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 C'est un jour comme les autres, n'est-ce pas ? [PV Aïlin Bower]
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  • Ambrine Illunia
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MessageSujet: C'est un jour comme les autres, n'est-ce pas ? [PV Aïlin Bower]   C'est un jour comme les autres, n'est-ce pas ? [PV Aïlin Bower] EmptyMer 26 Mar - 2:49:29

« C’est quand même incroyable le nombre de pigeons qui dépensent tout leur fric pour une journée aussi débile. »

Et voilà, ça commençait. Mâchant avec paresse ses céréales, Ambrine ne daigna même pas regarder son frère, avachi sur le canapé. Tous les ans, c’était la même chose. Logan, dans le meilleur des cas, se moquait des amoureux tout au long de la journée, et au pire, les insultait avec rage. Il n’était pas de ceux qui détestaient naturellement cette journée pour son côté naïf, Ambrine le savait, et c’est pour cela qu’elle ne releva pas sa pique et ne roula pas des yeux. L’histoire remontait peut-être à cinq ans, maintenant, ou six. Son ex, Clara, si elle se souvenait bien, avait eu la brillante idée de le lâcher ce jour-ci. Depuis, c’était la même rengaine. Tous des abrutis, des niaiseux, des pigeons. Et c’était le jour idéal pour déprimer toute la journée sur le canapé, en jogging et t-shirt, une bière à la main. Et rester là à le regarder était une promesse de dépression.

Heureusement, aujourd’hui, Ambrine travaillait. C’était un jour ordinaire, avec seulement un peu plus de couples aux yeux pétillants dans la rue. Aussi, la jeune sorcière avala son reste de céréales, bu son verre de jus d’orange et se prépara pour sa journée. Une douche rapide, coiffage, maquillage léger, tenue de travail, elle prit encore une minute pour nourrir Altan, l’admirer, et lui glisser quelques mots, bref, tout était comme d’habitude. A l’exception de ce cadeau, soigneusement emballé, qu’Ambrine regarda fixement pendant quelques minutes. Elle y pensait depuis des semaines, et le doute ne l’avait jamais quitté. A partir du moment où l’idée avait germé dans son esprit, quand elle avait trouvé quoi acheter, au moment de l’achat, et même en choisissant le papier d’emballage, elle avait douté. Douté de son courage, lorsque le moment de l’offrir viendrait. Bien sûr, aujourd’hui, c’était bien pire. Aujourd’hui, elle avait peur. Parce qu’aujourd’hui, c’était le jour J. Après avoir jeté un coup d’œil à son réveil, Ambrine soupira, hésita encore un instant avant de se lever et de se diriger vers la porte, la fermant avec un coup de pied rageur. Non, elle ne tomberait pas dans le piège de la Saint-Valentin.

Quelques secondes plus tard, la porte se rouvrit et une petite fillette timide se dirigea précipitamment vers le cadeau, s’en empara, le serra contre elle et repartie en courant.  

Chaudement emmitouflée dans sa cape, Ambrine transplana devant le portail de la demeure des Bower. Celui-ci s’ouvrit pour la laisser entrer et se referma aussitôt qu’elle était passée. Le bruit métallique et sourd que cela produisit ne faisait plus sursauter Ambrine depuis longtemps, elle n’y faisait tout simplement plus attention. Mais aujourd’hui, ce bruit résonna dans son corps, comme si celui-ci était vide. Elle fut secouée par les vibrations qui parcouraient sa peau frêle, sentit un frisson remonter le long de sa colonne vertébrale, et sa poitrine se contracter. Par ces sensations désagréables, elle comprit que le stress avait réussi à s’emparer d’elle, entrant dans son corps au moment où sa position l’empêchait de faire demi-tour. Le Lord devait déjà savoir qu’elle était là. La fuite était devenue impossible. Elle marcha donc le long de l’allée qui menait à l’imposant manoir, se concentrant sur sa respiration. Son cœur battait plus fort que d’ordinaire alors qu’elle regardait sans les voir les contours familiers de son lieu d’étude et de travail.
Offrir un cadeau à Noël ou à un anniversaire était une chose normale. La Saint-Valentin, c’était un tout autre monde. Un monde qui lui faisait peur et qu’elle n’arrivait pas à cerner. Oh, bien sûr, elle ne comptait pas offrir ce cadeau avec une petite voix aigue et un rire bête, non, elle s’imaginait plutôt le donner avec un air détaché, comme si elle n’avait pas besoin d’une occasion pour l’offrir. D’ailleurs, le cadeau en lui-même ne ressemblait pas à un cadeau de Saint-Valentin. Ni chocolat, ni parfum, ni petit cœur rouge. Elle ne voulait pas paraître niaiseuse, comme le disait si bien son frère. Non, elle voulait juste faire plaisir à une personne qu’elle appréciait. Rien de plus. Elle avait beau se répéter ces belles paroles encore et encore, son cœur ne voulait les comprendre et battait encore à tout rompre, inconscient des mots raisonnables du cerveau. Lorsque, arrivée devant la porte, elle frappa pour signaler sa présence, il accéléra encore, réduisant le monde au bruit qu’il produisait en frappant contre sa poitrine. Boum boum, boum boum, boum boum. Il battait tant et si bien qu’Ambrine n’entendit pas Brady approcher et elle se surprit à sursauter quand la porte s’ouvrit.

« Bonjour Brady –lança-t-elle avec un sourire crispé en pénétrant dans la demeure.
- Bonjour Mademoiselle Illunia, Monsieur vous attendait. »

Laissant sa cape à l’elfe de maison, Ambrine attendit qu’elle la range pour la suivre, serrant son sac, dans lequel reposait précautionneusement le cadeau, tout contre elle. Avançant machinalement, elle se demanda si elle devait l’offrir immédiatement ou attendre un peu. Devait-elle le sortir tout de suite, pour se débarrasser du poids qu’il représentait, ou devait-elle attendre un peu, histoire de ne pas paraître agressive à peine arrivée ? Elle réfléchit tant qu’elle ne se rendit pas compte qu’elle se trouvait déjà à la porte du laboratoire, sans qu’elle n’ai pu se décider. Le stress rendit sa voix tremblante quand elle remercia Brady, et elle attendit que l’humanoïde parte pour se retourner vers la porte, lever le poing et hésiter. Tout de suite ou après ? Devait-elle vraiment lui offrir ? L’apprentie plongea sa main dans son sac avec nervosité, attrapa le cadeau, le serra et s’apprêtait à le sortir lorsque la porte s’ouvrit. Monsieur Bower. Réactive, elle lâcha le cadeau et sortit immédiatement sa main de son sac, avant de lancer un sourire coupable au Lord.

« Oh, bonjour Monsieur ! Pardonnez-moi, je suis en retard, je suis vraiment désolée. Ca ne se reproduira plus ! J’allais frapper, mais vous avez été plus rapide. »

La nervosité avait prit le dessus, et elle sentait ses joues perdre leur couleur alors que le regard bleu profond d’Aïlin était pointé sur elle.
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  • Aïlin Bower
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MessageSujet: Re: C'est un jour comme les autres, n'est-ce pas ? [PV Aïlin Bower]   C'est un jour comme les autres, n'est-ce pas ? [PV Aïlin Bower] EmptyJeu 3 Avr - 0:47:28

Par des gestes doux et précautionneux, Aïlin versa le contenu d'un alambic dans un ballon de cristal puis, à la lueur des bougies qui éclairaient le laboratoire souterrain, observa le violet sombre du liquide miroiter ses nuances profondes et opaques. Tandis qu'il observait attentivement la texture et la couleur du produit en le faisant se balancer d'un mouvement léger du poignet, il notait de la main droite ses observations sur un vélin, de son écriture fine, allongée et oblique, qui se traçait avec élégance sous la pointe de sa plume noire.
Pas de dépôt sur le cristal, l'eau violette coulait sur la matière sans y laisser la moindre trace, le laissant impeccablement immaculé. Robe profonde, aux nuances indigos, presque noires. L'alchimiste pouvait être fier d'avoir obtenu une telle texture, présage de haute qualité, quand bien même il n'était pas encore certain de l'effet exact qu'aurait cet élixir, fruit de recherches menées « pour la distraction ». Aïlin aimait tâtonner parfois, souvent, à vrai dire, et se laisser surprendre par son art. C'était aussi cela que l'alchimie. La découverte inattendue, le trésor insoupçonné, la surprise, la synchronicité du hasard.
Pourtant, aujourd'hui, la découverte d'un si bel aspect au sortir de l'alambic ne le mettait pas tant en joie que cela l'aurait fait, habituellement. Le pli de sa bouche demeurait irrémédiablement immobile, aucun sourire ni lueur dans le regard ne venait illuminer son visage qui, à se trouver de nouveau enfermé et non plus irradié par le soleil d'Istanbul, reprenait déjà son aspect laiteux coutumier. En vérité, il n'était pas totalement à ce qu'il faisait. Il n'était pas à l'instant présent depuis quelques jours, déjà.

Tandis qu'il reposait avec délicatesse le ballon sur l'établi, l'ancien Serdaigle revit le sourire presque compatissant que lui avait adressé sa sœur, la dernière fois qu'ils s'étaient vus seul à seule. « Aïlin, c'est tellement évident… ». Cette phrase murmurée par Lynn trottait dans son esprit, l'accaparait, l'angoissait. Comment pouvait-il être passé à côté de cela, si ça l'était tant ? Le jeune homme était perplexe, déstabilisé. Il devait bien l'admettre, la routine et les règles de conduite qu'il s'était fixé au fil du temps s'étaient bien ancrées en lui, l'empêchant de remarquer — ou d'accepter de voir — certaines évolutions, en particulier les changements qu'impliquait forcément le passage du temps. Il avait du mal à sortir de la bulle dans laquelle il s'était enfermé, et se sentait presque agressé, bousculé par l'information que lui avait révélé sa sœur, lui faisant tomber sur le coin du visage une vérité impliquant trop de bouleversements à son goût. Son mode de vie actuel lui convenait. Certes, on ne pouvait dire qu'il était véritablement heureux, mais au moins n'était-il pas malheureux. Pas comme il avait pu l'être. Il se sentait plus stable, plus serein, au calme. L'agitation du changement avait quelque chose de dangereux. Et le changement que présageait sa sœur l'était particulièrement, aux yeux du lord. Rien de bon ne risquait d'en sortir.
Une relation ne pouvait rester immuable, demeurer la même quelles qu'étaient les épreuves du temps et l'évolution des acteurs de cette liaison. Aïlin se sentait stupide de n'y avoir songé, ou de s'y être refusé en voyant l'adolescente qu'il avait pris sous son aile devenir, petit à petit, une jeune femme. À présent, il se sentait pris au dépourvu. Et piégé.
Il soupira et attrapa sa montre à gousset que lui avait offert Lynn avant de bouleverser sa vision étriquée de son environnement. Ambrine était en retard.

Rangeant sa montre dans sa poche de poitrine, il se recula de l'établi en emportant ses notes, qu'il enroula et scella d'un coup de baguette. Cette préparation devrait reposer, il ne pouvait rien de plus pour l'instant. Ce n'était, d'ailleurs, pas ce sur quoi il comptait faire travailler Ambrine aujourd'hui. Celle-ci lui avait succinctement parlé d'un projet sur lequel elle avait pris l'initiative de travailler, et il était temps de l'entendre.
L'alchimiste ouvrit la porte de son laboratoire et pila net, le parchemin encore serré dans son poing. Un regard surpris tomba sur la jeune femme qui se tenait devant lui, affublée d'un air attisant le soupçon. Que faisait-elle immobile derrière la porte, sans avoir frappé ni être entrée ? Était-ce que lui avait dit Lynn qui donnait la sensation au lord qu'Ambrine avait, à l'instant, un comportement étrange, à se justifier précipitamment tout en blêmissant ? Aïlin fronça les sourcils, puis se recula pour la laisser entrer. Voilà qu'il devenait paranoïaque, alors qu'elle était seulement mal à l'aise d'avoir eu un peu de retard.
« Ce n'est pas grave. finit-il par sourire. Tu auras seulement des devoirs supplémentaires, ce soir. »
Cette fausse remontrance, qui n'avait d'autre but que d'infantiliser la jeune femme, ne fit finalement que le mettre davantage mal à l'aise, avec ce qu'il pouvait planer de double-sens par le simple ajout d'une temporalité.
Non, c'était absurde, ce que lui avait dit Lynn. Pourtant, le regard du jeune homme coula sur Ambrine, l'observant sans rien laisser paraître de ses troubles, tandis qu'il revenait sur ses pas, oubliant qu'il s'apprêtait l'instant d'avant à rejoindre son bureau.
« Néanmoins, j'ai eu des difficultés à m'octroyer cette journée, il sera difficile de nous voir autrement que quelques heures pour tes enseignements à l'avenir, le soir ou le week-end. Je ne doute pas, cependant, que tu seras toujours aussi motivée et ponctuelle qu'avant, n'est-ce pas ? »

Après un sourire à l'adresse de sa protégée, Aïlin rangea succinctement les quelques affaires qu'il avait éparpillées pour ses précédentes recherches et en profita pour mettre son élixir en préparation en hauteur sur l'étagère réservée aux concoctions au repos. Il laissait, pendant ce temps, la jeune sorcière prendre ses aises et se préparer comme à l'accoutumée mais, lorsque cela fut fait, il attira une chaise à lui, et en tira une autre pour Ambrine, juste en face. Ce n'était pas dans ses habitudes, mais il fallait dire qu'à l'accoutumée, c'était lui qui menait les travaux et donnait les ordres. Aujourd'hui, c'était différent.
« Les commandes attendront, pour cette fois. Il y a un projet dont tu souhaitais me parler, je crois ? Nous n'avons pu en discuter en détails depuis, mais j'aimerais que tu m'en dises plus. As-tu ramené le fruit de tes recherches dans ton sac ? »
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  • Ambrine Illunia
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MessageSujet: Re: C'est un jour comme les autres, n'est-ce pas ? [PV Aïlin Bower]   C'est un jour comme les autres, n'est-ce pas ? [PV Aïlin Bower] EmptyMer 9 Avr - 22:58:52

Un petit sourire niais se dessina sur les lèvres d’Ambrine lorsqu’Aïlin lui répondit en la menaçant de lui donner plus de travail. Relevant les yeux vers lui après avoir timidement baissé la tête, elle lui lança son plus bel air désolé et attendit un geste de sa part pour entrer dans le laboratoire. Quand Aïlin fit demi-tour, la jeune femme le suivit docilement, tenant son sac tout contre elle. Son cœur palpitait fébrilement et résonnait dans sa tête en une musique au rythme infernal, rendant presque inaudibles les questions qu’elle se posait, alors que ses yeux restaient fixés dans le dos d’Aïlin. Devait-elle lui offrir ? Attendre quelques jours rendrait le geste moins suspect. Oui, elle pouvait attendre un peu. Et pourtant, elle avait envie de lui offrir, là, maintenant, d’observer son air étonné, sa réaction à la découverte de cette petite intention, peut-être même apercevrait-elle un sourire poindre sur ses lèvres fines. Le voir heureux, simplement. Le voir sourire avant de ne plus le voir.

Le nouveau travail du Lord angoissait la jeune femme. Elle savait que leur rendez-vous se feraient plus rares à l’avenir, même sans qu’Aïlin n’ai à le rappeler. Le soir, les week-ends, et que ferait-elle le reste du temps, sans lui ? Comment vivrait-elle quand le quotidien se transformerait en souvenir ? Trouver un travail, emménager dans son propre appartement, vivre autrement. Elle n’avait jamais songé à la possibilité que son maître lui dirait un jour au-revoir, qu’un jour ou l’autre, il faudrait vivre autrement. Et pourtant, l’heure était venue.

« Bien sûr Monsieur ! Je ne vous décevrai pas. Et puis, au besoin, vous serez là pour me donner des travaux supplémentaires » –sourit-elle avec une fausse conviction, tentant de détendre l’ambiance et, par extension, les battements de son cœur.

Elle tourna ensuite le dos à son maître, posa son sac sur le bureau et l’ouvrit. Le cadeau était là, sous ses yeux, correctement emballé. Ambrine déglutit avec difficulté. Pourquoi était-ce si compliqué ? Elle ferma les yeux pour se détendre, respirant profondemment, avant de plonger la main dans son sac et attraper un élastique avec lequel elle se fit une queue de cheval. Elle remonta ensuite ses manches, reprit son fourre-tout et se tourna pour faire face à Aïlin. C’était décidé, elle lui offrirait aujourd’hui. Lançant un sourire au Lord, elle serra inconsciemment ses poings, comme pour empêcher sa détermination de s’échapper à nouveau. Mais les faits de l’homme la déconcertèrent et, alors qu’il semblait préparer un entretien en face-à-face, elle le regarda sans bouger, étonnée et apeurée par la situation. Qu’allait-il lui annoncer ? Pourquoi affichait-il cet air si sérieux ? Elle avança, timide, et s’assit devant lui, avec un sourire crispé et une question qui tournait en boucle dans sa tête : « Ai-je fait quelque chose de mal ? »

A la deuxième phrase, Ambrine se détendit. Son assise se relâcha légèrement, alors qu’elle repensait à ses recherches personnelles. Déjà, elle rassemblait en sa mémoire toutes les informations importantes qu’elle devrait communiquer à Aïlin, hochant régulièrement la tête en souriant. Cependant, sa mine réjouit se liquéfia en une mine embarrassée au simple mot « sac ». C’est vrai, elle aurait dû penser à prendre une fiole avec elle, mais ses pensées étaient trop obnubilées par son cadeau qu’elle avait tout bonnement oublié. Le Lord lui offrait là une occasion en or de se débarrasser du poids qui pesait sur ses épaules depuis plusieurs jours déjà. Elle devait sauter sur l’occasion, tout en prenant un air détaché. Faire semblant que ce n’était qu’une petite chose sans importance, et qu’elle n’avait pas besoin d’une quelconque occasion pour lui offrir. Alors, tout en commençant à parler, elle se leva et se dirigea vers le bureau.

« Non, malheureusement, j’ai oublié d’en prendre, par contre, vous me faites penser à quelque chose. Heureusement que vous êtes là, j’ai failli oublier. »

Ses mains tremblaient et elle jurerait que sa voix en faisait autant. Mais elle ne se dégonfla pas et apporta la boite bien emballée dans du papier noir mat à Monsieur Bower. Celle-ci contenait, dans un petit écrin, une minuscule fiole d’or liquide, brillant et épais, à la couleur pure et éclatante. Il était terriblement difficile de s’en procurer, mais grâce à son maître, Ambrine connaissait les bonnes adresses, les bonnes personnes. Elle se rassit en face d'Aïlin et, avec les joues rouges pivoines, reprit :

« Je me suis renseignée, il ne contient ni argent, ni cuivre. On pourra travailler avec sans avoir peur des éventuelles effets secondaires. Pour mon projet, je travaille sur une potion qui réagit au Vitmagic. Bon, pour l’instant, ça reste très flou, et j’ai du mal à avancer puisque je n’arrive pas à me procurer une bouteille de cette satanée potion, mais je pense qu’on pourrait éliminer les effets secondaires du SDM avec mes recherches. Il reste quelques traces de Vitmagic dans le sang des contaminés, je n’ai pas encore réussi à trouver un moyen de connaître la quantité avec certitude, mais je sais le détecter et le supprimer. J’ai beaucoup travaillé avec les remèdes et, même si celui trouvé par Miss Brown est presque parfait, je pense qu’on pourrait l’améliorer. Je travaille encore sur le dosage des ingrédients, si je mets trop de zinc, il réagit au dioxyde de carbone et forme des caillots, mais si je n’en mets pas assez, il n’y a pratiquement pas de réaction avec le Vitmagic. C’est plutôt difficile, mais je pense que ça vaut la peine. »

Son débit de parole avait ralenti progressivement à mesure qu’elle s’était éloignée du sujet sensible. Ses yeux refusaient obstinément de se poser sur la boite et fixaient Aïlin presque sans ciller. Voilà, c’était fait. Pouvait-elle se cacher sous son lit et y mourir, maintenant ?
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  • Aïlin Bower
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MessageSujet: Re: C'est un jour comme les autres, n'est-ce pas ? [PV Aïlin Bower]   C'est un jour comme les autres, n'est-ce pas ? [PV Aïlin Bower] EmptyVen 11 Avr - 17:07:32

Un froncement de sourcils contrarié plissa le front d'Aïlin lorsqu'Ambrine avoua n'avoir pas apporté de quoi étudier la préparation dont elle lui avait parlé, mais il ne pouvait l'en blâmer, réalisant un peu tard qu'il aurait dû lui en demander un échantillon depuis longtemps déjà. Il était temps qu'il fasse plus attention aux recherches personnelles de la jeune femme, afin que celle-ci prenne son envol. Si elle voulait se lancer dans l'alchimie, elle devait savoir travailler seule. Il s'agissait d'un art qui demandait une grande part de travail en solitaire, et si deux alchimistes se réunissaient, si des confréries avaient pu se former — l'Histoire l'avait démontré — cela n'empêchait que c'était une magie qui, comme beaucoup de ses consœurs, demandait une grande part d'étude personnelle, et même intime.
Ambrine s'était pourtant relevée, expliquant à Bower qu'il lui avait fait penser à autre chose. Sa voix, étrangement, vacillait légèrement. Instinctivement, l'alchimiste se tendit, à la fois curieux et surpris autant par le son de voix de son élève que par les interrogations qu'elle suscitait en lui. Il alla pour se lever, mais se ravisa en la voyant revenir à lui avec un petit paquet noir. Interloqué, il fixa le paquet et hésita, avant de le prendre en mains. Il la releva les yeux sur la jeune femme et hésita. Que lui valait cet honneur ? Il n'en avait pas la moindre idée. Les fêtes de fin d'année étaient largement derrière-eux eux et son anniversaire n'approchait pas encore. C'était pourtant bien un présent, quand bien même l'emballage demeurait très sobre. Avec délicatesse, Aïlin défit le papier et observa l'écrin avant de l'ouvrir avec précaution. Soufflé, il entrouvrit la bouche, mais n'eut pas le temps de prononcer un mot qu'Ambrine s'élança dans une explication précipitée. Ses joues rougissaient à mesure qu'elle se précipitait à expédier ce moment embarrassant autant pour elle que pour lui.
« Je… »
Il n'eut pas le temps de prononcer un mot de plus. La jeune sorcière changea de sujet, ne laissant pas même au lord le temps de la remercier, ni d'apprécier le cadeau. Il en aurait certainement ri si les faits n'avaient pas, à ce moment, fait le tour de son cerveau. On était le jour de la Saint-Valentin. Ambrine venait de lui offrir un flacon d'or pur, rendu malléable certainement par liquéfaction dans l'eau royale.

Son cœur battit avec plus de force dans sa poitrine, et il se sentit bizarrement engourdi. L'ancien Serdaigle était tant sous le choc qu'il lui fallut un effort immense pour se concentrer sur ce que lui disait Ambrine, et parvenir à comprendre ce qu'il entendait. Il ne pouvait s'empêcher d'examiner le feu de ses joues s'amenuiser à mesure que sa voix devenait moins nerveuse et empressée, puis son regard briller, l'attente, la peur dissimulées derrière leur éclat, sans grand succès. Lynn avait dit vrai. C'était une évidence. Malgré lui, l'ombre d'un sourire glissa sur ses joues, mais il détourna la tête avant qu'Ambrine ne puisse l'apercevoir.

Sans un mot, Aïlin se leva et vint faire face à son établi. D'un coup de baguette magique, il attira à lui un nouveau rouleau de parchemin, qui se posa et se déroula juste devant lui. Il attrapa sa plume, la trempa dans l'encrier et prit le temps de coucher quelque chose sur le vélin. Lorsque celui-ci fut quasiment rempli, il sécha l'encre d'un coup de baguette, le retourna et fit une nouvelle annotation au dos. Alors, il le plia et fit le tour de son bureau improvisé, allant à l'armoire. Celle-ci demeurait toujours fermée à clef et envoûtée pour ne permettre aucune intrusion. Il défit la protection magique, l'ouvrit d'un tour de clef et sans hésiter, prit une fiole que la Poufsouffle ne tarderait pas à reconnaître. Enfin, il revint à son atelier.

« Approche. » demanda-t-il en tournant son profil vers elle.
Aïlin tapota de l'index les quelques mots rédigés au centre du parchemin, sur le verso. Il s'agissait d'une adresse.
« Tu te souviens peut-être de Lavande Brown, la médicomage qui a lancé le groupe de recherche sur le SDM. Je suis certain qu'elle pourra t'aider et se fera un plaisir de te prêter le fruit des recherches de son groupe, ainsi que la recette à laquelle ils ont abouti. J'ai une idée assez précise de la façon dont ils s'y sont pris car je… disons que je leur ai donné un coup de pouce. Ce serait compliqué à expliquer, mais j'ai saboté mes propres recherches à dessein. Les documents dont j'ai gardé les copies ne te seraient pas autant utiles que ce qu'elle doit posséder encore. Contacte-la, donne-lui mon nom. C'est une amie et elle ne m'en voudra pas de t'avoir confié son adresse personnelle. Posséder la recette du remède sera profitable à tes recherches. » L'alchimiste retourna le parchemin et reporta son attention sur son élève. « Voici quelques suggestions. Tu sauras décrypter, maintenant, les symboles employés. Tu peux étudier ces pistes, pour commencer, ou t'en inspirer pour écouter ce que te suggère ton esprit. Enfin… »
Cette fois-le jeune homme attrapa le flacon et le fit glisser en douceur jusqu'à la jeune femme, se tournant en même temps pour lui faire face, un sourire satisfait sur les lèvres.
« Un bon chercheur garde toujours une réserve du produit qu'il a étudié par le passé. Veille à ne parler à personne de cet échantillon, tu connais sa dangerosité. Je te fais confiance. »

Bower regarda son apprentie dans les yeux. Il se rendit compte, non sans une pointe de surprise, de la réalité de sa dernière sentence. C'était vrai, il avait une entière confiance en Ambrine, en tant que personne et en tant qu'apprentie alchimiste. Il l'avait laissée entrer dans son laboratoire, là où même sa sœur avait besoin d'une autorisation explicite et seulement ponctuelle pour s'aventurer en ces lieux. Il la laissait aller et venir ici et dans le reste du manoir, qu'il soit là ou non. Et, peu à peu, le laboratoire était devenu le leur plus que le sien seulement. Même Tanya, Botcharov, l'assistante russe envoyée par Dmitriev, n'avait pu approcher son laboratoire en l'absence du maître des lieux.
D'un mouvement doux de l'index, le jeune homme releva le menton d'Ambrine et s'approcha de son visage.
« Ce n'est pas encore assez pour te remercier de la belle attention que tu as eue pour moi. Je ne crois pas qu'on m'ait déjà offert un si beau présent. » murmura-t-il, la voix douce, avant de venir baiser tendrement sa joue.

Puis, Aïlin se recula d'un pas. Il ne pouvait pas lui faire la déception de refuser son cadeau, d'autant que celui-ci le touchait. La jeune femme avait dû faire des pieds et des mains pour obtenir un métal aussi pur et aussi rare. Lui-même n'y était jamais parvenu. Sûrement sa féminité et sa beauté florissante avaient joué dans ce tour de force. Le sourire de l'alchimiste s'affadit un peu. Oui, elle devenait de plus en plus belle, mais il ne pouvait pas se permettre de lui donner ce qu'elle espérait. Il finirait par lui faire du mal, ou pire encore : il finirait par la perdre comme il avait perdu Clarisse.
« Ambrine… » soupira-t-il, hésitant. « Est-ce le fruit d'un formidable hasard que tu aies obtenu, pour moi, une telle rareté le jour même de la Saint-Valentin ? »
Voilà, c'était demandé. Il n'avait, de toute façon, guère d'autre choix que de faire face aux sentiments de sa protégée. Il savait qu'il ne pourrait les effacer, mais il ne pouvait non plus les ignorer et feindre qu'ils n'existaient pas, en s'imaginant les voir ainsi disparaître d'eux-même. Il était son aîné, il connaissait les choses de l'amour, aussi bien ses plaisirs que ses affres. Et il avait, plus que certainement, sa part de responsabilité dans les sentiments qu'Ambrine était soupçonnée d'éprouver pour lui. Le cœur lourd, battant plus fort dans sa poitrine, il fixa l'ancienne Poufsouffle avec autant de douceur que son regard aux teintes polaires le lui permettait.
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  • Ambrine Illunia
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MessageSujet: Re: C'est un jour comme les autres, n'est-ce pas ? [PV Aïlin Bower]   C'est un jour comme les autres, n'est-ce pas ? [PV Aïlin Bower] EmptyDim 13 Avr - 23:45:25

Ambrine ne réalisait pas. Elle refusait obstinément d’y penser. Et pourtant, elle venait bel et bien d’offrir son premier cadeau de Saint-Valentin au premier et seul homme qui éveillait en elle ces dizaines de petits papillons dopés à l’amphétamine. Elle le regardait, cet homme-là, son maître, son sauveur, avec une pointe de panique dans le regard, qu’elle dissimulait derrière un air concentré. Ne pas y penser, ne pas y penser. Passer à autre chose.
Aïlin lui en offrit l’opportunité. Il se leva pour se diriger vers son établi, lui tournant le dos. Mais au lieu de la soulager, cela la fit culpabiliser. Elle se sentait mal, démunie, liquéfiée. Elle voulait partir et pourtant, elle voulait rester là, avec lui. Ne pas lui faire face et le prendre dans ses bras. Rester des heures à le regarder travailler et rentrer chez elle sur-le-champ. Pourquoi partait-il, sans un mot, sans un signe ? Pourquoi la laissait-elle seule face à son désarroi, à sa peur, à ses doutes ? Elle l’observa attentivement, sans que rien ne puisse la déconcentrer. A vrai dire, elle ne le quitta pas du regard, fixant son dos, sa nuque, ses cheveux. Le bruit que produisait la plume grattant le parchemin éveilla en elle sa curiosité, sans qu’elle ne puisse se contrôler. Ses sourcils se froncèrent et elle se pencha légèrement vers la droite, cherchant à percer les secrets de l’alchimiste. Elle se redressa pourtant vite, reprenant une posture droite, lorsqu’Aïlin quitta l’atelier pour se diriger vers son armoire. Cette fameuse armoire qu’elle n’avait jamais vu ouverte. Son contenu était un mystère, et au cours des années, ses espoirs de connaître ce qu’elle renfermait s’était amenuisés. Aujourd’hui, ils revenaient avec force, prêts à faire flancher ses bonnes manières. Mais Aïlin était rapide. Elle n’eut pas le temps de penser à jeter un œil curieux dans l’armoire que déjà ses portes se refermaient sur ses secrets. Frustration.

« Approche. »

Ambrine obéit. Elle se leva et se posta aux côtés d’Aïlin, toute proche de lui, et laissa ses yeux parcourir librement le parchemin qu’Aïlin lui désignait. Avec des gestes doux, elle approuva de la tête la première phrase d’Aïlin. Oui, elle se souvenait de Lavande, l’ayant fréquemment croisé dans l’ancienne UMA lorsqu’elle était malade. A la deuxième phrase, ses yeux se relevèrent, brillant, empli d’un espoir palpable, remerciant silencieusement Aïlin pour l’aide qu’il lui proposait. Oui, avoir la recette exacte et une idée plus précise des recherches menées représenteraient une aide très précieuse pour l’apprentie. Un instant, son regard s’assombrit, interrogeant clairement son maître lorsqu’il parla de sabotage. Pourquoi avait-il fait ça à ses propres recherches ? Sans donner plus d’explications, il continua, et Ambrine se promit de le questionner plus tard. Elle reporta ensuite son attention sur le parchemin et le lu en diagonale.

« D’accord, merci » – chuchota-t-elle en prenant le parchemin en main. Elle ne lui accorda pourtant pas vraiment son attention, attirée par le flacon qu’Aïlin faisait glisser vers elle. Son sourire disparu complètement au moment où elle reconnu la couleur particulière du Vitmagic. Doucement, elle reposa le parchemin et prit dans ses mains la petite bouteille avec délicatesse, comme si le moindre geste violent la ferait disparaître ou exploser. Elle était époustouflée et terrorisée à la fois par cette potion. Cette potion qui lui avait pourri la vie mais qui lui avait aussi permit de trouver sa voie. Un paradoxe étrange et intéressant. Serrant la fiole dans ses mains, Ambrine releva la tête et regarda Aïlin droit dans les yeux, lui lançant un regard pétillant, excité et empli d’une joie sans nom.

« Merci, merci beaucoup Monsieur. J’en ferais bon usage, je vous le promets. »

Oui, cette fois-ci, elle se servirait de cette potion pour aider les autres, et non plus pour ses propres intérêts. Elle avait été égoïste et inconsciente lorsqu’elle avait eu sa première bouteille de Vitmagic en main, aujourd’hui, elle agirait intelligemment. Elle ancra à nouveau son regard sur la fiole, quelques secondes, perdue dans les dégradés de la couleur de sa robe. Cela représentait tant pour elle. Mais son observation ne dura pas longtemps. Aïlin posa son doigt sous son menton, relevant son visage qui, aussitôt, devint rouge pivoine. Elle le regarda, droit dans les yeux, la bouche légèrement entrouverte, le cœur battant. Un sourire gêné apparu sur son visage quand il la complimenta sur son cadeau. Elle ne respirait plus, ne bougeait plus. Elle était suspendue aux lèvres d’Aïlin, leur jetait des coups d’œil fréquents. Quand elles vinrent se déposer en un doux baiser sur sa joue, Ambrine ferma les yeux l’espace d’une demi-seconde, heureuse, amoureuse, comblée. Elle ne reprit sa respiration que lorsqu’il fit un pas en arrière, et n’abandonna pas ce petit sourire à la fois charmeur et gêné. Ses joues ne décoloraient pas et pourtant, elle était bien. Elle appréciait cette vie.

« Est-ce le fruit d'un formidable hasard que tu aies obtenu, pour moi, une telle rareté le jour même de la Saint-Valentin ? »

Son cerveau s’arrêta net. Elle détourna le regard, cherchant désespérément une échappatoire quelque part. Il n’y en avait pas, bien sûr, elle ne pouvait pas s’échapper. Partir, fuir, et puis revenir et faire comme si de rien n’était ? Impossible. Elle chercha un instant comment respirer, et fit une première tentative d’explications.

« Euh… O… Euh… N… »

Elle inspira, expira, inspira, bloqua puis se tourna vers Aïlin. Sans doute que sa peau s’était décolorée, blanchit par la peur. Son cœur était lourd, palpitant, incontrôlable. Un rire nerveux lui échappa.

« Pas … Vraiment ».

Sa voix était aigue, tremblante. Elle pensait pourtant avoir prit un air suffisamment détaché. Comme si ce n’était rien d’autre qu’un élément de plus avec lequel travailler. Mais pour une fois, Aïlin avait remarqué. Ou plutôt, pour la première fois, il lui faisait remarquer qu’il avait remarqué. Remarqué qu’il savait, tout. Elle se sentait terriblement mal à l’aise. Ambrine n’avait pas envie d’être remarquée. Elle releva un regard triste vers Aïlin et, timide, lui lança en un chuchotement :

« C’était juste l’occasion de vous offrir un petit quelque chose, mais … C’était peut-être pas une bonne idée, désolée… J… Je voulais juste … Vous faire plaisir aujourd’hui, c’est tout.

Ambrine jouait nerveusement avec ses doigts et les regardait obstinément, refusant de relever les yeux vers son maître. Pourquoi avait-il été si franc, cette fois-ci ? Pourquoi avait-elle été si gourde de lui offrir ce présent aujourd’hui ? Pourquoi avait-elle fait changer les choses ? Quelque part au fond d’elle, elle était triste. Triste que sa vie change. Triste d’avoir, à l’instant, perdu l’Aïlin qu’elle connaissait.
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MessageSujet: Re: C'est un jour comme les autres, n'est-ce pas ? [PV Aïlin Bower]   C'est un jour comme les autres, n'est-ce pas ? [PV Aïlin Bower] EmptyDim 20 Avr - 18:29:22

Avant même qu'Ambrine n'ouvre la bouche, Bower connaissait la réponse à sa question. Il regretta de l'avoir posée, de n'avoir fait montre, au moins, de plus de douceur dans la façon dont il l'avait formulée, mais il ne pouvait désormais plus revenir en arrière. L'alchimiste en éprouvait comme un soupçon de déception, ou d'un il ne savait quoi qui lui serrait le cœur. Quelque chose venait de s'éteindre entre Ambrine et lui, une page venait de se tourner. Elle n'était plus une enfant, et pour la première fois, il montrait qu'il se rendait compte de cette différence. En particulier, de la différence que cela entraînait dans leur relation. Aïlin aurait dû y songer, le voir venir. Mais, comme d'autres avant lui, il s'était représenté le présent comme une chose immuable, refusant de voir quelles seraient les conséquences pour demain.

Les grands yeux apeurés de la jeune femme vinrent enfin retrouver les siens, tandis qu'elle avouait, dans un rire crispé, qu'Aïlin avait vu juste. Il s'en voulait à présent de ne l'avoir prévu. Le jeune homme avait été très présent dans la vie d'Illunia, certainement trop. Il avait été celui qui l'avait sauvée du pire dans l'Allée des Embrumes, puis l'homme qui avait pris soin d'elle lorsqu'elle était tombée malade et, par culpabilité, il avait gardé un œil sur elle quand les suites du SDM avaient rendu sa magie instable et erratique. Il avait cru prendre une place de grand-frère auprès de l'adolescente, mais il avait manifestement pris une toute autre importance.

« C’était juste l’occasion de vous offrir un petit quelque chose, mais … C’était peut-être pas une bonne idée, désolée… J… Je voulais juste … Vous faire plaisir aujourd’hui, c’est tout. » l'entendit-il murmurer, les joues blanchies par l'appréhension.
Lui-même ignorait comment réagir. Son cœur se serra à voir son air piteux, et il éprouva l'envie de la prendre dans ses bras, de la rassurer. Mais il ne pouvait pas le faire, car ce geste signifierait trop. Il fallait pourtant qu'il réagisse, qu'il ne la laisse pas macérer dans les sentiments troublés qui se battaient en elle, en ce moment même. Bower savait trop bien ce que coûtait d'avouer des sentiments trop longtemps tus, quel paradoxe étrange nouait les entrailles et soulageait l'âme d'un poids en même temps. Et quelle douleur il y avait à être repoussé.
Il aurait voulu lui épargner le moindre mal venant de lui. Il avait toujours vu en elle, et le voyait encore aujourd'hui, cette part d'innocence mêlée d'obscurité que lui-même avait un jour renfermé sans avoir su garder la première. C'était la raison pour laquelle il s'était pris d'affection pour elle. Mais il ne voulait pas la contaminer avec ses tourments, et surtout pas lui faire de mal. Encore une fois, il se savait condamné à faire l'un ou l'autre.
« Non, ne t'excuse pas, murmura-t-il pour briser la gêne. Tu n'as rien fait de mal. S'il y a quelqu'un à blâmer, ce serait moi. »

Embarrassé, Aïlin observa Ambrine jouer nerveusement avec ses doigts, le front baissé en direction de ses chaussures. Malgré ses formes de femme en plein épanouissement, elle demeurait telle qu'Aïlin l'avait trop longtemps vue : une enfant. Une enfant sans expérience de l'amour, de ses affres et de ses douceurs. Il en était responsable, il fallait maintenant l'assumer. Aïlin soupira, incertain. Il ne savait même pas ce qu'il ressentait, de son côté. Il n'avait songé qu'à elle, sans oser regarder vers son cœur et y découvrir qu'il pouvait voir Ambrine comme une femme, belle et désirable.

D'un pas lent, Bower se rapprocha de sa protégée et se pencha légèrement au-dessus d'elle, tout en glissant son index sous son menton. D'un geste tendre, il lui releva la tête et plongea ses yeux dans les siens. Un sourire un peu amer ourlait ses lèvres.
« Prends garde, Ambrine. Ne confonds pas l'admiration et l'amour, ce sont deux choses très différentes, mais il est pourtant facile de les confondre… Ne te fermes pas aux autres hommes parce que tu crois m'aimer. Je ne veux pas te voir malheureuse, et je ne veux pas te faire souffrir. »
Avec autant de douceur qu'il en avait eue dans la voix, Aïlin caressa la mâchoire de la jeune femme, sans lâcher son regard. Il doutait, à présent. Il doutait qu'Ambrine ressente vraiment un amour d'amante à son égard, et songeait que cela était plutôt le reflet de l'affection profonde qu'elle lui portait, saupoudrée de cette admiration qu'il avait souvent lue dans ses yeux. Comme il se l'était déjà dit, elle ne savait, après tout, rien de l'amour. Lui-même en avait-il su quelque chose quand, à son âge, il était tombé aux pieds de Clarisse ? Sûrement fallait-il souffrir, finalement, pour en savoir quoi que ce soit.
« Le prix à payer pour quelques mois de bonheur serait bien trop fort. » lâcha-t-il alors, plus aigre alors que son regard se voilait d'ombre, se fermant aux éclats bleus de celui d'Ambrine. Lentement, il lâcha le visage de la jeune femme. Sa main retomba le long de son flanc tandis que la lassitude s'abattait sur ses épaules.
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MessageSujet: Re: C'est un jour comme les autres, n'est-ce pas ? [PV Aïlin Bower]   C'est un jour comme les autres, n'est-ce pas ? [PV Aïlin Bower] EmptyLun 21 Avr - 21:57:04

Elle l’aimait, depuis longtemps. Elle ne s’en était pas rendue compte au début, de ces sentiments qui avaient germés en silence dans son cœur. Mais le jour où elle avait enfin compris, au moment où sa tête avait enfin accepté de mettre un nom sur ces battements irréguliers et bien trop rapides de son cœur, elle n’avait pas réussi à passer outre. Malgré la peur, l’incertitude. Elle n’avait jamais eu l’occasion d’essayer d’oublier. Aïlin avait été présent, tout le temps. Et elle n’avait jamais voulu s’en éloigner. Alors elle s’était laissée submerger, bercer par l’espoir, par les « peut-être » et autres « pourquoi pas », surmontant la différence d’âge et son grand manque de confiance en elle. L’apprentie avait vécue dans un monde utopique où ses rêves pouvaient virevolter librement dans son esprit, elle avait espéré, imaginé ces mois, ces années au bras de son maître, non plus en tant qu’enfant, mais en tant que femme. Lui, heureux, souriant, fier, elle, comblée, amoureuse, admirative. Combien de fois s’était-elle vu, accrochée à ses lèvres, dans ses rêves les plus fous ? S’imaginer le rendre heureux, s’occuper de lui comme il s’était occupé d’elle. Ô comme le bonheur lui paraissait si proche, hier encore.

Et aujourd’hui, elle avait perdu. Aïlin n’avait pas encore parlé, mais la jeune femme devinait déjà sa réponse. Elle se lisait dans l’air irrespirable, dans l’atmosphère lourde de la pièce. Et si Ambrine ne levait pas la tête, c’est parce qu’elle ne voulait pas la voir dans le regard de son maître. Elle n’avait pas le courage de découvrir son triste futur dans ces yeux qu’elle avait tant de fois observé et qu’elle aimait tant.  Elle resta là, comme une sotte, incapable de se décider à bouger alors même que sa tête hurlait des ordres que son corps n’entendait pas. Elle avait envie de partir, de rentrer chez elle pour se nourrir l’esprit à coup de livres tout en se gavant de chocolats, jurant sur ce satané Valentin, démon sans scrupule, avant de s’endormir d’épuisement sur son lit, où elle oublierait qu’aujourd’hui elle avait enfin ouvert son cœur.

Au murmure d’Aïlin, un léger frisson parcourut sa colonne vertébrale, partant du creux de ses reins jusqu’à sa nuque. Elle ne comprit pas pourquoi son maître était à blâmer, mais n’osa pas demander. Elle ne pouvait pas parler, ou ne le voulait pas. Sa gorge était sèche, ses poumons manquaient d’air. L’embarras lui maquillait le visage, déformant ses traits d’enfant, et elle attendait qu’enfin tombe la sentence. Elle regarda les jambes du Lord s’approcher doucement vers elle, le laissa lui relever le visage de l’index et se fit violence pour le regarder droit dans les yeux.

« … Ne te fermes pas aux autres hommes parce que tu crois m'aimer. Je ne veux pas te voir malheureuse, et je ne veux pas te faire souffrir. »

La tristesse s’effondra sur son visage. Elle le lâcha des yeux pour regarder sans le voir le laboratoire qui les entourait, cherchant au plus profond d’elle-même la force de retenir les larmes qui déjà naissaient au fond de sa gorge. Elle n’avait pas le droit de lui montrer la douleur qu’elle ressentait, à ce moment précis. Elle n’avait avoué qu’à demi-mot, et il en avait fait de même. Mais au fond, peu importaient les termes, ils n’empêchaient qu’Aïlin venait bel et bien de la rejeter. Son cœur, trop de fois sollicité aujourd’hui, se serra dans sa poitrine, pourtant, et ce malgré le poids de la souffrance, elle tenta de sourire. Pour lui bien plus que pour elle-même. Car Ambrine refusait catégoriquement de faire du tort à son maître. Sans doute aurait-elle tout donné pour ces quelques mois de bonheur dont il parlait, mais si lui ne souhaitait pas prendre le risque, alors elle ne voulait pas qu’il soit triste ou gêné. Pas à cause d’elle. Non, seul son bonheur comptait. Après tout ce qu’il avait fait pour elle, la jeune femme ne pouvait pas se résoudre à lui faire ça. Il était son sauveur, son médecin, son maître, son ami et confident.

Alors, timidement, elle le prit dans ses bras, se serrant tout contre son torse, respirant à plein poumons son délicieux parfum. Elle resta un instant là, maintenant son visage à l’abri du regard inquisiteur d’Aïlin, pour rassembler tout le courage dont elle pouvait faire preuve puis, d’une voix douce, elle lui chuchota à l’oreille :

« Vous avez sans doute raison… Je vous demande pardon monsieur, oubliez ça … N’en parlons plus… »

Elle ne voulait pas le perdre. Et si elle devait faire abstraction de ses sentiments, si elle devait faire passer son amour pour de l’admiration, alors elle le ferait. Elle le ferait sans remord, sans hésitation. Tout simplement parce qu’elle l’aimait, profondément. Se parant de son sourire le plus sincère, elle se recula et releva des yeux humides vers lui. Elle ne savait pas si elle aurait la force de sourire tout au long de cette journée aux côtés d’Aïlin, mais il était hors de question pour elle qu’elle parte comme une voleuse. Sa présence était ce qu’elle avait de plus précieux.

« C’est notre dernière journée ensemble avant un bon bout de temps, ce serait triste de la gâcher. D’ailleurs, comment se passe votre travail ? Je sais que vous n’avez pas le droit d’en parler, mais il y a bien des petites choses que vous pouvez raconter, non ? »

Tout en parlant, elle s’était tournée vers l’atelier et avait attrapé quelques fioles qu’elle examinait. Inconsciemment, Ambrine commençait à travailler, mélangeant quelques substances ensemble sans savoir pourquoi elle faisait ça. Le simple fait de s’occuper les mains la soulageait, et enchaîner sur un autre sujet l’aidait à retenir ses larmes. Pourtant, elle sentait que ses yeux se voilaient doucement, rendant illisible les inscriptions sur les différentes fioles. Elle devait se contenir, tenir au moins jusqu’à ce soir, lorsqu’elle aurait enfin franchi le pas de la porte de l’appartement de son frère. Et pour cela, elle devait parler, discuter d’autre chose. Ne pas réfléchir, ne plus penser, se laisser bercer par l’indifférence.

« Vous avez réussi à approcher Sheena sans qu’elle n’essaye de vous mordre ? J’ai cru comprendre qu’elle avait quelques réticences à travailler avec un alchimiste. C’est dommage, il y a tellement de choses qu’elle pourrait apprendre… Oh mais ne vous inquiétez pas, je suis sûre qu’elle apprendra à vous apprécier. Elle n’est pas si sauvage qu’elle en a l’air !»
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  • Aïlin Bower
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MessageSujet: Re: C'est un jour comme les autres, n'est-ce pas ? [PV Aïlin Bower]   C'est un jour comme les autres, n'est-ce pas ? [PV Aïlin Bower] EmptyMar 22 Avr - 15:13:44

Aïlin hésita une seconde, puis referma ses bras autour du corps frêle d'Ambrine tandis qu'elle enfouissait le visage dans le tissu de sa chemise, tout en se lovant contre lui. Gardant le silence, il caressa son dos, sans parvenir à trouver s'il était plus désolé pour lui ou pour elle.
Le pardon qu'elle lui demanda était peut-être pire que n'importe quelle autre réaction. Il était plus facile de gérer la colère, l'emportement lié à l'incompréhension, de consoler des larmes, quand bien même Aïlin n'avait jamais été le plus doué en la matière. En revanche, il ne s'était pas attendu à cette dévotion, cette soumission à son jugement. Ambrine se taisait, enfermant derrière une excuse et un timbre de voix vacillant la douleur qui avait éclaté l'instant d'avant dans ses yeux. C'était une réaction bien différente de tout ce qu'il avait connu, assez différente pour le déstabiliser. Aussi la laissa-t-il se reculer de lui et lui sourire, sans vraiment réagir ni savoir quoi répondre à sa remarque. Il nota ses yeux trop brillants pour ne pas contenir de larmes, mais ne lui renvoya en retour qu'un air inquiet, quelque peu apitoyé.

Bientôt, elle lui tourna le dos et s'affaira à mettre de l'ordre dans les fioles, puis à travailler sans but précis. Elle lui offrait elle-même une porte de sortie pour s'échapper à ce moment terriblement gênant, à cette atmosphère oppressante. Néanmoins, Aïlin n'était pas sûr qu'il fut le plus juste et le mieux d'en profiter. Ah, qu'aurait-il donné pour savoir comment réagir ! Malheureusement, le cœur des femmes était un terrain demeuré mystérieux pour l'alchimiste. Il n'avait jamais vraiment su y faire, lorsqu'il impliquait ses sentiments ainsi que ceux de l'autre. Combien d'erreurs avait-il fait, avec Clarisse, avec sa sœur et avec d'autres encore ? Toutes les réactions lui venant à l'esprit lui semblaient mauvaises, aussi mauvaises que celle ayant entraîné l'aveu d'Ambrine.
Il aurait pu lui dire qu'à vrai dire, il comptait libérer au moins quelques soirs dans la semaine pour elle, mais il doutait maintenant que ce fut la meilleure chose à faire pour la jeune femme. Il aurait voulu se laisser distraire par la tentative de conversation, mais son regard restait obstinément braqué sur la nuque de l'ancienne Poufsouffle, et son esprit tournait et retournait les mêmes interrogations.
Aïlin le sentait. Il venait de perdre sa protégée. Il devrait désormais faire attention à son comportement, veiller à ne rien lui faire espérer, et surtout, il allait devoir s'éloigner d'elle. Car il ne pouvait pas lui offrir ce qu'elle voulait. Il ne pouvait pas, car ce serait la perdre totalement. Il la décevrait, il n'était pas pour elle. Il était un chercheur, un loup solitaire avec lequel elle finirait par s'ennuyer. Il aurait aimé le lui faire comprendre, mais il savait ces choses là vouées, d'avance, à l'échec. Qu'importaient les raisons pour Ambrine, le résultat était le même. Malheureusement, il semblait que ce jour soit celui où ils entameraient la fin de cette proximité qu'ils avaient eu quatre ans durant. Cela nouait la gorge d'Aïlin davantage qu'il ne l'aurait soupçonné. Détournant enfin le regard, il se focalisa sur les mains d'Ambrine, observant ce qu'elle faisait.

« Miss Stormcrow est… Disons que je l'évite autant que je peux, je m'en voudrais de perdre mon sang-froid. Elle a de la chance d'être née femme, ou elle serait déjà en train de regretter son mépris à mon égard et à celui de mon art… » tenta-t-il, sans vraiment avoir le cœur à la conversation. Songer à cette grande godiche de Sheena n'était certainement pas ce qu'il y avait de plus apaisant, fallait-il dire.

Sans la brusquer, Aïlin retira des mains d'Ambrine la fiole qu'elle venait d'attraper et l'éloigna de cette dernière. Depuis qu'il regardait ce qu'elle faisait, elle agissait manifestement par automatisme, et sans but. L'esprit pragmatique de l'alchimiste, toujours en éveil malgré la situation remarquait ses gestes et y associait des possibilités, des objectifs, avant même d'observer un résultat ou les actions suivantes. Néanmoins, il s'alarmait aussi de voir la jeune femme utiliser sans projet l'essence rare et potentiellement dangereuse qu'il venait de lui retirer.
« Attention avec ça, son dosage est extrêmement précis et tu ne peux l'utiliser avec de l'essence de mercure. Il serait sage d'éviter de s'intoxiquer mortellement si l'on veut profiter de cette journée, tu ne penses pas ? »
Un sourire glissa sur les lèvres d'Aïlin. L'humour était-il prématuré ? Il n'en savait trop rien, mais cela eut au moins l'avantage de le décrisper un peu. Assez pour qu'il ait le courage de lui prendre la main.
« Viens, allons boire quelque chose. Le travail attendra. »

Bower entraîna Ambrine à sa suite et monta jusqu'au rez-de-chaussée. Là, il se dirigea, prenant de nouveau sa main, jusqu'au grand salon où il l'invita à s'installer sur le canapé qu'il avait installé entre deux des hautes fenêtres, face au piano. Il appela Braddy afin que celle-ci apporte un chocolat chaud à la jeune femme, mais alla, pour sa part, se remplir un verre de Bushmill. Revenant à elle, il s'installa près de la jeune femme, et lui offrit un sourire avant de boire une lampée de whiskey.
« Tu veux entendre l'histoire de l'imbécile qui est tombé amoureux de la mauvaise personne ? » demanda-t-il en glissant son bras au-dessus du dossier du canapé, au-dessus des épaules d'Ambrine. Ses yeux brillèrent d'amertume.
« J'ai demandé une femme en mariage, lorsque j'avais ton âge. Elle a dit non, bien sûr, mais nous avons quand même passé quelques mois ensemble, après des années à se chercher. C'était stupide et irréfléchi d'avoir fait une telle demande, je sais, mais je l'aimais. J'aurais tout fait pour elle, mais elle ne croyait pas en moi. Il faut dire que je lui ai menti. Souvent, beaucoup. Pour de bonnes raisons, du moins c'était ce que je croyais, mais ce n'étaient pas de bonnes raisons pour elle. J'ai cru me rattraper en faisant taire mes démons, en ignorant mes propres tourments. En m'occupant d'elle, en faisant tout ce qui est en mon pouvoir pour la voir sourire. Jusqu'au jour où je me suis fait ceci… »

D'un geste lent, Aïlin retira son bras et ouvrit son bouton de manchette, pour relever la manche de sa chemise. Alors, il tourna son poignet, offrant à la vue d'Ambrine les fines cicatrices, discrètes mais bien visibles ainsi dénudées, qu'il cachait d'habitude.
« …et ce jour-là, elle est partie sans se retourner. Je n'ai ni su la rendre heureuse, ni ai su me préserver de sa perte. Encore moins de la fureur rongeante qu'entraîne ce sentiment de culpabilité et de trahison qu'elle m'a laissé en disparaissant. »
Aïlin rabaissa sa manche d'un geste sec, puis la ferma à l'aide de son bijou. Son regard resta rivé sur le tissu blanc ce faisant, puis se détourna lorsqu'il récupéra son verre de whisky, posé sur le guéridon à côté de lui.
« Je ne veux pas te perdre, toi non plus, mais je ne peux pas te rendre heureuse. Je n'ai jamais su comment rendre ceux que j'aime heureux et je ne veux pas te détruire à petits feux. Tu mérites bien mieux que ça, tu es une jeune femme merveilleuse, Ambrine. »
Comme pour conclure, ou pour se rasséréner, il ne savait trop, Aïlin bu une longue gorgée d'alcool et fixa son regard sur le piano, se refusant à songer davantage à ce qu'il venait d'avouer. Il se sentait exposé de l'avoir fait, et cette sensation était des plus désagréables. Néanmoins, il avait au moins donné à Ambrine l'explication qu'elle méritait. Peut-être cela ne suffirait-il pas sur l'instant, mais peut-être y songerait-elle et se rendrait compte qu'il disait vrai. Aïlin l'espérait du moins, même si cela l'attristait autant qu'elle.
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  • Ambrine Illunia
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MessageSujet: Re: C'est un jour comme les autres, n'est-ce pas ? [PV Aïlin Bower]   C'est un jour comme les autres, n'est-ce pas ? [PV Aïlin Bower] EmptyLun 5 Mai - 15:03:16

« Viens, allons boire quelque chose. Le travail attendra. »

Ambrine releva des yeux humides vers son maître, un air interrogateur ancré sur le visage. Elle aurait préféré rester là, à travailler, pour s’occuper les mains et l’esprit. Avoir une excuse pour ne pas le regarder et ne plus avoir envie de pleurer. Retenir ces larmes intolérables qui déjà perlaient aux coins de ses yeux. Mais malgré ces gouttes de tristesse, lorsqu’Aïlin s’était adressé à elle, l’enfant avait sourit. D’un rictus morne, sans âme ni conviction, lourd d’une douleur intérieure qu’elle avait du mal à supporter. Elle avait tenté de sourire pour ne pas avoir à parler, pour ne pas entendre le tremblement de sa voix. Et elle l’avait suivit, tout simplement, attrapant sans la serrer sa douce main blanche et se demandant de quoi allaient-ils bien pouvoir parler. Des excuses seraient plus gênantes que réconfortantes, et même si Ambrine savait qu’elle avait souvent inspirée de la pitié à son maître, elle savait aussi qu’elle ne voulait plus en voir dans le regard bleu océan d’Aïlin. Alors, avant d’atteindre le grand salon, elle s’était décidée : s’il s’excusait, elle l’arrêterait net. Il n’avait pas à le faire, et elle ne voulait pas les entendre.

S’installant dans le canapé, Ambrine le suivit du regard, silencieuse, sceptique. Sans doute que ses mains tremblotaient légèrement, elle n’aurait su le dire. A peine fit-elle attention à Brady et au chocolat qu’Aïlin lui demanda, quand bien même elle savait que l’elfe de maison s’inquiéterait pour elle. Elle n’avait pas la tête à ça, et s’imaginait déjà la conversation qu’ils allaient avoir avec son protecteur, se préparant à le couper s’il le fallait. Quand Aïlin s’approcha d’elle, l’enfant baissa la tête et prit une grande inspiration silencieuse. Le stress ne cessait de monter, compressant ses entrailles et rendant moites ses mains.

« Tu veux entendre l'histoire de l'imbécile qui est tombé amoureux de la mauvaise personne ? »

Son sourcil tiqua, alors qu’elle relevait des yeux interrogateurs vers lui. Elle ne s’était pas attendu à cela, et ne compris pas tout de suite le sens de la question. Ce n’est que lorsqu’il reprit que l’apprentie comprit. L’idée qu’Aïlin ai aimé une autre femme au point de la demander en mariage lui serra le cœur plus que n’importe quoi d’autre. Elle n’était pas sûre de vouloir entendre le reste de cette histoire, même si elle savait que, irrémédiablement, celle-ci se finissait mal. C’était un sentiment indéfinissable,  insupportable, douloureux. Elle savait qu’elle ne faisait sans doute pas le poids face aux femmes qu’Aïlin avait un jour aimé, déjà parce qu’elles avaient toutes eu droit à l’amour qu’on lui refusait à elle. Pourtant, une petite voix en elle, pleine de sanglot et de colère, remua son cœur à coup de « pourquoi pas moi ? ».  Enfermée dans son silence, Ambrine écouta pourtant sans jamais perdre le fil de la conversation, haïssant un peu plus à chaque phrase cette femme qu’avait aimé son protecteur et qui n’avait pas su être digne de cet amour. Sa bouche resta obstinément close jusqu’à ce qu’Aïlin ne découvre son poignet.

Dans un sursaut de peur, Ambrine inspira brusquement, entrouvrant ses lèvres en une expression surprise. Un profond sentiment de malaise la saisit et, sans qu’elle ne puisse rien faire pour les retenir, ses larmes s’échappèrent de ses yeux. Elle se sentait coupable et déstabilisée. Incapable de réagir de manière réfléchie. Tout bonnement incapable de réfléchir à quoi que ce soit. Elle ne voyait que la douleur et le désespoir à travers ces fines cicatrices, et avait dans la bouche l’arrière goût amer de la haine. Une haine profonde et indélébile pour celle qui n’avait su empêcher ça.
Relevant la tête vers Aïlin, elle l’écouta, en pleurs, sans savoir quoi dire. Elle n’avait même plus la force de l’empêcher de dire qu’elle valait mieux que lui. L’enfant resta un instant là, pleurant silencieusement, le fixant de ses grands yeux bleus dans lesquels reflétait une grande détresse. Elle ne savait plus que dire, que faire…

Alors elle laissa son corps faire ce qu’il avait envie de faire. Avec douceur, elle se blottit tout contre Aïlin, et avec une petite voix tremblotante et aiguë, prit la parole :

« Je ne veux pas vous perdre non plus … Je ne veux pas vous voir souffrir… Je suis tellement désolée Monsieur … »  
Désolée de voir sa souffrance, désolée de ne pouvoir y faire face, désolée de n’avoir pu l’empêcher. Le temps de quelques secondes elle laissa le silence reprendre le dessus. Le temps pour elle de se calmer et de reprendre sa respiration. Elle avait des choses à lui dire, et c’était maintenant ou jamais. Alors, timidement, elle releva ses yeux rougis vers Aïlin et, sans pouvoir cacher la tristesse dans sa voix, déclara :

« Vous savez… Vous me rendez heureuse, plus que n’importe qui d’autre. Vous êtes la personne la plus merveilleuse que je connaisse, peu importe votre passé et vos souffrances, vous vivez avec et vous êtes toujours aussi fantastique… Je ne veux pas qu’il vous arrive le moindre mal et je ferais en sorte que ça n’arrive pas ... Que ça n’arrive plus… Je suis fière d’être votre apprentie, parce que vous m’apportez bien plus que des connaissances en alchimie… Je crois que je ne pourrais pas … aimer quelqu’un d’autre.»

Le mot était sorti. Ambrine avait baissé les yeux au moment de le prononcer, et ses joues humides, que de nouvelles larmes vinrent mouiller un peu plus, avaient rougit.
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MessageSujet: Re: C'est un jour comme les autres, n'est-ce pas ? [PV Aïlin Bower]   C'est un jour comme les autres, n'est-ce pas ? [PV Aïlin Bower] EmptyLun 12 Mai - 10:57:50

Aïlin sirota son verre de whisky sans quitter le piano du regard. Il ne voulait pas s'attarder sur les larmes d'Ambrine, il ne voulait pas les voir couler. Cela lui faisait mal que de se sentir responsable de la souffrance clairement visible dans le firmament de ses yeux. Lui-même avait la gorge nouée et la respiration lourde.
Mais, alors qu'il s'était passé un instant ou une éternité, Bower n'en avait aucune idée, le contact délicat d'un corps contre le sien ramena le lord à ce qu'il tentait de fuir. Son regard, qui s'était durcit, se posa sur la jeune femme. Celle-ci venait de se réfugier tout contre son épaule, avant de se blottir et de s'excuser. Les lèvres pincées, le pouls rapide, Aïlin la laissa faire, sans plus savoir quel était le comportement qu'il devait adopter. La voir dans cet état lui était insupportable, mais il savait qu'il ne pouvait pas lui donner ce qu'elle voulait. Il ne pouvait pas poser là son verre et se pencher sur elle pour baiser ses lèvres. Non, c'était impossible. Pourtant, en cet instant, il aurait tout donné pour que cela le soit, pour avoir la possibilité de donner à Ambrine ce qu'elle désirait, la voir de nouveau souriante et heureuse.

Lentement, le jeune homme passa son bras au-dessus des épaules de la jeune femme et la serra contre lui, enfermant sa nuque dans le creux de son coude tandis que ses doigts venaient caresser délicatement son épaule.
« Tu n'as rien à te faire pardonner. » souffla-t-il, observant les longs cheveux sombres de sa protégée.
Il but une nouvelle gorgée de whiskey avant de le reposer sur le guéridon, pour se donner le courage de continuer son histoire, expliquer à Ambrine pourquoi il lui avait dit ça. Car s'il l'avait fait, ce n'était pas uniquement pour se justifier, et certainement pas pour se faire plaindre. Cependant, la jeune Illunia releva ses yeux rougis sur lui tandis qu'il se laissait aller dans le dossier du fauteuil, et il se ravisa à prononcer le moindre mot. Sa main glissa le long de son dos, depuis son épaule, tandis qu'il la laissait se reculer davantage pour plonger dans ses yeux. Il aurait aimé pouvoir échapper à la douleur que les deux lagons tourmentés lui renvoyaient, mais il ne put qu'y faire face, de même que ses mots.
Des mots qui le touchèrent, des mots qui coupèrent, un instant, sa respiration autant de stupeur que d'émotion. Lui, une personne merveilleuse, fantastique ? Ambrine ne savait rien de son passé, rien du mal qu'il avait pu faire. Elle n'avait pas la moindre idée de son implication pour le remède contre le SDM, ni n'avait conscience que si elle avait été aussi longtemps malade, c'était parce qu'il avait ralentit et saboté sciemment ses propres recherches, avant de laisser à d'autres le soin d'apporter la solution. Si cela avait été pour le bien commun, entre temps, des gens étaient morts. Il ne pouvait s'empêcher de s'en sentir coupable, bien qu'il ne fut pour rien dans la propagation du Syndrome de Déficience Magique. Non, Ambrine le voyait tel qu'il était au quotidien. Tel qu'il lui apparaissait, tout du moins. Et c'était ainsi qu'elle l'aimait, malgré toute l'obscurité qui veillait en lui, assoupie d'un œil seulement.

Doucement, Aïlin hocha la tête, les sourcils froncés par les sentiments auxquels il tentait de faire barrage. Ce qu'elle venait de lui dire était à la fois incroyablement naïf et terriblement attendrissant à la fois. Une bouffée de tendresse avait compressée sa poitrine, assez pour qu'il murmure le prénom de sa protégée, tout en amenant sa main gauche contre la joue de la jeune femme. Il la caressa puis recueillit, du dos de l'index, les larmes roulant sur ses joues.
« Merci pour tout ce que tu viens de me dire… » murmura-t-il en cajolant la peau de son apprentie. « Mais c'est ce que tu crois pour l'instant. Évidemment que tu ne peux pas t'imaginer aimer un autre homme. Ce que je veux te dire, c'est que j'ai cru, moi aussi, ne pouvoir aimer personne d'autre que cette fille. Je me suis refusé à en regarder d'autres, à trouver le bonheur ailleurs. Quand elle est revenue dans ma vie, elle a balayé tout ce qui, doucement, se construisait sans elle. Je ne veux pas que tu sacrifies tout pour moi. Je ne veux pas que tu t'empêches de vivre pour toi, seulement pour me satisfaire. À terme, tu te rendras compte que c'est davantage une torture que du bonheur. »

La main du lord glissa dans les longs cheveux noirs d'Ambrine, puis s'agrippa à sa nuque, la caressant tendrement, espérant la réconforter, tarir ses larmes.

« Tu… tu as déjà changé le courant de ma vie. Je ne suis pas le même lorsque je suis avec toi. Ou, plutôt, je me retrouve, tel que j'ai pu être avant que… mon nom me rattrape. Je me suis retrouvé en toi et je veux que tu sois heureuse, en retour. Bien sûr que tu pourrais en aimer un autre, ta vie ne dépend pas de moi. »
Il réalisa, non sans un drôle de choc, qu'il avait peut-être davantage besoin d'Ambrine qu'elle avait besoin de lui. Car ce qu'il venait de lui dire n'était rien d'autre que la vérité. Il s'était vu en elle, il avait vu l'ombre et la lumière se livrer bataille derrière les portes secrètes de ses yeux, hésiter entre le scrupule et l'avidité face à un objet de magie noire. Un objet qu'Aïlin possédait toujours, enfermé dans un coin de son armoire, et auquel il n'avait plus touché, jusqu'à l'oublier.
L'idée qu'elle s'entiche d'un autre homme ne lui plaisait pas, non plus. Il sentait, à l'imaginer, ses entrailles se crisper, mais il refusait de prendre cela pour autre chose que son caractère surprotecteur. Il savait qu'il avait tendance à étouffer ceux qu'il aimait, et à son âge, Ambrine avait plus que tout besoin de respirer. Un exercice plus compliqué qu'il n'y paraissait, au manoir Bower.

Son regard se détacha d'Ambrine lorsque Brady intervint pour apporter sur une desserte un chocolat fumant et quelques mignardises. Elle s'inclina face à son maître, non sans lui jeter un regard empreint de reproches. Voilà qu'elle venait mettre le bout de son nez dans ses histoires, elle aussi ! Si Ambrine n'avait pas été juste à côté de lui, Aïlin ne doutait pas que l'elfe aurait eu son mot à dire.
« Si Monsieur a besoin d'autre chose… » murmura Brady, en coulant un regard lourd vers Illunia.
D'un froncement sévère de sourcils, Aïlin la congédia, en se demandant ce qui lui avait pris de prendre à son service une autre créature de sexe féminin. Il y avait à parier qu'elle avait écouté aux portes. L'alchimiste la suivit un instant du regard, avant de reporter son attention sur Ambrine. Son regard plongea dans le sien et, du bout du pouce, il vint essuyer une larme figée sous son œil, tandis que son autre main massait tendrement sa nuque raidie par les sanglots et la nervosité.
« J'ai horreur de te voir pleurer. »
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MessageSujet: Re: C'est un jour comme les autres, n'est-ce pas ? [PV Aïlin Bower]   C'est un jour comme les autres, n'est-ce pas ? [PV Aïlin Bower] EmptySam 5 Juil - 3:00:12

Ambrine restait silencieuse, les joues humides, les yeux rougis. Elle se sentait mal, vraiment, mais pas tant à cause du rejet d’Aïlin. Non, ce qui lui faisait vraiment mal, ce qui compressait ses entrailles et serrait son cœur, c’était la douleur de l'homme qu'elle aimait. Jamais elle n’avait eu l’occasion d’y faire face comme il avait fait face à la sienne. Pourtant, durant ces quatre dernières années, elle avait quasiment vécue avec lui, partageant bien plus que de simples conseils alchimiques. Il lui avait parlé de son frère, de Léan, de ses différends avec Matthew, partagé avec lui l’annonce du mariage de sa sœur, et tellement plus encore. A vrai dire, elle pensait connaître son passé, et la découverte de ces fines cicatrices sur son bras et de l’existence de cette femme qu’il avait demandé en mariage lui prouvèrent qu’elle ne le connaissait pas aussi bien qu’elle l’espérait. Que cachait-il encore, derrière le magnifique bleu de ses yeux ? Elle avait envie de percer les secrets de Lord Bower, de partager ses douleurs pour alléger ses peines et estomper ses regrets, pour que plus jamais il ne connaisse la souffrance. Être là, auprès de lui et le rendre heureux. Etait-ce encore imaginable, à présent ?
En tout cas, elle avait envie d’y croire. La douceur du Lord, la délicieuse caresse de sa main sur sa joue lui donnait l’espoir que cette belle harmonie qu’ils avaient entre eux ne mourrait pas aujourd’hui. Elle lui sourit tristement, sans relever les yeux vers lui lorsqu’il la remercia. Un sourire qui s’estompa rapidement, lorsqu’il lui reparla de cette femme et qu’il lui demanda de ne pas se sacrifier pour lui. Ambrine n’était plus sûre de vouloir aborder le sujet, incertaine de vouloir entendre encore et encore Aïlin se refuser à elle. A ses yeux, aucun de ses actes, de ses choix ne représentaient un sacrifice. Elle vivait pour l’aimer, voilà tout. Mais il était inutile de l’avouer à voix haute, Aïlin avait pris sa décision. La jeune femme ne pourrait le faire changer d’avis avec de belles paroles et de douces promesses, aussi vraies étaient-elles. Elle se contenta de baisser la tête encore un peu plus et de la secouer légèrement, en signe de désaccord. Ce fut le seul geste qu’elle se permit.

Jusqu’à ce que le Lord confessa qu’elle avait changé sa vie. A cette simple phrase, comme pour vérifier la sincérité de cette déclaration au plus profond de son regard, Ambrine releva la tête pour contempler son maître. Ses yeux ne pleuraient plus, malgré la tristesse qu’on pouvait lire sur son visage, tristesse qui se mêlait à la surprise. Elle, la pauvre fille perdue et sans relief qu’elle était, avait changé le grand Aïlin Bower ? Elle se surprit à être heureuse de cet état de fait, fière de faire partie de la vie de son maître et d’y apporter un petit quelque chose. De ne pas être insignifiante.

« … ta vie ne dépend pas de moi. »

Sa vie ne dépendait pas de lui ? Aïlin avait tout faux. Il l’avait sauvée, lors de leur rencontre. Il l’avait conseillé et était resté près d’elle. Plus tard, il avait prit soin d’elle tout au long de sa maladie. Il lui avait donné un autre rêve, une autre raison de vivre en lui présentant, puis en lui enseignant l’alchimie alors qu’elle avait perdu toute chance de continuer dans ce qu’elle considérait comme étant sa voie : le quidditch. Il l’avait accompagné, pendant quatre longues années, dans ses recherches, dans son apprentissage, dans sa vie. Elle avait grandi avec et grâce à lui. Sa vie toute entière dépendait de lui, preuve en était son long séjour à Istanbul, durant lequel elle s’était aperçu qu’elle ne savait pas vivre sans sa présence. Elle avait besoin de lui, c’était une évidence. Comment pouvait-il ne pas s’en rendre compte ? Pourtant, encore une fois, elle se tut, incapable de le contredire et désireuse de ne pas insister sur le sujet.

Lorsque Brady entra dans la pièce, elle lui lança un regard triste, la remerciant silencieusement. La jeune femme n’avait absolument pas faim, pas après toutes ces émotions, mais Brady était tellement attentionnée et gentille avec elle qu’elle se promit de se forcer à manger au moins une de ses petites mignardises avant de partir. Mais avant cela, elle avait des questions à poser à son maître, des questions qu’elle ne pouvait pas garder sans réponse. Aussi, lorsque l’elfe sortit de la pièce, Ambrine releva les yeux vers le Lord, se redressant légèrement en posant sa main sur son torse. Elle lui sourit lorsqu’il vint essuyer une larme au coin de son œil, et le contempla un long moment dans le plus grand des silences. Ils étaient si proches… Il lui suffisait d’avancer légèrement son visage pour saisir ses lèvres et goûter à la douceur d’un baiser. Son cœur tambourinait contre sa poitrine, et ses yeux valsaient entre l’œil droit et l’œil gauche d’Aïlin. Elle en avait tellement envie… Rien qu’un baiser, comme l’un de ceux qu’elle s’était tant de fois imaginé. L’occasion était si belle. Et pourtant, elle se recula, se redressant pour s’asseoir à côté du jeune homme, rompant le contact visuel le temps de chercher ses mots.

« Je –commença-t-elle, la voix tremblante, en relevant la tête pour retrouver le chemin de ses magnifiques yeux – Je suis désolée Monsieur. Mais je… J’aimerais savoir… Ces marques, pourquoi vous êtes-vous fait ça ? Qu’est-ce qui vous a poussé à vous infliger ça ? Vous … »

Avec des gestes doux, Ambrine prit le bras d’Aïlin et, lentement, ouvrit son bouton de manchette pour découvrir sa fine peau et les marques profondes qui la zébraient. Elle passa délicatement le doigt dessus, affrontant la douleur qu’elle n’avait pas supporté quelques minutes auparavant, sans en détourner les yeux.

« Vous ne méritez pas de souffrir. J’ai besoin de vous… Vous êtes tout pour moi… J’aurais tellement aimé être tout pour vous … - sa voix s’était éteinte progressivement, rendant la fin de sa phrase quasiment inaudible, et elle continua dans un murmure – Ne m’abandonnez pas, je vous en supplie… Je veux juste vous voir heureux… »
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  • Aïlin Bower
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MessageSujet: Re: C'est un jour comme les autres, n'est-ce pas ? [PV Aïlin Bower]   C'est un jour comme les autres, n'est-ce pas ? [PV Aïlin Bower] EmptySam 5 Juil - 11:50:38

Elle ne le croyait pas. Bien sûr qu'elle ne le croyait pas, lui-même n'aurait jamais cru un traître mot de qui lui aurait dit, autrefois, que Clarisse n'était pas pour lui. Pis encore, qu'elle le trahirait. Pourtant, c'était la vérité. C'était ce qui s'était passé et, aujourd'hui, les sentiments profonds qu'il avait éprouvé pour l'écossaise étaient définitivement morts.
Quel faux pas ferait-il ? Comment trahirait-il l'amour d'Ambrine ? Quel mal allait-il lui faire, s'il cédait ? Céder… L'aimait-il au moins ? Sa propre sœur semblait mieux le savoir que lui. Ou peut-être ne voulait-il pas le savoir. Non, il ne voulait pas le savoir. Il ne voulait pas regarder son cœur, il ne voulait pas non plus l'écouter. Il avait trop peur d'entendre une vérité qu'il ne pourrait plus jamais nier.

Il aurait suffi qu'il baisse sa garde, rien qu'une seconde. Alors qu'elle avait posé sa main si petite sur sa poitrine, qu'il cueillait une perle salée sur le bord d'un cil. Qu'il oublie sa peur et sa réserve dans le sourire et le regard de sa protégée pour se laisser prendre au piège tendu par l'envie que le regard brillant d'Ambrine trahissait. Mais la jeune femme se recula, opposant une distance, aussi courte était-elle, entre leur deux corps. Le cœur encore serré, Aïlin n'en éprouva pas moins du soulagement. Céder à l'idée aussi soudaine que triviale de l'embrasser aurait été la pire des solutions. Cela aurait été davantage un poison qu'un remède aux larmes de la jeune femme.

Un soupir, relâchant la pression qu'il avait emmagasiné dans son corps, lui échappa juste avant que son apprentie ose reprendre la parole. Une drôle de lassitude l'envahit quand il entendit les questions d'Ambrine. Une lassitude bientôt suivie d'angoisse lorsqu'il sentit les doigts délicats de la jeune femme attraper son avant-bras pour l'attirer à elle. Crispé, il eut un léger mouvement pour se soustraire à la prise d'Ambrine, mais il se ravisa finalement, vaincu. Après tout, il lui avait montré. Il avait décidé de ne pas lui cacher sa plus grande et sa plus stupide faiblesse.
Aïlin ferma les yeux une seconde, retenant son souffle alors que les ongles d'Ambrine effleurait à peine les cicatrices blanches mais épaisses de son poignet. Pourquoi ? Pour mourir. Ou, plutôt, pour oublier.
« Vous ne méritez pas de souffrir. J’ai besoin de vous… Vous êtes tout pour moi… J’aurais tellement aimé être tout pour vous … »
L'alchimiste rouvrit les yeux et les braqua sur Ambrine. Pendant une seconde qui lui parut durer une éternité, il ne parvint pas à retrouver le rythme normal de sa respiration. Il ne savait ce qui lui faisait le plus mal. Son refus de s'écouter, ou de l'écouter ? Le fait que cette erreur teintée d'égoïsme fasse encore souffrir son entourage, des années après ? La voir contempler quelque chose de bien plus horrible qu'elle pouvait se l'imaginer, et savoir qu'il ne pourrait pas lui mentir ? L'idée, d'ailleurs, ne le traversa même pas.
« Je… » murmura-t-il, mais sa voix se coupa à l'instar de son souffle, encore une fois.

Aïlin détourna les yeux. Cependant, un instant avant qu'il ne le fit, Ambrine avait pu voir clairement les larmes inonder l'iris azuré de ses yeux puis le globe immaculé, qui s'illumina, limpide, sous l'eau d'un sanglot tout juste retenu. Il ne pouvait pas se défendre de l'émotion qui venait de le submerger. Une émotion de laquelle il s'était protégé, tant bien que mal, pendant des années. Une émotion qui l'avait poussé à s'oublier dans les drogues, dans l'alcool et les noirceurs de son âme. Une douleur qui l'avait poussé à se complaire dans toutes les autres enfermées dans son cœur. Des émotions qui n'étaient jamais vraiment sorties, qui stagnaient encore et, aujourd'hui, ressurgissait sans que rien ne les ait annoncées.

« Je ne supportais plus… »
Aïlin n'arriva pas à continuer. Extrayant doucement son bras de l'emprise d'Ambrine, il se recula puis se leva, pour se détourner de la jeune femme. Son visage, baissé vers le carrelage, s'était complètement défait. S'il avait voulu reconstituer son habituelle barrière entre lui et les autres, il n'aurait pas même su comment s'y prendre. Ce qu'il ressentait lui faisait bien trop mal, était trop intense. Pour la première fois, il ressentait la peine la plus pure, sans colère, sans rancœur, sans dégoût pour altérer l'émotion d'origine. Et cette peine lui parut, en cet instant, aussi intense et pure que l'amour.
« Je m'en voulais tellement… » murmura-t-il si bas qu'il n'était pas sûr qu'Ambrine ait vraiment pu l'entendre. « Mon frère… Mon frère a fait une chose horrible à ma petite sœur. Je l'ai toujours protégée, depuis notre plus tendre enfance… Elle était battue, par notre père, mais par ses frères aussi. J'étais le seul qui… le seul sur qui elle pouvait compter, même si je ne pouvais me rebeller frontalement. Je n'avais pas sa force, ni son courage. Un jour… c'était à l'approche de Noël, Torin l'a kidnappée alors que nous étions en sortie à Pré-au-Lard. J'ai eu tout juste le temps d'attraper son bras et transplaner avec eux. Nous nous sommes trouvés tous trois face à mon père et… »
Aïlin se tut et ferma les yeux en redressant la tête. Il tournait le dos à la jeune femme, mais elle n'avait sûrement pas besoin de voir son visage pour avoir une idée des émotions qui lui rongeaient le cœur en cet instant.
« Torin a avoué devant tous que notre père avait commis une chose… une chose atroce sur notre petite sœur. Cette même chose de laquelle je t'ai sauvée le jour de notre rencontre. J'étais si… si furieux, si… horrifié… »

Il entendait les larmes border autant sa voix que ses yeux, mais il fronça les sourcils et se redressa davantage, pour ne pas céder.
« Je n'ai pas pu supporter l'idée que cela se reproduise encore. Je me suis jeté sur notre père, nous nous sommes battu. »
Il se passa une minute de silence, mais Aïlin ne la ressentit pas, trop occupé à se battre contre ses sentiments, contre l'horreur qui le submergeait à nouveau. Les souvenirs, aussi nets que s'ils provenaient d'hier seulement, assaillaient son cerveau. Il ne put réchapper au visage de son père, ce visage qui se figeait sur un sourire difforme, grimaçant. Il revit, aussi clairement que s'il le vivait, la lueur de vie s'éteindre dans les yeux gris de l'ambassadeur d'Irlande, le lord, son père.
« J'ai tué mon père. » souffla-t-il d'une voix brisée.

Il n'avait plus prononcé cet aveu depuis des années. L'avait-il au moins clairement avoué, à voix haute ? Aïlin n'en avait pas souvenir. Clarisse était la seule à être au courant, en-dehors des membres de sa famille, et elle l'avait deviné.
« Pour de mauvaises raisons. En vérité, il n'avait jamais fait ça. Ce n'était pas lui, et je le savais. Ou du moins, je l'avais su. Je n'étais qu'un enfant ce jour où j'ai vu un inconnu sortir de la chambre de ma petite sœur, mais j'ai compris. Ces rencontres étaient organisées par Torin, en vérité. Pour une bonne place au Ministère, il a vendu sa sœur à un pédophile. Et je n'ai rien dit. Je l'ai découvert et je n'ai jamais prévenu notre père. Torin a eu le temps de modifier ma mémoire et celle de Lynn. Pis encore, il s'est servi de nos souvenirs altérés pour faire porter le chapeau à Devin. Il m'a longuement manipulé jusqu'à ce que je sois fin prêt à le tuer de ma propre baguette. Il aime tellement pousser autrui à se salir les mains à sa place. Rien ne lui fait plus plaisir que de briser des innocences. »
Il parlait maintenant d'une traite, le ton presque neutre, comme si son âme était soudain vide. Cependant, les larmes coulaient de ses yeux sans qu'il ne chercha à les retenir. Il se fichait bien, en cet instant, de paraître faible. Il sentait que c'était le moment. Le moment de se débarrasser des larmes qu'il n'avait jamais versées. Il n'avait jamais pleuré son père. Il n'avait jamais su, jamais pu. Il le faisait aujourd'hui.
« J'ai commencé à découvrir la vérité à travers un journal qu'écrivait mon père. Puis Lynn a consulté une psychomage, qui a rétabli sa mémoire. C'est ainsi que j'ai découvert que j'avais tué la mauvaise personne. Je ne savais pas encore, cependant, que j'aurais pu arrêter tout cela avant que ça brise totalement nos vies. Puis cette potion a été découverte. Une potion visant à réparer les mémoires altérées par des maléfices. J'en ai pris sous le conseil de Lynn. » Il y eut un nouveau silence, avant qu'Aïlin ne reprenne, d'une voix brisée mais aux intonations presque féroces. « C'est comme ça que je me suis découvert davantage coupable que l'était ce père que je haïssais. »

Le jeune homme se retourna pour faire face à Ambrine. Il ne savait plus, tant il se sentait engourdi, si son cœur battait à tout rompre ou s'il ne battait tout simplement plus. Ses yeux rougis se braquèrent dans ceux de sa protégée.
« Je mérite de souffrir. Je mérite plus que n'importe qui de souffrir. Mais je ne t'abandonnerai jamais, Ambrine, je te le promets. Je serai toujours là pour toi. Je ferai tout pour protéger la lumière et la pureté que ton âme contient. Tu es cette innocence que j'ai perdue, cette joie de vivre que je n'ai jamais connue et cela compte pour moi davantage que n'importe quoi d'autre sur cette Terre. Tu es ma lumière. »
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MessageSujet: Re: C'est un jour comme les autres, n'est-ce pas ? [PV Aïlin Bower]   C'est un jour comme les autres, n'est-ce pas ? [PV Aïlin Bower] EmptyLun 4 Aoû - 0:15:01

Voir la détresse s’emparer des yeux de son maître était un véritable supplice pour Ambrine qui regrettait déjà sa question. Elle était responsable des maux qui envahissaient le Lord, et était trop faible pour y remédier. Elle savait, elle savait qu’elle remuait les tréfonds de l’âme d’Aïlin et qu’elle en remontait de tristes souvenirs. Et pourtant elle se tut. Ambrine avait osé lui poser la question, et même si sa volonté de savoir ce qui tourmentait son maître torturait son besoin de le voir sourire, à présent que le mal était fait, elle ne pouvait faire machine arrière.

« Je ne supportais plus »

Laissant glisser le bras d’Aïlin entre ses doigts, Ambrine releva la tête vers lui, le suivant de ses grands yeux bleus humides, emplis d’incompréhension. La distance qu’il lui imposa lui laissa une sordide impression de solitude et d’impuissance, qui se mêlait aux questions qu’elle se posait. Se redressant bien droite sur le canapé, elle fixa la nuque de son maître, inquiète, appréhendant la réponse à sa question. Et lorsqu’Aïlin parla de son frère, instinctivement, elle retint sa respiration.
Torin… Lord Bower lui avait peu parlé de ce monstre, mais les quelques phrases échangées à son sujet ne donnaient aucune envie à l’enfant de le rencontrer. Sans jamais l’avoir croisé, elle avait peur de lui, car dans son esprit, Torin était capable de tout, et plus particulièrement du pire. C’est donc à cela que s’attendait Ambrine. Mais elle n’eut pas le temps de spéculer, car Aïlin continua en parlant de Lynn. Elle, battue toute son enfance ? La forte, la fière et triomphale Lynn ? C’était impossible, inconcevable. Elle qui semblait intouchable … Comment était-ce seulement possible de vivre avec le sourire en ayant subit de tels traumatismes ? Des traumatismes qu’avait aussi vécus Aïlin, alors qu’il n’était qu’un enfant. Sans même s’en apercevoir, quelques larmes avaient perlées à ses yeux, roulant ensuite sur ses joues avant de s’échouer sur ses mains, posées sur ses jambes. Elle souffrait déjà de ces déclarations, pourtant, elle savait que le plus dur était encore à venir. Elle le voyait à l’attitude de son maître, elle le comprenait dans les trémolos de sa voix.

Et il lui fallut quelques secondes pour comprendre.

Ses mains se posèrent sur sa bouche, qui s’était entrouverte en une expression horrifiée. Tout son visage reflétait l’effroi qu’elle ressentait à ce moment, et son cœur s’arrêta un instant. Elle le respirait plus, ne bougeait plus, ne savait plus comment vivre. Lynn, son père ? L’information ne passait pas. Le mot, l’horrible mot, ne venait pas. C’était simplement impossible, impossible qu’une telle chose arrive. Ambrine était terrorisée, son corps s’était mis à trembler sans qu’elle ne s’en rende compte. Cette journée dans l’allée des Embrumes, ce moment, très court sans doute, infiniment long pour elle, elle s’en rappelait mieux que ses plus beaux souvenirs. Cette petite rue, cet inconnu, le son de cette voix, la froideur de cette main sur sa gorge, tout était encore trop présent dans son esprit alors même qu’il ne lui était rien arrivé. Lynn, elle… Elle avait vécu, subi. Comment pouvait-elle sourire encore ? Comment pouvait-elle aimer, vivre, rire ? Lynn…

« Je me suis jeté sur notre père, nous nous sommes battu. »

Dans un râle douloureux et tremblant, Ambrine reprit sa respiration. Le mal que cette simple inspiration lui provoqua déchaina les larmes qui s’étaient lentement accumulées dans sa gorge. Elle pleurait en silence, contemplant l’homme qui se tenait devant elle. L’enfant avait deviné. Elle savait ce qu’il s’apprêtait à lui dire. Et elle aurait voulu l’arrêter, lui faire comprendre que ce n’était pas utile. Mais aucun son ne sortit de sa gorge. Elle se sentait vide, dépassée par tout cela. Que faire, que dire ? Son cœur battait trop vite, son esprit semblait engourdi. Elle ne savait plus comment réagir. Pourtant, elle se leva, les jambes tremblotantes, la vue voilée par un rideau de larmes. Ambrine n’avait qu’une envie, prendre le Lord dans ses bras. Elle voulait arrêter tout cela, le rassurer, lui dire que cela n’avait pas d’importance. Qu’elle était là, pour lui. Elle n’avait que quelques pas à faire, mais elle n’en fit qu’un. Car le lourd aveu remplit rapidement la pièce, stoppant net l’avancée de la jeune femme. Elle avait compris qu’elle allait devoir faire face à ces mots. Et pourtant, lorsqu’elle entendit Aïlin les prononcer, elle se sentit démunie. Elle était coupable, coupable d’avoir provoqué tout cela, coupable de ne pas pouvoir réagir.

Le Lord parlait, expliquant les faits. Torin, le ministère, ses souvenirs altérés, elle emmagasinait, sans être certaine de réussir à encaisser le coup. Sa tête lui faisait mal, et elle n’était plus certaine de rien. Ou plutôt, si, elle était certaine d’une chose, une seule. Aïlin souffrait. Il souffrait de ce terrible passé et de ce qu’on l’avait obligé à faire. Il n’était pas coupable. Non. Ambrine ne le voyait pas comme un meurtrier. Elle le voyait comme la victime d’une horrible enfance et d’un horrible frère. Son cœur grondait de colère, ses yeux débordaient de tristesse, et elle ne savait plus comment contenir toutes ces émotions qui se bousculaient dans son frêle corps. Ses petits poings se serrèrent, blanchissant les jointures de ses doigts, pour l’aider à ravaler la rage qu’elle vouait à Torin. Comment avait-il pu ? A sa propre sœur, à son frère… A son père ! Ces images la renvoyèrent à ses propres démons, à la jalousie profonde qu’elle avait éprouvée pendant des années à l’égard de son aîné. Mais malgré cela, jamais, ô grand jamais, elle n’aurait été capable de lui faire le moindre mal, de lui causer le moindre tort. Et aujourd’hui, elle était heureuse de la relation qu’elle avait avec lui. Elle était donc purement incapable de comprendre les motivations qui avaient poussé Torin à commettre de tels actes. Mais, étrangement, elle comprenait le geste d’Aïlin. La puissante haine qui l’avait poussée à tuer son propre père. Oui, elle comprenait sa réaction, elle la trouvait même légitime.

« C'est comme ça que je me suis découvert davantage coupable que l'était ce père que je haïssais. »

Lorsqu’Aïlin se retourna pour faire face à Ambrine, son premier réflexe fut de tenter de paraître forte. Elle redressa la tête, et plongea son regard dans celui de son maître. Une douleur muette la saisit lorsqu’elle y vit toute la souffrance qui s’y accumulait, mais elle resta droite, des larmes roulant encore lentement sur ses joues. Elle était assez forte pour encaisser tout cela, ou en tout cas, c’est ce qu’elle voulait lui laisser entendre. Mais aussitôt qu’il reprit, le visage de la jeune femme pâlit encore un peu plus, et elle se surprit à secouer la tête négativement en soufflant un « non » douloureux. Non, non il ne méritait pas de souffrir. Il n’avait pas eu le choix. Il avait été manipulé par son monstrueux frère et torturé par des traumatismes insurmontables. Il n’était pas coupable. Elle le pensait vraiment. Mais son geste fut stoppé net par la suite des aveux d’Aïlin. Ambrine retrouva rapidement le chemin des yeux de l’homme qu’elle aimait, se perdant dans la profondeur de ceux-ci. Son visage fondit au fur et à mesure qu’il parlait. Il serait toujours là pour elle ? Pour la protéger ? Ce qu’il lui disait était les plus belles paroles qu’on lui ai jamais adressées, et une nouvelle vague de larmes inondèrent ses yeux.

Ambrine ne tenait plus. Elle se précipita vers lui, se blottissant contre lui en le serrant tout contre elle. Sa joue s’écrasait contre son torse et elle laissa enfin aller son chagrin, pleurant à gros sanglots. L’instant dura quelques secondes, peut-être quelques minutes, et lui fit du bien. Retrouver la chaleur protectrice du corps d’Aïlin était un véritable soulagement qui l’aida à se calmer un petit peu. Doucement, elle releva les yeux vers son maître, l’observant un instant en silence, avant de lever la main pour la poser délicatement sur sa joue, ressuyant de ses pouces les larmes qui les mouillaient. Un sourire triste étira ses lèvres, et elle chercha un instant ses mots.

« Vous n’avez pas à vous en vouloir. Ce n’était pas votre faute. Vous ne saviez pas, vous ne pouviez pas savoir. Vous n’avez fait que défendre votre sœur. - Sa voix était faible, mais la lueur dans ses yeux prouvait à Aïlin qu’elle pensait sincèrement ce qu’elle disait, qu’elle en était convaincue. – Ne soyez pas si dur avec vous-même, vous avez déjà tant souffert… »

Après celles d’Aïlin, elle vint ressuyer ses propres larmes, baissant les yeux sur le torse du Lord. Mais aussitôt ses yeux essuyés, la culpabilité revint les inonder, et dans un sursaut de larmes, elle s’excusa :

 « Je suis tellement désolée, tellement … Pardonnez-moi, je ne voulais pas, je ne voulais pas vous faire souffrir… - timidement, elle reposa son visage sur le corps de son maître et après quelques secondes nécessaires pour se calmer, elle reprit plus doucement – Merci pour ce que vous avez dit … Je serai là aussi, toujours. Votre passé, cette histoire… Ca ne changera rien. Je resterai toujours auprès de vous. J’ai besoin de vous… J’ai besoin de vous voir sourire. »

Comme pour l’inciter à retrouver le sourire, elle lui en offrit un, timide mais sincère, plongeant à nouveau son regard dans le sien, et reposant sa main sur sa joue. Elle l’admira, quelques secondes qui, étonnamment, lui parurent durer bien plus que cela. Le temps se limita à ses seules prunelles et à toutes les teintes de bleu qu’elles offraient, et à ses lèvres, qu’elle espérait voir s’étirer. Elle le regardait et alors qu’elle perdait le fil du temps et que tout ce qui les entourait disparaissait, elle sentit battre son cœur dans chacune de ses veines. La tristesse d’Aïlin, les aveux qui les avaient liés par le secret, et ce désir, intense, incontrôlable, si puissant. Ses doigts s’engourdirent en même temps que son esprit, et elle perdit son sourire alors que, dans une lenteur irréaliste, elle se rapprochait de lui, de son visage. Ce visage dont elle connaissait chaque trait, chaque mimique, ce visage qu’elle avait tant de fois observé silencieusement. Son cœur battait trop vite, mais elle n’y prit pas garde, elle ne faisait plus attention à rien. Ambrine oublia absolument tout pendant ces quelques secondes interminables ou, doucement, elle s’était approchée de lui. Et, avec une infinie douceur qui laissait entrevoir la passion et l’amour qu’elle éprouvait, la jeune femme déposa ses lèvres sur celles d’Aïlin. Ses yeux se fermèrent pour apprécier toute la douceur et la chaleur de ce baiser qui ne dura qu’une fraction de secondes, tandis que sa main devenue moite caressait le cou, puis la nuque du Lord. L’instant semblait flotter dans le temps, magique, jusqu’à ce, comme si un seau d’eau glacée s’était versé d’un coup sur elle, elle ne se recule brusquement. Les joues rougies, le regard apeuré, elle fit un pas en arrière, terrorisée par ce qu’elle venait de faire. Dans un bégaiement incompréhensible, elle s’excusa, détournant le regard pour ne pas avoir à supporter celui de l’homme sur elle, puis, balbutiant un « Il est tard, je dois … », se détourna complètement de lui pour se diriger vers la porte.

Elle voulait partir, se cacher sous sa couette, ne plus jamais repenser à cela, comme honteuse d’avoir osé. Elle avait oublié tout ce qui s’était passé avant le récit d’Aïlin, négligeant le refus clair qu’il avait exprimé. Ambrine avait agi sans réfléchir, sans penser aux conséquences, sans même savoir ce qu’elle faisait. Elle s’était laissée bercer par le désir, sans se rendre compte que ce geste ne ferait que mettre davantage mal à l’aise Aïlin. Oui, étrangement, après des mois et des mois à rêver ce moment, elle avait peur et regrettait son geste. Pourvu que son maître ne lui en tienne pas rigueur.
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  • Aïlin Bower
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MessageSujet: Re: C'est un jour comme les autres, n'est-ce pas ? [PV Aïlin Bower]   C'est un jour comme les autres, n'est-ce pas ? [PV Aïlin Bower] EmptyVen 8 Aoû - 19:17:36

Ses yeux braqués sur son visage inondé de larmes, Aïlin s'attendait à toutes les réactions, mais plus particulièrement les pires. De la plus simple peur au rejet complet, il voyait pendant cette fraction de seconde durant laquelle il s'était tut, les pires scénarios. Et il s'en rendait bien compte à présent, il avait peur. Peur de perdre sa protégée, son apprentie, sa lumière. Alors, lorsqu'elle se précipita dans ses bras, lorsqu'il sentit son corps frêle, si délicat, se blottir contre lui, un soupir de soulagement s'échappa de ses lèvres.

Elle pleurait. Elle pleurait pour lui, il le savait. Mais elle ne le rejetait pas , elle ne l'assimilait pas à ce qu'il était pourtant bel et bien au fond de lui. Le même monstre que les autres hommes de sa famille, un criminel. Car ce qu'il venait de confesser n'était que le premier méfait. Le péché qui avait entraîné tous les autres.
Mais elle ne le rejetait pas, et cela avait plus d'importance que n'importe quoi d'autre. Elle ne lui cachait pas même son chagrin et son désarroi. Elle s'abandonnait contre lui, livrée à la caresse réconfortante de ses doigts dans ses cheveux, lui vouant la même confiance qu'elle lui avait toujours accordé. Ce simple geste lui suffisait.
Fermant les yeux, Aïlin resserra son étreinte, enfouit son visage dans les cheveux sombres d'Ambrine, pour ne rouvrir les yeux que lorsqu'elle toucha sa joue. Son regard s'accrocha au sien tandis qu'elle essuyait la larme qui avait roulé contre sa peau, et il se rendit compte avec une vague surprise qu'il avait, lui aussi, pleuré.
Aïlin se sentit démuni. Une faiblesse qu'il ne s'excusait pas le reste du temps. Qui lui faisait honte, lui donnait l'impression d'usurper les qualités qu'on lui prêtait, d'échouer à être un homme. Il était pourtant forcé de l'admettre : il n'était pas aussi inébranlable et aussi sûr de lui. Il doutait, de tout mais de lui pour commencer, bien plus que ce qui était acceptable pour un homme de sa famille.
Il n'était, à cet instant précis, que l'héritier accidentel du nom, celui pour qui l'on avait rien prévu d'autre que le rôle de sous-intendant, proclamé contre tout attente maître de famille. Il était l'illégitime, que le pardon d'une jeune femme, de plusieurs années sa cadette, soulageait autant que celui d'une mère. Qu'elle le comprenne et l'excuse suffisait finalement à alléger le poids de son cœur. C'était, de toute façon, tout ce qu'il avait, tout ce qu'il pouvait espérer. Et cela lui convenait, car finalement, le reste du monde importait bien peu.

L'alchimiste tenta de répondre au sourire désolé d'Ambrine. Il n'eut guère le temps de la rassurer de cette manière que sa protégée fondit de nouveau en larmes, prise à la gorge par une culpabilité qu'Aïlin ne comprenait pas. Déstabilisé, il regarda la jeune femme se recroqueviller à nouveau contre lui, démuni face à ses émotions.
« Ce n'est pas toi, Ambrine… Ce n'est pas ta faute. » murmura-t-il en tentant, délicatement, de relever son visage et sécher ses larmes. Alors, Ambrine parla de nouveau, et le visage du lord se ferma pendant une seconde. Le temps, pour lui, de contenir ses propres émotions ou, au moins, de les tempérer. Malgré sa gorge nouée, il parvint à lui offrir ce sourire, faible mais tendre, dont elle rêvait.

C'était simple de lui sourire. D'autant plus simple que la délicatesse de son toucher, de ses doigts tout contre sa joue, formait une caresse qui éveillait la moindre cellule de sa peau. Il n'aurait dû être si sensible à une simple caresse, comme il n'aurait dû trouver Ambrine belle et touchante malgré ses yeux engourdis par le chagrin. Il n'était pas dupe de ce regard, encore moins de cette main sur son visage, mais il était tentant de la laisser faire, tentant de la regarder perdre son sourire tandis qu'elle-même se perdait dans ses yeux. Tentant de laisser ce léger frisson courir sur sa peau quand les doigts de sa protégée effleurèrent sa nuque, tentant encore de se laisser toucher par son amour comme elle s'était laissée toucher par sa peine. Il n'était pourtant pas encore convaincu de le mériter et, quand son regard se baissa sur les lèvres d'Ambrine, il se surprit à les craindre aussi intensément qu'il les désirait.
Figé, sa main seule bougeant en une caresse machinale contre sa taille, cette fraction de seconde où il devait choisir entre reculer ou avancer jusqu'à cette bouche proche de se saisir de la sienne, parut durer une minute entière, pendant laquelle ses barrières éclataient comme des bulles de savon, tandis que son désir, puissant, vivant, balayait ses arguments policés.

La bouche d'Ambrine caressa sa bouche et ce geste si suave, cette sensation si légère entraîna le déferlement d'un désir violent, qui dévasta sa raison et lui coupa le souffle. Sa main vint enfermer la nuque de la jeune femme entre ses doigts tandis que, d'un mouvement léger de menton, il l'invita à approfondir le baiser qu'elle lui offrait.
Elle était certainement trop jeune pour lui, et lui trop sombre pour elle, mais il la voulait auprès de lui, il la voulait à lui. De son visage aussi ouvert et épanoui qu'une rose au printemps à son corps dessiné en courbes sensuelles et inviolées, tout juste sorti des douceurs lisses de l'enfance. De ses grands yeux aussi bleus que les siens, mais pourtant plus chauds que le ciel en été, à sa bouche, cette bouche contre la sienne, ces lèvres pleines et tendres, promesses de voluptés derrière ses sourires pleins d'innocence.
Comment, après tout, pouvait-il lui dire non maintenant alors qu'il n'avait jamais su avant ? Pourtant, alors que ses doigts se promenaient indolemment auprès de sa clavicule, ses songeries lui furent brusquement arrachées, en même temps que s'arrachaient à leur baiser les lèvres d'Ambrine.

Pris au dépourvu par ce retrait soudain, Aïlin rouvrit les yeux, tandis que son ouïe captait sans comprendre les paroles de sa protégée. Un sentiment d'impuissance s'écrasa sur lui alors qu'Ambrine s'échappait de ses bras, mais ce fut seulement lorsqu'elle se trouva à mi-chemin entre l'arcade et lui qu'il réalisa qu'elle prenait littéralement la fuite.
Les battements de cœur s'accentuèrent dans la poitrine de l'alchimiste, tandis que l'affreux dilemme s'emparait de son esprit, le figeant sur place. Pour rien au monde il n'aurait voulu la voir disparaître ainsi. L'idée de la laisser seule à son trouble et son chagrin lui était insupportable, mais il fallait le reconnaître. Celle de la rattraper, et Merlin savait ce qu'il adviendrait alors, lui inspirait une vague de crainte et d'angoisse. Dans tous les cas, il craignait de la rendre malheureuse. Car, indubitablement, elle le serait s'il la laissait s'en aller. Elle serait certainement soulagée et heureuse s'il la rattrapait, la rassurait, mais un bonheur pouvait-il réellement durer auprès de lui ? Rien n'était moins sûr que cela, l'expérience l'avait maintes fois prouvé.

Il ne savait pas, il n'était pas sûr de ses propres désirs. La trahir, la blesser ou pire, briser son cœur étaient autant de peurs qui transformaient l'amour et la tendresse, qu'il avait pour elle, circonspectes et indécises. Peut-être cela serait-il moins douloureux pour elle qu'elle souffre une bonne fois pour toute, maintenant. Aussi dur était-ce pour lui aussi, peut-être devait-il la laisser fuir le manoir, mais ils étaient inévitablement amenés à se revoir. Peut-être le lendemain même. Ne rien faire était finalement ridicule, mais déjà, elle passait l'arcade menant au couloir d'entrée.
« Ambrine, attends ! »
Il n'était pas certain de commander véritablement ses jambes tandis qu'il bravait son immobilité pour la rattraper et venir chercher sa main, afin de l'arrêter et la retenir. Il ne savait pas même quoi lui dire, quoi faire pour rattraper ce moment qui échappait totalement à son contrôle.
Sa main devenue moite de stress attira celle d'Ambrine à lui, pour l'inviter à se retourner et lui faire face. L'autre main se posa sur sa joue, couvant sa mâchoire de sa paume recourbée, ses longs doigts venant, eux, s'étirer près du lobe de son oreille.

Il aurait voulu parler. La rassurer. Trouver le mot magique qui lui rendrait son sourire. Mais rien ne venait. Son regard inquiet était seulement braqué dans celui de sa protégée, et il se mordit la lèvre lorsqu'il se rendit compte que tout ce qui lui venait était l'envie de goûter encore à ses lèvres.
« Tu ne sais pas vraiment qui je suis… murmura-t-il après une éternité. J'ai peur de te décevoir, de ne pas t'apporter ce que tu cherches vraiment en moi. Mais… je ne peux pas te laisser partir toi aussi. »
Il pensait avoir besoin de temps. Mais il songeait avec plus de certitude qu'Ambrine en avait déjà vu passer assez. Et ces lèvres, crispées par les troubles de cette âme pure livrée à son bon vouloir, l'attiraient d'autant plus à présent qu'il y avait goûté.
« Je ne veux seulement pas te donner de regrets… » chuchota-t-il encore, s'approchant d'un pas lent, au plus près d'Ambrine. Son visage effleura celui de sa protégée et il embrassa sa joue, le cœur battant, fiévreux.
« Es-tu sûre de vouloir vraiment ça… ? »
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MessageSujet: Re: C'est un jour comme les autres, n'est-ce pas ? [PV Aïlin Bower]   C'est un jour comme les autres, n'est-ce pas ? [PV Aïlin Bower] EmptyMar 12 Aoû - 21:48:49

Quelle sotte ! Elle avait eu peur, bien sûr. Ses mains étaient moites, ses jambes tremblaient et son cœur battait bien trop vite, mais par Merlin, comme elle se sentait bête ! Elle n’avait seulement pas pu faire face à cette vague de peur qui l’avait envahie si soudainement. L’air était devenu irrespirable, et son corps semblait engourdi, répondant à des ordres qu’elle ne lui donnait pas. Elle fuyait, alors que son cœur lui criait de ne plus faire un geste. Le laisser là, comme ça, lui laisser du temps, et en prendre pour elle, pour se rendre compte de ce que venait de lui dire Aïlin. Pourtant, alors qu’elle se rapprochait de l’arche avec l’horrible besoin de disparaitre, de ne pas avoir à faire face à ce qu’elle venait de faire, une partie d’elle-même, et non des moindres, priait tous les dieux pour qu’Aïlin l’empêche de partir, qu’il la retienne et la ramène à lui. Ambrine espérait entendre sa voix l’appeler, sentir sa main l’attraper. Mais malgré ce désir aussi intense qu’effrayant, ses jambes la menaient droit devant, là où elle pourrait reprendre sa respiration et où elle pourrait atténuer les rougeurs de ses joues.

Le salon semblait bien plus grand qu’à son arrivée, et ses jambes bien plus lourdes. Sa fuite dura une éternité, durant laquelle elle avait réfléchi au ralenti. Que se passerait-il, si elle partait ? Comment se dérouleraient ses prochaines visites ? Aurait-elle le courage de lui faire face à nouveau, après cela ? Peut-être que son maître souhaiterait oublier, ne plus y penser, faire comme si ce moment n’avait jamais existé. Y arriverait-elle ? L’enfant avait mis des semaines et des semaines à s’empêcher de rougir en le voyant, au début. Alors le fixer dans les yeux après avoir osé goûter à ses lèvres … Ses lèvres, ses si douces et si délicieuses lèvres… Des milliers de papillons s’agitèrent dans son ventre et elle sentit un long frisson remonter le long de sa colonne vertébrale jusqu’à la racine de ses cheveux. Il lui faudrait sans doute plusieurs heures pour réaliser ce que son cœur avait déjà compris. Pour l’instant, elle se contentait de marcher, encore, priant de plus en plus à mesure de son ascension, jusqu’à dépasser l’arcade du salon. Là, enfin, alors que l’espoir la quittait, résonna la voix du Lord.

Ses jambes se stoppèrent immédiatement alors que son corps s’enivra du sentiment étrange que cet appel provoquait en elle. Un parfait mélange de soulagement et de peur, puissant, frappant chaque centimètre de sa peau. Il était là. Rien n’était plus important. Quand Aïlin lui prit la main, elle se retourna lentement, fixant le sol avec un air piteux, jusqu’à ce qu’il ne pose sa main sur son visage, main qu’elle vint caresser du bout de ses doigts. Ambrine ferma les yeux le temps d’un soupire à peine perceptible, humant la délicieuse odeur de son maître et caressant sa joue contre sa paume. Qu’y avait-il de mieux que de se laisser aller à la caresse réconfortante, à la douceur de la peau de l’homme qu’on aimait ? Son regard, timidement, se leva pour se plonger dans celui, inquiet, du Lord. Elle-même ne pouvait cacher son inquiétude et sa peur, à peine voilés dans son regard par l’amour qu’elle lui portait. Ambrine le regarda en silence, docile, prête à accepter ses mots, quels qu’ils soient. Il ne l’avait pas laissé partir sans rien dire, et c’était le plus important. Mais, au fond d’elle, une appréhension grignotait ses tripes lentement. Elle n’était pas certaine de pouvoir oublier ce moment, même si Aïlin lui demandait.

« Tu ne sais pas vraiment qui je suis…  J'ai peur de te décevoir, de ne pas t'apporter ce que tu cherches vraiment en moi. Mais… je ne peux pas te laisser partir toi aussi. »

Le cœur d’Ambrine s’emballa et ses yeux s’éveillèrent d’un regain de vitalité. Elle sentit une vague de chaleur saisir son corps alors que, lentement, Aïlin s’approchait d’elle. Comme un réflexe, elle posa sa main sur son torse et, alors qu’il l’embrassait sur la joue, elle ferma à nouveau les yeux. Etait-elle sûre ? La question semblait idiote, pourtant, elle ne répondit pas immédiatement. La jeune femme prit le temps d’y réfléchir, laissant en suspens la question du Lord. Ses yeux bleus à nouveau se posèrent sur le visage d’Aïlin, profitant de la proximité pour le détailler dans les moindres détails. Etait-elle sûre de ses sentiments ? Oui, bien sûr. C’était une évidence qu’elle ne pouvait nier. Voulait-elle qu’il l’aime en retour ? Rien n’était plus précieux que ses sentiments à lui, alors bien évidemment. Mais son maître posait tout de même la question, l’obligeant à la réflexion. Il avait peur, peur de la décevoir. Etait-ce seulement possible ? Ambrine doutait. Elle l’aimait tellement… Alors elle lui offrit un sourire, timide mais empli d’amour, de réconfort. Et dans un doux murmure, après un long silence, elle lui répondit enfin :

« Je crois que oui… Enfin, non, je ne crois pas… Je n’en ai jamais douté. Mais… Et vous ? Tout à l’heure vous… Vous disiez que… »

Ambrine avait toujours eu du mal à parler correctement lorsqu’Aïlin était trop proche d’elle. Et c’était encore pire lorsqu’il la regardait droit dans les yeux, comme à cet instant. Elle le fixa un long moment, perdue dans ses pensées, et son corps commença à trembler sans qu’elle ne se l’explique. Elle avait peur. Pas de lui, pas qu’il la déçoive. Non, c’était même une chose impossible à ses yeux. Mais cette relation qui semblait commencer aujourd’hui, en ce jour de saint Valentin, était la première qu’elle vivrait. Elle n’avait d’ailleurs jamais embrassé qui que ce soit avant lui, et même si elle était heureuse et fière d’avoir offert ce cadeau d’innocence à son maître, quelque part au fond d’elle, l’enfant avait peur de ce changement. Rien ne serait comme avant. De ses cours quotidiens aux diners qu’elle partageait avec lui, en passant par la relation qu’elle avait avec Lynn. Est-ce que cela changerait quelque chose ? Oui, sans aucun doute. Lynn serait certainement surprise que son frère sorte avec une fille aussi insignifiante que celle qu’elle était. Mais à travers cette peur, elle entrevoyait des moments de complicité, de tendresse, d’amour, qui surpassaient toutes ses craintes et l’envahissaient de bravoure.

« J’ai confiance en vous. Je sais que vous ne me décevrez pas, jamais. – elle remonta lentement sa main pour la glisser dans les cheveux d’Aïlin, alors que son autre main exerçait une légère pression sur celle d’Aïlin – Je crois en vous… Je crois en nous. »

Un sourire sincère éclaira son visage encore engourdi par ses larmes quand elle réalisa que le « nous » était enfin possible. C’était étrange comme sentiment, et son petit corps ne cessait pas de trembler, mais elle était heureuse, profondément heureuse. Petit à petit, elle découvrirait chacun des secrets d’Aïlin, en lui laissant le temps de se dévoiler à son rythme, certaine de pouvoir tous les affronter. Elle était là pour lui, elle était à lui. Pour toujours. Oui, aussi effrayant que pouvaient être ces changements, elle était prête à les affronter tous, grâce au courage que lui procurait Aïlin, grâce à son amour.

« Je serai toujours là pour vous. »
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  • Aïlin Bower
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MessageSujet: Re: C'est un jour comme les autres, n'est-ce pas ? [PV Aïlin Bower]   C'est un jour comme les autres, n'est-ce pas ? [PV Aïlin Bower] EmptyDim 17 Aoû - 22:37:57

Bower détailla ce visage qui, tout à coup, venait de dégager un soudain regain de lumière. Elle était belle, il n'y avait pas à en douter. Ses lèvres rosées, son nez fin et délicat, ses pommettes saillantes mettant en valeur le nacre de sa peau et la fluidité de ses yeux bleus, lui donnaient des airs de poupée. De ces poupées que l'on voulait toucher, avec lesquelles on mourait d'envie de jouer, malgré leur fragilité, à moins que celle-ci fut un attrait de plus.
Il était si près de son visage qu'il ne pouvait en voir qu'une partie, mais il n'y voyait aucun défaut. D'aussi près pouvait-il l'observer, il voyait en Ambrine rien de moins que les charmes de l'innocence. Son regard bifurqua de ses yeux à ses lèvres. Celle-ci formaient maintenant un sourire, jusqu'à ce que sa voix, timide, s'élève enfin pour répondre à sa question.

« Je crois que oui… Enfin, non, je ne crois pas… Je n’en ai jamais douté. Mais… Et vous ? Tout à l’heure vous… Vous disiez que… »
À son tour, Aïlin eut un sourire. Faible, tendre, peut-être un peu amusé.
« Je disais et je continue à te dire que je ne veux pas que tu aies à le regretter. »
L'alchimiste n'osa pas terminer sa phrase comme il l'aurait voulu. À ses yeux, il était certain que la jeune fille allait malgré tout être déçue, allait souffrir de l'aimer. Elle souffrait déjà, et ces moments de bonheur qu'elle lui réclamait ne seraient qu'un répit avant la véritable déception, celle qui viendrait tout ruiner, comme elle ruinait toujours tout.

Il n'avait connu que le malheur, après tout. La déception, la trahison, la haine. Ses propres frères avaient été des ennemis, son père un bourreau. Ses rares amis étaient morts ou avaient disparu. La femme qu'il avait aimé l'avait quitté alors qu'il sombrait dans les pires tourments que son âme ait jamais eu à subir. Il avait toujours fini seul, toujours. Tout ce qu'il possédait lui était retiré, un jour ou l'autre. Ce temps viendrait pour Ambrine et lui. Ce temps où sa protégée, cette enfant qu'il avait vu grandir sans pourtant le remarquer vraiment, cette jeune femme qu'elle était devenue, amoureuse et dévouée, lui serait arrachée comme tout le reste. Sa gorge se noua violemment, mais, comme en contradiction, Ambrine reprit la parole, tandis que sa main glissait dans ses cheveux et que l'autre serrait plus fort celle d'Aïlin.

Elle tremblait. Elle tremblait de tout son corps alors qu'elle lui promettait qu'elle serait toujours là pour lui. L'alchimiste ignorait pourquoi elle tremblait ainsi, si cela était de la peur, de l'appréhension ou une émotion qui lui échappait. La relation naissante dont elle parlait devait avoir pour elle des tonalités aussi effrayantes qu'excitantes. Malgré lui, il se sentait étranger à ce « nous », il n'osait l'envisager même alors qu'il la tenait au creux de ses bras. Non pas qu'il ne le désirait pas, mais il lui semblait qu'un gouffre sans fin s'étendait devant ses pieds, un gouffre qui le séparait de cette fille bouillonnante de vie et d'espoirs. Une faille si large et si longue qu'il ne pouvait la franchir qu'en sautant aussi loin qu'il le pouvait, en priant pour qu'il ait la force d'atteindre l'autre côté à la seule force de sa volonté.

Pouvait-il vraiment espérer réussir ? Pouvait-il y croire ? Il avait cru pour Clarisse, il avait sincèrement cru en elle et en leur amour. Il avait cru en « eux ». Pouvait-il vraiment recommencer ? Il releva la main pour attraper celle d'Ambrine, qui se perdait dans ses cheveux. La serrant brièvement, il la ramena près de son cœur, puis recula d'un pas. Alors, le jeune homme observa sa protégée. Il la regarda vraiment, de ses yeux interrogateurs au dessin frêle de ses épaules, puis de la finesse juvénile de sa taille au galbe de ses hanches jusqu'arriver enfin à ses jambes gracieuses.

« Nous ». Une seule phrase venait de tout avaler dans un brouillard de peurs. Un sursaut de panique le fit reculer brutalement, alors qu'il se rendait compte de l'engagement qu'il était en train de prendre. Il n'y était pas prêt, pas le moins du monde. Il lâcha ce visage qu'il tenait encore de le creux de sa main ainsi que cette main qu'il serrait près de son cœur.
« Pardon, Ambrine. Je te demande pardon. » murmura-t-il en camouflant un visage défait et fatigué derrière le plat de sa main. Passant cette dernière le long de son visage, il se détourna, revenant au canapé, où il vint chercher la fin de son verre pour l'avaler d'une traite.

Pourquoi était-ce si difficile ? Les autres se prêtaient à espérer si aisément, mais son cœur demeurait hermétique à toute illusion, aussi vraisemblables pouvaient paraître ses atours. Pourquoi devait-il être si fataliste ? Oh, il savait pourquoi en réalité. Il avait bien des raisons, bien des excuses. Mais une partie de lui se rebellait contre celles-ci, prise d'une envie de hurler après cette aigreur prématurée, ce pessimisme qui le poussait à se retrouver fatalement seul, soigneusement caché derrière ses retranchements. À peine avait-il tourné le dos à Ambrine qu'il le regrettait, d'ailleurs. En cet instant, l'ambivalence de son âme, son indécision frileuse étaient pire qu'exaspérantes, elles étaient une sorte de torture que, jusqu'alors, Bower n'avait jamais expérimenté.
« Presque tous ceux capables de me torturer sont dans la tombe, mais il faut pourtant que je continue à le faire pour eux... » murmura-t-il, sans s'adresser à Ambrine.

Et parlant de torture… Lui qui voulait lui épargner toute souffrances, qu'était-il en train de lui faire subir en se dérobant aussitôt après s'être approché ? Cette question retint au bord de ses lèvres ce qu'il avait été à deux doigts de dire soudain. Qu'il ne pouvait pas, qu'elle ferait mieux de rentrer chez elle. Qu'elle le fasse, d'ailleurs, il lui accordait sa journée, la rappellerait lorsqu'il aurait besoin de son travail. Qu'il était plus simple de s'en tenir à une relation strictement professionnelle, à présent.
Au fond, Aïlin le savait. Cela ne serait pas plus simple, bien au contraire. Il ne lui épargnerait pas de souffrance en la congédiant violemment. Mais il l'aurait fait sans hésitation, quelques années plus tôt. Il l'aurait chassée loin de lui pour la seule raison qu'elle était susceptible de lui procurer un peu de bonheur, cette denrée rare et précieuse qu'il redoutait avec angoisse de perdre sitôt qu'il en était pourvu. C'était cette peur qui pourrissait tout, cette angoisse qui transformait les beaux moments en tentacules vénéneuses s'accrochant à son cerveau, comme un parasite assoiffé non pas de son sang, mais de la moindre parcelle de plaisir susceptible de naître en lui. Le problème n'était pas Ambrine. Le problème n'était pas non plus qu'elle fut plus jeune, ou trop précieuse à ses yeux. Non, le problème n'était rien d'autre que lui-même. D'une voix douce, craintif à l'idée de rompre le silence, il parla :
« Ne parlons pas de « nous » avant d'avoir découvert en quoi il consiste, veux-tu ? Laissons-nous le temps... J'ai besoin de temps. On ne construit pas un château sur un terrain branlant. »
Prenant une inspiration puis posant le verre vide, Aïlin se retourna pour faire face à Ambrine. Il osa la regarder à nouveau dans les yeux et, s'approchant, il adoucit l'à priori dureté de sa remarque par un regain de promiscuité.
Luttant contre sa peur, il prit la main d'Ambrine et se pencha vers celle-ci, pour s'arrêter à mi-chemin et relever les yeux sur sa propriétaire : « Tu veux bien plus que ça, bien plus que quelques instants volés à tes rêveries. Mais... avant de me promettre un amour éternel... » achevant d'approcher son visage de sa main, il la baisa délicatement, puis se redressa, le ventre encore un peu crispé d'appréhension. « Que dirais-tu que nous dînions au restaurant, ce soir ? Il paraît que c'est par ces choses-là qu'il faut commencer. »

Avait-ce été si difficile ? Pas de prononcer ces mots, mais il était bien plus dur de faire taire ses angoisses. Il se maudissait de compliquer ainsi les choses, mais il ne parvenait pas à faire autrement. Dans son esprit, tout devenait un drame improbable et, maintenant qu'il entrevoyait enfin la perspective d'un dîner au chandelles, d'un événement plaisant et bien concret, ces craintes lui apparaissaient plus légères, presque ridicules. Presque mais pas totalement. Car elles veillaient, vaincues certes par la voix de courage qui avait su gagner cette partie, mais pas éradiquées pour autant. Un sourire qui se voulait rassurant mais où perçait une étonnante pointe de timidité glissa sur ses lèvres et, cédant à ce désir qui pouvait enfin revenir au devant de son cœur, Bower attira Ambrine contre lui et l'enferma dans une étreinte possessive, autant pour s'assurer qu'il ne fuirait pas que pour la rassurer sur son apparent rejet. Un rire nerveux lui échappa alors qu'il posait sa joue contre sa tempe, tout en regardant le soleil briller faiblement par delà la fenêtre.
« Ma pauvre Ambrine... Entre tous ceux qui auraient pu te sauver ce jour où nous nous sommes rencontrés, il a fallu que tu tombes sur moi. »
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