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 Echec et Mat [Clos]
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  • Niallàn Cadell
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    Niallàn Cadell
MessageSujet: Echec et Mat [Clos]   Echec et Mat [Clos] EmptyLun 2 Fév - 20:05:00

- Echec et mat !

- Encore ? Tu triches !

Niallàn releva les yeux vers ceux accusateurs de la jeune Poufsouffle qui, malgré une moue faussement grognon, ne pouvait s'empêcher de sourire et haussa les épaules.


- Je ne triche pas, tu es simplement nulle lorsqu'il s'agit d'échecs sorciers. Un moldu pourrait te battre.

- Un moldu aurait peur au premier pion décapité !

- Justement, même terrorisé, il t'écraserait en un rien de temps.


- Niallàààààn !

Le ton plaintif de la jolie blonde fit taire son amie, qui sourit, amusée. De toutes façons, Prudence savait pertinemment qu'elle n'avait aucun talent pour les échecs sorciers. Le moindre choc sur ses pions la faisaient hésiter, et elle commettait encore plus d'erreurs au fur et à mesure que le jeu avançait. Elle avait une sainte horreur de la violence, et ce jeu n'était pas bon pour les gens comme elle. Niallàn ne savait même pas pourquoi elle s'évertuait à vouloir se battre de cette façon. Les rares fois où elles s'étaient affrontées à la moldu, le jeu s'était éternisé, et Prue avait remporté la majorité des parties. Si la galloise était futée, la petite blonde, sous ses airs de potiche sans cervelle, avait une faculté de concentration lorsqu'il s'agissait de stratégie qui feraient trembler les plus grands seigneurs guerriers. Du moins, elle pourrait les faire trembler si la violence ne la dégoûtait pas à ce point.

Cette partie n'avait pas dérogé à la règle. Le cavalier de Niallàn s'était montré sans pitié, et Prudence avait aussitôt perdu confiance en elle. Ça n'était pas comme la version moldu, ou vous couchiez tout simplement votre figurine sur le bord du plateau. Là, les cases noires et blanches se transformaient en un vrai champ de bataille, ou les cadavres des petits personnages jonchaient les petits carreaux. Il n'y avait rien à faire. Chaque fois qu'elle perdait un de ses petits soldats, la jeune fille s'en voulait, comme un général qui aurait forcé son bataillon à traversé un champ de mines. Et les cruelles petites pièces, paraissant ressentir son malaise, ne se privaient pas de la blâmer après chaque erreur.


- Il y a juste une chose que je ne saisis pas, commença Niallàn. Tu rechignes à envoyer tes pions vers une mort certaine, mais tu es la première à hurler de joie lorsque vos batteurs atteignent leur cible...


- Le quidditch, c'est pas pareil. Et puis regarde, si nous avions mieux visé, nous vous aurions écrasé !

La rouquine esquissa un sourire. Le récent match de quidditch s'était sodé par une victoire des bleus, et Prudence ne manquait pas une occasion de faire remarquer à la jeune galloise que les Poufsouffles auraient dû vaincre.

- Même Trelawney n'aurait pas pu prévoir l'issue de ce match.


Prudence se leva, rajustant son bonnet sur ses boucles blondes. Le temps s'était éclairci et vaguement radouci, alors elles e avaient profité pour jouer à l'extérieur. Installées sur un banc un peu à l'écart, la petite jaune évitait d'attirer l'attention sur elle en se chamaillant avec la reine, une vraie langue de vipère lorsque la rousse Niallàn s'approchait un peu trop près de son roi. La pause de midi touchait à sa fin, et la disciple d'Helga Poufsouffle s'étant inscrite au cours optionnel de vol sur balai, elle devait aller se changer, laissant sa camarade seule avec l'échiquier. Niallàn réinstalla les pièces du jeu, tentant une partie en laissant les pions adverses choisir eux-mêmes leurs déplacements. Elle avait appris un sort pour pouvoir jouer seule, et les blancs, contre qui elle jouait toujours, se montraient plus combattifs que n'importe quel adversaire sorcier, à croire qu'ils avaient conscience que leur survie dépendait de leurs déplacements. La jeune sorcière sortit de son sac un bout de parchemin et un crayon de papier, faisant de rapides croquis des plus belles actions.


Dernière édition par Niallàn Cadell le Sam 27 Juin - 12:17:02, édité 1 fois
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  • Mervin Caerwyn
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    Mervin Caerwyn
MessageSujet: Re: Echec et Mat [Clos]   Echec et Mat [Clos] EmptyMer 4 Fév - 18:55:40

[Dzoulé pour la longueur, je suis 'un peu' parti en live xD]

- Demain, ça fera deux mois… Jour pour jour ! C’est vraiment merveilleux. Je n’ai jamais été aussi heureuse et il s’est montré tellement adorable pour la saint Valentin. Regardez-moi cette bague ? Et si vous saviez comment il me l’a trouvée… L’histoire est vraiment drôle ! Il faudra que je vous la raconte, mais pas maintenant, il risquerait de m’entendre. D’ailleurs je ne demande ce qu’il fait… Encore à traîner à la bibliothèque pour terminer le devoir de Rogue. Je ne voudrais pas manquer de respect à notre cher directeur mais vraiment, il exagère ! 70 centimètres de parchemin tu te rends compte ? Mon pauvre Justin va passer la journée dans les livres… Ah si je pouvais l’aider je… Oh tu m’écoute ? Merwyn ? Mervin !
Mervin, dont le regard s’était posé sur un groupe de premières années qui se disputaient une carte de chocogrenouille entre les couverts, se retourna distraitement vers l’intarissable Margaret.
- Ah heu… Oui tu as tout à fait raison, lança-t-il au hasard.
La jeune fille changeait d’interlocuteur au gré de ses caprices. Lorsque ses amies, lassées de ses histoires de cœur, se désintéressaient d’un commun accord de ses longues tirades, elle se reportait tout naturellement sur la personne la plus proche. Rien ne pouvait interrompre la terrible Margaret. Mervin ne l’écoutait plus que d’une oreille depuis longtemps. Il bénissait l’illusion des phrases toutes faites. La plupart du temps, son amie n’attendait que la marque de l’approbation pour poursuivre le récit de ses aventures. L’expérience lui avait appris à ne jamais contredire les bavards. Pour avoir la paix, il acquiescerait aux pires ignominies. Les gens revoyaient rarement leurs opinions de toute façon, alors pourquoi s’ennuyer ? Pourquoi les encourager à vous prouver de A par B que vous aviez tort ?
Margaret se leva et lui fit signe de la suivre. Le repas était terminé, ils pouvaient poursuivre la discussion dans le parc, et cela n’annonçait rien de bon.

- Raison de quoi ? demanda-t-elle en chemin. A propos de Rogue ou du fait que je dois l’aider ? Oui je pense que je devrais l’aider. Nous formons un couple après tout, nous devons nous soutenir… Mais là je pense que je ne ferai que l’enfoncer, je n’ai pas tes… Oh Merwyn, mon petit Merwyn qui a déjà tant fait pour nous réunir tu voudrais bien ?
Sans se l’avouer, le Serpentard avait guidé l’intrigue amoureuse de sa camarade afin de s’en débarrasser définitivement. Margaret n’était pas une mauvaise fille, mais, incapable de prendre des décisions toute seule, elle s’appuyait beaucoup trop sur lui. Il n’était pas seulement devenu son confident, elle en avait fait son esclave personnel… Cette situation, peu confortable, ne lui profitait absolument pas. Il maudissait sa naïveté. Comment avait-il osé croire que la demoiselle l’oublierait ? Trop heureuse d’avoir quelqu’un à qui s’adresser, elle l’informait de tout, et l’inondait, sans la moindre pudeur, des détails les plus intimes. A présent, elle poussait le vice jusqu’à lui demander de faire les devoirs de son cher et tendre. Devait-il s’en étonner ? Il feignit de ne pas comprendre.
- Je voudrais bien quoi ?
- Eh bien… Comme tu as toujours de bonnes notes à tes devoirs, tu pourrais l’aider un peu… Je suppose qu’il a déjà bien commencé, tu écriras la fin et comme ça, nous pourrons passer la journée ensemble.

Voyez ? Margaret était assez incroyable ! Mais cette fois, il ne cèderait pas. Il n’y avait aucun intérêt à terminer le devoir de Justin. Nom insignifiant, réputation inexistante, petite amie quelconque. Il n’était pas question de perdre son temps avec un falot.

- Margaret… J’ai moi-même beaucoup de travail et je dois réviser les Sortilèges pour demain. Si j’avais le temps, je n’aurais pas hésité un seul instant mais…
- Quoi ? Tu me refuse ce service à Moi ? Ton amie ? Je t’ai vu accepter bien pire de la part d’illustres inconnus !!!

- Mais… C’était différent… Ils avaient de bonnes raisons… Enfin… non mais c'est-à-dire que…
- De bonnes raisons ? De bonnes raisons ! Et vouloir passer son après-midi avec son petit ami ce n’est pas une bonne raison peut-être ?

- Si mais…
- Oooh oui pardon, j’avais oublié que toi tu n’avais personne ! La vérité c’est que tu ne sais rien de l’amour. Tu ne peux pas me comprendre ! Ou… Non non je vois clair dans ton jeu ! Tu cherches à m’éloigner de Justin ! ça te rend malade que je passe plus de temps avec lui qu’avec toi…
Il posa sur elle un regard fatigué. Ce n’était pas la première fois que Margaret laissait entendre que la jalousie le consumait. Cette idée absurde séduisait son orgueil. Sa grande idylle – de deux mois – lui avait donné tant d’assurance qu’elle ne pouvait voir un garçon s’approcher d’elle sans lui donner un rôle d’amant secret.
- Alors, tu n’as rien à répondre hein ?
- Rien qui ne puisse rappeler ta raison, et tu divague tellement bien toute seule que…
Son ton léger ne la trompa pas. Susceptible, la demoiselle s’enflamma aussitôt.
- Quoi ? Traite moi de folle tant que tu y es ?!

Pourquoi le nier ? Un peu plus loin, ses camarades de maison observaient la scène en chuchotant. Margaret devenait de plus en plus caractérielle. Son esprit, déjà peu subtile, s’embourbait dans la détestable satisfaction qu’elle tirait de sa merveilleuse histoire d’amour. Avec une prudence un peu trop condescendante, Mervin, encouragé par les regards exaspérés des autres verts et argents approuva doucement.
- Je t’avouerai que… dans ce cas présent…

- Tais-toi ! Je sais que Justin ne te plait pas mais ce n’est pas une raison pour m’insulter ! Je suis encore libre de mes choix ! Qui te prend tu pour me juger ? Tu sais quoi ? ça ne m’étonne pas que tu sois tout seul, tu ne mérite rien de mieux ! D’ailleurs, ne m’adresse plus jamais la parole tu m’entends ? C’est fini ! Fini !

Comme toujours, le gallois reçut la colère de la jeune fille sans réagir. Que voulez-vous répondre à une algarade aussi ridicule ? Il songeait qu’il valait mieux faire passer Margaret pour folle que reconnaître sa stupidité. Dans les deux cas, elle souffrait d’un manque flagrant de discernement. Peu touché, il haussa nonchalamment les épaules. Une autre Serpentard l’avait rejoint, il sentit sa main se poser sur son épaule.
- Ah mais elle se prend pour qui celle là ? A ta place je lui en aurais collée une bonne moi ! Elle commence vraiment à m’énerver, et je ne suis pas la seule à le penser. Ne penses-tu pas qu’il faudrait lui remettre les idées en place une bonne fois pour toute ?

- Si tant est qu’il y ait quelque chose à ranger…, dit-il avec un mince sourire.
Sa camarade eut un petit rire.

- Pas faux. En tout cas on ne peut pas la laisser se pavaner comme ça. Puisqu’elle nous prend tous pour des félons, je n’ai plus de scrupules à lui donner raison. Les autres sont d’accord, on va lui donner une petite leçon. Tu marches ?
- Je ne sais pas trop… On ferait mieux de la laisser…
- Oh ne va pas me faire croire que tu la préfère à nous ? Après ce qu’elle vient de te dire… On a besoin de tes conseils Merwyn…

Il hocha la tête, et la jeune fille retourna vers les autres en lui envoyant un dernier sourire entendu. Les colères de Margaret ne l’atteignaient pas. Ses propos étaient trop décousus pour qu’il puisse y accorder de l’importance. Cependant, il avait une place à préserver au milieu des serpents. Margaret s’en était écartée, il ne la suivrait pas, elle devait tomber seule… Avec ou sans son aide.

Trop heureux d’être enfin débarrassé de ‘la tornade’, il ne chercha pas à rejoindre ses camarades, qu’il aurait tout le temps de retrouver plus tard. Le lundi était une journée tranquille. Après les cours de potions, de longues heures de paresse s’ouvraient aux élèves qui ne pratiquaient ni la divination, ni le vol. Pour Mervin, cela signifiait surtout, une après-midi loin de l’agitation des couloirs, au grand air, loin de l’obscurité fermée, étouffante, de la pierre. La journée était douce. Le ciel, dégagé, ne les menaçait d’aucune averse. Avec un peu de chance, il pourrait s’éloigner des sentiers sans se couvrir de boue… Car le jeune Lord ne s’arrêtait jamais sur les bancs destinés aux élèves. Il préférait les abords les plus reculés de la forêt, et il se posait sagement à la lisière, les sens ouverts aux bruits de la nature, loin de la perfidie des hommes, comme il aimait se le dire, même si, aussi forte que l’appel de la flore, elle finissait toujours par le tirer à elle. Qu’allait-il faire à Margaret ? La jeune fille était trop bête pour mériter un châtiment, mais il fallait pourtant accompagner les autres, limiter les dégâts au besoin. Avait-on déjà prévu quelque chose ? Que pourrait-il proposer lui ? Il fallait trouver une solution qui pût satisfaire tout le monde…

Ses réflexions furent interrompues par une silhouette familière. Face à lui, une tête rousse se penchait sur une feuille en observant du coin de l’œil une partie d’échec sorcier. Les pièces ensorcelées combattaient seules. Il s’approcha furtivement. N’était-ce pas Niallàn ? Une cousine galloise de deux ans son aînée ? A Poudlard, les deux adolescents n’avaient pas beaucoup d’occasions de se parler, leurs années, leurs maisons les séparaient, et Mervin ne cherchait pas à provoquer leurs rencontres. Il n’avait pas sa place parmi les aigles, et les amis de la septième année n’étaient pas les siens. Parfois, il regrettait cette distance qui, d’une année à l’autre, leur faisait oublier que, lorsque des fêtes familiales les réunissaient, une bonne entente les liait, et elle devait toujours être brisée. Au château, ils évoluaient comme deux inconnus. Mais le jeune Caerwyn suivait avec intérêt les histoires de Niallàn. Il connaissait le nom de ses amis, et retenait jusqu’à ses derniers résultats aux examens. Effrayant n’est-ce pas ? Il n’en disait rien évidemment. Depuis sa première année, Mervin avait appris à noter chaque détail, pour l’utiliser au besoin. Les pires secrets de Poudlard ne lui échappaient pas. Il gardait tout, et savait très bien se servir de ses outils. Son esprit d’analyse classait tout, cryptait tout. Les Serpentard savaient en s’adressant à lui qu’il tenait bien souvent la clef de leurs problèmes. Donnez moi un nom, je vous trouverai ses failles était presque sa devise. Mais pour Niallàn, l’intérêt était différent. Il ne pensait pas lui nuire un jour. Les Cadell avaient soutenu sa famille alors que celle-ci était reniée de tous. A moins d’une trahison, ses talents ne se retourneraient jamais contre eux. Non, avec la jeune fille, il n’éprouvait qu’une vive curiosité. Sans chercher à connaître ses journées dans les moindres détails, il ouvrait toutes les portes qui se présentaient à lui. Il le faisait presque naturellement, depuis toujours lui semblait-il. Il n’avait plus besoin de l’aborder pour la connaître. Cependant, la demoiselle venait de quitter l’une de ses amies les plus proches. Elle était seule et Mervin se voyait mal la contourner sans la saluer.


- P'nawn da Niallàn…
Un sourire avenant sur les lèvres, il prit la place précédemment occupée par Prudence et observa la bataille enragée qui se livrait sur le damier. Les rois des pions blancs commandait sa petite armée et, en le regardant faire ; Mervin ne put s’empêcher de jouer aux conseillers de guerre.

- Ah non… Mauvaise idée. Laisse la Tour à sa place et avance le Fou de trois cases…
Il releva les yeux vers sa cousine, soudain plus embarrassé. Enfin, que faisait-il ? Lui avait-elle demandé d’interférer dans sa partie ? Un petit rire désolé, auquel se mêla une pointe de malice, teinta.
- Oh excuse moi, je ne voudrais pas te déranger, c’était plus fort que moi…

Après tout, la jeune fille ne lui avait pas encore donné l’autorisation de rester. Il ne voulait surtout pas s’imposer. Comme pour chasser son trouble, il se concentra sur les positions des pions. Il espérait que Niallàn n’avait pas entendu les cris de Margaret… Et qu’elle lui pardonnerait d’avoir mis en place une offensive capable de la mettre échec et mat en deux coups si elle ne trouvait la un moyen efficace de la parer… Mais même si cela devait la contrarier, il n’en dirait rien, c’était le jeu après tout…
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  • Niallàn Cadell
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    Niallàn Cadell
MessageSujet: Re: Echec et Mat [Clos]   Echec et Mat [Clos] EmptyMar 24 Fév - 20:05:32

[HRP = ça a l'air super court après toi ><. Pas des masses d'inspiration ce soir]

- P'nawn da Niallàn…

La jeune fille sursauta, la pointe de son crayon dérapant sur le papier, et elle leva les yeux vers son cousin qui s'asseyait en face d'elle prenant la place de la jeune Poufsouffle qui venait tout juste de partir. Elle détailla son cousin d'un regard, ses cheveux roux, ses yeux verts, et sourit. Son pays natal lui manquait en ce moment, et les traits de Mervin avaient quelque chose d'apaisant, un peu comme une musique qui lui rappellerait son enfance et le Pays de Galles. Avant qu'elle n'ait le temps de prononcer le moindre mot, le jeune gallois conseilla le roi blanc qui menait son armée avec hésitation, ne semblant pas certain de l'attitude à adopter face à la jeune sorcière.

- Ah non… Mauvaise idée. Laisse la Tour à sa place et avance le Fou de trois cases…

Le roi interrompit toute action, ne semblant pas certain qu'écouter le jeune humain était la meilleure chose à faire. Finalement, il suivit les conseils de Mervin, et Niallàn dut déplacer sa reine pour ne pas la mettre en danger.

- Oh excuse moi, je ne voudrais pas te déranger, c’était plus fort que moi…

Le regard de Niallàn rencontra celui de son cousin et elle secoua doucement la tête, ses cheveux roux frôlant se balançant devant ses yeux bleus.

- Non, c'était un bon conseil.

Elle reporta son attention sur l'échiquier ou le roi ennemi envoyait un autre pion en avant, et acheva son dessin de quelques rapides coups de crayons, avant de laisser tomber le parchemin sur lequel un grand roi, droit et raide sur son carré noir, une reine au regard las à ses côtés, aboyait des ordres en direction de ses hommes.

- Sut wyt ti ?

*Tu t'es encore chamaillé avec Margaret, hein ?* songea-t-elle, sans toutefois prendre la peine d'exprimer ses pensées à haute voix. Les cris de Margaret n'étaient pas passés inaperçus, et d'ordinaire, la petite sangsue était toujours collée à Mervin, à l'utiliser comme s'il était son jouet personnel. Niallàn n'était pas du genre médisante, vraiment pas, mais cette fille-là l'insupportait.

Ceci dit, les histoires de Mervin étaient les histoires de Mervin, et la jeune galloise se gardait bien d'imposer son avis quant à ses fréquentations. Il était grand et faisait ce qu'il voulait, il avait de toutes façons probablement assez de Deryn pour commenter ses relations.


- Mae hi'n braf... Mae'n hyfryd. Wyt ti eisiau chwarae ?*

Après tout, puisqu'il avait commencer à jouer les conseillers, autant qu'il prenne la place que Prudence avait abandonné pour son cours de quidditch. La jeune Serdaigle sortit sa baguette et lancer un contre-sort sur le roi blanc qui se tut, laissant les commandes au jeune gallois. La petite dernière des Cadell observa un instant son cousin, se demandant ce qui l'avait poussé à venir la voir, alors qu'ils ne passaient pas beaucoup de temps ensemble à Poudlard, comme si la famille restait au pays, pour laisser place au serpentard et à la serdaigle à Poudlard. Ce serait probablement un bon sujet de discussion pour la prochaine lettre qu'elle enverrait à sa soeur. Parler de la famille changerait des discussions sur les ASPICs.

- Fou en D3

Obéissant, le fou noir glissa sur les cases blanches, protégeant son roi d'une éventuelle attaque.

- Tu as eu des nouvelles de ma sœur, récemment ? Je devais lui écrire il y a quelques jours, mais les révisions pour les ASPICs m'en ont empêchée.


*Mae hi'n braf... Mae'n hyfryd. Wyt ti eisiau chwarae ? = Il fait beau... c'est bien. Tu veux jouer ?
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  • Mervin Caerwyn
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    Mervin Caerwyn
MessageSujet: Re: Echec et Mat [Clos]   Echec et Mat [Clos] EmptySam 14 Mar - 16:49:05

C’était comme s’il n’avait jamais vécu la dispute avec Margaret. Assis sur le banc, un sourire paisible accroché à ses lèvres, le jeune gallois semblait étranger aux cris qui l’avaient secoué quelques mètres plus loin. Les évènements glissaient sur lui, il pliait, se relevait, serein, intact, prêt à changer de registre, à quitter les intrigues des verts et argents pour saluer amicalement une cousine trop souvent ignorée. Mervin n’avait pas besoin de prétexte pour s’approcher des autres. Il suivait ses envies, se tournait vers les personnes qui l’inspiraient, ou qu’il était utile de connaître. Doux, caressant, il savait se faire accepter. On le repoussait rarement, sa compagnie n’était pas dérangeante, la vie au milieu de la forêt lui avait appris à taire le « bruit » de sa présence. Elle était discrète, à la fois à l’écoute et en retrait. Niallàn ne fit pas exception à la règle. Elle le laissa s’installer sans un mot, se contentant de le sonder du regard. Celui du Serpentard se déroba aussitôt. Il n’arrivait pas à fixer les gens, et la jeune fille avait le don de le mettre mal à l’aise. Lorsque ses yeux de jade s’attardaient sur son visage, une sensation étrange les abaissait. Soudain, les paupières ne tenaient plus et les secondes s’allongeaient. Cette rencontre n’avait rien de naturel. Il avait dû se faire violence pour s’approcher de la belle, et lui présenter son jeu habituel, ce sourire charmant, cette allure décontractée. Mervin n’était jamais aussi franc qu’il voulait bien le faire croire, mais, d’ordinaire, il agissait d’instinct, relevait à peine les calculs de ses gestes. Les réactions de ses interlocuteurs lui donnaient la gamme, et il composait avec. Pourtant, il sentait au fond de lui que, sans sa façade protéiforme, il se retrouverait bien démuni face à la jeune fille. Deryn et lui se saluaient beaucoup plus facilement à Poudlard. Etait-ce parce que Niallàn ne partageait pas la même complicité avec lui ? Parfois, il se disait qu’elle était plus incompréhensible que le commun des mortels, qu’une chose en elle échappait à sa logique et l’empêchait de la cerner tout à fait.

Ses excuses étaient sincères. Il aurait pu feindre, s’immiscer dans une partie et contraindre son interlocuteur à l’inviter. Mervin aimait les procédés détournés. Il ne disait rien clairement, provoquait toutes les déclarations attendues. Faisait-il de la jeune fille la victime de sa ruse ? Oui, inutile de le nier. De telles manies ne se perdent pas. Il voulait qu’elle lui propose de rester. Mais, la stratégie lui semblait risquée. Comme un marionnettiste dont les ficelles se seraient emmêlées, il craignait que son pantin ne se retournât contre lui. Ces appréhensions le frappaient rarement et le touchaient, la plupart du temps, face aux créatures les plus perfides de sa maison, quand le combat s’annonçait serré, impitoyable derrière les fausses politesses. Niallàn ne pouvait le compromettre. Sur l’échiquier, elle n’avait même pas la place d’un pion. Il ne s’opposait qu’à son refus et, justement, il le redoutait. Si elle le rabrouait, son amour propre, que l’on disait d’acier, s’en trouverait ébranlé. Après tout, n’était-elle pas sa cousine ? Quel triste héritier ferait-il s’il était incapable de s’entendre avec les dernières alliances de sa famille ! La cadette des Cadell gardait son sourire. Elle approuva son conseil, et amorça la conversation de bon cœur. Mervin en tira un soulagement immense. Un poids le quittait, les doutes le fuyaient. La situation restait sous sont emprise. Qu’il était stupide de se troubler pour si peu ! Enchanté, il acquiesça doucement.


- Da iawn…
, dit-il simplement.

Il préférait éviter de s’étendre en mentionnant le cas Margaret. Le Serpentard parlait peu de ces histoires et celle-ci, en l’occurrence, méritait d’être tue. Niàllan la verrait sans doute d’un mauvais œil. Il n’avait pas à un seul instant essayé de se défendre. Si son attitude lui paraissait la plus sage à adopter, il était impossible de la présenter sous un jour glorieux qui ne le ferait pas passer pour un pleutre. La jeune fille avait-elle eu vent de l’affaire ? Connaissait-elle, comme lui, le nom et la réputation de ses amis ? Qu’en pensait-elle ? Il espérait qu’elle n’en avait pas conclu que l’amitié de Margaret lui était agréable, mais il n’osait lui poser la question. Le sujet était sensible, à éviter. Si tout se passait bien, la vert et argent serait bientôt évincée, alors pourquoi s’en soucier ?
Il allait bien, oui, lorsqu’il évitait de songer à l’état malheureux de son père et de sa famille. Les lettres de Deryn l’aidaient à garder espoir. Il attendait beaucoup de leur prochaine rencontre, et une relation à Serpentard était prête à lui céder un elfe de maison contre quelques services rendus. Le domaine Caerwyn retrouverait son activité avant la fin de l’année. Il s’en était fait la promesse. La Serdaigle avait-elle eu vent de ses projets ? Il observa distraitement son dernier dessin pendant qu’elle lui cédait l’armée blanche. Sous ses traits, les pions aux expressions figées, trouvaient leur personnalité. Il sourit, amusé.


- C’est qu’ils seraient presque plus crédibles que les vrais… On dirait que tu t’es bien améliorée depuis la dernière fois que je t’ai vu dessiner.


Quelques années avaient passé depuis. Niallàn avait tracé l’esquisse de son chien, paresseusement étendu dans la cour et il l’avait pris pour une espèce de fouine. « Quoi ? C’est Aedd ? Mais le pauvre ! On dirait qu’une botte de paille lui est tombée dessus ! », s’était-il exclamé, choqué, puis mort de rire. Sa cousine avait été vexée sur le coup, mais, depuis, le souvenir entrait dans la catégorie des anecdotes plaisantes à évoquer. Ils avaient vécu de nombreuses choses ensemble, même si, avec l’âge, ils tendaient à l’oublier. Avant Poudlard, les enfants Cadell étaient presque les seules références sorcières de son âge. Leurs visites le ravissaient toujours, surtout grâce à Niallàn. Ils avaient grandi ensemble, à quelques années de différence près.

Afin de maintenir la discussion entre leurs manœuvres tactiques, la jolie rousse, lui demanda des nouvelles de Deryn. Une lettre lui était parvenue récemment. Mais il ne pouvait décrire son contenu à sa sœur. Mervin se confiait plus facilement à l’étudiante. Deryn lui semblait dotée d’un tempérament plus souple, plus digne de confiance. Ses projets, qu’il lui dissimulait encore derrière ses beaux discours, n’autorisaient pas un seul faux pas. De plus, la malicieuse jeune femme l’avait exagérément taquiné au sujet de Niallàn. Même s’il ne s’agissait que de plaisanteries, et qu’elle surinterprétait largement la portée de ses sentiments, il n’avait aucune envie d’en parler.


- Deryn ? Oui, j’ai reçu une lettre d’elle il y a une semaine, à laquelle je dois répondre d’ailleurs, mais, la cinquième année n’est pas de tout repos non plus.
- Il rit à nouveau. - Je crois que les professeurs veulent nous épargner la souffrance des examens en nous faisant tomber avant. Ceci dit, elle va bien je crois. Nous devrions nous voir le week end de la Saint David d’ailleurs… Que dirais-tu de te joindre à nous ?

Deryn lui avait suggéré l’invitation, mais il s’abstint de le préciser. Très égoïstement, il préférait donner à Niallàn l’illusion que l’idée venait de lui. S’exprimer dans sa langue natale lui faisait du bien. Il renouait peu à peu avec l’aisance de son enfance. Son ex-compagne de jeux ne le confondait plus, au contraire. Il se sentait détendu, loin de la société irritante de Margaret. Son regard évalua le plateau de jeu. Les pions noirs faisaient à nouveau front.

- Oh oh c’est bien joué… Recule donc cavalier…


La monture égarée se rapprocha de lui. Pour l’instant, ce mouvement n’avait aucun sens. Mais Mervin était patient. Il trompait toujours ses adversaires ainsi, en usant de manœuvres qui ne signifiaient rien tant que la dernière pièce n’avait pas été bougée.
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  • Niallàn Cadell
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    Niallàn Cadell
MessageSujet: Re: Echec et Mat [Clos]   Echec et Mat [Clos] EmptySam 28 Mar - 14:32:16

- Da iawn…

De nouveau, sourire de la Serdaigle. Elle n'était pas assez stupide pour croire que tout allait bien pour son cousin, entre Margaret et les problèmes familiaux, mais tant qu'il ne fondait pas en larmes dans ses bras, ce qui aurait été une première, elle n'avait pas besoin de trop s'inquiéter pour lui. C'était un gallois, il était fort. Il devait aussi savoir qu'en cas de coup dur, on pouvait compter sur la famille - elle ne doutait d'ailleurs pas du fait qu'il s'épanchait dans ses lettres pour Deryn - et donc, s'il avait vraiment besoin d'elle, il devait savoir qu'elle l'écouterait sans problème. Sans doute.

Le regard d'un bleu profond de la septième année ne quitta pas son cousin, tentant de déchiffrer ses expressions tandis qu'il semblait emporté dans un torrent de réflexions pas vraiment agréables. Avait-il toujours été comme ça ? Quand ils passaient du temps ensemble, bien avant Poudlard, bien avant l'Angleterre, il avait aussi cet air si sérieux qui ne va pas à un enfant de son âge ? Parce du haut de ses quinze ans, Mervin était toujours un gosse. Un ado', tout au plus. Et les jeunes comme lui n'ont pas à arborer cet air de sérieux, comme s'ils avaient à démêler toute une toile d'étranges fils. Mervin semblait toujours pensif, un peu absent ces temps ci. C'était aussi ce qui la poussait à ne pas l'aborder, sans doute. En plus du fait qu'elle ne savait pas s'il avait vraiment envie d'être ennuyé par une cousine alors qu'il passait du temps avec ses amis - quels qu'ils soient. Elle n'avait pas envie d'être la gêneuse, l'empêcheuse de tourner en rond. La famille était la chose la plus importante, et se faire rejeter par un membre, frère ou cousin, ça n'avait rien d'enviable.

Avec cet air de chien battu, elle avait envie de le prendre dans ses bras. Un instinct un peu maternel, sans doute.

Elle le regarda sourire et suivit son regard, visiblement attiré par le dessin qu'elle venait juste de laisser tomber. Il la complimenta sur ses progrès et elle laissa échapper un rire amusé en se souvenant du dessin qu'elle lui avait montré. C'était un peu avant son entrée à Poudlard, et ça n'était pas vraiment de l'art. Un vague croquis d'Aedd, le chien de Mervin, qui n'avait rien eu à voir avec le modèle. Elle se souvenait même de la remarque moqueuse du rouquin, alors qu'elle avait fait ça pour lui faire plaisir plus qu'autre chose. En sept ans d'exercice acharné, elle était parvenue à un résultat satisfaisant. C'était bien là la marque des bleu et bronze, non ? Travailler jusqu'à l'obtention de la connaissance. Elle haussa les épaules et reporta toute son attention sur son cousin.

- Ce n'est pas un mal, j'avais le niveau d'une enfant de six ou sept ans. Je ferais un dessin de toi si tu veux, un jour. On verra s'il est aussi bien que l'original…

C'est drôle comme les habitudes, ces petites réflexes acquis et que l'on apprécie, peuvent revenir vite lorsque l'on évoque quelques vieux souvenirs. Ils étaient toujours à Poudard, bien sûr, et il fallait continuer d'agir en conséquence, presque en petits anglais, mais ce genre de chose donnaient à Niallàn l'envie de se chamailler gentiment avec le garçon, de lui demander des nouvelles d'Aedd, de tracer des plans de vacances et de sorties à deux. Elle en oublierait presque le château pour se plonger dans l'atmosphère chaleureuse et rassurante de son Pays de Galles adoré. Finalement, même s'ils ne se côtoyaient pas trop avoir Mervin avec elle à Poudlard était une bonne chose. Maintenant que Deryn avait rejoint Cad' à l'UMA, le serpentard était la dernière bouée de sauvetage qui lui restait ici vestige gallois en cas de coup dur. Et puis, il n'y avait que lui ici pour penser à la Saint David qui approchait. L'invitation provoqua un sourire radieux et des yeux brillants, et la jeune sorcière accepta d'une voix légèrement aigue, empreinte d'un étrange soulagement.

- Et à l'occasion, je pourrais aussi t'aider à réviser pour les BUSEs. Il faut bien pouvoir compter sur la famille pour ce genre de choses. Les ASPICs à venir me prennent pas mal de temps, d'autant plus que je travaille avec Prudence, mais je peu bien trouver un moment pour toi.

Mervin observa rapidement le plateau évaluant ses possibilités, et recula son cavalier, la troublant un peu. la pièce n'était pas en danger, et ce déplacement ne semblait pas vraiment logique, d'autant plus que la jeune fille menaçait un des pions d'une tour pas trop mal placée. Son regard passa rapidement de l'échiquier à Mervin, puis revint sur le plateau. Le tout était de ne pas se faire avoir. S'il bougeait ses pions, c'était dans un but bien précis, il n'y avait aucun doute là dessus. Trouver lequel était une autre histoire.


- Un mouvement étrange. Qu'est ce que tu peux bien manigancer encore ?

Son sourire se fondit en une moue intriguée et elle replia une jambe sous ses fesses pour se pencher un peu plus sur le champ de bataille qui trônait devant elle. Si elle bougeait encore un peu son fou peut être… Elle toussota, un peu gênée, et un sourire glorieux revint étirer ses lèvres. Il fallait voir sur le long terme. Il voulait la piéger, elle allait se laisser faire. Mais elle allait suivre chacun de ses mouvements pour savoir comment l'avoir à son propre jeu. Elle ordonna à sa tour de se déplacer un peu et le pion adverse rendit l'âme.

- Voyons voir ce que tu nous prépare, Gwyllt…J'espère juste que tu ne penses pas pouvoir me berner, je ne suis pas chez les bleus pour rien.


Un peu de prétention feinte, une attitude d'aînée attendrie. Ils ressemblaient de moins en moins à de simples élèves, et de plus en plus aux membres d'une même famille, comme s'ils étaient toujours ensembles. Elle attrapa son sac sans se détourner de l'échiquier (pas question de manquer quoi que ce soit) et en sortit une carte de chocogrenouille qu'elle tendit à son cousin.


- J'ai pensé à toi, ce matin…


[HRP > La carte est celle de Merwyn le Malicieux]
Citation :
• Merwyn le Malicieux (12)
Moyen Age, dates inconnues
On lui attribue l'invention de nombreux maléfices et sortilèges.

Spoiler:
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MessageSujet: Re: Echec et Mat [Clos]   Echec et Mat [Clos] EmptySam 11 Avr - 20:03:29

Sa réponse évasive rencontra le sourire de Niallàn. La jeune fille ne posa pas plus de question, et il lui en était reconnaissant. Sa tendance à tout relativiser ne lui aurait rien offert de convaincant. Mervin n’aimait pas que l’on s’inquiète pour lui. Il avait appris à démêler ses ennuis seuls. Personne d’autre que lui n’était capable de s’occuper de ses affaires. Son apparente docilité l’aidait à filer ses desseins sans provoquer de vagues. Les problèmes frappaient toujours ceux qui parlaient trop. Il refusait de se confier, les amis devenaient gênant à partir du moment où ils essayaient de vous servir. D’une méfiance extrême, le Serpentard n’accordait rien à ses interlocuteurs. On ne l’entendait jamais se plaindre et ses sarcasmes, d’une extrême rareté, ne servaient qu’à porter le coup fatal à une réputation déjà bien entamée. Les Noms à la mode tournaient chaque jour. Il n’avait pas la carrure d’une figure charismatique, ses proches ne tenaient pas à lui. Leur complicité était un mensonge et il se devait de l’entretenir pour échapper au lynchage général. Il suffisait d’un mot de trop, d’une critique mal interprétée, d’une fuite. Le démon de la Rumeur galopait vite à l’école. Il piétinait les plus grandes figures d’autorité, alors pourquoi pas lui ? Il avait payé très cher le respect de ses camarades. Aujourd’hui, ces derniers le réclamaient, parce qu’il était utile et irréprochable. Sa tolérance apparente les mettait en confiance. Il donnait l’air d’un esprit malléable, que l’on pouvait gagner en invoquant les bonnes tournures. Avant de suivre un complot il émettait toujours une réserve. Sa démarche se voulait prudente, et ses employeurs avaient l’illusion de le tenir. Il manipulait son petit monde à sa façon afin d’assurer sa protection auprès des familles de Sang Pur. Ses sentiments importaient peu, il le faisait pour sauver sa lignée.

Il était vrai qu’il ne réagissait pas comme les adolescents de son âge. Le regard tourné vers l’avenir, il ne s’attardait pas sur les plaisirs de jeunesse et préférait la solitude de la forêt lorsqu’il voulait s’accorder un peu de bon temps. Il observait, comme étranger à la société qui l’entourait. L’état critique de son père l’avait contraint à prendre ses responsabilités très tôt. Entre eux, les rôles s’étaient presque inversés. La mort de sa mère avait fait basculer la logique. Il avait souvent l’impression que son enfance s’était arrêtée à cet instant précis. On ne se remettait pas de ce genre de drame, des cris, des larmes, d’un assassinat gratuit que l’on doit accepter, approuver pour avoir la vie sauve. Mervin s’était plié à la règle. Il ne gardait aucune rancune, son père avait fait une erreur, il devait prendre la relève, et la réparer puisqu’il ne sert à rien de contourner les lois établies par les plus forts. Il faut au contraire les appliquer afin d’assurer sa tranquillité et de préserver ses intérêts. Mais les souvenirs communs qu’il partageait avec Niallàn l’éloignait de ses tourments. Le petit garçon qu’il avait été riait de tout et ne craignait rien. Il aimait se rappeler de cette époque. A côté de la rousse il retrouvait son passé. Une joie insouciante l’effleurait. Avait-il changé au fond ? Il ne pensait pas. Il n’avait juste plus le temps de penser à lui.
La proposition de la jeune fille le déstabilisa. Elle se disait prête à faire son portrait et saisit le prétexte pour lui adresser un compliment détourné. Le jeune Caerwyn la fixa un instant, interdit, puis il esquissa un petit sourire. Il n’y avait pas lieu de s’étonner. Sa cousine plaisantait. Comment pouvait-on lui accorder de véritables qualités physiques ? Il était tout ce qu’il y avait de plus roux, juste assez banal pour ne pas attirer les moqueries. Haussant les épaules à son tour il déclara sur le ton de la plaisanterie :


- ça ne serait pas difficile…


Mervin avait le chic pour se dévaloriser. Il le faisait d’une façon tellement détachée qu’on hésitait souvent à le reprendre. Les compliments forcés ne se sentaient pas obligés d’intervenir. Il s’en fichait, ne nourrissait aucun complexe d’infériorité. Son allure importait peu. Persuadé d’appartenir au camp des individus quelconques il n’avait jamais cherché à intéresser les autres et faisait preuve d’une humilité qui, poussée à l’extrême, devenait assez préoccupante.

Cependant, il se découvrait en présence de Niallàn un comportement nouveau. Il avait envie de se sentir apprécié pour ce qu’il était, et non à cause de ce qu’il représentait. A Poudlard, il s’oubliait derrière les intérêts, avançait masqué, ne croyait pas un seul instant que l’on puisse s’intéresser à lui s’il n’avait rien à proposer. Or, la Serdaigle le connaissait depuis longtemps. Elle pouvait profiter de sa compagnie sans attendre quelque chose de lui. Il était agréable de se libérer de ces rapports calculés. S’il était incapable de construire des relations plus sincères avec ses nouvelles connaissances, il lui restait peut-être celle-ci. Il avait négligé la jeune fille. Ses motifs ne s’expliquaient pas. Elle l’intimidait un peu en fait. Son regard paraissait juger tout ce qu’il disait. Cette impression n’était pas des plus agréables, et, pourtant il voulait poursuivre l’entretient plus longtemps.
Un sourire adorable s’épanouit sur les lèvres de la jeune fille lorsqu’il l’invita à fêter la saint David avec lui et Deryn. La joie de retrouver sa sœur ? Il était ravi, avait presque le sentiment de remporter une victoire. Mais la suite de ses propos le replongea dans son embarras. Elle était prête à passer du temps avec lui, de s’occuper de ses BUSE alors que les ASPIC lui demandaient des week-ends entiers de révisions. Il soupçonna aussitôt sa sœur de lui avoir soufflé cette idée dans une lettre. Sa dernière réponse lui suggérait de demander de l’aide à Niallàn.


- Oh non ne t’embête pas… Je sais bien que j’ai laissé entendre à Deryn que toutes les matières ne me réussissaient pas forcément mais ça ne m’a jamais empêché de réussir mes examens, je travaille assez régulièrement pour ça…


Il lui envoya un sourire léger, confiant. Il était curieux de voir à quel point Mervin, toujours de bon conseil pour ses camarades, était aveugle face à sa cousine. Perdu dans sa logique, il ne remarquait rien. Niallàn faisait un pas vers lui, et il reculait sans le noter. Pas question de l’ennuyer avec ses cours allons ! Il était assez grand pour étudier tout seul. D’ordinaire, c’était même à lui que l’on demandait de l’aide.
Comme si l’évènement était déjà oublié, il se pencha sur le plateau de jeu. Sa cousine lui avait pris un pion, comme prévu. Sa tour ne risquait rien pour l’instant et il dégagea son Fou en dépossédant un autre pion de sa protection. Il cherchait visiblement à capturer le donjon. Au jeu, le Serpentard ne s’inquiétait pas beaucoup des pertes. Tant qu’il gagnait, les sous fifres pouvaient tomber. Niallàn devinait le piège et il lui adressa par un regard espiègle.


- Mais je ne demande qu’à le vérifier Blod… Après tout, crois-tu que je suis à Serpentard pour rien ?


Comme pris de doute, il examina attentivement le damier. La situation des pions adverses n’était pas encore très préoccupante. Il prévoyait cependant ses attaques futures. Plusieurs possibles se présentaient à la jeune fille si elle choisissait de la jouer finement, mais il devrait pouvoir les arrêter. Le mouvement soudain de sa cousine le détourna de sa contemplation. Elle venait de sortir une carte de chocogrenouille de son sac et la lui montra. Il la prit, intrigué. Il s’agissait de Merwyn le malicieur, un célèbre enchanteur gallois du Moyen-âge qui portait le même prénom que lui. Niallàn l’avait gardé en pensant à lui. C’était assez troublant. Cette fois, il était difficile de contourner l’attention de la jeune fille en brandissant une belle explication. Un trouble plus évident passa sur son visage.


- Ah oui…
, dit-il en observant le vieil homme. J’avais oublié que je portais le nom d’une célébrité… - Il posa un oeil amusé sur elle. - Mais rassure moi, il n’y avait que son prénom pour te faire penser à moi ? Et la robe verte peut être…

A vrai dire, les mots lui manquaient. La discussion ne tournait pas à son avantage. Il avait la vague impression que Niallàn cherchait à le piéger à sa façon.
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  • Niallàn Cadell
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MessageSujet: Re: Echec et Mat [Clos]   Echec et Mat [Clos] EmptyLun 1 Juin - 16:04:54

La jeune Serdaigle fixa un instant son cousin, ne sachant que répondre. Pas difficile, hn ? C'était bien Mervin, ça. Ce genre de remarque humble. Pas de la fausse modestie, ça n'était pas son genre. Mais il ne s'apitoyait pas non plus sur son sort, comme l'aurait fait Prudence si elle s'était aperçue qu'un point noir venait marquer son doux visage angélique. Non, Mervin était différent de la masse Poudlardienne. Il l'avait toujours été, même s'il traînait depuis son arrivée quelques boulets comme cette abrutie de petite verte sans intérêt qui passait son temps à se plaindre. Calme et intelligent, il aurait sans doute pu se retrouver à Serdaigle, s'il n'y avait pas eu ce truc étrange chez lui qui gênait un peu sa cousine. S'il n'y avait pas eu la mort de sa mère et l'état inquiétant de son père, aussi. La rouquine haussa les épaules et sourit, prenant cette remarque pour ce qu'elle était chez son cousin : un réflexe acquis.

- Fais attention à ce que tu racontes Mervin, je finirai par te croire un jour.

Elle réprima une vague envie de lui ébouriffer les cheveux et ne s'attarda plus sur le sujet. Inutile d'en faire des tonnes et de braquer son cousin, vraiment. De toute façon, qu'il la croit ou non n'avait pas grande importance, il s'agissait juste de lui signifier qu'elle n'était pas tout le monde encore moins n'importe qui, et que les remarques de ce genre ne prenaient pas avec elle. Rien de plus. Niallàn s'étira, et ses yeux se posèrent de nouveau sur son cousin, songeant à la meilleure façon de reproduire son image, ses expressions. L'adolescente sourit. Il n'avait pas changé, quand on le regardait bien. Quand on savait comment le voir, qu'on le connaissait, et qu'on savait décrypter les bonnes images. Elle pouvait superposer à cette image celle d'un Mervin enfant, un gamin adorable et serviable, et il redevenait comme avant. Son cousin quoi.

Elle l'écouta tranquillement refuser son aide, parlant de Deryn comme si l'étudiante avait réellement demandé à sa petite sœur d'aider le petit dernier de la famille. Bon, elle en avait peut être - sans doute même - parlé dans une de ses lettres, une des innombrables fois où elle lui avait parlé de Mervin, mais l'adolescente avait oublié ce détail. Non, si elle proposait ça, c'était juste pour passer un peu de temps avec lui. Un moment en famille, entre rouquins. Entre Gallois, simplement. Coalition galloise au cœur d'un château empli d'Anglais et d'Ecossais. Un peu de naturel, quoi. Parlé une langue chérie, qui ne demandait aucun effort. Quelque chose de chantant, d'apaisant. Mais si le jeune garçon refusait son aide, la sorcière s'y prendrait autrement.

- Mais si on bosse tes BUSEs ensemble, ça me permettra de réviser. Tu peux bien faire ça pour ta cousine Gwyllt, non ?

Elle rit. Ses talents de manipulatrices n'avaient rien d'exceptionnels, surtout si on les comparait à ceux de Craft, sa rivale chez les verdâtres - rivale tout court d'ailleurs, Pénombre étant la seule a avoir attiré l'attention de Niallàn sur un potentiel combat pour la tête du peloton, la seule a avoir éveillé un vague intérêt pour la compétition. Mais pourquoi s'ennuyer à manipuler quelqu'un, surtout quand celui-ci était un membre de la famille et qu'il était bien moins manipulable qu'il le laissait croire ? C'était juste inutile. Et elle ne voulait pas non plus qu'il comprenne son petit jeu et commence à croire qu'elle était comme cette foule d'abrutis qui lui collaient aux basques (Non, Niallàn n'est pas dut tout possessive). La meilleure solution était donc de dévoiler ses cartes intentionnellement, de faire passer tout ça dans le jeu et d'attendre de voir ce qui en résulterait. Un peu tordu, mais bon. S'il fallait ça pour attirer son cousin, ça en valait bien la peine.

Le jeune rouquin attira son attention sur le plateau, et elle nota dans un coin de son esprit le déplacement de son fou, inscrivant sur son plateau mental le début d'une technique qui l'intriguait. Il releva son défi, répondant parfaitement à sa remarque, et l'image d'une danse lui vint en tête, une valse parfaite qui poussait leurs pas à se suivre sans accroc, dans un rythme parfait, questions-réponses, effet miroir des plus intéressant. Un dessin à faire ça, un autre. Quand ils se quitteraient, elle ferait ça, et le nota sur son bras pour ne pas l'oublier. L'image de la ballerine qui suit la musique, en accord parfait avec son partenaire. Elle chassa son trouble et les images d'un haussement d'épaules et rit. Leur jeu n'était pas fini. C'était maintenant au tour de Mervin de douter un peu, les yeux rivés sur le plateau, et Niallàn rajouta un peu d'eau au moulin de son égarement lorsqu'elle lui tendit la carte de Merwyn. La réaction ne se fit pas attendre, la ravissant.

La curiosité, puis le trouble. Un trouble qui la fit sourire. C'était toujours amusant de voir cette réaction de voir cette expression sur le visage d'un garçon… De quelqu'un, simplement. Et puis Mervin laissant tomber le masque était une image plaisante. Il resta pensif un moment, et l'amusement pris le dessus, faisant sourire Niallàn de plus belle. Relevant le menton de son cousin d'un doigt, elle l'observa longuement, ravie de mener le jeu.


- Il n'y a pas que le nom…Le nez, déjà, et la mâchoire, un peu.

Elle suivit la ligne de celle de son cousin du bout du doigt, pour lui montrer un peu et réprima une envie soudaine de lui tirer la langue - trop enfantin comme réaction - pour lever les yeux au ciel, réjouie de la réussite de son coup. Puis elle se concentra de nouveau sur l'échiquier, balayant d'un regard les lignes adverses avant d'avancer un simple pion, sans vraiment réfléchir, choisissant le déplacement le plus simple, le plus évident. Si son cousin comptait la faire tourner en bourrique, il fallait suivre les indications qu'il laissait plus ou moins intentionnellement, entrer dans son jeu. Il fallait être naïf.

- Tu vas me manquer l'an prochain.

Elle sourit, encore. Pourtant, ça n'était pas comme s'ils se voyaient souvent, mais elle était habituée à l'avoir dans les parages. Et puis, elle allait passer une bonne partie de son temps avec Deryn, voir Cadfael aussi souvent qu'elle le souhaiterait. Il ne restait plus que Mervin qu'elle n'aurait pas sous la main.

- On s'écrira ? Après tout, tu écris bien à Deryn… Et il faut qu'on puisse se voir cet été, si tu n'es pas trop occupé. Je prendrai un peu de temps pour Deryn, Cadfael et les parents, parce qu'ils ne nous ont pas assez vu cette année. J'ai l'inscription à l'UMA aussi. Mais je prendrai du temps pour toi, si tu veux bien.
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  • Mervin Caerwyn
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MessageSujet: Re: Echec et Mat [Clos]   Echec et Mat [Clos] EmptyJeu 25 Juin - 2:29:26

Un sourire, simple, perdu, glissa sur ses lèvres diaphanes. Les mots de Niallàn le surprenaient. Il n’avait pas l’habitude de les entendre. Lorsqu’il se dévalorisait, souvent malgré lui, le premier réflexe de ses interlocuteurs étaient de le détrompaient. Ils envoyaient un « mais non » absent, et poursuivait le récit de leur vie. Mervin n’y prêtait pas attention. Le jeu social forçait l’amabilité, le mensonge. Il n’avait pas besoin de paroles creuses pour trouver confiance en lui. Le problème n’était pas là. Il n’était pas mal dans sa peau, les relations diplomatiques lui réussissaient bien, mais son corps ne comptait pas. Tous les matins, son reflet le lui confirmait. Il se regardait à peine. L’insignifiance, la banalité parcouraient ses traits. Il n’était pas laid, mais il n’avait rien d’exceptionnel, pas d’éclat particulier, une physionomie de roux classique marquée par l’indolence. Sa première année à Poudlard avait conditionné son jugement. Il avait très vite compris qu’il devrait marcher derrière les figures charismatiques, courber le dos, accepter l’idée de ne pas être aimé. Les apparences régissaient le monde, et il n’avait pas la prétention de plaire. Ce n’était pas très grave. Son orgueil s’en passait aisément, il ne se sentait pas l’âme d’un séducteur, ceux là arrivaient toujours à contourner les défauts de la nature, ils dégageaient une aura attirante. Quelconques sur les clichés ils rayonnaient dès qu’on les approchait. Mervin étudiait ce phénomène avec intérêt. Parfois, il se demandait s’il était capable de réaliser le même exploit. A sa façon, il attirait les filles, obtenait d’elles des confidences, tenait le rôle de l’ami intime. Pour Margaret et beaucoup d’autres il était le petit copain par défaut idéal, celui vers lequel on se tournait lorsque tous les beaux garçons vous fuyaient, une valeur moins glorieuse mais sûre. Il passait après les autres, toujours, et n’avait pas la faiblesse de répondre à ses avances désespérées. Margaret s’était cassé les dents sur lui. Il était le garçon le plus accessible de son entourage, et le seul qu’elle n’aurait jamais. Mais Niallàn agissait différemment. Elle ne le dédaignait pas, ne se donnait pas un air supérieur. La tournure de sa phrase était nouvelle. Elle le reprenait, afin de lui montrer qu’elle ne partageait pas son opinion. C’était bien joué de sa part. Sans le flatter ses mots lui apportèrent un réel réconfort, une chaleur soudaine et sereine. Il avait oublié qu’il était si doux d’être aimé lorsque le jeu social tombait.

Et elle ne s’arrêta pas là. Mervin avait aussi pris la mauvaise habitude de refuser l’aide des autres. Il ne voulait être un poids pour personne. Son père avait trop souffert de sa naissance, il se débrouillerait seul. Mais Niallàn insista. Les études n’étaient qu’un prétexte, il le devinait enfin. Elle voulait passer plus de temps avec lui. La nostalgie d’une septième année en fin d’études peut-être. La belle époque de Poudlard s’achevait, elle ne le verrai plus et essayait de rattraper le temps perdu, toutes ces fois où ils s’étaient croisés entre deux cours sans jamais s’adresser la parole. Il fallait souvent retrouver les êtres délaissés pour mesurer à quel point le vide autour d’eux était grand. Alors venaient les regrets, puis les promesses, les « il faudra » qui n’évoluaient jamais en futurs. Le printemps s’installait, peu de mois s’étendaient devant eux et, entre les grandes vacances, s’ils ne faisaient rien maintenant, ils redeviendraient deux parfaits étrangers. Sa relation avec Deryn avait survécu au passage de l’université. La différence d’âge plus forte rendait leur lien plus évident. L’étudiante était comme une grande sœur pour lui, un membre de la famille à part entière, une figure féminine vers laquelle il aimait se tourner depuis la mort de sa mère. Niallàn et lui avaient partagés des moments de complicités plus forts. Elle était sa partenaire de jeux, d’aventures, une belle amie d’enfance. En grandissant, ce lien devenait plus fragile. L’aînée du duo gagnait le corps d’une jeune fille, une allure plus intimidante, d’autres préoccupations. Elle s’effaçait, se retranchait derrière une barrière qu’on ne songeait plus à abattre. Le souvenir d’une différence brutale persistait, compromettait à jamais les premiers émois de l’amitié. Niallàn le savait. Elle osait briser un tabou éculé, rattraper ce qu’il aurait laissé s’effiler, certain de ne pas mériter une place dans sa nouvelle vie. A force de se nier, il s’était trompé.

- Je crois que je le pourrai oui…
, dit-il après un silence. Disons… le mardi en fin d’après-midi.

Un air entendu brilla dans son regard. Il s’arrêtait sur un jour sans la consulter puisqu’il connaissait son emploi du temps sur le bout des doigts. Niallàn n’avait pas d’obligations particulières à cette heure là, il le savait et en profitait, afin de lui montrer qu’il pouvait saisir les décisions qu’elle lui soufflait, choisir pour eux à son tour. Il n’expliquait pas vraiment la raison de cet élan d’assurance, mais il semblait étroitement lié au rire de sa cousine.
Le rendez-vous fixé, ils se reportèrent un instant sur leur partie. Il s’y accrochait fermement, s’efforçait de retrouver un esprit calculateur de plus en plus vacillant. La présence de la jeune fille dégageait un il ne savait quoi de très envahissant, et ses interruptions gênantes ne l’aidaient pas à réorganiser ses idées.
La carte qu’elle lui tendit par exemple, accompagnée d’une phrase pour le moins éloquente eut le don d’accroître son malaise. Cruelle, elle l’augmenta en posant un doigt sous son menton. Ses yeux troublants examinèrent son visage. Désemparé, il retint sa respiration. Ce contact inattendu ne lui plaisait pas du tout. Le corps figé, il m’osait plus bouger et priait pour qu’elle le lâche. Mais le supplice dura encore un peu, le temps d’une caresse le long de sa mâchoire. Sa peau, fragile sous l’os saillant, la ressentir très nettement et un sang brûlant lui montait au visage. D’ordinaire, il maîtrisait très bien ses sentiments. En cet instant, il maudissait sa nature de roux, et Niallàn par la même occasion. A quoi jouait-elle enfin ?
Elle se moquait de lui, cherchait, comme le faisait souvent les filles, à mesurer l’impact de ses charmes. Ce n’était pas la première fois qu’il en était la victime, mais en général, elles n’arrivaient pas à le déstabiliser autant. Il leur opposait au contraire une indifférence assez déroutante, comme si aucune femme en ce monde n’avait le pouvoir de le séduire.
La vision floue, il s’intéressa désespérément à l’échiquier. Les cases se confondaient, les pions aussi. Qu’avait-il prévu de faire ? Il lui restait deux coups à jouer, mais il ne les trouvait plus. La présence de Niallàn l’étouffait, il n’arrivait plus à l’évincer pour penser correctement, elle perturbait toutes ses connexions, sa tête n’avait jamais été aussi vide et aussi chargée à la fois, et la dernière déclaration de sa cousine brisa tout ce qu’il essayait de recomposer. Il allait lui manquer. Pourquoi lui disait-elle ça maintenant ? Renonçant à la partie, il leva un regard étonné vers elle. Etait-ce une nouvelle ruse de sa part ? Le sourire qu’il surprit sur ses lèvres ne semblait pas l’indiquer. Et il resta sans voix. Le comportement de la jeune fille lui échappait. S’il avait pu poser sur elle un regard extérieur, analyser la situation à froid, il aurait tout de suite compris où elle cherchait à l’emmener. Mais là, il ne voyait rien, ou refusait de voir. Les phrases tombaient, presque en sourdine, dans son esprit à la logique brisée. Elle lui demandait s’il lui écrirait. Comme avec Deryn. Oui, bien sûr. Elle voulait le voir cet été. Pas avec Deryn, ni avec Cadfael, ou ses parents. Elle prendrait du temps pour lui. Toutes les informations lui arrivaient sans un écho. Il ne savait plus à quoi se raccrocher. Cette situation dépassait ses capacités, et il saturait. Ses cartes s’étaient envolées, il ne savait plus à quoi se raccrocher.


- Je… heu… Il va falloir que j’y aille
, dit-il d’une voix étrangement lointaine.

Il fixait obstinément le plateau noir et blanc, comme s’il méditait encore sa prochaine action. Mais il ne bougerait rien. Il sonnait la retraite, Niallàn avait gagné, il reculait lâchement. Sa réflexions éteintes ne lui avaient pas inspirée une réaction plus intelligente. La panique, la vive impression d’être pressé par le temps, pris au piège, l’incitait à fuir. Et, maintenant qu’il avait annoncé son départ, il se sentait un peu moins oppressé, capable de répondre plus à sa cousine, et de justifier sa sortie. Il ajouta après avoir imprimé sur son visage un sourire insondable.

- Je dois retrouver des amis dans la salle commune, il fallait qu’on discute de quelque chose avant le dîner et… Enfin, oui, je t’écrirai, puisque je ne pourrai plus te surveiller, il faudra bien que tu me raconte tout de ta vie à l’université…


Il se releva. Sa neutralité habituelle n’avait jamais été aussi difficile à tenir. Mais il s’interdisait de perdre à nouveau ses moyens. Il irait jusqu’au bout, avant de disparaître, et de s’isoler, pour réfléchir, ou oublier.

- Désolé pour la partie, on la reprendra une prochaine fois, cet été peut être, si les révisions ne nous en donnent pas l’occasion plus tôt…
- Il hésita un instant. Les phrases avaient devancé ses pensées. Mais il avait tout dit, terminé. – A mardi alors…

Et au fond de lui, il se demandait si la revoir était une bonne idée. D’ici là, il devait absolument visualiser cette scène étrange, comprendre et parer ses faiblesses. Niallàn l’avait troublé parce qu’elle l’avait surpris, la prochaine fois, il serait mieux préparé. Et il devait l’affronter plutôt que de l’éviter encore. Leur relation lui était précieuse, il le réalisait au milieu de son malaise. Et, quoique retourné, profondément honteux et gêné, il était heureux de découvrir que l’une des seules personnes qui à Poudlard avait de l’importance tenait aussi à lui. Elle le lui avait bien assez prouvé – et même trop – pour qu’il pût continuer à l’ignorer en lui trouvant des excuses.
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    Niallàn Cadell
MessageSujet: Re: Echec et Mat [Clos]   Echec et Mat [Clos] EmptySam 27 Juin - 12:15:04

« Je… heu… Il va falloir que j’y aille. »

Niallàn écarquilla les yeux, surprise. Qu'est ce qui pouvait bien lui arriver, tout à coup ? Bon, d'accord, elle s'était un peu moquée de lui, avec cette histoire de carte. Mais ça n'était rien de méchant, juste un jeu, quelque chose de naturel. Et puis c'était vraiment le nom qui lui avait inspiré ce cadeau, c'était bien lui, qui avait mis le sujet du physique sur le terrain, non ? Si. C'était lui, elle en était certaine. Pourtant Mervin semblait perturbé, et elle songea aussitôt qu'il lui en voulait pour cette blague enfantine. Ça ne pouvait pas être pour autre chose, elle s'était montré aimable et sincère, ensuite. Oui il lui manquerait. Bien plus qu'il ne l'imaginait, probablement. Enfin quoi !? C'était son cousin, c'était normal qu'elle veuille le voir, non ?

Pourtant, Mervin semblait totalement déconnecté de leur réalité, totalement absent, étrange et normal à la fois. Il venait d'annoncer son départ, d'une voix qu'elle ne lui connaissait pas, et il fixait toujours l'échiquier. Il partait, ou il ne partait pas ? Il jouait toujours ? L'espace d'un instant, la Serdaigle songea à une diversion. C'était quoi le but ? Il disait partir pour qu'elle en oublie le jeu ? Ses yeux bleus restèrent un instant fixés sur Mervin puis elle s'intéressa de nouveau aux plateau dont les cases noires et blanches ne semblaient plus très fixes. Les lignes remuaient, vacillaient, et Niallàn s'ébroua, tâchant de se concentrer.

Il fallait rerentrer dans la partie, tout simplement. Ça n'était pas plus compliqué que ça. Se replonger dans le jeu. Niallàn soupira. Ça n'était pas un piège, elle l'avait réellement mis mal à l'aise. Pourtant, pas franchement convaincue mais s'efforçant de sembler assurer, elle soupira

« Si tu comptes m'avoir avec ça Gwyllt... »

Elle s'interrompit, son regard rencontrant celui d'un Mervin souriant, comme si de rien n'était, tout signe de gêne envolé. Il mentait. Ça se voyait comme le nez au milieu de la figure. C'était quoi, cette manie de faire comme si tout allait bien, toujours, de se mentir à soi même et aux autres, hein ?

- Je dois retrouver des amis dans la salle commune, il fallait qu’on discute de quelque chose avant le dîner et… Enfin, oui, je t’écrirai, puisque je ne pourrai plus te surveiller, il faudra bien que tu me raconte tout de ta vie à l’université…

Niallàn le regarda se lever, sans un mot. Parler n'aurait rien changé, de toute façon. Elle ne savait pas ce qu'il avait, elle ne pouvait rien dire de constructif, rien qui l'empêcherait de fuir comme il semblait le faire, impassible. C'était rageant, tout simplement. Une averse aurait pu survenir, là, qu'elle serait restée sous la flotte sans broncher. Sans réaliser. C'était la même chose, là même douche gelée et anormale. Et son cousin feignait l'indifférence, l'innocence.

« Désolé pour la partie, on la reprendra une prochaine fois, cet été peut être, si les révisions ne nous en donnent pas l’occasion plus tôt… »

Elle hocha la tête, ne sachant que répondre à ça, et le laissa achever.

« A mardi alors… »

Parce qu'il comptait maintenir les révisions avec elle ? Pas que ça lui déplaise, mais bon... il ne semblait pas franchement motivé pour passer du temps avec elle. Niallàn le regarda partir, toujours un peu sonnée, sans comprendre ce qu'elle avait bien pu faire de mal. Elle soupira. Les interrogations n'avaient jamais été constructives, pas de ce genre là. Il fallait se ressaisir, se sortir Mervin de la tête pour y repenser ensuite, l'esprit reposé, de façon efficace. La rouquine sortit sa baguette et enchanta de nouveau les rangs ennemis, adressant un sourire absent au roi adverse.

« On continue ? »


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