-Keeeeelouuuu !! minauda une voix aiguë est désagréable au possible.

L'albinos se retourna, l'air sombre, les googles oranges -réparées depuis l'attaque de Pré-au-Lard où elles avaient fini encastrées dans la peau de son front- comme à leur habitudes cachaient ses yeux dépareillés. D'une voix peu habituelle, c'était donc dire très énervée, elle fit claquer sa langue avant de cracher sa réponse à la figure de l'intéressé :

-Quoi ?
-Tu crois, huhu, que je peux te rejoindre dans ton dortoir cette année ? demanda Gabriel, les yeux scintillant de milles étoiles d'espérance.

En guise de réponse, Kelsey se prit les arrêtes du nez entre son pouce et son index, respirant bruyamment pour essayer de se calmer.

-Ecoute, commença-t-elle assez calmement tout en plaçant ses mains devant sa bouche, presqu'en un signe de prière, c'est pas parce que tu piques mes fringues et ceux de maman pour te trimbaler comme une putain tout autour du château que tu n'as plus de pénis, ok ? Donc non, tu restes dans ton dortoir, à matter et vendre ton cul avec tous les mecs que tu aimes tant, et tu me FICHES LA PAIX.

Elle finit par tourner les talons, faisant voler ses cheveux blancs, pour prendre sa valise à la main et la traîner jusqu'à la porte d'entrée de la maison familiale.

-Maiiiiiiis Kelouuuuuu, gémit Gabriel, toujours dans le salon.

Pour toute réponse, elle lui montra deux de ses doigts avant d'engager la conversation avec Alfred, qui était, comme chaque année, l'adulte les accompagnant à King's Cross. Il ne fallait pas compter sur leur mère, qui comme à son habitude, faisait exprès d'arranger son emploi du temps pour être à l'étranger pour un énième défilé. Cette année avait vu Tokyo se faire l'immense honneur d'être choisi. En l'apprenant, Kelsey avait repensé à son été au Japon avant d'intégrer Poudlard. Son coeur s'était resserré légèrement au souvenir, lorsque elle se souvint de sa relation avec son jumeau qui était alors, encore parfaite. Et pour leur père... Comment pouvait-elle le dire de manière courtoise ? Voilà, son dernière modèle de bottine était bien plus important. Pour faire simple. Mais la jeune McGween songeait sincèrement qu'il devait plutôt être actuellement penché sur le fessier de sa secrétaire qu'autre chose. Lorsqu'elle s'approcha de lui, Alfred eut un mince sourire et tendit sa baguette vers la jeune adolescente, faisant léviter le lourd bagage.

-Laissez moi faire Mademoiselle, déclara-t-il de sa naturelle voix calme, c'est mon rôle.
-Merci Alfred, répondit Kelsey avec un sourire fin.
-Est-ce que Mademoiselle est prête pour cette nouvelle année à Poudlard ? demanda-t-il en accentuant sur le mademoiselle, tout les deux sachant pertinemment que cet élan de politesse n'était plus nécessaire depuis des années.
-Ai-je le choix ? Mais vous Alfred, est-ce que vous êtes prêt ? demanda-t-elle d'un ton taquin.
-Je ne peux malheureusement rien n'y faire. Votre départ m'attriste, mais j'espère avoir de vos nouvelles très prochainement.
-Je l'espère aussi Alfred, répondit-elle avec un clin d'oeil.

Il lui répondit par un simple sourire, avant que Gabriel ne les rejoigne en traînant lui aussi sa grosse valise. Alfred la fait léviter également, ne déclarant jamais publiquement une quelconque préférence. Et alors que Kelsey faisait semblant de se faire vomir tandis que Gabriel continuait d'argumenter sur sa possible admission dans le dortoir féminin, Alfred les prit par le bras, s'assura que les valises étaient attachées, et transplana directement pour le Quai 9^3/4. Pourquoi s'embêter quand on pouvait faire simple, n'est-ce pas ?

Une fois que ses pieds touchèrent le sol du quai de gare, l'expression de Kelsey changea du tout au tout, et son visage devint stoïque, sa voix calme et sans intonation. Pourquoi est-ce que ça lui faisait toujours cet effet là ? Une boule de nerfs se forma dans son estomac, et Gabriel fit ses au revoir à Alfred, avant de partir, la tête haute, les fesses bien mise en valeur par ses dernières bottines à talons de la famille -qui possédaient de petites ailes au-dessus des talons pouvant faire léviter la personne pour quelques minutes- et ses faux-cils clinquant battant la mesure de ses pas. L'albinos se tourna vers le majordome et prit sa valise en main, bien décidée à la traîner jusque son wagon. Alfred l'observa en silence, alors que la tête blanche rentrait de plus en plus dans ses épaules, alors qu'elle gardait les yeux fixés au sol, évitant le regard de tous, essayant de se fondre dans la masse grouillante. Ce fût sans surprise qu'elle le retrouva devant la porte du wagon où elle avait décidé de monter, prêt à l'aider. Elle le laissa faire, n'osant rien dire, et monta à bord. Alfred lui fit remonter son menton du bout de ses doigts gantés, et lui lança d'un air taquin :

-Allons Mademoiselle. Il faut être fière de ce que vous faîtes.
-Je n'aime pas me pavaner.
-Mais il ne faut pas pour autant vous dépréciez.

Elle ne répondit pas, sa gorge se nouant un peu. Le sifflet du départ se fit entendre, et Alfred lâcha prise pour laisser les derniers élèves monter à bord et la porte se refermer. Kelsey passa la tête par la fenêtre et alors que le train se mettait en route, elle mima avec ses lèvres les mots 'au revoir'. Nul ne pouvait voir, et elle le nierait toujours, que ses googles pouvaient avoir soudainement prit un haut niveau d'humidité de l'intérieur. Quoiqu'il en fût, -et cela ne fût point-, la jeune adolescente prit en main la poignée de son gros bagage et commença à vadrouiller dans les wagon en quette d'un compartiment libre. Enfin, espérer pouvoir avoir un compartiment vide rien que pour soi était bien évidemment impossible dans la vie pratique. Aussi dût-elle le partager avec un Serdaigle et un membre de sa Maison, qui semblaient bien s'entendre, et n'étaient pas spécialement désagréables en guise d'amis à usage unique. Le Serdaigle expliquait son été qu'il avait passé dans le monde Moldu, et qu'il avait joyeusement dénommée 'Immersion dans la vie sauvage et trépidante des Moldus du XXIène siècle' et où principalement, on pouvait en faire un résumé comme quoi la boîte technologique où se trouvaient des personnages enfermés dedans, parlant et vivants, et ne semblant pas rechigné sur le fait d'être enfermés, permettait de voir un nombre impressionnant de différentes ethnies Moldues ayant chacune leur propre intérêt sociologique. Et le Serpentard semblait être du genre taquin, tant ses remarques ironiques typiquement anglaises arrivaient à faire décrocher un sourire à l'albinos. Ils ne s'intéressèrent pas spécialement à la jeune-fille, une fois qu'elle eut répondu que ses vacances avaient été des plus ennuyantes et qu'elle eut fait mine d'avoir perdu son chat dans d'atroces circonstances pendant le mois d'Août, ce qui fit refroidir légèrement l'ambiance mais lui permit d'être mise à l'écart du questionnement tout en lui donnant le droit d'écouter leurs vies. Et d'en prendre quelques notes mentales, on ne savait jamais, ça pouvait toujours servir.

La suite s'était passé de la manière la plus traditionnelle qui soit, les calèches aux montures invisibles avaient emmené les années supérieures au château, tandis que les premières années montaient à bord des barques. Et puis la Cérémonie de Répartition, les traditionelles applaudissement pour chaque nouveau Serpentard, et les boutades discrètes lancées à l'encontre des nouveaux Poufsouffles et Griffondors. Et puis le Banquet. Et enfin, ce qu'elle attendait le plus, la possibilité d'aller dormir dans son lit douillet. D'un coup d'oeil vif et discret, Kelsey vit Nikolaï se lever pour commencer son devoir de Préfet avec la Miss Parfaite-Préfète. Yurk. Enfin, yurk... Kelsey avouait qu'Ange n'était pas moche, loin de là, juste... il fallait de temps en temps qu'elle arrête de se prendre pour la Reine du monde parce qu'elle était dans la mode. Aussi, l'adolescente se contenta de rouler des yeux, esquivant agilement la possibilité de la voir, tout en se concentrant sur sa discussion avec le Préfet. Il lui indiqua le mot de passe et qu'elle avait été déplacé de dortoir. Elle haussa un sourcil surpris. Tiens donc. Il n'avait pas eu d'explication de la part de l'administration, mais c'était sans doute pour quelque chose d'aussi stupide que 'il faudrait enlever cette gamine toute seule dans son dortoir et la mettre avec d'autre. La pauvre doit passer ses nuits à pleurer. Owi owi.'. Nope. Elle s'en sortait très bien, merci beaucoup. Mais c'était l'administration... Aussi, acquiesça-t-elle à Nikolaï, avant de prendre le chemin de sa Salle Commune. Elle se fondit dans la masse estudiantine, se fraya un passage vers les cachots, esquiva les Poufsouffles tout en se moquant d'eux mentalement et fini son chemin devant le pan de mur habituel. Il n'avait pas changé. Pourquoi diable changerait-il de toute façon ?

-Manticore, souffla-t-elle, avant de disparaître derrière la porte fraîchement apparue.

La Salle Commune n'était pas spécialement vivante. Tout le monde ne devait pas encore avoir le mot de passe. Et Kelsey n'avait pas de raison particulière de refiler l'information à ses camarades. Aussi, elle prit la direction du dortoir féminin, et suivant les indications provenant du grand manitou, elle ouvrit la porte de son nouveau lieu de repos. Rien d'anormal, il était exactement pareil que là où elle était avant. Sauf que des valises se trouvaient devant presque chaque lit. Elle se dirigea vers le sien, qui était bien situé. A côté d'une fenêtre magique, à l'écart des autres, mais pour autant, inclut dans le cercle social. Sans un mot, elle commença à vider sa valise et à prendre ses marques. Elle était tombée sur son pyjama et avait songé à sans doute déjà l'enfiler quand la porte s'ouvrit sur Ange Dawster. Ah. Zut. Là, elle ne pourrait définitivement pas l'éviter. Et surtout, elle n'allait pas enfiler son pyjama tout de suite. Elle se contenta donc de le ranger sous son oreiller, retournant à son rangement. Un petit silence s'était installé, et cela ne dérangeait pas l'albinos, qui continuait son bonhomme de chemin. Et puis, forcément, la voix de la Préfète s'était élevée dans la pièce.

Kelsey se releva, penchée qu'elle était sur sa valise, et se tourna vers la Préfète. L'habitude lui aurait fait répondre 'Apparemment.' d'un ton ironique et platonique, à sa question, mais elle était pour toujours arrondir les angles, surtout si elle devenait la voisine de chambre de la dite Préfète. Aussi, elle répondit :

-L'administration semble penser que le fait que je sois seule depuis des années dans le dortoir numéro 3 pourrait avoir avoir une incidence psychologique sur mon moral.

Elle cligna des yeux, puis ajouta :

-Je suis désolée si ce qui doit être un bon groupe d'amies se voit greffée de ma présence. Je tâcherai d'être discrète.

Avant de reporter son attention sur l'objet se trouvant dans sa main, un soutien-gorge offert par sa mère, changeant de couleur selon son humeur. Actuellement, il était gris, et Kelsey n'avait aucune idée de ce que cela signifiait. Aussi, elle le replaça silencieusement dans sa valise avant de prendre deux livres de cours pour les poser sur sa table de chevet.

Histoire de ne pas rester bêtement immobile en attendant une éventuelle réponse de sa camarade, la blonde entreprit de mettre un peu d'ordre dans ses affaires en commençant par ranger sa valise. Elle n'allait sans doute pas tout placer ce soir, mais elle pouvait déjà commencer à installer le principal. Elle mit vite fait ses bouquins, parchemins et autres trucs de cours dans le coffre au pied de son lit histoire de libérer de la place pour sa garde robe. Après avoir posé sa baguette sur la table de nuit, la demoiselle s'installa sur son lit à baldaquin avec nonchalance en regardant Kelsey d'un air interrogateur. A vrai dire, elle ne savait pas du tout comment se comporter avec l'albinos, c'était d'ailleurs pour cette raison que sa présence mettait la vipère un peu mal à l'aise. Elle n'arrivait décidément pas à la cerner. D'ailleurs, la réponse de la jeune fille n'éclaira pas plus la préfète qui se demandait en réalité si la fille McGween en avait juste rien à faire de ce changement de dortoir ou si cela l'emmerdait royalement. Autant dire qu'elle n'était pas plus avancée. Pour toute réaction, la jolie blonde se contenta d'un haussement d'épaule qui voulait à la fois tout dire et rien dire avant de répondre sur un ton qu'elle s'efforça de rendre aussi amical que possible.

« Bah, c'est quand même plus cool d'avoir des gens à qui parler, non ? Enfin, si tu préfères rester clair dans ton coin, libre à toi, mais sinon tu es la bienvenue.»

Se mettant à l'aise, la préfète commença à dénouer la cravate de son uniforme et ôta ses ballerines pour pouvoir s'assoir en tailleur sur le lit. Ange espérait vraiment qu'elle réussirait à s'entendre, au moins un peu avec la jeune fille, parce que ce n'est jamais agréable quand on a une personne que l'on ne peut pas supporter dans son dortoir et ça valait autant pour elle, que pour Kelsey. Néanmoins, elle ne voulait pas non plus donner l'air que ça lui tenait trop à coeur. Après tout, si elle espérait que tout se passerait, elle ne comptait pas aller jusqu'à supplier sa camarade d'être son amie. Il ne fallait pas pousser Salazar dans les orties quand même. Quoi qu'il en soit, faire un petit effort pour être agréable, et montrer à McGween qu'elle n'avait rien contre elle, c'était à sa portée. Histoire de détendre un peu l'atmosphère, elle ajouta sur un ton plus léger:

«  En plus on a la plus grande salle de bain. Ça vaut pas celle des préfets, mais c'est déjà ça. »

Avec un air désinvolte, la vipère attrapa son magyar à pointe noir en peluche pour le placer sur le lit près de son oreiller. En tant normal, elle n'avait pas une passion particulière pour les peluches, mais celui ci était spécial: c'était la peluche qu'Apollon avait remporté au Stand de Jeu lors de la Fête du Phénix avant de la lui offrir. Dans la mesure où la bestiole faisait parti des survivants de la fusillade, elle méritait un minimum de considération. Harry, puisque tel était son nom, avait en effet reçu une balle en pleine tête pendant le fameux carnage de Pré-au-Lard et il avait fallu lui recoudre la face. Après avoir survécu avec une aussi belle cicatrice au dessus de l'oeil, il ne pouvait décemment pas porter un autre nom. Il évoquait un peu un pauvre chien errant qu'on aurait récupéré par pure bonté d'âme, avec sa gueule défigurée mais le chat de la blonde semblait l'avoir adopté alors tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Comme Kelsey semblait elle aussi regarder la peluche, la vipère fit une tentative d'humour.

« Lui c'est Harry. Je l'ai appelé comme ça à cause de sa tronche balafrée. Un souvenir de la commémoration du Phénix.. L'avantage c'est qu'il est obéissant et qu'il remue pas trop. Et puis comme c'est un cadeau d'Apollon, fallait bien qu'il ait un nom de Gryffondor. »

[J'ai un peu craqué avec mon histoire de peluche j'espère que ça t'ira quand même ]

[Pas de soucis ]

Alors que la jeune Dawster s'installait également, Kelsey sortit de sa valise sa toute dernière acquisition. Son petit cadeau personnel pour la rentrée, enfin, plutôt pour l'aider à supporter la rentrée. Une magnifique Plume à Papote. Elle la regarda avec, sans aucun doute, les mêmes étoiles dans les yeux que son frère avait eut en évoquant l'idée de rejoindre le dortoir féminin. Ignorant complètement qu'elle ressemblait à une idiote, l'albinos la posa sur sa table de chevet, près de quelques parchemins vierges, pour faire une expérience de prise de notes lors de son sommeil. Non seulement, cela pouvait être intéressant si elle avait eu des idées de génies pendant la nuit mais les oubliait au petit matin, ou si quoique ce soit se disait dans le dortoir la nuit, à son insu, mais qui mériterait très certainement d'être lu. Elle détourna finalement le regard de l'objet de son adoration, pour observer d'un air surpris la Préfète, installée sur son lit de manière détendue désormais, qui venait de dire quelque chose, aussi incroyable que cela puisse paraître, d'agréable. L'albinos en remonta ses goggles sur son front, livrant à ses yeux la couleur verte non tamisée de la pièce. Elle entendit sa Plume à Papote prendre en note les exactes paroles d'Ange, et Kelsey espéra secrètement que le grattement de la Plume ne dérangerait personne.

-Je suppose, répondit-elle, les paupières se plissant un peu de par son incertitude, je ne sais pas trop, les gens n'ont pas tendance à vouloir me parler.

Kelsey fronça les sourcils et se retourna en vitesse vers sa table de chevet, où la plume verte criarde prenait également en note ses propos. La sortir de sa valise avait sans doute été une mauvaise idée. A l'évocation de la salle de bain, la gamine eut une pincement dans la poitrine. Être Préfète. Elle en avait toujours rêver. Marcher sur les pas de Pénombre, son objectif personnel. Mais c'était impossible pour elle d'y arriver dans son entièreté. Le poste de Préfète-en-Chef nécessitait d'avoir été Préfet par le passé, et sur ce point, l'albinos ne remplissait pas les critères de sélection. Chaque été, l'ouverture de sa lettre de Poudlard était un moment intense. Elle passait un long moment à observer l'enveloppe, voir si quelque chose pourrait la rendre plus lourde que d'habitude. Un badge par exemple. Mais non, jamais. Et sans doute que cela n'arriverait jamais. Pareil pour le poste de Capitaine de l'équipe de Quidditch. C'était fichu d'avance. Pénombre avait eu un succès sur toute la ligne, Préfète-en-Chef, Capitaine de l'équipe, Présidente de la Gazette de l'école, chef de la Milice Pourpre. Jamais la petite Kelsey McGween ne ferait le poids ou ne rattraperait son modèle d'ambition et de réussite personnel. Aussi, poussa-t-elle un petit soupir de désespoir avant de répondre avec un air contrit :

-Je ne saurais dire, la salle de bain des Préfets m'est inaccessible.

L'adolescente attrapa violemment sa plume pour l'empêcher de reporter à l'écrit ses paroles qui ne feraient que la blesser d'avantage lors de ses relectures. Elle l'enferma par la suite dans le tiroir de sa table de chevet et, constatant qu'elle avait vidé sa valise, en dehors de son chaudron et d'autres instruments magiques, elle enleva ses goggles et les posa sur la table à côté de son lit, avant de se jeter sur le matelas sans se soucier le moins de monde de la manière dont elle le faisait. Elle resta un moment à observer le plafond de son lit à baldaquin en silence. Après tout, ce n'était pas la faute d'Ange si elle était Préfète. C'était l'administration qui décidait. Et en toute honnêteté, elle faisait bien son boulot. Il n'y avait pas à dire. Comment est-ce qu'elle en était venue à ne pas apprécier Ange déjà ? Était-ce vraiment parce qu'elle se pavaner de travailler dans la mode ? Ou bien... autre chose.

Puis, elle se souvint. Un cours de potion en première année, Damien, Ange. Damien qui aimait Ange, Ange qui lui donnait de faux espoirs et Kelsey, qui... oui, qui avait été amoureuse de Damien. Elle avait tout compris en l'espace d'une seule réaction chez le jeune Serpentard blafard lorsque la petite Ange était entré dans la salle de classe, trempée, et grelottante. L'inquiétude dans le ton, les regards qu'il lui lançait. Elle en avait été malade de jalousie.

Kelsey cligna des yeux bêtement tout en continuant de regarder le plafond. C'était comme ça que ça avait commencé alors. Ça lui sonnait vraiment stupide cinq ans plus tard. La jalousie d'un amour de gamine. Ouah. Elle en rougit presque de honte. Mais à la place, elle se fit en mémo personnel d'observer ses actions et sentiments avec distance avant d'agir. Elle n'était pas une Gryffondor après tout. C'est donc sur ce mémo qu'elle se redressa sur ses coudes pour observer Ange Dawster qui venait d'attraper une peluche abîmée d'un Magyar à Pointes. Elle finit par se redresser complètement, s'assoyant en tailleur sur son lit, tout en enlevant ses bottes en cuir de dragon pour les déposer au pied de son lit, à côté de son coffre. Elle écouta Ange présenter sa peluche, un sourcil blanc se haussant légèrement par la surprise de la scène. Alors, Harry, le dragon était désormais un colocataire du dortoir. Un garçon. C'était Gabriel qui serait jaloux. Kelsey eut un sourire méchant rien qu'à l'idée d'imaginer son frère se plaindre d'une peluche. Merlin qu'il était tombé bien bas. Ah, offert par Apollon. La McGween avait tendance à oublier que la majorité des étudiants à Poudlard avait tous un petit copain ou une petite copine. Enfin, la majorité... quand ils ne couchaient pas avec leur amant ou maîtresse dans des recoins sombres que l'albinos arrivait toujours à dénicher pour faire du chantage. Quoiqu'il en fût, ce que pensait l'adolescente de cette relation entre un Gryffondor et la Serpentarde, cela n'avait pas sa place dans la conversation actuelle. Aussi, elle lança d'un air taquin :

-Harry, le dragon qui a survécu.

Son sourire un peu moqueur essayait presque en vain de dissimuler un réel rire qui voulait s'échapper de sa gorge. Quand bien même à l'évocation de la Commémoration du Phénix, son bras droit lui avait lancé, l'heure n'était pas à l'exhibition de son immonde cicatrice, ni à briser l'ambiance sociale acceptable où Kelsey pataugeait depuis quelques minutes.

-Harry, le clandestin du dortoir des filles. Ça sonne bien comme titre d'article de fait divers pour rendre l'administration folle et les garçons jaloux. Il doit bien y avoir un Harry dans l'école qui se fera poser la question à chaque fois.

Après un petit moment de réflexion, la McGween finit par demander en indiquant d'un signe de tête les malles voisines :

-Tiens, qui sont les autres filles avec qui on partage le dortoir ?

Tandis qu'elle parlait, la blonde put empêcher son regard de se focaliser sur la plume de Kelsey qui semblait noter le moindre mot qu'elle prononçait. C'était un peu perturbant et franchement déconcentrant. Incapable d'en détacher le regard, la préfète observa l'objet gratter le parchemin pendant deux longues minutes, avant de reporter son attention sur sa camarade de dortoir. La vipère se sentit un peu mal à l'aise lorsque le jeune fille déclara que la plupart des gens n'avaient pas tendance à vouloir lu parler. A vrai dire, il n'y a pas si longtemps, Ange elle même faisait plus ou moins partie de cette catégorie. Kelsey avait, comme précisément à cet instant, le chic pour dire tout haut des vérités gênantes. Enfin, ce n'était pas non plus comme si l'albinos avait vraiment manifesté l'envie de discuter avec elle jusque là, donc elle n'avait pas à se sentir responsable. Forcément, quand on ne va pas vers les autres, il ne faut pas s'attendre à ce que les autres viennent vers vous.

Comme le regard de la blonde était de nouveau revenu vers la plume à papote, elle manqua de sursauter quand d'un mouvement bien plus brusque que nécessaire, Kelsey s'empara de l'objet pour le balancer au fond du tiroir de sa table de nuit. A croire que la plume l'avait personnellement insulté. Ange se demanda si la jeune fille allait véritablement bien. A l'évidence, il y avait des tas de choses qui la travaillait et qu'elle gardait pour elle, or la disciple de Salazar savait par expérience qu'il n'était jamais bon e trop intérioriser à un moment ou un autre, on finit par atteindre le point critique et par craquer. Au moins, son histoire concernant Harry le dragon à la cicatrice eut le mérite de réussir à détendre un peu l'ambiance en donnant une dimension plus légère à la conversation. L'albinos elle même sembla se dérider et la blonde aurait jurer avoir vu sur son visage l'esquisse d'un sourire. Son commentaire d'ailleurs, éclaira le visage de la préfète d'un sourire amusé. « Harry, le dragon qui a survécu » ça sonnait super bien.

« J'avoue, cela pourrait être matière à quelques méprises ! Mais pour le coup, ça fonctionnerait mieux avec un autre nom, je trouve.. Harry ça me fait davantage penser à un nom d'animal domestique, genre un hibou ou un rat.. »

La blonde acheva sa phrase d'un air pensif, en étudiant comment résonnait le prénom Harry. Pour sur, jamais elle n'aurait eu l'idée d'appeler l'un de ses enfants comme ça. Quand bien même, un certain héros célèbre du monde magique portait ce nom, ça restait à ces yeux un nom digne d'une chouette.. ou d'un dragon en peluche justement. Finalement, Ange fut soulagée de constater que le courant semblait passer. Comme quoi, parfois il suffit de faire un tout petit effort pour sociabiliser et le reste suivait immanquablement. Kelsey l'interrogea alors au sujet des autres occupantes du dortoir et la vipère en chef la renseigna dans la foulée.

« Il y a Aely Strange qui occupe ce lit et Megan juste à côté. »

Ange désigna respectivement le lit voisin du sien et le suivant au bout du dortoir tout en énonçant les noms. Cela laissait un lit inoccupé, celui juste à côté de la jeune McGwenn. A vrai dire, Ange espérait qu'il le resterait, ça leur ferait toujours plus de place pour étaler leurs affaires.

Quand le blonde se tut, le silence s'installa quelques instants. Elle ne pouvait s'empêcher d'essayer de se rappelait la vraie raison pour laquelle jusqu'ici Kelsey lui était toujours apparue antipathique, mais rien ne venait. Il s'était passé tellement de choses depuis la première année ! Lui avait-elle fait une crasse que la verte n'avait pas digérer ? Il ne lui semblait pas, c'était plutôt Kelsey qui s'était toujours montrée froide avec elle en fait. Pourquoi ? La raison lui échappait. Après un moment d'hésitation, la vipère décida que si les choses devaient être mise à plat, cela ne pouvait qu'être maintenant. Si elle voulait partir sur de bonnes bases avec sa voisin de dortoir, il fallait éclaircir tout ça.

« Dis... Je peux te poser une question ? Pourquoi on ne s'est jamais entendues avant ? Est ce que je t'avais fait une mauvaise blague ou un truc du genre ? »

[ Désolé de mon long retard et de cette piètre réponse !! ]

Kelsey approuva d'un léger sourire qui réussit à découvrir ses dents blanches de ses lèvres roses pâles. Oui, Harry sonnait vraiment comme un nom d'animal domestique. Ou d'un mioche a qui on avait gravé une cicatrice en forme d'éclair et implanter des idées de grandeur et d'héro dramatique dans une bataille acharnée contre le grand méchant, parce que toute les bonne histoire ont un grand méchant pas beau, comme si le monde ne pouvait être que bipolaire entre bien ou mal. Un mioche qu'on utilisait comme un pantin. Un peu comme un chien. Oui, Harry était bel et bien un nom d'animal domestique. Néanmoins, pour ne pas provoquer de débat politique houleux dès le premier jour, Kelsey ne prononça pas un mot de tout ceci et se contenta d'approuver en silence.

Vint le moment où Ange annonça qui et où étaient placé leur camarades de chambré. L'oeil gauche de Kelsey tiqua légèrement et douloureusement à l'annonce d'Aely Strange. Grand dieu, la petite peste, cette voleuse d'amie, allait être sa camarade de chambre ? No possiblo. Kelsey s'assurerait de faire de sa vie un enfer, sans déranger les autres locataires, ou de l'espionner. Elle devait bien avoir une faille. Bien évidemment, tout le monde en avait. L'albinos trouverait bien ce qui clochait chez la mioche, et elle prendrait grand plaisir à détruire sa vie avec cette information. Hors de question qu'on lui enlève son amie Hayden. Ce n'était même pas envisageable. C'était son amie. La sienne. Sa précieuse et plus ancienne amie. Elles étaient indubitablement liées, surtout depuis l'attaque de Pré-au-Lard.

Kelsey finit par se relaxer à l'entente du prénom de Megan et d'un air songeur, où elle essayait de se remémorer tout les détails, elle commenta :

-Oh oui Megan ! Je la connais, même si on ne se fréquentait pas spécialement depuis cette nuit avec le gâteau au chocolat dans la cuisine, je dirai que je m'entends plutôt bien avec. C'est une bonne chose.

Puis le silence fût. Si Merlin aurait souhaité l'embouteiller, il n'aurait pas trouver meilleur moment. Kelsey n'était pas spécialement gênée. Le silence était son compagnon depuis longtemps. Elle appréciait pouvoir avoir un moment de silence avec quelqu'un sans se sentir gênée. Cela lui indiquait bien souvent qu'elle se sentait bien avec la dite personne. Qu'ils n'avaient pas spécialement de communiquer pour profiter de la présence de l'autre, et ce silence n'était en aucun cas un signe d'ennui.
Néanmoins, il apparut que cela puisse avoir dérangée légèrement la jeune Dawster qui reprit la parole qui aborder un sujet épineux auquel Kelsey venait à peine de penser, quelques minutes auparavant. L'albinos sentit presque son coeur accélérer. Le stress sans doute. Elle n'allait pas mentir, cela ne servirait à rien. Mais elle avait tout de fois un peu d'appréhension. Elles s'entendaient plutôt bien pour le moment, et espérait que cela ne refroidirait pas spécialement l'ambiance ou leur future possible relation entre elles. Elle poussa un léger soupir, essayant de réunir le peu de courage en elle pour prononcer le nom clé.

-Damien O. Taylor, fit-elle presque en un souffle, ses yeux n'osant pas réellement se poser sur le visage de la jeune blonde en face d'elle.

Voyant que cela ne mènerait pas plus loin avec si peu de détails, elle continua, ses yeux toujours rivés sur le sol en pierre.

-Quelque part, c'est d'un ridicule. Presqu'un triangle amoureux en soit. Il était amoureux de toi, et moi de lui, mais tu n'avais pas de sentiments pour lui et ne faisait que profiter de son affection. Et ça m'a pas spécialement plut. Ça ne me regardait pas en soi, c'est sans doute juste une décision stupide faîte sur le tas, et aveuglé par de la simple jalousie dans la tête d'une gamine de onze ans. Avec le temps, j'avais depuis longtemps passé le cap de mes sentiments perdu pour ce garçon, mais j'ai appris que tu travaillais dans la mode, comme modèle. Mes parents sont dans ce milieu et je le méprise; j'y ai trouvé une autre raison pour ne pas spécialement m'approcher.

Elle s'arrêta là, ne sachant pas comment elle devait spécialement finir son discours. Elle sentait que quelque part, elle devrait s'excuser, mais... elle ne savait pas de quoi. Elle ne lui avait pas spécialement fait de mal, elle l'avait juste évité. Mais c'était sans doute parce qu'elle même connaissait la douleur de se faire ignorer qu'elle se sentait un peu mal à l'aise de ses actions passées. Tout en gardant les yeux rivés sur le sol, elle finit par murmurer :

-Je n'aurai pas dû juger aussi vite, ce n'est pas socialement agréable d'en être la victime.

A demi-mots et de manière bien étrange, telle était la pitoyable tentative de Kelsey pour s'excuser.

La pression que l'albinos ressentait en elle-même disparut en un instant. La sensation partait des épaules pour glisser le long du dos, s'arrêter un instant, s’agrippant au coeur avant de finalement relâcher l'organe pour disparaître au niveau du nombril. Le haussement d'épaule d'Ange ainsi que sa proposition d'enterrer la hache de guerre étaient autant un signe de maturité qu'un soulagement pour elle. C'était comme si elle avait été dans le couloir du condamné à mort et qu'on venait de décider qu'en fait, elle était innocente.

C'était étrange de se rendre compte qu'en réalité, toute cette haine en elle, elle avait toujours voulu s'en débarrasser. Ses propres épaules se détendirent et ses joues se teintèrent d'un léger rose alors qu'elle eut un sourire incontrôlable qui apparaissait sur son visage. En temps normal, peut-être avec quelqu'un qu'elle n'aurait pas connu depuis aussi longtemps, même de loin, peut-être aurait-elle songé qu'on essayait par là de l'entuber. Et peut-être que c'était le cas, mais elle n'y songea pas un seul instant. Reprendre à zéro avec Ange, peut-être être amie avec elle. D'un seul coup, cette panoplie de possibilités s'ouvrait à elle, et elle n'allait pas mentir, elle était très tentée. Même si elle avait, par le passé, renié en bloc les preuves de maturité d'Ange, ses qualités, tout ceci lui sauté au visage à présent, et sans doute qu'en fait, elle avait toujours un peu souhaité ça. La possibilité de recommencer.

Elle se redressa un peu plus sur son lit et approuva.

-Je suis d'accord. Bien des choses ont changé depuis.

Notant la posture d'Ange pour pouvoir discuter, Kelsey se rapprocha du bord de son propre lit, tout en restant assise en tailleur, pour également rendre la discussion plus aisée. Ce n'était pas qu'elle était une handicapée sociale, mais elle avait tout de même quelques soucis. Bien trop habituée à se cacher, ou à ne pas chercher d'affection particulière, elle ne se posait pas de question sur comment son comportement pouvait être pris. Mais ici, elle devait faire des efforts, elle ne se voyait pas accorder une nouvelle chance pour la foirer dès le début. Quelque part, c'était aussi différent d'avec Hayden, peut-être parce qu'avec la Serdaigle, cela avait débuté bien autrement. Sans doute. Coupant le fil de ses pensées sur comment se comporter en société, Ange engagea la conversation sur un sujet plus joyeux que le précédent, bien que lié.

Du rouge monta instantanément sur les joues de l'adolescente. C'était un sujet sans doute banal pour Ange, mais pour Kelsey, c'était un peu comme la boite de Pandore.

-Euh, eh bien... commença-t-elle peu sûre d'elle, je n'ai pas vraiment d'avis... disons que je ne m'y intéresse pas spécialement... Bien sur, certains sortent du lot, mais..., elle se mit à tripoter ses doigts à cause du stress, je ne songe même pas à l'idée car je sais que je n'existe pas pour eux, ou est trop étrange... La dernière fois que j'ai parlé à un garçon ce devait être Nikolaï l'été passé, avant les vacances. Mais... bon peut-être le charme exotique russe, ou ses bonnes manières, mais c'est qu'il est jeune, pas vrai ? Et puis en couple aussi. Et Gabriel a son charme, enfin, je veux dire le Préfet en chef, il semble froid comme ça, de loin, c'est mystérieux, mais je ne lui ai jamais parlé...mais j'aimerai bien, Caïn est agréable aussi à regarder mais, peut-être un peu trop porté sur son look, je ne sais pas...

Par les caleçons les plus avachis de Merlin. Elle parlait de garçons. Elle était gênée. Pire que ça, sans doute même honteuse. Comment pouvait-elle avoir la moindre chance ? Elle ne faisait pas attention à son look, ni à ses cheveux coupés bizarrement, elle n'avait pas un tour de poitrine rutilant, et ne parlons même pas de la bizarrerie de ses yeux qui devait filer des frisson à la majorité des personnes qui la voyait. De plus, ses articles dans la Gazette ne devait pas aider sa popularité, tout le monde n'aimait pas son style. Et une fille qui joue le rôle de Gardien au Quidditch, ça fait un peu bourrue et pas vraiment féminine. Pourtant, elle n'avait pas spécialement de muscles saillants. Elle restait fine.
La Préfère lui proposa alors un chocogrenouille. Elle eut un petit sourire en acceptant, ajoutant qu'elle adorait celles-ci. Puis, nerveusement, elle plaça une de ses longues mèches de cheveux blanc derrière son oreille et décida de placer plutôt le sujet sur Ange, tout en mordillant la tête de la grenouille.

-J'apprécie beaucoup ton couple avec Apollon par ailleurs. J'espère que ça servira de modèle pour calmer les guéguerres entre Maisons...

Ange croqua un bout de son chocogrenouille tout en regardant la carte qu'elle avait eu. Cassandra Vablatsky, c'était une carte commune mais au moins elle ne l'avait pas, elle haussa les épaule et la rangea avec le reste de sa collection débutée en première année. Autant dire que celle ci commençait à être assez conséquente. ( > Voir la Collection <) Tout en terminant son chocogrenouille, la jolie blonde reporta son attention sur Kelsey qui semblait quelque peu gênée d'aborder le sujet des garçons. Avait-elle un amour secret qu'elle n'osait avouer ? La préfète trouvait cette idée super excitante, même si elle n'était pas forcément très douée pour jouer les cupidons, elle trouvait que c'était super chouette d'élaborer tout plein de plans pour aider une copine à séduire le garçon qui lui plaisait.

Toutefois, elle se sentit un peu dépitée d'entendre l'opinion négative que Kelsey avait d'elle même et son évident manque de confiance. Il n'y avait pourtant pas de quoi. S'il est vrai qu'elle était plutôt discrète comme fille, avec une personnalité assez introvertie, ce n'était pas forcément un défaut. De plus, si l'albinos avait une apparence qui sortait du lot avec ses cheveux blancs et ses yeux vairons, elle n'en était pas moins jolie. Au contraire même, c'était bien mieux que d'être complètement ordinaire.

« Bah pourtant si tu leur parles jamais tu pourras jamais savoir si tu leur plait ou pas.  En plus t'es loin d'être moche, je t'assure. T'as rien à perdre à tenter ta chance ! »

La vipère se lécha les doigts après avoir croqué le dernier morceau de son chocogrenouille et piocha pour en prendre un deuxième. Oui la gourmandise c'était mal, mais elle avait de la marge et elle n'avait pas pris de dessert lors du banquet alors elle pouvait bien se le permettre. En plus, il lui semblait que ça faisait une éternité qu'elle n'en avait pas mangé.

« Et puisque tu parlais de Nikolaï, crois moi, t'es mille fois mieux que cette gamine débile d'Arabella. Alors si cette dinde a pu réussir à séduire Dmitriev, toi tu peux avoir qui tu veux.»

La demoiselle entreprit d'ouvrir la boite de sa chocogrenouille qui s'échappa d'un bond, ce n'est qu'avec ses réflexes de Quidditch qu'elle réussit à la rattraper avant qu'elle ne saute par terre et ne serve de proie à son imbécile de chat. C'est le moment que choisit sa camarade pour lui dire qu'elle aimait bien son couple avec Apollon, ce qui surprit agréablement la préfète plutôt habituée à entendre des opinions négatives.

« Ah oui ? » La blonde laissa échapper un petit rire, mi flatté mi gêné. Elle n'avait pas l'impression que son couple avec Apollon soit ce qu'on pourrait appeler une parfaite romance joyeuse et paisible. Avec eux c'était plutôt gentilles provocations et défis au quotidien. « Tu es bien la première à me dire ça. Cela dit, je suis pas convaincue que ce soit vraiment très efficace pour remédier aux conflits entre maisons..»

Les pensées de la jeune fille dérivèrent alors vers le rouge et or. Ils avaient fait le trajet du Poudlard express ensemble dans le wagon des préfets, mais n'avaient fait qu'aborder des questions pratiques sans grand intérêt avec les autres préfets et ils n'avaient pas pu se voir pendant le banquet. Enfin, elle aurait bien le temps de lui parler le lendemain. Comme Ange était en train de sortir la carte de son deuxième chocogrenouille, elle ne put retenir une petite exclamation de surprise ravie.

« Trop bien ! J'ai eu Merlin !! ça fait 4 ans que j'espère tomber dessus ! Et toi, tu les collectionnes les cartes ? »

L'albinos en arrêta sa mâchoire. Elle était en train de mâchouiller tranquillement la tête de la chocogrenouille lorsque Ange lui avait donné un conseil et même un compliment. Elle sentit la température de son corps augmenter et se douta que son visage avait dû tourner pourpre de gêne. Si elle pouvait, elle se serait tourné en souris pour ne pas être le centre d'attention. Tenter sa chance eh ? Pourquoi pas ? Qu'est-ce qui la retenait après tout ? Gabriel n'allait pas la manger, le cannibalisme était proscrit dans la société sorcière comme de nombreuses autres. Qu'est-ce qui la retenait ? Elle songea alors à Hayden. Elle sentait que quelque part, lorsqu'on débutait une relation amoureuse, on voyait moins ses amies. Certaines amitiés ne passaient pas le cap, elle le savait, elle l'avait observé à maintes reprises dans les couloirs de l'école. Certains garçons trompaient même leur copine avec la meilleure amie. Peut-être qu'elle voulait seulement rester au calme. Ne pas vivre avec trop de remue ménage autour pour de telles histoires. Mais il y avait toujours cette envie, ce désir d'éprouver au moins une fois ce genre de chose. Être au centre d'une romance, avoir quelqu'un pour vous épauler. Qu'est-ce qui lui manquer franchement ? Elle avait des amies pour l'épauler, des professeurs pour la conseiller et jouer le rôle de parent concerné, de bons résultats. Pourquoi cherchait-elle tout de même autre chose ? Cette quête tapie dans l'ombre, comme elle le faisait la nuit, la tentant même de loin.

Elle sortit de ses pensées en secouant sa tête vivement. Elle avait déjà ressentit ça une fois, il y avait longtemps. La sensation d'être complet grâce à quelqu'un d'autre. Son jumeau l'avait complété et rendue entière. Mais cela remontait à des années maintenant, et tout ceci était fini.Il l'avait trahis, préférer un inconnu, un ennemi à sa propre jumelle avait été l'erreur fatale. Il était mort pour elle. Et elle était encore brisée. Seule dans son voyage de la vie où elle s'était toujours imaginée avec lui. La véritable question était si elle avait le courage de refaire cet ascenseur émotionnel avec quelqu'un d'autre.

Et Ange continua de la complimenter en lui assurant qu'elle était mieux qu'Arabella et qu'elle pourrait avoir qui elle voulait. Kelsey passa par dessus le détails que la Préfète avait appelé son amie une dinde pour ne pas créer de vague, et se mit à regarder la chocogrenouille tout en la tournant pour l'observer sous toutes ses coutures, comme si elle avait désormais le désir d'étudier sa forme géométrique et le nombre de mole de chocolat contenue dans la friandise.

-Je ne sais pas si je le supporterai... Je, j'ai l'impression d'avoir vécu assez d'émotions pour le reste de ma vie avec..., rah c'était idiot mais elle n'avait pas d'autre mot, ma rupture avec mon frère. Les histoires comme ça, dès qu'on s'implique on finit blesser. J'ai jamais eut beaucoup de chance, je sens que ça se finira mal pour moi.

Elle marqua une pause avant de finalement lâcher ce qui lui semblait l'équivalant d'une bombe sur Hiroshima et Nagasaki.

-J'ai toujours voulu ne pas porter mon attention sur le fait que j'observais trop longuement le Préfet en Chef.

Combien de fois s'était-elle dit que c'était uniquement parce qu'elle enviait son badge ? Bien trop souvent en tout cas. Elle s'était aussi souvent demandé si c'était parce qu'il s'appelait Gabriel et qu'elle tiquait dès que quelqu'un le hélait dans un couloir ou la Salle Commune. Elle continuait, très souvent, de se demander si les Gabriel étaient tous pareils. Voilà, maintenant qu'elle se mettait à penser à tout ces détails, il lui paraissait évident et inévitable que tout cela allait la travailler et qu'elle allait sombrer inexorablement dans la spirale infernale d'une quête amoureuse. Par la barbe de Merlin, elle le savait qu'elle allait droit dans le mur pourtant.

Lorsque la Préfète évoqua son propre couple, Kelsey redressa sa tête et son corps, bien plus sûre d'elle qu'il n'y avait cinq minutes.

-Si je t'assure. D'habitude, entre Vert et Rouge, c'est très tendu et les coups bas sont de vraies crasses. Avec toi et Apollon qui vous taquinez tout le temps, ou presque, ça change le ton, et les mauvaises blagues tournent plus en blagues simples, tout le monde se détend et le prend plus à la rigolade qu'avant. Peut-être plus facilement chez les jeunes que les anciens mais bon... Enfin, c'est mon impression.

Puis Ange découvrit avec joie la carte de Merlin dans sa deuxième chocogrenouille. Kelsey n'avait jamais réellement porté son attention sur les Cartes, elle mangeait toujours le chocolat et donnait la Carte à son frère, qui en faisait la collection. Désormais, elle ne le faisait plus mais continuait de garder les cartes, plus parce qu'elle ne savait pas quoi en faire qu'autre chose. Les brûler semblait être du gaspillage, les jeter aussi. Maintenant qu'elle y pensait, il lui semblait avoir vu Alfred les ranger dans une sorte d'album chez ses parents, pour gagner de la place ou quelque chose comme ça.

-Pas vraiment, je donnais la carte à mon frère, je suis plus intéressée par le chocolat qu'autre chose. Mais j'ai gardé les cartes depuis, Alfred aime bien les ranger dans des albums, il faudrait que j'y jette un coup d'oeil, peut-être que certaines valent le coup, répondit-elle pensivement. Oui, peut-être qu'elle pourrait user de certaines suffisamment rares pour demander des choses en échange auprès des plus férus collectionneurs. Oh, tu veux celle que j'ai eu ? demanda-t-elle en tendant le paquet. Elle n'avait même pas pris la peine de regarder en réalité.