Depuis une bonne dizaine de minutes, toute l'attention d'Oswald était tourné vers le vieux monsieur assis au bar, plus particulièrement à l'immense verrue qui ornait son cou. Bien que le serpentard était assis à quelques mètres, il pouvait clairement distinguer qu'un espèce de liquide jaunâtre et visqueux s'écoulait le long de l'énorme verrue. C'était vraiment dégoûtant mais en même temps fascinant. Il ne savait pas trop pourquoi mais Oswald ne pouvait pas détourner son regard de ce phénomène. Lui-même avait un peu d'acné comme la plupart des adolescent de son âge, mais ce n'était rien comparativement au truc que le vieillard avait après le cou. C'était plus qu'une simple verrue, on aurait dit un genre de monstre qui émettait des pulsations irrégulières tout en sécrétant une substance assez douteuse. Le gamin ne put s'interroger sur ce phénomène plus longtemps car une personne venait de s'asseoir juste devant lui. C'était une fille, plus vieille que lui sans aucun doute, et elle semblait lui dire quelque chose mais la seule chose que le gamin attendit fut la musique qui résonnait dans ses écouteurs. Enlevant ceux-ci avec le regret d'interrompre une bonne chanson, il n'entendit que la fin ce que la brunette venait de lui dire, c'est-à-dire tout simplement son nom. Elle le connaissait, donc lui aussi devrait la connaître techniquement, mais il ne se souvenait plus où il l'avait vu, à moins que...

-Ah oui, t'es la fille que j'ai dans les cours de duel! Sally c'est ca? Alors, ça va?

Elle est chanceuse la serdaigle qu'Oswald ne lise pas la gazette parce que s'il aurait su qu'elle avait un écrit un article qui était la source de toutes les rumeurs tournant autour de lui et d'une certaine gryffondor, il n'aurait pas été si sympathique. D'ailleurs, pourquoi était-elle venue lui parler? Peut-importe, au moins là, il ne serait pas seul à attendre que la tempête se calme. Si la mémoire d'Oswald était bonne, cette fille avait été décalée d'un ans parce qu'elle avait échoué ces examens. C'est assez drôle quand on y pense parce que théoriquement, les serdaigles sont supposément intello, alors qu'Oswald étant un parfait abrutit dans toutes les matières avait quand même réussi tout ces examens. Il devait sûrement y avoir une mystérieuse force divine qui lui faisait passer tous ces examens ou quelque chose du genre...

-Dit, tu voudrais bien me rendre un p'tit service? J'voulais m'acheter une bièraubeurre mais le balafré servant de barmen m'a dit que je suis trop jeune! En tout cas, j'me demandais si tu pouvais pas aller en acheter une à ma place s'te plaît.

Puis, il déposa une poignée de mornilles sur la table. Bon, il avait peut-être menti un peu, mais était-ce si grave que ça? En fait, la raison pour laquelle il ne voulais pas acheter lui-même la bièraubeurre, c'est tout d'abord parce qu'il ne voulait pas s'approcher du vieux crouteux avec l'immense verrue de peur d'attraper une quelconque maladie. Et deuxièmement, Oswald respectait à la lettre une loi très importante, c'est-à-dire, la loi du moindre effort. Pour faire une histoire courte, il était tout simplement paresseux.

S'appuyant sur le dossier de sa chaise, Oswald observa les autres personnes présentes. Il y en avait toujours qui leurs jetaient des regards suspicieux de temps en temps. Il fallait avouer que deux élèves de Poudlard qui n'avait supposément pas le droit de se trouver hors de l'enceinte de l'école qui étaient dans le pub le plus mal fréquenté du village, c'était plutôt inhabituel. L'endroit était trop sombre et mystérieux. C'était peut-être ici que les mangemorts venait recruter les jeunes serpentards! Vous imaginez, Oswald, futur mangemort et tueur en série, ça sonnait plutôt bien. Si on y pensait bien c'était génial comme métier. Non seulement ça devait être hyper payant, mais en plus on était accepté peu importe nos résultats aux aspics. Vraiment, mangemort, c'était le métier idéal! Quoi? Comment ça je me suis écarté du sujet? Mais non voyons...

Sally acquiesça à la question d'Oswald. Oui ! C'est vrai ! Ils étaient aussi dans le même cours de Duel… Mais bon… Ce n'était pas comme si Sally l'avait vraiment remarqué… Disons plutôt qu'un autre Serpentard attirait davantage son attention dans le-dit cours… En fait, Sally connaissait davantage son interlocuteur à travers le bal, plus qu'autre chose. Et par extension, son article de la gazette. En parlant de cet article… Mais c'est qu'il lui parlait aimablement ! Se pouvait-il qu'il ait bien pris son compte rendu du bal…? Alors s'il l'avait bien pris, c'était peut-être parce que c'était vrai ? Oh ! Oh ! Ah ! Ah !

*Ou peut-être qu'il ne l'a pas lu, aussi…*

Ah. Zut alors. Humpf.

Citation :

-Dit, tu voudrais bien me rendre un p'tit service ? J'voulais m'acheter une bièraubeurre mais le balafré servant de barmen m'a dit que je suis trop jeune ! En tout cas, j'me demandais si tu pouvais pas aller en acheter une à ma place s'te plaît.

Et Sally haussa un sourcil. Puis le deuxième ne tarda pas à rejoindre le premier. Que… Quoi ?!? Avait-elle bien entendu ? Ce… ce p'tit morveux, il voulait se servir d'elle pour aller lui chercher une bièraubeurre ? Et… Quoi ? Trop jeune ? C'était n'importe quoi ! Depuis quand y avait-il une limite d'âge pour boire une bierraubeurre ? Le whyski pur feu, ou l'hydromel ou le rhum, Sally pouvait comprendre… Mais la bierraubeurre… ? Humpf. Et puis encore ? La Serdaigle se redressa de tout son mètre soixante-dix. L'impertinent se servait d'elle, voilà tout ! Il allait voir, ce qu'il allait voir ! Sally avait envie de brandir sa baguette et de jeter son fameux et terrible sort de Chatouillis en pleine tronche de ce… de ce sale prétentieux de Smith, La main de Sally serra le roseau de sa baguette et elle fronça les sourcils.

Pourtant, elle n'en fit rien.

Elle se dirigeait vers le comptoir tout en continuant sa réflexion. Et puis d'abord, ça n'aurait pas été raisonnable, d'attirer ainsi l'attention sur eux dans ce pub mal famé de Pré-au-Lard. Un éclat de rire aurait paru tellement mal placé dans cet endroit… ! Même si celui-ci était provoqué par un pur esprit de vengeance, ou de punition. De plus, le barman n'aurait pas hésité à les foutre dehors et ce, en dépit de la terrible tempête qui faisait rage dehors, bien plus encore que la colère que Sally se devait d'intérioriser.

*Bien ! Bien ! Tu te montres enfin digne de ta maison, petite aiglonne.*

Et puis d'abord, elle n'était pas petite. Humpf. Elle faisait 5 pieds 6½ d'abord.

**Rentre-toi ça dans le crâne, espèce de sale tyran !**

Voilà à quoi pensait Sally pendant qu'elle se dirigeait vers le comptoir pour commander deux bierraubeurres. Du coin de l'œil, elle vit un monsieur, ou plutôt l'énorme verrue d'un monsieur. Une verrue qui suppurait, qui suintait… Sally eut un haut-le-cœur et détourna aussitôt la tête, priant pour que ses boissons arrivent le plus vite possible. Le barman les lui apporta, non sans un regard suspicieux à son endroit. La Serdaigle laissa vite échapper le juste montant, puis repartit illico vers la table du fond pour retrouver Oswald. L'intermède verruqueux ayant chassé de ses pensées sa colère, Sally put offrir quasi aimablement la deuxième bouteille au Serpentard.

« Et oublie pas de me rembourser !», s'empressa-t-elle d'ajouter tout en décapsulant la sienne.

La Serdaigle baissa alors son regard vers sa boisson et grimaça en remarquant sa supposée propreté. Alors elle tira sur la manche de son sweat-shirt, afin de recouvrir sa main et frotta consciencieusement le rebord à l'aide de la-dite manche. Pour le reste, OSEF… Sally n'était pas si dédaigneuse que ça ! Après tout, elle avait déjà mangé des vers de terre, alors…

Après avoir demandé à Sally d'aller lui chercher une bièraubeurre, la serdaigle changea subitement d'expression faciale. C'était assez impressionnant de voir à quel point elle avait le parfait contrôle sur ses sourcils! Ces derniers étaient haussés, ce qui signifiait qu'elle se doutait que quelque chose clochait dans l'histoire d'Oswald. Peut-être était-elle plus intelligente qu'elle ne le paraissait? En tout cas, elle n'avait pas vraiment l'air contente. Est-ce qu'elle allait le giffler? Mais non, elle semblait avoir la main dans la poche, mais Oswald ne voyait pas ce qu'elle tenait à moins que cela soit...

*Sa batte de Quidditch! Ça y est, c'est la fin pour moi, adieu monde cruel!*

Si elle avait bel et bien sa batte et qu'elle avait l'intention de l'utiliser, Oswald n'avait aucune chance. Même avec ses gros bras musclés, il ne ferais pas le poids contre une batte de Quidditch. Tout ça rien que pour un petit mensonge de rien du tout! Redoutant le pire, Oswald devint légèrement blême mais à sa grande surprise, Sally se dirigea en silence vers le comptoir. Finalement, la serdaigle l'avait peut-être cru, cela prouvait qu'elle n'était donc pas si intelligente que ça. Comme d'habitude, Oswald avait obtenu ce qu'il voulait, c'était donc lui le plus malin dans toute cette histoire! Un serpentard qui exploite une pauvre serdaigle, quel beau spectacle, Salazard aurait sûrement été fier de lui. Prenant un air plus décontracté et affichant un petit sourire, le jeune Smith observa Sally qui ,alors qu'elle commandait les bièraubeurre, aperçue l'homme à la monstrueuse verrue. La serdaigle afficha un air de dégoût qui fit légèrement rire Oswald. Il essaya de retrouver son clame lorsqu'elle revint avec les deux bièraubeurres qu'elle déposa gentiment sur la table. Apparemment, elle n'avait pas vu qu'Oswald avait déposé l'argent sur la table car elle lui demanda de la rembourser. En plus d'être naïve, elle était aveugle aussi? Pauvre fille...

-J'ai déjà mis l'argent sur la table. Et merci beaucoup en passant, je te revaudrai ça un de ses jours!

Et un mensonge de plus. Vraiment, il était en feu Oswald cette journée là. Débouchant sa bouteille, il commença à boire tranquillement. La tempête n'avait pas l'air de vouloir se calmer, il avait donc tout son temps pour déguster sa bière. Elle n'était pas aussi délicieuse que celle qui était vendue au bar des Trois-Balais, mais c'était toujours mieux que rien du tout. Histoire de casser l'ambiance lugubre de la taverne, le blondinet se dit que ça serait bien de discuter un peu avec Sally. En plus, ça ferait passer le temps plus vite. Mais, il fallait tout d'abord trouver un sujet de discussion, ce qui n'allait pas être facile étant donné qu'il ne connaissait presque rien à propos de la serdaigle. Il savait qu'elle jouait au quidditch, mais rien de plus.

-Hey, quand t'a commandé les bièraubeurres, est-ce que t'a vu que le mec assis au comptoir avait une immense verrue? Tu trouves pas qu'elle ressemble étrangement à celle que Rusard a sur le nez? Ils ont peut-être la même maladie...En tout cas, à ta place, je passerai à l'infirmerie en revenant à Poudlard. On sait jamais, c'est peut-être contagieux ce truc... lança Oswald d'un ton anormalement dramatique.

Contrairement à ce qu'on pourrait croire, Osald était sérieux quand il avait dit cela. Le fait que le monsieur assis au bar et Rusard ait exactement la même verrue n'était pas qu'une simple coïncidence. C'était peut-être un virus hyper contagieux. Mais si Sally avait attrapé la maladie, elle aussi devenait contagieuse. Donc, cela voulait dire qu'Oswald allait se faire contaminer par la serdaigle! Si le blondinet se retrouvait avec une verrue, son super look de surfer allait tomber à l'eau!

Et Sally prit l'argent d'un air songeur, observant du coin de l'œil le jeune Oswald… Comme c'était curieux… Comme c'était curieux à quel point il pouvait lui rappeler quelqu'un.

*À toi aussi ? Tu m'étonnes… :sifle:*

Oui ! Voilà ! Ça lui revenait ! Oswald Smith lui rappelait tout simplement… elle ! Le même sarcasme dans la voix, la même hypocrisie, le même talent pour le mensonge… Décidément. Par conséquent, elle ne se ferait pas prendre au jeu que Smith semblait avoir initié. Malgré lui ou en toute connaissance de cause ? Le fait était que Sally ne le crut aucunement lorsqu'il lui dit qu'il allait lui rendre la pareil un de ces quatre. Un sourire amusé se dessina sur les lèvres de la Serdaigle et elle releva la tête.

« Mouais c'est ça… Quand les poules auront des dents, on s'en reparlera ! »

Le sourire amusé se fit franchement moqueur et Sally reprit une gorgée de sa bierraubeurre. C'est que je fais des rimes, moi ! Mouais bof… Ça ne valait pas celle des Trois Balais, mais c'était déjà mieux que rien. Quoique… Bien sûr, Sally n'était pas Legilimens et elle ignorait totalement qu'au même instant, Oswald avait pensé presque la même chose. Les grands esprits se rencontrent… Sally laissa alors balader son regard sur les quelques individus à l'air louche qui peuplaient le bar et il lui sembla croiser le regard glacial d'un vampire. Si vraiment c'était le cas, alors Sally ferait mieux de rapporter gentiment et rapidement ses prunelles brun merde (selon elle) sur sa bierraubeurre. Et juste à ce moment, le Serpentard reprit la parole.

Citation :

"Hey, quand t'a commandé les bièraubeurres, est-ce que t'a vu que le mec assis au comptoir avait une immense verrue?"

Sally afficha à nouveau une mine dégoûtée. Pourquoi les garçons avaient-ils l'heur de choisir les sujets de conversation les moins ragoûtants à table ?

« J'ai remarqué, en effet…»

Citation :

"Tu trouves pas qu'elle ressemble étrangement à celle que Rusard a sur le nez?"

Oh ! Pitié ! Pas Rusard !

« Un peu trop même…»

Citation :

"Ils ont peut-être la même maladie...En tout cas, à ta place, je passerai à l'infirmerie en revenant à Poudlard. On sait jamais, c'est peut-être contagieux ce truc..."

« Si ça l'est pour moi, ce le sera aussi pour toi !» répondit-elle du tac au tac en levant les yeux au ciel. Elle attendit une fraction de seconde avant d'ajouter :« Mais j'y pense ! Y'a que des gars qui semblent atteints par cette maladie ! Si ça se trouve, c'est une maladie d'homme !»fit-elle d'un ton très concerné et inquiet.« Alors c'est toi qui aurais intérêt à aller à l'infirmerie, non ?»

Sally se cala alors dans sa chaise, une lueur satisfaite dans le regard et reprit une autre gorgée de bierraubeurre. Et elle s'amusa alors à détailler la soudaine inquiétude qui s'étalait désormais sur le visage d'Oswald. Mais ma parole ! C'était qu'il semblait la croire ! Décidément, Sally était la reine du mensonge. Elle devrait peut-être songer sérieusement à faire carrière au théâtre, comme le lui avait proposé sa mère, finalement… Hmm… À réfléchir… Et puis ainsi, même si elle échouait ses BUSEs, ça n'aurait aucune réelle importance, puisque pour devenir comédienne, il ne fallait que le talent. Et ça, notre aiglonne en avait à revendre ! Inné ? Presque, dirons-nous ! Mouarf.

« Mouais c'est ça... Quand les poules auront des dents, on s'en reparlera ! »

*C'est-à-dire, jamais! Ça tombe bien, je me disais justement la même chose...*

- Ok, comme tu voudras!

Sally n'avait pas l'air de le croire, mais qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire? Il avait eu ce qu'il voulait, c'était l'essentiel. Il écouta attentivement la serdaigle lui répondre. Il y avait peut-être un brin de vérité dans ce qu'elle disait. Mais il y avait quelque chose qu'il ne fonctionnait pas. Si la maladie était contagieuse et que Rusard était atteint de la dite maladie, alors comment ce fait-il que même si Oswald avait croisé Rusard à quelques reprises, le blondinet n'eu jamais le moindre signe d'une quelconque verrue sur sa peau? Donc l'argumentation de la serdaigle était bidon! Il avait lui-même contredit sa propre théorie de départ mais au moins, au bout du compte, c'est lui qui avait eu raison, comme d'habitude quoi! Sally avait beau être une bonne comédienne, son histoire ne marchait tout simplement pas. Donc, si Oswald aurait été assez intelligent, c'est le raisonnement qu'il aurait fait, mais comme ce n'est pas le cas, il était obligé de la croire.

-T'es malade ou quoi? Après ce que j'ai vécu là-bas, pu jamais j'y retournerais!

C'est vrai que le blondinet avait vécu des expériences assez traumatisantes dans l'infirmerie. Il y avait l'épisode lorsqu'il était resté avec les trois autres serpentards en pleine nuit, mais ce n'était rien comparé à la torture qu'il avait du endurer lorsqu'il s'y était retrouvé avec Mariana. Il en avait fait des cauchemars pendant un mois entier. Peut-importe, c'était du passé tout ça et c'était mieux de ne pas trop y penser. Finissant sa bièraubeurre, il resentit soudainement que sa vessie était pleine. Tout en se levant de sa chaise qui émit un grincement, il dit:

-J'revien, faut qu'j'aille faire un tour au p'tit coin.

Il s'assura de passer le plus loin possible de l'homme à la grosse verrue. Ben quoi, on n'est jamais trop sûr. Il arriva dans un coin sombre de la taverne et il vit une affiche délabré qui annonçait: Toilettes. Hésitant un peu, il poussa légèrement la porte et jeta un coup d'oeil à l'intérieur de la salle, mais il n'osa pas y entrer. Non seulement l'endroit était dans un état lamentable, mais il y avait aussi une odeur peu agréable à respirer. Il y avait de la crasse partout, allant du plancher jusqu'au plafond en passant pas les murs. On aurait dit que personne n'avait lavé la pièce depuis des siècles. Du coup, le blondinet n'avait plus du tout envie d'aller à la toilette. Il aurait cent fois mieux préféré que sa vessie éclate que d'entrer dans cette salle tellement délabré qu'on pouvait difficilement appeler ça une toilette. Lui qui croyait que les toilettes des garçons à Poudlard était mal entretenue, il ne s'était pas attendue à voir une telle chose. Sans attendre plus longtemps, il revient gentiment s'asseoir à la table. Encore sous le choc des toilettes, il resta silencieux et se mit à regarder la pluie tomber à l'extérieur. Si seulement il aurait eu encore un peu d'argent, peut-être qu'il aurait pu s'acheter une autre bièraubeurre. Dommage que ses parents aient décidé de lui couper de moitié son argent de poche à cause de cet été quand il avait fait disparaitre accidentellement la moitié de l'auto de son père avec sa baguette...

Après ce qu'il avait vécu à l'infirmerie ? Oh ! Oh ! Ah ! Ah ! C'était que ça commençait à être intéressant, ça ! Et Sally se pencha vers Oswald, le regard avide, espérant qu'il continuerait à voix haute sa pensée. Bah vi ! Roh… Sally, elle avait beau être un peu tom boy et garçon manqué sur les bords, elle n'en restait pas moins une fille. Et une fille, ça aimait bien les potins et ça aimait bien aussi les histoires croustillantes. Et dans l'esprit de fille amatrice de potin de Sally, l'histoire de l'infirmerie ne pouvait être que croustillante. Surtout que dans l'infirmerie… Hmmm ! Il pouvait s'en passer, des trucs ! Bon… les pensées qui ont suivi, ce n'était pas vraiment la miss Potin en Sally mais plutôt les hormones qui embarquaient.

Mais il n'en fut rien. Oswald termina sa bierraubeurre sans même ajouter quoique ce soit d'autre et il finit par se lever en disant qu'il se rendait au petit coin et qu'il allait revenir. Ah ? Parce qu'on pouvait ne pas revenir des toilettes ? C'était vrai quoi ! Vous n'aviez jamais remarqué que les gens disaient toujours en allant aux toilettes qu'ils allaient revenir ? Comme si quelqu'un avait déjà disparu dans les chiottes en tirant la chasse d'eau… Un poisson rouge qui dirait « Je reviens ! Je vais au p'tit coin.», Sally pouvait comprendre. Après tout, un poisson rouge pouvait très bien disparaître dans les méandres d'une cuvette des toilettes. Mais un poisson, ça ne parlait pas. Enfin… pas aux dernières nouvelles.

Et pendant que toutes ces pensées traversaient l'esprit de la Serdaigle et que le Serpentard faisait plus ample connaissance avec mesdemoiselles cuvette et chasse d'eau (eh ho ! Sally ne pouvait pas savoir qu'Oswald avait renoncé à l'idée de vider sa vessie suite à sa découverte de l'état de salubrité des lieux, même si à en juger par l'état de sa bouteille, elle pouvait très bien se l'imaginer), Sally continuait à vider la-dite bouteille. Contrairement à celle de Mr Smith, la situation financière de notre jeune amie allait très bien merci, et elle aurait très bien pu aller se chercher une seconde et même une troisième bierraubeurre. Mais… elle ne savait pourquoi, elle n'avait pas vu. :/ Allez savoir ! Alors ses mornilles d'argent et ses galions d'or restèrent bien sagement dans sa petite bourse en cuir et Sally attendit patiemment le retour de son jeune interlocuteur. Et tout ce qu'elle trouva à lui dire, le coude sur la table, la tête posée dans sa main, fut un bête :

« T'as fait vite, dis donc !»

Bien sûr, elle ne savait pas que cela pourrait peut-être contribuer à ternir un peu plus sa réputation de Serdaigle intelligente et trop, trop brillante. Mais bon, hein… Quand on recommençait une année, il ne fallait pas s'attendre à conserver une telle réputation bien, bien longtemps. Sauf peut-être en sorts et enchantements. Ah ? Vous l'saviez pas ? Le cours du professeur Flitwick était le seul dans lequel Sally avait réussi à avoir un Optimal l'année précédente. Applaudissez… Applaudissez… Merci, merci !

[HJ: Sorry... c'est un peu court... ]

Bah ouais. Oswald, ce n'était pas une de ces filles bébêtes ! C'était un mec, un vrai quoi ! Comme ceux avec qui Sally avait passé toute son enfance. Uh uh… très intéressant tout ça ! Et oui, il y avait définitivement des avantages à être un homme ! Ne serait-ce que parce qu'ils n'étaient pas aux prises avec un certain truc mensuel et exclusivement réservé à la gent masculine.

« Ah ouais ! Ça me pue au nez, les filles qui font ça,» répondit Sally en grimaçant.

Bien sûr, Sally était loin de se compter parmi ce genre de filles. Elle, lorsqu'elle allait au petit coin, c'était pour des envies pressantes, point barre ! Le maquillage, c'était tellement le dernier de ses soucis ! Pourtant, il lui arrivait quelques fois de se mettre un peu de crayon sur les yeux et du mascara. Mais c'était trois fois rien, et ça paraissait à peine. Quant à ses cheveux, la plupart du temps, elle les laissait lâchés, ou alors elle se faisait une queue de cheval. Pas de quoi fouetter un kneazel, quoi !

Soupir. Ça commençait à être long. Quand est-ce que cette damnée grêle allait cesser de tomber, pour ainsi pouvoir faire quelque chose d'utile ? D'intéressant surtout. Parce que rester assise à ne rien faire à une table du pub la Tête de Sanglier, ce n'était pas trop l'idée que Sally se faisait d'une bonne soirée à enfreindre les règles. En fait, il suffisait juste qu'il se passe un peu d'action… Après tout, les deux élèves pas si modèles que ça se trouvaient dans l'un des bâtiments les plus mal famés de Pré-au-Lard ! Il ne pouvait pas ne pas se passer quelque chose !

Euh… En fait, il ne suffisait que de demander ! Sous le regard éberlué de Sally, une bataille se déclencha sous ses yeux ! Surprise, elle ne fit d'abord aucun geste, figée qu'elle était. Euh… Elle n'en demandait pas tant !

« Quelque chose me dit que tu as raison !» répondit-elle en se levant avec lenteur, les yeux toujours fixés sur ce début de duel qui ne tarderait pas à dégénérer. Alors autant ne pas se faire remarquer et adopter un profil bas. Et peut-être même marcher à quatre pattes, ce ne serait pas une si mauvaise idée. Tenir la baguette prête, aussi ! Ce ne serait pas un mal. Et tout cela, en espérant sincèrement que rien ne lui arriverait !

**Bouse ! Je ne veux pas mourir, moi ! **

*Mais non, banane ! Tu ne vas pas mourir ! Garde ton sang-froid et… MAIS QU'EST-CE QU'IL FICHE, CET IDIOT ?*

Gné ? Ah non ! Ils venaient d'être remarqués ! Ils allaient mourir ! Ahhhhhhhhhh !

CRAAAAAAAAAC !

La table détruite ! Sally pâlit et se recroquevilla en petite boule, juste à côté d'Oswald.

« Là, on est mal ! MAIS QU'EST-CE QU'ON VA FAIRE ??????»

Euuuuh… Heureusement pour Sally, elle n'avait pas crié cette dernière. Elle l'avait juste dite d'un ton très paniqué. Vous ne saviez donc pas que Sally était un peu lâche sur les bords ? Pas pour rien qu'elle n'avait pas atterri à Gryffondor.

Et puis ce que la sortie était loiiiiiiiiin ! Pourquoi ne pouvait-on pas passer son permis de Transplanage à quinze ans ? Ça l'aurait bien arrangé, là, tout de suite !

Et puis crier à l'aide n'était vraiment pas une bonne idée.

« Bouse… qu'est-ce qu'on va faire ?» répéta-t-elle en évitant de justesse un jet de lumière rouge qui alla terminer sa courte vie contre le mur derrière elle. Bien fait pour lui, tiens !

Jusqu'à maintenant, le blondinet était resté assez calme, se disant que la serdaigle, qui était plus âgé et donc plus intelligente, doué en sortilèges et tout, allait trouver le moyen de les sortir de là en deux temps trois mouvements. Mais là, il y avait quelque chose qui clochait car vu la façon dont elle était recroquevillée en position foetale à côté de lui, elle avait l'air encore plus paniqué que lui. Cela n'arrangeait pas les choses et donc, en voyant Sally, le blondinet se mit lui aussi à paniquer. Ils étaient dans la merde. Qui sait, peut-être qu'Oswald allait mourir à cet endroit dans à peine quelques instants. Quelle catastrophe, le blondinet voyait déjà la tête de sa mère apprenant que son fils est mort alors qu'il était illégalement dans un pub après les heures de cours. Il allait sûrement être puni à rester confiné dans sa chambre pour l'éternité, ce qui est selon moi une punition bien pire que la mort. Peut-importe, cela n'arrivera pas de toute façon car quelqu'un allait venir les sauver n'est-ce pas?

« Là, on est mal ! MAIS QU'EST-CE QU'ON VA FAIRE ??????»

C'était une question assez pertinente vu la gravité de la situation dans laquelle ils étaient. Grâce à sa grande imagination, le blondinet arriva à imaginer quelques plans d'évasion, mais aucun d'eux ne leur assurait une espérance de survie de plus de cinq secondes. Pendant que le serpentard était dans une période intense de réflexion, la serdaigle se contenta de répéter sa question, ce qui n'allait pas arranger leur problème. Décidément, il ne fallait pas s'attendre à ce qu'elle se rend utile, c'est une femme après tout, il ne faut pas trop lui en demander. Le serpentard leva la tête et scruta la salle à la recherche d'une issue accessible. Un premier coup lui permis de voir qu'il n'y avait aucune fenêtre, pas étonnant que l'endroit soit aussi sombre. Un peu plus loin, à côté du comptoir se trouvait une porte qui menait sans aucun doute à l'arrière boutique. Peut-être qu'à partir de là, il pourrait atteindre la ruelle. Seulement, c'était aussi très risqué. La porte était peut-être barrée et puis même s'ils arrivaient à y entrer, qui sait ce que le barman leur ferait subir s'il les trouvait là. Mais avait-il vraiment le choix? Il n'y avait pas d'autre possibilité, à moins que...il y avait en fait un endroit où Oswald avait aperçu une fenêtre...

*Eurk, t'es malade ou quoi, j'vais quand même pas y retourner?*

Eh oui! D'un air dégoûté, le blondinet jeta un regard vers les toilettes. Il y avait aperçu une petite fenêtre lors de sa première visite. Bien que cela soit une bonne idée, disons que remettre les pieds dans cet endroit ne l'enchantait guère. Il détourna son attention pour observer Sally qui avait l'air toujours aussi paniquée.

-Euh... Surtout, il faut absolument qu'on garde notre calme, d'accord?

Peut-être était-ce dû à son teint pâle, à sa voix hésitante et incertaine ou bien à son corps qui tremblait, mais Oswald n'avait pas l'air crédible lorsqu'il avait dit cette réplique.

-Bon alors, qu'est-ce qu'on fait? euh...je sais pas...Tu connaîtrais pas un sort qui nous permettrait de sortir d'ici? On peut toujours essayer de passer par l'arrière boutique mais c'est assez risqué. Dans le pire des cas, il y a les toilettes...

S'abritant à l'aide de ce qui restait de la table, ce qui lui conférait une protection pour ne pas dire quasiment nul, le blondinet attendit une réponse de la serdaigle. Dans le meilleur des cas, elle tombait sans connaissance sous l'émotion trop forte. De cette façon, Oswald pourrait mettre à exécution son plan initial qui consistait à utiliser Sally comme bouclier humain. Bien que ce soit un des meilleurs plans, Oswald avait cru qu'il ne vaudrait mieux de pas lui en parler. Quelque chose lui disait qu'elle n'allait pas apprécier cette idée...

Bon. C’était bien beau tout ça, mais les deux adolescents n’étaient pas plus avancés que la seconde d’avant. Surtout depuis que l’on aurait pu les confondre avec un fantôme, à en juger par la pâleur commune de leur visage.

*Ah tiens ! Un autre point en commun ! Vous faites une belle paire, dis donc… Et pis d’abord, c’est toi la Serdaigle dans toute cette histoire ! Et pis t’es la plus vieille, aux dernières nouvelles. Et pis t’es la meilleure en sortilège.*

**Euh. Non. C’est pas moi la meilleure.**

*Ah c’est vrai. Jusqu’à l’année dernière, c’était Granger. J’avais oublié, désolée.

**Euh, vois-tu petite voix, j’ai bien d’autres kneazles à fouetter que de te faire la gueule pour le moment. Alors si tu pouvais te rendre utile, ce serait fortement apprécié…
Non ?
Rien ?
C’est bien ce que je pensais. Alors laisse-moi réfléchir. Et ne t’avise pas de répliquer !**

Sally risqua un œil au-dessus de la table renversée qui leur servait d’abri de fortune et balaya elle aussi la salle d’un œil maladroit. Ce qu’elle avait le croup là maintenant ! C’était horrible ! Jamais connu pareil croup de sa jeune vie ! Et pis c’était désagréable comme pas possible ! C’était vrai quoi ! Cette sensation de perte de contrôle, d’être à la merci…

Sally plongea pour éviter une étincelle turquoise. TURQUOISE ! C’était vachement prêt du vert ça ! VERT COMME LE SORTILÈGE DE LA MORT !

…OH BOUSE ! Elle était à la merci de ces sorciers bagarreurs ! Sa vie pouvait dépendre d’un sort lancé à l’aveuglette ! Nom d’une crotte de bique enragée ! C’était fou comme certaines choses que l’on croyait acquises et sous notre contrôle pouvaient du jour au lendemain se retourner contre soi et avoir la capacité de nous entraîner vers une mort certaine.

Mort certaine…

Euh…

Attendez. Mourir à quinze ans d’un sort isolé ?!? NON MERCI ! Plutôt m… euh… mouais bon ! You get the picture !

« Ben alors, allons aux toilettes, puisqu’il doit en être ainsi !» s’exclama-t-elle d’un ton décidé, tel un oiseau s’envolant d’un arbre.

Mouais parce que l’arrière-boutique… Beaucoup trop risqué. Et puis bon hein ! Je ne sais pas pour vous, mais moi, dans une telle situation, je préfère avoir toutes les chances de mon côté.

« Bon alors à trois… » Sally prit une grande inspiration, puis murmura fortement en serrant le bras d’Oswald : « TROIS ! »

Conservant son point de gravitation le plus bas possible, comme ça, la Terre exerce une moins grande attraction sur elle et ça fera moins mal si jamais il advenait qu’elle chutait, Sally avança à trois pattes (bah ouais ! une qui serrait toujours le bras d’Oswald ! ) vers la salle de bain qui retenait peut-être en son sein leur unique chance de salut. Ouais du coup, il fallait se grouiller. Et que ça saute !