Buster Hodgson. Il était l'un des raffleurs les plus actifs travaillant pour le compte du Seigneur des Ténèbres. Un pauvre type parmi tant d'autres qui s'efforçait toujours de tirer un profit quelconque de n'importe quelle situation, si maigre fut il. Le genre de malfrat et de bon à rien que l'on trouve errant dans l'allée des embrumes en quête d'un obscur service à pourvoir ou information à glaner. L'homme s'était finalement enrôlé dans les mangemorts, espérant jouir ainsi de ce respect teinté d'effroi que les fidèles de Lord Voldemort inspiraient dans les mondes sous-terrain. Portant, il n'avait jamais eut l'apposition de la marque, Buster n'était resté qu'un pion insignifiant que le Seigneur des Ténèbres manoeuvrait froidement. Désormais, l'homme se terrait au fin fond de l'allée des embrumes, trainant généralement dans les pubs miteux ou toute la racaille du monde magique venait échouer. Il faisait pour cela un informateur de choix, lorsque la ténébreuse souhaitait savoir ce qui se tramait dans le bas monde de l'ombre.

Il paraissait ainsi qu'un inconscient s'intéressait d'un peu trop près aux activités de la dame rouge. Qui pouvait être assez stupide ou assez fou pour oser se frotter à elle ? L'historique de ces assassinats n'était il pas assez dissuasif ? On ne prend pas une ombre en filature, on espionne pas une ombre. La ténébreuse allait d'ailleurs vite savoir le nom du malheureux qui avait hérité de cette mission, et de là, elle apprendrait inévitablement qui en était le commanditaire. Buster avait certainement mis à jour l'identité du bonhomme désormais. Un crétin qui posait des questions douteuse sur la dame rouge ne passait pas inaperçu.

La tueuse se hâtait d'un pas sur dans les ruelles sombres et étroites, se dirigeant délibérément vers un petit pub miteux qui servait de refuge à bon nombre de malfrats. Pourtant, alors qu'elle approchait des lieux, des bruits de pas s'éloignant du bar accompagnés de gémissements étouffés ne purent qu'attirer son attention. Invisible et silencieuse à l'abri de l'ombre d'une ruelle, elle observa la scène singulière d'une jeune femme trainait le corps déjà presque inanimé d'un homme d'une quarantaine d'année qu'elle n'eut aucun mal à reconnaître. Elle resta là, tel un spectateur muet, pour assister à la mise à mort de son informateur. La jeune femme cachait mal sa colère et son désir de vengeance et il sembla plus qu'évidant à l'Allemande qu'elle ne savait absolument pas ce qu'elle faisait, aveuglée par sa propre haine. L'impardonnable illumina la ruelle d'une lueur rouge alors que l'homme gisait déjà au sol à la limite de l'inconscience, peu après, il ne restait qu'un corps inanimé échoué sur les dalles de la rue.

Ella estima que c'était le moment de révéler sa présence, cependant la voix menaçante de la demoiselle exprimant sa colère et les gémissements de l'homme n'étaient guère discrets et la tueuse se doutait que des curieux ne tarderait pas à pointer leur nez, voire des aurors en patrouille. Par chance, la coupable s'éloigna rapidement, son instinct l'avait peut être rendue lucide et la pousser à s'éloigner au plus vite de la scène de crime. Contente de cette démarche, la ténébreuse en fit autant, la suivant jusqu'à une ruelle voisine avant de se dévoiler. Sa silhouette féminine, revêtue d'une longue cape rouge sang qui cachait son visage se découpa dans la lumière diffuse des lampadaire. Elle apparut telle que les gens qui entendaient parler de la dame rouge pouvait se l'imaginer.

« Jolie performance. » énonça t-elle d'une voix sure et enjôleuse, « Toutefois lorsqu'on souhaite tirer des informations, il est judicieux de maintenir l'interrogé en état de parler. »

Son ton était aussi détaché que si elle donnait à son interlocutrice des conseils pour mieux réussir une recette de cuisine. La légilimens laissa s'installer un moment de silence durant lequel elle détailla son interlocutrice. Celle ci devait avoir à peine quelques années de plus qu'elle, 25 ans peut être. Elle semblait impulsive, instable et animé d'un désir de revanche que seul un bon massacre pourrait peut être calmer. Elle était dangereuse donc, autant pour les autres que pour elle même. Les gens se laissant emporter par leur peine et leur haine sont toujours prêts à tout et incontrôlables, comme des bombes à retardement. Par son action irréfléchie, elle venait de se mettre dans une situation extrêmement embarrassante, mais Ella doutait qu'elle en ait même conscience.

« Combien de personnes vous ont vu sortir du pub avec ce cher Buster ? »

Demanda finalement l'Allemande d'une voix neutre et pédagogue qui voulait faire comprendre à l'intéressée que sa position n'était pas enviable. Il n'y avait de plus aucune menace dans sa voix, signifiant à la jeune femme qu'il n'était pas son intention de la dénoncer, mieux, elle pourrait même l'aider à se sortir de ce mauvais pas, même si naturellement il y aurait des conditions.

Décidée à ne pas se faire dénoncer ni tabasser, Yovana préféra prendre toutes les précautions necessaires afin de s'en sortir idem. La jeune femme fit volte face et brandit sa baguette sous le nez de son suiveur avant même d'avoir pu distinguer son visage.

-Casse-toi ou je te bute...

Yovana tenait toujours fermement sa baguette quand ses yeux s'habituaient peu à peu à la noirceur et qu'elle commençait à appercevoir les traits de son agresseur... ou plutot de son agresseuse. A en juger par sa longue cape rouge, il ne pouvait s'agir que de la dangereuse Dame Rouge, cette femme qui s'ammusait à massacrer les anciens MM. Les deux femmes ne pouvaient que bien s'entendre. La Deprunay abaissa lentement sa baguette et addressa un sourire sans joie à la Rouge alors que celle ci semblait lui dire ce qu'elle aurait du faire.

-Oui, c'est vrai, j'aurais peut-être du le laisser vivre un peu plus, mais mon poing à frappé tout seul.

Elle savait bien que la stupidité de sa réponse détendrait un peu l'atmosphère.
L'ancienne Gryffondor avait maintenant rangé sa baguette d'Eucalyptus et continuait de fixer son interlocutrice. Cette femme semblait très experimentée et avait l'air de savoir de quoi elle parlait.

-En fait, c'est tout le bar qui nous avons vu sortir. Mais je pense que j'ai pas mal réussit à les berner, vu leur indiférence à ce que je le tabasse. Je l'ai fait passé pour mon ex...
Oui je sais, j'ai des drôles de façon de regler les problèmes.

Oui, innutile de lui faire remarquer, Yovana ne reglait reglait pas les problèmes, elle s'en débarrasait. C'était mieux que de les trainer toute sa vie, non?
Les deux femmes avaient peut-être les mêmes objectifs, mais ne semblaient pas vraiment se ressembler. Au contraire, elles avaient l'air très différentes, mais moins maintenant que Yovana était une criminelle qui serait bientôt recherchée par ses propres collègues.
Elle n'imaginait même pas la tronche qu'auraient les autres Aurors en apprenant que la fille la plus insusseptible d'utiliser la Magie Noire comme s'en servirai un mangemort. Mais de toute façon, au Ministère, c'est qu'un tas de fainéants qui attendent que le boulot se fasse tout seul. Yovana, elle au moins, elle trainait pas.
A quelques mètres de là, on pouvait encore deviner les pieds de "Buster" dont le corps gisait inerte sur les dalles de pierre. Lui, son problème était réglé.

-Mais vaut mieux pas trainer ici, ajouta Yovana en frissonant et en regardant autour d'elle. A mon avis t'es pas la seule à m'avoir repérée.

La jeune femme laissa un blanc pour insister sur le tutoyement qu'elle venait d'employer et regarda la Dame Rouge droit dans les yeux. Or de question que la nana se prennent pour plus importante qu'elle ne l'était déjà.

La ténébreuse ne répondit rien aux explications légères de son interlocutrice. La mort n'était point à ses yeux un sujet de plaisanterie ou de réjouissances. L'art de tuer n'avait rien d'un jeu et ce n'était définitivement pas à prendre à la légère. Tout acte a des conséquences, il faut pouvoir les anticiper, les mesurer, les prévoir. La situation ne l'amusait vraiment pas. Elle ne savait même pas quelle obscure raison la poussait à vouloir sortir l'inconsciente de ce mauvais pas. Après tout ça lui était bien égal qu'elle termine ses jours dans une cellule d'Azkaban, seulement, elle n'en tirerait aucun avantage non plus, alors qu'en l'aidant aujourd'hui, elle pourrait se servir d'elle par la suite. Ainsi donc tout le pub l'avait vu sortir.. Quelle stupidité d'avoir ainsi attirer l'attention, son objectif était-il d'être arrêtée ? Oui, les gens aiment la castagne et devaient certainement trouver distrayant de voir un pauvre type se faire mettre une raclée par une ex furieuse, mais la découverte d'un cadavre aurait tôt fait de changer la donne. Et la soi-disant « ex » serait tout naturellement la première présumée coupable.

« J'ignorais que la loi autorisait l'assassinat de ses ex. »

Répliqua l'Allemande d'un ton cassant pour couper court à l'amusement visible de son interlocutrice. La tueuse planta son regard inquisiteur dans celui de la jeune inconsciente, son expression était dure et froide. S'emmurant dans un silence lourd, la légilimens réfléchissait à la manière dont elle pourrait détourner les soupçons. Comment tirer cette sotte de la merde dans laquelle elle s'était si intelligemment foutue ? Cela eut-il été fait exprès, elle n'aurait pu faire mieux.
C'était évident que d'autres avaient du entendre les éclats de voix, l'ennui c'est qu'en laissant sur place autant de témoins, fuir ne servirait pas à grand chose. Ella se contenta d'ignorer la familiarité de la brune qui se permettait de la tutoyer. C'était loin d'être son principal soucis pour l'instant. Avec une attitude de défi, son interlocutrice la fixa droit dans les yeux et il n'en fallait pas plus pour permettre à la légilimens de connaître l'identité de cette dernière.

« J'ai bien peur qu'étant donné les circonstances, la simple fuite ne vous soit pas envisageable. »

Trouver une solution dans l'urgence n'était définitivement pas l'idéal. Maquiller un meurtre en suicide, ou faire en sorte que les soupçons se tournent vers une personne choisie au préalable était une chose, mais composer un scénario qui tienne la route à partir d'une telle situation relevait de l'exploit. Ce qui était certain en revanche c'est que si on découvrait le cadavre ici ce soir, il serait quasiment impossible de déculpabiliser l'auror. Tournant les talons, la dangereuse jeune femme retourna vers le corps de son informateur. Il lui suffit d'un seul sortilège pour métamorphoser le corps en un unique bout de bois mort dont elle se saisit. La disparition de Buster finirait inévitablement par être découverte, mais en l'absence de preuve il serait difficile d'accuser quelqu'un avec certitude. D'autre part, le temps ainsi gagner lui laisserait assez de recul pour imaginer un scénario crédible. La dame rouge retourna vers « sa protégée » d'un pas vif et lui remit le bâton métamorphosé entre les mains, la seule chose à faire pour le moment était de le conserver avant de voir de quelle manière il convenait de s'en débarrasser.

« Suivez moi. »

Inutile d'ajouter autre chose. La ténébreuse précéda Yovana d'un pas, avançant à ses côtés sans toutefois la perdre de vue. Quand on hésiterait pas soi même à attaquer quelqu'un dans le dos pour s'en débarrasser, on pouvait s'attendre à la pareille venant des autres. La méfiance pour quelqu'un comme elle était le seul moyen de rester en vie.
Les deux femmes se hâtèrent dans les ruelles de l'allée des embrumes, marchant d'un bon pas en direction d'un pub qui comptait certainement parmi les plus sombres et délabré de l'Angleterre. On touchait sans l'ombre d'un doute le fond des plus basses classes de la société.

« J'ose espérer que ce type valait la peine que vous vous mettiez dans une situation aussi inconfortable, Mademoiselle Deprunay. » 

Commenta la ténébreuse avec cette habituelle indifférence froide qui était la sienne. Il était en effet bien stupide de risquer la prison à vie seulement pour prendre la vie misérable d'un quelconque malfrat. Ce qui était certain dans ce genre de meurtre impulsif, c'est qu'il y avait toujours un motif.

« Pourquoi prendre de tels risques ? »

Cette question n'était qu'une manière indirecte de s'informer sur les réelles motivations de la jeune femme.

«Vous partez avec un homme devant plusieurs témoins pour abandonner ensuite son cadavre deux rues plus loin. Si j'avais laissé le corps, il n'aurait pas fallu une heure à la brigade de police magique pour remonter jusqu'à vous. A croire que vous souhaitez véritablement finir à Azkaban.. »

L'arrogance désinvolte de son interlocutrice commençait à la lasser. Deprunay aurait grand intérêt à casser au plus vite son attitude de gamine immature car l'Allemande n'était pas d'une nature excessivement patiente. L'impertinence et le je-m'en-foutisme de l'auror l'agaçait. Soit cette femme était réellement stupide au point de ne rien comprendre aux enjeux qui étaient en cours et dont sa misérable vie était le centre auquel cas il n'y aurait rien à tirer d'elle, soit son attitude provocante était une façade et dans ce cas, il valait mieux qu'elle arrête ses enfantillages et se comporte avec le sérieux que la situation exigeait. La tueuse ignora délibérément la question puérile de la jeune femme sur l'usage qu'elle devait faire du bâton. C'était son problème après tout, n'était elle pas la responsable du meurtre ? Naturellement Ella pouvait l'aider à trouver une solution, mais elle ne devait pas se contenter bêtement d'attendre que la réponse à ses problèmes lui soit servie sur un plateau d'argent. L'ancienne Serpentard méprisait au plus haut point ce genre de passivité et d'incompétence flagrante.

Au lieu de répondre à sa question, la brune ne contenta d'une réponse brève qui se voulait cassante afin de mettre un terme à l'interrogation et ne rien dévoiler. A quoi jouait-elle ? Savait-elle à qui elle avait affaire ? Ignorait-elle de quoi son interlocutrice était capable ? Vu la situation on ne peut plus délicate dans laquelle elle se trouvait, elle n'était clairement pas en mesure de jouer à ce petit jeu idiot. La dame rouge était la seule personne qui puisse éventuellement l'aider, alors elle aurait tout intérêt à aller dans son sens au lieu de faire preuve d'autant de mauvaise volonté. Le visage durcit par l'agacement que lui inspirait la sorcière, la tueuse ne répondit pas immédiatement. Même si dans leur position respective, Yovana ne pouvait certainement pas voir le regard meurtrier de son accompagnatrice, elle devrait pourtant le sentir. Des questions, encore. Si Ella aurait pu faire preuve de patience avec un gamin de 5 ans, l'auror ne pouvait s'attendre à une telle compassion. Elle n'avait aucune excuse.

« C'est moi qui pose les questions. »

Coupa la tueuse sur un ton sans réplique alors que des mendiants et quelques sorciers à l'allure louche se hâtaient de dégager le passage à la vue de la silhouette rouge encapuchonnée. Il semblait que sa réputation commençait à se faire. Bien. Que les choses soient claires, les gens la craignait et Deprunay aurait tord de ne pas la craindre aussi, qu'importe son habileté au combat. Elle n'était pas son amie, ni une bonne âme charitable qui faisait cela pour lui venir en aide. Non, si elle la sortait de ce mauvais pas c'était uniquement motivé par intérêt et les conditions, Yovana Deprunay ne tarderait pas à les connaître, tout comme leur lieu de destination d'ailleurs.

Sur la gauche, l'enseigne bancale d'un Pub se détachait partiellement du mur. L'endroit était sombre, et guère accueillant, mais il était tranquille et c'était tout ce qu'on pouvait en attendre. La ténébreuse ralentit le pas pour indiquer à sa compagne qu'elles étaient arrivée. Elle poussa la porte pour laisser l'auror entrer la première. Après tout, elle était en quelque sorte son invitée. La dangereuse demoiselle prit place sur la banquette en face de son interlocutrice et la dévisagea un instant dans un silence pesant avant de déclarer de but en blanc:

« Vous n'êtes pas encore tirée d'affaires, loin de là. »

L'intonation calme de l'Allemande recelait une certaine froideur, comme si ces mots cachaient une menace sourde. Elle n'en était toutefois pas la cause directe, elle ne faisait au fond qu'exploiter à son avantage la situation tendue dans laquelle était l'auror.

« Mais je connais bien ce milieu.. et je pourrais éventuellement faire en sorte que les soupçons portent sur une autre personne..., continua-t-elle d'une voix trainante et énigmatique,  naturellement ce ne sera pas sans contre partie.. »

Un serveur venait timidement vers elles, visiblement mal à l'aise. Son regard allant nerveusement de l'une à l'autre. Sans lui prêter attention, la ténébreuse demanda pour elle un verre de vin rouge, laissant Yovana prendre ce qui lui plairait et attendit qu'il rapporte les deux commandes sur la table. Après cette brève parenthèse, elle reprit:

« Vous avez le choix. Travaillez pour moi et je vous aiderais ou refusez et vous terminerez vos jours dans une cellule d'Azkaban sans avoir pu accomplir quoi que ce soit. »

Voilà qui résumait efficacement la situation. Deprunay n'avait guère d'alternatives en fin de compte et maintenant qu'Ella venait de lui faire voir la dure réalité en face, celle ci comprendrait sans doute qu'il était dans son intérêt d'être coopérative. On ne tue pas sans raison à moins d'être un cinglé psychopathe échappé de Sainte Mangouste.

« A présent, répondez à ma question: qu'est ce qui peut bien pousser au meurtre une jeune auror sans histoire ? »

La Dame Rouge ne se prenait vraiment pas, mais alors pas du tout pour de la merde. Autant Yovana s'était souvent sousestimée, mais alors la rousse se comparait carément à une déesse tombée tout droit du ciel. La brune soupira, exaspérée. Elle était censée avoir deux fois plus d'experience, mais la tueuse semblait avoir plus de tact et plus de reflexion. La Deprunay était certaine qu'elle la massacrait en duel, mais qu'elle même se faisait latter à cause de sa visible négligence à effacer toutes les traces et les preuves derrière elle.
Après tout, c'était pour cela que la Rouge semblait prendre Yovana pour une débutante. Celle-ci regrettait terriblement de ne pas avoir dissimulé le corps de Buster qui était acctuellement le baton qu'elle tenait entre ses mains. A présent, c'était aussi la rousse qui tenait la brune entre ses mains.
Le manque de liberté de la Deprunay lui torturait l'esprit, elle était dorénavant obligée d'obéir aux ordes pour sen tirer intacte. Mais quelle sotte elle faisait ! A côté de ça, elle était soulagée que l'ancien MM soit mort par sa faute, elle aurait préféré crever ou moisir à Azkaban plutôt que de laisser filer un des assassins de sa mère.
Les deux jeunes femmes se dirigèrent ensembles vers un troquet à la limite du morbide, dont les murs noircis se détachaient des autres boutiques. Elles entrèrent ensemble dans l'austerité du bar et la tueuse lui indiqua une table dans le fond. Une fois de plus, Yovana du subir un nouveau " Vous n'êtes pas tirée d'affaire ", mais ça, l'Auror l'avait bien compris qu'elle n'avait jamais été aussi mal barrée de sa vie.
D'ailleurs, elle resta silencieuse et ne leva pas le regard vers son interlocutrice. Pas la peine de se faire violée ses pensées une seconde fois.
La Dame Rouge commenda du vin, et Yovana, devant l'air terrorisé du serveur, choisit un verre de cidre. Pas non plus besoin de se défoncer dans ses conditions.
La jeune femme écouta sa "sauveuse" en lui prétant la meilleure des attentions, bien qu'un peu troublée et sans lui répondre toujours. Le serveur arriva avec les commandes et s'empressa de déposer le vin rouge et le cidre devant les jeunes femmes et repartit aussi vite qu'il était venu. Yovana commença à boire sa boisson alors que le silence pesait.

« Vous avez le choix. Travaillez pour moi et je vous aiderais ou refusez et vous terminerez vos jours dans une cellule d'Azkaban sans avoir pu accomplir quoi que ce soit. »

Ces mots résonnèrent plusieurs fois avant que Yovana lève enfin ses yeux incrédules vers la Rouge. S'étouffant avec son cidre, elle parvint à articuler entre deux hoquets:

-Que je quoi ?!

Plus mal à l'aise que jamais, l'ainée des Deprunay reposa son verre et planta son regard vert criard dans celui de son interlocutrice.

-Mais qui êtes vous pour me demander un truc pareil ?! S'esclaffa-t-elle. Elle savait bien que c'était la Dame Rouge m'enfin quand même, elle n'était pas à sa disposition. Irritée au plus au point, elle continua:
Mais vous ne me laissez pas le choix.

Yovana lui lança un regard noir et laissa une fois de plus peser le silence sans la moindre envie de le briser. Qu'elle le fasse elle. La brune était prisonnière, elle ne pouvait pas refuser "l'offre" à moins de vouloir pourrir à Azkaban. Et puis la rousse lui demandait carrément de raconter sa life... Qu'est ce que ça pouvait lui faire d'abbord?

-Vous devriez le savoir, vous qui lisez dans mes pensées depuis tout à l'heure.

Clash. Elle l'avait dans les dents là, le ptit chaperon rouge?

-Mais comme ça fait la deuxième fois que vous me posez la question, je doute que non. Yovana soupira de lassitude et continua.
L'hiver dernier, nous nous cachions depuis deux ans en Russie non loin de chez mes grands parents dans une vieille maison, afin que notre famille d'Aurors pure ne se fasse pas arrêter par Voldemort et ses partisants. Vous savez bien quels traitements ils nous reservaient. La vie là bas était très pénible et parfois la nourriture manquait, car mes grands parents ne pouvaient pas toujours nous approvisioner, vu que eux aussi se cachaient. Mais alors que mon père malade, ma mère dépressive et moi luttions contre le froid et le manque d'electricité, le 23 Février, un peu moins d'une dixaine de MM on débarqué et ont massacré ma mère. Moi et mon père sommes rescapés de cette embuscade. Ma petite soeur souffre ainsi que moi et mon père, qui lui est cloué depuis un trimestre au lit. Alors je dois venger ma mère, c'est aussi simple que cela.
Et alors j'ai reconnu Buster, et je l'ai tué.

Yovana sentit une boule dans sa gorge en avalant vite fait une gorgée de cidre. Déballer ce genre de chose n'était pas dans ses habitudes, pourtant elle y était forcée.

Yovana n'était pas du genre pleurnicheuse qui se confie à tout va, alors avoir raconté sa vie à une rousse tueuse à gage n'avait pas été la chose la plus facile qu'elle n'est faite. Elle aurait préféré tuer un ou deux autres mangemorts que de tout redéballer ainsi. La jeune femme affichait une mine décomposée, comme si on venait de lui annoncer qu'il ne lui restait plus que deux heures à vivre. Elle préféra lever les yeux vers la Rouge quand celle ci brisa enfin le silence de torture.

-Oui. C'est ça, et rien d'autre. On pourrait croire que ça m'ammuse de tuer... En effet. Ca défoule...

Yovana, regarda la tueuse d'un air ammusé. Cette gosse de riche ne devait pas y connaître grand chose sur la douleur. Tout ce qui la faisait vivre auprès des autres, ce n'était que son physique et son petit côté débrouillard. La brune s'ammusa à imaginer une Dame Rouge moche et pas douée. Ca, c'était drôle. Cette femme ne devait pas savoir qu'elle se rendait ridicule rien qu'en se la jouant intouchable, d'une froideur presque incrédible.
La jeune femme resta indifférente à la Rouge pendant qu'elle parlait. Yovana était certaine qu'il restait d'anciens MM qui se cachaient dans des pays étrangers, ou peut être pas reconnus en tant que tels. Il y avait pleins de mangemorts qui avaient juré avoir été manipulés avec l'imperium et donc déclarés innocents. Mais ça, c'était pas son problème. Il fallait tous qu'ils crèvent comme des chiens qu'ils étaient, ces sales battards. Qu'importe s'il en restait plus que trois ou quatre.
Pourtant, l'idée de filtrer toutes les informations du ministère ne lui déplaisait pas. Le Ministère n'était qu'un batiment bourré de pouritures innutiles et qui n'avançait en rien.

-Ca marche. Vous serez au courant de tout. C'est vraiment tout que vous avez à me demander?

Si ce n'était que cela, c'était vraiment soft. Ca ne lui prendrait que deux minutes par jour, histoire de fouiller un peu dans les paperasses et d'écouter un peu aux portes l'air de rien. Trop cool ! Yovana était tirée d'affaire contre une lettre par semaine à la Dame Rouge.

-Génial. Bon, je dois y aller. Je ne resterai pas ici une seconde de plus, ajouta la brune en jettant un regard dégouté au serveur qui la matait depuis tout à l'heure.