- Nom : Tarleton
- Prénom : Verity
- Age en HJ : 20 ans
- Age du personnage : 11 ans
- Comment avez vous connu le forum ? Tours de Jeux.
Verity ne disait rien, depuis un moment, déjà. Elle avait échangé son prénom avec deux ou trois autres élèves apparemment en première année, eux aussi, lorsqu'elle était montée dans le train. Elle avait acheté quelques bonbons lorsqu'une dame avait poussé un panier de sucreries jusqu'au compartiment qu'elle partageait avec d'autres élèves tout aussi silencieux qu'elle, qu'elle observait depuis le début d'un oeil méfiant, essayant d'analyser leurs moindres mouvements. Un garçon au visage très rond - trop rond, même pour un enfant - s'était fait un devoir d'expliquer aux trois autres (qui étaient tous, comme elle, d'origine moldue (elle était arrivée d'elle-même à la conclusion que les moldus étaient les personnes sans pouvoirs magiques, et n'avait pas demandé confirmation, de peur de passer pour une inculte)), toutes les différences entre les divers bonbons dont ils s'étaient tous rempli les poches au passage du chariot.
"Qu'est-ce que tu sais sur Poudlard ?", lui avait-on demandé lorsque la conversation générale s'était trouvée dans une impasse, et qu'on avait alors remarqué qu'elle ne disait pas grand'chose, depuis le début.
"Pas beaucoup", avait-elle dit dans un presque murmure, sentant le sang monter à ses pommettes brunes. Elle, elle se savait plutôt petite, niveau taille, bien qu'elle soit généralement considérée comme assez ronde (mais pas autant que lui, quand même), mais son habituelle discrétion faisait qu'on n'avait tout d'abord pas l'impression qu'elle soit vraiment imposante. "J'ai entendu des gens en parler quand je suis allée au Chemin de Traverse avec mes parents. Il y a des maisons, c'est ça ?"
Le gros garçon se chargea alors de reprendre la parole. Sa mère était moldue, mais son père sorcier, et ce dernier lui avait tout appris de la magie, expliquait-il joyeusement. Verity avait vite décidé qu'elle n'aimait pas beaucoup ce garçon-là, et, aussi, alors qu'il décrivait en long et en large les quatre grandes maisons - affirmant que Serdaigle était sans aucun doute la meilleure qui soit, elle posa sa tête contre la vitre froide du train, juste à côté d'elle, et ne tarda pas à s'assoupir, laissant le paysage verdoyant défiler au rythme cahotant des rails. Avant aujourd'hui, elle n'avait jamais quitté Londres, et surtout pas pour se retrouver en pleine campagne. Toute cette herbe, tous ces arbres lui donnaient l'impression que ce qu'elle vivait n'était pas réel. Et d'ailleurs, comment est-ce que ça aurait pu être réel ?
Verity avait toujours été une petite fille parfaitement normale. Elle avait un grand frère aux traits asiatiques, et une soeur de neuf ans dont on savait qu'elle venait d'Amérique du Sud. Les trois adoptions avaient été faites à travers une agence dont le siège se trouvait en Angleterre, et les Tarletons, d'abord désespérés de ne pouvoir avoir d'enfants, avaient trouvé dans ces trois-là ceux qu'ils ne pouvaient concevoir eux-mêmes, et leur avaient donné tout l'amour possible - et pour eux, il était possible de faire beaucoup. Autant dire qu'elle n'avait pas eu à se plaindre de son enfance. D'accord, il y avait sûrement plus aisée que cette famille de cinq personnes dont la mère, Juliet Tarleton travaillait comme infirmière (souvent de nuit), et le père, Benjamin, n'était qu'un employé de bureau. D'accord, il y eut souvent des disputes parmi les enfants, des petites bouderies, des caprices, mais quelle famille peut se passer de tels effets secondaires ? D'accord, il se passait parfois des choses un peu bizarres, en présence de Verity, mais on ne pouvait pas prouver que c'était elle qui en était responsable, et puis, personne n'allait se plaindre de sa bête capacité à faire pousser des plantes dans les trois heures qui suivaient leur plantation si jamais c'était elle qui les arrosait - ça ne faisait de mal à personne, après tout.
Et c'est dans cette atmosphère des plus normales et des plus sympathiques que tout naturellement, un matin d'été, la lettre invitant la petite à rejoindre l'école de sorcellerie Poudlard arriva. Comme dans toutes les histoires merveilleuses, tout le monde fut ravi d'apprendre cette nouvelle : ses parents, après la première surprise passée, sentirent s'emparer d'eux un sentiment de fierté et d'encouragement pour un talent aussi extraordinaire, sans pour autant délaisser son frère et sa soeur qui, par conséquent, ne se sentirent absolument pas jaloux, mais furent eux aussi ravis pour la petite fille. Non, en fait, toute cette histoire aurait été vraiment affreusement ennuyeuse si Verity ne s'était pas sentie aussi humiliée de recevoir ce courrier.
D'accord, elle était capable de faire des choses qui sortaient un peu de l'ordinaire. Devait-on pour autant se débarrasser d'elle à l'année et l'envoyer dans une école de bêtes de foires ?
"Je ne suis pas une sorcière !", ne tarda-t-elle pas à affirmer haut et fort à ses parents.
Mais il était trop tard. Cette lettre avait tout déclenché, et on la traîna donc avec toutes les meilleures intentions du monde jusqu'au Chemin de Traverse, où on acheta ses fournitures, son nécessaire à potions, sa baguette... et même, pour la dérider un peu, un hibou des marais qu'elle eut beaucoup de mal à faire semblant de ne pas apprécier (les animaux avaient toujours été son point faible, et il y avait plusieurs années qu'elle taraudait ses parents pour avoir le droit d'adopter un chien, un chat ou une tortue), et dont elle décida du bout des lèvres qu'elle le nommerait Obéron, d'après un personnage de Songe d'Une Nuit d'Eté.
A part bouder et montrer sa mauvaise humeur à tout le monde - ce qui n'était pourtant pas des plus habituels pour Verity, en général discrète et assez arrangeante, elle ne tenta pas de s'échapper, ou de trouver un stratagème pour ne pas entrer dans cette école. Elle savait bien, à onze ans, que toutes les décisions qui la concernaient reposaient sur ses parents, et que c'était eux qu'il faudrait faire changer d'avis, rien d'autre ne fonctionnerait. Mais elle n'était pas experte en manipulation, sûrement pas en manipulation d'adultes responsables, et elle ne parvint donc pas à leur démontrer qu'elle ferait mieux de rentrer dans le même collège que son frère (Ben junior), plutôt que de s'expatrier loin de sa famille, sans laquelle elle n'avait jamais vécu jusqu'à présent.
Et c'est ainsi qu'elle se retrouvait dans ce train, entourée de parfaits inconnus. Le fait qu'elle ne parlait pas n'était pas dû à son manque d'enthousiasme : elle savait bien que ses nouveaux camarades n'étaient pour rien dans le destin qui lui était attribué, et avait donc fini par se résigner, et par se résoudre à n'en vouloir qu'à ses parents, à l'avenir (c'est grâce à ces réfléxions qu'elle décida qu'elle pouvait tout à fait cajoler Obéron sans qu'on la traite d'hypocrite). Elle n'était pas non plus une enfant particulièrement solitaire, refusant de voir quiconque et se trouvant parfaitement à l'aise lorsqu'elle était seule.
Non, au contraire, elle préférait qu'il y ait du monde autour d'elle, et elle pouvait même s'avérer d'une compagnie intéressante (même si elle ne serait jamais une grande bavarde, toujours un peu en retrait) lorsqu'on prenait la peine de s'intéresser à elle. Non, elle souffrait juste de cette maladie qu'on pratiquement tous les enfants de onze ans propulsés soudain en territoire inconnu : la timidité. La timidité chez elle ne s'associait pas seulement au fait de ne pas oser dire les choses. En fait, la timidité pouvait la rendre nerveuse au point qu'elle n'avait pas l'impressio d'être timide, juste l'impression d'être idiote (et c'était tout de même un comble, elle qui avait toujours été une excellent élève et qu'on qualifiait toujours de 'mature pour son âge'), parce qu'elle ne trouvait tout simplement pas ce qu'elle aurait pu dire, aucune idée intéressante ne semblait plus lui traverser l'esprit...
Contrairement au garçon, qui parlait toujours lorsqu'elle se réveilla, alors que le train entrait en gare - le garçon avait heureusement décidé qu'ils feraient mieux d'enfiler leurs uniformes aussitôt montés dans le train -, constatant qu'une obscurité épaisse régnait à l'extérieur. Une voix venue de nulle part annonçait déjà qu'il était temps de descendre, et que les bagages devraient être laissés dans le train, ils seraient montés plus tard dans les dortoirs.
Les quatre camarades du compartiment s'entre-regardèrent, et décidèrent ensuite sans rien dire de se diriger vers la sortie, où Verity, dans les dernières effluves du sommeil et au milieu de la cohue qui régnait sur la gare, ne remarqua qu'à peine la taille impressionante de l'homme qui regroupait les premières années et leur indiquait des barques dans lesquelles ils devaient monter. En fait, elle vit bien qu'il était plus grand que la normale, mais son cerveau embrumé décida de classer cette information comme pas plus étonnante que ça, étant donné qu'elle allait finalement faire ses premiers pas dans une école de magie - bien contre sa volonté.
La seule chose probablement capable de vraiment la réveiller, ce furent les lumières du château, et le château lui-même, surplombant le lac de toute sa majesté. Elle s'était attendue à... Elle ne savait pas au juste à quoi elle s'était attendue. Sans doute plus ou moins consciemment à des bâtiments préfabriqués qui lui rappelleraient son école maternelle ou son école primaire. Pas cet édifice de pierres dont elle ne pouvait saisir tous les détails en un seul coup d'oeil, autant qu'elle se dévisse la tête et qu'elle écarquille les yeux pour tout mémoriser. Et là, sans même s'en rendre compte, d'un coup, elle eut soudain hâte d'étudier dans ces murs.
Tout se passa comme dans un rêve. Elle n'entendit pas les murmures des élèves, dans le hall, en attendant de pouvoir entrer dans la grande salle. Elle n'essaya pas de s'adresser à eux non plus : elle se sentait faire partie d'un tout, d'un coup, elle se sentait être avec eux et c'était suffisant. D'autant qu'elle n'attendait qu'une chose, savoir ce qu'on leur réservait ensuite... Et, son nom de famille commençant par un "T", elle eut tout le temps d'observer, d'ailleurs, les élèves plus ou moins tremblants, tous un peu intimidés, qui s'avançaient vers le choixpeau qu'on plaçait sur leur tête, les applaudissements qui les accueillaient lorqu'ils rejoignaient une table. Elle s'en voulut soudain de ne pas avoir écouté plus attentivement le gros garçon qui plaçait maintenant le choixpeau sur sa tête, quand il avait décrit les différentes maisons. Elle aurait bien aimé savoir ce que le choix fait par le bout de tissu lui révélerait, à présent qu'elle avait décidé de s'intéresser à cette école qui n'avait finalement rien de la maison de fou à laquelle elle s'attendait, mais affichait toute la grandeur des collèges les plus prestigieux.
"Tarleton Verity", fit finalement le professeur à l'air pincé et aux lunettes strictes qui attendait près du tabouret, la liste des élèves déroulée dans sa main.
Hésitante, elle se fraya un chemin parmi les élèves qui attendait encore - ils étaient à présent peu nombreux -, et se faufila jusqu'au chapeau, après un pardon en direction d'une fille dont elle avait écrasé le bout du pied, ses jambes tremblantes n'étant plus tout à fait dignes de confiance. C'était bête, mais cette atmosphère solennelle finissait par la gagner, et par la rendre aussi nerveuse que ceux pour qui la maison choisie aurait une quelconque importance...
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Sujet: Verity Tarleton (Poufsouffle)