Il eut la blancheur des valais, des montagnes, des arbres et des lieux, éblouissant à tout va les pauvres yeux fragiles de Qare, qui comme par habitude, s’était levé très tôt simplement pour rendre compte de la situation. Un élève normal aurait ameuté tout le dortoir, criant le plus fort possible tout en défaisant les premiers draps qui lui passaient sous la main pour réveiller brusquement les autres garçons du dortoirs, qui sur le coup, pourrait paraître brusqués et renfrognés pour ensuite s’extasier devant ce spectacle très attendu pour la plus part des élèves. Mais Qare n’était pas comme ces autres garçons, agissant au quart de tour. Il s’était simplement réveillé en ce matin de janvier, battant des cils par alternance régulière, jusqu’à ce que la vision du dortoir, tel qu’elle était encore il y a de cela plusieurs heures, à l’exception que les ronflements avaient été ajoutés pour briser le pauvre silence, qui semblait se terrer de plus en plus ces temps-ci. Il finit par se rendre sur rebord peu large mais assez grand pour faire tenir tout le corps assis de Qare, face à la vitre blanchit de part en part, ne laissant ainsi que quelques rares carreaux encore transparents, permettant de contempler le paysage qu’il était peu commun de percevoir. En général, il était indispensable d’attendre une année entière avant de revoir la neige tomber.

Puis, tout en posant sa tête un peu plus lourde qu’à son habitude, sur son genou remonté jusqu’à son torse, le petit garçon silencieux avait décidé pour une fois de lancer son regard sur le monde qui l’entourait, voyant qu’ils étaient toutes bien paisible, ces âmes innocentes, se débâtant joyeusement dans des rêves qu’ils auraient déjà oubliés au réveil. Sans doute était-ce le seul moment où Qare aimait la compagnie de ses comparses Serdaigle. Ils étaient inoffensifs et fragiles. Dirigeant son regard sur le réveil apporté par l’un des élèves, qui magiquement chantait l’heure lorsque cette dernière avait été programmée, Qare put constater que l’aiguille n’avait pas encore atteint la septième heure, et de ce fait, Qare avait encore du temps devant lui pour se rendre en cours. Alors, il prit la décision de se rendre au dehors pour communier avec la nature, chose qu’il ne faisait que très rarement. Après un petit quart d’heure de descente de marche glacée, faisant sourire gaiment l’aiglon, qui, était seul, pouvait se permettre de se dévoiler un peu, se permit de sourire, pour enfin atterrir sur le perron de la grande porte de bois massif. Restant immobile un instant, il comprit que tout lui était permis, bien qu’il enfreignait le règlement, pour lui, rien n’était plus important que la neige.

Posant délicatement son pieds dans l’immense tas de neige pas encore piétiné, Qare l’inaugura de sa petite patte elle-même blanche, et lorsque le contact entre sa peau et la couche de neige se fit, se fut un Qare nouveau qui fit son apparition : sourire aux lèvres, les yeux mis clos, de l’énergie et de la fougue, et même un rire. Voilà comment dépensa son temps le Serdaigle durant une heure toute entière, jusqu’à décider de remonter dans le dortoir. Mais avant de quitter le lieu magique, il passa de nouveau la porte, se tournant une dernière fois pour la contempler, avant de remonter précipitamment jusqu’au dortoir pour se changer et enfiler des vêtements chauds. Aucun témoin, aucune trace, à part peut être les flaques d’eaux flagrantes dans l’entrée, Qare s’habilla promptement, avant de se rendre en cours d’enchantement, se devant de reprendre son attitude blême et déconcertante. Pourtant, en dessous de sa carapace, il été content en ce matin de janvier. Et cela se ressenti fortement lorsqu’il arriva dans la classe, parmi tous les élèves, souhaitant un « bonne année » de vive voix au professeur, et tout en se tournant vers le reste de la classe, il fit sentir sa présence avant d’aller s’assoir parmi la foule d’élève présent aux rangs du milieu et du devant. Il avait juste envi de se fondre dans la masse ce matin là. Il lança même un regard amicale en direction de Page, qui au font ne le remarqua peut être pas, logique après sa réaction en cours de duel.

Il eut la quiétude, de savoir que rien ne pouvait s’aggraver pour une fois, que ce n’était qu’une matinée comme les autres, et qu’au fond, il avait prit l’habitude d’être à part, de ne pas participer à ces railleries et plaisanteries de camarades. Toujours aussi droit sur sa chaise, ne s’étant pas avachi comme un strangulo sur sa table par manque de sommeil comme pour certain rouge et or, Qare avait la tête qui ne suivait pas l’alignement de son corps, mais était plutôt tourné par la fenêtre la plus proche, qui révélait un ciel blanc, mais peut être pas autant que celui de la neige, qui elle commençait à s’effondrait des corniches des fenêtres pour s’écraser lourdement sur le sol. Cela ne faisait qu’un peu plus de neige à utiliser, seul cela allait de pair. Qare n’avait pas d’ami, il ne pouvait se permettre de se joindre à des autres humains, qu’en serait-il de son image qu’il véhiculait. Il n’abandonnerait pour rien au monde sa fière carapace pour quelque rire et boule de neige. On lui avait donné sans qu’il ne la demande, et maintenant, il la supportait lourdement sur son dos. Mais en était-il conscient ? Là était toute la question, il vivait de la sorte parce que jamais personne ne lui avait fait remarquer son caractère, à part peut être le balafré, mais cela lui avait valu un refus catégorique du bleu et bronze pour une future rencontre.

Puis, se disant que le spectacle était bien trop beau et surtout bien trop inaccessible pour sa personne, bien qu’il s’était rendu dans la cours extérieure quelque heures au par avant, il préféra arrêter de se tourmenter devant quelque chose d’éphémère comme la neige, qui finirait bien par réapparaître, certes dans un an, au quel cas, Qare serait toujours seul ; le bleu et bronze tourna de nouveau la tête vers le devant de la pièce, il put s’apercevoir, sans pour autant sourciller, qu’une jeune fille, apparemment plus jeune mais aussi plus grande que lui, se poser à côté de lui. Sur l’instant, alors qu’il se retrouva nez à nez avec la demoiselle encore inconnue à son esprit, il resta comme de marbre face à son arrivée. Mais après réflexion, ce fut de nouveau un profond dilemme qui se posa dans son subconscient. Et si le petit Qare noir tenait le parapluie, il n’aurait aucun mal à congédier cette impertinente qui venait se frotter à lui dans le seul but de profiter de son intelligence, mais si le petit Qare blanc prenait la place, que se passerait-il ? Serait-il courtois ? La laisserait-il partager un moment plus ou moins convivial en sa compagnie. C’est alors qu’il fit ce qu’il n’avait jamais l’habitude de faire, et rare étaient ceux qui avaient eu l’occasion de le voir ainsi : il sourit. Peut être de bon cœur, ou peut être pas, simplement il sourit au moins par politesse, ce qui déforma quelque peu son visage, lui qui était si rigide et qui n’avait pas l’habitude de se modeler, ce fut un choc. Bien sûr, il ne resta pas là à sourire bêtement durant plusieurs minutes, il parvint seulement à le maintenir en place sur ses lèvres blanchâtres, une minute tout au plus. Puis, d’une voix claire mais assez basse, il ne pouvait pas changer du tout au tout d’un seul coup, il répondit :


Il n’avait pas montré une once de sympathie mais on sentait qu’il s’était forcé pour paraître amical et aimable, ce qui n’était pas une mince à faire. Peut être serait-ce une douce matinée, ou pas.

Il eut pour une fois, et sans doute la seule, aucun sentiment néfaste qui aurait pu faire changer l’esprit de Qare, le faisant lâchement basculé dans le désarroi, le laissant en proie à la tristesse et au silence. Pourtant, cette fois-ci, il était serein, de se dire qu’il n’était pas resté invisible aux yeux du monde, que quelqu’un s’était permis de baisser la tête pour remarquer cette petite bête grise ramper seule, prenant peur à chaque instant, se disant que sa vie et surtout son souvenir ne tenait qu’à un fil. Il aurait aimé, il est vrai, paraître un peu plus curieux et en savoir un peu plus sur cette Serdaigle qu’il croyait comme les autres depuis le début d’année : soucieuse de sa propre personne, cachotière et sans grand intérêt pour Qare. Mais avec le temps, il aurait du se douter que la vie ne s’apprenait pas dans les livres de la bibliothèque, mais il n’avait jamais su se faire à l’idée. Il pensait perpétuellement que s’il se permettait de délaisser, ne serait-ce qu’une seconde de trop, il serait percé en plein cœur, et il ne serait plus qu’une coquille vide et sans intérêt, c'est-à-dire, ce qu’il était déjà en parti. Et il méditait si souvent sur la question, tôt le matin, lorsque personne n’était encore réveillé, jalousant silencieusement tous ces idiots qui au font était les plus heureux. Comme il était dit, l’idiot avance bien plus vite que celui qui pense. Mais même s’il se permettait de ne pas penser, de ne pas représenter sa maison, où irait-il ?

Pendant cette longue réflexion, Qare était resté sans prononcer un mot, les yeux vides posés sur les actions de Calypso, qui soigneusement, placés ses livres, ses parchemins et sa plume accompagnés de son encrier, tout cela, dans un geste méticuleux et raffiné, en somme, comme l’aurait fait Qare. En réalité, c’était ce qu’il avait déjà fait, mais sa rapidité habituelle du travail bien fait, avait fait qu’il n’avait plus qu’à admirer sa camarade, représentant si bien sa maison. Le temps d’un battement de cil, il se demanda pourquoi il se comportait ainsi, si doux, si gentil, mais l’idée fugace s’envola aussi vite qu’elle fut venu. Répondant alors tranquillement, les mains posées sur son bureau, les doigts croisés :

Il n’avait pas pu le dire, c’était plus fort que lui, il en avait pas la force et bien qu’il le souhaitait, sans doute pas assez fort, il s’était fait comprendre, du moins en parti il le pensait.