Cela faisait quelques temps que notre ami Préfet-en-Chef se montrait plutôt discret dans les couloirs et le parc du château de Poudlard. Il n'était même pas apparu au bal, puisqu'il s'y serait trouvé sans cavalière, et un tel événement sans compagnie ne valait pas, selon lui, la peine d'être fêté. Du coup, il avait passé les vacances de Noël dans sa famille. Pas en Bretagne, dans la famille de son père, mais à Londres, entouré de ses parents, ses grands-parents paternels et son parrain, Erwan. Tout cela s'était déroulé dans la bonne humeur, et s'était prolongé jusqu'au Nouvel an.

Le retour des vacances et la rentrée avaient été plutôt tranquilles. Kael, qui n'était pas au courant, avait alors entendu parler de quelques rumeurs... L'une lui parvint, et il en fut étonné : en effet, il paraissait que les deux Préfets de Troisième Année, William J. Craig pour Gryffondor, et Précieuse McLane pour Serpentard, avaient été ensemble au bal et qu'ils avaient dansé. "On" allait jusqu'à dire qu'ils n'en étaient pas restés là... Comment Will avait-il pu..?

Bien entendu, le Celte était resté perplexe devant ces... calembredaines : les deux élèves se détestaient cordialement et jamais il n'aurait pu y avoir quelque chose entre eux. Si ce n'était des insultes voire, le Poufsouffle espérait que non, des coups. Etant leur supérieur, il veillait à ce que rien ne se passe tant qu'il était dans les parages. Après tout, ils se devaient d'être un modèle pour les autres.

Samedi après-midi. L'hiver avait charrié son lot de nuages chargés de neige et l'avait déversée sur Poudlard et ses alentours, recouvrant le tout d'une couche de poudre blanche comme le sucre. L'occasion pour beaucoup d'élèves d'aller faire un tour dehors pour se livrer à des batailles de boules de neige. Chargé par le professeur McGonagall de veiller à ce qu'il n'y ait aucun incident, le Jaune et Noir, bien emmitouflé, apparut sur le perron de la grande porte.

Il resta là quelques instants, à observer les activités, en s'assurant que personne n'abusait et ne causait de tort. Puis il commença sa ronde, interrompant parfois le jeu pour tempérer certains qui y allaient un peu trop violemment...

"Vous êtes là pour vous amuser voyons ! Vous ne voulez quand même pas être punis à cause de ça ?"

Poursuivant sa marche, le Préfet-en-Chef aperçut, plus loin, à la lisière de la Forêt, un élève solitaire. Que faisait-il donc là, celui-là, tout seul, juste à côté de la Forêt Interdite ? Il cherchait les ennuis ou quoi ? Décidé à faire son devoir, le Poufsouffle alla directement vers le délinquant.

"Hey dis donc, mon gaillard ! Eloigne-toi un peu de là, tu veux ? Ce n'est pas un endroit pour..."

Kael s'interrompit. L'élève venait de se tourner vers lui et il reconnut... William ! De loin, avec son bonnet, il était difficile de se rendre compte qu'il était roux, mais là, il était parfaitement reconnaissable.

"Will ! Mais qu'est-ce que tu fais là ? Qu'est-ce qui t'arrives ? Tu ne devrais pas rester dans le coin, avec la..."

Le Celte désigna la Forêt.

"C'est pas très prudent, et puis c'est interdit, alors..."

Toute l'énergie qu'il avait accumulée pour la déverser sur le criminel venait de s'évaporer. Le Préfet des Rouge et Or n'était pas dans son assiette, ça n'était pas le moment de l'enguirlander.

"Ca va aller ?" demanda-t-il tout de même, pour la forme.

Pourquoi demande-t-on toujours 'ça va ?' à des gens qui ne vont visiblement pas bien ?

Citation :

Le Perce-Neige hurleur est une variété magique assez commune de perce-neige, semblable à la plante moldue (fleurs blanches, port retombant, petite taille), mais avec une différence de taille : si elle est cueillie, la plante émet un son aigu continu, jusqu'à sa mort physiologique. Ce mécanisme de défense servirait à se prémunir contre le broutage intempestif des tapis de Perce-Neige hurleurs par les créatures forestières.
Le Perce-Neige hurleur apprécie les sous-bois, à l'abri de la lumière vive, avec une préférence pour l'entourage des chênes ; il fleurit courant janvier, et répand une douce odeur de praline à plusieurs mètres à la ronde.
Il est utilisé dans quelques rares potions (voir le chapitre "utilisation des plantes magiques").

Note manuscrite et visiblement très ancienne en marge, ajoutée par une main anonyme : Tapis de perce-neige hurleurs dans la forêt interdite, en lisière, sous le plus gros chêne.

En dernier recours, William s'était terré à la bibliothèque, caché derrière une pile de bouquins qui laissait à peine entrevoir sa crinière rousse ; pour fuir les autres élèves, il aurait fait n'importe quoi, et il avait passé les derniers jours à lire et à travailler. Pendant qu'il étudiait, au moins, il ne repensait pas à ce bal de malheur... Quoi qu'en dise Page, c'était la honte absolue... et savoir que Cudacier devait éprouver la même chose ne le consolait pas.
Il expédia plusieurs devoirs, dont un de Défense contre les Forces du Mal qu'il avait d'abord trouvé horriblement difficile, et qu'il boucla finalement avec assez de satisfaction ; huit pages sur un sujet qui le laissait sec au début, c'était assez honorable.
Le devoir de botanique fut le devoir de trop. Incapable de se concentrer davantage, William se mit à lire des passages au hasard, dont celui sur les Perce-Neige hurleurs, avant de se décider à quitter la bibliothèque.
Vite, très vite, il traversa les couloirs pour éviter les rencontres et les sourires en coin, et se dirigea, au pas de course, vers la forêt. Cueillir l'un de ces Perce-Neige pourrait être drôle... Le rouquin était assez intéressé par le "cri" protecteur de ces plantes, et il se disait qu'abandonner une plante hurleuse dans certains secteurs pourrait être opportun.
Le vent frisquet lui fit venir les larmes aux yeux, et il enfonça son bonnet rouge et or sur sa tête, presque jusqu'aux yeux. Il ferait moins froid près de la forêt, avec la protection des arbres...
Restait à trouver "le plus gros chêne". Plusieurs arbres pouvaient prétendre à ce titre, et aucun d'eux n'avait de tapis de perce-neige à ses pieds. Très affairé, William avançait, légèrement courbé, observant le sol, sans cesser de ressasser des pensées négatives concernant Précieuse McLane... Comme elle serait bien pendue à cette branche... ou sous cette terre gelée...
Une voix le tira de sa recherche. "Hé la mon gaillard !!"... on se serait cru dans un film policier moldu, tiens... Le "gaillard" se retourna, toisa d'un oeil morne celui qui l'interpellait ainsi.. Kael. Le rouquin soupira ; il allait devoir parler, raconter, et il n'en avait aucune envie.
Il laissa le préfet-en-chef s'approcher, et répondit d'une voix indifférente :

-Ouais, ça va. Je cherchais des plantes. Je sais bien que c'est interdit...

Pas très convivial, le garçon... Il s'en rendit compte et essaya de corriger le tir en demandant :

-Et toi, ça va ?

Ouarf... Le ton de Will n'était vraiment pas engageant. N'importe qui se serait dit, en entendant la façon dont le rouquin venait de répondre, que ce n'était vraiment pas le moment de lui parler et aurait préféré passer son chemin... Un Préfet-en-Chef du genre de Percy Weasley aurait certainement ordonné à son jeune camarade de s'éloigner de la Forêt sous peine de prendre une retenue. Mais celui qui était en ce moment-même devant le jeune Préfet de Gryffondor, c'était un ami, qui laissait de côté son rôle dans la hiérarchie du château pour se préoccuper de l'état de Will.

Semblant se rendre compte que sa prise de parole était un peu sèche, le Rouge et Or tenta de se reprendre, mais Kael sentit que le coeur n'y était pas vraiment... Voulait-il vraiment rester seul, ne voulait-il pas en parler ? "En"... Avait-il des problèmes personnels ou... Cela concernait-il ces rumeurs qui circulaient dans les couloirs du château ?

"Euh... Moi ça va, oui..."

Cela dit sur un ton indéfinissable. Un peu hésitant et ne sachant par quel bout commencer, le Poufsouffle resta silencieux pendant une vingtaine de secondes. Puis il se décida à être franc et à lui rentrer dedans, au p'tit lion ! Ben tiens, quand on a un caractère comme lui, on en profite, sinon ça ne sert à rien !

"Dis... Si tu veux parler... J'suis pas sûr que ça va vraiment, sinon, tu s'rais pas comme ça."

Perspicace, lui ? Vraiment ? En général, quand ils se parlaient, l'ambiance était bien plus enjouée, sauf la fois où ils avaient pleuré tous les deux comment des madeleines...

"Après, j'comprendrais que tu veuilles pas en parler, mais c'est quand même mieux de... de parler, quoi."

Kael regarda ensuite autour de Will. Il avait parlé de plantes. Comment pouvait-on trouver la moindre plante en plein hiver ? Certes, il y en avait que la saison froide ne supprimait pas, mais pour la plupart, ça n'était vraiment le moment de montrer le bout des feuilles...

"Euh... T'as besoin d'aide ?"

Après tout, ça pourrait être drôle d'être à deux pour chercher quelque chose d'introuvable, non ? Et comme on dit, plus on est de fous, moins y a de riz... Pardon, plus on rit. Et si c'était vraiment McLane, qui occupait les pensées de William ? Si cette rumeur comme quoi les deux sortaient ensemble hantait le Préfet ? Bien sûr, le Celte se doutait qu'elle n'était pas vraie, mais quand même, ils étaient sortis ensemble au Bal... Quelle en avait donc été la raison ?


[j'trouve ça court... ça ira mieux une autre fois, j'espère XD]

En temps normal, rencontrer Kael était, pour William, un grand plaisir ; le Poufsouffle avait été son premier ami à Poudlard, celui qui l'avait guidé dans ses premiers jours, et il restait, malgré sa promotion au poste de préfet-en-chef, un excellent ami... Et c'était justement pour cette raison que William aurait préféré ne pas le rencontrer. Le Gryffondor se sentait d'humeur taciturne, presque misanthropique, et il n'aspirait qu'à une bienheureuse solitude... Pouvoir, comme il le faisait sans discontinuer depuis Noël, ruminer des pensées sinistres et se complaire dans son isolement, abandonné de tous alors que c'était lui-même qui fuyait la compagnie... Cette attitude négative avait quelque chose de presque voluptueux, et elle devenait la principale activité du préfet des Gryffondor.
Mais avec Kael dans les parages, il était hors de question de pouvoir ressasser peinard... Ce grand escogriffe de Breton allait vouloir parler, réconforter son cadet, et, objectivement, William devait avouer qu'il ne pouvait en rien le blâmer : il faisait ce que tout ami digne de ce nom doit faire, ce que lui-même aurait fait... Jamais il n'aurait laissé Kael, ou un autre de ses amis, se morfondre tout seul... et pourtant, il était agacé que le Poufsouffle lui témoigne de l'attention. Sombres méandres de la pensée adolescente...
Même irrité, William gardait, avec ses amis, un caractère débonnaire ; il était généralement incapable de s'emporter contre eux, et même de leur parler sèchement. C'est pourquoi, après un regard assassin qui pouvait laisser craindre le pire, il répondit au préfet-en-chef, en commençant d'une voix brusque :

-Bon... Écoute, Kael... Incapable de tenir ce ton agressif avec le Poufsouffle, il poursuivit d'une voix tout à fait normale, quoi qu'un peu lasse : J'ai pas envie de parler. Je sais bien que ce serait mieux, mais j'ai vraiment pas envie, tu comprends ?

Il avait posé un regard implorant sur son ami, comme pour lui demander de ne pas insister ; car William était bien décidé à couper les ponts avec tous ceux qui prétendraient le faire parler de « ses problèmes » contre son gré... mais il ne tenait pas à se brouiller avec Kael. Il éprouvait une réelle affection pour Kael, et il savait d'avance que se disputer avec lui le rendrait malade ; en outre, il lui semblait peu opportun, en tant que préfet, de se fâcher avec son supérieur direct.
Fort heureusement, le Breton semblait avoir compris qu'il n'obtiendrait rien du rouquin, et il lui offrit une échappatoire parfaite en parlant des plantes. À son air surpris, William comprit qu'il ne pensait pas aux perce-neige, qui étaient quasiment les seules plantes assez vigoureuses pour supporter l'hiver écossais ; dans un sourire fatigué, il expliqua :

-Je cherche des perce-neige hurleurs, une variété magique de perce-neige... ça fleurit à peu près maintenant, c'est des plantes qui aiment le froid... Il paraît qu'il y en a à Poudlard, mais jusqu'à maintenant, je n'en ai pas trouvé.

Il ouvrit sa besace, ôta son gant droit et se mit à fouiller dans ses affaires jusqu'à en extirper le bouquin qu'il venait d'emprunter à la bibliothèque, avec plusieurs dessins permettant de reconnaître la plante, et la description de son habitat.

-Tu vois, c'est ça... comme des perce-neige normaux mais avec des fleurs un peu rosées. J'ai pas vraiment besoin d'aide, c'est pour ma curiosité personnelle que je cherche ces plantes, mais si ça te dit de les chercher avec moi... à moins que tu préfères me ramener au château pour m'empêcher d'aller dans la forêt...

Son sourire revint, un peu plus franc, un peu plus lumineux que le premier. Finalement, il parvenait à parler avec les gens- tant qu'on ne lui parlait pas de ce fichu bal... Il avait eu le sentiment qu'il ne pourrait plus jamais parler à quiconque, mais il semblait qu'il s'était trompé. Page le lui avait prouvé la première, et Kael continuait. Ils étaient peut-être de mèche, d'ailleurs... Page avait eu l'air tellement inquiète pour son collègue qu'elle avait bien pu aller alerter Kael... À brûle-pourpoint, le rouquin, pris d'un soupçon, demanda :

-Tu as vu Page récemment ?

Kael pouvait parfaitement comprendre qu'un ami n'ait pas envie de parler. Lui-même avait parfois envie de garder ses soucis pour lui, ne voulait pas les partager. Mais en général, il finissait pas se confier à quelqu'un. On se sent tellement mieux quand on a parlé... C'était en quelque sorte une libération. Mais là, Will était dans la période 'non je dirai rien quoi qu'il arrive' et elle était susceptible de durer encore... N'insistant pas, le Préfet-en-Chef écouta son jeune camarade parler des perce-neige hurleurs. Et il sembla qu'il en avait déjà entendu parler en cours... sans pour autant avoir cherché à en savoir plus...

Le Rouge et Or, par contre, avait choisi de satisfaire sa curiosité en se mettant à la recherche des fameuses fleurs. Le Celte jeta un coup d'oeil aux dessins. C'était donc ça, l'objet des instigations. Très bien, il allait lui filer un coup de main. A la remarque de Will sur le fait que son 'supérieur' pouvait le ramener au château, Kael leva les yeux des illustrations et vit que son ami souriait. Il lui rendit son sourire, ça faisait plaisir de voir que malgré son état de doute, il avait encore de la bonne humeur.

"J'vais t'aider ! Faut juste dégager un peu de cette neige... Si les perce-neige sont bien là et qu'on les voit pas, c'est qu'ils sont cachés !"

La logique était implacable.

"En même temps, si ça se trouve, ils sont pas là du tout ! Ils sont ptet par là..."

Il désigna la lisière de la Forêt sur sa droite...

"... ou par là..."

... puis sur sa gauche.

"Mais cherchons ici d'abord !"

Il sortit sa baguette et, alors qu'il allait s'employer à dégager un peu la neige qui avait presque atteint le pied des arbres, Will parla... de Page...

"Euuh est-ce que je l'ai vue récemment... J'la croise de temps en temps, mais..."

Pourquoi parlait-il de la petite rouquine ? Etait-ce en rapport avec... les rumeurs sur lui et Précieuse ? Le Poufsouffle jeta un regard perplexe à son ami... Puis il pointa sa baguette vers la neige, et prononça la formule :

"Caldoventis." [*]

Un souffle d'air chaud fit alors fondre la couche blanche, révélant l'herbe verte jusque là enfouie. Il s'affaira ainsi sur une surface d'environ dix mètres sur trois, avant de revenir vers William.

"Apparemment, c'est pas dans ce coin..."

Puis :

"Ecoute, moi j'ai entendu des rumeurs. Page ne m'a parlé de rien. Si toi tu ne veux pas en parler, personne ne peut le faire pour toi."

Puis il montra un gros chêne un peu plus loin.

"On va essayer là-bas ?"


[*] Formule que j'ai déjà utilisé après l'avoir créée (si, si, à partir du latin, "vent chaud")

Kael s'affairait, de son efficace méthode magique, à déneiger une bonne zone, alors que William lui préférait un moyen plus... hum... artisanal. Utiliser les mains, c'était bien aussi, hein, seulement, c'est quand même de la neige, et la neige, ben c'est froid. Le Gryffondor lança une remarque comme quoi le Celte aurait pu se faire engager pour frayer un chemin jusqu'aux serres, ce qui faciliterait les déplacements des élèves se rendant au cours de Botanique, celui du vieux Bachelor Bachelard.

"Mué... Bouarf..." marmonna le Poufsouffle en se redressant.

Apparemment, William avait repris du poil de la bête. De façon assez inattendue, il décida de changer d'endroit et fonça dans la direction choisie. Le Préfet-en-Chef demeura coi, un peu désorienté. Une vraie girouette, ce petit lion. Ce dernier, parvenu, ou presque, sur la nouvelle zone de recherche, se retourna pour appeler son camarade.

"Ah... Oui... Je..."

Le Celte ne bougea pas tout de suite. Il avait toujours sa baguette à la main et réfléchissait. Puis, comme si de rien n'était, il se mit à marcher vers le Rouge et Or. Et là, d'un geste vif, il pointa le précieux bâton (c'est pour pas répéter "baguette") vers un tas de neige un peu plus loin. Un peu de celle-ci (la neige) s'en éleva et forma une boule (ça fait une boule de neige^^). D'un autre geste vif (pas le même, c'est pas le même sort, hein), le Poufsouffle visa le Préfet de Gryffondor. Et le projectile s'écrasa contre le bonnet de son ami.

"Oups, désolé !" lança le Jaune et Noir, qui s'était arrêté et se tenait à présent à huit ou neuf mètres de sa cible.

Il lui adressa un grand sourire, puis, comme si rien ne s'était passé, il demanda, innocemment :

"Ben alors, on cherche ?"

Quel grand gamin^^ Certains diront : "Et il est Préfet-en-Chef..." Et moi, je leur répondrai : "Et ben oui "... Et il me rétorqueront : "Il a pas un comportement digne de..." Et moi, je leur couperai la parole en leur lançant une boule de neige. Et toc .

"Sauf si bien sûr, tu préfères abandonner..."

Le Poufsouffle remit sa baguette magique dans une poche et combla rapidement l'espace qui le séparait de Will. Bien entendu, maintenant, il pouvait s'attendre à des représailles. Et évidemment, il n'avait pas oublié la question du Rouge et Or sur sa collègue de la même Maison, sa complice, Page... Oserait-il poser à un moment la question que ne voulait pas entendre le rouquin ?


[hrp : -__-]

Quelle serait la revanche du Gryffondor ? Après cette provocation à base d'éléments naturels et météorologiques, quelle allait être la réaction de William ? Vous le saurez dans le prochaine épisode de... Aaaah mais non, rien à voir. Au temps pour moi, reprenons le fil de cette histoire. Saugrenue, certes, mais histoire quand même.

Situé à quelques mètres seulement de son agresseur, la victime de cette agression caractérisée eut un réflexe sorcier : sortir sa baguette magique. Parant à l'éventualité d'une attaque par sortilège, Kael se tint prêt à repousser le futur potentiel assaut. Mais celui-ci ne vint pas. Ou plutôt si, mais sous la forme attendue. Mais quelle forme, alors ? Verbale. Mais pas seulement verbale. Les talents du Préfet de Quatrième Année pour les langues n'étant pas très évident, le résultat qui en découla fut... un fou rire. En effet, se faire traiter d'enfoiré avec un tel accent, le Celte ne put garder son sérieux...

Mais être mort de rire est perdre de son attention. Et donc, offrir la possibilité à l'adversaire de trouver une faille. En fait, la faille n'en était pas vraiment une, c'était carrément une brèche que le Poufsouffle venait d'ouvrir. Ainsi, il ne vit pas fondre sur lui son camarade et se retrouva sur le cul, de la neige jusqu'aux hanches. Bien sûr, la surprise fit qu'il arrêta d'exprimer par le mouvement des zygomatiques et la vibration de ses cordes vocales son amusement aux paroles perçues peu auparavant.

Pris au dépourvu, il constata cependant que la bousculade qu'il venait de subir n'avait pas été sans conséquence pour son auteur : ce dernier s'était en effet retrouvé emporté par son élan et avait accompagné le Celte dans la poudreuse. Apparemment vexé d'avoir eu à la fois à se coiffer de neige et à en manger, Will en attrapa une pleine poignée et lança la partie la plus intéressante du combat. La bataille de boules de neige venait belle et bien de commencer.

Et oui, malgré son âge et son rang, notre coquin de Préfet-en-Chef pouvait s'amuser, rien ne lui interdisait de couvrir de flocons un ami qui l'avait gentiment provoqué. Hein ? Bon d'accord, à la base, c'était lui qui avait commencé... Mais bon, pas de témoin, alors, on peut dire ce qu'on veut, non ? Ben tiens, j'vais m'gêner ! Le Celte, dont le postérieur était à présent mouillé, puisqu'il était assis dans la couche de neige, dut s'interrompre lorsque le Gryffondor lui signala qu'il avait une fleur sous les fesses.

Dans un premier temps, le Poufsouffle se demanda si ça n'était pas une ruse. Dans un second, il s'apprêta à reprendre la rixe amicale. Dans un troisième, il fut pris d'un doute. Dans un cinquième, il se redressa, un bras devant le visage, en guise de bouclier, au cas où William aurait voulu viser la bouche, pour lui faire déguster cette glace en poudre. Si vous avez suivi, vous avez dû remarquer qu'il manque le quatrième temps... En fait, il ne s'est rien passé, donc, ça sert à rien d'en parler...

"Ah, tiens..."

Le regard du Jaune et Noir s'était une demi-seconde détacher du Rouge et Or pour glisser vers l'endroit déneigé qui lui avait servi de siège de fortune. Il y avait bien là une fleur. Le Celte leva donc le pouce : il demandait une trêve.

"Si jamais ça convient pas, on reprend." annonça-t-il avant de se pencher vers le représentant isolée de la flore.

Apparemment, à première vue, ça pouvait bien être un perce-neige... Mais était-il hurleur, celui-là ? Y avait-il des perce-neige normaux à Poudlard ?

Ça ne ratait jamais. Pour mettre Kaelir Gammach hors de combat, il suffisait de lui balancer quelques mots de français, et il s'esclaffait tellement qu'il devenait une proie facile. William n'eut aucun mal à expédier le préfet-en-chef se rafraîchir le postérieur dans la neige... Bon, l'ennui avec ce grand dadais était sa taille nettement plus imposante que celle du Gryffondor, d'où la chute du roux dans la poudreuse... La vraie bataille s'engagea aussitôt, avec toute la hargne possible... Le combat ne tournait pas vraiment en faveur de William, qui bénéficiait pourtant de l'effet de surprise ; Kael semblait avoir attendu, et même espéré cette partie du pugilat, et il répliqua très rapidement.
Pas facile, lorsqu'on doit riposter illico, de confectionner de belles boules de neige, bien tassées, du genre qui vous éclatent en pleine poire. William devait se contenter de lancer de la neige vaguement amalgamée, qui volait finalement en tous sens sans causer de véritables dommages sur la personne du préfet-en-chef. Il aurait fallu pouvoir se fortifier derrière une muraille de neige et s'y abriter pour fabriquer des munitions... ou user de magie, mais le Gryffondor n'avait aucune idée des sorts qu'il aurait pu utiliser. Il faudrait se renseigner, tiens... Expédier, de loin, une demi-tonne de neige sur la tête haïe de Précieuse McLane, voilà qui pourrait être intéressant... en tant que travaux pratiques de sortilèges, évidemment, pas en tant que coup bas contre une ennemie...
William baissa la garde un instant pour signaler la présence d'une fleur, mais le Poufsouffle avait encore à la main une bonne grosse boule de neige qui ne demandait qu'à être lancée. Avec une adresse redoutable, Kael l'envoya en plein dans la sympathique bouille de son adversaire ; en éclatant, elle moucheta de blanc son col et même ses cheveux. Horriblement vexé, William s'écria :

-Gammach ! Je vais te foutre à poil ! Ça va te calmer !

Il allait s'élancer pour mettre sa menace à exécution, mais le message concernant la fleur avait enfin atteint le cerveau de son camarade qui se décida à bouger ses fesses. Oubliant- provisoirement- l'idée de déshabillage de son supérieur hiérarchique, William franchit les deux ou trois mètres qui le séparaient de son ami, pour aller observer la plante.
Avant de s'intéresser au perce-neige, il jeta un regard à Kael et lança, moqueur :

-T'es beau avec ton cul mouillé...

Le sien ne valait guère mieux, mais c'était le sien et donc il était forcément plus classieux que celui d'un Poufsouffle, tout préfet-en-chef qu'il fût... sans aucun préjugé, évidemment.

-Bon, ça m'a tout l'air d'être un perce-neige... Mais j'sais pas si c'est un hurleur, ils sont exactement pareils que les normaux... Sauf l'odeur, ajouta-t-il en se remémorant son livre. Le perce-neige hurleur a une odeur de praline. Si c'en est un, vu que tu étais assis dessus, tes fesses vont sentir la praline, conclut-il en éclatant de rire. Sympa... Sinon, il faudrait l'arracher pour voir s'il pousse son cri, mais avant, j'aimerais être sûr qu'il y en a d'autres...

D'une bourrade, il signifia la reprise des hostilités, et ordonna :

-Creuse, esclave !

Pas sûr que Kael-Fesses-de-Praline l'entende de cette oreille... c'était d'ailleurs précisément le but ; maintenant qu'il était trempé, William n'avait plus aucune envie de se livrer à des observations botaniques, et à rester immobile, il commençait à se cailler méchamment. Autant recommencer le combat. Souplement, le Gryffondor bondit de côté, derrière un petit rempart de neige dû à la précédente bataille. De là derrière, il serait tranquille pour préparer des projectiles soignés...

Les menaces lancées par le Gryffondor ne furent pas mises à exécution. Tiens, qu'il ose dessaper son supérieur hiérarchique ! En plus, il faisait froid, alors c'était pas vraiment le moment de se retrouver en tenue d'Adam, aussi beau Adam soit-il, par pareille température. Namého. Le Celte, après avoir quitté sa position assise, constata en effet que l'humidité avait traversé son pantalon, et même son boxer, pour lui geler les miches, et que cela se voyait plutôt bien. Bon, d'accord, mais Will lui-même était dans le même état. Le Rouge et Or s'intéressa alors à la fleur qui, en effet, était un perce-neige. Après, s'il était hurleur, pas moyen de vérifier à moins de 'tentailler' une violente approche visant à lui faire vibrer les cordes vocales...

Les perce-neige, ça n'était pas vraiment un sujet qui passionnait le Poufsouffle, donc, si quelqu'un devait se charger de faire l'expérience, c'était bien le Quatrième Année. Donc, soit il fallait arracher la malheureuse fleur, soit se pencher pour la renifler, puisque celle-ci était censée avoir l'odeur de la praline, tiens donc, vous m'en direz tant. Mais finalement, le jeune Préfet décida que le centre de l'attention ne devait plus vraiment être cette petite plante, signifiant cela en lançant un ordre. Un ordre ?

Anticipant la réaction du Préfet-en-Chef, Will disparut derrière une espèce de tas de neige formé par les divers lancers précédemment effectués. Le Celte, un peu pris au dépourvu quand même, hésita un court instant. Devait-il aller se planquer aussi et balancer des boules de neige de loin ? Non, il avait une autre idée. Sans aucune forme de procès, sans sommation, il s'élança vers la muraille de fortune et se jeta par-dessus.

"Yaaaaahaaaaaaaaaa !" s'écria-t-il avant d'atterrir droit sur le malheureux William, qui ne devait pas s'être attendu à recevoir un Kael plutôt qu'une boule de neige...

Le Jaune et Noir fit un roulé-boulé et se redressa.

"Mwahahahahaha !"

Puis il se mit à courir, sur un vingtaine de mètres, pour aller prendre un gros paquet de neige. En fait, il en avait pris un peu trop, donc il divisa l'amas en divers projectiles qu'il se mit à lancer à l'aveuglette, à tire-larigot, en veux-tu en voilà.

"Yaha ! Prends ça ! Tiens ! Aha !"

Il se rendit compte, après un temps, qu'il était agenouillé sur la froide couverture blanche, et donc, son pantalon, précédemment mouillé derrière, l'était aussi devant et, à force, l'était devenu entièrement...

"Wahaaa c'est froid !"

Et il se redressa, de toute sa hauteur, en levant les bras. Se rendait-il ? Etait-il frappé de folie ? Ce qui était sûr, c'est qu'il avait envie d'un bon bain et surtout de se débarrasser de ce falzar gelé et qui collait à la peau...

De l'endroit où il était, le Celte ne voyait pas grand chose. En fait, sa vue fut momentanément obstruée par une massive arrivée de neige compacte sous forme de projectiles plus ou moins sphériques, puis par le fait qu'il s'était réfugié pour les éviter. Lui qui aimait à jurer dans sa langue paternelle -le dialecte local d'une certain Jean-Baptiste- fut plutôt étonné d'entendre s'élever de l'autre côté du champ de bataille un flot presque incessant de jurons estampillés Craig, s'il vous plaît, et c'est dans un état d'esprit indescriptible qu'il se tenait à présent, bras levés, une expression plutôt étrange sur le visage.

Une expression étrange ? Imaginez un peu que c'est un mélange : la surprise, que dis-je, la stupéfaction, de voir qu'il peut exister autant d'énergie concentrée sur une aussi petite surface en un temps aussi limité (je parle bien sûr du Préfet des Lions) ; la ruse, une envie de faire croire que le combat s'achève par une reddition qui en définitive n'est que factice, ledit combat devant reprendre à l'insu de l'adversaire intelligemment descendu de ses gardes ; le froid, parce que quand même, hein, berdol, ça caille, on se gèle les c**illes et le cul.

Voilà un beau cocktail censé être présent dans son ensemble sur les traits de notre Poufsouffle blond aux yeux bleus. J'avoue que moi non plus, je ne me figure pas le résultat, mais c'est de la fiction et de l'écrit, on ne vous en voudra pas si vous n'y arrivez pas. Mais finalement, parmi tous ces ingrédients de l'étrange recette, le premier fut bref, le second également, le troisième prenant toute la place. Et à ce besoin d'aller se réchauffer vint se joindre le soulagement, en bon ami, alors que celui (l'ami, si vous avez bien suivi) du Préfet-en-Chef s'était à son tour redressé et avançait d'une démarche un peu raide vers son adversaire d'un instant.

Le Celte baissa lentement les bras alors que le Gryffondor, sur la lancée de son imitation de m'sieur le soldat Craig ayant bravement fait la peau aux Allemands, alluma le Poufsouffle sur sa fonction et l'honneur qu'il rendait à son insigne, Poudlard était sur une pente savonneuse si ses responsables l'étaient aussi peu (responsables, vous ne suivez pas !), et il termina par une menace : si la crève tombait sur le coin de la pomme du rouquin, son interlocuteur se verrait changé en élève de Serpentard... Aaaah ça... Mais bien sûr, le sourire contredisait un peu le sérieux de ces dires, alors bon...

"Ca ! J'te l'fais pas dire qu'on rentre !"

Vous comprendrez par ces quelques mots que la proposition de William avait suscité un certain enthousiasme chez Kael. Prenant la direction des portes du château, il ajouta :

"C'était sympa d'se faire cette bataille ! J'me suis bien marré ! Ca f'sait longtemps qu'on avait passé du temps ensemble."

En amis, bien sûr, n'allez pas vous imaginer que... hem. D'ailleurs, le Celte avait-il oublié l'histoire avec Précieuse ? Aha.

"C'qui faut, c'est un bon bain ! J'vais investir la salle de bains des Préfets, tu viens aussi ?"


[hrp : le topix peut s'arrêter là. Et on peut continuer dans la SdB, si tu veux.^^]