d'Audiard et se voyait bien comme l'aigle, fondre sur la vieille buse. Cependant, laissons là ces réjouissances pour un autre temps : la mauvaise copie de Jacky passait avant.

Elle déplaça le livre, pour que l'autre puisse étudier tranquille puisque tel était son souhait. Elle s'assit ensuite à trois chaises d'écart, faisant glisser l'énorme livre pour l'amener à elle et ne pas être assise en face du garçon aux cheveux sombres... puisque, encore une fois, c'était son souhait. Et après, n'allez pas dire que la première année n'était pas une demoiselle conciliante ! Sortant cahier et encrier, elle s'aperçut alors qu'elle n'avait rien à faire à la bibliothèque. Un sourire circonspect fit son apparition et elle ressortit la plume de son pull. Que faire?

HRP : Je suis désolée pour le temps d'attente, j'ai été un peu prise ^^'...

Eliad, sans un regard supplémentaire envers la jeune fille, prit la peine de se tirer une chaise, avant de s’asseoir et de se caler largement, afin de regarder, juste une dernière fois, le visage livide de la pauvre serdaigle, contrainte d’obéir à quelqu’un d’une autre maison… Le privilège de l’age, aurait-il pu lui dire alors qu’elle se tenait bien droite, essayant de ne montrer aucune expression.

« Ouh, ça en est presque sinistre… »

Il l’avait dit à haute voix dans l’espoir peut-être qu’elle l’entende. Ou pas. Trop petite pour être entendu par ceux qui faisaient deux fois sa taille et trop inintéressante sous ses lunettes rondes pour intéresser quelqu’un de son age. La petite fille alla donc pleurer dans son coin… En prenant bien soin de ne pas mouiller un livre, sinon Madame Pince allait se ruer sur elle…

Maintenant qu’il était enfin tranquille, il s’empara du livre chèrement gagné et l’ouvrit lentement. Il s’agissait vraiment d’un bouquin sans âge, qui n’avait pas l’air magique, pas comme les livres qu’on retrouvait parfois en cours de défense contre les forces du mal. Pas ces livres qui nous sautaient à la figure lorsqu’on n’y faisait pas assez gaffe… Livres qu’il aurait volontiers laissés à la jeune Serdaigle, non sans éclater de rire quelques secondes après. La voir se débarrasser d’un livre qui lui enlevait ses vilaines et rondes lunettes auraient été d’un amusement total.

Son regard se pose sur la quatrième de couverture, inexistante à son grand étonnement. Se serait-il trompé de livre, aurait-il pris une autre matière, ou même un livre d’histoire? Non, il l’avait pourtant saisi dans le bon rayon. Mais son étonnement n’allait pas s’arrêter là pour autant.

Son doigt feuillette les pages à la recherche d’un index, inexistant lui aussi. Quel est donc ce livre qui ne permet pas qu’on le lise ? Il ouvre et remarque des tas de pages blanches, parfois entre plusieurs pages de texte. Mais le texte lui est encore bien lisible, et semble être ce qu’il recherche malgré tout. Il cherche du regard la plume avant de relever les yeux au sol, étonné une nouvelle fois par un bruit sourd qui avait manqué de le faire sursauter.

La jeune fille était revenue, plus tenace comme jamais, comme la créature dans ce vieux film moldu qu’il avait vu un jour… Godzilla. Une créature qui n’avait pas sa place parmi les hommes et qui savait juste mettre la pagaille…

« Tu sais que tu fais du bruit ? Dans une bibliothèque ? Tu es sur de savoir lire au moins ? »

Eliad laisse de coté ses répliques tenaces pour se remettre à lire. Tiens une phrase intéressante.

Il inscrivit la même phrase sur son parchemin afin de la garder pour plus tard, mais un léger tremblement de la table, causé par un livre que l’on y traînait dessus, le fit faire une tache sur son écriture, la goutte d’encre venant s’insérer entre les mots souffle et sorts magique. Il regarda alors la jeune élève et sourit…

Elle s’était faite elle aussi une grosse tache d’encre sur ses vêtements, sûrement en posant son encrier sur la table. Quel dommage, une si belle robe…

« Je croyais les serdaigles plus soigneux de leurs tenues vestimentaires… »

Une derniére remarque... Mais il ne lui montra pas la tache sur elle pour autant...

Le livre de Pergin Cétinconsiancius n'était pas sans intérêt maintenant que la fillette avait décidé de s'y pencher. Elle en oubliait presque la question de l'autre Serdaigle qui l'avait amené à rendre visite à la digne bibliothèque de Poudlard. Élégamment écrit, il n'en était pas moins colossal et l'enfant se voyait mal digérer tout le livre, toutefois des pages retenaient particulièrement son attention. Ainsi, l'auteur semblait avoir trouvé intérêt à donner une vision historique des sortilèges présents dans le livre, expliquant sans fioritures et effet de styles inutiles d'où venaient les différents sorts de l'ouvrage. Le Moyen-Age était imaginatif pour les sorts sinistres : pas besoin de magie noire pour faire « dans le trash et dans le dégueulasse », comme dirait un certain film moldu. Eva ouvrit des yeux ronds et eut un haut le corps devant une gravure particulièrement explicite d'un sortilège de Desquamage, un charmant coup de baguette qui permettait à la peau d'une personne de partir comme des écailles, presque comme la scarlatine mais en beaucoup plus... glauque. Eva tourna la page dégoutée et décida d'oublier ce qu'elle avait vu et lu _ la gravure lui avait paru tellement immonde qu'elle s'était fait un devoir de lire l'explication pour éviter d'en faire des cauchemars _.

La voix du serpent lui fit lever les yeux de son ouvrage pour les tourner vers le garçon qui lui parlait. Elle leva un sourcil comme seule réponse à Eliad et comble de la moquerie, mit un doigt sur ses lèvres pour lui intimer le silence. Pas question de parler dans une bibliothèque enfin ! Un peu de de discrétion, de savoir vivre et enfin : de silence! Qu'était-ce que ces gens qui se croyaient ainsi obligés de donner leur avis lorsqu'il n'était pas demandé et n'intéressait personne d'autre qu'eux-même? Prétention des verts et argents et tic très répandue du commun. Enfin de compte, c'était cela Serpentard : l'expression de la vanité du monde, les dignes représentants d'une vague grossière avec autant de raffinement qu'une huitre. L'huitre vous semblait une vulgaire comparaison? Et pourtant ! Sachez que le digne mollusque avait plus d'une fois fait la fierté de l'Angleterre. L'ostréiculture, répandue sur tout le territoire, fournissait une nourriture pour les riches mais aussi pour les pauvres. L'Angleterre se targuait donc de ses huitres comme les Serpentards de leurs qualités, riches et pauvres _ de sang ou en matière de répondant _, et rendait la comparaison tout à fait acceptable. Eva était même sûre que si l'on tendait le nez, on pourrait sentir l'odeur de la marée émaner de ses condisciples reptiliens.

L'autre garçon semblait être reparti à sa lecture. Depuis sa place, sans baisser les yeux et sans repartir aux lignes de son propre ouvrage, Eva entreprit de détailler l'individu à quelques pas d'elle. Il était franchement désagréable et l'amusait assez ; il fallait aussi avouer que l'approche qu'elle avait faite n'avait pas été des plus subtiles mais qu'importe, la fantaisie n'avait jamais tué personne. Le garçon avait une silhouette assez élégante, son orgueil comme manteau souple qui s'adaptait à chacun de ses mouvements. Si Serpentard, il était, elle misait cependant plus sur l'ambition que l'intelligence : ses réactions avaient quelque chose du petit enfant, si loin qu'Eva avait plus voir. Pour preuve la dernière phrase qu'il venait de sortir et qui obligèrent la bronze en bleu à baisser le nez pour voir l'état dans lequel se trouvait son pull. Le pauvre était maculé d'une épaisse tâche noire malvenue : Eva était bonne pour rentrer au dortoir la cape fermée et pour changer de pull et surement de chemise. La fillette posa sa plume pour vérifier ce dernier fait et confirmer que la chemise de coton épaisse qu'elle portait, était aussi souillée. Une inquiétude soudaine la pris... et elle ne put s'empêcher de lever un regard suspicieux sur Eliad. Puis, d'où elle venait cette tâche? Sans prêter attention au commentaire de l'autre garçon, elle déboutonna délicatement le haut de sa chemise pour y plonger son nez aquilin.

Horreur et putréfaction ! Sa brassière bleu ciel était aussi touché par le fléau ! L'élément même de sa féminité, sa coquetterie sur une poitrine inexistante ! Tachée ! Mais quelle horreur... La jeune fille eu un haut le corps et retint un gémissement irrité. Elle était pour trouver son sort et cela justifiait pleinement qu'elle souffre l'infamie. Fronçant les sourcils pour montrer son mécontentement, elle attrapa la plume et l'index du livre. Pointant d'un doigt légèrement tremblant, elle trouva le sortilège qui lui plaisait et alla à la page. Une lecture calme s'imposait autant que l'inspiration profonde qu'elle prit. Ses parents n'auraient pas été fiers d'elle si elle s'était énervée... et contre qui d'ailleurs? Elle n'expliquait vraiment pas la provenance de la tache et décida de laisser cette question en suspend pour suivre quelques lignes sagement alignées d'un regard critique. Elle commença à noter sur sa feuille ses découvertes quant au sort, il consistait à faire bouger des objets pour leur donner un comportement animal, un peu comme le monstrueux livre des monstres que le professeur de l'époque et garde chasse, Hagrid avait donné à ses élèves. Le livre n'était plus manuel de cours mais l'histoire continuait de faire le tour de l'école avec plus ou moins d'enthousiasme.

Eva s'entrainait aussi avec sa plume à chercher une façon amusante de présenter le sort à son condisciple. Que cela ne fasse pas 'je viens de le lire dans un bouquin et je te le ressors tel quel'. L'écriture pointue, légèrement penchée et énergique d'Eva prit alors la tournure suivante :

'Et là, si tu choisis pour le livre le comportement d'un roquet méchant, il te saute dessus et essaye de te mordre ! Au visage par exemple !'

Elle cherchait la phrase suivante pour expliquer le sort quand un bruit étrange la força à relever le nez. Le livre Ô combien précieux que le serpentard lui avait pris s'était soudain levé et essayait à présent d'attaquer le garçon. Il avait déjà tenté de se refermer sur la main du garçon pour s'attaquer ensuite au beau visage du garçon. Eva regarda ce combat étrange d'un oeil amusée, espérant sans le cacher que le prédateur attendrait sa proie. Un sourire narquois fit son apparition sur ses lèvres, elle associait sans mauvaise foi intellectuelle, cette 'attaque littéraire' à une juste rétribution du Dieu de l'Ordre.

[Je te laisse gérer le combat contre la bête ^^''... et je m'excuse encore du retard.]

Eliad feuilletait toujours ce livre aux pages blanches, enfin… Jaunies par le temps. Ces pages sans mots, ces pages sans sens, auxquelles Eliad ne prêtait aucun intérêt… Pour autant, il n’allait pas lâcher ce livre pour le plaisir de la Serdaigle. Qu’elle se débrouille déjà avec son bouquin de grande taille et qu’elle n’essaye pas de s’intéresser à lui… Et en plus, elle lui faisait signe de se taire. Monumentale erreur.

Eliad conservait adroitement sa baguette sous la table, s’imaginant l’avada kedavriser, sans que personne ne s’en aperçoive, un geste assassin, mais qui, somme toute, rendrait service à la communauté.

A la voir ainsi, ses lunettes collées à son visage, comme une nouvelle partie d’elle-même, Eliad se demandait ce qu’elle ferait sans… Elle aurait sûrement montré un strabisme divergent, ou même deux gros yeux qui louchent, et la plus grande des difficultés pour lire un livre, qu’elle ne comprenait sûrement pas, et dont de toutes évidences, elle ne regardait que les images. Elle était bien trop jeune pour porter pleinement le titre d’érudit, et trop jeune pour espérer voler de ses propres ailes. Si elle était un aigle, elle s’écraserait du haut d’un nuage, jusqu’au sol, ou serait percuté en plein vol par un souaffle lancé depuis le terrain de quidditch.

Il la regardait fixer sa tache, comme s’il s’était agi d’un geste innommable. S’aurait pu être pire, il aurait pu enflammer ses vêtements, comme lorsqu’il s’était retrouvé avec…

Non, mieux valait oublier ce souvenir.

Il allait sourire peu discrètement, quand le livre se referma sur sa main, que par chance, il avait pu retirer au dernier moment.

« Mais qu’est ce que ! »

Maintenant, le livre essayait de le mordre ou de le pincer, puis ne trouvant pas de parties du corps posé sur la table, il continua son geste d’attaque et se jeta sur lui, Eliad en tentant de l’éviter, tomba au sol. Le livre était devenu soudainement vivant et il voulait le dévorer entièrement… Il donna des coups sur le bouquin, mais sans grand succès, un livre aussi vieux qui avait résisté au temps parviendraient sans peine à résister aux coups d’Eliad. Il n’y avait que le feu, mais ce livre l’intriguait beaucoup trop pour qu’il décide de le brûler. Il jeta le livre le plus loin possible, et celui çi tomba sur un élève, mais pas d’attaque du livre envers lui… Non il revint juste à la charge, plus féroce que jamais. Eliad sortit sa baguette et lança alors un sort :

« Finite Incantatem ! »

Le livre s’arrêta enfin, sa bouche de papier redevenant inoffensive… Eliad mit quelques secondes, avant d’oser s’en approcher, puis il le mit de nouveau sur la table. La serdaigle devait bien se moquer maintenant, elle devait y être pour quelque chose d’une manière ou d’une autre…

Il écrivit alors sur le livre, que toutes les plumes, règles, et sucettes magiques, devaient clouer au mur, cette saleté de serdaigle…

Une fois écrit, tout ce qu’il avait marqué sur le livre commença à se réaliser… Les plumes foncèrent sur la Serdaigle, dans le seul but de punaiser cette petite créature au mur… Avant de la mettre dans une vitrine, pour qu’elle soit exposé ?

Mais c'est que ça marche ?! La vache, top cool ! Défonce totale ! Eva ne put retenir un large sourire découvrant ses jolies dents blanches en voyant le livre attaquer le serpentard. Le gros ouvrage s'était refermé sur la main du malotru et Eva eut toutes les peines du monde à ne pas se lever pour faire la hola. Au lieu de ça, la demoiselle fit l'effort de revenir à sa copie et à son propre livre pour recopier un paragraphe qu'elle trouvait pertinent. Le sort qu'elle avait trouvé devrait suffire à clouer le bec de son condisciple et à s'assurer une certaine distinction. Elle en avait ras-le-bol des abrutis suffisants que l'on trouvait dans sa maison -son préfet en chef, au hasard mais pas seulement lui- qui brillaient autant pour la vastité de leur connaissance que par leur incapacité à appliquer les dites connaissances en situation. Ces crétins, enfin, qui se croyaient de devoir rabaisser les plus jeunes années pour leur prouver que les 'petits' avaient encore un long chemin à faire pour espérer atteindre le niveau de leurs ainés. Oui merci, ça s'appelait un cursus scolaire : une année après l'autre pour obtenir un foutu diplôme qui n'était encore qu'une notion abstraite pour la blonde à lunettes. Clouer le bec a un idiot, voilà la seule et unique raison qui poussait Eva à la bibliothèque, même pour aller chercher un sortilège qui n'était pas appris avant la septième année. Et alors, cela prouverait qu'Eva est une demoiselle consciencieuse, capable d'avoir des connaissances théoriques, même si elle ne pouvait pas les appliquer. Cela ne départirait pas de l'ambiance générale de la maison de toute façon.

La fillette ne manquait pas non plus de garder un oeil sur l'autre garçon pour le voir au prise avec son ennemi en papier : le combat s'annonçait rude. Le sourire qui avait fleuri sur les lèvres de la bronze et bleu ne semblait pas vouloir disparaître tandis qu'elle inscrivait une autre ligne relatant la découverte du sort par Killian Desbogh. L'expression sur le visage de l'autre quand il avait manqué de se faire mordre valait bien cent gallions. Le livre était pataud mais aussi agressif qu'un petit chien ce qui donnait un aspect hilarant à la scène. De plus, le garçon ne semblait pas savoir comment faire pour empêcher le monstre d'attaquer et se défendait de façon plus que pitoyable puis finit par tomber par terre. Eva se mordit la lèvre pour ne pas exploser de rire en voyant l'adolescent aux cheveux sombres s'étaler lamentablement sur le sol. Beaucoup d'élèves avaient relevé la tête pour voir ce qui causait ce bruit désagréable. Un de ces élèves se prit même le dit livre pour le voir revenir sur sa cible d'origine. Eva avait fini de copier son paragraphe et avait adopté l'attitude outrée de circonstance pour ne pas perdre une miette de la scène. Malheureusement, le garçon semblait avoir compris comment se débarrasser du livre belligérant en lançant un sort que la demoiselle blonde ne connaissait pas. Elle parvint à garder son air outré sans faire une moue déçue puis la serdaigle vit le garçon se rasseoir et écrire de nouveau quelque chose.

*aie... Qu'est ce que?*

Les yeux de la fillette s'ouvrirent comme deux balles de golf et elle regarda alors précipitamment son bras pour voir que la plume qu'elle tenait auparavant venait de s'enfoncer sans douceur dans celui-ci. La fille à lunettes ne retint pas un murmure douloureux tandis qu'elle retirait l'importune maintenant tachée de rouge. Et si elle n'avait plus de doute sur la nature des plumes utilisées, elle savait d'où venait l'attaque. Risquant un regard en coin vers Eliad, elle considéra à présent que le garçon était potentiellement dangereux. Eva allait fronçer les sourcils quand une autre douleur se fit sentir et la fit se lever précipitamment de sa chaise : elle avait trois plumes et une équerre qui venaient de se planter dans sa chemise. Ou pour être plus précis, l'équerre près du col -cela lui filait des sueurs froides-, deux plumes sur la manche gauche et la troisième s'était enfoncée dans l'épaule et non dans la chemise. Elle enleva immédiatement le 'potentiellement' qu'elle avait affubler au serpentard pour le remplacer un 'foncièrement' et ajouter qu'il était taré. Il essayait de la tuer ou quoi? Sans prendre le temps de retirer les objets piquants qui avaient assaillis sa chemise et tentaient vainement de la tirer vers un pan de la bibliothèque, elle fit prestement le bilan de la situation pour voir que d'autres plumes arrivaient plein pot vers elle. Décidément ! La petite serdaigle ne manquait pas d'humour mais trouvait que la farce allait trop loin. Plongeant sous la table, ce qui eu pour effet d'arracher l'équerre et les plumes -sauf celle qu'elle avait dans l'épaule et qui la lançait-, la fillette rampa en entendant les plumes se figer dans la table. Elle avait les yeux rouges et le nez qui goutait mais non, elle ne pleurait pas ! A quatre pattes sous la table, elle avançait vers Eliad, la plume magique toujours en main. Elle était à présent au bout, là où était sa némésis et le tout était une question de rythme. La serdaigle écrasa le pied en même temps qu'elle sortait la main de sous la table pour arracher le parchemin du cinquième année. Elle eut la désagréable sensation de sentir quelque chose 'épingler' sa main sur la table et cela la fit crisper sa main sur la feuille qui se déchira.

*Oups?*

« Puis-je savoir ce qui se passe ici?! »

La voix de Madame Pince se fit entendre en même temps que la pression sur sa main cessait. Que se passait-il ? Euh d'un point de vue technique : il avait des plumes, des équerres plantées dans la tables, des règles et des sucettes (?) éparpillées sur la même table, ainsi qu'une première année sous la table, au pied d'un serpentard de cinquième année. Que se passait-il? Mais rien !

« Que se passe t-il ? Mais rien, nous étudions simplement, j’ai d’ailleurs eu un mal fou à trouver le livre que je désirais… A part ça, tout est normal. »

Eliad avait dans cette phrase, tenté de dissimuler les récents événements, qui l’avait plus ou moins atteint. De l’attaque du livre, aux équerres et plumes plantés dans la table. A part ça ? Ben à part ça, il ne s’était absolument rien passé…

La mauvaise foi des Serdaigles étant légendaire, rien ne pouvait égaler la bonne foi des Serpentards…

« Et ces équerres plantés dans la table, c’est quoi ? »

« Ca ? Oh… Pas grand-chose. Juste une équerre maladroite, qui est allé se frotter de trop prés à la table. Rien de bien méchant… »

La mine furieuse de Madame Pince démontrait clairement qu’elle n’avait pas cru Eliad, une seule milli seconde. Dommage pour lui, à cause de la peste bleue, il devait abréger son séjour à la bibliothèque.

« Mais je crois que je vais aller étudier dehors, il fait beau… Ca… changera. Je prend le livre tout de même, il ne faudrait pas que j’étudie sans… »

Eliad esquisse quelques pas, qui l’emmènent loin de la table quand il est rattrapé dans son élan par la bibliothécaire.

« Et faites moi le plaisir d’emmener avec vous, votre jeune amie, et j’ignore encore ce qu’elle faisait par terre… Mais je ne veux décidément pas le savoir. Partez ! Laissez du silence pour ceux qui travaillent… »

Je ne souris pas. Je ne hurle pas non plus, mais je ressens beaucoup de mépris. Pour celle qui me fait quitter la bibliothèque, et à cause de celle dont je dois ce départ prématuré. Je m’adresse à elle, comme l’on s’adresserait à une poupée silencieuse, dont on n’attend pas de réponses, mais juste qu’elle obéisse timidement. Les lèvres closes. Pas de sourire. Juste la tête qui dodeline pour acquiescer, du à un ressort mal fixé.

Les escaliers ne sont ensuite qu’un passage obligé pour atteindre l’extérieur. Il ne regarde même pas si elle la suit. Il ne se sert pas non de sa plume, les tableaux rapporteurs des murs, pourraient les dénoncer à Dumbledore, si l’un d’eux était touché.

Eliad atteint le dehors, le premier. Il n’y a pas beaucoup de monde dehors, le vent est glacial. Son humeur, abrasive. A l’aide de la plume, il fait glisser deux bancs pour qu’ils soient face à face. Peut-être qu’ils s’assiéront dessus, ou peut-être qu’ils se les projetteront à la figure. Qu’importe, il n’attendait que ça de toute façon.

« Bien, maintenant, à toi de décider de ce qu’on va faire… »

Il prend son cahier, sa plume et se prépare à une riposte possible. Leurs plumes n’auront pas le temps de rouiller…