La veille au manoir Bower avait eu lieu ce que certaines personnes appellent un heureux événement. Bien grand mot lorsque l'on connait cette sombre famille et ses méthodes d'éducation. Car du ventre de Bronach Bower venait de sortir pour la seconde fois consécutive une fille. Le destin de la nouvelle née était probablement déjà tout tracé: dès qu'elle en aurait l'âge, elle serait battue et subirait peut-être même des sévices encore plus grave, tout ceci dépendrait de sa manière de réagir... Mais la destinée de l'enfant n'était pour le moment pas un sujet préoccupant. Celle de la précédente fille, Lynn, l'était bien plus. Et c'était sans parler du jeune Ailin qui semblait être quelquefois trop altruiste pour un vrai Bower de ce nom.

Pour cette journée de sortie à Pré-au-Lard, Torin avait donc été affublé de plusieurs missions. L'une d'entre elles consistait à informer ses frères de la naissance -alors qu'un hibou pouvait parfaitement s'en charger- et l'autre consistait à se renseigner sur certaines « choses ». Cependant, lorsqu'il était arrivé au village, le jeune mangemort n'avait vu aucun de ses frères. Non, il avait vu quelqu'un d'autre.
Il était certain de ne pas trouver Lynn puisqu'elle était en deuxième année. Même l'année prochaine il ne la trouverai pas à moins que leur père n'ait la brillante idée d'envoyer en plus d'une somme d'argent mensuelle l'autorisation de sortie au village sorcier. Ceci étant dit, le jeune homme avait trouvé une personne presque aussi interessante que sa soeur: quelqu'un qui savait où elle se cachait l'été.

Le mangemort avait donc passé un certain temps à l'ombre d'une ruelle où il avait eu le loisir d'utiliser des méthodes peu orthodoxes pour extirper des informations à un dénommé Kael, le préfet des Poufsouffles parait-il. Et la séance avait été plutôt amusante, bien que le garçon trop faible n'ait pas assez résisté à la torture, auquel cas Torin aurait bien expérimenté d'autres méthodes. Mais peu importe, il avait obtenu une adresse.
C'était donc pour fêter cette probable victoire qu'il avait transplané à proximité du pub de la Tête de Sanglier. L'endroit semblait miteux mais le vin et l'hydromel y étaient d'une qualité exceptionnelle, ainsi que le whisky pur feu. L'ainé des fils Bower n'était certes pas un alcoolique notoire, bien au contraire, mais il savait apprécier chaque breuvage à sa valeur et selon la situation. Pour exemple, le vieux vin était réservé aux « victoires », c'était donc ce qu'il commanderait au vieux barman.

Le pas léger, un étrange sourire au coin des des lèvres et sa capuche recouvrant partiellement son visage, Torin s'avança vers l'entrée du pub. D'une main il poussa la porte d'entrée, puis de l'autre, en avançant, il retira sa capuche. Il ne craignait pas d'être vu ici, seules les personnes ayant quelque chose à s reprocher le craignaient. Non, le jeune mangemort n'avait définitivement rien à se reprocher, peu importe la légalité de ses activités. Ses yeux firent lentement le tour de la sombre salle afin de trouver une table lorsqu'il reconnut face à lui une silhouette on ne peut plus familière.
Ailin se trouvait là, devant lui, et sans doutes dans l'un des endroits où il n'aurait pas imaginé le rencontrer. C'était amusant comme le destin faisait bien les choses quelquefois: lorsque Torin avait cherché ses frères, il n'avait trouvé qu'un pauvre Poufsouffle, ce dernier s'étant avéré plus qu'utile, et, maintenant qu'il ne cherchait plus, Ailin était juste devant lui à prononcer son prénom.

« Ailin, ça tombe bien je te cherchai. Allons nous asseoir. »

Peu importe les forumles de politesse ou les grandes effusions pleines d'une fraternité ecoeurante, ce n'était pas la spécialité de la maison. Torin montra une table vide à son frère et lui fit signe d'y avancer, le suivant pour commander un verre de cuvée des gobelins ainsi qu'une bièreauberre au passage. Payer un verre à Ailin n'était pas un acte de bonne foi mais à la Tête de Sanglier, tout le monde devait consommer.
Le mangemort prit enfin place face à son frère et l'observa quelques instants avant de parler. Il remarqua la pâleur du garçon, ces étranges traits de fatigue... Ce visage avait le don de lui rappeler lui-même se voyant dans le miroir durant la periode où il passait ses ASPICs. Serdaigle hein, les élèves y étaient si scrupuleux quant à leur travail, mais tout de même. Ailin n'était qu'en troisième année, les devoirs n'étaient pas si durs que ça, alors pourquoi une tête aussi fatiguée? Leur père voudrait des nouvelles et les plus interessantes seraient les mieux.

« Tu sembles bien pâle... »

Même si ses mots s'approchaient plus de la constatation, Torin avait bel et bien posé une question. Pour le moment, il n'était pas necessaire de révéler la raison de sa venue, il savait que la question viendrait et voulait faire durer le plaisir. Il y avait également autre chose, il ne pouvait pas en parler, mais le sourire qu'il avait esquissé en apprenant la probable adresse de Lynn ne le quittait plus. Le jeune mangemort aurait donné beaucoup pour voir la tête de son plus jeune frère en lui apprenant qu'il savait où leur soeur serait cet été, mais il ne pouvait le dire. Et, comme il l'avait clairement annoncé presque un an plus tôt, s'il la retrouvait il ne préviendrait pas Ailin car ce dernier n'avait pas daigné l'aider dans ses recherches.

"Torin"
Le regard sombre de son frère se baissa sur lui, tandis que sur son visage arborait un fin sourire qu'Aïlin ne savait en rien adressé à lui. Il avait manifestement l'air de bonne humeur, mais le garçon n'eut guère le temps de réfléchir à la raison de celle-ci.
- Ailin, ça tombe bien je te cherchai. Allons nous asseoir.
D'un geste, Torin lui présenta une table qu'Aïlin rejoignit en silence malgré les questions qui se bousculaient dans son esprit.
Torin le cherchait. Qu'avait-il à lui apprendre ? Cela concernait-il l'enfant qu'attendait leur mère ? Mais ce sourire était significatif de bonne nouvelle pour l'aîné, et la "simple" naissance de l'enfant ne pouvait être considérée comme telle.

Docilement, Aïlin avait tiré une chaise et s'était assit tandis que l'aîné des Bower prenait place lui même, après avoir passé commande auprès du patron.
Arborant un air neutre, le jeune frère observa son aîné, s'offrant ainsi à une inspection qu'il ne pouvait de toute façon éviter. Les yeux de Torin se plissèrent infimement tandis qu'ils parcouraient les traits du jeune frère, mais ce sourire flottant, qui ne faisait qu'inquiéter Aïlin n'en disparut pas pour autant.
- Tu sembles bien pâle...
Aïlin garda le silence, prenant le temps de penser à une excuse qui satisferait Torin, s'il en venait à trop s'interresser à ton teint maladif. Par chance, quelques instants de réflexion lui furent permis grâce à l'arrivée du patron à leur table, déposant devant les bras croisés d'Aïlin une bouteille de biereaubeurre accompagnée d'une chope vide.
Le regard morne de l'homme se posa sur Torin alors qu'il rabattait son torchon sale sur son épaule, semblant attendre la somme qui lui était dûe. Quand la vague d'odeurs nauséabondes qu'avait entraîné le tissu sur son passage frappèrent les narines d'Aïlin, il ne put retenir une légère grimace dégoûtée tandis que son frère payait l'addition.

- Tu sembles bien souriant...
Finit par répondre Aïlin alors que le maître de maison se retirait, reprenant la conversation comme si rien ne les avait arrêté.
Il sortit de sa poche sa baguette magique et employa un récurvite sur sa choppe ainsi que, délicatesse oblige malgré la nature de leur lien, sur le verre de Torin.
Calmement, sans encore lever le regard dans celui du Mangemort, Aïlin rangea sa baguette et se servit. Il se doutait bien que retourner ainsi la question à son frère avait des chances d'attirer plus encore l'attention, et qu'il ne risquait guère d'obtenir quelques réponses de la sorte, mais cette seule réplique lui était venue à l'esprit.
- Tu dois avoir bien d'autre sujet à me parler plutôt que celui de mon teint, si tu me cherchais. Y a-t-il quelque chose que je dois apprendre ?
Même s'il n'aimait guère cela, Aïlin était habitué à mentir et par la force des choses, à contrôler le ton de sa voix. Combien de mensonges avait-il proféré, pour se préserver de la colère de son père, et pour préserver Lynn. Et cette science peu honnête lui avait encore été utile, puisqu'il était parvenu à garder une intonation polie, et même teintée de curiosité, afin que sa phrase n'éclate pas trop brillament pour ce qu'elle était. Un simple détournement, afin d'attirer son aîné sur un terrain moins glissant pour le Serdaigle, espèrant que cela suffise pour qu'il n'ait pas à subir de questions plus insistantes en ce qui concernait sa fatigue trop visible pour être anodine.

[HJ: pouah j'ai honte, gros bordel de mélanges d'ides dans mon post... En fait je sais même plus quelles sont les idées ]

Torin n'était pas dupe et se doutait bien que son jeune frère avait son jardin secret. Mais allez donc savoir lesquels, concernaient-ils Lynn? Il fallait esperer qu'Ultan casse aussi bien baguettes qu'il veille à la distance séparant ses cadets, le problème étant bien sûr la longueur séparant les cachots des étages où se situaient les salles communes de Serdaigle et Bouffondor, et Poudlard était on ne peux plus spacieux. Mais tout espoir n'était pas perdu, peut-être qu'Ailin avait suivit les recommandations et ne voyait pas sa soeur, enfin ça restait à prouver.

Le barman vint servir les boissons commandées et reçut le compte exact de pièces, sans même une seule noise de pourboire: les prix étaient déjà assez élevés comme ça ici. A peine eut-il rangé sa bourse que la voix d'Ailin se faisait entendre. Le jeune Serdaigle avait le culot de lui répondre par une autre confirmation. Torin leva les yeux vers lui, quittant son sourire afin de le contredire. Il allait ensuite reformuler sa question mais son frère ne lui en laissa pas le temps, lançant un recurvite sur chaque verre.
Ridicule. Voulait-il remplacer Rusard ou devenir barman, ou pire: faire les taches ménagères à la place de sa femme lorsqu'il atteindrait l'âge adulte? Ailin avait décidément encore beaucoup de choses à apprendre, notemment que lorsque quelque chose était mal fait, c'était au responsable qu'il fallait s'en prendre. Seuls les faibles corrigeaient les erreurs des autres par eux-même. Les choses se confirmaient, et comme Torin ne cessait de le penser, il était le seul fils parfait de la famille. Le seul à avoir été épargné par la bourbe issue du metissage d'une mère moldue. Briser des baguettes magiques était aussi barbare que ne pas avoir de pouvoir, être envoyé à Serdaigle était le signe d'une stupidité paradoxale: l'intelligence ne servait à rien lorsqu'on avait pas l'ambition pour en faire bon usage, l'altruisme était également une tare menant à l'autodestruction, puis être envoyé à Gryffondor, maison de l'immondice et de la bourbe... Voilà le piètre tableau que formaient ceux qui étaient arrivés après Torin. Peut-être la nouvelle née releverait-elle le niveau, mais c'était une fille alors il ne fallait pas trop compter là dessus.

Le jeune mangemort passa l'éponge sur l'attitude de son frère. Après tout ce n'était plus son problème si le jeune Serdaigle était incapable de comprendre quelles lois régissaient le monde dans lequel ils vivaient, ou si il les dénigrait. Il ne chercha donc pas à objecter et se contenta de boire lorsqu'une nouvelle fois Ailin parla. Le ton du garçon avait beau être accommodant, ce n'était que vaines tentatives pour détourner le sujet de la conversation. Il était dur de mentir à un frère, quelle que soit l'intensités des liens.


« Certes. Mais je suis certain que père s'en soucie. Tu comprendras que c'est déjà assez difficile pour lui d'avoir un fils à Serdaigle, il ne faudrait pas non plus qu'il soit malade. »

Il aurait pû ajouter que lui s'en fichait, mais ce n'était pas necessaire... Et pas complètement vrai. Il se devait d'insister sur sa question, car plus Ailin contournait la question, plus le doute s'eveillait. Le pauvre était intelligent, mais certainement pas rusé, il avait ce défaut que beaucoup de Serdaigles possèdent, celui de jouer cartes sur table, croyant que la sagesse est solution à tout. On avait beau dire, les bleus et argent avaient tout de même en eux une sorte d'arrogance, aussi « gentille » soit-elle. Torin n'avait connu qu'une seule personne capable de briser ses idées reçues sur la maison de Rowena, une personne bien étrange et imprévisible qui avait été à l'époque de sa scolarité l'une des seules non-Serpentard à le soutenir dans ses idées de pureté du sang. Si les femmes avaient vraiment compté dans sa vie, peut-être même aurait-il songé à réellement séduire cette petite asiatique déjantée du nom de Chan Mell. Dommage qu'Ailin ne se soit pas comporté comme elle. Mais ce qui faisait penser au mangemort que tout espoir n'étit pas perdu, c'était bel et bien qu'il existe des personnes, aussi Serdaigles soient-elles, n'en devenaient que de plus redoutables accolytes du Lord Noir.

L'idée vint l'espace d'un instant à Torin de tenter d'établir une sorte de complicité entre Ailin et lui, s'il y parvenait, cela ne pouvait qu'être bénéfique. Le petit frère était intelligent, avait un point de vue « libre » sur les choses, il était sûrement doté d'une reflexion pertinente, il suffirait probablement de lui laisser quelques indices pour lui faire comprendre qu'ils partageaient quelques rares idées. Bien entendu le jeune mangemort n'était pas tout à fait sûr, mais ayant beaucoup observé, il avait cru comprendre qu'Ailin ne portait pas énormément leur père dans son coeur. La haine, quel outil merveilleux... Et même si ce que Torin avait dit précédemment pouvait ressembler à une moquerie, il ne serait pas dur de rectiver le tir. Il faudrait juste expliquer les choses en douceur et aller dans le sens de son jeune frère. Il but donc encore une gorgée de vin avant de mettre à execution son nouveau plan, celui-ci commençant par dire ce à quoi s'attendrait le Serdaigle, la chose qu'il avait à lui apprendre.

« C'est une fille, Léan. J'imagine que tu sais ce que ça signifie, et... »

Qu'il n'y a qu'un seul moyen de limiter les degats que subirait la jeune Léan dans le futur. Non, il ne pouvait décidément pas formuler la chose ainsi. Torin parut tout d'un coup hésitant, chose rare chez lui. Mais il venait de songer à quelque chose, le fond de sa pensée. Il est probable qu'Ailin interprete cette hésitation comme une manière de dire qu'il faille que Lynn rentre pour prendre les coups à la place de Léan, mais ce n'était pas ça. Il s'agissait de tuer leur père. Le jeune mangemort n'osait habituellement pas envisager cette opportunité, comme si la peur inconsciente qu'on vienne lire dans ses pensées le ronge. Lui-même se sentait quelquefois fou d'imaginer le cadavre de son père à la pointe de sa baguette, mais il s'agisait d'un besoin naissant, comme si, jamais il ne serait libre tant que l'ombre paternelle le couvrirait au moins partiellement. Et c'était sans compter l'injure au sang. Torin but une nouvelle gorgée de vin. Il ne devait pas faillir devant Ailin et reprendre immédiatement.

« Nous ne sommes pas si différents. »

Bien au contraire, l'altruisme était à l'opposé de l'égoïsme.

« Et je suis prêt à te faire une fleur. »

Mais quelle fleur... Et en echange de quoi. Il fallait laisser cogiter Ailin pour le moment. Il soupçonnerait sûrement Torin de préparer un mauvais coup, il n'aurait pas tord, mais comme on dit, l'enfer est pavé de bonnes intentions. Restait donc à savoir si le jeune Serdaigle penserait y trouver son compte. Auquel cas cette histoire de pâleur serait vite oubliée... Une autre gorgée de vin, au futur peut-être.

Torin quitta son sourire, reprenant l'attitude froide qu'était habituellement la sienne. Aïlin le savait, sa phrase avait été plutôt téméraire, face à un frère qui exécrait être contrarié. Mais il n'ouvrit la bouche que pour changer de sujet, après avoir lancé un sortilège de nettoyage sur les verres empreints de crasse.
Reposant la bouteille de biereaubeurre sur la table, il se décida enfin à croiser une nouvelle fois le regard de son aîné. Mais quand il tenta de détourner de façon habile le sujet, l'oeil de son frère l'évalua et il ne suffit que de ce simple coup d'oeil pour savoir que Torin n'était pas aussi dupe. Les liens du sang, même à travers la haine, restaient. Un regard pouvait suffir, et Aïlin baissa le sien, tandis que Torin lui répondait.
Une insulte, certes dissimulée, mais il était bien là. Aïlin déglutit, mais ne répondit rien. Il avait déjà assez payé pour ne pas avoir suivit les traces de ses deux frères. Les sarcasmes ne laissaient plus qu'un goût vaguement amer, et ce qui brisait le plus le garçon, c'était que chaque insulte à ce sujet lui rappelait ce moment de sa vie, cette correction, cette humiliation devant tous les membres du manoir...
*C'est bien aimable à lui de s'inquiéter de mon état.*
Ne put-il cependant s'empêcher de penser, sans rien en dire. Mais le regard qu'il avait relevé sur son frère était assez éloquent sur ce sujet.

Torin but une gorgée de vin et Aïlin l'imita sans mot dire. Le silence était après tout le meilleur moyen d'inciter les gens à parler, et lui même n'avait rien à dire. Avouer quoi que se soit à Torin était un acte suicidaire, et lui mentir était tout autant de la folie. Il ne lui restait qu'à patienter, qu'à écouter le Mangemort parler. Ce qu'il fit.
- C'est une fille, Léan.
Les quelques couleurs qui restaient à Aïlin disparurent. Elle était née.
- J'imagine que tu sais ce que ça signifie, et...

Aïlin fronça les sourcils, reposant sa chope devant lui de façon un peu brutale. Encore, encore une fois ce même refrain, cette fois utilisé comme chantage. S'il parlait de Lynn, jamais il ne ferait en sorte qu'elle rentre au manoir. Il lui avait même interdit personellement de faire ce geste de pure folie.
Cependant, quelque chose d'étrange venait de se passer. Alors qu'Aïlin observait son frère, il put lire quelque chose sur son visage qu'il n'avait jamais vu auparavant. L'hésitation. Quelques secondes seulement, mais elle était bel et bien transparue sur son visage. Pourquoi hésitait-il à dire quelque chose qu'Aïlin avait maintes et maintes fois entendues de la bouche des hommes de la famille ?
Nouvelle gorgée de vin. Nous ne sommes pas si différent.
A l'entente de ces paroles, Aïlin eut un mouvement de recul, infime. Que disait-il là ? Jamais il n'avait entendu ce genre de propos chez un homme de la famille, surtout pas Torin. Torin qui se pensait supérieur à tout le monde, Torin qui déployait peu à peu ses ailes, Torin qui devenait de plus en plus dangereux, pour tout le monde.
- Et je suis prêt à te faire une fleur.

Son estomac se contracta d'angoisse, alors qu'il se rabattait contre le dossier grinçant de sa chaise.
- Qu'est-ce que tu veux Torin ? Pourquoi me dis-tu ça ?
Et quelle fleur serait-il prêt à faire pour qu'Aïlin fasse quoi que se soit pour lui ?
S'il en arrivait à cette extrêmité, c'est qu'il allait lui demander quelque chose, et pas n'importe quoi. Aïlin frémit, baissa le regard et but une gorgée de sa chope.
- Ultan est sûrement bien plus disposé que moi... Je suis sûr qu'il serait fier de t'aider en quoi que se soit...

Si cela avait la forme détournée d'un refus, Aïlin n'avait pas osé le présenter clairement. Il fallait qu'il sache ce que Torin avait à lui demander, si cela concernait Lynn comme il l'avait premièrement pensé, ou si cela était une tout autre chose.
Depuis quand était-on prêt à faire une fleur à Aïlin Bower ? Lui ne pouvait pas le croire.

[Dsl c'est court =x]

La réaction était prévisible. Ailin devint encore plus pâle qu'il ne l'était déjà, haussa les sourcils et posa sa choppe d'une manière peu délicate en apprenant que l'enfant était une fille. Torin ne manqua pas de noter ce changement de couleur. Au contraire même il saisissait la nouvelle comme une oportunité pour utiliser son frère. Qui sait s'il ne pouvait pas le faire changer d'avis à propos de Lynn et la faire passer une fois de plus pour une « usurpatrice mythomane » ? Qu'il n'aurait jamais souffert autant si Lynn n'avait pas existé et qu'il n'aurait donc pas eu à subir les réprimandes sur le fait qu'il ait défendu sa soeur?
Non, car cette stupide compassion était justement la tare d'Ailin. Il serait plus offensé qu'autre chose d'entendre la Gryffondor dénigrée comme ça. Ce n'était pas le genre de discours à aborder pour se mettre le jeune frère dans la poche. Torin utiliserait plutôt une fausse compassion, ce serait beaucoup plus simple. Pour l'instant, il fallait trouver un argument solide qui amenerait le Serdaigle à croire qu'il détenait des interets à collaborer. Car dores et déjà il posait des questions, songeant que Ultan serait plus adapté pour aider.

« Non. Ce n'est pas de quelqu'un qui guète vos faits et gestes -à Lynn et à toi- qui pourra m'aider. Toi et uniquement toi le peux. En fait, ce n'est même pas d'aide dont j'ai besoin étant donné que je sais que tu refuserais. Ailin... »

Torin fixa son jeune frère avec une étrange lueur. Un sourire différent de celui qu'il arborait en entrant se dessina sur ses lèvres. A ses traits, on aurait presque pû assimiler la sympathie. Cela ne semblerait bien sûr pas naturel pour quelqu'un habitué à le voir dans le cadre familial, mais peut-être pourrait-il ainsi établir un climat moins hostile. Il but enfin une gorgée de vin avant de reprendre.

« Tu peux te ratrapper de ce qui t'es reproché facilement, sans trahir qui que ce soit. »

Excepté père bien sûr. Maintenant, il lui fallait un mensonge, ou une vérité mitigée. Peut-être même des conseils sincères.

« Fait comme moi et dit simplement à Père ce qu'il veut entendre. »

C'était certainement risqué de dire ça, mais Torin avait prit ses propres précautions. Il savait où Lynn serait cet été, et si Ailin avait la perfide idée (ce qui aurait été étonnant) de dénoncer son grand frère, le jeune mangemort saurait faire oublier à leur père ce fait désobligeant. En fait, il était celui qui avait sans doutes eu le moins de « punition » pour ne pas dire aucune, la véritable fièreté de la maison.

« Tu es à Serdaigle. Obtiens des notes au moins aussi bonnes que les miennes. Fait preuve d'un minimum d'ambition, prouves ta valeur. »

Il étaient dans un pub, Torin ne pouvait pas en dire plus, il ne pouvait pas lui suggerer de manifester de la haine contre les sangs de bourbe, mais y songeait en parlant d'ambition. Jusqu'à maintenant, les conseils qu'il donnait étaient exactement ceux qu'il avait appliqués. Si Ailin savait en faire bon usage, lui aussi grimperait en flèche dans la hiérarchie Bower. Si même seulement il faisait semblant, il finirait par s'y accoutumer. Si Lynn disparaissait, la souffrance contiburait à la manipulation. Car ce serait Père qui la tuerait et Torin serait là pour inciter Ailin à canaliser sa haine sur le maître de maison. Ainsi l'aîné reprendrait les rennes s'il arrivait quelque chose de fatal au chef de famille.

Car il n'y aurait plus de mère pour tenter de poser un véto. En réalité, Torin avait autre chose à annoncer à Ailin. Il avait choisit de n'en parler qu'après ses quelques conseils pour mieux le faire réféchir. Quelque chose de terrible était arrivé. Une vie était venue, une autre était partie. L'être le plus répugnant de la famille s'en était allé en donnant naissance. Bronach Bower serait sûrement mieux là où elle était maintenant. Le corps meurtri de la femme avait subit trop de souffrances, voir qu'elle avait donné naissance à une seconde fille avait dû l'achever. Elle qui avait tant subit, ce n'était certainement pas son corps mais bel et bien son âme qui avait clamé la mort, elle l'avait obtenue.

« Il faut également que tu saches Ailin. Quelques heures après la naissance de Léan, ta mère est morte. »

Bizarement, Torin n'avait pas cherché à faire preuve de sadisme en disant ceci, il avait emprunté un ton solennel. Il avait cependant dit « ta » au lieu de « notre ». Sans doutes ne voulait-il pas trop se remémorer que cette femme étendue sur ce lit, blanche comme un linge, immobile, froide et observant le vide avait été aussi sa mère. A la vue du cadavre, il avait semblé si indifférent, lui avait clos les yeux sur ordre de Devin, ce dernier trop énervé pour le faire-lui-même. Il avait apperçut les mêmes iris que ceux vus chaque matin dans le miroir, puis sa main, d'un geste sec, avait rabaissé la fine peau. Un frisson si mince qu'il fut imperceptible avait parcourut son echine. Mais sa petite enfance, l'époque où son coeur battait encore ne ratrapperait jamais sa mémoire, même s'il devait y replonger de par la légilimencie. Ce déces ne l'affecterait donc pas plus que celui de n'importe qui, pas de pleine conscience.
Les pleurs d'une nouvelle née avaient ensuite mit fin au silience de la chambre mortuaire. Il faudrait que quelqu'un s'occupe de l'enfant maintenant que Bronach était morte. Torin n'avait certainement pas envie de s'en charger, le retour de Lynn serait idéal pour l'été. Fallait-il encore la faire revenir, mais ce ne serait plus un problème maintenant que le jeune mangemort avait l'adresse. Puis, même avec une baguette magique, changer des couches le mettraient vite à bout de nerfs. Encore une fois s'il obtenait la sympathie d'Ailin, il pourrait au final trouver quelques raisons de l'inciter à aider pour ramener leur soeur si l'adresse était fausse, ou si Lynn fuyait une fois de plus.

Il était clair que donner de bons conseils sans que rien ne soit demandé ne faisait pas partie des coutumes familiales. Les réaction d'Ailin en étaient presque rendues aussi distrayantes que que les cris de douleur d'une personne torturée. Enfin non, n'exagérons tout de même pas les chose. Mais ne serait-ce que la stupéfaction ou l'incompréhension liées aux recommandations donnaient l'impression à Torin de dominer la situation. Il s'attendait aussi à ce que Ailin demande des explications, doute de ce qu'il entendait.
Le jeune mangemort ne manifesta cependant aucune expression qui serait en rapport aux réactions de son jeune frère. Il l'observa mettre se mains sous la table, se plaquer contre le dossier de sa chaise, mais ignora ces gestes. Le doute s'installait-il? Si c'était le cas, les choses suivaient donc leur cours naturel, ou tout du moins le processus de manipulation. Car après le doute venait la remise en question et c'est à ce moment-là que les arguments serviraient à faire pencher la balance. Nous n'y étions pas encore. Et mieux vallait ne pas aller trop vite afin de limiter les soupçons d'Ailin. Il était clair que ce dernier en aurait toujours à l'égard de son frère ainé, mais trouver un terrain d'entente serait toujours possible.

Un fois ce terrain préparé, il en était venu à la mort de leur mère, voyant Ailin boire comme si sa gorge avait été déséchée suite à l'écoute d'un discours aussi impobable. Il avait ainsi pensé l'achever, l'ayant vu aussi compatissant avec Lynn, il songeait qu'il en était de même avec leur mère bien qu'il ne l'ai jamais manifesté. Mais il venait de faire fausse route.
Là ou Torin aurait attendu une réaction comparable au deuil, ce fut simplement un clignement d'yeux, suivit d'un « Ah... » qui vinrent. Le jeune mangemort masqua cette légère surprise, qui s'avérait plutôt agréable à découvrir. L'indifférence du jeune frère face à la mort de leur mère pouvait peut-être s'étendre à tous les moldus, ce qui n'était encore que supposition. La véritable bonne nouvelle, c'était l'absence de condoléances: Ailin pas si altruiste que ça? Au contraire même, il constatait le fait, disant que ça devait bien arriver. Torin confima, pinçant les lèvres et hochant la tête.

Il imita son jeune frère et but une gorgée de vin, achevant finalement son verre losqu'il entendit son prénom prononcé. Posant le récipient vide sur la table, il releva les yeux vers Ailin, tout ouïe. Le jeune Serdaigle semblait hésiter, son ainé se contentant d'attendre que les mots sortent sans manifester d'expression particulière. Enfin il se décida et posa sa question. Si on pouvait lui accorder une chose, c'était bel et bien qu'il ne perdait pas le nord. Et qu'en plus il touchait la corde sensible. Léan... en effet, qui allait s'occuper d'elle. Torin refechit un instant à la question.

« Bien... »

Comment formuler ça? Le fusiller du regard et lui crier dessus un beau « A ton avis, crétin! » ou conserver le ton de la diplomacie. La seconde option semblait la meilleure. Torin restait calme, reflechissant toujours. Et cette question envisageait-elle ou non la supposition que Lynn revienne? Certainement pas sinon elle n'aurait pas eu lieu d'être posée. Et mis à part Torin et Devin, il n'y avait personne au manoir pour s'occuper de l'enfant. Devin travaillait toute la journée et conservait l'autorité dans la maison, il n'avait d'autres option que de confier le travail de nourisse à Torin, que cela lui déplaise ou non. Le jeune mangemort serait donc pris au piège tant qu'il n'y aurait personne pour s'occuper de Léan à sa place, il ne pourrait pas encore quitter le manoir. Si seulement il pouvait accidentellement noyer l'enfant en lui faisant prendre son bain... Mais ce serrait une erreur impardonnable: Devin mettrait quoi qu'il arrive la mort de l'enfant sur son dos et Merlin seul sait ce qu'il adviendrait par la suite.
Mais pourquoi donc leur père n'avait-il pas épousé une sang-pur? Il était de tradition d'offrir un elfe de maison aux mariés de sang-pur. Torin ne cesserait donc jamais de se demander quelle folie avait poussé son père à s'unir avec la plaie de ce monde, une moldue... Mais, lorsqu'il maîtriserait la légilimencie, il aurait enfin réponse à toutes ces questions qui l'empêchaient parfois de dormir en paix. En réalité, grace à cette fameuse légilimencie, il obtiendrait beaucoup plus que des réponses sur sa propre famille. Il aurait -et tel était l'une de ses plus brillantes ambitions- un savoir si développé, une accessibilité à chaque information, la connaissance infinie à portée de main, en résumé: l'omniscience. C'était certes utopique mais n'appartenait qu'à lui l'effort de mettre en oeuvre tous les moyens pour au moins s'approcher de loin ou de près de cet ultime pouvoir.

Pour le moment il était à peine au pied du mur et avait d'autres chats à fouetter. Comme ces histoires de famille devenant étouffantes à la longue. Il se mit à fixer Ailin avec une certaine intensité. Tous deux savaient quelle était la solution la plus simple pour trouver quelqu'un qui s'occupe de Léan. Etait-il encore necessaire de prononcer le prénom de la plus agée des soeurs? La question pouvait presque être interprétée comme une provocation.

« Moi... En attendant cet été. »

Cela n'insinuait pas forcément le retour de Lynn. Mais Ailin, s'il y reflechissait bien, devrait comprendre par là que Torin serait vite agacé de jouer les baby-sitter. Et que, été rimant avec vacances, la tache serait déléguée à la personne qui n'aurait pas son mot à dire. Si leur Gryffondor de soeur n'était pas au manoir, ce serait donc par déduction Ailin qui changerait les couches. Et il pourrait s'estimer fier que ce ne soit pas quelqu'un d'autre, car qui sait quel traitement aurait été infligé au bébé durant cet été?
Le plus jeune frère, s'il faisait preuve de la même compassion que pour Lynn à l'égard de Léan, avait déjà beaucoup à craindre en sachant que Torin s'occupait du bébé en periode scolaire. En effet le jeune mangemort avait déjà été indifférent pour la naissance de ses cadets, qu'en serait-il si maintenant il devait jouer au moins en partie le rôle d'une mère morte? Battrait-il la petite comme il l'avait fait avec les autres femmes Bower? Lui jetterait-il des sorts impardonnables pour l'empêcher de pleurer la nuit? A force de devoir trop la supporter, lorsqu'elle grandirait, agirait-il comme son père envers Lynn sans que personne ne le sache, à savoir: la violerait-il? Ou alors... Non, de la part d'un être aussi glacial que Torin, aucun autre destin n'était envisageable pour la pauvre enfant. Peut-être aurait-il mieux vallut qu'elle meurt avec sa mère car jamais elle ne connaitrait la liberté.

La réponse n'avait pas été clairement formulée, mais pourtant Ailin avait directement comprit. Il semblait s'être naturellement délégué à la tache que représenterait les soins à prodiguer à un bébé. Peut-être était-ce synonyme de sa volonté de ne pas voir Lynn revenir au manoir. Dans le cas contraire il aurait émit l'hypothèse de ramener la Gryffondor au domicile familial. Mais non, il avait dit « je ». Ce serait difficile d'un jour le convaincre de collaborer au sujet de leur soeur. Mieux vallait ne pas en parler maintenant si Torin esperait réussir à manipuler son frère, ou le peu de confiance qu'il essayait d'instaurer serait perçue comme fausse.
De toutes façons, Lynn n'était plus un problème maintenant qu'il avait l'adresse. Il suffirait de la forcer à utiliser la magie et cette chère Mafalda Hopkins se chargerait du reste: la fameuse lettre d'expulsion pour violation du décret interdisant aux sorciers de premier cycle d'utiliser la magie hors de Poudlard. Il en était de même pour Ailin d'ailleurs. Trouver quelqu'un pour remplacer Bronach serait ainsi chose simple et Torin pourrait enfin aspirer à son indépendance. Qui sait s'il ne changerait pas de métier d'ailleurs? Car le sien deviendrait vite lassant lorsqu'il connaîtrait de fond en comble chaque procédé de l'art d'enchanter le choses puis de les métamorphoser.

Encore des projets pour l'avenir... Il en avait décidément une telle quantité qu'à chaque fois que l'un d'entre eux s'accomplissait, un autre naissait. Voir sa mère mourir par exemple, cela consistait à venger son sang souillé, le déces ayant déclenché la volonté d'obtenir un nouvel esclave... Bientôt. Il ne jugea pas nécessaire de titiller Ailin en repondant « et quand septembre arrivera? ». Non, il ne dit rien, le Serdaigle verrait par lui-même.

Torin observa son frère reflechir, le voyant tripoter sa choppe. Ailin venait-il de réaliser qu'en septembre, la question pour savoir qui s'occuperait de Léan allait encore se poser? En réalité non, puisque le Serdaigle enchaîna sur un sujet totalement différent. Cherchait-il alors à fuir la question en abordant une autre histoire délicate? Possible, mais Torin n'était pas dupe et savait que le destin de Léan serait de nouveau abordé, aujourd'hui ou dans moins de trois mois.
Il avait donc choisit de parler d'Ultan et de sa bêtise. Et bêtise était le mot juste, briser une baguette et se faire attrapper par un prof ex-auror était bête, le mot bête désignant un animal et donc une créature dénuée d'intelligence aux yeux de Torin. Mais était-ce de la provocation, ou Ailin voulait-il connaître l'avis de son ainé sur ce qui c'était passé? Le fait qu'il ose le regarder pouvait porter à confusion. Cependant le mangemort attendit quelques instants avant de réagir. Temps suffisant pour que son cadet reprenne la parole. Il parlait maintenant de « l'ami » de Lynn, probablement l'idiot de Gryffondor qui avait perdu sa baguette. Si Torin résumait bien, son frère avait donc dit au gamin de ne pas se mêler des affaires ne le regardant pas. C'était tant mieux, l'élève en savait déjà bien trop s'il avait vu Ultan et Lynn se disputer, qui sait ce qu'il avait entendu...

Ailin termina enfin par une constatation, avant d'achever sa chope. Qu'attendait-il comme réponse au juste? Esperait-il tester Torin et savoir ce qu'il pensait d'Ultan par rapport aux autres membres de la famille? Si c'était le cas, il n'aurait pas sa réponse. Il n'existait aucun être ayant une place dans le coeur du jeune mangemort excepté sa propre personne. Son point de vue sur ses frères et soeurs était disons... Exterieur en quelques sortes. Et si c'est une critique constructive que voulait entendre Ailin, il avait en revanche frappé à la bonne porte.

« Ultan fait partie de ce genre de Serpentard qui... Tache le blason, en agissant de manière sournoise. Ne t'inquiète pas, il n'a pas été épargné par la colère de Père. Il a commit une grave erreur en brisant la baguette de cet individu si insignifiant, il a prit un risque inconscient. Esperons que ce sale auror ne cherche pas plus loin que l'idiotie pour comprendre la réaction de notre frère. Et si lui ne fait pas attention, toi tu le peux. Tu ne voudrais pas que l'école entière soit au courant de certaines chose, hein? »

Un etrange rictus se dessina sur les lèvres de Torin, mêlant complicité et menace. Ailin comprendrait très bien où il voulait en venir. Si les gens apprenaient la vérité, non seulement certains Bower finiraient à Azkaban, mais les plus jeunes seraient placés en foyer, et à Poudlard, il ne seraient plus jamais regardés de la même manière. Ils n'inspireraient plus que la pitié et peut-être même la crainte. Et, bien que cela puisse paraître étonnant, Ultan qui devait surveiller Ailin et Lynn deviendrait lui même surveillé par le plus jeune des frères. Cette suggestion, Torin l'avait émise de sa propre initiative.

Donner des responsabilités à Ailin, rabaisser en confidence Ultan. Rien de tel pour esperer obtenir un minimum de reconnaissance en retour. Et puis le Serdaigle n'avait pas le choix: si le second Serpentard des fils Bower agissait encore de manière aussi irréfléchie, les doutes augmenteraient et de moins en moins de monde oserait approcher les deux plus jeunes de peur d'avoir sa baguette brisée, ou de se prendre un sort. Restait cependant à esperer qu'Ailin n'ait pas l'étrange idée de répéter à Ultan leur petite conversation, et qu'au contraire il adhère. Le rictus de Torin disparut, laissant place à un lourd regard, fixant son jeune frère il attendait que celui-ci confirme.

Neutre, Torin lui répondit, constatant de l'imbécilité du geste d'Ultan. Avec ce même regard objectif qu'avait posé Aïlin sur l'acte inconscient du deuxième fils Bower, Torin lui apprit que leur père n'avait pas apprécié, chose dont Aïlin s'était douté, puis avait espéré que l'ex auror ne s'interresse pas de trop près à la famille Bower. Aïlin opina en silence, constatant la ressemblance qu'il venait soudainement de remarquer, entre son frère aîné et lui. Cette façon de constater les choses, qu'Aïlin utilisait si souvent pour tenter d'éclairer les situations les plus délicates. Se faire personnage extérieur d'une scène.
Non, il y avait une différence entre l'intelligence de Torin et la sienne. Torin l'avait sournoise, pas lui.
- Non, je n'en ai aucune envie.
Il était sincère. S'il l'avait réellement voulut, il s'en serait référé à Dumbledore, il aurait avoué les atrocités qui se passaient chez lui, pour que tout cela cesse, pour que Lynn puisse enfin vivre en paix, et lui aussi. Pourquoi ne l'avait-il jamais fait ? Un manque de courage peut-être, la peur des conséquences, ou peut-être Aïlin espérait une autre solution que de voir sa famille à Azkaban.
Il ne savait pas ce qui le poussait à continuer à subir, à laisser la voie que Devin voulait pour ses fils manquer de le rattraper à chaque instant. Comme maintenant ?

Silencieux, Aïlin observait Torin. Il venait de lui suggérer de faire attention. Par là, il lui disait de surveiller son frère ? S'il le découvrait, comment réagirait-il ? Et leur père... A cela, le jeune Bower doutait que ce dernier y soit consentant. Devoir surveiller son fils si digne, qui lui prêtait tant d'admiration. Aïlin eut un fade sourire, qui n'avait rien de joyeux, c'était une entreprise aussi risquée qu'ironique. Le chasseur chassé.
- Père n'approuverait pas une telle chose.
Mais surveiller Ultan lui permettait de protéger Lynn et il le savait. Il avait d'ailleurs déjà commencé, depuis cet épisode de la baguette. Il ne se souvenait que trop bien de l'agression que lui avait décrite William, et se souvenait de ce qu'il lui avait dit de faire. S'en référer à lui. Et il avait prononcé les même paroles à l'adresse de Lynn. Mais pouvait-il dire à son frère qu'il s'en chargeait déjà ? N'était-ce pas peut-être un piège qu'il lui tendait là, pour lui faire avouer ?

Père n'approuverait pas une telle chose, quelle phrase d'auto-défense ! Qu'est-ce que Devin acceptait de lui ? Rien, mis à part son silence. Il n'avait prit ses décisions qu'en se réferant à son propre jugement, et ce qui le perturbait au plus au point, c'est que ces agissements lui étaient à présent suggérés. Quelle ironie !
- Mais je suppose qu'il est mieux pour tout le monde que je suive ton conseil.
Finit-il par chuchoter en détournant le regard. Prononcer une telle phrase à l'intention de son frère le mettait horriblement mal à l'aise. Il en avait l'impression de s'enfoncer dans un gouffre, de se salir, d'adhérer. Ce semblant de complicité le rendait coupable. Oubliait-il qui était son frère ? Non, il ne faisait qu'entrer dans son jeu, pour la simple et bonne raison qu'il n'en avait guère le choix.

- Mais pourquoi me fais-tu confiance pour cela ?
Aïlin se raidit aussitôt sa question prononcée. Il venait de laisser échapper sa pensée, offrant à son frère la possibilité de voir qu'il s'interrogeait plus qu'il ne le laissait transparaître, qu'il était sensible à ses paroles, ce qui était une chose nouvelle pour un fils qui ne faisait qu'écouter sans proférer un mot, acquiéçant en baissant les yeux pour ne pas avoir à subir l'exaspération et la colère.
Avec un léger mouvement de recul - s'attendant à ce que son frère enrage de voir ses ordres, même indirects, discutés - il leva le regard sur Torin, cherchant à effacer par l'expression qu'il arborait la froideur de ses mots précèdents.

[Dsl c'est le gros bordel -_- si quelque chose ne va pas, dis le moi j'éditerais]

Satisfait, Torin hocha légèrement la tête en entendant Ailin admettre ne pas vouloir que les secrets de famille soient connus de tous. Ce pourrait être un moyen de pression, s'il ne collaborait pas, ce serait vers Ultan que l'ainé se tournerait, lui donnant le feu vert pour raconter quelques anecdotes des plus humiliantes à tout Poudlard sur leur jeune frère. Mais nous n'en étions pas là, bien au contraire puisque pour le moment le jeune Serdaigle n'émettait aucune opposition... Fallait il encore qu'il ose, lui qui savait se faire diplomate.
Alors lui demander de surveiller Ultan serait un test, Torin attendant déjà impatiemment de connaître la réponse de son jeune frère. Ce dernier, à voir le mince sourire qu'il esquissait, ne semblait pas vraiment enthousiaste. Très vite il en vint au fait, ce qu'en penserait leur père. Bien sûr qu'il ne serait pas pour, mais il n'y avait aucune raison qu'il l'apprenne. Excepté par trahison. Et si c'était ici une menace cachée qu'Ailin osait, ses efforts étaient vains, Torin lui faisant aussitôt remarquer.

« Père n'a pas besoin d'en être informé. »

Ses mots était secs, son ton s'était très légèrement élevé. Juste une précaution, un rappel. Torin avait peut-être parlé un peu trop vite car Ailin reprit la parole, commençant par un « mais ». Le jeune mangemort fit un léger sourire après avoir entendu de son frère. Il avait exactement tapé dans le mille, ce serait en effet ce qu'il y avait de mieux. Non pas qu'Ultan soit un délinquant mais après l'intervention de Maugrey... L'auror était une référence, un homme compétant, la rumeur selon laquelle il avait métamorphosé le fils Malefoy en fouine s'était même répandue au-delà de Poudlard, et bizarement ce cher Lucius n'était pas venu se plaindre contrairement à ses habitudes. Ce qui prouvait qu'il y avait de quoi craindre l'auror.
Maintenant que la marque des ténèbres s'était élargie, mieux vallait rester sage jusqu'au grand jour. Et même si leurs motivations pour veiller sur Ultan étaient différentes -voire opposées- Torin pensait pouvoir compter un minimum sur Ailin pour cette mission. Et si il faisait fausse route, mieux vallait que ce soit maintenant plutôt que dans des situations plus délicates.

Torin ne se questionna pas plus longtemps sur la « confiance » qu'il pouvait placer en Ailin. Car ce dernier venait d'aborder le sujet. Le jeune mangemort n'avait jamais connu son petit frère perfide et manipulateur, il le voyait uniquement conciliant, diplomate. Il était donc peu probable que la question soit un moyen stratégique de simuler l'interogation.
Torin regarda un petit moment son frère, laissant planer le doute, l'air de dire « a ton avis ». Mais contre toute attente, il souleva un autre problème.

« A qui d'autre pourrai-je... »

Presque une reflexion à voix haute, mais aussi une vérité. Torin esperait ne pas en dire trop, il était possible qu'Ailin songe à répondre « père », bien que ce dernier eut été écarté de la conversation précédemment. Cela suffisait. Il voulait uniquement savoir s'il pouvait compter sur son plus jeune frère pour surveiller Ultan et il semblait que oui. Autant clore le sujet avant que des questions gênantes n'arrivent.
Torin empoigna son verre, buvant la dernière goute de vin restante. Il reposa l'objet et jeta un coup d'oeil à la chope d'Ailin avant de lever les yeux vers ce dernier. Et, sereinement, il réitera cette question qu'il avait posé au début de leur discussion.

« Tu ne m'as toujours pas dit quelle est l'origine de cette pâleur. »

[HJ: sorry Ailin, c'est pas long, j'avais pas trop d'idées mais je voulais pas te faire attendre plus longtemps ]

La nouvelle question eut l'effet escompté. Ailin avait aussitôt penché les yeux vers sa choppe. Puis il repondit... Quel genre de personne pouvait autant le préoccuper? La réponse aurait pû naturellement être Lynn, ou le jeune Serdaigle passait ses nuits à faire les devoirs d'une présumée dulcinée, qui sait. La réponse n'était pas suffisante à Torin, il lui en fallait plus. En même temps, si Ailin osait déjà lui répondre ça, c'est qu'il avait un alibi pour la suite. Et puis ce mot, autri, il fallait vraiment qu'il cesse avec cela.
Pour transformer son jeune frère en pantin, Torin devait commencer par le freiner avec ses histoires d'altruisme. Le Serdaigle releva les yeux vers lui, ce qui fut l'occasion de capter toute son attention. Le jeune mangemort approcha légèrement sa tête et soutint son regard, l'air froid. Il était temps de secouer cette petite tête un peu trop pleine de bonnes intentions, lui donner d'autres conseils.

« Regarde toi. A croire que tu mourrais pour d'autres. »

Il désigna son frère d'un geste de la tête. Même s'il ne le pouvait pas directement, c'était sa paleur qu'il cherchait à montrer. Il voulait lui faire comprendre que trop se soucier des autres pouvait être dangereux, pas forcément d'une personne comme Lynn, mais s'il venait bientôt à montrer trop d'empathie pour des sous-êtres comme les sangs de bourbe, il risquerait en effet sa vie. Aussi Torin jugea-t-il necessaire de lui rappeller quelles devaient être ses priorités.

« Alors avant de te soucier d'autrui comme tu dis, prends garde à toi. Ce n'est pas dans cet état là que tu arriveras à grand chose, aussi bien scolairement que dans la... Mission que je t'ai confiée. »

Etait-il necessaire de répeter qu'en contrepartie il ne parlerait pas de ce soucis de pâleur à leur père? C'était à Ailin de faire maintenant ses preuves en retrouvant quelques couleurs avant les vacances et en ramenant quelques informations sur l'école de magie. Mais chaque chose en son temps. Il n'allait pas s'en sortir aussi facilement. Torin conservait malgrès ce laxisme apparent quelques exigeances et ce « autrui » l'avait plus interpellé qu'il n'y paraissait. Aussi son jeune frère n'echappa pas à la question fatidique.

« Au fait, quel genre de préoccupation et pour qui? »

A peine sa question posée, un petit air curieux se dessina sur son visage. Il suffisait à Ailin de répondre honnêtement et il le laisserait tranquil. Il en avait assez apprit pour aujourd'hui et Torin venait à se demander si cette pâleur ne viendrait pas du fait que son frère ait apprit par on ne sait quel moyen la mort de leur mère. Qu'il se serait préparé à ce genre d'entretient et aurait fait semblant de ne rien ressentir en apprenant la sombre nouvelle. Mais bientôt le jeune mangemort pourrait vérifier, c'était juste une question de temps, quand il aurait terminé son apprentissage de legilimens, il ne se priverait pas pour aller faire un tour dans la tête de chaque membre de la famille.
Père y comprit, ce serait certainement le plus drôle et l'on pourrait ainsi dire que Torin aurait apprit tout ce qu'était capable de lui enseigner Devin Bower. Il ne s'attendrait probablement pas à certaines choses, mais ce serait tout de même bon à savoir. Quant à Ailin, qu'il mente si ça pouvait l'amuser, mais il n'apprendrait que trop vite quel était le coût de la vérité. Après enfin, le jeune mangemort pourrait mieux le manipuler... Pour l'instant, il se contenterait des dires, commençant à s'agiter sur sa chaise pour montrer l'approche de son départ.

Torin perdit l’air presque fraternel qu’il s’efforçait – supposait Aïlin, connaissant son aîné – de garder durant la presque totalité de leur entretien. La réponse avait été trop vague, on ne se débarrassait pas des curieux comme cela, et encore moins de ceux qui étaient mal intentionnés…
Aïlin soutint le regard de son frère, impassible, presque aussi immobile qu’une statue, jusqu’à ce qu’il soit désigné d’un signe de tête.

« Regarde toi. A croire que tu mourrais pour d'autres. »

Etait-il prêt à mourir pour sa sœur ? Le Serdaigle savait s’être posé cette question déjà, sans y avoir trouvé de réponse… Il l’ignorait tout bonnement. Pouvait-on savoir ce genre de choses ?
Mais de toute façon, cette phrase n’avait rien d’un compliment dans la bouche du Mangemort, et Aïlin se contenta de cligner des yeux sans dire un mot. Après tout, avait-il aussi des raisons pour être joyeux ? Est-ce qu’un Bower en avait-il déjà réellement eut ? Torin, Ultan, ils n’étaient certes pas blancs comme la mort, étaient fiers de leur personne, mais y avait-il la joie que l’on retrouvait dans le regard des autres, au fond de leurs yeux noirs ?

« Alors avant de te soucier d'autrui comme tu dis, prends garde à toi. Ce n'est pas dans cet état là que tu arriveras à grand chose, aussi bien scolairement que dans la... Mission que je t'ai confiée. »

Aïlin acquiesça, les mains devenues moites s’accrochant au rebord de la table.
- Le sommeil se récupère.
- Au fait, quel genre de préoccupation et pour qui?

L’air curieux de Torin n’avait pas enlevé à la lourdeur de la question, de ce ton d’exigence qui transparaissait derrière ce masque impénétrable.

- J’étais inquiet, voilà.
Aïlin baissa les yeux, la gorge serrée. Sans regarder son frère, il prit une inspiration, avant de reprendre la parole d’une voix lasse, presque chuchotée.
- J’étais inquiet pour Léan. Je n’ai cessé de me demander si elle suivrait le même chemin que sa sœur, il elle subirait le même destin qu’elle. Je ne peux apparemment pas cesser de m’intéresser à l’avenir de mes sœurs, d’avoir une once de ces sentiments qui peuvent te paraître écœurants.

Ca n’était pas tout, mais cela était la vérité. Le ton qu’il avait employé à ce sujet, la sombreté dans son regard et les mouvements hésitants de sa pomme d’Adam en témoignant.
Il se doutait que Torin n’accueillerait pas de bon ton cette nouvelle, mais sa colère serait pire s’il connaissait la deuxième vérité que cachait la première.
Un air un peu plus sûr, un peu plus sincère et qui lui donnait presque un petit air de défi s’était maintenant posé sur ses traits.
Avoir exhibé une première vérité ainsi, tout haut, l’avait quelque peu requinqué et il osa relever ses yeux bleus dans ceux sombres de son aîné.

Ailin n'était pas aussi sain qu'il ne voulait bien le croire. Le jeune Serdaigle, à chaque instant, manifestait certains signes qui ne trompaient pas, il restait un Bower. Torin était d'ailleurs plutôt satisfait, surtout lorsque son petit frère avait répondu que le sommeil se ratrappait. Il aurait très bien pu le dire d'une autre manière, mais ces simples mots. Cela montrait en partie sa disposition à obéir à Torin... Obéir, oui c'était bien ça. Le jeune mangemort cherchait à faire autorité, même si c'était en dépis de leur père. Lui voler la place de chef de famille, avoir les arguments pour le faire et remanier les choses. Devin Bower avait su se montrer convaincant face à ses deux plus vieux fils. Mais ses méthodes sournoises ne fonctionneraient pas avec Ailin. Il restait peut-être encore un espoir d'en faire un pion...

Vint ensuite la fameuse question. De qui pouvait bien se soucier Ailin? A part Lynn, c'était une bonne question. Mais Torin n'était pas à Poudlard pour voir comment se déroulait la vie de son frère alors autant ne pas faire de conclusion hative. Le Serdaigle repondit enfin. Son attitude inspirant en quelques sortes l'anxiété n'échappa pas aux yeux du mangemort. Ce dernier écoutant totalement impassible, sans manifester même le moindre geste. Se contentant pour le moment d'analyser les dires du garçon.
Inquiet pour Léan... Ben voyons! De plus il osait avouer qu'il se souciait de ses soeurs. Certes, il ne pouvait pas changer radicalement à la suite d'une simple conversation, mais au fil du temps il en aurait tout interêt. Mais comment réagir dans ce cas-là? Comme Devin ou Ultan, jurer une punition en conséquences, l'insulter? Non. Torin avait le sentiment que plus Ailin serait en contradiction, plus il échapperait à leur contrôle. C'était un adolescent après tout, et déjà lorsqu'il était arrivé à Poudlard, il avait montré sa différence en allant à Serdaigle. Il voulait être altruiste et veiller sur les siens? Soit, mais il devait choisir qui et de quelle manière s'en soucier.

« Si tu t'inquiètes tant pour Léan, tu auras tout le loisir de t'en occuper durant cet été. »

C'était une vérité, comme Ultan ne voudrait probablement prendre soin du nourisson... Mais passons. Ailin conclut sur une note très osée. Seulement, écoeurant n'était pas le terme exact. Inutile, voilà ce que Torin pensait de la fraternité ou de l'amour. Et puis, il était lui-même dénué de ce genre de sentiment, d'ailleur en y reflechissant bien, il trouvait aussi cela pathétique.
Le jeune Serdaigle commençait à changer d'air, paraissant plus sûr. Ce n'était pas parce que Torin avait pour qualité une grande patience qu'il fallait abuser de cettte dernière. Pas de son sang froid reptilien non plus. Il posa le plat de ses mains contre la table et se redressa légèrement au-dessus de sa chaise, se penchant vers son frère. Il le fixa ainsi un certain temps, ses yeux gris bien plus froids perçant ceux d'Ailin, bleus. Le regard lourd de conséquences, il laissa mijoter le Serdaigle. Il esperait par ce geste l'impressionner un minimum, et pourquoi pas le convaincre.

« Tu auras bientôt une soeur en moins de qui te soucier. »

Il l'avait murmuré entre ses dents, laissant le mystère planer. Il lui aurait bien dit d'en profiter pour reflechir, mais cela n'était pas necessaire. Ses paroles ne révélaient pas forcément qu'il savait où Lynn serait cet été, le résultat recherché étant plutôt la peur, la menace. De plus, Ailin ne devait pas oublier que leur collaboration ne lui permettait pas pour autant de se comporter de manière plus « désinvolte ».
Le jeune mangemort se releva sèchement. Il replaça correctement sa cape, rabattant la capuche sur sa tête, tout en faisant face à son frère. Ce dernier ne pouvait le voir, mais c'était d'un air mauvais que Torin le fixait.

« Nous parlerons plus longuement lorsque tu seras rentré au manoir. »

Encore une fois, il se montra mysterieux. Torin n'avait lui-même pas encore planifié exactement ce qu'il devrait lui dire. En fait, il comptait essayer une nouvelle méthode. Mais pour cela, il devait encore faire deux-trois petites choses. Il s'y attelerait dès son retour. Enfin, il se détourna de son frère et marcha vers la sortie. Tirant la porte, il se tourna une dernière fois vers le Serdaigle avant de disparaître.

Aïlin ne détourna pas le regard, malgré l'intensité avec laquelle l'observait son frère. Ses yeux vrillaient les siens avec tant de puissance qu'il en ressentait presque des picotements, mais il cacha sa nervosité en se contentant de rester immobile, comme est immobile la souris qui a sentit l'odeur du serpent.
Torin finit par prendre la parole, brisant le silence si lourd qui s'était installé lorsqu'Aïlin avait terminé de parler. Il s'occuperait de Léan cet été. Cela, il le savait déjà, mais il se contenta d'acquiécer d'un signe léger de tête, qui ressemblait plus à un signe de soumission qu'à un signe d'accord.

Aïlin retint un mouvement de recul quand Torin s'approcha, posant le plat de ses mains puissantes sur le bois de la table, pour fixer son regard sombre et glacé dans les yeux de son frère. Aïlin ne cilla pas. Même s'il l'avait voulut, il n'osait pas quitter ce regard qui semblait vouloir percer à travers sa chair et son esprit. Torin était plus menaçant de jour en jour, et Aîlin eut tout le loisir de s'en rendre compte durant les secondes qui s'écoulaient trop lentement.
Et la phrase tomba comme la menace d'une arme. Aïlin sentit l'épée de Damoclès au dessus de sa tête, la lame risquant à tout moment de le briser.
Que voulait-il dire par là ? Comptait-il faire du mal à Léan ? Non, autrement il ne se serait pas soucier de s'assurer qu'Aïlin se chargerait d'elle. Alors...
Parlait-il de Lynn ? Avait-il découvert quelque chose de nouveau, qui lui permettrait de faire du mal à sa soeur ? Et que comptait-il, par tous les dieux, lui faire ?
La peur brilla dans les yeux bleus d'Aïlin, qui n'eut pas le temps de formuler une réponse ou une question détourné, que Torin s'était levé en rabattant d'un geste aussi sec que son âme sa cape sur ses épaules, ainsi que sa cagoule qui cacha les traits implacapables de l'aîné des Bower.
Aïlin ne fit pas un mouvement pour le suivre dans son geste, attendant simplement que le Mangemort disparaisse de son champ de vision, ce dont il avait hâte.

« Nous parlerons plus longuement lorsque tu seras rentré au manoir. »

L'angoisse s'insinua dans chacun de ses membres comme un millier de petites décharges éléctriques. Qu'est-ce que cela voulait dire ? Etait-ce une menace ? Et surtout, qu'avait-il à lui dire pour désirer un entretien plus long ? Les questions se bousculaient dans son esprit lorsque Torin lui jetait un dernier regard sur le pas de la porte du pub, et lorsqu'il eut enfin quitté l'établissement, Aïlin plongea sa tête entre ses mains, qui parcoururent son visage aux traits fatigués.
Ce manège devenait un vrai casse-tête dans son esprit, il ne comprenait plus rien. Tout lui avait souvent échappé, mais jamais à ce point là.

L'esprit embrumé d'informations plus contrariantes les unes que les autres, Aïlin sortit sa maigre bourse pour commander une seconde bierreaubeurre, qu'il prit le temps de boire avant d'oser sortir au dehors de la Tête de sanglier.
C'était ridicule d'attendre avant de sortir, mais Aïlin voulait s'assurer qu'une bonne distance ce soit installée entre son frère et lui pour retourner au château. Il avait du transplaner au manoir, cela était évident, mais la crainte qu'il ressentait en cet instant était plus forte que tout.

Pourtant, la peur qu'il avait toujours eu au fond de lui pour ses frères s'était amenuisé avec l'âge. Aujourd'hui, Torin avait sut la réveiller en une phrase, en un regard. Eveillant aussi une certitude nouvelle : il devenait plus dangereux que leur père....

Aïlin rentra directement à la salle commune des Serdaigle lorsqu'il eut terminé sa chope, se sentant plus fatigué encore que depuis des jours. Il devait dormir, mais il savait qu'avec toutes les angoisses qu'il éprouvait, il ne parviendrait pas à trouver le sommeil de l'après midi, et peut-être même pas de la nuit...