Oups (Bangkok)

Que voulez-vous, Mariana Taylor était irréductiblement de bonne humeur depuis le jour où elle avait perdu ses cheveux blonds. Et retrouvé sa tignasse brune. Cela durait depuis plus d’un mois maintenant et en agaçait plus d’un. Même Lucy avait finit par être agacée par la complaisance et la gratitude de la rouge et or à son égard. La bleue et bronze avait finit par la menacer de lui reteindre les cheveux made in Précieuse McLane et cela avait suffit à la sorcière pour prendre ses distances, quelques jours du moins. Elle n’avait pas la moindre envie de se retrouver à nouveau affublée d’une coupe de pustule. D’ailleurs elle maudissait toujours Rogue et son examen de DCFM, et cherchait une vengeance depuis plus d’un mois. Malheureusement, elle ne pouvais pas grand-chose contre un professeur, et se contentais donc de lui souhaiter les pires horreurs du monde. Un mariage avec Miss Teigne par exemple ou rester enfermé avec Zélie dans une pièce, seuls, pendant plus de cinq minutes. Mariana ne savait vraiment pas ce qui était le pire pour Rogue.

Peut-être Zélie, cette fille était une telle plaie.

Depuis plus de deux heures, Mariana était allongée sur un des canapés de la salle commune, les pieds dépassant du rebord, la tête dans les nuages. Elle songeait à sa vie au château cette année, qu’elle n’avait pas vu défiler. Elle avait l’impression de la vivre à toute vitesse, sans aucun contrôle dessus. Malgré ça, ce qu’elle vivait lui plaisait totalement. Elle avait une meilleure amie magnifique, un petit ami … euh un petit ami tout court, une ennemie, et des mauvaises notes en cours. Donc, tout allait pour le mieux pour elle. Sauf qu’elle avait cette fâcheuse impression qu’il lui manquait quelque chose. Un sensation de … en fait peut-être qu’elle avait juste besoin de rencontrer de nouvelles personnes, de fâcheuse autre chose que la routine journalière qui s’installait en elle. Mais malgré cela, elle était totalement heureuse, et n’avait aucune envie que les vacances arrivent.

Le lustre était décidément magnifique, avec ses milles et une couleurs. Ce genre de détail n’atteignait jamais les pensées de Mariana, et ce jour-ci ne fit pas exception à la règle. Le silence régnait presque entièrement. Normal, il était environ minuit et la plupart des étudiants normalement constitués dormaient depuis longtemps. Il restait seulement trois personnes dans la salle, Mariana incluse. Que des inconnus pour elle. Une baba cool à l’air étrangement dans le vide fixait, plus qu’elle ne lisait, un livre de botanique. La rouge et or se demanda à quoi elle pouvait bien rêver, sans vraiment s’y intéresser. Elle avait un look plutôt étrange pour Poudlard et, étrangement, Mariana aimait bien. C’était peut-être son espèce de tresse de toutes les couleurs dans les cheveux, ou son pantalon, d’au moins 18 tailles trop grand, ou encore ses lunettes sans verres noires, stylées. Ca changeait des gens qu’elle fréquentait. La sorcière détourna le regard à temps, avant que la fille ne s’aperçoive qu’elle l’observait. Elle pu ainsi feindre l’indifférence, contemplant ses pieds. 1..2...3…4…13 ses orteils étaient bien tous là, elle pu le vérifier à deux reprises. Quand elle fut certaine que l’autre ne la regardait plus, elle releva le nez, et reparti dans ses pensées où revenait le plus souvent l’année qui filait sans qu’elle la voie passer. Cela dura sûrement plus d’un quart d’heure, avant qu’elle ne se rende compte qu’elle n’avait qu’une envie : c’était de se vider la vessie. Elle soupira en pensant que si elle montait dans son dortoir, elle ne pourrait faire autrement que de se coucher. Avec sa discrétion monumentale, elle allait réveiller Page en se cognant à quelques portes, une malle, ou trébuchant sur l’un des balais de ses camarades. Ils avaient cours demain et Page ne l’autoriserait pas à repartir, quitte à l’assommer. Elle n’avait plus qu’une seule solution qui l’angoissait presque autant que sa Préfète : les toilettes des filles. Et c’était vraiment parce qu’elle n’avait pas le choix qu’elle allait oser y mettre les pieds. Mariana n’utilisait plus les toilettes des filles depuis qu’elle avait rencontré Zélie Colien. Sûrement la seule fille à faire plus peur que Vous-Savez-Qui. Heureusement, depuis quelques temps, la rousse semblait avoir disparue de la circulation. Tant mieux pour Mariana, tant pis pour … euh, personne.

Tiens, finalement, le trajet jusqu’au deuxième étage n’avait pas paru si long. Normal, elle était encore et toujours perdue dans ses pensées, et n’avait croisé nul Préfet pour l’empêcher de se soulager la vessie. Vérifiant qu’il s’agissait bien des Toilettes des Filles grâce à l’étiquette sur la porte, elle avait déjà eut des ennuis à cause de confusions de ce genre, la rouge et or entra dans les toilettes, pressée de soulager son envie. Il n’y avait que deux cabines, la crise économique touche même le monde des Sorciers faut croire, et elle savait l’une des deux bouchées à cause d’une fuite. Elle pénétra donc dans la première cabine, s’apprêta à soulever sa jupe et stoppa net. Puis hurla.

O_O

Il y avait déjà quelqu’un assis sur la cuvette. Pas pour uriner, puisqu’elle n’avait pas soulevé sa jupe, et entre nous Mariana aimait mieux ça, voir les attributs sexuels d’une fille ne faisant pas parti de ses fantasmes. Apparemment la fille était assise là et attendait p’tet quelque chose. La fille était rousse, petite, et on aurait pu la prendre pour le sosie de Page (Décidément les roux proliféraient dans le coin), si ce n’est que Mariana savait qu’elle se trouvait en première année, parmi les Gryffondor. Ca va, ce n’était pas un espion envoyé par Zezette pour se venger d’elle. Auquel cas, mettant son courage en avant, Mariana aurait fuit en courant.

« Excuse moi »

Petit sourire contrit.

« J’ai un peu envie de faire pipi, et pis les toilettes à côté elles sont fermées donc … pis d’abord t’es pas sensée dormir à cette heure là ? Y’a cours d’main ! »

« Excuse moi »

Bangkok releva la tête, l'air un peu perdu, ses cheveux flamboyants masquant ses yeux rouges et gonflés. Assise sur le couvercle des toilettes, les talons posés sur le rebord de la cuvette, elle resserra l'emprise de ses bras autour de ses genoux, avec l'étrange impression d'être toute, toute petite. Ses yeux rencontrèrent ceux de sa camarade, qu'elle savait faire partie de sa maison, sans toutefois la connaître, et elle attendit la suite, sans un mot, ne demandant même pas pourquoi la sorcière c'était pointée ici, sans se rendre compte que ces toilettes étaient occupées, et se tenant toujours droite devant une Bang' prostrée au lieu d'aller voir ailleurs si la petite lionne y était.

- J’ai un peu envie de faire pipi, et pis les toilettes à côté elles sont fermées donc …

Bangkok esquissa un vague sourire d'excuses, ne se levant pas pour autant. Si ça n'était qu'un peu envie, alors la jeune sorcière allait devoir attendre qu'une autre place se libère, parce que Bangkok n'avait pas la moindre intention de bouger ses fesses de son trône provisoire. En plus, la sorcière n'était pas en première année, Bangkok aurait su son nom, sinon, les gryffondors de première année se connaissaient tous au moins un minimum, partageant au moins les mêmes cours. Elle connaissait alors probablement le sortilège pour déverrouillait es portes, puisque même la rouquine qui n'était pas des plus assidue savait comment ouvrir une porte fermée à clé. Qu'elle aille voir ailleurs, cette empêcheuse de tourner en rond !

- Pis d’abord t’es pas sensée dormir à cette heure là ? Y’a cours d’main !

- A cette heure-là ?

La fillette écarta les mèches qui lui cachaient la vue d'un geste de la main, avant de se frotter les joues, tentant d'effacer les sillons laissés par ses larmes. Depuis combien de temps était-elle prostrée là, à pleurer comme une idiote ? Elle s'était réfugiée dans les toilettes le repas à peine terminé, quand elle avait trouvé cette fichue lettre sur son lit, et elle avait visiblement perdu toute notion du temps, puisqu'aux dires de sa camarade, la nuit semblait déjà bien avancée.

- Je sais pas trop quelle heure il est, avoua-t-elle. J'ai reçu une lettre... de mauvaises nouvelles, alors je suis venue là.

C'était une explication assez simple, bien suffisante pour une fille qu'elle ne connaissait pas. Bang ne se sentait pas de se lancer dans de longues explications concernant la santé de son petit frère, qui à même pas six mois, semblait accumuler les maladies, magiques comme moldues. Si les premiers mois n'avaient pas été trop effrayants, le petit se contentant de quelques rhumes, Valerian se trouvait maintenant à Sainte Mangouste pour Merlin savait quelle raison, et la jeune gryffondor avait plutôt mal pris cette nouvelle. Quant à ce qui l'avait poussé jusqu'aux toilettes, c'était une bonne question. Aller s'enfermer au petit coin, c'était cliché et plutôt ridicule. Les rares fois où la rouquine s'était surprise à fondre en larmes, elle n'était jamais venue ici, préférant les couloirs déserts ou la tour d'astronomie. Bah, il y a un début à tout, n'est ce pas ? La rouge et or était donc là, assise sur le siège des toilettes, ne quittant pas la sorcière inconnue des yeux.

- Le sort pour ouvrir les portes, c'est alohomora, souffla-t-elle.[/i]

Argh, pourquoi fallait il que cette fille soit déprimée juste au moment où la vessie de Mariana menaçait d’exploser ? Elle ne lui avait rien demandé et voilà qu’en quelques secondes elle apprenait que la fillette avait reçut une lettre qui, apparemment, annonçait de mauvaises nouvelles, qu’elle avait pleuré comme une madeleine si on en jugeait sa figure rougit, et que, le pire du pire, elle ne voulait pas lui céder les toilettes. Comme si Mariana savait correctement lancer un sort. On voyait bien qu’elle ne la connaissait pas et qu’elle ne savait pas qu’à n’importe quel moment le plafond risquait de s’écrouler sur votre tête si jamais vous aviez le malheur d’être dans la même pièce que Mariana Taylor tentant de jeter un sortilège. De plus, elle n’avait pas sa baguette magique donc c’était réglé. La rouquine avait, sans le savoir, évitée une mort tragique. Merci qui ?

Mais, dans tous les cas, le problème n’était en rien réglé puisque l’envie de Mariana allait bientôt se répandre dans sa petite culotte rouge si ça continuait. Et ça, ça serait vraiment la honte. Cher.

Dans le même temps, elle hésitait à demander à la rousse ce qu’elle avait. D’un côté ce n’était pas ses oignons et d’un autre, elle n’aimait pas voir les gens pleurer. Sauf Zélie. Et d’un troisième côté, si elle commençait à parler avec la fille, cela prendrait un bout de temps, et sa vessie allait exploser. Elle décida finalement de trancher la poire en deux. En bon Samaritain, elle allait tenter d’aider cette petite avec toute son intelligence et puis elle prendrait ses jambes à son cou lorsque sa vessie la lâcherait.

- Elles sont si mauvaises que ça tes nouvelles ? Tu veux discuter ?

La plus mauvaise nouvelle que Mariana ai jamais reçut dans une lettre, c’était quand son beau père lui avait appris que sa petite sœur, Lola, avait été acceptée à Poudlard. Cela avait sûrement même été le pire jour de sa vie aussi. Se souvenant soudainement que la rouquine lui avait indiqué les toilettes verrouillées d’à côté, et qu’il serait malpoli de ne pas lui faire savoir qu’elle préférait garder le plus possible de Gryffondor en vie, la rouge et or répondit :

- Ouais ouais, mais pour ta survie, mieux vaut pas que j’essaie d’ouvrir quelque chose avec un sortilège. Crois moi, tu me remercieras un jour de pas l’avoir fait …

Et sinon ?

- Sinon, moi c’est Mariana. Mariana Taylor.

(Désolée c’est vraiment court T_T)

Elle se tortillait, dansant d'un pied sur l'autre, mais elle ne bougeait pas. Le regard un peu perdu de Mariana ne la quitta pas tandis qu'elle semblait plongée dans une intense réflexion dont notre petite Bang' était le personnage principal. Uriner ou ne pas uriner, telle était la question. Bon, dit comme ça, c'est un peu étrange, mais cela donne tout de même bien le ton. D'autres auraient simplement choisi une autre cabine ou l'auraient virée d'ici sans ménagement. Mais la grande rouge, elle, elle réfléchissait. Pas franchement en état de compatir ou d'apprécier les sentiments de son aînée à son égard, Bangkok haussa les épaules, reniflant rapidement. Si elle restait là, plantée à en prendre racines, c'est qu'elle n'avait pas la vessie si pleine que ça, la miss.

Non mais c'est vrai, quoi ! Quelle personne normalement constituée saisie d'une envie si pressante que celle qui semblait tenailler la rouge et or en face de notre petite pleureuse resterait là, presque calmement, sans rien faire, hein ? Un instant, la jeune rousse oublia ses soucis et son regard fila directement vers le sol entre les jambes de sa camarade, soudainement inquiète. Rien. La rouquine sourit vaguement, amusée de sa propre idée et releva les yeux vers Mariana lorsque celle-ci commença à parler.

- Elles sont si mauvaises que ça tes nouvelles ? Tu veux discuter ?

Puis, avant que la rouquine n'ait eu le temps de répliqué, elle poursuivit, répondant à la suggestion de la fillette

- Ouais ouais, mais pour ta survie, mieux vaut pas que j’essaie d’ouvrir quelque chose avec un sortilège. Crois moi, tu me remercieras un jour de pas l’avoir fait …

Bang' hésita, et toute colère contre cette fille étrange s'envola. Elle s'inquiétait vraiment de ses soucis ? Bon, d'accord, n'importe quelle personne ayant un tant soit peu de méfiance songerait que cette fille lui demandait ça juste pour avoir son trône à elle. Mais dois-je vous rappeler qu'il s'agit ici de Bang', celle-là même qui a accepté l'aide d'Ange Dawster pour écrire une lettre d'amour destinée au professeur Rogue ? Franchement, la gosse et la méfiance, ça faisait deux. Aussi elle inspira et se frotta encore les yeux en se relevant.

- C'est mon frère qui est malade. Il a tout juste six mois et il est à Sainte Mangouste. Les premières fois, ma mère – qui est moldue – a refusé de l'y amener, alors je suppose que ça doit être grave s'il y est, là.

- Sinon, moi c’est Mariana. Mariana Taylor.

Elle haussa les épaules.

- J'peux bien t'ouvrir les toilettes d'à côté, si tu veux, mais je vais pas rester là pour pleurnicher toute la nuit maintenant. Surtout là que tu m'as vue. Ça craint un peu comme truc.

Elle laissa la place à Mariana pour qu'elle puisse se soulager et s'appuya contre un lavabo.

- J'suis pas Mimi Geignarde moi !

Elle lança un regard franc à sa camarade, la défiant d'oser toute remarque à ce sujet. Le fantôme pleureur était tristement connu à Poudlard, et hors de question que la petite sorcière ait ce genre de réputation pour les années qui suivraient à Poudlard. Elle n'avait déjà pas l'image d'une petite sainte, pas la peine en plus de passer pour une pisseuse, namého !

- J'suis Bangkok, d'ailleurs. T'as dû entendre parler de moi. J'ai monté le speed dating avec Eve, écrit la lettre d'amour qui a fait vibré le coeur de Rogue, des trucs du genre...

Fière ou pas fière ? Une question à laquelle même la gosse n'aurait su répondre. Dans un sens, elle savait que cette réputation pouvait lui desservir. Son père l'avait même menacé de la priver de ce court stage de quidditch prévu pour l'été. Mais en même temps, chaque petite chose faisait d'elle ce qu'elle était, une Gryffondor intrépide. Elle n'en oubliait pas Valerian, seulement Mariana était parvenue à la faire sourire un peu. Peut être qu'après des heures à pleurer, elle n'attendait que ça, en fait. Elle était arrivée au bout du choc, tout allait bien, ou presque.

- T'as des frères et soeurs Mariana ?

[J’avais pas vu que t’avais répondu teuh, honte à moi Embarassed

]

Mariana rougit légèrement lorsque sa camarade plus petite regarda le sol entre ses jambes. Comment avait-elle deviné qu’elle avait pensé à se soulager ici en escomptant que Bangkok ne remarque rien. Elle était décidément bien naïve en pensant que personne ne l’aurait su.

Et puis Bangkok sembla soudainement décidée à se confier. Elle lui confia que son petit frère, âgé de quelques mois à peine, s’était retrouvé à Ste Mangouste, malade. Et apparemment c’était grave. La vie n’épargne personne. On a tous son lot de joie et de tristesse. Mais voir quelqu’un de sa famille, un frère qui plus est, se retrouve faible et sans défense, sans qu’on puisse rien faire, c’était quelque chose d’affreux. L’autre souffre et nous on est impuissant. La rouge et or comprenait bien ce que pouvait ressentir sa camarade à ce moment là. C’est dur de s’apercevoir qu’on est impuissant face à la maladie d’un proche.

Avant qu’elle n’ait pu faire un seul geste de réconfort, un seul mot qui lui ferait comprendre qu’elle partageait sa peine, la petite lui laissa sa place, lui précisant au passage qu’elle n’était pas Mimi Geignarde, ce fantôme pleureur hantant les toilettes du deuxième étage. Mariana sourit avant de s’apercevoir qu’elle allait pouvoir se soulager. Elle ne pensa alors à plus rien d’autre que cela, faillit chanter Alléluhia, se retint, ferma la porte à clé et …

« Piiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiicht »

C’te honte.

Gênée, elle ouvrit la bouche pour couvrir le bruit :

- Désolée … pour le bruit, et pour ton frère. J’espère qu’il va aller mieux très vite. D’ailleurs j’en suis sûre. Ils ont les meilleurs guérisseurs du monde à Ste Mangouste d’après ce que je sais. Alors ne t’inquiète pas trop. Et puis, je suis pas d’accord, tu ressembles plus à Peeves qu’à Mimi Geignarde avec tes yeux. Tu fais vraiment peur.

- J'suis Bangkok, d'ailleurs. T'as dû entendre parler de moi. J'ai monté le speed dating avec Eve, écrit la lettre d'amour qui a fait vibré le coeur de Rogue, des trucs du genre...

Ahahaha, il fallait être cinglé pour écrire une lettre d’amour à Rogue. Alors que Mariana remontait sa jupe, et ouvrait la porte des toilettes, prête à faire une bonne vanne à la petite, elle s’arrêta net. Elle venait de se souvenir qu’une folle (dixit Lucy Duncan) avait envoyé une lettre d’amour à Cheveux Gras. Ainsi ce n’était pas une légende, et Lucy avait raison. Mariana regrettait de lui avoir rit au nez lorsqu’elle lui avait appris qu’une Gryffondor était tombée amoureuse de lui. Alors, il y avait bien quelqu’un au monde qui trouvait cette affreuse tête de chauve souris séduisante ? Ben ça alors … A présent, Mariana regardait Bangkok avec l’air de quelqu’un qui s’attendrit devant un malade mental.

- Ahhhh c’est toi, pour Rogue. Je croyais que c’était une légende. Bah euh … félicitation pour vous deux si t’as réussit à t’mettre avec hein ! Plein d’bonheur, mais pas trop d’enfants, ça serait dommage.

- T'as des frères et soeurs Mariana ?

Elle réfléchit assez longuement avant de répondre à la question. Sa famille c’était quelque chose de priver, de sacrer. Elle n’aimait pas beaucoup en parler, surtout depuis que Lola était entrée à Poudlard. Personne ne savait que cette petite andouille blonde était sa sœur, ni qu’elle était à Serpentard, même pas Lucy, sa meilleure amie. Mais après tout, Bangkok lui avait bien parlé de la maladie de son frère. Elle pouvait bien faire cet effort.

- J’ai une petite sœur, qui s’appelle Lola. Et une grande sœur qui s’appelle Charlie. Avec Lola, on ne s’entend pas. Surtout depuis qu’elle est entrée à Poudlard. Le fait qu’elle soit à Serpentard ne me dérange pas,

et puis je sors moi-même avec un Serpentard, je pourrais difficilement critiquer songea Mariana,

c’est juste qu’on est pas faites pour s’entendre. Il y a des gens comme ça … Mais même, je n’aimerais pas qu’elle tombe malade, ça serait affreux pour mes parents. Surtout pour ma mère. Pis, ouais, mes parents sont séparés, et mon père a rencontré une femme. Elle a seulement dix ans de plus que moi, t’imagine ? Enfin en tout cas, ils vont avoir un bébé. Vers décembre je crois. Donc je vais avoir un petit frère, ou encore une sœur. J’préfèrerais un garçon, pour changer.

Elle parlait, elle parlait, et ne s’arrêtait plus, pour changer. Marchant jusqu’au robinet, pour se laver les mains, elle embraya directement :

- Et toi, tu as d’autres frères et sœurs ?

Les Chutes du Niagara. Bon, d'accord, elle exagérait un peu. Mais c'était la première chose qui lui était venue en tête. Bangkok sourit et renifla bruyamment, essuyant ses joues humide d'une main, quand Mariana reprit la parole, compatissante, rassurante. Oui, Sainte Mangouste regroupait les meilleurs médicomages, elle aussi en était convaincue. Et puis, c'était toujours mieux que ces médecins moldus qui ne connaissaient pas la moitié des maux dont pouvait souffrir Valerian. Une chance qu'il y ait du sang sorcier, dans la famille.

Bangkok s'apprêtait à maudire la branche moldue de la famille sur au moins quatre générations quand la comparaison de Mariana la fit éclater de rire. Peeves, rien que ça. C'était plutôt amusant, si l'on écartait le fait que personne n'aimait vraiment l'esprit frappeur. Mariana semblait assez douée pour faire oublier les tracas de la rouquine et celle-ci s'imagina en fantôme exaspérant avant de finalement se présenter, ajoutant à son nom son (glorieux ?) CV. De quoi forcer l'admiration, elle en était certaine. Seulement Mariana ne sembla pas retenir le nombre d'exploits, la félicitant de ses tours de sale mioche, mais un seul fait, et vraiment pas comme la rouquine s'y était attendue.

Bang' resta un moment bouche bée, les yeux ronds d'incompréhension. Il y avait vraiment des gens qui croyaient à la théorie de la groupie de Cheveux Gras ? La gamine cligna des yeux pour reprendre ses esprits et rectifia.

« Non mais c'était un pari, hein ! Avec Deniel, pour le match de quidd'. Si j'encaissais encore un but, je devais déclarer mon amour à Rogue, mais je l'aime vraiment pas ! Même que Dawster m'a aidée parce que je ne savais pas quoi dire. »

Qu'elle n'aille pas raconter partout que la petite lionne flashait sur le maître de potions ou là, c'était une certitude, sa réputation serait ruinée. Déjà qu'elle n'était pas des plus merveilleuses... Bangkok fit la moue et préféra changer de sujet avant que Mariana n'ait eu le temps de répondre et de la pousser encore un peu plus sur ce terrain glissant. Pas de doute, parler de famille, c'était moins dangereux. Et visiblement, Mariana avait de quoi dire sur le sujet. Bangkok tenta de faire le tri dans les informations et sourit. Une grande famille, une fratrie plus ou moins proche, ça devait être cool au fond. Comme elle avec les gosses du quartier. Ils avaient beau passer leur temps à se chamailler, au fond ils s'aimaient bien.

« Et toi, tu as d'autres frères et soeurs ? »

« Non, et je n'en veux pas. »

La réponse avait été immédiate, catégorique, et Bangkok s'expliqua.

« Valerian me suffit. Après, mes parents préfèreraient celui qui va bien. Ou alors, il m'en ferait un autre qui serait malade, encore pire. Un, c'est bien. »

La formule était peut être un peu étrange mais c'est ainsi que l'avait tourné son esprit étroit d'enfant. Valerian était son trésor : Hors de question qu'un autre mioche vienne lui faire de l'ombre. Non, vraiment. Valerian devait guérir, absolument. Après, on verrait. Si le gamin voulait un frère, Bangkok ne s'y opposerait pas.

« Si Valerian meurt par contre, je pense que mes parents en voudront un autre. Parce qu'ils ne voudront pas s'arrêter sur un échec, à mon avis. »

Elle soupira et se hissa sur le rebord en pierre du lavabo, laissant ses jambes se balancer et ses talons frapper la roche pendant qu'elle observait Mariana. Maintenant qu'elle avait parlé de Val', qu'elle allait un peu mieux, il y avait une question qu'elle mourait d'envie de poser.

« Dis, c'était comment l'an dernier ? Avec Ombrage ? »

Elle chercha le regard de sa camarade, curieuse. Elle avait entendu parlé de la Dondon Rose qui, l'an passé, avait cruellement régné sur Poudlard. Elle avait aussi entendu parler des coups d'éclats, de ceux que l'on nommait « BR » ou « AD ». Tout régime totalitaire regorge de secrets, de on-dits. Et cette dictature là avait eu lieu ici même, à Poudlard, chez elle. Dans un sens, savoir était important. L'entendre de la bouche de ceux qui étaient avant que ses enfants, quelques décennies plus tard, ne l'apprennent dans les livres d'histoire.

« C'était aussi terrible qu'on dit ? Il y a un type, dans un tableau du premier étage, qui dit qu'il fallait que ça arrive, parce que depuis le temps que les gosses ont besoin d'un peu de discipline, un truc comme ça. Mais il passe son temps à râler alors ça ne compte pas. »