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 L'excellence condamne à l'affection du mépris [PV]
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MessageSujet: L'excellence condamne à l'affection du mépris [PV]   L'excellence condamne à l'affection du mépris [PV] EmptyMar 14 Oct - 21:11:14



    Pénombre & Etiolona [PV]
    L'excellence condamne à l'affection du mépris


    ۞


    Les époques changent, c’est certain. Pourtant, les gens, eux, restent les mêmes. Partout, toujours, il y a certaines catégories de personnes, ils se reconnaissent, se regroupent entre eux. C’est d’ailleurs assez étrange, car c’est comme s’ils savaient d’instinct avec qui ils auraient des affinités ou non. On pourrait facilement supposer à cela une sorte de sixième sens, mais Etiolona n’en croyait rien. Pour elle, il ne fallait pas surévaluer le genre humain, la réponse était beaucoup plus simple : le physique. Les mêmes types d’individus se repéraient grâce à l’apparence commune qu’ils avaient choisi d’exposer aux yeux de tous. Ensuite, ils toléraient facilement l’entrée imprévue d’un de leurs pairs.

    D’ailleurs, en voyant marcher bien devant elle un groupe de jeunes filles gloussant fort et faisant de grands gestes exubérant, Etiolona ne parvenait pas à penser à autre chose qu’à cela. Les gourgandines d’il y avait un siècle étaient-elles vraiment pire que celle qui la distançaient à cette sortie scolaire sur le Chemin de Traverse ? Rien n’était moins sûr. Car celles-ci, au moins, avaient un âge où on peut désirer se faire remarquer par ces messieurs. Alors que ses camarades de Maison étaient parfois en première année. Des filles innocentes qui jouaient aux grandes comme les enfants jouent aux poupées.

    Néanmoins, Etiolona ne s’attarda pas à cela et se laissa facilement distancer par le groupe de Serpentard. Leur directeur de maison, Severus Rogue, avait convié tous les élèves dont il avait la charge afin qu’ils puissent effectuer quelques emplettes soignées avant le bal de Noël. La petite brune pensait que c’était là une bonne idée, dans la mesure où ça offrait l’occasion de s’offrir une bonne toilette pour l’évènement. Mais d’un autre côté, la demoiselle ne comptait pas participer à dans l'état actuel des choses, n’ayant pas été invitée par un jeune homme. Quoique … Il n’était pas certain qu’elle aurait accepté, le cas échéant. Elle ferait sans doute une brève apparition, plus par curiosité qu’autre chose, mais elle ne voyait rien capable de la retenir sur place.

    La majorité des élèves avançaient, gaiement, vers la banque des sorciers Gringott’s ou le prestigieux magasin de Tissard et Brodette. Etiolona, par contre, prenait son temps. Ses pas étaient légers et souples mais formaient un ensemble de petites foulées ralenties qui donnaient l’impression qu’elle affectait un grand intérêt à l’une ou l’autre devanture de magasin. Son regard tombait d’ailleurs sur les articles exhibés derrière les vitrines, mais une sorte d’indifférence teintait cette légère pointe de curiosité. Elle ne faisait qu’effleurer du regard les articles, avant de s’en détourner, pour fixer dans un bref instant une couleur nouvelle ou un mouvement qui attirait son attention.

    Rien ne parvenait à retenir concrètement son attention, aussi se contenta-t-elle d’avancer un peu au hasard entre les magasins et les passans pressés. De loin, elle voyait les cheveux blonds de Narcisse, mais elle s’exhorta à ne pas y penser et à continuer sa déambulation paresseuse et égoïste. C’était bien, parfois, de simplement se laisser aller à ne rien faire d’important. Le tumulte joyeux et enfiévré de l’avenue marchande lui donnait l’impression de marcher dans un rêve où les gens tournent autour de vous, sans jamais croiser votre regard. Le bruit de fond, animé et diversifié, permettait de se sentir bien plus à son aise que dans la salle commune des Serpentards où chacun observait le silence et se jugeait pour une poignée d’imbécillités futiles.

    La demoiselle pensa confusément qu’une attaque de Mangemorts aurait pu se produire sans que quiconque ne réagisse immédiatement à cause de tout ce tumulte. Mais cette idée n’eut pas le temps de s’approfondir dans son esprit alors que ses yeux captaient les couleurs chaudes et tentatrices d’un magasin de confiserie spécialisé dans la vente de chocolats. Elle poussa un petit soupir en admirant les formes rondes et délicates, presque trop parfaites des douceurs alignées en rang d’oignons. Le marron était presque brillant sous les reflets de la lumière et les autres couleurs ne faisaient que rehausser l’aspect bien trop tentateur des chocolats, manons, pralines et autres petits plaisirs à base de cacao. Elle hésita un instant à entrer, mais se ravisa, pensant qu’il serait toujours temps de revenir plus tard.

    A la place, elle continua de profiter du soleil glacé dans le ciel bleu, sans tâche blanche, qui rendait ses joues, habituellement pâles, rosées par le froid. Il n’y avait pas de meilleur temps qu’une froide journée par un ciel dégagé et azure. Toute l’allée semblait illuminée d'un halo froid et synthétique, voire même prudent, comme l'étaient la plus part de ses congénères. C’était beau, mais très fatigant du point de vue d’Etiolona qui se sentait de plus en plus lasse. Toute cette vive et pure lumière, pourtant filtrée par l’étroitesse de la rue, rendait son œil moins vif et plus engourdi.

    Ses pas finirent par la mener face à un magasin non identifié où elle fut absolument captivée, pour la première fois depuis son arrivée, par ce qu’elle vit. Dans le verre frappé par le soleil, elle se voyait elle-même, en couleurs, dans une réflexion si fidèle à son image qu’elle prit un instant pour se détailler. La première chose qu’elle constata, fut qu’elle était seule. Personne ne gloussait autour d’elle, d’aucun ne prêtait attention à son visage de porcelaine. Mais cela ne la gênât pas, car la petite brune était persuadée qu’il valait mieux être seule que mal accompagnée. En second lieu, elle observa son visage. Elle se surprit à le voir fort changé, sans qu’elle n’ait pu le constater auparavant.

    Ses joues avaient perdu un peu de leur rondeur candide et enfantine, gagnant en maturité, et elle soulignait certains de ses atouts préférés – dont ses yeux – avec quelque maquillage. Mais ce n’était pas ça. En vérité, ce qui la frappa par rapport à elle-même fut son visage calme et paisible. Il était si détendu qu’il en paraissait indifférent, endormi sur le monde en toute confiance. Et c’était si faux. Si faux, car elle était certes fatiguée, mais certainement pas moins alerte qu’autrefois. Il s’agissait même du contraire. Pour le prouver, son regard dénotait une émotion difficilement discernable, comme un ennui froid ou une souffrance plate.

    Mais c’était factice. Un sourire, une étincelle. N’importe quoi aurait pu lui rendre son vrai visage : celui de l’innocent et prudent orgueil. N’importe qui, n'importe quoi, excepté elle-même.

    Elle en était encore à se détailler quand elle avisa au-dessus de son épaule une autre forme immobile, ou du moins arrêtée, dans toute la masse grouillante de sorciers affairés. Ses yeux se redressèrent pour tenter de l’observer, mais ce faisant, elle perdit la capacité de trouver le bon angle pour faire de la vitrine un miroir et fut confrontée aux prestigieux produits du magasin : trois mannequins apprêtés de robes sobres mais élégantes et d’accessoires splendides, aux prix inhumains. Elle soupira un peu plus fort que d’habitude et prit une résolution qui, elle le devinait, serait plus fort probablement une source d’embarras que de profit. Pourtant, il arrive parfois que l’on puisse être surpris à un moment où on n’attend rien de particulier, sinon que le temps passe.

    Elle se retourna donc vers la silhouette derrière elle.


    ۞


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  • Pénombre Craft
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MessageSujet: Re: L'excellence condamne à l'affection du mépris [PV]   L'excellence condamne à l'affection du mépris [PV] EmptySam 18 Oct - 6:22:36

Samedi 23 Novembre 1996.

L’héritière du Clan Craft considérait résolument, dans un profond désarroi aussi virulemment douloureux qu’offusquément désagréable, le soigneux parchemin intégralement déroulé par l’attache précise de ses longs doigts effilés, sur lequel s’étirait, avec grâce, une élégante écriture masculine des plus familières mais qui irradiait cependant d’une étouffante suffisance à peine dissimulée sous la beauté calligraphique de soigneuses arcades d’encre. La jeune sorcière de septième année s’humecta lentement les lèvres dans la discrète expression physique d’un titanesque et courageux effort de son esprit, concentré sur la reprise d’un contrôle déjà vacillant sur ses tumultueuses émotions naissantes, se risquant vainement à infléchir de sa ferme volonté la réaction violente qui tentait pourtant de s’emparer d’elle avec virtuosité, tordant déjà l’emprise solide de ses mains pâles sous une colère aussi furieuse que dévastatrice.

Par quels sournois enfers ce perfide cauchemar renié de ses propres craintes se déversait-il malgré elle, de son inconscient déchiré par la dualité jusque dans la réalité ? Et comment l’intrépide écrivain de ces mots osait-il se moquer d’elle de la sorte ? Avait-il donc encore quelque chose à se prouver en proposant de cette façon guère orthodoxe un unique service d’escort-boy ? Ne craignait-il pas d’irréversiblement tâcher sa noble réputation d’héritier de puissante lignée par une suffisance mal placée et une avidité sans limites, allant jusque vendre au plus offrant, chair et visage feint d’émotions pour quelques poignées d’or ?

Et d’ailleurs, quelles diaboliques consciences sadiques et purulentes avaient bien pu pervertir et dominer d’une impardonnable arrogance, la lucidité habituellement si matérialiste et pragmatique de l’auteur de ce message, corrodant grièvement son discernement de sénescence pour qu’une pareille pensée, si extravagante et déraisonnable, n’investisse sérieusement son mental ? Avait-il seulement pensé un seul instant à ce que ressentirait Pénombre devant l’indéniable preuve de son grossier manque de considération à son égard ? Tenait-elle donc réalistement, dans ses mains crispées par l’affront, l’unique réponse sincère à ses attentes que la demoiselle pouvait espérer recevoir de la part de l’hypocrite Serpentard ? Mais enfin que recherchait-il en se comportant avec tant de légèreté et de désinvolture ? Etait-ce pure provocation ou n’avait-ce en rien rapport avec la brune aux yeux clairs ? Message absolument intentionnel et déterminant, clameur de son inconditionnel amour pour sa propre liberté et affirmation publique de sa dénégation proprement explicitée d’engagement ou alors tentative désespérée d’échapper, par tout les vices, à des protocoles classiques d’amour standard ?

L’incompréhension soudaine de l’ancienne joueuse de Quidditch se mêlait fanatiquement d’une farouche bouffée de fierté à une profonde sensation de malaise car l’individu masculin qui avait couché sa plume sur le grain jauni de ce parchemin affiché à la vue de tous en salle commune, lui semblait nettement plus étranger à son âme que le souvenir du jeune garçon dont le nom esquissé dans la signature rappelait l’image à son esprit. L’espace d’un très bref instant, Pénombre douta existentiellement de la claire signification des crépitations sincères qui grésillait en son être, de la réelle nature des sentiments qui menaçaient de la happer violement hors de son habituel self-control. Etait-ce vraiment de la colère ? Ou bien une honteuse jalousie ? Peut-être tout simplement l’amertume d’une prévisible trahison ?

Pénombre se demanda âprement si Narcisse avait ainsi eu l’intention de lui faire part ‘subtilement’ de son exotique et personnelle conception de leur relation, leur intime complicité, de manière davantage indirecte et artificieuse que ne l’auraient été quelques légitimes explications. Ou bien espérait-il seulement la mettre franchement devant le fait accompli lors du bal de fin d’année ? Souhaitait-il lui démontrer la moindre, le néant qu’elle représentait sous l’acier de son jugement ? Ou alors exprimait-il justement sa peur d'appartenir à quelqu'un ? A quoi voulait-il donc jouer ? Etait-ce finalement un test ?

Pourtant, même si la vanité et le narcissisme inhérent au caractère altier du jeune Anasar lui était plutôt ordinaire, qu’elle l’avait connu éternellement inassouvi de reconnaissance et continuellement affamé de plaire à la gente féminine, l’infinie confiance que la Rusée portait à son camarade de quatrième année ne put s’empêcher d’en prendre un sérieux coup. Une foi jadis sincère et absolue, maintenant presque affaiblie dans son ardente intensité par la surprenante conduite vénale de son ancien compagnon d’arme, quasi aussi libertine que celle dont elle fut l’instigatrice durant ses plus jeunes années à Poudlard, une croyance péniblement désorientée, remise en cause dans ses profonds et solides acquis par la douloureuse infidélité de son ami…

Une rage caustique, effervescente et exaltée gronda sourdement toute sa bestiale fureur et son âcre colère aux tréfonds sauvages de ce ténébreux gouffre abyssal qui avait déjà maintes fois tenté d’engloutir définitivement les derniers vestiges lumineux de sa conscience. L’appel terrible de ses noirs démons aux doucereuses allures chimériques si alléchantes résonnait en elle comme un impitoyable blâme narquois, comme un cinglant éclat de rire aux graves consonances malsaines, acides et malveillantes qui laissait dans ses chairs mentales traumatisées une odieuse morsure souillée par le péché, tranchante d’une moquerie venimeuse, s’extasiant allégrement et de tout son saoul sur cette cruelle douleur dont elle clamait, avide d’attentions, l’entière absence de responsabilité. Et précairement enchainé dans les plus sombres recoins contaminés de son âme, au cœur pourri de la prison qui retenait malaisément de sombres brides entières de sa personnalité, abominables aspects inhumains d’elle-même et inhérences les plus détériorées par la haine et la folie, l’indomptable animae lâcha un immense soupir d’impatience devant l’ébrèchement conséquent des défenses qui contenaient encore péniblement sa liberté.

Car Narcisse avait bel et bien volontairement rédigé et offerte à tout Serpentard, cette impensable proposition tant indécente de traitrise que corrosive de parjures et la blessante portée de ses dépréciés actes n’auraient jamais pu tant accabler de tourment l’ancienne Championne de Serpentard si elle ne lui avait ouvert son cœur… Souhaitait-il l’humilier ? Mais cette perfide facette entière de son caractère se dissociait tellement de ce qu’elle avait jadis appris à connaitre de lui, comment cela se pouvait-il alors ? La réponse à cette interrogation s’imposa gravement d’elle-même en une fraction de secondes : il avait certainement grandi lui-aussi depuis ce merveilleux temps révolu où l’innocence scintillait si pure, au fond de la magnificence de ses prunelles et en murissant, il avait, comme elle, intégré la noirceur des énergies de ce monde. Au fond, le blondinet n’était guère si différent de son ainée, Pénombre n’avait plus grand chose à envier à son prétendu côté lumineux et ses mains demeuraient-elles souillées de sang humain, ses inavouables attraits tendus vers une obscure source de pouvoir corruptrice, destructrice, la vert et argent perdait à la lecture du parchemin de Narcisse, l’espoir d’en être un jour sobre et détachée, un espoir qui s’était indissociablement mêlé à son inaltérée représentation mentale du bel éphèbe, à ses inestimables promesses de sauvegardes.

Mais il avait renié ses paroles par écrits.

N’avait-elle dont rien appris durant toutes ces années où l’animagus avait collectionné plus que de raisons ? Consumant à outrances tout ce qui lui avait été donné de posséder dans un incommensurable chaos de lancinantes douleurs, d’intensités fougueuses, confiances traitres et d’abus conséquents. N’avait-elle dont rien retenu de la vaine futilité dévastatrices de ces choses là ? La Reptile pouvait lire avec indéniable souffrance et consternation au sein de son propre esprit ce qu’elle avait déjà cédé avec une telle stupidité en des temps révolus, ce qu’elle avait regretté depuis, dans des souvenirs aussi soudé à sa mémoire qu'amers. Avait-elle donc choisi d’oublier les leçons de son existence maudite ? Avait-elle finalement décidé de se châtrer par la lâcheté et l’hypocrisie, le doute de soi geignard que sa propre race justifierait si fièrement en la baptisant solennellement de conscience ? Nierait-elle à présent que l’adolescente se perdait bêtement dans des esquintements ravageurs, que l’amour était la plus affligeante des faiblesses de l’espèce humaine ? Une race, chez qui les émotions dominaient sans conteste la pensée la moins rationnelle, devrait pourtant s’attacher indéfiniment à compenser ce terrible défaut, s’acharner à dompter les saisissements les plus forts. La haine et la peur ne sont elles pas de principe bien plus dynamique que l’amour ? Les premiers bâtissant des empires et les seconds les anéantissant…

D’un soupir, Pénombre contint sa propre peine de prendre forme dans les rues bondées du Chemin de Traverse où elle avançait sans hâte, puis se mordit vigoureusement la lèvre inférieure, pensive, soudainement écrasée par un violent flot de doutes et d’incertitudes qui envahirent brutalement son mental, effritant la réalité convaincue de leurs retrouvailles dans une grotesque illusion détournée, défigurée, rendue gibbeuse par le désir inavouée qu’elle en avait inconsciemment toujours eu… L’animagus était pourtant convaincue d’avoir perçue la profonde sincérité dans l’acier trempé du regard de son confrère de Serpentard, la réciprocité de ses propres sentiments… S’était-elle leurrée à ce point ? Et si tel était le cas, comment diable avait-elle pu commettre cette si prodigieuse et inaccoutumée erreur de jugement ? L'illusion altérable de son inconscient fut chaotiquement brisée et violemment balayée par une autoritaire raison, un efficace réflexe de survie que la ténébreuse avait acquis depuis l’enfance et par des sensations radicalement plus morales que celles que le billet du jeune Anasar lui avait fait détester. Alors malgré la profonde brûlure chimique qui s’entêtait encore à dissoudre affreusement les venaisons de son cœur, ravageait ses artères d’une rancœur incendiaire et d’une soif de vengeance féroce, la septième année s'évertua à se défaire de ses émotions avec nervosité comme elle l’aurait fait de poussière sur une armure physique avant un match de Quidditch important.

Pourtant, l’ancienne poursuiveuse de Serpentard ne put totalement déjouer l’inquiétude aussi primitive qu’invasive qui s’emparait d’elle, lui soufflant l’anamorphose putride et débauchée d’un potentiel dénouement heureux à l'appel d'offre de Narcisse. Sitôt retrouvé, elle craignait déjà de le perdre à tout jamais…

La féline plongea finalement la copie du parchemin dupliqué que son ami avait rédigé, hors de sa vue et entreprit de rattraper à foulée, ses compagnons qui l’avait nettement devancée. Dans sa hâte de rompre son exil au reste du groupe, l’apparente fragilité de ses doigts s’était refermée étroitement sur une épaisse bourse de velours bordeaux, finement brodée des armoiries de la famille Craft, qui avait accompagné la dernière lettre de sa mère et que la demoiselle avait choisi d’emporter à l’occasion de cette sortie scolaire, la conduisant présentement à fouler le sol pavé de l’interminable avenue aux maintes commerces magiques. Au cliquetis léger qu’elle percevait à l’intérieur de son poing fermé, dissimulé dans la poche de sa sombre veste de coton noire, Pénombre n’avait pu qu’estimer la profondeur de culpabilité qui devait poigner intimement le cœur anéantit de sa génitrice, en ces sombres heures où les deux femmes semblaient pleurer l’amère disparition irrévocable du même homme, époux et père.

Mais alors que son regard profondément limpide s’était élancé loin devant elle, traçant dans sa pensée l’invisible trajectoire la plus courte et la moins encombrée vers l’amas de septième année avec qui l’héritière des Craft aimait partager son temps, celle-ci remarqua non loin d’elle-même, l’immobilité étrange d’une jeune fille isolée de l’amas de Reptiles, dont le physique entier semblait émaner d’une aura perturbante. La Sang Pur ralentit discrètement son pas, se tenant légèrement à distance du sujet de son intérêt, de sa curiosité, afin de satisfaire à la discrétion tandis que ses prunelles de jais glissaient attentivement sur la fine silhouette féminine de l’inconnue. Il y avait quelque chose de magnétique autour de cette jeune fille de même maison que l’ancienne Championne de Serpentard, quelque chose d’aussi fascinant que le mouvement singulièrement menaçant des longs cheveux bruns de l’énigmatique, dansant doucement dans le vent léger, amplifié par l’étroitesse de la rue. Une sorte de très lointaine familiarité toucha l’animagus, dans la façon à la fois fière et accablée de souffrance avec laquelle se tenant l’inconnue, figée devant la vitrine de ce commerce, étonnement statique dans l’agitation perpétuelle, ce grouillement incessant de gens, de bruits, d’odeurs. Même si n’importe quel jugement hâtif d’un client pressé lui aurait offert la conclusion que l’anonyme brune lorgnait avec frustration la beauté d’une quelconque précieuse robe au-delà de la vitrine du large magasin, Pénombre ne se laissa pas prendre à cette grossière illusion comme si, d’instinct, elle avait été certaine d’une solution d’arithmancie sans pourtant parvenir à en achever la démonstration, sans pouvoir accéder à la justesse d’une explication logique. La ténébreuse se sentit subtilement intriguée par l’insolite de la situation et la sensation persistante de se trouver à un détour d’un autre univers l’incita à diriger ses pas vers la source humaine de cette perturbation, vers la brune qui ne semblait pas avoir perçut la caresse de son regard d’émeraude, la constance de ses observations.

Portant son mince corps finement musclé derrière la demoiselle encore de dos afin de volontairement trahir sa présence, Pénombre s’immobilisa doucement dans un point mort de l’angle de vision de sa camarade, certaine que l’ombre noire de son corps renverrait la certitude de son approche.
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MessageSujet: Re: L'excellence condamne à l'affection du mépris [PV]   L'excellence condamne à l'affection du mépris [PV] EmptyMer 22 Oct - 13:40:18



    ۞


    Les Serpentards marchent la tête haute, observant le monde les yeux dans les yeux dans un duel aux allures de défis pour la population qui côtoie le monde à leurs côtés. Ils sont fiers, arrogants, et n’ont de cesse de se revendiquer d’être les meilleurs. Ils crachent leur venin dans le vide, tentant désespérément de faire mouche et d’impressionner les faibles qui ne se rendent pas compte que leur idole brasse de l’air pour rien. Oui, les rangs des verts et argent étaient à ce point souiller par la sottise qu’engendre la vanité déplacée et l’ingrat privilège d’un sang immérité. Et parce qu’ils ont cette insolence de gosses pourris, ils ne regardent jamais où ils mettent les pieds. Le sol doit être plat et lisse, parfait à leur prétendue image, mais ils ne s’abaisseront jamais à le remarquer. Aussi, s’ils ne regardent pas à terre, cela leur arrive-t-il de faire un faux mouvement dans leur démarche pourtant si assurée au port altier qu’ils se donnent tous.

    Cela était déjà arrivé à Etiolona. Dans les escaliers chez elle, en descendant les marches de son presque manoir. Pourquoi et comment, elle n’en avait aucune idée, mais toujours est-il qu’elle avait interprété le monde au lieu de le voir : elle avait imaginé que la dernière marche était passée et elle voulut avancer. L’erreur était qu’il restait une marche. Une seule, sur laquelle son pied ne se posa pas et qui fit tomber avec surprise le corps de la jolie petite brune plus bas qu’elle n’aurait pu l’envisager. Il n’y eut pas de casse, si ce n’est une légère titubation fort disgracieuse, mais cela donna une impression troublante, presque dérangeante à la Serpentard. Cette impression qu’on se fait du corps qui tombe en chute libre mais du cœur qui remonte, essayant de perforer la poitrine. Et bien c’était exactement ce qu’elle avait ressenti. Un moment de flottement angoissant par sa soudaineté et sa violence proportionnelle au corps de la jeune fille, mais aussi un instant grisant de par la sensation unique et nouvelle : une autre pierre à l’édifice de son existence, si infime soit-elle.

    Tout cela pour dire et expliquer comme il se doit la folle impression qui submergea Etiolona lorsqu’elle se retourna pour réellement capter la silhouette entraperçue dans le reflet incertain de la vitrine. En voyant la jeune femme face à elle, ce qu’elle ressentit fut, ni plus ni moins, l’égal de son pied perdu dans un infini insoupçonné et si rapidement traversé. Le flottement, angoissant et grisant, d’une étape que l’on a ratée. Ou d’une à franchir que l’on avait pas remarqué avant de s’y voir confronté. Comme la dernière marche d’un escalier ascendant ; le chemin vers la gloire de soi.

    La personne face à elle renvoya à Lona une image d’elle-même vieillie, mature et belle, comme le reflet de la vitrine, un miroir déformant, embellissant. La belle jeune femme était brune, comme elle, avec une peau de perle de lait, comme la sienne et un air calme, profondément aiguisé sur ses traits fins et d’une élégance rare. Cela la perturba ; dans son for intérieur, la petite brune se voyait comme cela, dans une version idéalisée d’elle-même. Une Serpentard jugea-t-elle à son écusson, une comme Etiolona n’avait pas encore eu l’occasion d’en rencontrer, elle le sentait. Toute cette présence, ce charisme simple mais brut, presque sauvage, en vérité. C’était bien loin de la nunucherie habituelle noyée dans un torrent de coquetterie frivole.

    Mais ce qui divergeait chez l’une et l’autre étaient les yeux. Ceux de son « alter ego » étaient d’un vert si limpide, si pur, qu’on aurait dit deux perles délicatement tintées de la couleur de l’émeraude, deux bijoux rares et nouveaux, froid mais précieux, dans lesquels la lumière se jouait de la nature et irradiait plus que jamais. Ses yeux transcendaient tout son visage. Par contre, les yeux d’Etiolona étaient bruns, presque noir, comme les gouttes d’un café corsé et pur, et chauds, comme du velours. Chose extrêmement rare chez un vert et argent, les yeux de l’Espagnole n’étaient pas deux fenêtres vitreuses sur le néant émotionnel de leur propriétaires, ils étaient plutôt deux scènes de théâtre, ouvertes sur le feu qui brûlait en Etiolona. L’ambition se succédait en elle à la fougue et au besoin de briller. Pour briller, il fallait d’abord irradier dans son allure. Et c’est à l’insu de la señorita que ses yeux jouaient le rôle de la lumière pure sur son propre visage : ils reflétaient parfois cet abîme sans sentiment mais, le plus souvent, ils brillaient du brasier qui faisait vivre la jeune. Pourtant, leur regard semblait le même : une sérénité troublée, un calme tempéré, une fougue à double tranchant.

    Etiolona devait lever ses yeux pour rencontrer ceux de la jeune femme et elle le fit sans en ressentir un quelconque pincement d’orgueil mal placé venir la titiller. C’était si irréel, deux âmes dans la foule qui se reconnaissaient et s’arrêtaient, dans un face à face improvisé que même le destin n’aurait su prévoir. Si la petite brune était cynique, elle aurait sûrement dit que cela était
    magique. Mais elle se refusât à buter sur l’aspect si étrangement familier et pourtant éloigné d’elle que lui offrait cette doyenne de Sa maison. Parfois le plus pur des animaux, dont la fourrure est la plus chère et les griffes sont les plus tranchantes, peut être le plus inadapté à son environnement et celui prêt à céder le monde à tous les autres.

    L’envie de s’échapper du monde prit la demoiselle aux tripes. La liberté sans condition, sans jugement, le libre arbitre sans jury, la conscience sans morale. Tous ces sentiments étaient douloureusement réveillés en elle par ce visage doux et calme, presque dangereux.

    Il fallait qu’elle en ait le cœur net. Son esprit brassa rapidement toutes les alternatives possibles, toutes les façons qu’elle avait d’adresser la parole à son aînée. Etiolona était sûre de l’avoir déjà vu et l’écusson sur sa robe ne trompait pas, mais il lui était impossible de remettre un nom sur ce visage. Car, étrangement, l’héritière des Palicio avait beaucoup plus de facilités à retenir le nom des petites sottes qui paradaient dans chaque couloir de Poudlard. Elle les trouvait si ridicules.


    « Magnifiques toilettes, n’est-ce pas ? »


    Demanda la plus petite deux brunes avec un ton qui, s’il n’avait rien de désagréable, n’était pas spécialement chaud non plus. En fait, Etiolona avait pensé à se présenter tout de go à l’inconnue mais avait trouvé cela inapproprié : qu’aurait-elle dit si un petit de première année, même de sa maison, s’avançait vers elle dans le seul but d'échanger entre eux quelques banalités à pleurer ? Sûrement rien de bon. Outre cela, elle ne se voyait pas commencer à déblatérer un flot insipides de paroles sur le sujet brûlant de ce mois-ci, le « hot topic » par excellence : le bal. Pourtant, les robes qu’elle désigna d’un bref coup de menton semblaient tout droit sorties de ce sujet honnit. Un bal pour Noël qui laissait Etiolona fort déçue, de ne pas avoir été invitée par son éloigné Narcisse. La colère l’avait d’ailleurs étouffée en voyant qu’il ne pensait même pas à elle comme à une éventuelle cavalière puis l’amère déception l’avait rongée et, désormais, elle souhaitait se venger. Pas d’Anasar, non, mais d’elle-même et de cette attente ridicule pour un garçon si insensible et stupide. De ce fait, la cadette souhaitait ardemment se rendre au bal, accompagnée, plus belle que jamais, pour briller de nouveau et faire pleurer ces messieurs sur ce qu’ils avaient si souvent laissé passer sous leurs nez, et faire enrager les demoiselles.

    Mais tout cela semblait si improbable que la petite brune se sentait devenir défaitiste. Elle ne voulait pas parler du bal, pas en sachant qu’à l’heure actuelle, si elle y allait, ce serait en tant que grande perdante.

    Elle retourna son propre regard vers la vitrine et ses yeux glissèrent une nouvelle fois sur les tissus soyeux exposés. Quelle fille n’avait jamais rêvé d’être une princesse ? Etiolona aurait voulu être la Reine. De quoi ? Aucune idée, mais de quelque chose de suffisamment important pour qu’elle s’y sente bien. Elle détourna ses yeux coupables de faiblesse et d’envie pour les reposer sur la jeune femme.


    « Tu entres aussi ? »


    Ah tiens. Cela laissait supposer qu’Etiolona, elle, avait l’intention de rentrer. Vraiment ? Le magasin derrières elles n’avait pas la prétention d’égaler Tissard et Brodette, néanmoins il jouissait d’un luxe certain – davantage que d’un certain luxe, d’ailleurs – et conviendrait parfaitement pour Etiolona. Ici, on pouvait faire reprendre les vêtements ou commander l’objet de ses rêves, moyennant finances. Mais, surtout, ici, il n’y avait aucune coquette de sa maison, préférant toutes se jeter sur l’étendard le plus clinquant du Chemin, sans même penser qu’un autre bon fournisseur pouvait exister. Pourtant …Bien qu’elle n’ait eu aucune intention de parler du bal, celui-ci semblait omniprésent, comme un sous-entendu vicieux, dans chaque phrase de la quatrième année. Elle aurait, parfois, tellement voulu pouvoir avoir le luxe de ne pas se préoccuper de toutes ces choses mais plutôt de vivre au rythmes de ses caprices, parfois incompréhensibles. Comme un animal … Un animagus.

    Une glaciale caresse de la part du vent fouetta les joues pâles de l’Espagnole qui frissonna et repensa avec délice aux chocolats du magasin voisin. Oui, assurément, elle irait y faire un tour après ses emplettes. Du chocolat chaud accompagné de chocolat glacé ou en meringue, il n’y avait rien de plus idéal pour les papilles royales de son palais.

    Mais avant toute chose …


    « Si tu n’as rien de mieux à faire, nous pourrions tout aussi bien entrer et chiner un peu pour … Le bal. »


    Le dernier mot coula sur sa langue comme une insanité particulièrement grossière que la jeune fille déplorait à devoir énoncer. Et cet évènement provoquait tant de rancœur chez la señorita que cela n’était pas étonnant. Elle patienta une seconde.

    Un temps.

    Elle se retourna pour rentrer dans le magasin et pensa dans une lucidité cynique désarmante, aussi désagréable soit cette expression sorcière, vaille que vaille, comme on dit !


    ۞


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