Le froid qui régnait dehors semblait s’être engouffré dans les dortoirs dès le petit matin, se glissant furtivement jusque sous les draps de la galloise et la tirant nonchalamment d’un sommeil pourtant réparateur. Il fallait dire que la veille, elle avait été prise de panique en voyant l’annonce de TP sur le panneau d’affichage en salle commune et, comme si elle n’avait rien buché depuis des lustres, s’était précipitée sur ses bouquins de sortilèges pour avancer dans ses cours.

Ethel Perks n’avait pourtant rien d’une travailleuse acharnée tel qu’on pouvait en trouver chez les Serdaigles. Mais, ce n’était pas non plus une tire-au-flanc pour autant. Ses résultats étaient toujours moyens mais honorables et, comme tout un chacun, il y avait des matières où elle excellait plus que d’autres. Les cours de sortilèges par exemple. D’ailleurs, c’était sur un TP sur cette matière qu’elle était censée travailler. Et en groupe, d’après l’intitulé de l’énoncé. Elle n’aurait certainement pas de mal à trouver des volontaires pour travailler avec elle. La jeune fille était assez sociable et assez aimable pour demander les choses gentiment. Sans compter qu’elle était préfète et assez appréciée de ses camarades pour qu’on lui rende ce petit service. Mais, jusqu’à ce matin, elle n’avait encore trouvé personne.

Elle haussa les épaules et jeta un coup d’œil à sa montre. Il était encore tôt et, de toute manière, ce n’était pas en chemise de nuit qu’elle accosterait ses camarades. On ne la prendrait pas au sérieux. Elle remonta vite au dortoir chercher quelques affaires et quitta la salle commune pour la salle de bain des préfets. Non pas qu’elle profitait aisément de son nouveau statut, mais cette pièce qui était uniquement réservée aux porteurs de l’insigne lui permettait de réfléchir plus aisément. Elle passa donc un long quart d’heure à réfléchir sous l’eau chaude jusqu’à ce que les bulles disparaissent entièrement. Puis, elle se rhabilla, ajusta son insigne sur son uniforme d’un geste mécanique, et reprit le chemin de la salle commune rouge & or.

Cette dernière était peu remplie. Les élèves devaient trainer on-ne-sait-où et la galloise n’avait aucunement l’envie d’aller jouer les brigades de surveillance aujourd’hui. Ce fût donc avec satisfaction que la jeune préfète établie ses quartiers dans un bon fauteuil moelleux près de la cheminée. Elle plongea le nez dans son livre des sorts mais eut tout juste le temps de voir passer la fusée Apollo(n) en partance pour la Lune. Celui-là alors ! Malgré le sérieux de leur fonction, Ethel appréciait presque la débilité presque admirable de ce gryffon écervelé. Il ne tenait pas en place et se fichait des règlements comme de son premier caleçon. Un comble pour un préfet. Mais, il fallait avouer que chez les disciples de Godric, on faisait fi des règles, même si on se devait de les respecter pour l’exemple. Même Ethel n’échappait pas à la règle.

Apollon fut stoppé net dans sa progression par une voix féminine qui lui demandait son aide pour ledit TP de sortilèges. Elle allait se mettre à chercher de qui il pouvait bien s’agir, quand la voix s’adressa à elle.

«Au fait Ethel, tu veux t'entrainer aussi ? C'est l'occasion ou jamais, et je promets d'être sage ... »

Elle tourna la tête en direction de la voix qui s’était adressée à elle et reconnut Rachel Adamson, une élève de sixième année qu’elle connaissait peu mais assez pour savoir que cette dernière avait les règlements en horreurs et préférait flâner plutôt que de se mettre sérieusement au travail. Cette dernière devait savoir ô combien cela pouvait agacer la cadette Perks puisqu’elle avait finement préparé son argument pour la convaincre.

L’adolescente haussa les épaules. De toute manière, il ne restait personne d’autre pour se mettre sérieusement au travail et ce n’était pas à Lilou qu’elle demanderait de travailler avec elle. La gamine passait plus de temps en retenue que dans une salle de cours, de toute façon. Et puis bon, cela ôterait du front de la jeune fille l’étiquette de « Miss Rabat-joie qui ne sait pas s’amuser ». Après tout, elle avait déjà prouvé pleins de fois qu’elle n’était pas ennuyeuse à en mourir.

Et puis, pour une fois, Apollon semblait également motivé.

« Okay ! Bon, on y va ? Il y a une salle d'étude ouverte au troisième étage, et j'aimerais bien y arriver le plus vite possible, j'suis un peu chargé si vous voyez c'que j'veux dire. »

Enfin, disons plutôt qu’il désirait vite se décharger de cette obligation pour vaquer à de plus intéressantes occupations. Autant qu’il y ait au moins quelqu’un de sérieux dans la bande. Cela équilibrerait le tout.

« Je vais être dure à convaincre Rachel, mais je veux bien te laisser une chance ! Au pire, je trouverai bien quelque chose pour que tu te rattrapes si tu ne tiens pas au moins vingt minutes en place ! », Répondit la galloise d’un air de défi à l’adresse de son ainée quelque peu dissipée.

L’adolescente se leva, un peu plus motivée et se mit à la hauteur de ses deux camarades déjà prêts à quitter la pièce.

Rachel Adamson, c'était l'amabilité et la douceur incarnées. Rachel Adamson, c'était la blonde bonnasse qui perdait tout son sex appeal en se comportant comme un hippogriffe. Un large sourire moqueur vint se ficher sur les lèvres d'Apollon lorsqu'il se fit cette considération, sans se laisser impressionner par mademoiselle Sauvage, qui lui arrachait littéralement la liasse de dessins des bras en proférant des menaces et en manquant de lui heurter le front tant elle s'approchait près de lui.

« Grrrrr la lionne sauvage que voilà ! Encore un peu et je ferais acte de soumission en tremblant de chacun de mes muscles... ! »

Commenta le préfet en lui adressant un regard ouvertement railleur. Se laisser faire par une fille ! Et puis quoi encore. C'était hors de question, d'autant plus lorsque la fille en question comptait parmis ses meilleurs amis. C'était un peu comme un pote, pour Apollon, mais avec des nibards. On avait donc le droit de taper, mais juste pas trop fort.
C'était toujours comme ça, entre ces deux là. Toujours à se chercher gentiment les poux jusqu'à ce qu'ils reconnaissent leur égalité en matière de connerie et jettent leur dévolu sur une nouvelle proie, ensemble. Fort heureusement, Ethel coupa court à leurs chamailleries enfantines en acceptant la proposition de Rachel. Pauvre fille, elle allait en voir des vertes et des pas mûres. Mais enfin, avec eux, elle savait à quoi s'attendre, aussi Apollon ne s'inquiétait-il pas trop pour sa collègue préfète. Et avec un peu de chance, cela rehausserait un peu le niveau de leur groupe, qui promettait d'être relativement bas, entre Apollon qui ne faisait jamais plus d'efforts qu'une huître morte et Rachel qui n'était pas fichue de se concentrer plus de trente secondes.
La petite procession se mis en route en direction du troisième étage. Apollon tenait toujours fermement son sac entre ses bras – il avait cassé la bandoulière à force de le surcharger et avait eu la flemme de la réparer – lorsqu'ils atteignirent la salle de classe qui leur servirait de lieu d'entraînement. Oaken se déchargea aussitôt du poids mort qu'était son sac sur la première table venue, et se posta devant le tableau, les mains sur les hanches. L'idée de sortir sa baguette magique ne lui vint pas à l'esprit. Il préférait voir les filles échouer lamentablement avant de manifester le vide magique qu'il avait en lui.
L'honneur d'entamer les hostilités revint donc à Rachel, qui sortit sa baguette et pointa son livre sans même se laisser une seconde de préparation. Elle aurait pu décider d'aller se servir un verre de lait qu'elle aurait agit avec la même spontanéité, mais quand il s'agissait d'apprendre un sort plutôt que d'aller boire un coup, le résultat n'était pas aussi brillant pour l'un que pour l'autre. Le manuel qu'elle visa traîna donc littéralement sur la table avant de tomber en un « floc » mou pour s'acheminer avec une lenteur exacerbée en direction de la Gryffondor. Apollon ne put retenir un ricanement en observant la scène.

« Didonc, il a bouffé de la limace, ton bouquin ? »

Railla-t-il en haussant les sourcils. Rachel, de son côté, assura qu'il ne s'agissait de rien d'autre qu'un test, ce qui lui fit lever les yeux au ciel. V'là le test pourri toi.

« Et bien on peut dire que c'est efficace ! »

Renchérit-il en ayant le toupet de frapper dans ses mains. Quelle erreur n'avait-il pas fait. Contrairement aux autres filles qui avaient tendance à pleurnicher dès qu'Apollon se montrait mesquin, Rachel, elle, avait le goût de la riposte. Il s'attendait d'ailleurs à se prendre un chauve-furie ou il ne savait quel sort exubérant à la tête. En revanche, il ne s'attendait pas le moins du monde à ce qu'elle fit en réalité, n'ayant d'ailleurs pas remarqué qu'il marchait sur un tapis. Avant qu'il n'ait le temps de comprendre ce qu'il se passait, il sentit le monde valdinguer tandis que ses pieds étaient entraînés par le mouvement soudain de la carpette. Une expression de surprise incrédule passa sur son visage lorsqu'il compris que ce n'était non pas le monde qui valdinguait, mais lui.

« Héééé ! »

Eut-il le temps de protester, avant de retomber sur les fesses. Il eut seulement le temps d'amortir la chute avec sa main, ce qui le fit glisser et s'échouer lamentablement sur le dos. Mais quelle abrutie, nom du calfouette de Merlin ! Elle aurait eu l'air fine, s'il s'était cassé le dos sur le sol dallé ! Avant qu'il n'ait eu le temps de se relever, la peste blonde courait déjà vers lui puis s'agenouilla à ses côtés, avec cet air qu'il lui connaissait si bien et qui signifiait qu'elle était particulièrement fière de sa connerie. Quand il était avec Rachel, Apollon avait un redoutable aperçu de ce qu'il faisait subir aux autres. Impossible, dans ces conditions, de s'énerver. Lui-même n'aurait pas manqué de faire ce sale coup à Rolas ou à William. ...Non, peut-être pas à ces deux là, finalement. Il se serait fait étripé et aurait eu le droit à une bouderie de trois semaines. Des gonzesses, ceux-là.

« P'tain... Ça va être long ce TP... »

Maugréa Apollon dans sa barbe, avant de faire mine de se relever. Mais au lieu de se remettre sur ses jambes, le Gryffondor attrapa Rachel par la nuque et se retourna en s'appuyant avec force sur elle, de sorte à ce qu'il puisse se redresser tandis qu'elle s'échouait face contre terre. À genoux au-dessus d'elle, il maintint sa pression entre les omoplates de la jeune fille et lui asséna une claque sur la croupe en guise de fessée.

« Ça t'apprendra ! »

Déclara-t-il en se relevant. Sur ce, il s'éloigna prestement de Rachel, non sans jeter un regard en biais à Ethel, qui ne devait pas en croire ses yeux. Apollon haussa les épaules, et sortit sa baguette magique de l'étui bigarré qu'il portait à la ceinture. Qu'est-ce qu'il pouvait bien essayer d'attirer à lui ? Son regard parcourut la pièce avec nonchalance. Des plumes abandonnées ? Trop légère, comme cible, ç'aurait été beaucoup trop simple. Un encrier ? Trop dangereux, il n'avait aucune envie qu'il lui éclate au visage et le couvre d'encre. Des craies ? Trop petit. Ah, il avait trouvé. Apollon pointa le tampon destiné à effacer le tableau.

« Accio tampon ! »

Il n'y avait qu'à espérer qu'aucune fille présente n'était dans sa mauvaise période ! Le tampon s'éleva paresseusement, et le jeune homme affermit sa prise sur sa baguette. Il eut un petit coup de poignet, par réflexe, et l'objet fila droit dans sa direction pour le heurter en pleine poitrine, avant qu'il n'ait eu le temps de le rattraper. Un rectangle de poussière de craie s'était dessiné sur sa chemise lorsque le tampon retomba aux pieds du garçon. Chance du débutant. Apollon savait pertinemment que les prochains essais seraient bien plus fastidieux. Au moins, il n'était pas passé pour un gland.

« À ton tour, collègue chérie ! »

S'exclama-t-il en adressant un large sourire à Ethel, tout en s'époussetant de la craie qui avait tâchée sa chemise et une partie de sa cravate, qu'il gardait défaite autour du col.

Ethel avait suivi ses ainés jusqu’à la salle de classe qu’ils allaient investir pendant au moins une heure, le temps de s’exercer. Enfin ses « ainés » … A les regarder, on pouvait se demander qui d’Ethel, d’Apollon ou de Rachel était le plus âgé … Entre une ado indisciplinée et un garçon dont les hormones le chauffaient sans doute un peu trop, la galloise était servie.

Mais, Rachel semblait décider à se mettre au travail et leur tourna le dos pour déchiffrer le livre des sorts et enchantements, au chapitre du sortilège d’attraction.

« Bon alors en gros, la difficulté du sortilège d'attraction dépend de la taille et du poids de l'objet qu'on vise donc il faut commencer par un petit truc... Donc, je me lance ok ? Euh... Accio livre ! »

L’adolescente se souvenait de son dernier examen de sortilèges, l’année précédente. Il avait exactement porté sur le sortilège d’attraction. Flitwick avait convoqué ses élèves dans une grande pièce et leur avait demandé, pour exercice, de faire venir jusqu’à lui une coupe remplie de glace. L’adolescente s’y était tentée, d’abord d’une main tremblante, mais avait finalement réussi à apporter le colis à son destinataire. Certes, il y avait eu un peu de casse. Oui, elle avait démonté un ou deux livres (enfin une voire deux étagères complètes serait plus exacte), mais elle avait réussi à maitriser son examen haut la main. Un simple tp ne devrait pas être sorcier.

Cependant, lorsqu’elle avait eu à réaliser l’exercice une première fois, elle était seule face au professeur. Déjà, sa concentration avait été mise à rude épreuve. Alors, imaginez-là entourée d’Apollon et Rachel, les deux clowns de service aux couleurs rouge & or.

Le livre dirigé par Rachel avait quitté son emplacement puis s’était écroulé une première fois sur le sol. A vrai dire, cela n’étonnait pas Ethel. Non pas parce qu’il s’agissait de Rachel et de son manque cruel de concentration. Mais, ce n’était pas un exercice des plus simples. Elle-même le savait. Ce que Rachel tenta d’argumenter quelques minutes plus tard.

« C'était un test, si j'avais réussi du premier coup vous auriez été découragés , faut p't'être viser plus simple ! »

Puis la sixième année avait tenté son sortilège sur un tapis de la salle. Lorsque le tapis quitta le sol, on se serait cru dans un conte des Mille & Une nuits. Ca aurait pu être romantique, mais le son qu’il provoqua en renversant Apollon fût moins attrayant que « le rêve bleu » d’Aladin et de Jasmine. A croire que Rachel l’avait fait exprès …

Ethel se retint de rire. En fait, finalement, ce TP serait sans doute l’occasion de se détendre un peu et de casser son image d’adolescente trop coincée. Sa main toujours sur sa baguette, elle ne faisait pas un geste. Elle ne voulait pas jouer à la préfète trop autoritaire. Elle n’était pas là pour ça et ça faisait encore moins parti de son caractère.

Ce fût ensuite le tour d’Apollon de tenter une application du sortilège. Ce dernier choisit de le tester sur un tampon effaceur. Objet un peu plus lourd que le livre mais sans doute plus stable. L’objet décolla d’abord doucement. Ethel était surprise. Le préfet ne semblait pas si mauvais qu’il semblait vouloir le faire croire. Enfin ça, ce fut jusqu’à ce que ledit tampon choisisse d’accélérer la cadence et de lui atterrir dans la poitrine. Aouch ! Mais il avait quand même réussi son coup …

A son tour à présent …

La galloise scruta la pièce à la recherche d’un objet à faire parvenir jusqu’à elle. Quelque chose de ni trop léger ni trop lourd. Son choix se posa sur un vieux seau en bois qui devait trainer dans un coin de la pièce depuis un bout de temps à en juger par les toiles d’araignées qui avaient élu domicile tout autour du bois.

La cadette Perks dégaina sa baguette et fixa le seau, en se concentrant au maximum. Le mieux, c’était de faire le vide tout autour d’elle. Elle le savait bien. Elle inspira longuement, ferma puis rouvrit les yeux.

« Accio seau ! »

Le seau trembla légèrement mais ne bougea pas tout de suite. Ethel souffla un bon coup, relâcha ses épaules et reprit d’une voix plus forte et plus distincte.

« Accio SEAU ! »

Cette fois le récipient s’éleva du sol et se dirigea vers elle, dans une vitesse modérée. La cinquième année s’était attendue à se ramasser un ramassis de poussières sur l’uniforme comme ses prédécesseurs, mais apparemment c’était aussi simple que d’amener son sorbet au petit professeur.

Ses mains tremblaient encore lorsque le seau se posa devant elle. Son front était moite, elle ne s’était pas attendue à un tel résultat du premier coup.
Ses muscles se relâchèrent enfin lorsqu’elle abaissa sa baguette. Elle se tourna vers ses camarades d’un air à la fois satisfait et interrogateur. Après tout, elle était plus jeune qu’eux.

Ethel bluffait Apollon. Malgré les cris et les bagarres stupides de ses aînés, elle demeurait presque imperturbable. Un petit sourire, qu'elle ne pouvait pas contenir, s'affichait de temps en temps sur son visage, mais autrement, elle n'avait pas l'air d'avoir envie de les planter ou de se pendre en plein milieu de la salle, comme l'aurait fait la plupart de ceux qu'Apollon connaissait. Chapeau la fille, quel sang froid ! Mais il n'eut pas le temps de s'attarder davantage sur Ethel, car la deuxième fille du groupe – bien plus dangereuse, celle-ci – s'approchait de lui avec une démarche exagérément chaloupée qui ne lui ressemblait pas. Quoi, la fessée lui avait-elle finalement plu ? Pensa le Gryffondor en la regardant avec méfiance. Cela l'étonnerait beaucoup. Il connaissait assez Rachel pour craindre le pire. Figé, il l'observa d'un œil rond l'épousseter de bas en haut, puis fronça les sourcils, passablement perturbé par cette attention soudaine qui, dans ces circonstances, empestait le sale coup.

« T'as fumé ? »

Commenta-t-il à l'adresse de la jolie blonde, tandis qu'elle s'éloignait avec le tampon effaceur entre les mains. Mais avant qu'il n'ait le temps de réagir, Rachel revint sur ses pas et lui asséna des coups d'effaceur un peu partout sur le visage. Il inspira malgré lui une bouffée de poussière de craie et toussa, au bord de suffoquer. Il aurait dû s'en douter ! Les femelles n'étaient que des vicieuses férues de coups bas ! Traîtresse ! Apollon tenta de s'essuyer le visage, mais il avait l'impression que plus il tentait d'évacuer la craie qu'il avait sur les joues, le nez, le front et même dans les yeux, plus il en rajoutait.

« Putaiiiin, mon soin du visage ! Râla Apollon en toussant de plus belle. Ça pique ! »

Rachel s'attira un regard noir en lui adressant sa petite moquerie. Les bras écartés, la mine écoeuré, Apollon referma cependant bien vite les yeux lorsqu'il sentit la poussière, extrêmement sèche, agresser sa cornée. Il pointa sa baguette dans sa direction et prononça un récurvite, avant de se laver littéralement les yeux avec un mince filet d'eau qu'il fit sortir de sa baguette. Une flaque se forma bientôt au sol, mais il n'en avait cure. D'ailleurs, lorsqu'il la vit s'étendre à ses pieds, une idée vicelarde émergea de son esprit. Il fit mine de rien, cependant, gardant un air neutre et croisant les bras tandis qu'Ethel, sérieuse jusqu'au bout, tentait à son tour le sortilège d'attraction.
Pas mal, pour un premier essai, pensa Apollon en voyant sa collègue préfète s'en sortir sans trop de mal. Quand elle leur adressa un regard, Oaken leva le pouce dans sa direction et lui adressa un sourire.
Rachel s'exécuta à son tour en visant de nouveau son livre, apparemment déterminée à le voir obéir à sa volonté. Un petit sourire sceptique passa sur les lèvres du jeune homme, mais il ne fit, cette fois, aucun commentaire. Il avait d'ailleurs bien fait, car la Gryffondor s'en sortit honorablement, cette fois.

« Mais dis, t'as des pouvoirs magiques en fait ? Incroyable ! Bon, à mon tour... »
Marmonna-t-il, avant d'adresser un regard provocateur à Rachel.
« Tu mériterais que je prenne pour cible ta petite culotte, t'as faillit me tuer les yeux ! »

Plutôt que d'arracher la culotte de Rachel à coup de sortilèges d'attraction, Apollon chercha des yeux une autre cible, plus imposante, cette fois, qu'un simple tampon effaceur. Il s'agissait de ne pas perdre la face devant deux filles. Il fallait quelque chose d'un peu plus impressionnant... Son regard s'arrêta sur une étagère croulant sous de vieux livre, à l'autre bout de la pièce. Il y avait, en plein milieu, un gros manuel de cuir qui semblait particulièrement lourd. Apollon pointa sa baguette vers l'ouvrage et se concentra. L'air étonnement sérieux, il se campa fermement sur ses jambes et concentra toutes ses forces dans sa baguette magique, jusqu'à ce qu'il ait la sensation rassurante qu'elle frémissait entre ses doigts.

« Accio gros livre ! »

Il y eut un étrangement tremblement, comme si quelque chose d'énorme entrait en branle, puis un crissement qui fit vibrer les dalles du sol et l'étagère entière s'approcha à une vitesse inquiétante du pauvre lanceur de sort. Tout se passa très vite. Apollon émit un couinement bizarre en voyant l'étagère foncer droit sur lui, et il se colla au tableau en voyant le film comique de sa vie défiler devant ses yeux.

« Stooop ! Stoooooop ! »

L'étagère s'arrêta lourdement à quelques centimètres du tableau, pile là où Apollon se tenait. Lorsqu'il rouvrit les yeux, il ne vit plus qu'une série de manuels poussiéreux contre lesquels il était tout bonnement coincé. Il tenta de bouger, et les filles purent entendre une série de chocs sourds tandis que les livres s'affalaient par terre ou se renversaient sur sa tête.

« Aie ! ...C'est bon, tout va bien ! C'est quoi déjà le sortilège pour repousser les trucs ? »

Apollon fouilla dans sa mémoire un instant, puis tenta tant bien que mal de redresser sa baguette afin de viser l'étagère.

« Euh... Expulso ! » Rien. « EXPULSO ! »

La moitié de l'étagère fut repoussée, mais, comme un malheur n'arrivait jamais seul, le haut de cette dernière pencha dangereusement, jusqu'à heurter le tableau et renverser le reste de ses livres sur Apollon, qui ne put qu'attendre que cela se passe en se couvrant la tête de ses bras. Il fallait toujours que ça se termine comme ça, quand il tentait sérieusement de réussir un exercice. On s'étonnait, ensuite, qu'Apollon ne fisse jamais d'effort ! Les professeurs passaient leur temps à l'envoyer en retenue à cause de ce genre de désagrément, alors que, la preuve en était, il n'y était absolument pour rien et n'avait pas cherché à faire le cake.
Lorsque tous les livres furent échoués sur le sol, il se glissa hors de sa prison pour réapparaître dans la classe, tout piteux.

« Non mais... C'est ma baguette, elle est un peu joueuse. Il paraît que ça vient du bois. »

Évidemment, les filles n'allaient pas en croire un mot, mais c'était pourtant la vérité. Les baguettes en bois de cornouiller avaient la capacité très originale de faire chier brillamment son propriétaire en faisant n'importe quoi. Lorsqu'il avait acheté sa baguette, Ollivander avait rit en lui disant que le sorcier et son arme s'étaient bien trouvés et qu'il avait confirmation de ce qu'il soupçonnait, c'est-à-dire, qu'Apollon était déjà un petit galopin, et que cela n'allait pas aller en s'arrangeant au fil des années. Sa mère, accompagnée de son grand frère Adrian, avaient levé les yeux au ciel à cette remarque, non sans montrer une touche de désespoir. Apollon, lui avait été ravi, sur le coup. Il avait exécuté une danse grotesque en s'exclamant et avait pointé une fillette qui rentrait dans la boutique en lui criant : « En garde, mécréante ! » et la baguette avait soulevé la jupe de la pauvre fille qui était ressortie de la boutique en hurlant et en pleurant. Il avait été puni de cookies maison pendant une semaine.
Aujourd'hui, il avait plutôt tendance à avoir envie de jeter sa baguette par la fenêtre, quand elle lui faisait des coups comme ça, mais il ne pouvait s'y résoudre. Elle était une trop merveilleuse alliée quand il s'agissait de faire des conneries. Au fond, c'était le principal, non ? À quoi lui servait-elle d'autre ? Il s'en fichait de devenir un grand sorcier, ou ce genre de bêtise. La magie, c'était aussi fait pour rigoler.
Avec tous ces évènements, Apollon en avait oublié d'exécuter son mauvais coup contre Rachel. Il se ravisa finalement, n'ayant pas très envie qu'il lui arrive une autre vacherie dans les prochaines minutes. Trois en cinq minutes, c'était déjà bien assez.

« Euh... Et si on faisait une petite pause ? J'ai des chocogrenouilles dans mon sac et 'faut que je vous montre un truc. »

« Tu as vu ça Ethel ? Cet espèce de pervers a osé me tripoter... », avait lancé Rachel.

« Tu mériterais que je prenne pour cible ta petite culotte, t'as faillit me tuer les yeux ! », avait enchainé Apollon.

Ethel venait à peine de récupérer le seau dans ses mains qu’Apollon et Rachel se crêpaient encore et toujours le chignon. Ils lui rappelaient vaguement Ron & Hermione. Toujours à se chamailler et à se chercher puis finalement, ils avaient fini ensemble. Alors, peut-être qu’avec un peu de chance – ou de magie – il en serait de même pour eux …

La galloise haussa les épaules en souriant. De toute manière, Rachel n’avait pas besoin de son aide. Elle se saisit du tampon encreur posé sur le tableau et entreprit de refaire son maquillage au préfet de sixième année. Bosser avec eux rendait intelligent disait-elle ? Mouais … Ca, l’adolescente n’en était pas bien sûre. Mais ça pouvait la décoincer, sans aucun doute.

En tout cas, sa propre réussite eut son petit effet sur ses deux ainés qui, une fois leur hyperactivité passée, réussirent à leur tour l’exercice demandé.

« T’aurais peut-être dû le laisser faire Rachel, ça aurait peut-être permis que tu réussisses l’exercice du premier coup ! », lança la jeune préfète d’un air détendu.

On ne pouvait pas dire que s’entrainer avec Apollon et Rachel était ennuyeux. C’était même aussi amusant qu’une partie de Quidditch.

« Euh... Expulso ! » Rien. « EXPULSO ! »

Ca, c’était Apollon qui tentait d’échapper à une attaque de livre de sortilège mécontent d’avoir été dérangé dans son sommeil.

« Non mais... C'est ma baguette, elle est un peu joueuse. Il paraît que ça vient du bois. »

Et bien sûr, comme tout garçon qui se respectait, il tentait de rejeter la faute sur autre chose que sur lui-même.

« T’es sûr que c’est vraiment ta baguette Apollon ? Tu veux que je la teste sur toi, pour voir ? », Le taquina la galloise.

A défaut de muscler leurs dons en magie, ce petit exercice avait de bons effets sur leurs zygomatiques. Une pause serait donc la bienvenue. Et ce fût Apollon qui la proposa. Etonnant, n’est-ce pas ?

« Euh... Et si on faisait une petite pause ? J'ai des chocogrenouilles dans mon sac et 'faut que je vous montre un truc. »

Ethel se rapprocha de son collègue, porteur de l'insigne.

« C’est quoi ce truc que tu veux nous montrer ? »

Alors que Rachel paraissait dans tous ses états – ce dont Apollon se rendit compte un peu trop tard – Ethel, de son côté, avait l'air de trouver particulièrement amusante la petite scène que venait malencontreusement de faire Apollon. Elle en profita, comme il s'y attendait, pour se moquer de lui et de son excuse supposément bidon. Mais c'était pourtant vrai ! Apollon n'y connaissait pas grand chose en baguettes, mais savait tout de même de quoi était capable la sienne. C'était inutile de se justifier, on ne le croirait pas plus. D'ailleurs, le Gryffondor n'en avait cure. Pour toute réponse, Apollon tira donc la langue à Ethel, avant de parler de pause et de chocogrenouilles. Les sortilèges, ça allait bien cinq minutes, mais il n'était pas venu pour cela.

Il s'avança d'un pas tranquille jusqu'à la table où il avait laissé ses affaires, comme si rien ne s'était produit une seconde auparavant. C'était déjà oublié, pour lui, mais pas pour Rachel qui lui sauta littéralement dessus pour l'engueuler. Apollon se retourna dans sa direction, surprit par la colère et la peur qu'il lisait sur le visage de son amie. Quoi, elle s'était inquiétée à ce point ? Un large sourire fendit ses lèvres, tandis que la jeune fille cherchait la pire insulte qu'elle connaissait. C'était mignon ! Elle avait eu peur pour lui ! Plus touché qu'il ne le laissait paraître (il semblait, en surface, n'en avoir rien à faire), il accueillit néanmoins avec stupéfaction le plongeon de Rachel dans ses bras, suivit du petit bisou qu'elle posa sur sa joue. Apollon ne sut trop quoi faire pendant une demie seconde. Il n'osait refermer ses bras autour des épaules de Rachel, ce geste lui évoquant tout autre chose que de la pure amitié.

« Désolé... »

Murmura-t-il à son tour, sans se départir de son sourire. Non, c'était quand même gratifiant, et il n'était en vérité qu'à moitié désolé d'avoir inquiété autant Rachel. Il aimait savoir qu'elle se souciait de lui autant qu'il se souciait d'elle.
Lorsqu'elle se dégagea finalement de ses bras et lui administra une tape sur l'arrière du crâne accompagnée de menaces, il ricana, soulagé, sans trop savoir pourquoi, de la voir reprendre son rôle habituel. Non parce que, quand même, Apollon avait une petite amie maintenant, il ne pouvait pas faire n'importe quoi s'il ne voulait pas finir castré ou caché dans un placard du château pour échapper à la fureur démoniaque d'une blonde Serpentard. Si Ethel rapportait à Ange, dans la salle des préfets ou ailleurs, que Rachel lui avait quasiment sauté dans les bras, Apollon ne donnait pas cher de la peau de son amie, ni de la sienne, d'ailleurs. C'était la première fois qu'il s'engageait plus d'une semaine avec une fille, ç'aurait été con que ça finisse encore à coups de gifles. Cela arriverait sûrement, mais le plus tard était le mieux. C'était certainement tout cela qui le gênait, et rien d'autre. Et certainement pas la poitrine de Rachel qu'il avait senti s'écraser contre son torse. D'ailleurs, à peine cette pensée s'était-elle formée malgré lui dans son esprit qu'il la chassa et s'interdit d'y penser. C'était affreux ! Rachel était sa meilleure amie, comme une sœur. On ne lorgnait pas sur la poitrine de sa sœur, c'était dégoutant. ...Okay, la poitrine de Rachel n'avait rien de dégoutant aux yeux d'Apollon, mais s'il y pensait très fort, peut-être qu'il parviendrait à se le faire croire. Puis mince, ce n'était pas de sa faute après tout, Apollon n'avait absolument rien demandé !

Encore un peu gêné, il glissa néanmoins une main derrière la nuque de Rachel lorsqu'elle celle-ci lui tourna le dos en boudant et la força à lui faire face pour l'embrasser sur le front. Après lui avoir adressé un clin d'oeil, Oaken rejoignit son sac qui vomissait un tas de papiers et d'ustensiles sur la table. Ethel le rejoignit et, lorsque Rachel fut aussi à côté de lui, il daigna répondre à la question que venait de lui adresser sa collègue préfète.

« Vous trouvez pas qu'on se fait un peu chier en ce moment ? Ok, on est super en avance pour la coupe des Maison, mais bon, c'est pas le tout de travailler. Faudrait un peu retrouver les valeurs des Lions, on n'est pas ces intellos de piafs ! »
Tout en discourant, Apollon sortit ses nombreux dessins de la chasse au trésor qu'il prévoyait, des badges encore vierges qu'il comptait laisser aux grands vainqueurs, des notes sur parchemin concernant l'organisation et étala le tout sur le pupitre.
« En fait, je pensais qu'il serait temps de prendre les choses en main en tant que préfet et de jauger le courage de nos jeunes compatriotes de Gryffondor. » déclara-t-il d'un air malicieux. « ...et pour ça, rien de tel qu'une chasse au trésor, non ? Alors, si c'est dans le parc ça ne serait pas très drôle, et je ne vois pas où est le courage là-dedans, donc je compte organiser ça à l'orée de la forêt interdite pour plus de fun. Pour éviter les accidents, on restera à encadrer les mômes pour ne pas que ça dérape et le tour est joué ! McGo quitte le château dans le courant du mois de Mars paraît-il, c'est l'occasion d'en profiter. Si jamais on se fait choper, personne n'osera nous virer sans son autorisation. »

Apollon sortit trois boîtes de chocogrenouilles de son sac et en lança une boîte à Rachel et Ethel, avant d'ouvrir la sienne et de rattraper habilement la grenouille qui bondissait en direction du sol.

« Si vous êtes partante, ce sera plus simple pour gérer. On peut les faire chercher des trucs genre des boursoufs, des botrucs et quelques conneries du genre. Mais surtout, un badge dont voici le dessin... »
Sur ces mots, il brandit le dessin que Rachel avait vu un peu plus tôt, particulièrement fier du rendu.
« Ceux qui trouvent la liste d'objets et le badge seront promus rois de la Forêt Interdite et auront le droit à un gros paquet de friandises de chez Honeydukes. Qu'est-ce que vous en pensez ? Ce s'rait marrant, non ? »

Tout fier de son idée, il reposa le dessin bien en vue des deux jeunes filles et croqua goulûment dans son chocolat. Mine de rien, la magie était une pratique qui avait tendance à affamer notre Apollon national, et ce bien plus vite que le sport.

Lorsqu’Apollon faillit mourir écrasé par une bibliothèque en furie qui fonçait sur lui, Rachel se jeta sur lui telle l’infirmière qui va secourir le soldat mourant sur le front. Comme c’était meugnon ! Peu-être allait-elle assister à un roulage de galoche … Cela mettrait un peu d’animation autre que leurs pitreries. Non, finalement, la rouge & or se contenta de grogner contre son camarade comme s’il eut s’agit d’une mauvaise blague. Un contre un que la grande godiche en pinçait pour le bourreau des cœurs.

« Non mais allez-y ! Faites comme si j’étais pas là ! Je peux sortir et vous laissez le temps de vous rouler une galoche aussi et j’en dirai rien à Rusard, promis ! », ricana la jeune préfète.

Mais, les deux adolescents ne prêtèrent aucunement attention à leur jeune cadette jusqu’à ce qu’Apollon leur fasse part d’une idée qui lui trottait dans la tête depuis un petit moment, semblait-il. Qu’avait-il encore en tête ? Il se contenta juste d’exhiber un papier chiffonné sous leurs yeux curieux avant de se lancer dans une longue tirade pendant laquelle il reprit rarement son souffle.

« Vous trouvez pas qu'on se fait un peu chier en ce moment ? Ok, on est super en avance pour la coupe des Maison, mais bon, c'est pas le tout de travailler. Faudrait un peu retrouver les valeurs des Lions, on n'est pas ces intellos de piafs ! […] En fait, je pensais qu'il serait temps de prendre les choses en main en tant que préfet et de jauger le courage de nos jeunes compatriotes de Gryffondor [...] et pour ça, rien de tel qu'une chasse au trésor, non ? Alors, si c'est dans le parc ça ne serait pas très drôle, et je ne vois pas où est le courage là-dedans, donc je compte organiser ça à l'orée de la forêt interdite pour plus de fun. Pour éviter les accidents, on restera à encadrer les mômes pour ne pas que ça dérape et le tour est joué ! McGo quitte le château dans le courant du mois de Mars paraît-il, c'est l'occasion d'en profiter. Si jamais on se fait choper, personne n'osera nous virer sans son autorisation. Si vous êtes partante, ce sera plus simple pour gérer. On peut les faire chercher des trucs genre des boursoufs, des botrucs et quelques conneries du genre. Mais surtout, un badge dont voici le dessin [...] Ceux qui trouvent la liste d'objets et le badge seront promus rois de la Forêt Interdite et auront le droit à un gros paquet de friandises de chez Honeydukes. Qu'est-ce que vous en pensez ? Ce s'rait marrant, non ? »

Attrapant à son tour une chocogrenouille qui tenta maladroitement de s’échapper de sa prise avant de s’immobiliser, la cadette Perks écouta le blondinet parler de son projet. Il n’avait pas tort du tout. En ce moment, pas d’examens ni de sorties scolaires ni Quidditch pour occuper leurs jeunes esprits et, il fallait avouer qu’on s’ennuyait rapidement à ne rien faire quand on ne partait pas explorer un couloir interdit dans l’enceinte du château.

Apollon parlait de mettre à l’épreuve le courage des jeunes lionceaux. L’idée n’était pas idiote du tout. Comme un test d’initiation quoi, pour prouver qu’on méritait d’être dans la maison de Godric. Et le tout encadré par les préfets. Certes, il faudrait braver une centaine de règlements et passer sous le nez de McGo sans que celle-ci s’en aperçoive, mais cela pouvait s’avérer distrayant. Mais, pour cela, il leur faudrait entrer dans la forêt interdite. Ce qui n’était pas sans danger.

« Attends … T’es en train de dire que tu veux faire entrer des gamins dans la forêt interdite ? T’es sérieux ? ils ne connaitront pas un seul sort pour s’en sortir vivants. C’est pas un peu suicidaire ton plan-là ? »

Si son plan n’était pas suicidaire alors il n’était pas digne d’un Gryffondor après tout …

Et puis … Ethel n’avait-elle pas elle-même transgressé le règlement l’année dernière en se promenant dans une des tours du château avant de rencontrer Page ? Là, il suffirait juste de faire diversion auprès de tous les professeurs et d’éloigner tous ceux qui n’appartenaient pas à Gryffondor et qui seraient susceptibles de faire foirer leur petit jeu.

« Remarque … Si t’as besoin de quelqu’un pour distraire les professeurs où les autres élèves le temps de mettre en place ton truc, j’en suis ! », finit-elle par répondre.

A la réponse d’Apollon, une moue qui se voulait à la fois dégoutée et moqueuse se dessina sur le visage de la galloise.

« Je ne préfère même pas vous imaginer en train de jouer au docteur c’est … Dégoutant ! »

Elle se mit à rire. Certes, elle avait beau avoir quinze ans et avoir un petit copain – qui devait s’être perdu quelque part sur le terrain de Quidditch, vu son absence à son égard – ces choses de grands la rebutaient encore un peu. Elle n’en était encore qu’au stade des bisous bien baveux. Et, à vrai dire, passer à plus important ne l’intéressait pas encore.

Ce sujet clos, Apollon en revint à la chasse au trésor qu’il souhaitait organiser. A vrai dire, son idée n’était pas mauvaise du tout et malgré les dangers que cela pouvait représenter, cela ne devrait sans doute pas déplaire à des Lions.

« C'est exactement comme ça que j'imaginais le truc, en fait. Ce serait trop le bordel, autrement. Et Ethel, ça m'arrangerait vachement si tu pouvais filer un coup de pouce pour distraire au moins Rusard, le temps de faire sortir tout le monde. J'ai pensé à faire une explosion massive de bombabouse dans un lieu assez fréquenté, mais assez éloigné de la tour et du hall pour pouvoir sortir sans se faire choper. Par contre, on a encore un problème technique. »

Et puis, distraire Rusard devrait s’avérer aisé. Elle n’aurait qu’à choisir entre une collaboration de jeune préfète soucieuse de bien remplir son devoir en dénonçant quelques élèves briseurs du règlement ou bien de jouer elle-même un sale tour à ce vilain rat de concierge. Elle pourrait toujours rallier quelques premières années à sa cause. Les jeunes têtes blondes étaient souvent prêtes à tout pour montrer courage et bravoure au sein de la maison des lions. C’était stupide, certes, mais si cela pouvait leur apporter leur instant de gloire et que ça les rendait content alors pourquoi pas …

A l’annonce de l’expression « problème technique », la galloise esquissa une grimace. Quoi encore ?! Enfin, de toute manière, vu le plan qui se montait, des problèmes techniques ils en auraient à la pelle. Il faudrait passer sous le nez des professeurs et des préfets des autres maisons, convaincre William, échapper à Miss Teigne … Bref, un vrai parcours de santé. Alors, Ethel ne voyait pas quel problème pouvait encore s’ajouter à la liste.

« Je ne sais pas trop comment faire avec le couvre-feu. J'ai pas réussi à repérer de passage secret pour entrer et sortir incognito, et si on revient après la fermeture des portes du château, on aura juste l'air con et on sera bon pour l'ex...la retenue pour les trois prochains mois. »

En effet, voilà une situation qui s’annonçait problématique … Les gryffondors ne pouvaient pas aller et venir à la vue de tous sans risquer de déclencher la colère des professeurs et surtout de Mc Go. Même avec l’aide des préfets. Ethel avait bien entendu parler de quelques passages secrets non encore condamnés dont certains avaient servis à l’évacuation des élèves hors de Poudlard lors de la guerre, mais encore fallait-il savoir s’ils étaient encore ouverts et si certains d’entre eux débouchaient dans les jardins et non à Pré-Au-Lard directement. Seulement, le seul moyen de le savoir était la carte du Maraudeur, objet dont on disait avoir atterri dans les mains des Weasley avant de finir dans celle de Potter.

« J'viens d'avoir une putain d'idée, mais c'est pas sûr que ça puisse fonctionner, et ça pourrait même tout faire foirer... Sous couvert d'une raison quelconque, on pourrait demander à Hagrid de nous « couvrir », non ? Genre on dit que c'est pour mieux se familiariser avec les animaux si merveilleux de la forêt interdite, parce qu'on est trop des défenseurs de la cause animale, tout ça. Vu comme il est passionné par les trucs chelous, je suis sûr qu'il serait ravi de nous prêter assistance. Et si un professeur l'apprend et nous attrape, c'est Hagrid qui se fera engueuler. »

Demander à Hagrid ? Ouais, l’idée ne semblait pas mauvaise. Mais, le géant devait certainement faire de plus en plus gaffe au règlement avec les évènements passés et malgré son amour pour le danger, il devait certainement attacher une importance un peu plus précise à la sécurité des élèves. En dehors de ses créatures adorées, bien entendu.

« Et tu comptes raconter quoi à Hagrid pour qu’il accepte de nous aider ? », demanda-t-elle à Apollon, l’air suspicieux.