ça faisait un bail...euh...c'est quoi ton nom au fait?

Dire que la veille il avait un balai à peu près en état de marche. Mais maintenant, plus rien, juste un vieux bout de bois avec des brindilles attachées même pas bon pour balayer... Ce fut avec une pointe de tristesse que Sean se rendit au magasin d'accessoires de quidditch pour remplacer son fidèle Brossdur 5, ce dernier ayant rendu l'âme après que l'anglais ait tenté de battre son record personnel de loopings en trente secondes, qui plafonnait à douze depuis que son balai avait dépassé les sept ans d'usage. Heureusement, il allait enfin pouvoir s'acheter un balai autrement plus performant, puisque le brun avait économisé chaque mornille depuis ses onze ans en vue de s'acheter son propre balai. Après un détour chez Gringott's pour changer tout ce cuivre en or (il avait eu l'air fin en remontant le Chemin de Traverse avec son gros sac dans les bras, si seulement il pouvait maîtriser le Reducto) le jeune homme passa enfin la porte de son magasin préféré.

L'unique modèle d'Eclair de Feu en vente était en vitrine, mais de l'intérieur du magasin on pouvait à loisir s'attarder de près sur tous les détails du superbe balai. Pointe effilée, manche lisse à finition perlée qui changeait de couleur selon l'angle de réfraction de la lumière, faisceau tressé de main d'expert en spirale, offrant le même aérodynamisme et la même stabilité qu'une balle de fusil. La même vitesse aussi, car si l'apparence seule du balai légendaire faisait envie, c'était avant tout ses performances qui l'avaient propulsé au delà du mur du son, et dans la légende. Se détournant enfin d'un objet qu'il ne pouvait se payer l'ex-Gryffondor se mit en quête de son futur balai. Il y avait pas mal de monde en ce samedi après midi, aussi décida-t-il de ne pas demander conseil aux vendeurs occupés et se laissa guider par son instinct...

Le Nimbus 2000, voilà un balai qui lui plaisait. Belle allure, extrêmement fiable, rapide, léger, un balai de course qui avait fait la fierté de maints joueurs et qui restait en vogue malgré son ancienneté relative. Juste à côté, trônant dans sa caisse sur un tissu de soie blanche, le manche d'ébène du Nimbus 2001 attirait le regard malgré lui. Sean avait toujours méprisé ce balai, outil de vol attitré de l'équipe de quidditch de Serpendard depuis sa sortie six ans auparavant, beaucoup de méfaits avaient été commis durant des parties musclées opposant les Lions aux vils serpents sur ce balai. Le British se souvenait avoir recouru à toute son expérience, son talent et sa chance pour arracher la victoire de justesse contre ce formidable adversaire. Mais désormais, il n'était plus à Poudlard, et il pouvait écrire une nouvelle page de l'histoire du Nimbus 2001 à l'UMA. C'était un engin de qualité, force était de le reconnaître, il avait juste de quoi se l'offrir avec une nouvelle pair de lunettes de vol en prime, et se sentait de plus en plus attiré par l'allure incontestablement plus agressive, qui conviendrait à un jeu plus adulte. Sean était décidé, le Nimbus 2001 serait sien.

Je veux voler....

ça y’est, elle venait tout juste d’arriver au ministère par transfert express en portoloin. Le voyage depuis les États-Unis était vraiment très long et très ennuyeux, mais l’aller lui avait tout de même semblé plus rapide. Cette impression était peut-être dû au fait qu’elle n’avait jamais réellement voulu partir et que son retour la mettait dans un état de stress intense proche de l’hystérie. Enfin elle allait pouvoir reprendre le cours de sa vie stoppé à cause des derniers événements en date. Auxquels elle n’apportait que très peu d’importance en soi. Néanmoins, elle devait reconnaitre que grâce à Lord Voldemort, elle avait désormais la chance de faire partie de l’équipe de Quidditch d’Amérique du Nord et ça, ce n’était pas rien. Elle ne savait pas encore exactement quand commencerait le tournoi tant attendu, mais elle avait bien le temps de se poser au bercail avant de devoir repartir.

Dans le grand atrium, une foule hétéroclite de sorciers se pressait d’un endroit à l’autre, mais il était impossible de rater l’homme – son père - qui se tenait devant elle quelques mètres plus loin l’air toujours aussi fermé et dur. Attrapant son sac, celui-ci lui souhaita la bienvenue et chacun de leur coté les deux Doeringer eurent un léger sourire en coin.

Sans se faire prier la jeune anglaise emboita le pas de son paternel qui la guida jusqu’à son bureau. Bien que celui-ci n’ai pas bougé depuis la dernière fois qu’elle l’y avait vu, Jethro avait absolument tenu à venir la récupérer à son arrivée, devant son portoloin. Chacun ses trips, mais il fallait dire que le père Doeringer était plutôt du genre à surveiller sa progéniture de suffisamment près pour être certain que celle-ci ne manque de rien et surtout, ne soit pas en danger. Quelle réelle idée du danger pouvait-on se faire lorsqu’on passait sa vie sur un balai, une batte à la main ? Mais c’est sans un mot, ni même un soupir d’exaspération que Charlie suivit le patriarche, il fallait tout de même avouer qu’être escorté dans tout le ministère par un homme de sa prestance ne la gênait pas. Les sorciers qui se poussaient sur leur passage devait effectivement se dire que la jeune fille avait un garde du corps ou quelque chose dans ce goût là, quel prestige !

La pièce était passablement spacieuse, disons suffisamment pour contenir un bureau, deux chaises pour visiteur, une ou deux étagère et une cheminée aussi froide qu’un temps d’hiver. Rien de personnel n’était visible sur le bureau, même pas une photo de sa fille chérie, « on ne sait jamais… ». Oui on ne sait jamais, quelqu’un pourrait avoir envie de l’enlever, mais quelle idée !! Personne ne serait assez insensé pour faire un truc aussi stupide à Mr Jethro Doeringer.

Dans un silence religieux, Ann-Charlotte déposa ses affaires sur un des fauteuils et annonça à son père qu’elle allait commencer par faire un tour sur le chemin de Traverse pour s’acheter une nouvelle batte. La sienne avait rendu l’âme, d’une manière qu’il valait mieux éviter de citer, trois semaines auparavant lors du dernier entrainement que la noiraude avait suivit. Sans un mot, il sortit une petite bourse remplie de gallions et lui fixa rendez-vous plus tard dans la journée à la maison. Il se chargerait de ses affaires. Parfait papa. Un sourire d’extase sur les lèvres, Charlie attrapa la bourse et embrassa brièvement son père sur la joue, ne déclenchant aucune réaction de sa part si ce n’était un léger sourire.

Enrichie et dans un simple murmure, la demoiselle s’envola par la poudre de cheminette jusque sur le Chemin de Traverse. Flânant quelques instants, ravie de redécouvrir cet endroit qu’elle affectionnait particulièrement, Charlie découvrit les nouvelles boutiques, celles encore barricadées, derniers vestiges de la guerre récente. Enfin elle arriva jusqu’au magasin de son choix, celui d’accessoire de Quidditch. Son regard s’illumina en se plongeant à travers la vitrine qui laissait entrevoir un enchevêtrement d’accessoires différents, passant des dizaines de balais différents, aux tenues de poursuiveurs des grandes équipes d’Angleterre… machinalement, elle poussa la porte d’entrée qui émis un bruit de clochette. Le magasin semblait assez vide, comme à son habitude lorsqu’elle pénétrait dans la boutique, Charlie en fit le
tour, passant par tous les rayons, regardant chaque objet de près, hésitant sur tout et rien. Puis se fut le choc, de coté, l’envoyant valdinguer dans le rayonnage qui étala généreusement son contenu sur le sol, elle avec… ainsi qu’un jeune homme tout à fait charmant.

Sans réfléchir, elle renchérit, un air mi-frustré, mi-désolé sur le visage.

Tu voulais voler… Ben je crois que c’est fait…

[Désolée pour l’introduction, j’avais besoin XD]

Non mais réellement quel balai magnifique. Sean se voyait déjà esquiver les cognards par simple réflexe, son balai esquissant un changement de trajectoire au moment où l'attrappeur le pensait, pas en amorçant ladite esquive 3h avant parce que l'anglais était encore sur son brossdur 5, constamment aux aguets et obligé de garder un oeil sur les deux vicieuses boules noires qui menaçaient de le désarçonner s'il les voyait arriver trop tard. Ses rêves les plus fous allaient devenir réalité. L'excellence serait enfin à sa portée et lorsqu'il en aurait fini avec brio à l'UMA, l'équipe d'Angleterre viendrait le cueillir dès sa sortie et il entamerait sa fulgurante carrière en tant que titularisé d'office. Ils gagneraient la prochaine Coupe du Monde et l'argent affluerait, ses parents se remettraient ensemble et... BAM ! les rêveries du jeune homme furent interrompues par un choc digne d'un cognard ayant pris tout son élan. Il se retrouva avec une jeune (et jolie) demoiselle assise sur son torse.

Tu voulais voler… Ben je crois que c’est fait…

Il fallait à tout prix que les mots "7e ciel" et "manche à balai" cessent de tournoyer dans sa tête. Sean opta donc pour l'approche humoristique. Avec un sourire complice il lui lança :

Tu sais y'a d'autres endroits où on pourrait faire ça...

Il s'interrompit, il avait déjà vu cette fille quelque part. A Poudlard, quelques mois plus tôt à peine. Elle était anciennement à Serdaigle si la mémoire du Gryffondor ne lui faisait pas défaut. Elle jouait d'ailleurs aussi au Quidditch, au post de batteuse, et avec beaucoup d'entrain. Était-il possible que ce soit cette même batteuse qui l'avait envoyé à l'infirmerie en 6e année, au cours d'un match, ce qui avait coûté la victoire à son équipe ? En revanche, pas moyen de se souvenir de son nom, Chamaine peut-être ?Raaaah merde, la honte, bon fallait bien passer à la casserole...

Euh... J'te connais non ?C'est quoi ton nom déjà ?

La chute ne fut guère douloureuse puisqu'AC termina sa route sur le torse d'un charmant jeune d'homme d'à peu prêt son âge. Mmmh c'était quoi son nom déjà à celui-là. Elle se souvenait qu'il était à Poudlard et pourtant impossible de remettre un nom sur ce visage. Sans s'en rendre compte, Charlie resta installée assez confortablement là où elle était. Elle fronça légèrement les sourcils, n'appréciant pas du tout d'avoir ainsi un trou de mémoire. C'est dingue quand même comment pouvait-on oublier aussi facilement les gens qu'on rencontre et qu'on côtoies tous les jours ou presque?

Tu sais y'a d'autres endroits où on pourrait faire ça...

Plait-il ?

Charlie lui envoya un regard incrédule. De quoi il parlait au juste ? Oooooooh ! Oui biensûr !

° Oh zut excuse moi ! j'étais en train de me demander qui tu étais. Apparemment tu es autant dans l'oublie que moi.

Sur ces bonnes paroles AC se remit sur ses jambes et épousseta son pantalon. Puis elle tendit une main en direction du garçon afin de lui proposer une éventuelle aide pour se relever. Biensûr, ça lui revenait à présent. Il était chez les Gryffondor et elle l'avait même un jour mis KO grâce à un de ses violents cognards.

° Sean Vanel !

C'était ça. Un type sympa à qui elle n'avait pratiquement jamais parlé durant 7ans. Comme quoi il fallait parfois être patient avant d'entrer en contact avec les gens. Et quel entrée en matière. Pleine de malice et se campant sur ses deux jambes, AC le fixa dans les yeux pour lui rétorquer amicalement.

° Je paris que tu parlais d'un terrain de Quidditch biensûr ! Il n'y a que là où je pourrais te mettre une autre raclée...

Elle sourit à pleines dents à son camarade qui, elle l'espérait, prendrait sa remarque avec humour.

Acceptant avec joie la solide poignée de son ancienne camarade de Poudlard, Sean se sentit encore plus mal à l'aise qu'avec une fille assise à califourchon sur lui. Elle se souvenait de son nom complet, à en juger par son sourire et la mention faite d'une autre raclée, elle se souvenait aussi de ce fameux match où elle l'avait magistralement étalé. Il se releva donc le rouge aux joues et s'épousseta nerveusement les vêtements. Pour cacher son malaise et pour détendre l'atmosphère il relança la brune sur sa dernière boutade.

A vrai dire si on pouvait jouer dans la même équipe ça m'arrangerait, rappelle moi ton nom que je sois sûr de pas me tromper lors des inscriptions pour le Quidditch à l'UMA ?

Et il était sincère ! Son interlocutrice avait vraiment un don pour viser juste et ne ménageait pas sa force, assez prodigieuse pour une fille il fallait l'admettre. Elle avait tout de même réussi à le mettre KO, alors qu'il filait à pleine vitesse, dardant dans toutes les directions à la poursuite du vif lors de ce fameux match de finale contre serdaigle deux ans plus tôt. Cela relevait de l'exploit et si Mlle Anonyme avait encore fait des progrès entre temps, l'avoir en face serait un cauchemar, alors que l'avoir dans son camp serait une bénédiction. Alors qu'il se remémorait les bonnes années passées à Poudlard, le regard de l'anglais tomba sur l'un des nimbus 2001 d'exposition tombé au sol avec lui. Oh malheur ! Plusieurs des faisceaux en silicone étaient tordus ! Un des vendeurs approchait pour s'enquérir de la raison du tumulte. Le commerçant expérimenté remarqua immédiatement le balai abîmé et sembla vouloir demander lequel des deux allait dédommager le magasin. Aussi, Sean prit-il les devants :

Ne vous en faites pas, il était déjà abîmé avant que mon amie ne me renverse, je venais justement vous demander de le réparer.

Difficile de mettre la parole d'un client en doute sans risquer de l'offenser et de créer un scandale. Faute de preuves incriminant l'une ou l'autre le pauvre commis n'eut d'autre choix que de prendre le Nimbus en question dans l'arrière boutique pour le remettre en état.

Cela ne prendra qu'une demi-heure si vous voulez bien patienter.

Très bien, j'attendrai. Répondit l'étudiant en adressant un clin d'oeil à sa camarade. Tu étais venu pour quoi toi ?

Sean ne semblait pas très à l’aise qu’elle se souvienne si bien de lui. Était-ce parce que lui-même ne se souvenait pas de son prénom ou était-ce parce qu’elle avait évoqué leur dernière douloureuse rencontre ? Apparemment c’était l’un et l’autre qui rendait si mal à l’aise l’ancien Gryffondor. Charlie lui lâcha la main et éclata d’un rire sympathique lorsqu’il évoqua la possibilité de jouer aux quidditch, de préférence dans la même équipe.

° Charlie ! Je m’appelle Charlie Doeringer ! Et t’inquiète pas je ne veux aucun autre attrapeur que toi dans mon équipe. T’es trop doué pour en choisir un autre !

Et c’était vrai, la réputation de Sean le précédait. Si Charlie avait vu son équipe perdre contre les Gryffons s’était souvent à cause de Sean. C’était un sacré joueur au talent connu. AC allait enchainer pour poursuivre leur conversation 100% quidditch, mais le vendeur arriva au tournant de l’allée pour savoir ce qui se passait dans ses étalages. L’étudiante n’avait pas vu dans quel était ils avaient mis le Nimbus 2001 qui était précédemment exposé à proximité. Elle allait ouvrir la bouche pour s’excuser et négocier le prix des dégâts, mais Sean la précéda.

Ne vous en faites pas, il était déjà abîmé avant que mon amie ne me renverse, je venais justement vous demander de le réparer.

La jeune demoiselle en resta bouche-bé alors que le vendeur repartait avec le balai pratiquement fichu qui n’était autre que le sien et non pas celui de Vanel. Elle lança un regard mi-surpris, mi-mécontent à son camarade. Le bougre osa même lui lancer un clin d’œil. Plissant les yeux, Doeringer fixa le Gryffondor d’un air réprobateur en croisant les bras.

° Je n’étais en tout cas pas venu pour voler un balai !

Elle était un peu vexée qu’il l’ait entrainé malgré elle dans cette affaire. Le vendeur était trop loin pour les entendre, déjà dans son atelier de réparation à réparer l’objet.

° Sean ! Tu te rends compte de ce que tu fais ? Je ne me ferais pas complice de ce vol !

D’un pas sûr, la jeune femme s’élança vers le comptoir prête à dénoncer son camarade de Poudlard. Il était hors de question qu’elle le laisse commettre un vol à l’étalage de manière aussi peu cavalière.

Son clin d'oeil eut malheureusement l'effet inverse à celui escompté. Les Serdaigles, tous psychorigides...

Sean ! Tu te rends compte de ce que tu fais ? Je ne me ferais pas complice de ce vol !

Et voilà qu'elle comptait le dénoncer. Sean la saisit par le bras presque sans réfléchir avant qu'elle ne fasse un pas de plus. Sous sa poigne il sentit le biceps fin et pourtant incroyablement tonique de Charlie et la pensée qu'elle serait probablement capable de l'étaler avec un seul crochet vint lui chatouiller le cortex. Il allait devoir la convaincre en douceur, d'autant qu'il n'était pas particulièrement fier de sa supercherie. Il était un homme bien éduqué, considérant le vol comme mal. Mais sa bourse ne contenait que tout juste de quoi payer le Nimbus 2001 neuf, il avait été forcé de réagir s'il ne voulait pas que ces années passées à économiser chaque mornille ne soient pas en vain.

Moi non plus je n'avais pas l'intention de voler ce balai, lui dit-il discrètement à l'oreille. Mais je n'ai pas les moyens de le rembourser et de m'en payer un autre après. Mon unique balai a rendu l'âme, les cours commencent bientôt et je suis inscrit en filière quidditch... on joue dans la cour des grands en plus, presque tous ceux qui peuvent se le permettre ont un Elair de Feu, ma seule chance d'arriver à réussir quoi que ce soit cette année c'est ce Nimbus. S'il te plaît, ne me prive pas de mes ailes...

La crainte de ne plus pouvoir voler le saisit, et l'anglais faillit étouffer. Une vie ancrée au sol n'était pas une vie. Un besoin viscéral de s'élever dans les airs le prenait aux tripes chaque matin. C'était plus fort que lui, s'il ne passait pas au moins une heure chaque jour juché sur son balai à fendre la bise, il était malheureux, et Merlin savait qu'il restait parfois bien plus longtemps qu'une heure parmi les oiseaux. Ses genoux tremblèrent et il lâcha sa prise sur le bras de Charlie.

Désolé, je ne voulais pas...fais ce que tu veux.

Si sa camarade décidait de le dénoncer, il n'aurait plus de balai, plus de possibilité de voler, et il écoperait sûrement d'une amende à payer en plus des frais de réparation du Nimbus 2001. Son père allait le tuer, sa mère serait tellement déçue...et tout ça parce qu'il avait voulu retourner la situation et ne pas obliger AC à payer les pots cassés.

[HJ : Je compte sur toi pour l'empêcher de sortir du magasin par tous les moyens possibles siflote

Pardon pour le retard I love you

]

Elle n’avait pas fait trois pas qu’une main ferme lui agrippa le bras et l’obligea à se retourner. Hé ben ça alors si elle s’y attendait. AC en resta dans un premier temps sans voix et écouta attentivement ce que lui dit Sean.

Ses arguments pouvaient tenir la route. Elle comprenait le manque de moyen monétaire et elle ne lui aurait même pas demandé de débourser un centime pour rembourser le balai cassé puisque son père s’en serait chargé sans poser de questions. Mais effectivement, si Sean avait besoin d’un balai et qu’il ne pouvait pas se permettre de dépense autre que celle-ci, elle comprenait parfaitement. Il avait comme elle, l’esprit braqué sur son avenir. Et pour cela il lui faudrait effectivement le meilleur matériel qui soit.

Néanmoins elle n’était pas du tout à l’aise avec cette idée de vol. C’était même carrément hyper risqué et est-ce que ça en valait la peine ? Charlie croisa les bras pour réfléchir. Que faire ? Laisser Sean voler d’une manière aussi peu délicate ce balai ou aller le dénoncer quitte à payer les frais elle-même ? Il aurait mieux fallut pouvoir en discuter avant l’acte car là il serait carrément ridicule de le dénoncer.

Son futur camarade de l’UMA avait presque un air désespéré lorsqu’il la supplia de ne pas lui enlever ses ailes. Elle sentie la main du Gryffondor relâcher sa prise sur son bras alors qu’il s’excusait. AC lui sourit d’un air un peu désolée bien que très ridé par les événements.

Elle avait franchement envie de s’arracher les cheveux ainsi que ceux de Sean par la même occasion. A force de réfléchir elle en avait presque la nausée et fini par décroiser les bras pour faire les cent pas dans le rayon. Il était vraiment idiot !! Elle lui lança un regard noir sans même faire le moindre commentaire quand il s’excusa. Franchement quel mauvais gout.

En plus, elle était en partie responsable de la casse. Donc elle pouvait difficilement en vouloir à son camarade. Finalement, elle poussa un gros soupir désespéré et fixa Sean d’un œil noir.

° Ok c’est bon ! Mais tu reconnaitras que c’est complètement débile et hyper risqué de faire un truc pareil ! Et je te préviens que si le vendeur se rend compte de quoi que ce soit, je ne veux pas être impliquée.

Elle avait tendu son doigt sous le nez de Vanel en disant cela. Elle avait vraiment le don pour prendre ses grands airs n’importe quand et pour des situations vraiment débiles. En fait ils auraient eu mieux fait de foutre le camp avant que le vendeur ne revienne. Oui c’est ça, c’était la meilleure solution.

° Il faut qu’on parte avant qu’il ne revienne. Il va forcément découvrir que c’est pas le tien !

Charlie attrapa le bras de Sean pour tenter de l’emmener vers la sortie. C’était mieux comme ça, fuir. Quitte à ne plus pouvoir revenir dans le magasin par la suite pour y acheter quoi que ce soit. Tant pis, elle fera ses commandes par correspondance ou irait en Irlande acheter ses fournitures de Quidditch.

Ô miracle ! La ténébreuse demoiselle ne l'amputerait pas de sa raison de vivre !

Il faut qu’on parte avant qu’il ne revienne. Il va forcément découvrir que c’est pas le tien !

Charlie lui saisit le bras et commença à le tirer vers la sortie. Elle semblait bien capable de le faire sortir manu militari mais c'était surtout pas la démarche à suivre. S'ils sortaient, ça reviendrait à admettre leur culpabilité, et là ils seraient encore plus dans la merde. Charlie serait perçue comme complice et les deux donneraient l'impression d'être en délit de fuite. L'amande risquait d'être encore plus salée et le jeune homme ne se voyait vraiment pas comment annoncer à ses parents qu'il irait en prison parce qu'il ne pouvait pas payer. Sean planta fermement ses pieds dans le sol et glissa à l'oreille de l'ex-aiglonne :

Hey ! Du calme ! S'il avait voulu nous faire payer les dégâts il l'aurait fait tout de suite. T'inquiète, tout va bien se passer.

L'anglais sentait sa comparse dubitative. Lui même n'était pas tout à fait certain que le vendeur n'était pas en ce moment même en train de prévenir une autorité compétente pour lui faire rembourser le Nimbus abîmé. Enfin quelle que soit l'issue de la situation, Sean ne laisserait pas Charlie risquer quoi que ce soit parce qu'il avait menti. Cela le gênait tout de même. Le lion avait passé des années à économiser des mornilles et noises dès qu'il le pouvait. Il s'était privé de friandises sur le Poudlard express, de farces et attrapes des Weasley. Le pauvre avait même fait des cadeaux de noël pas franchement terrible (mais au moins inventifs) pour pouvoir s'offrir un balai de course digne de ce nom et voilà qu'il le récupérait presque pour une bouchée de pain. Ses efforts n'étaient pas récompensés comme il se devait et en plus il se sentait honteux d'avoir arnaqué le pauvre vendeur qui ne voulait certainement pas faire d'esclandre dans le magasin et avait du céder.

Si ça peut calmer ta conscience, dès que j'aurai mon balai et que les cours auront commencé, je reviendrai expliquer la situation et proposer de travailler au magasin pour rembourser mon Nimbus.

Il allait ajouter "et je pourrais te faire des ristournes" pour détendre l'atmosphère mais vu la tension presque palpable entre eux, Sean préféra garder une expression de repenti sincère plutôt que de continuer à passer pour l'arnaqueur de première. Il avait presque l'impression d'être en train de se faire engueuler par son capitaine lorsqu'il faisait une bévue pendant un match à Poudlard. Pas de doute, il voulait être dans l'équipe de Miss Doeringer. Elle avait toutes les qualités requises pour faire une capitaine digne de ce nom, et avec le vif assuré (ou presque) elle allait pouvoir se concentrer sur les tactiques des autres joueurs. Ouais, l'UMA allait bientôt voir naître la dream team du siècle...

Mais elle ne s’inquiétait pas. Il la sortait d’où cette idée ? C’était lui qui était dans le crottin d’Hippogriffe, pas elle. Enfin elle essayait surtout de s’en convaincre car très franchement elle commençait à sentir son cœur s’emballer à cause du stress de la situation. Mais comment avaient-ils pu en arriver là ? C’était vraiment le comble du ridicule de se laisser entrainer dans une situation aussi abracadabrante par un stupide gryffondor. Pff vraiment !

J’espère pour toi, sinon je ne sais pas ce que je vais te faire.

AC prit un air boudeur et croisa les bras. Franchement c’était répugnant de faire un truc pareil. Surtout qu’ils n’étaient pas du tout sûr que la supercherie marcherait. En tout cas c’est bien le genre de problèmes qui ne lui arriverait jamais, elle avait l’avantage de pouvoir s’offrir ce qu’elle voulait, quand elle le voudrait. Peut-être que père Doeringer pourrait faire taire l’homme s’il découvre la supercherie. Charlie commença à marcher dans les rayonnages jetant un regard vague à la marchandise qui s’étalait sous ses yeux. Oui c’était ça, dans le pire des cas elle pourrait demander à son père de se mêler de la situation ou simplement menacer le mec de faire appelle à son cher père pour faire pression sur lui.

Subitement, elle se sentie un peu plus légère. C’est vrai après tout elle ne risquait pas grand-chose. Jethro avait assez d’influence pour ne pas laisser sa fille s’enliser dans des ennuis pareils. Surtout qu’en l’occurrence elle n’était nullement responsable. Sean tenta d’apaiser sa conscience.

Elle se tourna vers lui pour sonder son visage. Était-ce une bonne idée ? Elle n’en savait fichtre rien, mais elle doutait quand même que ce soit bien de venir se dénoncer. Ça pourrait l’impliquer et il était hors de question que quelqu’un pense qu’elle s’abaisse à ce genre d’actes criminels.

Mmmh ! Je ne suis pas sure que l’idée soit très judicieuse, bien que très honnête de ta part. Dans tous les cas tu n’as pas intérêt à parler de moi là au milieu. Je pourrais refuser de te prendre dans l’équipe et te créer bien des ennuis.

AC s’avança vers Sean et prit son air le plus menaçant possible en fixant ses yeux dans les siens.

Me suis-je bien fait comprendre Vanel ?

Derrière elle, un bruit de pas se fit entendre. Le vendeur en avait-il terminé ? Ou était-ce un client qui était entré dans le magasin et qu’ils n’avaient pas entendu venir ? Mince ! Avait-il entendu leur conversation ? AC se mordit la lèvre inférieur, priant pour que leur situation ne ce soit pas aggravée.

C'est vrai que la question mérite peut être plus de réflexion. Mais t'en fais pas je n'aurais jamais mentionné ton nom ! J'aurais trop peur que tu me casses la figure...

Sean se fendit d'un large sourire. Pas moyen de rester sérieux deux minutes, et la tête que faisait Ay-Cee n'arrangeait pas les choses. La brune colérique était décidément adorable quand elle essayait de se montrer menaçante (le con n'avait en fait aucune idée à quel point elle était mortellement sérieuse et pouvait probablement se démerder pour le faire interdire de vol à tout jamais). Le vendeur revint à ce moment avec le Nimbus 2001 réparé. Son visage était inexpressif et il se contenta de tendre le balai sans proposer de l'emballer avec un "Voici monsieur, ça vous fera 13 gallions." courtois.

Parfait ! Voici votre or.

L'anglais paya son dû en remerciant le vendeur, il se sentait léger en le voyant repartir vers d'autres clients. Il avait enfin son trésor dans les mains, et il lui tardait de l'essayer. Peut être qu' Ay-Cee accepterait de l'accompagner. Ils pourraient ainsi se réconcilier et Sean aurait la possibilité de voir si elle avait fait des progrès. Et puis il souhaitait aussi quitter le magasin avant qu'on se rende compte qu'il manquait un Nimbus 2001 dans les stocks. L'attrapeur se tourna vers la batteuse.

Tu vois pas de raison de s'affoler ! Hey si ça te dit on va tout de suite sur le terrain de l'UMA pour une petite session de vol ?

Avec un peu de chance ça lui calmerait les nerfs à l'aiglonne et ils pourraient repartir sur de bonnes bases. Au pire il lui proposerait de servir de cible pour un entrainement à la batte. Si ses souvenirs étaient bons, l'ex-serdaigle avait pour habitude de rire sardoniquement en cognardant ses adversaires. Une vraie hystéro. Nan ça pouvait pas être ça... Sa perception de son ennemie d'autrefois sur le terrain avait du être déformée par la crainte justifiée de se faire dégommer et aussi par un ou deux coups à la gueule...

Ou alors on peut aller boire une bière ou autre chose au Chaudron.

Une proposition probablement moins risquée en fait...