Quand Lucy Ann avait appris qu’allait avoir lieu la première réunion du cercle d’études, son expression fut des plus neutres.
En effet, elle s’était intéressée au parchemin d’Alexandre après avoir entendu le professeur McLipswitch en parler, avait choisi le sujet parmi les devoirs de vacances qui l’intéressait le plus, et y avait consacré une petite partie de ses vacances, à errer en solitaire dans la bibliothèque au milieu de ses ouvrages sur les fondateurs et sur l’histoire de Poudlard.
Elle avait donc vécu le début de l’aventure alexandrienne en solitaire, et n’avait aucune idée de ce à quoi cette réunion pourrait ressembler : serait-elle seule en tête à tête avec une poignée d’étudiants binoclards ? Ou au milieu d’une foule dense d’étudiants hyper calés sur le sujet et exposants leurs théories dans un joyeux brouhaha ?

Elle ne s’attendait donc à rien en ouvrant la porte, enfin, à rien mais quand même… Pas au professeur Wyrd !
Enfer et damnation, mais où était passé le professeur de magie noire ?

*Mais dans quelle situation à la noix tu as encore été te fourrer ma pauvre fille ?*

En effet, Mr Wyrd n’était pas connu pour son amabilité et sa convivialité naturelle, et s’il avait pris la tête du groupe de recherche… L’année risquait d’être pénible.

*Enfin peu importe, tu vas pas te laisser démonter par un blondinet quand même !*
Bonjour… fit-elle au professeur et à l’étudiante qui était déjà présente en agrémentant son salut d’un signe de tête.
Visiblement, l’ambiance n’était pas au bavardage, elle décida donc de se taire et d’aller rejoindre sa camarade pour faire un peu de lecture.

*Parchemin d’Alexandre… Déjà lu. Testament de Flamel… Déjà lu… Et le dernier… He, mais c’est de moi ça !*
L’étudiante esquissa un large sourire, mélange de surprise et de fierté mi estudiantine *Au moins je n’ai pas passé une partie de mon été avec de vieux bouquins pour rien* mi enfantine *He, he t’as vu, c’est mon devoir !!!*.

Finalement, rien de nouveau à découvrir, elle décida donc de jouer les perturbatrices en brisant le silence de la salle (à voix basse, faut pas exagérer non plus) pour s’adresser à sa voisine.

Salut, moi c’est Lucy Ann… On serait pas en cours de soins magiques ensemble ?

Elanor était en train de lire ce fameux devoir parfait lorsque Wyrd le commenta et cassa sa collegue de classe nommée Lucy Ann. En fait elle s'en fichait, elle n'était en général pas touché par ces enseignants qui pensaient que réduire les étudiants à de la m***** était quelque chose de dégradant. Bien au contraire, à ses yeux cela relevait de la stupidité enseignante et elle n'avait donc pas de temps à perdre avec ces enfantillages. Elle n'avait pas eu l'occasion de participer au premier cours de potion et elle ne le regrettait pas, elle avait entendu dire que celui-ci s'était très mal passé et que Wyrd avait été des plus cruels. Elle qui était nul en potion elle aurait encore surement été le bouc émissaire.

Elle recala une de ses mèches derrières ses oreilles et remis le devoir sur le tableau. La bibliothèque de son oncle regorgeait de livres divers et donc Elanor n'avait pas perdu de temps cet été, elle s'était interessée de près à l'école de Poudlard qu'elle ne connaissait pas. Elle s'était renseignée sur son histoire, sur ses fondateurs et sur les gens qui y étaient passés. Elle apprit énormément de choses mais elle se rendit compte qu'elle avait des lacunes énormes concernant l'histoire de la magie, notamment de grande bretagne. De ce fait, le temps accordé au travail de vacances donné par le professeur de magie noire n'avait pas pu trouver de place dans son emploi du temps chargé. Elanor estimait qu'il était tout fois nécessaire pour elle (et pour l'ordre) qu'elle particpe aux réunions et qu'elle apprenne un maximum de choses durant ces moments là. Elle pourrait profiter des poser des questions et ainsi de compléter ses lacunes.

Elle se décida à aller s'asseoir à une des tables en emportant l'article concernant Nicolas Flamel qu'elle commença à lire pendant que ses collègues terminaient d'arriver et de s'installer.

Lucy Ann avait les yeux écarquillés comme des soucoupes. Elle qui n’avait jamais reçu le moindre encouragement concernant son travail scolaire venait de se faire féliciter par deux professeurs coup sur coup, et pas n’importe lesquels… L’effrayant Thadeus McLipswitch, et le sadique Vega Wyrd, dont elle était persuadée qu’il finirait par mettre sa tête au bout d’une pique avant la fin de l’année, au regard de ses piètres performances dans sa matière et de la piètre opinion qu’il avait des piètres élèves…

*C’est bien à moi qu’ils parlent ? Oui, Donovan c’est bien moi… C’est une blague ? Elle est où la caméra cachée ?*

Enfin bref, elle s’était préparée à à peu près tout sauf à ça, c’est pourquoi elle ne trouva dans un premier temps rien d’autre à bredouiller que : Heu… Merci…

Ce qui n’était pas gravissime, étant donné que le professeur Wyrd répondit à sa place à la question que lui avait posé l’auror brune dont elle ne se souvenait plus le nom *Pense à prendre des notes, Lucy, ton manque de mémoire va finir par te plomber ta vie sociale*.

Bien que d’une politesse toute relative, l’attitude du professeur eût néanmoins le mérite de laisser le temps à la médicomage d’élaborer une réponse construite, avec un sujet, un verbe et un complément qui allaient à peu près ensembles.

Hum, merci pour l’attention que vous avez porté à mon travail, même si je suis consciente qu’il comporte pas mal de lacunes… J’avais pensé à chercher parmi les relations des fondateurs pour voir si quelqu’un aurait été susceptible de leur transmettre, mais il s’est avéré que ce domaine était encore plus flou que leur implication dans la construction de Poudlard donc… J’ai préféré ne pas le traiter, mes connaissances personnelles sur cette période n’étant pas suffisament développées pour élaborer des hypothèses vraisemblables…

Le professeur McLipswitch s’adressa ensuite au reste des étudiants, ce qui l’encouragea à se taire et à aller s’asseoir avec ses camarades auxquels elle adressa un vague sourire de salutations. Elle n’était pas du genre à se laisser impressionner facilement, même par un professeur, mais engager un débat avec Vega Wyrd ne l’enthousiasmait plus que ça, il y avait quelque chose chez ce personnage qui n’incitait pas à se sentir à l’aise…

Elle rejoignit donc le rang et attendit sagement qu’on énonce la suite du programme.

*He beh, tu as intérêt à assurer pour la suite ma cocotte, parce que maintenant si tu te plantes tu vas tomber de haut ! Mais non, tu n’es pas en train de te mettre la pression toute seule…*

Elanor n'avait rien entendu de ce qu'avait dit Vega à part bien sûr ce qu'elle avait bien voulu entendre. Elle n'entendit même pas le compliment sur les médicomages qui s'investissent et leur importance. Non, en fait elle avait été touché par le discours de ses camarades sur le 1er cours de potion et comme une écolière, elle avait décidé de ne pas l'apprécier. Puéril? oui bien sûr, mais qui a dit qu'Elanor était une adulte mature? Personne. Bien revenons en à nos gryffons. Elle venait de finir la lecture de l'article du testament de Nicolas Flamel lorsque le félin du professeur de magie noire entra. Heureusement, Elanor était hors de portée de l'animal qui ne se priva pas de lancer un grand froid sur l'assemblée par la simple portée de son regard. Elle frissonna légèrement et garda les yeux rivés sur la porte d'entrée qui ne tarda pas à laisser passer McLipswitch.

* Décidément me voilà bien entourée..

Elanor soupira de désespoir, être ainsi obligée de suivre des cours supplémentaires avec le professeur de magie noire ne lui plaisait pas, surtout si celui-ci était secondé par le professeur de potion. Un vrai cauchemar pour la pauvre jeune fille qui tenta de croiser le regard de Deryn à la recherche d'un peu de compréhension. Les reproches envers les étudiants pas assez studieux ne tardèrent pas à montrer le bout de leur nez, mais Elanor fut surprise de la décision de Vega de les traiter comme des adultes. Elle haussa les sourcils d'étonnement et fut tout à coup plus à même d'écouter son discours qu'elle trouva tout de même assez froid et plein de menaces s'ils ne se bougeaient pas. Désireuse de montrer sa bonne foi et sa volonté, elle prit la parole juste après que sa camarade ait terminé, voyant sa gêne, elle reprit à sa suite :

Je crois que Deryn a raison, nous devons nous concentrer sur les premiers événements liés au parchemin ce qui nous permettra d'éclaircir probablement la suite peut être même jusqu'à très récemment. Elle reprit son souffle et fronça les sourcils. En ce qui me concerne, je mettrai en avant le fait que le parchemin a eu parfois un lien avec des Moldus, notamment lors de sa création. Peut-être devrions-nous également chercher du côté des événements Moldus qui ont marqués le monde. Nous pourrions peut être y trouver des choses intéressantes qui feraient avancer les recherches. Elle s'arrêta une nouvelle fois et reprit. Il y a également une autre chose qui me turlupine, si le parchemin a été peut être à la base de la création de Poudlard, n'en est-il pas de même pour les autres écoles de sorcellerie?"

Elanor laissa sa question en suspend pour le prochain et se reconcentra sur les articles qu'elle avait empreinté sur le panneau d'affichage. Après tout, le parchemin n'avait pas été présent uniquement en Grande Bretagne, mais dans toute l'Europe. Peut-être devraient-ils élargir les recherches. Elle regretta de ne pas avoir prit de livre à son oncle sur la sorcellerie en Europe, peut être trouvera-t-elle quelques documents intéressants au square.

Un silence suivit la prise de parole du professeur Wyrd, chacun analysant les données qu'il venait d'apporter. James avait griffonné quelques notes sur un parchemin, soulignant le fait que le Parchemin n'avait pas quitté l'Angleterre depuis 400 ans au minimum. Voilà qui était fort ennuyeux, surtout si on rapportait ces propos à la théorie échafaudée par James (et imprudemment confiée au Seigneur des Ténèbres) d'une implication de John Dee dans l'histoire de l'artefact... Les yeux rivés sur ses notes, James ne vit pas le regard de Wyrd en sa direction, et il resta à réfléchir quelques instants. Autour de lui, le silence n'était rompu que par des grattements de plume et de légers bruits d'étoffe, signe que chacun se concentrait pour tâcher de faire avancer l'enquête. Finalement, James releva la tête et prit la parole, posément, pour répondre au professeur Wyrd :

-Je désire en effet, professeur, trouver l'objet dont nous parlons, au mieux, et, au minimum, le localiser. Il y a une différence entre ces deux objectifs ; localiser simplement l'objet ne permettrait pas d'en comprendre le fonctionnement, ni d'en prévenir une utilisation dangereuse. Nous sommes d'accord pour dire que ce Parchemin est un artefact puissant, et que, dans des mains également puissantes, il peut être redoutable... mais nous n'en savons pas plus. C'est dans ce but que l'histoire ancienne peut nous aider ; des documents anciens encore inexploités peuvent décrire le fonctionnement de ce Parchemin et ses effets. Mais la localisation doit s'appuyer sur les éléments sûrs les plus récents... Soit le séjour de l'objet à Sainte-Mangouste.

Premier point. Il allait aborder un autre point, nettement plus délicat, et jugea nécessaire de préparer le terrain avant de poser sa question :

-Vous affirmez que le Parchemin n'a pas quitté l'Angleterre depuis quatre cents ans, professeur. Loin de moi l'idée de mettre en doute vos recherches, monsieur, mais je pense que chacun ici aimerait savoir ce qui vous permet d'être aussi formel. Avez-vous une quelconque preuve de ce que vous avancez ? Elle serait probablement intéressante pour nous tous...

Pas sûr que Wyrd apprécie, mais après tout, on était là pour chercher, non ? dans cette optique, il n'était pas possible de se contenter de pressentiments, il fallait des preuves, l'enseignant le comprendrait.

-Et puisque nous parlons de preuves, j'ai une proposition à faire à l'assemblée. Il me semble nécessaire de rédiger une sorte de registre, organisé par siècles par exemple, qui nous permettrait de consigner les événements historiques, moldus ou sorciers, et les événements en rapport avec le Parchemin. Il sera bien entendu nécessaire de n'inscrire dans ce registre que des faits rigoureusement établis, et je suggère donc d'y intégrer une copie de tous les documents permettant de prouver nos assertions. Ce registre pourra être consulté par tous, mais pas emprunté, pour éviter d'éventuelles pertes de documents....

Il jeta un regard à l'assemblée qui l'avait écouté sans mot dire, son regard s'arrêtant sur Deryn, puis sur Wyrd puisque finalement, le débat tournait à la conversation en petit comité. Il tira un parchemin de sa poche, et l'observa ; il s'en était servi de brouillon pour ses idées de mise en forme du registre, et il irait le montrer à Wyrd si son idée était retenue.