Daneel s’engagea dans le couloir qui menait aux cuisines, évitant un plateau sur lequel un poulet plumé, sans tête ni pattes mais non cuit reposait. L’elfe de maison dissimulé sous le disque volant à un mètre du sol s’éloigna rapidement, s’excusant d’être en retard avec le poulet a une personne apparemment inexistante.

Les elfes s’affairaient avec rapidité et brio pour le repas du soir afin de remplir ces assiettes qui, une fois transportées aux tables des quatre maisons, ne se videraient pas avant que le dessert ne soit venu. Déjà, la bonne odeur de toute sorte de ragoûts et de bouillons s’élevait et Daneel ne fut pas surpris d’apercevoir par la vitre d’une porte le moine gars qui reniflait au-dessus de dizaines de marmites et de poêles pendant qu’un elfe un peu plus gros que ses compères et l’air un peu plus bourru essayait de le chasser.

Le jeune Poufsouffle eut le sourire en voyant la scène et expira profondément, content que sa journée soit finie. Le cours de potion avait été particulièrement pénible et jamais Daneel n’avait eu un cours de botanique aussi déprimant. Il passa un doigt sous le nœud de sa cravate jaune et noir et la desserra. Ce soir, c’était décidé, il relaxerait et ne ferait rien d’académique (il disait ça mais au fond il savait qu’il allait finir le nez dans les livres). Au diable le retard d’une journée, il ferait tout demain mais là il avait besoin de repos.

Il avait du passé plus de temps devant la fenêtre des cuisines qu’il ne l’aurait cru car lorsqu’il poursuivit son chemin vers la salle commune de sa maison, une voix chaleureuse et aussi dodue que celui qu’elle annonçait se fit entendre devant lui.

- Bonjour, mon cher Daneel. Comment allez-vous ?
- Bonjour, Moine gras, dit Daneel en souriant au fantôme. Je vais très bien, merci. Et vous-même ?
- Comme un moine fantôme peut aller, merci quand même. J’irais pourtant mieux si je pourrais goûter à tous les petits plats que préparent ces elfes. Oh mais je ne voudrais pas vous ennuyer avec mes histoires…
- Eh bien bonne journée a vous, Moine, dit Daneel qui, même s’il aimait bien le moine gras pour sa gentillesse et sa bonhomie n’avait pas envie de l’écouter dans l’immédiat. Nous nous re…
- Oui, ce n’est pas toujours drôle d’être mort mais c’est la vie, poursuivit le moine gras comme si le fait d’être mort le laissait indifférent.
- Ce fut un plaisir de vous parler, moine, mais je dois y aller, j’ai des choses a faire. A la prochaine.

Et le moine se retourna sans bruit et retourna vers les cuisine. Daneel eut alors peur de l’avoir heurté mais se dit qu’au fond le moine n’avait que faire d’un gamin de douze ans et qu’il était d’une si gentille nature que tout serait pardonner la prochaine fois qu’ils se verraient, de toute façon.

Daneel n’avait qu’une envie qu’une hâte : franchir la nature morte qui leur servait d’entrer a leur dortoirs et s’écraser dans l’un de ces énorme fauteuil jaune trop rembourré qui parsemaient leur salle commune.
Il continua d’avancer jusqu'à se retrouver devant le tableau représentant des fleurs et des fruits sur une table. Soudain, une voix douce et suave se fit entendre, Daneel ne sachant jamais si elle venait des fleurs ou de quelqu’un qui se trouvait dans scène de la peinture mais hors du cadre du tableau… Comme quelqu’un qui se tenait a coté du peintre pendant qu’il faisait la toile… bref, la voix demanda :
« Mot de passe ? »
Et Daneel répondit :
« …ehb… »

Il y avait bien un mot qui lui vint a l’esprit, a ce moment la… mais ce n’était ni le mot de passe ni un indice… c’était le mot « oublié »… Trou de mémoire. Blanc. Rien… Il y avait de la lumière mais personne a la maison… non… il n’y avait même pas de lumière et tous les gens de la maison étaient des abrutis qui se tordaient en position fœtale au milieu du salon.

Que faire ?


Il pouvait soit retourner a leur table pour chercher l’aide d’un plus vieux…
Il pouvait également attendre que quelqu’un passe.

Mais il n’y avait pas grand monde qui passerait, a cette heure. La plupart étaient en cours ou a la grande salle ou un peu n’importe ou…

Mais il n’avait pas non plus envie de se retaper le chemin jusqu'à la grande salle…

Il y avait le moine gras… il pourrait le lui demander…

Non. Il n’avait pas été correct avec le moine gras et ne se serait pas pardonné d’aller l’embêter au moment préféré de la journée du sympathique rondouillet…

Il allait attendre. Tiens… n’avait-il pas un devoir de défense a commencer ?

Daneel jeta ses livres a coté de la peinture et s’assit en indien. Il posa son manuel de défense contre les forces du mal sur ses genoux et sortit une plume et un parchemin.

Pourquoi ne pas commencer tout de suite ? Ce sera fait !

Avec soin et application, il commença son devoir en attendant que quelqu’un arrive ou sorte de la salle commune.

- Roh nan ! J’ai pas envie d’aller en cours… Et pi, si j’y vais, j’vais croiser Dean, et il va surement me sauter dessus, parce qu’il arrive pas à se retenir quand il me voit. Tu sais, je suis belle hein, et lui il m’aime toujours… Moi aussi d’ailleurs, je l’aime, mais il est très discret ces derniers jours, je crois même qu’il essaye de me...

- Euh Rosy ?

- Ouais accouche !

- Jm’en fous…

- … Eh beh !... Hum, d’abord toi ben hein ! T’es qu’une jalouse parce que t’as pas de petit copain ! Voilà !

Sur ces doux mots, ou pas, Rosy s’éloigna petit à petit de sa camarade de chambre, ou plutôt… D’une de ses camarades de dortoir, pour aller un peu souffler, respirer un bon coup, toute seule.
Parce que ui, à partir de ce jour, elle avait décidé, de faire âme solitaire ! Parce que vous savez, les copines, à part vous faire grossir en vous faisant manger du chocolat, et vous piquer vos copains, ça sert à rien ! Vraiment ! Je parle par expérience ( Nan nan, je ne suis pas une sans amis -_- )

Donc maintenant, elle aurait plein de copains à elle toute seule, plein de chocolat, et même si elle grossirait, ben, elle grossirait, mais au moins, elle le ferait seule !
Et puis, même en grosse, je suis sûre, que Rosy, elle serait parfaite. Ben vi, rien que son visage est parfait, alors c’est pas deux ou trois kilos en plus qui vont tout saboter, hein que j’ai raison ?

C’est donc avec la tête pleine de Dean, et d’un monde chocolaté qu’elle se dirigeait sans même le savoir, vers le dortoir. Ui, parce que rappelez vous, elle voulait prendre l’air, et la salle commune, avec tous les gens qui puent et qui pètent, c’est pas trop le bon lieu j’dois vous dire…

La tête baissée jusque là, elle ne la relevait que juste quand elle se cognait contre un mur, histoire de changer de direction, tout ça, tout ça quoi.

Pi, au moment de tourner, elle l’aperçut. Lui ! Devant elle ! A même pas quelques mètres… En train de… De !!!! Oh ! Nan mais pour qui se prenait-il celui là ? Il essayait d’entrer par effraction dans la salle commune des Pouffys ! N’empêche il avait une technique assez bizarre. Assis, avec un livre sur les jambes…

D’un pas plus que certain, elle s’avança vers lui, cette fois, la tête bien levée, presque vers le plafond, mais pas trop sinon Dieu y voudrait la mater…

Elle s’approcha de lui, lui tapota l’épaule droite et se dirigea vers la gauche. Pi lança d’un ton voulant être méchant :

- Bon, déjà, toi, j’sais pas qui t’es et j’veux pas le savoir ! Faut juste que tu saches que ben pour voler, tu t’y prends mal ! Et puis, je sais, nous, les pouffy, on a de la bouffe et des belles filles… Comme moi, mais faut pas abuser hein ! De là à venir nous voler… C’est scandaleux !

Elle s’agenouilla, de façon à être en face de lui et continua :

- Si toi, tu veux quelque chose, comme t’es beau gosse… Bah ui, je t’ai déjà repéré plusieurs fois, mais je sais plus trop où, bref… Donc, si tu veux quelque chose tu n’as qu’à me le demander je… JE SAIS !!! Je t’ai vu dans la salle Commune !! Euuuhm, j’me disais bien qu’il n’y avait qu’une espèce aussi con pour essayer de voler des gens dans une école… C’est vrai quoi, ben on aurait reconnu les affaires et tout ça.

Elle le regarda, lui, qui bougeait pas, et préféra s’asseoir à ses côtés :

- Tu m’excuseras, mais tu sais, en quatrième, la vie n’est pas facile. Et oui, on a plein de boulot, et puis, je commençais à être fatiguée, là, à m’agenouiller devant toi. En plus si quelqu’un passait, il aurait cru que je te faisais une demande… Ah, la honte t’imagine ! … Une fille comme moi, avec un gars comme toi, tsss… Ouai nen, fais pas cette tête, j’t’ai dit, t’es beau gosse quand même !

Elle lui sourit puis reprit son souffle, laissa un petit silence s’installer avant de reprendre :

- Sinon, tu veux que je t’aide à voler des gens ? C’est vrai que ce serait fun ! … On rigolerait bien en voyant la tête des autres. Moi j’veux voler Jemiah ! Tu sais, celle qui joue au Quidditch ! Une vrai bicth celle là, j'te jure...

Elle lui prit le livre des mains, et sans le regarder ( le livre hein ) termina par un bref :

- S’quoi le sortilège le plus simple pour faire ce genre de chose ? Et puis, t’as volé ça ? C’était pas à toi hein, avoue ! C’était à qui ? Allez dis le !

Daneel se retourna vers la gauche et ne vit personne. Par contre, il sentait encore une présence autour de lui. Il se retourna complètement et tomba devant les genoux de Rose. Il releva la tête pour apercevoir son visage et ses yeux trop verts. Il resta surpris et n’eut même pas le temps de réagir qu’elle lui parlait déjà avec un débit impressionnant. Les paroles entraient dans ses oreilles comme trop d’eau dans un même tuyau et l’information se promenait partout, folle et incontrôlable, dans son cerveau.

- Eh… hein ? un quoi ? Un voleur, moi ?

Il n’arrivait même pas à protester convenablement car elle ne lui laissait pas le temps de placer un mot et il voulait être sur de tout entendre ce qu’elle disait car il n’arrivait pas encore à comprendre.
Est-ce qu’elle lui parlait vraiment ou le prenait-elle pour un autre ? Lui ? Beau gosse ? Elle l’avait repéré ? L’incrédulité s’accumulait dans les yeux du jeune Wright comme la pluie à Londres.

Il continuait de la regarder, tout simplement, le sourire aux lèvres. Il y avait quelque chose d’incroyablement amusant et plaisant dans sa manière de parler qui, par moments, semblait plus à des réflexions à voix haute. Il repensait à lorsqu’elle avait dit « je sais, nous, les pouffy, on a de la bouffe et des belles filles… Comme moi, mais faut pas abuser hein ! » et se dit que, en effet, elle était belle. Il se demanda en quelle année elle était. Elle devait être un peu plus vieille que lui, même s’il paraissait un peu plus vieux que son âge. Ah ! Elle venait de confirmer.Quatrième année ? Oh !

Elle cessa un moment pour reprendre son souffle et Daneel fit l’erreur de croire qu’elle avait finit. Il arrêta son initiative et la laissa terminer. Il ne vit pas du tout venir le vol de son livre et se dit que, d’eux deux, elle serait probablement la plus douée à être pickpocket tant elle arrivait à attirer l’attention sur son visage, sur ses mots, et qu’on oubliait même qu’elle était dotée de mains.

- Eh…

Il s’arrêta, pas certain. Oui, ça y était. Elle avait finit. Quel souffle, quand même. Non pas qu’elle l’avait énervé, bien au contraire cette rencontre faisait sa journée, mais il était heureux de pouvoir enfin lui répondre.

- Je suis à Poufsouffle, moi aussi et je n’avais pas envie de voler personne, dit-il en montrant l’armoirie sur son débardeur avec une envie irrésistible de rire. Et ceci est mon livre de défense contre les forces du mal que je n’ai volé à personne. J’ai une lecture à faire pour le crapaud. C’est con mais j’ai oublié le mot de passe…

La gêne lui fit fixer le carrelage.

- Peut-être pas voler les gens mais si tu as envie qu’on fasse quelque chose tu n’as qu’à demander toi aussi puisque tu es très belle toi-même, dit-il en coulant de nouveau son regard dans les yeux verts.

Manière maladroite de lui retourner le compliment mais il se devait de le faire. Il eut un doux rire en repensant a ce qu’elle avait dit plus tôt à propos d’une demande quelconque. C’était un peu absurde mais très amusant. Mais… que voulait-elle dire par « un gars comme toi » ? Comment devait-il réagir à tout cela, en fait ?


- Eumh... je m'appelle Daneel, finit-il par ajouter. Et toi ? Je crois que je t'ai déjà... repéré... moi aussi mais je ne te connais pas...

[ Désolée pour l'attente, vraiment ! J'espère que ça va te plaire au moins. ]

Pendant que Rosy parlait, le garçon essayait de protester. En disant qu’il n’était pas un voleur, qu’il était un Poufsouffle, mais la jeune fille, elle avait l’habitude des petits méchants comme ça.

Bah ouais, même qu’une fois, elle était dans la forêt interdite avec Ron et sa meilleure aime, la pire peste trouvée au monde ( à ses yeux ^^ ) de Susi, y avait plein d’araignées, elles étaient toutes moches, toutes méchantes. Eh ben, Rosy, elle, elle a pas eu peur… Bah ouais, enfin, bien sur, elle a pleuré, elle a crié, mais tout ça, c’était juste de la comédie. C’était pour faire genre.

Et puis, même aussi que ben, elle arrêtait pas de parler non plus. Parait que ça déstabilise les gens. Alors elle voulait essayer… C’est sur, ça avait pas marché, mais c’était des araignées, pas des gens. Maintenant c’était le moment idéal.

Même après avoir su que c’était pas un ennemi, Rosy restait sur ses gardes. Les traîtres sont toujours parmi nous, d’après ce qu’on dit… Le traître, ç’aurait pu être lui, hein, alors voilà.

Le problème, c’est qu’à un moment, ce ne fut même pas ledit « ennemi » qui fut déstabilisé, mais la petite Rosy. Par un bête truc, vraiment. Mais ça l’avait mise … ça l’avait mise nulle part. Juste que ça l’avait étonnée. En fait, elle comprenait pas…

« J’ai une lecture à faire pour le crapaud. C’est con mais j’ai oublié le mot de passe… »

Elle cligna des yeux une fois, deux fois… Trois fois… Rien. Nada. Elle comprenait vraiment pas. En fait, il utilisait la même technique qu’elle… Eh ben, ça marchait !

- … T’essaye de me faire croire des trucs hein ? Ouais avoue ! … Mais ton truc ben il est débile ! Et ui ! Comment tu veux avoir un mot de passe pour un crapaud ? En fait, tu l’as pas oublié, tu l’as jamais eu… Et d’abord, pourquoi un mot de passe pour un crapaud ? Hein ? Allez ! Dis moi pourquoi tu mens et je te donnerai peut-être un bisou…

A peine eut-elle terminé, que le jeune garçon fixait le carrelage. Oooh, que ça lui rappelait des souvenirs, encore. Tant de bons moments :

- Tu sais, ce que tu regarde là, ben, s’mon papa ! Même que je lui ai parlé pour la première fois avec une amie, à la bibliothèque… Eh ouais, la classe, je sais bien ! Mais en fait, c’est un méchant, il voulait nous manger et tout. Heureusement, que comme je suis intelligente, j’ai su nous sortir de là, mais c’était moins une… Il avait une bouche grande cooooooommmme çaaaaaa

Dit la jeune Pouffy en écartant les bras, allant même à taper le visage du jeune homme, encore tellement sous le charme de Rosy ( genre ^^ ) qu’il ne sut pas éviter le coup.

- Aaaaah beuuuuh ! Pourquoi tu me baves sur la main toi d’abord ? On t’a jamais appris à pas faire ça devant une jeune fille ?

Elle snifa sa main :

- Beurk, qu’est-ce que t’as mangé aujourd’hui toi hein ? Faut que je t’apprenne à bien manger ! T’va voir, avec moi, on mange toujours des bonbons. T’inquiètes pas pour ta ligne, tu resteras beau comme moi, regarde…

Lança t-elle en passant les mains sur ces dites courbes corporelles.

Mais elle arrêta de faire ces gestes un peu dépassés quand elle entendit que le garçon lui faisait des avances… Non, non, non ! C’était pas normal ! Elle son truc, c’était de sauter sur les jeunes garçons sans défense avant qu’ils aient eu le temps de faire des avances, ou suggérer des trucs. Ui… C’était plus marrant !

- Euuhmm… Nous ? Faire des trucs ? Je … Je suis belle ? Ah ouais tu trouve ? … Euhm, je veux dire, bah ouais ! Bien sur que je suis belle ! Bien sur, c’est une évidence, je le savais même avant que tu me le dise… S’pour ça que jm’appelle Rosy, Kestucrois ?

…. ... ...

- Au fait, tu veux dire quoi, par « Faire des trucs » ? Parce que tu sais, c’est bien indéfini comme phrase… Moi j’aime les trucs fous, les trucs romantiques. Si tu veux, on sort ensemble. Ca va faire grimper ta côte de popularité, tu vas voir ! Comme ça, d’un coup, ziooooummm =D Mais bon, t’es jeune, tu dois pas connaître ça encore. J’suis sûre tu sais même pas comment on sort avec une fille. En plus je suis pas n’importe qui heiiiin !!

Voilà que maintenant elle commençait à demander aux gens de sortir avec elle. Pitoyable… Non. Elle pouvait pas ! Pour garder son honneur elle pourrait pas. Bon, si jamais il disait oui, ben, elle refuserait, en lui disant qu’il est beau, mais qu’elle a déjà un copain, et puis, qu’il faut être dans la liste… Ouais voilà ! Etre dans la liste…

- Si tu m’as repérée, ton gage sera de découvrir mon prénom ! Héhé… Je suis pas une fille facile. Je donne pas mon prénom à n’importe qui tu sais… Faut le mériter, et avoue que pour l’instant, tu mérites pas grand chose quoi =/

Oula… C’était plus tout clair tout ça. Il y a pas une minute, elle lui proposait de sortir avec lui, et là, elle n’était pas une fille facile… C’était du Rosy, du Rosy tout craché. Pauvre Daneel, il n’était pas au bout de ses surprises…

Daneel profita du fait que Rose écarta les bras pour reprendre discrètement son livre de défense contre les forces du mal. Son manque d’attention lui valut un coude en plein sur le nez. C’est qu’elle devrait faire attention, la Rosy !

Le jeune Poufsouffle trouvait tout cela bien amusant mais il avait surtout hâte de franchir cette stupide peinture de nature morte pour retourner à sa confortable salle commune.

Il continua de se perdre sans ses yeux verts, à la fois amusé et mitigé par les propos de sa consoeur qui parlait de choses qui paraissaient si compliquées, si éloignées du jeune Poufsouffle et avec tant d’aisance, si peu de gêne. Puis, ses yeux suivirent les dites courbes de la jeune fille, suivant ses mains. Il en revint à ses yeux rapidement. Il n'avait pourtant rien mangé de dégoutant, ce jour-là... même qu'il en avait mangé des bonbons...avec ses toasts double confiture, beurre de peanut et chocolat... Peut-être le beurre de peanut ? Non, surement pas le beurre de peanut... Et la confiture ? Impossible... Et le chocolat ne donnait pas mauvaise haleine !

Néanmoins, il s'essuya la bouche et regarda le coude de la jeune fille pour s'apercevoir qu'il s'agissait plutôt d'un peu de sang coulant de son nez.

- C'est malin, ça... dit-il pour lui-même en sortant un mouchoir de sa poche.

Les mots résonnaient, rebondissaient, un peu partout dans la tête châtain clair : « cote de popularité », « sortir avec une fille », « trucs romantiques ». C’était vrai : il ne connaissait rien de tout cela. Rosy touchait à bien des sujets et pouvait même paraître quelque peu intimidante aux yeux de Daneel mais son jeu était très amusant et le jeune sorcier s’y laissait prendre sans se faire trop de soucis.

Et comment savait-il qu’elle s’appelait Rosy ? Elle venait tout juste de lui dire dans son incroyable débit de paroles et ne s’en était probablement pas rendu compte. Ce n’était pas grave et même que ça amusa le jeune Poufsouffle.

Il approcha la main du visage de Rose pour lui saisir le menton tendrement et lui secouer tout aussi gentiment.

- Tu es tombée sur ta belle caboche ou quoi, Rosy ? Car c’est comme ça que tu te nommes… Non ?

Il posa son regard sur son livre de défense contre les forces du mal, maintenant de retour sur ses genoux et son regard glissa momentanément sur le carrelage. Son papa ? S’il arriverait à tirer quoi que ce soit de sensé chez cette fille, il lui faudrait décidément lui demander des éclaircissements par rapport à cette histoire.

- Le crapaud c’est Ombrage… tu sais… l’affreuse nouvelle prof ? Et le mot de passe, c’est pour moi. Je l’ai oublié et j’aimerais bien rentrer pour pouvoir étudier et éventuellement aller dormir… J’suis pas un voleur, pourquoi je viendrais voler des trucs dans ma propre salle commune ?

Il leva la tête, jetant un ultime regard désespéré à la recherche d’un autre élève de sa maison. Il n’y avait personne. Il coula son regard dans celui de Rose à nouveau et sourit.

- Et sinon, je gagne quoi maintenant que je t’ai dis ton nom ?