- Logan, je fais une pause, j’ai besoin d’un café, lança April à un de ses collègues du Magenmagot, qui planchait sur le même dossier qu’elle. Une affaire banale de crime passionnel, rien de bien grave comparé aux évènements actuels : l’Angleterre se couvrait d’un vent de panique et de nouveaux horribles faits divers dus aux mangemorts retentissaient chaque matin dans les couloirs du Ministère. L’avantage d’avoir son bureau pas loin du quartier des Aurors, c’est qu’on était encore plus facilement au courant des dernières nouvelles. Mais comme le Ministère était globalement inefficace, le retour de Vous-savez-qui n’avez pas beaucoup changé le boulot d’April. Quand les aurors attraperaient un vrai mangemort, là ce serait une autre histoire : c’est à elle que reviendrait la tâche de faire un réquisitoire contre lui, en tant qu’avocat de l’accusation. La jeune femme redoutait autant ce moment qu’elle l’espérait : c’était dangereux, mais c’était son travail, c’était ce pourquoi elle avait tant travaillé : juger le Mal. Mais pour l’heure, il fallait se contenter de crimes communs, comme celui sur lequel elle et Logan travaillaient ce matin. Mais la banalité du crime n’empêchait pas la jeune femme de mettre du cœur à l’ouvrage, car elle voulait que justice soit rendue, et son collègue Logan, sur la même longueur d’onde qu’elle, travaillait lui aussi d’arrache-pied. Néanmoins, la jeune femme estimait qu’après deux heures de travail -elle était arrivée à l’aube au bureau-, elle méritait une récompense, et un café semblait s’imposer. Son collègue hocha la tête en guise d’accord, et, prenant sa veste, April se dirigea vers l’ascenseur. Saluant quelques vagues visages connus sur le chemin, elle se rendit au niveau de la cafétéria, presque déserte à cette heure matinale.

Avançant d’instinct vers les machines à café -après tant d’années passées ici, plus de cinq ans, elle pouvait se diriger dans la cafétéria les yeux fermés-, elle changea d’avis au dernier moment et opta pour un thé. Elle était anglaise, après tout, et vu qu’elle avait réussi à faire une nuit complète, se comportant enfin comme une adulte raisonnable, elle n’avait pas besoin d’une dose de caféine pour se maintenir éveillée. Va pour un thé vert, se décida-t-elle, avant d’appuyer sur la touche correspondante. La préparation terminée, sa tasse à la main, April se dirigea d’un pas tranquille vers une table près des fenêtres magiques, afin de profiter des rayons de soleil même illusoires, quand ce fut le drame. Pour arriver jusqu’aux fenêtres, elle devait passer devant un jeune homme inconnu au bataillon, plongé dans des papiers, et à ce moment précisément, il se releva d’un bond, envoyant valser son stylo et sa tasse de thé, qui retomba droit vers elle. C’est ce genre de scène qui donne l’impression de se dérouler au ralenti, mais où l’on est incapable d’effectuer un geste. April avait l’impression que ses pieds étaient collés au sol par un maléfice de glu éternelle, elle était incapable de bouger pour éviter la tasse, qui, ça ne loupa pas, se renversa sur le devant de sa veste. Retenant un cri de surprise, elle en lâcha sa propre tasse qui vint s’éclater en petits morceaux à ses pieds. Et dire qu’elle venait juste prendre sa pause et se retrouvait imbibée de thé jusqu’à la moelle ! Le jeune homme qui avait provoqué l’incident se précipita alors vers elle, bredouillant quelques mots d’excuses.

- Je suis désolé ! Je... Je suis... D'une maladresse affligeante, je... Je vais réparer ça... Vous.. Vous allez bien ? Pas de mal ? Je...

- Ne m’approchez pas, vous avez assez fait de dégâts comme ça, s’écria précipitamment April, se reculant de quelques pas à l’approche de Monsieur Catastrophe, effrayée à l’idée qu’il puisse en refaire une nouvelle en essayant de l’aider. Sortant sa baguette magique, elle murmura 'Recurvite 'en la pointant d’abord sur sa veste, puis sur le sol. Parfait, toute tâche avait disparu. Néanmoins, son thé également. Réparant la tasse d’un petit coup de baguette, elle la ramassa, affichant un air désappointé. La brune avait juste pris les pièces nécessaires pour se payer un thé, le reste de son argent était resté dans son bureau et rien que l’idée de retourner là-bas pour prendre de la monnaie la fatiguait. Se retournant vers l’employé du Ministère, toujours debout et tout rouge, visiblement désolé de ce qu’il avait provoqué, la jeune femme ne put retenir un sourire. On aurait dit un enfant de dix ans venant de faire une grosse bêtise, ne sachant comment la réparer.

- Vous accueillez toujours les gens de cette façon ?, lui demanda-t-elle avec un léger sourire, les yeux pétillants de malice. C’est un peu trop radical, non ? Je vous propose une autre manière de faire connaissance, plus civilisée : vous vous proposez pour m’offrir un thé, vous me devez bien ça, j’accepte, et le tour est joué. Qu’en dites-vous ?

Espérant que Monsieur Catastrophe n’était pas aussi radin qu’il était maladroit, April attendit la réponse du jeune homme, les bras croisés. On verrait bien si ça passait ou non.

[HJ : Navrée si le post est un peu plus pauvre que celui que j'avais écrit dimanche, j'ai eu du mal à retrouver la petite étincelle pour écrire deux fois la même chose T_T Je me rattraperai au prochain.]

Edward ne savait plus où se mettre. Pourquoi fallait-il que sa maladresse complique toujours sa vie ? Quel malencontreux hasard avait voulu que cette jeune femme se trouvât sur la trajectoire de la tasse volante ? Car pour une personne normale, le pire aurait certainement été évité, et le reliquat de thé serait sans nul doute aller asperger les dalles du sol sans faire de dommages collatéraux.
Mais dans la réalité d'Aloysius Edward Mole, il fallait que tout soit plus compliqué.

Bredouillant, le jeune homme essaya d'aider sa collègue à se débarbouiller, mais à peine avait-il levé la main pour venir à son secours que la jeune femme s'était écartée de quelques pas. Elle devait avoir peur qu'il ne fasse encore une bêtise. Et elle avait sûrement raison.
A son tour, Edward sortit sa baguette, répara sa propre tasse qui avait explosé juste à côté et d'un Accio discret amena à lui son feutre rouge qui avait roulé un peu plus loin. Il se baissa, toujours cramoisi, pour ramasser la tasse qui était à présent intacte, et s'attendit à se faire houspiller lorsqu'il se relèverait.

Mais, à sa plus grande surprise, il n'en fut rien. Bien au contraire, la jeune brune esquissa un léger sourire et prit les choses en main. Son seul sourire transformait déjà leur catastrophique rencontre en une entrevue bien plus agréable, voire même normale.

Edward était complètement pris au dépourvu. Il resta coi durant quelques secondes qui lui parurent une éternité, fixant la jeune femme comme si elle débarquait d'une autre planète. Le temps reprit enfin son cours et le jeune Mole reposa la tasse sur la table, dans un petit tintement.

- Euh, je... Je ne sais pas quoi dire... Je suis sincèrement navré. Mais je... vous avez raison. Ce ne sont pas là des présentations très conventionnelles, mais je vous rassure, ce n'est pas dans mes habitudes. Je m'appelle Edward Mole, l'homme le plus maladroit du monde...

Tout en parlant, le jeune homme entassait grossièrement ses feuilles de journaux sur un bord de table, libérant un peu d'espace. Il se décala de quelques pas pour laisser passer sa collègue et tira sa chaise pour qu'elle puisse s'asseoir à son aise.

- Je vous en prie, installez vous, je vais vous chercher un nouveau thé.

Edward se dirigea d'un pas vif vers l'automate, profitant de ces quelques instants pour se reprendre et se composer une attitude moins maladroite. Après tout, s'ils repartaient sur des bases saines, peut-être qu'ils pourraient s'entendre ? La jeune employée semblait avoir le contact facile, et l'Oubliator devait avouer que rencontrer quelques personnes dans cet immense ministère l'aiderait bien à s'y intégrer.

*Allez Ed, plus de bévue maintenant, concentre toi, tu ne dois pas faire d'impair*.

Faisant face à la machine à thé, le jeune homme avait pris ses bonnes résolutions. C'est donc un visage un peu plus sûr de lui qu'il retourna vers la brune.

- Vous voulez quel parfum ?

*Ne te mets pas la pression, Edward, sinon, tu vas faire des bêtises...*

Ce n'était pourtant pas compliqué. Il était dans une cafétéria, à faire connaissance avec une collègue en allant lui chercher un thé pour se faire pardonner sa maladresse première. Je veux dire, il n'y avait vraiment rien de sorcier compliqué dans cette situation. Mais pour l'handicapé social qu'était Mole, ce n'était pas une si mince affaire.

Les choses commençaient pourtant à se présenter sous un angle plus favorable. Edward connaissait à présent le nom de sa charmante collègue, et elle ne l'avait pas encore mis dehors à grand renforts de cris et de gestes amples. Il y avait du progrès.

Et un thé au citron, c'était parti !
Le liquide chaud remplissait la tasse, pendant qu'une foule de question existentielles assaillait le brun. Sucre ou pas sucre ? Nuage de lait ? Biscuit ? Edward ne se voyait pas poser ces questions une à une à la jeune femme. Il passerait une fois de plus pour l'empoté de service. Mieux valait prendre les devants. Même si April semblait n'avoir emporté qu'un thé simple tout à l'heure, il voulait faire les choses correctement pour racheter sa conduite.
Le jeune oubliator attrapa donc une soucoupe et y déposa tout ce que la brune pouvait souhaiter. Sucre, petit gâteau en sachet individuel et la petite carafe de lait indispensable à tout bon anglais prenant son petit déjeuner.
Il profita des quelques instants nécessaires à la préparation pour se prendre un nouveau thé également.

Il revint vers la demoiselle avec un sourire, les mains chargées, et sans aucun doute un peu plus d'assurance. Là, il avait paré à toutes les éventualités, il ne pouvait pas être prix en faute. Normalement.

Le brun s'installa en face de sa collègue, déposant son chargement sur la table avec d'infinies précautions pour ne pas provoquer de nouvelle catastrophe. Il regarda April, lui sourit et... le silence s'éternisa quelques longues secondes. Définitivement, Edward n'était vraiment pas doué pour les relations sociales.
Dans un raclement de gorge gêné, il se lança :

- Hum, vous... Vous travaillez ici ?

Mentalement, Edward se mit une belle taloche sur le front. Non abruti, elle est ici de si bon matin pour faire du shopping tiens.

- Euh... Excusez-moi, c'était totalement stupide comme question... Je veux dire...

*Aloysius Edward Mole mon petit, tu dois te reprendre. Arrête de stresser, cette jeune femme a l'air des plus sympathiques, faut pas t'en faire une montagne, sois naturel et tout se passera bien.*

Mole lança un regard désespéré à April. Ce qu'il pouvait être balourd parfois !
Il inspira profondément et fit une nouvelle tentative.

- Je... Ecoutez, comme vous avez pu le voir, je ne suis pas vraiment doué pour faire la connaissance des gens. Je... Je vous propose qu'on reparte à zéro, et euh.. Qu'on fasse une sorte de "donnant-donnant"... Je parle un peu, et ensuite, c'est votre tour, et on se présente comme ça.

Ed fit une pause et inspira à nouveau profondément, comme pour prendre son élan.

- Je vous ai déjà dit mon nom. J'ai été embauché en tant qu'oubliator au Ministère il y a à peine quelques semaines. Je suis anglais, j'ai fait mes classes chez Serdaigle puis un passage à l'UMA. J'ai 29 ans, j'aime les chats, l'odeur du vieux papier et les biscuits trempés dans le thé bouillant. Vous aviez dû remarquer que je suis poursuivi par une poisse plutôt collante et que la nature m'a doté d'une maladresse effarante, doublée d'une inaptitude au contact humain... Et oui, je suis à la recherche d'un appartement, acheva-t-il en posant ses yeux sur la pile de papiers posée entre April et lui.

Voilà. C'était fait. Ce n'était pas si difficile ! Cette présentation n'était certes pas très conventionnelle une fois de plus, mais Edward n'en avait cure. Ce qu'il venait de faire était en soi déjà un exploit pour l'oubliator. Le soulagement devait se lire sur son visage.

- Voilà pour moi, je crois. A votre tour maintenant...

Le gros problème, lorsque l’on ne connaissait pas quelqu’un, était de lancer la conversation. Car une des choses qu’April Winles détestait par-dessus tout (même si elle détestait beaucoup de choses), c’était les blancs. Il n’y avait rien de plus gênants que les silences embarrassés, où la conversation s’enlise. La jeune femme n’avait rien contre le silence, mais en présence de quelqu’un, l’absence de conversation la dérangeait à un tel point qu’elle parlait pour ne rien dire, allant même jusqu’à évoquer les difficultés de l’élevage de lamas en Indonésie. Comme elle s’était ridiculisée de nombreuses fois à cause de ça -Logan lui en reparlait de temps à autres, quand il était en veine de moqueries-, elle s’était décidée à ne plus jamais retomber dans ce genre de situations. C’est pourquoi elle allait lancer la conversation sur les bienfaits du thé lorsque dieu merci son collègue prit la parole, brisant la glace et l’empêchant de partir dans une conversation des plus saugrenues.

- Hum, vous... Vous travaillez ici ?

- Non, je suis une clocharde qui vient seulement ici pour prendre son thé, répondit la brune d’un ton ironique non dissimulé, étouffant un rire. Il était marrant, ce petit. Mais tout de suite après, il réalisa sa bévue, et se confondit en excuses comme à son habitude. L’avantage, c’est qu’au moins la conversation avait été engagée, c’était déjà ça. D’ailleurs, le maladroit voulait partir sur de nouvelles bases, ce qui était loin d’être idiot. April était toujours partante pour rencontrer de nouvelles personnes, parce quand on travaillait dans un aussi grand bâtiment où on connaissait tout le monde sans vraiment connaître personne, ce n’était pas du luxe de grappiller quelques connaissances à gauche et à droite, histoire de trouver toujours quelqu’un avec qui manger le midi à la Cafétéria. Parce que bon, avoir Logan dans les pattes même le midi, c’était too much, son cynisme permanent dérangeait le métabolisme de la jeune femme, et lui donnait un mauvais chakra. Bon, ça c’était pas vrai, c’était surtout que l’entendre commenter pendant une heure chaque paire de gambettes qu’il avait dans son champ de vision, c’était relou. Mais bon, le jeune homme qu’elle avait en face d’elle et qui lui avait galamment apporté un thé semblait autrement plus poli et gentleman que Logan. Par conséquent, la brune accepta le marché de l’employé, il se présentait et elle faisait de même. Donnant-donnant.

- Je vous ai déjà dit mon nom. J'ai été embauché en tant qu'Oubliator au Ministère il y a à peine quelques semaines. Je suis anglais, j'ai fait mes classes chez Serdaigle puis un passage à l'UMA. J'ai 29 ans, j'aime les chats, l'odeur du vieux papier et les biscuits trempés dans le thé bouillant. Vous aviez dû remarquer que je suis poursuivi par une poisse plutôt collante et que la nature m'a doté d'une maladresse effarante, doublée d'une inaptitude au contact humain... Et oui, je suis à la recherche d'un appartement.

Il était Oubliator ? C’était un métier qui la rendait suspicieuse, car la jeune femme trouvait très dérangeant qu’on puisse lui effacer sa mémoire à son insu, et même effrayant. Mieux valait se le mettre dans la poche, celui-là. Sinon, c’était quelqu’un de relativement banal, mis à part sa maladresse impressionnante. Si c’était comme ça tout le temps, ça devait être beau à voir. Les collègues du jeune homme qui travailleraient dans le même bureau allaient devoir faire attention. Sinon, la brune ne s’était pas trompée, il cherchait bien un appartement. L’hypothèse de Patricia, décédée dans de tragiques circonstances devenait de plus en plus réalité. La curiosité de l’avocate était de plus en plus titillée par l’envie de savoir quelles étaient les raisons qui poussait l’Oubliator à changer de maison. Il faudrait qu’elle aborde le sujet avec tact et diplomatie, pour ne pas froisser le jeune veuf.

- Voilà pour moi, je crois. A votre tour maintenant...

- Effectivement, vous avez fait effectué votre part du marché, c’est à moi, commença la brune en cherchant ses mots, se demandant par quoi commencer. Je travaille au Ministère depuis quelques années, au tribunal du Magenmagot en tant qu’avocate de l’accusation. Egalement anglaise, j’ai aussi étudié à Serdaigle, ça alors, ça nous fait plein de points communs ! Enfin, plein... Quelques uns, c’est déjà pas si mal. Je suis plus vieille que vous, mais je ne vous dirais pas mon âge, une femme doit savoir garder une part de mystère, et puis surtout j’ai pas envie de le révéler et, euh... J’aime le thé, les séries télé moldues niaises, mon métier et l’odeur du tabac. Sinon, pourquoi recherchez-vous un appartement ?, demanda-t-elle à brule-pourpoint, incapable de retenir sa curiosité. Paye ton tact et ta diplomatie, ma fille. Elle y était peut-être allée trop franco pour le coup, mais bon, qui ne risquait rien n’avait rien, et la jeune femme voulait satisfaire sa curiosité, pour savoir si Patricia il y avait, où si il fallait tout simplement qu’elle se calme sur les Feux de l’amour et les romans Harlequin, son imagination fantasque devenant un peu trop envahissante.

- Ah, au fait, ça vous dérange si je fume ?, rajouta la brune à son monologue, tout en sortant de son sac, et l’allumant sans attendre la réponse de son nouveau collègue. La patience n’était pas son point fort, et quand April ressentait ce besoin de nicotine se répandre dans ses veines, elle lui obéissait sans attendre. Effectuant une grimace d’excuse à Edward pour sa cigarette, elle attendit sa réponse, tout en inspirant une bouffée de tabac.

- Si jeune et déjà à un tel poste ! Vous... devez être redoutable... J'ose espérer ne jamais me retrouver face à vous au Magenmagot !

Le fait qu’elle soit avocate de l’accusation, visiblement, ça l’impressionnait. Faut dire que ça impressionnait pas mal de monde, et qu’à cause de cela, certains avaient même peur d’elle. Certains disaient même qu’il fallait mieux être mort qu’accusé lorsqu’April Winles se tenait à la barre. Réputation sympathique, qui donnait envie de la connaître, hein ? Heureusement que Logan avait une réputation encore pire, décidément ils faisaient bien la paire. Néanmoins, le compliment du jeune homme la fit tiquer, et elle répondit à sa phrase avant même de réfléchir.

- J’espère en effet pour vous que vous n’aurez jamais l’occasion d’être face à moi au tribunal, lui dit-elle d’un ton froid en appuyant sur le mot jamais. A cet instant, la femme avait été remplacée par l’avocate, et elle n’avait pu s’empêcher d’être franche, quitte à se faire détester par le jeune homme. Mais il sembla passer outre, car il commença à parler de son appartement. Enfin, elle allait savoir ce qui était réellement arrivé à Edward, et son triste destin avec Patricia !

- Euh je.. quoi ? Moi, euh.. enfin..

Haha, tant d’hésitations, c’était plus que louche ! C’était sur, il n’osait lui avouer son deuil, ou alors la vérité était encore plus croustillante, il était en fuite parce qu’il était sorti avec la fille d’un parrain de la mafia anglaise, et devait se trouver un nouvel endroit pour vivre ! Quand l’imagination d’April partait, elle partait loin et ne s’arrêtait pas. En fait... Je... J'ai euh... quelques petits problèmes avec mon propriétaire. Mon appartement est vraiment insalubre et... il refuse de réparer alors, euh... Je préfère m'en aller, vous comprenez... Et puis... Sa fille me fait de l'œil, et euh, ça me met très mal à l'aise, alors je préfère déménager. Enfin...

Voilà, elle savait tout ! Plus de mafieux, plus de Patricia, ce qui était un peu dommage d’ailleurs, c’était tellement plus attendrissant, mais un logement insalubre, et une fille lubrique. C’était pas si mal comme histoire romanesque, d’un côté. Et puis, la jeune femme pouvait parfaitement comprendre la situation, elle-même ayant dû une fois déménager parce que son voisin la harcelait et que comme c’était un moldu, elle n’avait pas pu lui envoyer un sort quelconque pour s’en débarrasser, sous peine d’être envoyée à la commission pour avoir fait usage de magie sur un moldu. Du coup, elle avait dû trouver un autre appartement, et la brune savait pertinemment comment trouver un appartement dans Londres, surtout à cette époque de l’année, pouvait se révéler difficile.

- En parlant de ça, à tout hasard, vous n'auriez pas une bonne adresse à me conseiller ? Un ami qui quitte un logement peut-être ? Je ne suis pas très difficile, vous savez..., reprit alors l’Oubliator, à qui elle adressa un sourire compatissant, elle-même quand elle avait dû passer par le même chemin demandait à tout le monde des conseils et des propositions d’appartement.

- Vous m’en voyez désolée, mais je n’ai aucune adresse à vous donner, et je connais personne qui quitterait son appartement. Etant moi-même installée au même endroit depuis quelques années, je vous avouerai que je ne me tiens plus au courant des annonces immobilières. Si vous êtes vraiment dans le besoin, il y a une solution que personnellement je réprouve mais qui peut s’avérer bien pratique, c’est de loger chez ses parents le temps de trouver un logement. C’est une étape pénible à vivre, mais justement, cela motive à trouver encore plus rapidement un appartement, vous ne pensez pas ?, lui demanda April, avec un léger sourire. Elle avait vécu ce dont elle parlait, car suite à son déménagement à cause de son voisin encombrant, elle avait dû loger chez ses parents quelques temps. Elle avait tenu deux semaines, et était prête à aller habiter sous les ponts ou sur le paillasson de Logan plutôt que de rester une minute de plus avec sa mère, lorsqu’elle avait trouvé l’appartement parfait, celui dans lequel elle vivait désormais. Il ne servait à rien de baisser les bras, et la recherche d’un appartement était un travail de longue haleine, mais cela en valait la peine. Tirant une bouffée de sa cigarette, la brune en exhala une autre, tout en détaillant son interlocuteur, pour noter tous les détails physiques importants, et avoir de quoi alimenter les rumeurs des couloirs.