Elle ne l'écoutait pas, ou pas vraiment. Josh ne dit rien et attendit sa réponse, alors que le silence somme toute relatif reprenait ses droits entre eux. Sa proposition ne satisfaisait visiblement pas la jeune fille. Il n'en était pas surpris. Il n'était pas décemment possible qu'une adolescente accepte de se laisser guider par un homme à l'évidence bien plus âgé, alors qu'il lui était inconnu. Pourtant lorsqu'elle capitula finalement face à ses craintes, l'archiviste se laissa aller à hausser les sourcils et avoir l'air proprement ébahi.

Le contact en soi n'aurait pas été désagréable si la source de sa bonne action quotidienne n'était pas féminine. Le simple fait qu'une jeune femme se colle à lui rendait l'idée de la transplaner pénible. Mais il l'avait proposé. Josh n'aimait pas revenir sur sa parole. Le nombre de ses défauts était grand mais celui-ci ne devait pas en faire parti. Tout du moins, il faisait son possible pour au minimum faire ce qu'il promettait, même implicitement. Qu'on ne le prenne pas pour pire qu'il ne l'était tout de même. Restait qu'il regrettait ce principe de vie parfois, comme à ce moment-là.

La pluie suffit à faire taire ses dernières manifestations de mauvaise volonté. Le parapluie redevenu sac de courses dans sa main ne les protégeait guère de l'eau et il en arriva à comprendre pour quoi elle semblait s'accrocher à lui comme à une bouée. Le brun fit donc abstraction de la gène pour visualiser l'endroit où ils arriveraient. Sa journée était assez mauvaise pour qu'il ne veuille pas finir désartibuler et, en vérité, c'était bien la première fois de sa vie qu'il transplanait quelqu'un en même temps que lui.

"Pop"

La cour était vide, bien sûr et la pluie tombait drue. Faisant fi des poubelles qui jonchaient le sol, Josh entraina la jeune fille à l'intérieur avant qu'elle ne se rend parfaitement compte que rien ne la protégeait de l'eau. Il pleuvait pourtant trop pour que ni l'un ni l'autre soient mouillés. Le brun sortit de nouveau sa baguette et laissa tomber son sac de courses à ses pieds, ignorant les clients du bar que leur arrivée avait intrigué. D'un sort, il sécha la Galloise, puis il s'occupa de lui et prit enfin le temps de regarder autour d'eux.

Le Chaudron Baveur était bondé, forcément. Le mauvais temps avait pris bon nombre d'êtres et de sorciers par surprise, au point que la salle à manger ne laissât guère de place à des nouveaux venus. Le brun ne savait plus réellement quoi faire. Fallait-il encore s'occuper de la jeune fille ou le fait d'être à l'abri ferait repousser ses ailes et elle retrouverait son autonomie ? Il l'observa en coin un cours instant. Elle paraissait vraiment jeune et la faune de l'endroit n'était pas des plus sûres pour une gamine, fusse-t-elle à la limite d'être une femme.

Le constat le fit soupirer.

« Je vous offre un verre ? J'ai quelques... scrupules à vous laisser seule ici. »

Scrupules n'était pas vraiment le mot, mais quitte à l'aider, il aimait mieux le faire jusqu'au bout. Au moins ne pourrait-on plus lui dire qu'il laisserait un enfant mourir de faim sur le bord de la route tant il était misanthrope. La pensée le fit sourire un peu. Il était parfaitement capable de le faire, mais quelque chose chez la jeune fille l'avait intrigué dès le début. Le gallois, peut-être, ou simplement le fait qu'elle ait tant peur de l'eau. C'était peu courant et, à ses yeux, il s'agissait d'une curiosité à résoudre. La perspective de passer davantage de temps avec elle paraissait plus séduisante, présentée ainsi.

« Il doit y avoir un salon de libre, je pense. »

Il ne précisa pas pourquoi il donnait cette information tant que ça lui paraissait évident. La grande table du Chaudron Baveur était recouverte et de mets et de boisson tant la populace se pressait autour du meuble massif. Cela, la jeune inconnue pouvait le voir par elle-même.

Il ne lui vint pas plus à l'esprit de se présenter. Le brun se désintéressait totalement de l'identité de la rouquine et ne voyait aucune raison pour qu'elle fusse intéressée par son nom à lui. Qu'importait qu'il se nomme Georges ou Mick, puisqu'ils ne se reverraient jamais ? C'était probablement l'une des raisons pour lesquelles Josh aimait si peu les convenances. On aurait pu les lui faire adopter en lui expliquant très tôt qu'il s'agissait d'un rite, un peu comme des animaux qui devaient effectuer toute une séries d'actions pour s'adopter. Seulement on avait commencé par lui dire que « c'était comme ça » et « pas autrement ». Sa haine viscérale de tout ce qui rentrait un peu trop dans le rang avait fait le reste. Il était impoli et il le vivait très bien.

Il ne restait dès lors qu'à souhaiter que la jeune fille passe outre ce manque flagrant de bonnes manières et acceptât et dédaignât sa proposition. Patient, l'archiviste se tourna vers elle en attendant la réponse.