Une page difficile à tourner [libre]

La surveillance à Poudlard avait triplé depuis que le retour du Seigneur des Ténèbres avait été officialisé. Sortir seul de Poudlard était devenu impossible sans risquer de tomber sur un Auror où autres membres de la Police magique. Plusieurs fois d'affilé Aïlin avait ignoré le couvre-feu du soir et avait exploré les souterrains et autres passages secrets de Poudlard et de ses extérieurs afin de découvrir ceux qui étaient inconnus et de ce fait, qui n'étaient pas surveillés. Il y en avait forcément un, forcément. Poudlard était un château immense, personne ne le connaissait par coeur, même Rusard, qu'il avait sut confondre en empruntant un passage secret qu'il n'avait jamais découvert. Malheureusement, ce passage secret l'avait amené jusqu'au Saule Cogneur et le Serdaigle avait eu une chance incroyable en parvenant à s'en sortir sans une seule égratinure. Durant cette fuite improvisée, Bower avait eu le temps de découvrir une nouvelle entrée aux pieds même de l'arbre monstrueux, mais il avait vite découvert en s'y aventurant qu'elle était étroitement surveillée. Par chance pour lui, il avait brillamment réussit son sortilège de désillusion et si la femme qui se tenait là l'avait entendu, elle ne l'avait pas vu et son sort de bloque jambe l'avait raté d'une bonne vingtaine de centimètres. Aïlin avait essayé tous les passages qu'il découvrait de la même manière, mais aucun auror n'avait été dupe de son sortilège de désillusion.

Le jeune homme abandonna donc la méthode illégale avant de se faire définitivement prendre ou pire, de subir un sortilège lancé par un auror, expérience qui ne devait certainement pas être des plus agréables.
Il avait prit sa décision : le lundi matin suivant, le jeune homme alla frapper à la salle des professeurs à la recherche de son directeur de Maison, le professeur Flitwick. Il le trouva en grande discussion avec le Professeur Dumbledore, ce qui eut pour effet de gêner quelque peu le Serdaigle : se retrouver devant l'un des plus illustres sorciers actuellement vivants, même s'il s'agissait de son directeur d'école que l'on apercevait lors de quelques dîners, restait pour le moins intimidant surtout lorsque l'on savait à quel point ce sorcier là défendait la cause moldue et vers quelles affiliations penchait la famille de l'orphelin... Ce fut d'ailleurs Dumbledore qui se tourna en premier et Aïlin détourna malgré lui le regard tout en le saluant. Du coin de l'oeil, il voyait en même temps qu'il sentait le regard pénétrant du vieux sorcier le transpercer, semblant lire à travers lui.
Après une humble salutation et présentation, le jeune homme expliqua ce qu'il désirait mais ce fut à son grand désespoir Dumbledore en personne qui se chargea de recueillir – seul à seul après avoir poliment congédié le petit professeur Flitwick – les raisons de son futur absentéisme.
Expliquer au professeur Dumbledore qu'il désirait se rendre sur la tombe de son père avait été particulièrement difficile pour le jeune Bower, malgré les airs attentionnés de cette grande personne. Il semblait que, derrière cette apparence sereine, il comprenait bien plus de choses que l'éclat bienveillant de ses iris ne le laissait entrevoir. Et Aïlin aurait désiré qu'il soit la dernière personne à découvrir quoi que se fut à propos de lui. Il était resté le plus humble et naturel possible malgré tout, et bien qu'il l'ait par de nombreuses fois craint, Albus Dumbledore ne l'interrogea pas sur le soir de la mort de son père et il eut une autorisation pour quitter trois jours le château. Torin allait être prévenu par les soins du directeur (même si cela avait déjà été chose faite par le bleu et bronze) et Aïlin partirait le vendredi soir pour revenir le lundi dans la journée ou la soirée « selon ses besoins » comme avait précisé son bienfaiteur qui, prenant en compte ses notes excellentes, voir exceptionnelles pour un garçon qui venait de subir des épreuves aussi douloureuses – cette tirade fut accompagnée d'un regard scrutateur qui ne laissait pas d'équivoque – une petite journée d'absence ne risquaient pas d'altérer son niveau scolaire plus que respectable.

Le vendredi soir, Aïlin fut accompagné jusque Pré-au-lard par un professeur qui le laissa aux bons soins de Torin Bower lorsqu'il trouva celui-ci, fraîchement transplané du manoir, devant le pub de Madame Rosmerta. Un sourire courtois aux lèvres, ce dernier remercia l'accompagnateur d'avoir si bien veillé à la sécurité de son jeune frère. L'homme avait rendu les politesses puis avait compatit, compréhensif face au calvaire que les deux enfants avaient vécus. Car oui même Torin, avec le masque dont il s'était habilement paré, avait l'air d'un grand adolescent en peine. Son talent pour la comédie semblait s'amplifier davantage à chaque fois qu'il le voyait.

Enfin, Aïlin fut seul à seul avec Torin, mais les deux frères n'avisèrent pas de faire la conversation. L'un était grave et marchait avec un port altier qui faisait voler telle une longue bannière noire sa cape derrière lui, l'autre avait le teint pâle, la mine sombre, et marchait, bien qu'avec droiture, le menton légèrement baissé en direction du sol. Aujourd'hui, ça n'était plus la crainte de son frère qui lui faisait baisser le menton, une sorte de marché factice s'était conclu entre eux pour un temps. C'était sa propre préoccupation, et l'angoisse de voir pour la première fois la tombe de Devin Bower, son père, sa victime après tant d'années où il avait été la sienne. Que ferait-il là-bas ? Il l'ignorait mais, suite à la conversation qu'il avait eu avec Clarisse McBrien, il éprouvait le besoin de se rendre sur le lit de mort de son géniteur.
Arrivés au cimetière, Torin le laissa devant la porte et transplana, respectant le choix du jeune homme, qui souhaitait trouver l'intimité. Il viendrait le chercher plus tard lorsqu'il aurait achevé les travaux obscurs qu'il accomplissait presque chaque soir, sans s'inquiéter davantage de la sécurité de son jeune frère. Aïlin ne s'en souciait pas non plus. Il entra dans le cimetière et traversa à pas lents les allées dessinées par les tombes, à la recherche de celle qui portait le nom, le fameux nom qu'il attendait.
L'intimité, enfin, avec son père... Il aurait fallut qu'il soit mort pour cela. Pensa-t-il en sentant une boule étrange monter de son ventre jusqu'à son œsophage.
Après quelques minutes de recherches, le jeune homme le trouva enfin. Devin Bower reposait sous une stèle de marbre blanc, sans aucune inscription autre que son nom et la maxime de ses ancêtres. L'angoisse du jeune homme était à son paroxysme. Craignait-il que son père surgisse tout à coup de la tombe pour venir lui tordre le cou ? L'espace d'une seconde, Aïlin s'imagina son père lui bondir dessus.
« ASSASSIN ! »
Cria l'image onirique avec une telle force que le mot vibra dans l'esprit du jeune homme. La boule sembla grossir dans sa gorge, mais l'image avait déjà disparut, et il se jugea stupide de penser à de pareilles choses. Alors, ce fut cette fois un Devin Bower calme et serein qui lui apparut, assit dans le fauteuil qu'il avait toujours préféré au manoir et qui lui avait toujours été exclusivement réservé.
« Je ne t'aurais jamais pensé capable de cela, Aïlin. Je t'ai mal jugé à mes dépends. Tu es différent, mais mon sang coule malgré tout avec force en toi. Quel gâchis... Toi. Et toi et moi. »
Cette fois, son coeur s'emballa. Que lui arrivait-il donc à penser de pareilles choses ? Non, jamais son père ne lui aurait dit cela et s'il pouvait parler à travers son cercueil, il lui offrirait certainement pour tout cadeau d'au revoir un recueil d'insultes fleuries. Il ne comprenait pas pourquoi il pensait des choses si extrêmes, dans un sens comme de l'autre, alors qu'aucune des deux ne se seraient vraiment rapprochées de la vérité. Quel était le problème ?
Avec précaution, Bower se pencha vers la stèle et l'effleura du bout des doigts. Le marbre, en ce vendredi soir un peu frisquet, était glacé.

« Je me demande ce que disent les gens en de telles circonstances... »
Finit-il par soupirer pour lui-même. Lui se sentait bête de ne savoir rien dire, mais se serait certainement sentit tout aussi stupide à parler à une tombe...

Il s'enveloppa un jour de sa cape d'invisibilité et utilisa un passage secret pour aller au pré-au-lard en cachette. Atérissant dans la cabane hurlante le Survivant soupira, il lui restait beaucoup de chemin avant d'accomplir enfin, une mission qui le terrorisait mais lui redonnait espoir à la fois...Rejoindre la tombe de ses parents. Harry ne savait pas où ils étaient enterrés en principe mais pour une fois la presse lui avait été utile, ça plus un ou deux livres d'histoire qui avaient vite fait de "cracher le morceau" sans faire de chichis. Restait à savoir si Godric'Hallows étaient bien ce cimetière qui juxtaposait le chemin de traverse. Avec inquiétude, craignant qu'on ne le reconnaisse, Harry demanda à un taxi magique de le mener là-bas, baissant la tête pour éviter que le chauffeur ne sache qui il était sans savoir si ce serait suffisant. Heureusement si car le vieux bonhomme au ventre bedonnant ne semblait pas s'intéresser à autre chose qu'à la musique qui se répandait dans son tout aussi vieux véhicule.

Il descendit et paya puis se dirigea vers le cimetière, frissonnant de froid et d'inquiétude puis marcha dans les allées; discret mais sans se cacher sous sa cape comme si cela aurait été un manque de respect pour le lieu. Le jeune garçon prit dans ses pensées accéléra le pas, regardant les tombes qui défilaient sous ses yeux. Au loin il n'aperçut pas la silhouette d'Aïlin et continua sa route, hermétique à toute autre rencontre que celle de ses parents. Le Survivant peut-être trop pressé ne trouva pas la tombe de Lily et James, peut-être enterrés dans un lieu spécial qu'il ne connaissait pas ou tout simplement cachés par d'autres sépultures. Ses yeux d'émeraude parcoururent fébrilement quelques inscriptions mais aucune tombe ne semblait protéger les Potter ici. Le cimetière était grand, soit ils étaient par là-bas, soit ailleurs ce qui étonnerait bien Harry tout de même. Ses parents n'avaient rien de pariats, au contraire justement.

Le garçon se dit qu'il ferait mieux de retourner au château mais une fois de plus son coeur refusa d'écouter cet esprit qu'il avait pour une fois raisonnable, en désaccord avec la passion qui l'animait. C'était comme un besoin vital, un moyen de s'évader...Harry avait résisté longtemps mais petit à petit, à force de s'imaginer tout un tas d'inconnus venant se recueillir sur la tombe de ses parents, le sorcier avait été jaloux d'eux...Comment pouvaient-ils ces hypocrites accorder tant d'importance à Lily et James? D'un côté c'était flatteur d'avoir des parents héroïques mais de l'autre c'était également épuisant, le brun n'avait jamais eu ses parents pour lui, pire encore, il devait bien être l'une des seules personnes en Angleterre tout du moins à ignorer l'endroit exact où ils étaient enterrés. Le sorcier éprouvait un besoin vital de voir leur tombe; un peu comme si c'était là-bas qu'il apaiserait sa peine et ses milliers de questions. Il avait beau savoir et remercier en son coeur tous ses amis qui le soutenaient si activement; il y avait quelque chose qui manquait...Et puis Lily et James devaient savoir pour Sirius qui lui, n'avait évidemment pas de tombe...Quand bien même on retrouverait son corps, le ministère refuserait de lui accorder une sépulture, c'était donc à ses parents de l'accueillir.

L'adolescent ne remarqua la silhouette du cinquième année parfois aperçu dans les couloirs mais sans plus que tardivement, manquant de se cogner à lui, l'évitant au dernier instant tout juste. Il se demanda brièvement ce que le garçon faisait là...Se recueillir évidemment pensa-t-il dans un éclair de lucidité, que pouvait-on faire d'autre dans un cimetière? S'était-il comme lui? Faufiler en dehors de Poudlard? Enfin bref tout cela ne le regardait pas. Le temps lui était compté, avant demain matin Harry devait regagner le château; il tourna donc juste un peu la tête vers le Serdaigle...Enfin s'en était un si sa mémoire était bonne, il n'était pas sûr.

-Excuse-moi je ne regardais pas où je mettais les pieds

Fit-il en le tutoyant sans vraiment y penser...Vouvoyer un élève de Poudlard, voilà qui serait étrange. Le Survivant ne l'avait pas bousculé mais frôlé, manquant de lui rentrer dedans et le dérangeant certainement, un désolé ne lui coûtait rien et Harry avait beau s'être éduqué quasiment seul, il connaissait la politesse. S'époussiétant par réflexe comme pour faire quelque chose de ses mains un peu tremblante, le sorcier fit demi-tour après avoir esquissé un sourire envers l'inconnu sans reprendre sa route, s'accordant un repos pour laisser ses yeux verts dériver sur les tombes environnantes, qui sait, de là peut-être verrait-il celle de ses parents?

« Je me demande ce que disent les gens en de telles circonstances... »

La voix du garçon interrompit son observation, il en ressentit étrangement un certain soulagement, plissant légèrement les yeux pour regarder de plus près le sorcier sans chercher a lire le nom sur la tobe-ça ne le regardait pas- il répondit gentiment.

-Je pense qu'ils disent des choses plus ou moins cohérentes...Parce qu'il est difficile d'être rempli de raison dans ce genre de circonstances.

Il avait dit ça à voix basse pour ne pas s'immiscer dans la vie du garçon. Le fai qu'il ait répondu venait juste du réflexe que l'on a lorsque quelqu'un pose une question et que personne ne répond. De plus l'endroit était si lugubre que Harry préférait mettre sa prudence un peu de côté pour avoir une chance de auitter sa lourde solitude du moment.

Quelque chose frôla Aïlin. Habituellement et surtout dans un tel endroit, le jeune Bower aurait certainement fait volte-face en brandissant sa baguette dans un réflexe défensif, mais là, il n'était pas le moins du monde sur ses gardes. Était-il encore quelque part sur la terre ferme, d'ailleurs ? Non, ses pensées, ses questions et cette chose qu'il définissait comme de l'angoisse et qui paralysait sa gorge accaparaient toute son attention. Seule l'apparition d'un jeune homme dans son champ de vision le sortit de ses songes. Mais là encore, rêvait-il ? Comment n'avait-il pas remarqué qu'il n'était pas seul, son esprit était-il en train de devenir définitivement dérangé ? Le garçon qui venait de manquer de le heurter eut un sourire aimable envers lui et s'excusa poliment, rassurant son interlocuteur sur le fait qu'il ne perdait pas totalement l'esprit. Surprit et gêné par l'intrusion involontaire, il marmonna un « Ça n'est rien » aimable, mais à demi-pensé seulement. Lui qui avait crut avoir toutes les chances d'être seul avec sa conscience et la tombe de son père, pareil jour à une pareille heure – la nuit commençait déjà à faire tomber sa robe indigo sur le jour s'effaçant – se retrouvait à observer le dos d'un garçon d'à peu près son âge. Sa seule chance était qu'il ne l'avait jamais vu, ni d'Eve ni d'Adam. Aïlin n'avait aucune envie de rencontrer quelqu'un qu'il connaissait ici même, quelqu'un qui se méfierait de le trouver là, un soir et dans un cimetière « ce type bizarre, qui, si ça se trouvait, était vraiment un assassin » ou qui, pire, viendrait finalement compatir et poser les pires questions que sa curiosité malsaine viendrait à lui faire cracher. Ils ne se connaissaient pas, et étaient certainement là pour la même chose – ou presque alors, la gêne et l'indisposition première qu'avait engendré cette rencontre s'atténua et s'effaça. Assez pour que le Serdaigle s'évade une nouvelle fois dans ses réflexions. Le visage de son père ne lui revint pas pour autant, mais Bower s'était assez renfermé dans sa bulle pour oublier l'autre présence et parler tout haut.
Oui, qui avait-il à dire ? Et à quoi bon parler à une tombe, elle ne l'entendait pas... Et peut-être que son père non plus, ne l'entendrait pas. Et s'il avait ouïe de ce qu'il pourrait lui dire, il le désapprouverait certainement, comme il l'avait toujours fait.
Après tout, qu'avait-il à faire là...? Aïlin avait crut que voir la tombe de son père lui apporterait les réponses aux questions qu'il se posait, saurait apaiser ses angoisses, qu'il se ferait une raison, trouverait une explication au fait qu'il pensait encore à lui, qu'il... Mais non, aucun miracle ne s'était produit. Il était là, devant cette tombe blanche quasi vierge, immobile et sans but.

« Je pense qu'ils disent des choses plus ou moins cohérentes...Parce qu'il est difficile d'être rempli de raison dans ce genre de circonstances. »
Le bleu et bronze sursauta, avant de se tourner en direction de la voix qu'il avait reconnu comme étant celle – chose logique – du garçon qui l'avait précédemment croisé. Pour toute réponse, Aïlin resta de longues secondes interdit, sans comprendre le sens de ces paroles. Il s'attendait si peu à ce que quelqu'un lui réponde qu'il dut faire un effort sur son cerveau pour que celui-ci se décide enfin à analyser les propos tenus. L'espace d'un instant, l'ombre d'un sourire crut apparaître sur le visage du jeune homme. Avait-ce été qu'une illusion, un jeu d'ombres qui s'était amusées à l'aide des mouvements du Soleil et de la Lune, à dessiner quelques sourires presque cyniques sur les lèvres du jeune homme ? L'inconnu ne savait certainement pas à quel point il avait si bien dit... Combien d'assassins venaient se repentir sur la tombe de leur victime, et osait-elle même adresser la parole à la stèle plantée en terre comme s'il avait s'agit d'un fragment d'âme de ce qui avait été autrefois un être humain, un fragment d'âme coincé à jamais sur Terre pour recueillir les pardons et les soupirs de ceux qui restaient ici-bas ?
Aïlin retira de la tombe le bout de ses doigts, qu'il glissa lentement dans la poche de sa cape de velours noir. Que pouvait-il répondre à cela... En avait-il envie, d'ailleurs ? Une brise froide glissa dans son dos, et le jeune homme jeta un regard aux alentours. Le lieu ne réchappait pas à la règle et avait ce quelque chose d'incommodant qu'ont les cimetières à la tombée du soir. Parler briserait peut-être le charme oppressant qui s'était abattu depuis que le silence était revenu. Instinctivement, les hommes cherchaient à se rapprocher, à se lier comme s'ils se trouvaient plus fort pour affronter un endroit qui par sa nature même, les oppressaient. Aïlin ressentait lui aussi, à présent, ce besoin tout naturel de conversation et décida d'en profiter tant qu'il avait rencontré un personnage qui ne semblait ne pas avoir de mauvais égards vis-à-vis de lui. Il haussa les épaules, et murmura d'une voix un peu cassée, comme si briser le silence lui coûtait, ou qu'il n'en avait pas l'habitude.

« Oui, c'est certainement vrai... Mais peu importe, je doute que les morts tendent l'oreille par delà leur cercueil pour nous entendre. »

Ses propres paroles le choquèrent un peu, tant elle avait été prononcé avec cynisme. On aurait dit un mélange de frustration, de pessimisme et de, il fallait bien l'avouer, de tristesse. Dire de pareilles choses n'étaient peut-être pas la meilleure des façons de nouer une conversation ou, au pire, de rendre la politesse...! Le jeune homme s'en était bien rendu compte et en fut quelque peu gêné, bien qu'il tenta de n'en rien laisser paraître. Difficile, dans ces circonstances...!

« Désolé, ce n'est certainement pas le genre de choses qu'on a envie d'entendre, surtout si l'on est venu pour... Je suis navré, l'optimisme me manque. »

Parler avait réveillé son esprit. Aussitôt, Bower s'était mit à détailler l'inconnu autant que le Soleil s'endormant le lui permettait encore et la première chose que son sens de l'observation nota fut l'expression dans ses yeux un peu cachés par ses lunettes et surtout, dans celles de ses mouvements. Il semblait ne pas très bien savoir où aller, à moins qu'il était hésitant. Il n'y avait guère mille raisons pour se trouver ici, et s'il ne se tenait pas déjà lui aussi devant une allée précise, ça n'était certainement pas parce qu'Aïlin avait attiré sa curiosité. La solitude était l'apanage du recueillement. Devait-il lui proposer son aide ? Il hésita, chercha la meilleure formulation, puis laissa finalement échapper, sans réfléchir :

« C'est la première fois que je viens ici... »

Chose qui n'avait absolument rien à voir avec ce qu'il avait compté dire une seconde auparavant. C'était parfait, à présent ses mots lui échappaient complètement. Un brin de désespoir crispa son coeur, et le jeune homme détourna le regard. Les mots gravés accaparèrent son attention :
« Ci-gît Devin Bower
Père et membre du Ministère exemplaire »
Suivit d'une apophtegme en latin qui luisait grâce aux feuilles d'or dont elle avait été recouverte. Bower père avait mit volontairement de côté une bonne part de la fortune de son héritage pour forcer ses enfants à lui commander une pareille tombe, qui dépassait de plusieurs centimètres les autres et dont la pierre avait coûté un prix extraordinaire. Son besoin de domination l'aura suivit jusqu'au bout, pensa son fils, l'air funeste.

« Oui, c'est certainement vrai... Mais peu importe, je doute que les morts tendent l'oreille par delà leur cercueil pour nous entendre. »

Il haussa les épaules, pas vraiment réfractaire aux idées de Aïlin, d'ailleurs lui-même était un garçon assez terre à terre en général mais comment l'être totalement lorsqu'on éprouvait la magie s'en mêlait et que l'on avait besoin de croire à quelque chose plus de plus fantastique qu'elle encore? Surtout que l'adolescent avait vu pas mal de chose dans sa courte vie; notamment l'apparition de ses parents en quatrième année, certes c'était du à un phénomène étrange entre deux baguettes mais restant toutefois bien expliqué "scientifiquement" si tenté que quelque chose lié à la magie puisse avoir une quelconque magie.

-Ca dépend des quels... S'ils nous veulent du bien, parfois ils entendent notre supplique et nous viennent en aide, c'est indéniable

Un petit sourire enigmatique, un peu triste et assuré à la fois, empli de cette certitude qui ne peut être dû qu'à l'expérience. Oui sans l'intervention des différentes victimes de Voldemort pourtant défuntes, lui aussi serait mort. Il était donc persuadé que parfois ses parents pouvaient prendre contact avec lui, le surveiller, prendre soin de sa personne. D'un côté cette théorie le gênait un peu parce qu'il s'en voudrait que Lily et James puisse assister au désastre qu'était sa vie chez les Dursley. Le gamin enfermé dans son placard affamé et affolé n'était pas la vision que voulait offrir le Survivant à ses défunts parents. Mieux ne valait pas trop partir dans de telles théories de ce genre, ça devenait un peu morbide là.

« Désolé, ce n'est certainement pas le genre de choses qu'on a envie d'entendre, surtout si l'on est venu pour... Je suis navré, l'optimisme me manque. »

-En même temps, en ces lieux...L'optimisme...C'est difficile.

Un autre sourire se dessina sur ses lèvres, de nouveau triste, un peu plus mystérieux cette fois ci.

« C'est la première fois que je viens ici... »

-Moi aussi-Confessa Harry que le garçon n'avait apparemment pas reconnu, chose pour laquelle le sorcier n'allait pas se plaindre. Cela pouvait paraître étrange vu son identité qu'il venait pour la première fois mais c'était ainsi, inutile de refaire ce qui ne pouvait pas être refait.cimetière sans vraiment réussir. L'adolescent occupé à autre chose butta sur un petit caillou et se retint au Serdaigle pour ne pas tomber. Ses doigts frôlèrent tout juste le garçon, ayant réussi à s'attraper sur un petit arbre rabougri qui trônait là comme pour essayer d'égayer le cimetière sans y parvenir toutefois. Aussitôt Harry ressentit une vive douleur à sa cicatrire, ne parvenant à empêcher sa main de se porter automatiquement à son front tandis que ses yeux se dirigeaient droits sur les écritures de la stèle

BOWER

Le sorcier chercha dans sa tête avant de retrouver Ultan inscrit dans sa mémoire. Ses frasques étaient bien connues à Poudlard bien que rien ne soit officiel vu qu'il ne s'était jamais fait prendre. Le Gryffondor cilla des yeux brusquement, se rappelant des ragots courant aussi sur Aïlin mais également de son comportement aimable d'avant, ça ne se tenait pas. Tout était trop évident...Un peu comme pour Sirius...Sirius oui. Le garçon s'était renfermé sur soi de toutes évidences, cherchait-il à se repentir? Bien sûr l'adolescent sentit la colère même la haine monter en lui mais il se retint de juger hâtivement car la leçon que Sirius avait donné rien qu'en existant lui revenait à l'esprit. Son parrain était encore vu comme un criminel en ayant été un héros en réalité...La situation de Aïlin, le Survivant ne la connaissait nullement, pas plus que ses pensées, incapabe de les lires...Seulement un pressentiment venait de naître dans sa poitrine, comme si justement Sirius le prévenait. C'était très étrange, inquiétant même mais tellement persuasif que le Rouge et Or demeura ancré sur place sans rien dire avant de prendre enfin la parole.

-Tu es le frère d'Ultan Bower non? Il est assez connu...Mais pas en bien, cependant, tu n'as pas l'air de lui ressembler beaucoup.

Pressé par l'urgence d'une réponse, même plus importante que le fait de retrouver ses parents l'adolescent campé sur ses jambes, solidement fixé sur ses positions, n'admettant pas de chichis ou d'évitation de la question implicite, c'était d'ailleurs un cadeau... Une perche pour donner une chance au Serdaigle de s'expliquer. Harry était certes un peu violent mais depuis longtemps il rêvait de coincer cette vermine d'Ultan pour éclairer la chose, désormais le Gryffondor ne pouvait plus laisser un seul soupçon sur une quelconque sympathie envers l'ennemi. Ce n'était pas le Bleu et Bronze que le Survivant visait mais directement le septième année. Ce n'était pas prévu mais tant qu'il avait le frère devant les yeux...

Bien sûr Harry n'était pas très rassuré de s'exposer autant, il restait un simple gamin mais la charge était si lourde sur ses frêles épaules qu'il devait absolument désépaissir le mystère qui s'offrait à ses doigts, l'aggriper pour retirer le manteau. Résoudre ça ne lui apporterait pas grand chose, il ne pourrait pas détrôner Ultan mais au moins retirer un poids de sa poitrine si jamais Aïlin ne faisait pas partie de son clan...Même si Harry ne le connaissait pas du tout, mieux valait un ennemi que deux. Et puis si jamais le Serdaigle était l'un des leurs, si il le révélait par inadvertence, le Survivant pourrait agir...Agir? Mais comment, aurait-il perdu la tête tout à coup? Le Gryffondor se rendit compte de sa méprise à l'instant, il n'avait pas le badge d'auror pour ceindre son vêtement, était d'ailleurs illégalement entré ici...Il n'avait aucun droit à prendre quant bien même la situation était urgente. Une vague de chagrin passa dans son regard qui perdit toute suspision et recherche.

-Excuse-moi vraiment de venir ici et de t'agresser. Je ne sais même plus ce que je fais ces temps-ci.

Il soupira, ayant dit cette phrase non pas pour se plaindre mais comme le résultat d'un simple constat....Harry ne se reconnaissait plus. A quoi était-il sensé jouer? Les chasseurs de primes qui devaient éliminer les minis mangemorts au sein de Poudlard? Au grand justicier? Au preux chevalier? A l'enfant martyre? Peut-être même au coupable de toute cette histoire...Qui sait. Il tourna les yeux et reprit avec douceur.

-Je m'appelle Harry

Fit-il gentiment, essayant de reprendre les choses à zéro comme elles auraient dû se passer.D'un autre côté le fait que le Survivant lui parle normalement indiquait sa tolérance-toujours inexpliquée de son côté, juste un pressentiment- il ne jugeait pas ou plus Aïlin...Et n'essayait plus d'obtenir des justifications. Ses yeux, à défaut de dévisager le Serdaigle fouillèrent à nouveau le cimetière à la recherche vaine de la tombe de ses parents.

Un sourire morne accueillit les propos du jeune brun qui se tenait devant lui. « S'ils nous veulent du bien »... Malgré qu'il ait tenté de le retenir, l'aube d'un rire tenta de s'échapper de sa gorge, mais s'y noya avec un drôle de petit bruit. Malheureusement, lui n'avait aucun mort qui aurait voulut se prêter au jeu d'ange gardien, surtout pas « celui-ci »... Un mangemort, sexiste, machiste, violent, cruel, xénophobe et l'esprit malade gisait à quelques mètres au-dessous de ses pieds. Il avait été son père qu'il avait toujours combattu, et qui aujourd'hui avait si bien imprimé sa poigne de fer sur les muscles de ses bras qu'il se sentait tiré malgré lui vers le destin qu'il n'avait jamais désiré. Lui aussi deviendrait mangemort quoi qu'il arrive... Il avait déjà commencé à capituler. Au fond, il se dégoutait lui-même, mais voilà. Aïlin n'avait jamais eu un courage de lion et le peu qu'il avait fait pour améliorer la vie de sa soeur, puis sa propre vie l'avait épuisé, lessivé. Tout ce qu'il voulait aujourd'hui était un peu de paix. Et il n'y avait qu'en cédant, qu'en obéissant qu'il était parvenu à ressentir ce qui s'en approchait. Qu'était-il devenu ? Il l'ignorait parfaitement. Il ne savait plus dans quel camp il se trouvait. Mieux valait ne pas y penser.
Le garçon venait de lui excuser son élan de pessimisme, Aïlin se contenta d'acquiescer silencieusement. En effet, le lien ne se prêtait pas aux humeurs joyeuses... Mais tout de même. En plus de faire preuve d'une noirceur ouverte devant un parfait inconnu – bien sûr, le jeune Bower n'avait parfaitement pas reconnu l'inconnu en question, son physique ne lui rappelant que vaguement quelque chose et, n'ayant jamais assisté à un match de quidditch à Poudlard de sa vie n'aidait pas à se faire une idée précise du physique de ce dit inconnu à connaître – il se prenait à confesser des choses qui, si elles avaient put paraître anodines, révélaient bien plus de choses que n'en laissaient paraître en réalité. Dire qu'il venait ici pour la première fois, par exemple, en disait long sur l'état dans lequel, intérieurement, il devait se trouver. Alors, quand le jeune homme lui rendit l'information, laissant tomber entre eux qu'il en était de même pour lui, Aïlin fut un peu surprit. Peut-être que c'était l'endroit, le lieu, la cause qui sans être commune, était similaire qui les forçait à libérer un peu d'eux même l'un à l'autre. Peut-être aussi qu'il se posait et s'était toujours posé trop de questions lorsqu'il se retrouvait face à un autre individu.

« Ah... »
Se contenta de répondre le jeune Bower, dont le sens de la conversation était devenu proche du zéro, ou du T de Troll. Conversation si impressionnante que l'autre se mit à s'occuper des cailloux. Qu'il avait été bête, il aurait put au moins lui proposer son aide ! Oh, et après tout, il n'allait pas recommencer à se comporter comme « autrefois », cet autrefois où il se sentait coupable de ne pas tendre la main au premier venu qui ne lui demandait pas. A peine avait-il achevé sa pensée que l'autre trébucha et se rattrapa à son bras, à peine. Mais Aïlin l'avait bien ressentit. Il se recula vivement, comme si une décharge électrique venait de percer sa peau. Elle avait été très faible, rien qu'un petit coup de jus, mais trop nette pour que le Serdaigle puisse penser qu'il s'agissait d'un phénomène dû à son imagination. D'ailleurs, l'effet semblait avoir été double, car le jeune homme à côté de lui se tenait maintenant le front, comme s'il avait lui ressentit une douleur apparemment plus vive et sur une autre partie de son anatomie. Aïlin s'écarta avec un peu de brusquerie, l'air soudainement empreint de suspicion. Qu'était-ce que ce phénomène ? De la magie ? Et quelle magie, le jeune homme s'était-il jeté un sort pour empêcher qui que se fut d'avoir un contact avec lui sans douleur ? Non, ça aurait été totalement absurde, et Bower n'avait jamais entendu parler qu'une telle chose était possible...!

« Qu'est-ce que... »

Commença-t-il à murmurer avec méfiance, mais le second, le regard rivé dans sa direction, reprenait déjà la parole. La question qu'il posa eut un effet considérable sur le puîné des frères Bower. Son visage se crispa, ses yeux s'assombrirent brutalement, et, l'espace d'une seconde, lorsque le nom d'Ultan Bower fut prononcé, un rapide rictus contracta ses lèvres fines. Une colère sourde venait de s'allumer à l'intérieur du jeune homme. Ça y était... A peine avait-il été identifié qu'il était déjà comparé à son frère. A peine son interlocuteur avait-il lu son nom sur la stèle qu'il arborait, derrière le verre de ses lunettes et l'éclat de ses pupilles d'émeraude, les troubles de la suspicion. S'il répliquait immédiatement, sa rage surgirait sûrement et il le sentait, il ne pourrait pas le contrôler. Ses crises de colère les plus effrayantes étaient souvent les plus inattendues et déclenchées bien souvent par peu de chose, mais elle restait dévastatrices. Heureusement, jusqu'à présent personne n'avait eu la malchance d'y assister. Il parvenait à les contrôler pour les laisser éclater lorsqu'il était seul, mais là... Là, s'en était trop. Les émotions débordaient de lui comme l'eau du Nil en crue.
« Oui. »
Murmura-t-il, ou grogna-t-il, d'une voix sourde et dont le simple mot qu'elle avait prononcé signifiait bon nombre de choses à la fois. Oui, et alors ? Existait-il que par ses frères, lorsque sa n'était pas à travers ces infectes rumeurs ?! Ce « gamin » allait-il lui faire savoir ce qu'il pensait de tout ça et de sa famille ?! Non. Il venait de dire qu'il ne semblait pas lui ressembler beaucoup, et le monstre au fond de ses entrailles cessa de gronder pour chercher une interprétation à cette constatation. Bower se mit à le détailler, cherchant à trouver à travers son expression quelque chose qui pourrait le mettre sur la voix quant à l'attitude qu'il allait adopter avec lui, mais son attention fut attiré par autre chose... L'endroit où il avait posé sa main, un instant auparavant, et où se dessinait...
Une cicatrice en forme d'éclair.
Non, ça n'était pas possible. Combien de chances sur plusieurs centaines aurait-il fallut pour que lui, Aïlin Bower, frère de mangemort, se retrouve en tête à tête avec celui qui était désormais nommé sur Survivant au beau milieu d'un cimetière ? Le nœud dans sa gorge redoubla tandis que son cerveau embrayait la vitesse supérieure. Derrière lui, une nouvelle brise insidieuse se glissa jusque dans son cou pour lui souffler des conseils que son ouïe fine saisit à peine. Ce souffle léger aurait semblé venir de la tombe elle-même, à quelques pas d'eux. Elle lui disait... Elle lui disait que l'occasion était trop belle. Qu'était là le moment rêvé de reconquérir son nom et sa place, que s'il retenait Harry Potter ici, rien qu'une heure de plus, deux au pire des cas, même son frère reconnaîtrait enfin que leur jeune cadet n'était pas un misérable traître à leur cause, un rebut abjecte et fleur bleue qui aurait été meilleur noyé au fond d'un puits à sa naissance. Et s'il ne voulait pas d'une vie telle que celle qui était promise à Torin, ou encore à Ultan, il aurait enfin sa paix qu'il recherchait tant. Le Survivant ne le serait plus, et lui n'aurait plus rien à craindre pour sa vie.

« Excuse-moi vraiment de venir ici et de t'agresser. Je ne sais même plus ce que je fais ces temps-ci »

Le coeur battant à s'en arracher la cage thoracique, Aïlin marcha d'un pas un peu précipité jusque l'arbre mort qui ajoutait une touche lugubre au paysage déjà bien sombre, avant de laisser son dos s'y appuyer. Ses yeux firent le tour des environs, comme s'il craignait que quelque chose ne surgissent au dehors des ombres, puis il répondit, le souffle court :

« Moi non plus, je ne sais absolument plus ce que je fais ces temps-ci. »

Le regard d'Aïlin se braqua sur le Gryffondor lorsque celui-ci lui donna son prénom, omettant son nom – qui d'ailleurs n'était plus très prudent de donner par les temps qui courait – se pensant certainement encore masqué.

« C'est bien ce que je craignais... » Lâcha-t-il dans un souffle. « Je... Je crois que je n'ai pas besoin de me présenter puisque tu as eu plus d'habileté que moi à trouver mon identité, mais je m'appelle Aïlin. »

Un silence s'installa, avant qu'il n'ose tendre la main au jeune homme comme cela se devait dans ce genre d'occasions. Se prendrait-il une nouvelle décharge électrique ? Il ignorait que seul cela le renseignerait sur les intentions qui l'animaient en cet instant, mais malgré tout, comme inconsciemment, un poids persistait dans ses poumons.

« Il faut que tu saches une chose... Tu... Tu n'es pas en sécurité avec moi... »

Il aurait voulut dire ici. Il aurait voulut aussi être plus clair et direct, lui expliquer que son mangemort de frère transplanerait d'ici une heure tout au plus et qu'il ferait mieux de disparaître avant de tomber sur lui, mais son esprit complètement embrouillé ne parvenait pas à faire le tri de tout ce qu'il avait à dire. Une chose était certaine, toute colère avait complètement fondu.

La colère eut l'air de grandir en Aïlin mais peut-être était-ce du chagrin ou bien rien du tout, Harry ne lisait pas encore dans les pensées des gens, pourtant ce serait bien pratique mais bon. Le sorcier observait de biais la réaction de Bower, prêt à ne pas le juger sur sa famille d'un côté et se méfiant à juste titre de l'autre. Cette surveillance était peut-être totalement injuste mais en ces temps ci le Survivant ne pouvait pas trop prendre le risque de faire dans la dentelle et rêlacher du regard le "détenu" prisonnier de ses prunelles d'émeraude et de son attention sous prétexte de ne pas le 'était blesser. S'il agissait ainsi c'était lui-même qui peut-être, risquerait d'être blessé dans les deux sens du termes.

« Moi non plus, je ne sais absolument plus ce que je fais ces temps-ci. »

D'ailleurs le Serdaigle ne se privait pas pour l'observer à la dériver aussi, l'avait-il reconnu? Avec ses lunettes brillant légèrement dans la pénombre plus sa présentation sans compter sa cicatrice peut-être visible sous la faible lueur naturelle...Le Brun ne chercha cependant pas à le savoir, il ne posa pas de questions, ne sachant même pas les formuler pour sa propre personne tant tout s'embrouillait dans sa tête. Il hocha doucement la tête gardant le silence, c'était peut-être la meilleure chose à faire d'ailleurs. Le visage fermé et les sourcils froncés en signe de gravité l'adolescent paraissait attendre que Bower réagisse ou parle pour essayer de le percer à jour; pas en mal spécialement...Juste par ... Curiosité?

« C'est bien ce que je craignais... Je... Je crois que je n'ai pas besoin de me présenter puisque tu as eu plus d'habileté que moi à trouver mon identité, mais je m'appelle Aïlin. »

-Ce que tu craignais ?

Quand on disait cela c'est que l'on avait à l'esprit un pourcentage, une probabilité; on s'attendait à ce qu'un danger connu arrive à nous...Ce que je craignais...Ce à quoi je pensais, je n'ai pas pu m'y échapper. Cela aurait-il rapport avec son identité? Apparemment vu la formule suivante du garçon, Harry était découvert, c'était à prévoir car même sans chercher à faire sa promotion, le Survivant était célèbre, son visage couvrait beaucoup de pages de magazines. Des photos volées deci delà alors qu'il ne s'y attendait pas ou alors des anciennes...Il ne savait pas trop comment ces pique-assiettes s'y prenaient pour avoir tout ça sur lui, juste qu'ils avaient le droit, au nom de la liberté d'expression...Bref tout ça pour dire qu'apparemment dire son seul prénom suffisait pour créer un déclic chez son interlocuteur ou alors que celui-ci avait une excellente vue car le cimetière était quand même mal éclairé... Ou dernière option Harry était un prénom très rare en Ecosse et donc, l'appartenance de ce patronyme ne faisait aucun doute quant à l'identité de la personne. De toutes manières, en toute ironie le Survivant pouvait penser à l'expression " ce n'est pas écrit sur mon front" souvent utilisé par énervement par les gens...Ben lui...Si ça l'était. Son nom son prénom, il avait sa signature. Ah l'anonymat...L'anonymat, désir si cher et si inacessible tandis que d'autres cherchaient la gloire sans jamais l'obtenir, le monde était mal fait! Aïlin aussi rêvait sûrement que son nom de famille ne le fqsse pqs entrer dans la catégorie des méchants...Un élan d'affection traversa la poitrine de Harry, presque aussi douloureux que la décharge reçue dans son front en touchant le Serdaigle.

Le Survivant réitéra son geste, c'était presque le moyen le plus sûr pour lui de savoir jusqu'où le bleu et bronze était compromis. Lentement ses doigts effleurèrent de nouveau l'épaule du garçon pour s'y poser finalement, aucune douleur ne le transperça. Harry retira sa main mais eu un sourire plus franc, moins crispé. Comme disait Fudge: "Une cicatrice pour alarme, on aura tout vu !!!" oui mais que voulez-vous c'était peut-être incroyable mais vrai. Harry faisait confiance à la réaction magique de son éclair...Etrange, de quoi se penser fou si il avait eu le temps de le faire.

-Je ne connaissais pas ton prénom.

C'était vérédique et nul doute que le fait de se savoir non fiché de ce côté là rassurerait sûrement Aïlin, enfin Harry dans son cas, oui après le Serdaigle était différent, ses réactions étaient peut-être différentes.

« Il faut que tu saches une chose... Tu... Tu n'es pas en sécurité avec moi... »

-Je ne l'ai jamais vraiment été, ces temps-ci encore moins. Ni en aucun lieu ni avec personne. De toutes manières je pense que personne n'est en sécurité nulle part...Personne.

Un sourire triste mais également amusé fleura ses lèvres tandis que ses doigts agiles habitués à chercher le vif d'or se saisirent de sa veste pour la retirer, il avait beau ne pas faire très chaud, toutes ces émotions l'invitaient à se mettre plus à l'aise pour supporter ce qui allait suivre, promettant d'être aussi intense que le reste.

-Enchanté de te connaître

Termina-t-il finalement d'un ton doux et mystérieux à la fois, sincère dans tous les cas. Il n'avait pas d'autres choses de plus réconfortantes à dire...Cela calmerait peut-être le jeu. Une question lui trottait dans la tête :"sais-tu où est la tombe de mes parents?" mais il se sentirait si bête, si ignorant de ne pas le savoir et de demander ça à quelqu'un qui l'avait sûrement apprit en cours d'histoire alors que lui était le fils de ces derniers... Décidément; L'ironie était aussi en forme qu'une jeune femme fringuante fêtant ses 20 ans entourés de ses meilleur(e)s ami(e)s aujourd'hui...

Ce qui craignait, oui, ce qu'il craignait depuis l'instant où les dernières lueurs du jour avaient éclairées un instant fugace le front de l'adolescent qui se tenait naïvement devant lui, loin de savoir ce qu'il lui arriverait si l'envie prenait à Bower Junior de choisir définitivement ses affiliations à cet instant. D'ailleurs, c'était ce qu'il ferait immanquablement ce soir, à moins qu'il ne décide de s'enfuir pour aller se terrer dans un coin, adoptant la technique de l'autruche pour ne pas se trouver mêler au sort de Potter. Mais voilà, aussi lâche Aïlin pouvait-il parfois se montrer – notamment face à son plus vieux frère – le Serdaigle n'était pas aussi gravement pourri par cette maladie qu'était le non-courage pour adopter un tel comportement. Il ne répondit pas, se contenta de s'essayer à un sourire qui se révéla être plus une grimace. Le fait que Harry ne connaissait pas son prénom n'arrangeait pas plus ses affaires : il n'y avait qu'un seul cadet dans les frères Bower et c'était lui. Que son prénom soit cité ou non, que les élèves le connaisse ou pas, il restait un Bower et était catalogué comme tel, surtout après tout ce qu'il avait fait, forcé par l'imperium de son père, jusqu'au meurtre où la Gazette du Sorcier n'avait pas prit des pincettes pour émettre les plus noires suppositions quant au véritable déroulement des choses. Seul le fait que l'Avada Kedavra était un sortilège particulièrement difficile à lancer – il fallait déjà profondément souhaiter la mort de la personne, et avoir une maîtrise de la magie que peu de gens de l'âge d'Aïlin pouvaient se vanter d'avoir – l'avait sauvé de sa culpabilité, malgré l'alarme qu'avait déclenchée la Trace. Le crime avait donc été remit sur les épaules d'un tiers (en d'autres des termes des Mangemorts) grâce à la réaction et à l'esprit intelligemment calculateur de Torin qui avait tout prévu et ne s'en était plus caché dès que le dernier souffle avait été relâché par les poumons de leur paternel. Aïlin n'arrivait, parfois, toujours pas à croire qu'ils s'en étaient sortit aussi aisément, Torin en particulier. Il avait été officiellement déclaré dans la Gazette du Sorcier qu'il avait s'agit d'un règlement de compte entre ex-mangemorts, et que les deux jeunes gens avaient été épargnés par les criminels pour la bonne raison qu'il fallait des coupables. Et que cela jetterait irrémédiablement un voile des plus obscurs sur l'éminente famille Bower. Pour en jeter un, elle en avait jeté un, même s'il n'y avait jamais eu de mangemort – externes à la famille – dans l'affaire véritable.

Tout ça poussa le Serdaigle à une conclusion qu'il fit savoir au Gryffondor ense résignant par là même à couper tout espoir de conversation normale avec lui. Comment auraient-ils put, de toute façon, parler normalement, lui Aïlin Bower, fils de mangemort et Harry Potter, pire menace de Celui-dont-on-ne-devait-pas-prononcer-le-Nom ?
Malheureusement pour lui, le Survivant ne comprit par le sens véritable des paroles du jeune Bower, l'urgence qui planait derrière l'avertissement. Pourtant, il ne se serait pas amusé à proférer de telles paroles à la légère s'il n'y avait aucun danger imminent, car comme on devait s'en douter, déclarer à qui voulait qu'il était un aimant à mauvaises aventures n'était pas franchement fait pour plaire à Aïlin. L'espace d'un instant, l'éclat fugace d'une caractéristique parfaitement digne de sa famille vint en lui, et Bower se rappela ce que Torin avait dit à propos d'Harry Potter, un petit garçon qui était à la vérité loin d'être une lumière, et qui avait eu jusqu'alors la chance d'avoir put compter sur plus fort que lui pour se dépêtrer des pires situations. Pourquoi, après tout, se soucierait-il de lui ? Il n'allait tout de même pas forcer le Survivant à comprendre ce qu'il n'avait pas voulut comprendre immédiatement et lui livrer son frère en pâture en confessant que ce dernier portait la Marque des Ténèbres sur le bras et qu'il se ferait un plaisir de se charger de lui quand il reviendrait.
Mais voilà, Aïlin était humain, et un humain avait ses faiblesses : les siennes étaient celles du coeur. Il poussa un long soupir, pensant préférer à présent que Potter se soit comporté avec lui comme le premier imbécile de Poudlard et se fut déjà détourné de lui. Prit au piège dans un étau qui se refermait lentement, Aïlin murmura, pour gagner du temps :

« Ravi également... Je suppose que tu ne te baladais pas au hasard, ici ? Au début, j'ai crut que tu cherchais la tombe de tes parents, mais... »

Mais la tombe des Potter n'était pas ici, à ce qu'il avait lu. Elle était à Godric's Hollow, qui se trouvait au sud-ouest de l'Angleterre et non en Écosse... Et il paraissait, bien entendu, hautement improbable à Aïlin que l'adolescent ne sache pas où se trouvait la tombe de ses parents. Même s'il ne le savait pas, dans le pire des cas, il lui suffisait d'ouvrir un livre d'histoire... Pour un garçon qui avait baigné dans la magie depuis sa naissance, il connaissait naturellement les quelques et rares villes totalement sorcières anglo-saxonnes, Écossaises pour avoir passé cinq ans d'études à Poudlard et a avoir fréquenté le village de Pré-au-Lard et Irlandaises par ses origines. En contrepartie, il était dans la totale ignorance du mode de vie moldu et cela ne l'avait jamais vraiment intéressé.

« Je venais voir mon père... Enfin, je dois dire sa tombe. Je sais qu'il était un mangemort, mais... »

Il se sentait malgré tout coupable de ce qu'il avait fait. Aïlin n'en dit rien, se contentant d'hausser les épaules. Il ne souhaitait pas se confier en se mettant ainsi à parler de lui, mais comprendre la raison pour laquelle le Survivant avait décidé de quitter Poudlard et s'il pouvait, ainsi, le convaincre de remettre ses projets à plus tard.

« Je ne suis pas ton ennemi. »

Ceci était dit et était on ne peut plus clair. Le grand brun se félicita intérieurement d'avoir été aussi bref, et jeta instinctivement un regard derrière lui, comme s'il craignait d'avoir trop abusé du temps qui lui était escompté avant, et qu'il devait à présent rattraper le temps perdu pour sortir Harry de ce cimetière et lui éviter une fin cruelle. Oui, Aïlin avait prit sa décision, il le raccompagnerait lui-même à Poudlard s'il le fallait. Certes Bower était plus jeune que celui qu'il voulait protéger, mais il n'empêchait qu'il était un Serdaigle brillant aux résultats particulièrement impressionnants, et qui avait une certaine connaissance de la magie noire que peu pouvaient se targuer d'avoir à son âge. Même s'il pensait qu'il n'y avait là nulle matière à se vanter, cela pouvait être utile face au danger. Mais rejoindre Poudlard avec tous les sortilèges de protection qui empêchait aux élèves d'entrer et de sortir lui semblait loin d'être de son niveau, à lui comme au Gryffondor.

« ...Alors si je peux t'aider en quoi que se soit... Le château est loin, les temps ne sont pas sûrs... Qui sait quel danger pourrait survenir d'un moment à un autre. Si tu as finit ce que tu avais à faire, on pourrait peut-être rentrer. »

Il avait tout fait pour demeurer impassible, mais une lueur étrange brilla au fond de ses yeux devenus gris dans la nuit. Si Harry avait un peu d'intelligence, peut-être qu'il comprendrait l'insinuation cachée dans les dernières phrases qu'avait prononcé le Bleu et Bronze. S'il n'était pas aussi habitué que lui aux insinuations, et bien... Il devrait aviser. Peut-être même le stupefixier, le cacher dans un coin et attendre le retour de Torin sagement, comme si rien ne s'était passé, qui savait ? Il ne se serait pas fait un ami en agissant de la sorte, mais il préférait cela à crier que son frère était un mangemort. Torin était malgré tout son frère, et le seul reste de sa famille, avec Ultan et... avec Lynn aussi, qu'il avait la fâcheuse tendance à l'oublier depuis plusieurs mois. S'il n'éprouvait pas de l'affection pour lui, il y avait au moins ce quelque chose qui était peut-être le lien du sang, qui l'empêchait de le livrer à l'ennemi déclaré à la cause qu'il soutenait... Ah, dilemme.

Il sembla soudain comprendre l'urgence de la situation lorsque Aïlin prononça ces quelques mots: " je ne suis pas ton ennemi". Se saisissant du bras du Serdaigle après s'être rendu compte de son erreur de géographie concernant la tombe de ses parents-Non ils n'étaient pas à Godric Hallow's ici, le sorcier hocha la tête. Oui il avait terminé ce qu'il avait eu à faire ici...Son coeur se serra un peu à la pensée d'être venu pour rien et d'avoir été assez stupide pour ne pas vérifier sur une carte si ce cimetière ne s'appelait pas Godric Hallow's...Il faut dire que la chose lui avait parut tellement logique, quel idiot! Tant pis l'adolescent serait muet comme une tombe sur le sujet, et sans faire de mauvais jeux de mots en plus.

« Si tu as finit ce que tu avais à faire, on pourrait peut-être rentrer. »

-Tu as raison, rentrons.

Saisissant la notion de danger dans le regard de son interlocuteur, vif d'esprit et intelligent malgré ce que certains se plaisaient à dire, Harry ne lâcha pas le bras de son camarade. Il était prêt, déterminé à affronter le danger si celui-ci surgissait. Bien évidemment le Survivant avait conscience d'avoir reçu de l'aide de ses amis ou d'autres personnes plus puissantes que sa personne, mais il n'en restait pas moins que le sorcier savait se battre, au moins se défendre. Ses réflexes étaient indéniablement excellents grâce au Quidditch et ses différentes expériences en duel contre le Lord même si c'était surtout la chance qui l'avait sorti d'affaires. En même temps qui pourrait se sauver de cette situation sans chance sinon Dumbledore lui-même?

Soudain l'adolescent se figea, un bruit étrange venait de raisonner dans le cimetière, comme quelque chose de lourd qui s'abat sur du métal, le destin qui attaque votre coeur à la hâche et l'entamme. Harry écouta de nouveau, il crut percevoir un second écho. Ce n'étaient pas des cloches qui sonnent...Autre chose, il y avait autre chose. Jetant un coup d'oeil au Serdaigle afin de savoir si ce dernier était au courant de ce qui se tramait le Brun leva ses yeux vers le ciel déjà obscurci qui commença à laisser tomber quelques goutelettes. Le Survivant grommela pour lui-même, c'était d'un tel cliché! Pourquoi devait-il se mettre à pleuvoir à chaque fois que l'ambiance devenait glauque? Ce n'était pas sensé se passer que dans les films ça? Lâchant le bras de son camarade et sortant sa baguette, méfiant et silencieux désormais Harry était attentif aux moindre bruits. Il n'entrouvrit les lèvres que pour s'adresser discrètement au Bleu et Bronze...Retrouvant de suite les réflexes d'une proie traquée et à la fois d'un prédateur cherchant à manger...C'était ambigue, mais entre les serviteurs des Ténèbres et lui s'en avait toujours été ainsi. Qui pourchassait qui? Le mystère demeurait toujours entier.

-Tu as une idée de ce qu'il se passe?

C'était concis net et précis. Sa voix n'avait pas été méchante, encore moins accusatrice, juste concentrée. Son corps était tendu. Harry était prêt à réagir. Ce n'était peut-être rien, sans doute même s'était-il trompé tout seul avec ces deux bruits suivi de ce silence de mort planant en ces lieux...Mais mieux valait être prudent. Chose peu habituelle concernant l'adolescent imprévisible et impulsif qu'il était...Cependant aujourd'hui le Survivant avait de la compagnie et cette scène se passant justement dans un cimetière n'était pas sans lui rappeler l'épisode de 4 ème année en compagnie de Cédric Digorry.

La mort d'un père pour la gloire d'un fils. Tel avait été le concept étudié et préparé durant des mois par l'ainé des Bower. Petit pas en avant sur le long chemin de la gloire. La gloire? Non, il s'agissait de bien plus que cela: la domination, le pouvoir absolu et, qui sait, peut-être l'immortalité. Certes, l'idée générale avait été intégralement plagiée puisqu'il s'agissait des aspirations du Seigneur des Ténèbres lui-même, mais Torin avait quelques avantages: jeunesse, anonymat, mais surtout: aucun ennemi aussi ridiculisant que l'était Potter pour le Lord. Enfin pour l'instant, hors de question pour l'élève mage noir de chercher à dépasser le maître: le jeune mangemort observait, s'inspirait, tentait de se rapprocher du plus obscur personnage encore vivant. Ainsi il découvrait les erreur à éviter, domaine dans lequel il excellait.
Plusieurs meurtres à son actif, et même les plus flagrants n'avaient jamais éveillé le moindre soupçon à l'encontre du nouveau maître de la maison Bower. Lorsque sa discrétion n'y était pour rien, c'est son art à manipuler les faibles qui primait. La peur? Son arme favorite. Oh oui, certains connaissaient sa vraie nature de mangemort, mais ces idiots de chiens fidèles avaient trop peur de perdre leurs non moins pathétiques amis. Et ses deux rebuts de frère et soeur -Ailin et Lynn- étaient passé du statut de souffre-douleur à celui d'outils. Cela semblait ironique: ceux que nous désirons tant supprimer deviennent alors nécessaires. Car sans eux, Torin n'aurait jamais réussit à orchestrer le meurtre parfait: celui d'un père où la culpabilité des héritiers crevait les yeux sans jamais être soupçonnés que par quelques idiots avides de cancans sans intérêt. De plus, ses mains étaient restées propres.

Ne manquait plus qu'une place au Magenmagot et le titre de bras droit du Lord pour combler le jeune mangemort. Il était patient -et confiant- et ne se risquait à aucune étourderie qui pourrait entraver ses plans machiavéliques. D'ailleurs, en attendant d'avoir plus intéressant à faire, il trouvait quelques activités distrayantes à souhait. Les femmes de temps en temps, bien que ce genre de jouet devienne vite ennuyeux voire agressif, alors il s'amusait à manipuler: montrer aux faibles ce qu'ils veulent voir, leur dire ce qu'ils veulent entendre afin de les diriger comme des pantins. Ainsi il avait fait croire à Ultan (qui au passage ignorait la véritable identité de l'assassin du père Bower) qu'il était un frère modèle et meilleur ami alors qu'en réalité Torin ne voyait en lui rien de plus qu'un objet dénué de jugeote, une brute disposée à faire le sale boulot lorsqu'on lui demandait gentiment. Mais Ultan n'était pas son frère favori, pas assez distrayant. Non, celui qui attirait le plus l'attention du mangemort n'était autre que Ailin. En effet, le garçon était le seul à pouvoir représenter une menace potentielle (bien qu'il ne serait jamais aussi puissant que Torin, se disait ce dernier), il serait donc plus intéressant de le convertir plutôt que de l'éliminer. Mais hors de question de lui faire des cadeaux ou de le choyer, l'attitude de l'ainé Bower envers son jeune frère resterait toujours aussi glaciale. Ailin choisirait lui-même son camp, tout en sachant quelles pourraient en être les lourdes conséquences...

Conséquences que le mangemort lui laissait découvrir en le conduisant au cimetière où reposait depuis peu leur père qui n'avait eu pour seul chef d'accusation que le fait d'être le maître de maison. Torin espérait ainsi que le jeune Serdaigle puisse réfléchir aux choix qui s'offraient à lui et comprenne qu'il serait inutile d'aller à l'encontre de ses décisions. Enfin, ce n'était qu'un adolescent, il ne s'attendrait pas non plus à des résultats instantanés.

En attendant que son frère ait terminé ce qu'il avait à faire, le légilimens s'en était allé rejoindre quelques connaissances afin de s'informer sur les failles du ministère, sur une éventuelle place au Magenmagot: sous-entendu quel membre éliminer tout en s'assurant d'être nommé comme remplaçant, ou plutôt comme titulaire. Et ce même si il était hors de question d'agir pour le moment: il ne fallait absolument pas qu'un petit malin de fouineur réussisse à faire le lien entre les victimes de Torin, cela serait trop risqué car même s'il ne tuait pas toujours de ses propres mains il serait facile de comprendre qui tirait les ficèles.
C'était donc bredouille et plus tôt que prévu que Torin quittait la petite taverne où il s'était rendu. N'ayant rien d'urgent de prévu et ne désirant pas faire une multitude de déplacement, il transplana directement au cimetière pour récupérer Ailin. Après tout, vu les relations entre ce dernier et leur père, Torin aurait aussi bien pu attendre le temps d'un crachat sur la stèle de marbre blanc, mais non, le Serdaigle avait tenu à rester plus longtemps seul.

Peu importe, le délai impartit touchait à sa fin, Torin ayant transplané devant une haute porte de fer forgé ornée d'armoiries dont il ignorait l'origine, probablement celles des fondateurs du cimetière. Il appuya lentement sur la poignée, ayant à peine le temps de pousser pour s'apercevoir que le vieil amas de ferraille était coincé. Ceci ne le bloquerait pas: par un sortilège informulé il envoya une poussée pour décoincer la porte et par le même coup occasionner un bruit sourd. Il entra donc dans le cimetière, refermant derrière lui par réflex, produisant un nouveau claquement. Et comme pour signaler la présence d'un être unique dans ce lieu de repos, la pluie se mit à tomber sans que cela fasse sourciller le jeune mangemort.

D'un pas lent mais tout de même déterminé, il avança entre les tombe et les mausolées tel un chat se faufilant entre les hautes herbes. Et bientôt, bien que nappées d'une couche d'obscurité, deux silhouettes se profilèrent face à lui. Torin se posa une première question: Ailin lui avait-il demandé d'être seul pour qu'un inconnu le rejoigne en toute discrétion? Non, le jeune Serdaigle savait qu'il était impossible de cacher quoi que ce soit à son ainé. Alors qui était donc l'individu aux côtés de son frère?
Il s'approcha un peu plus, sa baguette restée dans sa main dès lors qu'il s'en était servit pour ouvrir la vieille porte. En parlant de baguette, il s'avère que le compagnon de Ailin en tenait une aussi et, une fois rendu à quelques mètres des deux garçons, Torin illumina son arme d'une légère boule de lumière afin d'y voir plus clair dans la situation.
Ses yeux d'acier se posèrent tout d'abord sur son jeune frère.

« Regarde toujours la personne à qui tu t'adresses. »

Puis inclinant la tête vers l'inconnu tout en faisant tournoyer entre ses doigts la baguette illuminée:

« Ainsi nous nous voyons mieux. Bonsoir... »

En temps normal il aurait terminé sa phrase par « jeune homme » tout en conservant un ton monocorde, froid. Mais au lieu de ça, ses sourcils se haussèrent un bref instant, comme s'il avait remarqué quelque chose d'anormal. Comme une scène de déjà vu: un balafré à lunettes, un cimetière. N'ayant pas utilisé la légilimancie, il ignorait que celui qui se trouvait face à lui pensait exactement à la même chose au même moment. Mais peu lui importait, tout ce qu'il savait c'est que Harry Potter se trouvait en cet instant face à lui, au côté de son frère. Que conclure de cette situation? Comment réagir? Était-ce un piège tendu par les aurors en collaboration avec Ailin? Ou s'agissait-il de l'occasion rêvée pour devenir le bras droit du Seigneur des Ténèbres?
Tant de questions auxquelles il fallait d'abord trouver des éléments de réponse. Mais en attendant, il n'avait pas finit de saluer le survivant.

« ... Harry Potter. Torin Bower, j'ignorais que tu connaissais mon jeune frère. »

Son regard se tourna vers Ailin, ses yeux se faisant perçants, aiguisés comme des lames dont l'objectif serait de traverser l'esprit du garçon afin de savoir ce qu'il faisait avec Potter. Mais il stoppa net ce début de légilimancie: cela pourrait paraitre suspect aux yeux balafré, même s'il ignorait ce dont Torin était capable.
Alors, comme pour « banaliser » l'atmosphère, le mangemort tourna le tête vers Harry, mimant un sourire triste pour évoquer la mort du père Bower.

« La vie est parfois si cruelle, mais tu es bien placé pour le savoir. Je te remercie d'avoir accompagné Ailin dans cette dure épreuve qu'est la perte de notre père bien aimé. »

Son regard se posa à nouveau sur son frère, feintant cette fois la compassion fraternelle. Il fallait que Potter se sente en sécurité, c'est pour cela que Torin n'avait pas évoqué la baguette que tenait le survivant, et c'est aussi pour cette raison qu'il avait inventé sans savoir le fait que Harry ait accompagné son frère.

Enfin, le jeune Potter s'était rendu compte du caractère urgent qu'Aïlin avait laissé plané dans l'intonation de sa voix et la formulation de ses paroles, si bien qu'il eut pour premier réflexe de lui attraper le bras. Gêné par ce contact inattendu, le Serdaigle tressaillit, s'empêchant au dernier moment de se reculer. Il n'était guère habitué aux contacts, peut-être même ne s'était-il pas immédiatement rendu compte que ce geste là n'avait pas été exécuté à l'encontre de celui qui le recevait. Toujours était-il que le fait que ce fut fait un individu pour lequel le jeune Bower avait des sentiments mitigés n'arrangeaient pas les choses.
Rentrons, oui. Aïlin se verrait certainement mal expliquer comment il se serait retrouvé à raccompagner aux portes du château un Harry Potter fugueur alors que lui même avait prit quelques jours de congés, mais c'était pour le moment le dernier de ses soucis. En effet, un grand bruit métallique résonna et se dispersa en écho dans le cimetière, impressionnant les deux adolescents. Harry avait déjà sortit sa baguette tandis qu'Aïlin avançait une main sous sa cape, glissant ses doigts en direction de la sienne propre. Il n'était pas prudent d'utiliser la magie en ces lieux, mais on était jamais trop prudent, et... Le Bleu et Bronze, lui, avait deviné d'où provenait le bruit sourd. Il avait comprit avant que Harry ne cherche à stimuler sa perspicacité d'une question.

« Le portail. »
Répondit-il d'une voix sourde, un peu étranglée. Ses yeux s'étaient fixés en direction de ce dernier, et le jeune homme apercevait très clairement malgré la pénombre une forme plus sombre que la nuit-même se mouvoir.
« Mon frère... »
Murmura-t-il à l'adresse de Potter en se raidissant tout à coup. Il ignorait si le malaise transparaissait ou non de lui, mais Aïlin était très loin de s'en soucier. Son coeur battait un rythme sourd, douloureux à chaque contraction du muscle, tandis que la silhouette s'approchait avec la fluidité d'un félin jusqu'à eux. Son cerveau était entré en marche avec une vitesse déconcertante, même pour lui, si bien qu'un chapelet de questionnement défila dans son esprit comme si quelqu'un s'était amusé à faire défiler les perles le plus vite possible. Que dirait Torin de le voir avec Harry Potter, alors qu'il était sensé être seul ? Qu'est-ce que le mangemort déciderait de faire à ce dernier s'il le reconnaissait – et c'était certain qu'il le reconnaîtrait ? Dans quelle position devrait alors se mettre le plus jeune des frères Bower ? S'opposerait-il à son frère pour sauver Harry s'il avait décidé de le tuer, ou, au contraire, finirait-il par céder à la plus grande des Tentations ? Muet comme les tombes environnantes, la main un instant auparavant glissée sous sa cape maintenant accrochée à un pan de cette dernière, il n'adressa plus un mot au Survivant et ne voyait devant lui que l'ombre d'un avenir incertain, aussi bien pour le Rouge et Or que pour lui. Puis les yeux de fer de Torin apparurent, avant de disparaître derrière l'éclat aveuglant d'une lumière. Aïlin ferma quelques secondes ses yeux endoloris afin de s'habituer à la clarté nouvelle, tandis que la voix aux chaleurs marmoréennes de son aîné brisa le silence glacé.
Quand il rouvrit les yeux, la pluie avait finit de tremper jusqu'aux pans de leur cape les trois protagonistes sans qu'Aïlin ne se soit rendu compte, tant sa préoccupation avait été grande, qu'elle avait commencé à tomber. Un autre sens que le premier surgissant des paroles de Torin était tombé dans les oreilles du cadet mais ce dernier ne se préoccupa pas de savoir auquel il devait attacher une signification. La situation était trop grave, il ne répondit d'ailleurs pas. Se justifier trop rapidement attirerait les soupçons immédiats de Torin, en plus de ceux du Survivant et Aïlin savait qu'il était inutile de chercher à maîtriser la situation devant le mangemort. Lui même se chargeait de le faire et Aïlin savait ô combien il aurait été contrarié de voir son puîné tenter de lui voler la maîtrise du jeu. Il se redressa alors discrètement, laissant apparaître sur ses traits le visage d'un jeune frère à la fois rassuré de voir apparaître un membre de sa famille devant lui plutôt qu'un potentiel danger – bien que ces deux là étaient en vérité liés à la même apparition – en même temps que la mine quelque peu affecté d'un adolescent recevant une recommandation de son aîné. Jouer la comédie était un art rarement aussi brillamment exécuté que chez les Bower, Torin venait d'ailleurs de le prouver avec brio tandis qu'il reconnaissait le troisième individu, l'indésirable, dans le sens le moins péjoratif du terme pour Aïlin et dans sa pire signification pour le second.
Néanmoins, le Serdaigle n'échappa pas au regard aiguisé qui lui fut adressé et il sentait déjà une sensation trop familière commencer à l'étourdir, l'approchant de front comme une main fébrile et impatiente qui cherchait à creuser là où un trésor devait se cacher. Mais Aïlin s'était préparé. Il ne maîtrisait pas encore totalement l'Occlumencie, mais assez pour dresser l'ébauche d'une résistance face à l'aspirant mage noir. Il eut à peine le temps de dresser sa barrière, cependant, que Torin s'était déjà désintéressé de ses secrets enfouis, jugeant certainement préférable de ne pas s'adonner à une telle pratique devant un tiers.

« La vie est parfois si cruelle, mais tu es bien placé pour le savoir. Je te remercie d'avoir accompagné Ailin dans cette dure épreuve qu'est la perte de notre père bien aimé. »
Reprenait-il à présent d'une voix baignée du voile d'une souffrance artificielle, qui annonçait pour le Bleu et Bronze l'établissement des règles qui allaient régir cette partie là. Une vague de soulagement apaisa le rythme cardiaque du jeune homme, qui put s'engouffrer dans la porte que son frère aîné lui avait laissé entrouverte. Voir que son frère n'avait pas – encore, du moins – décidé de s'en prendre à celui qui avait pour seule culpabilité que d'avoir survécu au Seigneur des Ténèbres avait tant stimulé le jeune aigle à se sortir de là sans en finir par un meurtre, qu'il aurait presque murmuré un « Paix à son âme » pour continuer dans la gamme, mais il n'osa pas pousser le bouchon dans l'humoir noir de peur que cette expression devienne fort à propos, mais pas pour le premier désigné. Il préféra se contenter d'esquisser un sourire endeuillé à l'adresse de Torin.

« Merci pour tout ce soucis, Torin. Mais à la vérité, nous venons toi comme moi tout juste de faire la connaissance de Monsieur Potter. »

Répondit-il à son frère avec un respect et une humilité qui n'étaient, elles, pas si feintes que cela. Seul Torin pourrait-être témoin de l'ironie qui avaient plané dans les premiers mots de l'apprenti sorcier. Se tournant enfin vers Harry, Aïlin murmura d'une voix assurée à son adresse. Mais cette voix-là avait changé, en comparaison à celle que l'orphelin avait entendu auparavant. Si elle était plus formelle, il y avait aussi quelque chose d'autre d'inidentifiable... Était-ce l'artifice qui transparaissait malgré son talent pour cacher ses émotions, où les derniers fantômes d'angoisse qui agissaient encore sur le timbre de sa voix, alors qu'ils avaient deux minutes auparavant voilés le bleu de ses yeux ?

« Je pense que tu peux ranger ta baguette, Harry. Ça ne serait pas prudent d'utiliser la magie hors des remparts de Poudlard, et je crois qu'il n'y a plus d'inquiétudes à avoir à propos du bruit que nous avions entendu. »

Conseiller à Potter de baisser sa baguette en présence d'un mangemort n'était pas le meilleur conseil que pouvait donner Aïlin à ce dernier, c'était un fait, mais il y avait un quelque chose de désagréable à voir la baguette du brun pointée en direction de la haute silhouette de Torin. Ca n'était guère de l'inquiétude vis-à-vis de ce dernier, bien entendu, mais un il-ne-savait-quoi qui le mettait mal à l'aise. Peut-être trop de souvenirs macabres ressurgissaient à sa mémoire, que le geste reliait à eux, des scènes toutes similaires et qui s'étaient toutes, d'une manière ou d'une autre lorsqu'une arme avait été pointée sur un Bower, terminées de façon plus ou moins terribles. C'était autre chose aussi... Aïlin avait l'impression que Harry se menaçait lui même en gardant son arme vers le mangemort. Quelque chose lui disait qu'il ne supporterait pas ce « traitement de faveur » bien longtemps, malgré qu'il n'en ait rien laissé paraître dans ses salutations affligées.

« Je disais justement à Monsieur Potter que les lieux n'étaient sûrs pour aucun de nous, par les temps qui couraient. On est jamais certains de ceux qui traînent aux alentours de Poudlard. »
Reprit Aïlin d'une voix douce et posée. Jouer avec deux masques en même temps, c'était ce à quoi il s'était décidé. Il savait que si Harry ne comprendrait pas, Torin saurait parfaitement interpréter ce qu'il disait. Au fond, même s'il n'arrivait pas à se faire à l'image que cela lui donnait de lui-même, il savait que son frère et lui utilisaient les mêmes fils de leur intelligence et qu'en ce domaine, ils pouvaient se montrer aussi accordés que les notes d'un piano, même si cela se jouait à quelques octaves près... l'un utilisant les gammes les plus funèbres tandis que l'autre tentait d'élever le ton vers les hauteurs propres aux figurations du coeur, mais qui n'en étaient pas moins puissantes...

« Mon frère... »

L'adolescent se tourna vers Aïlin. Serait-ce Ultan qui venait à eux? Instinctivement les doigts du sorcier se resserrèrent sur sa baguette et ses yeux se plissèrent pour essayer de mieux distinguer la haute silhouette qui s'avançait. Dans quoi venait-il de s'embarquer encore? Vu le malaise qui transparaissait chez son camarade, rien de bon. Néanmoins le Survivant fut soulagé de voir que ce n'était pas Ultan qui venaient à eux. Harry ne l'avait vu qu'une ou deux fois dans les couloirs mais on n'oubliait pas ce garçon musclé, conquérant, avec ce rideau noir tombant devant ses yeux qui le rendait si inaccessible...Si supérieur aux autres.

-Et?

Demanda le sorcier, désireux d'éclaircir la situation. Ne s'était-il pas trompé dans son interprétation? Oui le Serdaigle lui avait parut vraiment nerveux...Et cette hâte de partir tout à coup; coincident avec l'arrivée de ce frère... Tandis que juste avant le Bleu et Bronze l'invitait à rentrer au château rapidement. Cependant Le Gryffondor ne pouvait être certain de rien. Il ne connaissait pas Aïlin, sa façon d'exprimer le dégoût, la joie ou la peur or chacun avait sa manière bien à lui...Impossible de savoir vraiment de quoi il en retournait lorsque l'inconnu avait une attitude si ambïgue.

Le fameux frère arriva plus tôt qu'il ne l'aurait pensé, se campant devant eux sans façons, dominant de suite la situation....S'illuminant, s'épanouissant tel un halo de lumos puissant tandis que Aïlin s'éteignaitm s'effaçait semblait-il.

« Regarde toujours la personne à qui tu t'adresses. »

Sans même dire bonsoir le sorcier se dirigea vers son frère, ses prunelles d'acier transperçant la nuit et l'être de Harry d'un frisson; Il reçu en plein visage le Lumos heureusement tremblotant et doux. Discret mais visible, juste suffisant...Ni trop, ni pas assez... Le frère maîtrisait apparemment la situation du sébut jusqu'à la fin face à Aïlin, ce qui était un comble vu qu'il avait raté le début justement. Harry réagit au Lumos en baissant légèrement la tête. Les pupilles de ses yeux d'émeraude s'étrécirent, accueillant la faible lueur en leur sein; celle-ci se reflétait d'ailleurs sur le verre de ses lunettes rondes. Encore un peu surprit l'adolescent cilla des paupières une ou deux fois avant de s'adapter totalement et de reprendre sa position de défense. On ne savait-jamais...

« Ainsi nous nous voyons mieux. Bonsoir... »

Harry profita de l'hésitation du frère pour répondre à son tour, glissant un froid et méfiant

-Bonsoir

A son tour. Neutre sans ête méchant toutefois, ambigu... A prendre comme on voulait. Un bonsoir banal sans personnalité pour lui-même, ni attentionné, ni agressif. Délaissant quelques secondes la prudence pour préférer l'observation le Survivant se tourna vers Aïlin. Celui-ci jouait le rôle du petit frère parfaitement soumis mais ça Harry ne pouvait pas le savoir... Il songea que c'était réel... La discrétion du Serdaigle, son petit geste effacé et sa manière de recevoir les recommandations de l'aîné prodigue... Tout laissait à penser que Torin était un dominateur de première.

« ... Harry Potter. Torin Bower, j'ignorais que tu connaissais mon jeune frère. »

Une fois de plus le jeune sorcier n'eut ps à se présenter...Même en pleine nuit, sous la pluie battante qui commençait d'ailleurs à lui glacer les os...S'en devenait affligeant, démoralisant! D'ailleurs, son visage comme toujours, si expressif-trop bien souvent- et spontané vit naître au coin de ses lèvres un léger plis; indiquant son agacement furtif mais bel et bien là devant cette présentation à sens unique. Cela ne dura qu'un instant. Le Brun avait autre chose à penser.

« La vie est parfois si cruelle, mais tu es bien placé pour le savoir. Je te remercie d'avoir accompagné Ailin dans cette dure épreuve qu'est la perte de notre père bien aimé. »

-Pas mieux placé qu'un autre.

Murmura-t-il à l'attention des deux frères sans distinction; Les prenant tous deux pour des interlocuteurs égaux. Sa voix n'était pas fragile mais demeurait basse; peut-être un peu affaiblie à cause du froid qu'engendrait cette pluie...Et cette conversation qui faisait remonter en lui le souvenir du déchirement que provoquait la perte d'un être cher.

* Sirius*

Bien sûr, il y avait aussi ses parents, mais c'était différent. Triste à dire mais Harry ne les avait pour ainsi dire jamais connu...Et puis il avait un an lors de leur décès brutal. Ne restait d'eux qu'un amour rêvé n'ayant jamais pu exister, un traumatisme certain quand à la violence de leur mort et quelques livres d'histoire... Tandis que Sirius avait eut le temps de lui prodiguer affection et attention partagée avant de s'en aller tout aussi brutalement sous ses yeux. En ce moment, la définition de "père" revenait plus à son parrain. Oui la phrase de Torin était loin d'être fausse. Il avait perdu un autre père l'année dernière lui aussi et ce pour toujours. L'adolescent voulut se retourner pour voir la date de décès de Sir Bower mais la pluie gâchait tout. Il ne voyait plus bien les inscriptions sur les tombes les plus proches de lui pour dire...Et puis c'était sans compter son désir de ne pas quitter Torin du regard...Ainsi que Aïlin à l'occasion.

Soudain Harry songea aux remords éprouvés par le plus grand des deux frères. Ca ne lui était pas venu à l'esprit mais maintenant qu'il y songeait...Aïlin lui avait bien dit ça plus tôt

« Je venais voir mon père... Enfin, je dois dire sa tombe. Je sais qu'il était un mangemort, mais... Je ne suis pas ton ennemi. »

Un homme pouvait-il être bon au point d'être regretté malgré sa condition? C'est vrai que c'était quelqu'un de sa famille...Cependant Harry imaginait mal ce monstre revenir mettre les pieds sous la table, allant se laver les mains pleines de sang puis revenir embrasser tendrement ses enfants. Certains y arrivaient; Bower Senior était-il de ceux qui avaient cette double vie? Parvenant à tuer, à être cruel tout en réservant un amour digne d'être pleuré ensuite à ses enfants? Evidemment le Survivant haït des Mangemorts et leur rendant bien ce sentiment à cause d'un caractère totalement manichéen( voir tout blanc ou tout noir)-c'était d'ailleurs l'un de ses défauts principals- était mal placé pour croire en cela. Cette pensée, ce mécanisme de reflexions aboutissant à une situation illogique selon lui ne fit qu'affirmer ses soupçons.

Torin avait l'air vraiment triste, il jouait son rôle à merveille, Aïlin aussi et le brun n'y voyait que tu feu, tombant dans le panneau...Mais réagissant dans le sens contraire que ces deux là l'auraient voulu. Si ils aimaient un homme tel au point de voir couler de l'eau sur leur visage sans que cela soient des gouttes d'eau venues du ciel...Alors ils étaient comme eux! Car l'on ne pouvait pleurer selon Harry, que ceux de son camp. Lui-même s'était parfois senti coupable de la mort d'un ennemi mais n'avait jamais été triste pour lui, pour sa personne sinon pour ça...Ce fait d'avoir précipité lui-même ou laissé s'éteindre une vie qu'un autre avait rayé de la surface de la Terre. C'était dans son caractère d'être noble d'esprit au point d'essayer de sauver tout le monde sans distinction mais dès lors l'adolescent n'avait plus de pitié, ce n'était pas un ange....Mais un Lion justement et ce n'était pas pour rien !Sa violence à lui n'était en rien sous-entendu, implicite; elle était explosive et tout aussi dangereuse quand il s'y mettait...Pareil pour sa haine or en ce moment, Sir Bower voyait couler sur sa tombe un regard d'émeraude rempli de ce sentiment que Harry essayait toutefois de cacher....Il était bien heureux de porter des lunettes degoûlinantes de pluie, les verres mouillés brouillaient pour lui ce regard qu'il n'avait jamais su ou presque, le pauvre, faire mentir.

« Merci pour tout ce soucis, Torin. Mais à la vérité, nous venons toi comme moi tout juste de faire la connaissance de Monsieur Potter. »

-En effet, comme l'a dit Aïlin, nous ne nous connaissions pas.

Répondit-il brièvement. Harry n'avait jamais été bavard sauf lors de ses moments d'euphorie. A sa manière il avait lui aussi son halo-et pas des moindres- de mystère. C'était quelqu'un qui parlait peu de soi ou de ses expériences; préférant se servir de ses yeux si expressifs pour dire la vérité aux gens sans leur parler vraiment, pas avec les lèvres en tout cas. Essayant d'user de toutes sa perspicacité possible le sixième année chercha les mots à utiliser pour poser sa question, un peu comme si les phrases étaient comptées, qu'il n'avait le droit qu'à un certain quota.

-Et vous, vous vous étiez donné rendez-vous ou le hasard était bien éveillé ce soir? Décidé à réunir tout ce beau monde dont deux frères.

Le fait que A¨lin voulait à tout prix partir du cimetière après l'avoir rencontré, insistant pour l'accompagner et se dépêcher ne passait toujours pas aux yeux de Harry qui avait peut-être le défaut d'être impulsif, parfois manquant de subtilité, mais qui à ses heures pouvait être fin analisateur et surtout: perspicace, logique comme l'était un mathématicien qui calculait les probabilités pour évaluer le réalisme de la situation. Comme quoi il n'était pas si bête que le disaient les rumeurs bien que les deux Bower parvenaient à le berner parfaitement. Il pensait toujours que Aïlin ne cherchait jamais à maîtriser le jeu et qu'il était un gentil frère bien obéissant tandis que Torin était peiné par le décès de son père...On ne peut pas tout avoir ! Et puis il n'y avait pas besoin d'être stupide pour se laisser berner par ces deux-là...Ils excellaient dans ce genre de jeu, mais ça évidemment, le Survivant ne pouvait pas le savoir.

« Je pense que tu peux ranger ta baguette, Harry. Ça ne serait pas prudent d'utiliser la magie hors des remparts de Poudlard, et je crois qu'il n'y a plus d'inquiétudes à avoir à propos du bruit que nous avions entendu. »

-Bien entendu, pour Torin, il n' y a aucun souci

répéta Harry en un écho peut-être un peu ironiquem sardonique, mais à peine. C'est juste qu'il était moins doué dans le rôle d'acteur. Aïlin s'était contredit tout à l'heure et pour le plus grand bonheur du Brun qui n'allait pas s'en priver pour en profiter-Son côté Serpentard ça- pour tourner le tout à son avantage. Ainsi il pourrait garder sa baguette à la main.

« Je disais justement à Monsieur Potter que les lieux n'étaient sûrs pour aucun de nous, par les temps qui couraient. On est jamais certains de ceux qui traînent aux alentours de Poudlard. »

-Mais comme tu viens de le dire à l'instantFit-il en revenant à la charge, décidément bien rusé quand il se décidait à l'être.- Nous ne sommes sûrs de rien en cet endroit...En ces temps qui courrent justement. Mieux vaut donc garder sa baguette en main, prête à agir au cas où si quelqu'un de peu recommandable rôdait dans le coin. Non?
Bien entendu Harry ne se dirigeait pas spécialement envers Torin. Il était malin et analisateur mais pas à ce point. Bien que les soupçons soient très forts, Harry ne pouvait se permettre d'accuser sans même connaître l'aîné -et le cadet tant qu'on y était- qui pleurait son père mangemort et agissait de manière bien étrangem si mystérieuse, si...Froide? Non pas exactement puisque le décès de Sir Bower l'affectait.. humm une attitude distante alors? Bon suspecte ... Dirons-nous, Harry ne parvenait pas à mettre le doigt sur un mot pour décrire son pressentiment, mauvais si il recoupait les paroles d'Aïlin, ses faits et ceux de son frère. Pleurait-il Sir Bower en temps qu'allié perdu ou parce qu'un fils pouvait tout pardonner à son père? Et qu'en était-il d'Aïlin?

-Rentrons, c'est le mieux à faire. Il pleut à torrent et c'est plus prudent. -Et puis Nous avons fini ce que nous avions à faire.-Aïlin et ui en avaient convenu juste avant l'arrivée de Torin-Enfin. Si tu veux rester avec ton frère je rentrerai seul, ça ne fait rien.

La prudence? Pas vraiment son apanage mais bon cette fois, il préférait preuve de cette rare vertu afin de ne plus se mettre en danger...Lui et Aïlin si ce dernier était si différent de sa famille, pas uniquement de son père mais également d'Ultan et peut-être de Torin. En tout cas Harry avait proposé implicitement au Serdaigle de rentrer avec lui pour lui donner une chance. Si le grand frère ne voulait pas apparaître comme un ètre dangereux il ne pouvait pas décemment forcer Aïlin à rester....Suffisait que ce dernier s'affirme et dire que oui, lui aussi préférait rentrer, l'accompagner. Le Survivant passa une main dans ses cheeux alourdis par les chagrins du ciel, retirant les goutelettes trop envahissantes en glissant ses doigts dans sa chevelure d'ébène, profitant de cela pour essorer ses vêtements. Peu importait le sort de séchage ou de protection pour le mauvais temps...Ainsi sa silhouette restait plus ou moins floue au regard des deux autres et puis ce ne serait pas raisonnable...Le temps de détourner les yeux ainsi que son attention et le voilà prisonnier ou l'on ne savait quoi encore de Torin qui, jusqu'ici lu aparaissait comme Ultan....Dangereux.

-Oh et...La prochaine fois, appelez moi Harry...Monsieur Potter. Tss je n'ai pas 60 ans.

Un sourire fleura ses lèvres. Se pourrait-il que le Gryffondor soit un adepte de l'amour doucement, presque gentiment ironique? Peut-être...En tout cas son côté parfois Serpentard oui!

L'art de la potion consistait dans bien des cas à laisser mijoter patiemment les ingrédients tout en les surveillant d'un oeil attentif. Torin se débrouillait dans cette matière mais il n'avait jamais été pour autant vraiment « doué ». En revanche, si l'on prenait la potion comme métaphore pour ses victimes, le mangemort se montrait plutôt talentueux, laissant croire jusqu'à la fin qu'il restait une échappatoire pour finalement éteindre le doux feu de la vie, la potion se trouvant alors achevée. Et c'est cette méthode qu'il espérait mettre en pratique avec le jeune Potter, Ailin n'ayant pas intérêt à contrecarrer ses plans. Ce dernier se montrait d'ailleurs bien silencieux, ce qui aurait pu sembler agaçant si Torin n'avait pas eu un autre chat -un lion en l'occurrence- à fouetter.
Car le survivant quant à lui, en brave petit gaçon bien élevé, répondait à la salutation du plus grand des Bower. Il aurait été difficile de ne pas relever le ton prit qui se trouvait loin d'inspirer le respect et la sympathie. Non pas que le gryffondor se soit montré agressif en un simple « bonsoir »mais Torin avait sentit que la tache ne lui serait pas simplifiée. A croire qu'il n'inspirait pas la confiance... D'ailleurs, malgré la pluie battante et l'absence de lumière « naturelle », le mangemort avait brièvement distingué un petit rictus agacé sur le visage du survivant: ce dernier devait être à prendre avec des pincettes. Torin n'aimant pas les pincettes, il passerait au plan B dès qu'il se serait assuré qu'aucun auror n'était dans le coin.

Seulement, pour s'assurer de l'absence d'ennemis (ou de leur présence), il fallait monter patte blanche: et quel meilleur argument que le deuil pour étouffer les soupçons? En bon analyste, Torin remarqua le répondant de Potter, disant que personne n'était mieux placé que lui pour connaitre le deuil: désirait-il se faire plaindre ou était-ce une remarque personnelle, ou encore une confirmation? Le gamin avait plus de répartie que lorsqu'il s'était retrouvé coincé sur la tombe de Jedusor.

Puis Ailin répondit à son tour, signifiant par sa première phrase qu'il « collaborait » avec son ainé plutôt que de le trahir en remettant en doute son attention. Plus intéressant, il ajouta que Potter venait d'arriver et qu'il ne s'agissait pas d'un rendez vous. Mais que faisait le survivant dans ce cimetière? Le risque de traquenard était toujours omniprésent, au moindre signe, Torin utiliserait sa marque des ténèbres pour appeler le Lord.
Potter acquiesçait, demandant peu après si la venue de Torin avait été prévue. Le mangemort haussa les sourcils en direction du survivant, semblant étonné par la question. Il répondit donc assez fermement.

« Jusqu'à preuve du contraire, Ailin ne sait pas transplaner. »

Clair, net et précis. Pas besoin d'un dessin. Enfin, Ailin confirma sa « collaboration », disant à Potter de ranger sa baguette. Le jeune aigle apprenait vite, ce à moins que le fait de dire aux gens ce qu'ils désirent entendre ne soit une stratégie commune aux deux frères. Tout ce qui importait pour le moment c'est que Potter gagne confiance, ce qui aurait pu être le cas à en croire ses mots, mais il avait fallut que Ailin l'ouvre une fois de plus en parlant du danger omniprésent. Idiot de frère! Il savait parfaitement que le seul danger ici présent n'était autre que Torin, peut-être poussait-il trop la comédie, ou bien non, mais ils auraient une conversation une fois rentrés au manoir, ce qui n'était pas la préoccupation majeure du mangemort. Il passa donc l'éponge pour l'instant, n'écoutant qu'à moitié Potter et son tissus d'âneries: qu'il la garde sa baguette, il ne pouvait rien contre un mangemort.

« Tu as raison. Heureusement que je suis arrivé, qui sait sur qui tu aurais pu tomber en t'éloignant ainsi du Professeur Dumbledore? »

La potion mijotait. A moitié certes, mais elle mijoterait droit jusque dans l'antre du Seigneur des Ténèbres. Le temps que Potter continue de dégurgiter son amas de paroles inutiles, Torin appuya la pointe de sa baguette contre le creux de sa propre main, se lançant un sort d'imperméabilité: la pluie commençait à se faire agaçante... Tout comme le survivant qui -enfin- acheva sa tirade. Le mangemort regarda tour à tour les deux garçons, réfléchissant à une réponse appropriée.

« Je crois que c'est unanime. Je vous raccompagne à Poudlard. Les malheureux qui t'ont laissé sortir de l'école, Harry, doivent être réprimandés. »

Réponse et choix plus que stratégique. Ainsi plusieurs options allaient s'offrir au mangemort, le chemin lui laisserait le temps de réfléchir. En attendant, il tendit son bras vers le vieux portail, indiquant la route. Sa main libre vint de poser sur l'épaule de Ailin pour se resserrer dans la discrétion de l'obscurité. Une manière comme une autre de lui faire comprende qu'il avait tout intérêt pour cette fois de ne pas ruiner les plans du mangemort.
Plans qui n'étaient pas encore bien définis. Il demeurai impossible de savoir si quelques aurors rodaient dans le secteur. Puis même, le risque de compromettre une couverture qui était si chère au jeune mangemort était trop élevé. L'idée que bientôt, en ramenant Potter au Lord afin qu'il le tue par exemple, il n'aurait plus à cacher sa réelle identité, lui semblait étrange. Car son masque était, au-delà de son outil de travail, son jouet favori: jouer avec les faibles, les innocents et les personnes naïves était bien plus drôle lorsqu'ils ignoraient à qui ils avaient à faire. L'anonymat était très important pour Torin.

Il était certes avide de pouvoir et de ténèbres, fidèle aux idées mangemort mais... Justement, tout ce sur quoi il avait bâtit sa personnalité était désormais en péril. Mais pourquoi « désormais »? Eh bien, maintenant qu'il avait enfin gagné en grade, qu'il se trouvait être le maître de la maison Bower, toutes les portes semblaient s'ouvrir face à lui. Il était même en phase de devenir membre du Magenmagot, l'art de mener une double vie n'avait plus de secret pour lui et c'est en ce fait qu'il se sentait puissant, invincible. L'étoffe même d'un mage noir qui se tissait peu à peux sur le jeune homme. Et c'est en ça que le problème venait à se poser. Si Potter mourrait, si les mangemorts n'avaient plus à se cacher, si Voldemort devenait le maître incontesté de ce monde? Torin deviendrait certes l'une des personnes les plus influentes. Mais il ne serait pas -et bien loin de l'être même- le plus puissant, le plus craint, le plus respecté, le Seigneur. Et n'était-ce pas au fond sa réelle ambition? Son désir le plus cher?

Pourquoi fallait-il que ces idées ressurgissent maintenant? Certainement parce qu'il tenait entre ses doigts la vie de Potter, et telle une Parque, d'un simple coup de ciseau, le survivant perdrait son titre. C'était tout du moins ce qu'il croyait. Et cette simple sensation de puissance, d'avoir en sa possession l'objet de tous le désirs du Lord, cela suffisait à engendrer une profonde remise en question: raison pour laquelle le gryffondor héritait pour le moment d'un grand traitement de faveur.
Mais en réalité, Torin ne pouvait pas changer du jour au lendemain ses objectifs: vaincre le Lord et devenir Maître à sa place? Cela semblait absurde, bien qu'il ne puisse s'empêcher d'y songer. Le balafré l'avait déjà « tué » une fois, donc peu importe qu'il le fasse croire, Voldemort n'était peut-être pas complètement invincible.

Mais pour l'heure, Torin paierai de sa vie si le Lord apprenait quels étaient ses désirs les plus intimes, mais aussi s'il apprenait que le jeune mangemort avait laissé fuir Potter sans le lui ramener. Il n'avait donc pas le choix. Mais par curiosité, relâchant par la même occasion l'épaule de Ailin, l'ainé des Bower posa à Harry une question qui, elle au moins, semblait sincère et intéressée.

« Alors comme ça Harry, c'est toi qui a pour mission d'achever le Seigneur des Ténèbres? »

Torin jeta un bref coup d'oeil à Ailin pour l'inciter à ne pas se mêler à la question, a ne rien dire et à ne pas détourner la conversation. Le mangemort voulait juste une réponse. Mais quelle qu'elle soit, il n'aurait pas d'autre solution que de livrer le survivant au Lord. Il posa donc discrètement sa main droite sur son poignet gauche, révélant une superbe montre d'argent. Montre qui lui servait de supercherie pour faire croire à ses proies qu'il regardait simplement l'heure, lorsqu'il s'apprêtait en réalité à utiliser sa marque des ténèbres afin d'appeler le Lord.

Si Potter n'avait pas saisit la raison pour laquelle Aïlin lui avait conseillé de ranger sa baguette, Aïlin avait meilleur espoir sur la compréhension de son frère quant au double sens qu'il avait laissé plané dans ses propos. Les aurors veillaient au grain aux alentours de Poudlard, il le savait pour les avoir vu sans qu'eux puissent les voir alors qu'il avait tenté, peine perdue, de sortir illégalement de l'école de Sorcellerie. Parler du danger du rôdait avait signifié clairement « attention aux aurors » et en tournant les yeux vers son aîné, le Serdaigle avait appuyé un regard qui se voulait significatif, sans oser l'être trop pour autant : il ne voulait pas que le Survivant l'interprète d'une quelconque manière.
Déjà qu'Harry éprouvait une nette suspicion vis-à-vis du frère d'Aïlin et à raison, compte tenu de l'empressement qu'avait eu ce dernier à vouloir l'éloigner du cimetière. Il posa d'ailleurs une question, qui parut aussi stupide à Aïlin qu'à Torin apparemment, car le premier n'eut pas le temps de répondre que le second s'en chargea sur un ton clair, qui ne demandait pas de précisions. Effectivement, Aïlin était du haut de ses tout juste seize ans encore à un an du permis de transplaner... et de la majorité. Un an à tenir sa couverture, avant d'échapper « définitivement » (du moins l'espérait-il) à la tutelle de Torin.

« En effet, j'ai obtenu la permission du directeur Dumbledore pour quitter un week-end l'établissement. »
Précisa-t-il rapidement, pour éclairer Harry sur leur présence et lui éviter de poser d'autres questions qui auraient certainement agacé la patience fragile du jeune maître de la demeure Bower. Ses yeux tirant vers le gris à cause de la pénombre et de la pluie se tournaient fréquemment, mais avec toute la discrétion du monde en direction de ce dernier, d'ailleurs. A travers les iris quasiment indiscernables de son frère, le Bleu et Bronze cherchait à trouver un indice sur ce qui se tramait au delà des globes impénétrables. Harry, quant à lui, s'éloignait, cherchant définitivement à quitter la dernière ère de repos des âmes qui se terraient autour d'eux, proposant par la même occasion au plus jeune des Bower de l'accompagner. Oh non, pensa-t-il, ne nous avançons pas dans ce terrain là, la proposition était trop tentante, non pas pour lui mais pour le mangemort qui se tenait là. Et en effet, ce dernier saisit avec habileté la perche qui venait de lui être tendue pour prendre la décision de raccompagner les deux adolescents. Cela lui laisserait du temps devant lui pour que sa grande intelligence parvienne à trouver la meilleure solution à employer pour ne pas laisser filer le Gryffondor. Le filet commençait déjà à se refermer, il n'aurait bientôt plus qu'à resserrer le nœud et ils seraient pris au piège... Lui-même, Aïlin, avec. Comme pour illustrer ses pensées, la main de son frère se posa sur son épaule, le contraignant à suivre avec lui le chemin qui prenait Potter. Aïlin bloqua une expiration contrariée dans sa poitrine et prit le pas sur Harry et Torin, toujours aussi peu soucieux de la pluie qui dégoulinait le long de ses cheveux noirs et de sa nuque en le chatouillant désagréablement. Cette maudite bruine était le dernier de ses soucis. Heureusement, Torin n'était pas le seul à avoir l'esprit éveillé en cet instant. La route lui permettrait, à lui aussi, de trouver une porte de sortie pour échapper au funèbre destin qui risquait de se présenter au bout du chemin...

Sans prendre la peine de répondre à Harry à propos de sa manière de l'appeler que sa bonne éducation rendait, lorsqu'elle concernait un jeune homme de seize ans, un peu étonnante, Aïlin leva les yeux en direction du ciel noir où les nuages cachaient une grande partie des étoiles. Seules quelques résistantes parvenaient à percer la noirceur de leur douce lumière, entre deux gros nuages bleuâtres. Le silence était seulement perturbé par le bruit sourd de leur pas sur les pavés, le froissement léger de leur cape et le bruissement de la pluie devenue fine. La voix de l'apprenti mage noir brisa cependant cette triste mélodie, tandis que l'esprit du jeune Bower restait comme paralysé, atrophié par l'urgence de la situation et la délicatesse des manœuvres qui lui seraient nécessaires pour se délivrer de ce mauvais pas. Son esprit analytique était plus efficace quand le temps lui était offert. Les solutions d'urgence n'étaient pas celles sur lesquelles il parvenait à mettre le plus facilement la main dessus, sûrement parce que cela ne lui avait encore jamais été nécessaire. Mais la question soit-disant anodine de son tuteur trouva une réponse dans la réflexion du jeune homme. Il sentit sur lui le regard de son frère, auquel il répondit par une œillade dénuée d'expression et laissa quelques secondes s'écouler, sûrement pour attendre la réponse de Harry. Seul un sourire un brin sceptique était apparut sur ses lèvres. Mais, quand le mangemort releva sa manche droite pour observer la somptueuse montre qui ornait son poignet comme si, comme le commun des mortels l'aurait fait à la nuit tombée en se sachant dans une situation d'insécurité, il regardait l'heure, une étrange prémonition le poussa à dédaigner l'ordre implicite que les yeux de son frère lui avaient sommé de respecter.

« Quoi qu'il en soit, nous n'aurons certainement pas à craindre ce genre de scénario ce soir, les aurors sont partout dans les environs. Aussi bien à l'intérieur de Poudlard qu'à l'extérieur, d'après ce que j'ai vu. »
Déclara-t-il d'une voix légère, presque rigolarde. Il trouva que cette affirmation claironnante sonnait étrangement face à la situation à laquelle ils se trouvaient, qu'elle avait quelque chose qui ne lui était pas naturelle. Il réalisa qu'il n'avait jamais poussé la comédie à employer ce genre de tons devant Torin, ce encore moins de façon naturelle, comme s'il riait à une bonne blague de son aîné.
« Je suis désolé, Torin. J'ai cherché à emprunter les manières illégales avant de vous contacter toi et Dumbledore pour obtenir l'autorisation de me rendre sur la tombe de notre père... C'était stupide, il y a déjà bien assez eu de dégâts dans notre famille pour s'essayer à quelques péripéties ainsi, seul. »

Aïlin était talentueux, en une déclaration proféré sur un ton d'excuses sincères, il avait tout dit. Il venait non seulement de prévenir son frère sur l'invisible présence des aurors et autres membres de la brigade magique, mais il avait en plus appuyé la véracité de ses dires tout en lui conseillant, l'air de rien, de ne pas prendre de risques dont l'aboutissement risquait de se finir en désastre.
Une réflexion lui vint, quand il se rappela sans le faire exprès de la brûlure qu'il avait ressentit sur son bras lorsque le Rouge et Or l'avait touché. La même chose arriverait-elle, si Torin tentait d'élever sa magie à l'encontre de Harry ? À un degré supérieur ? Le visage d'Aïlin se ferma, tandis qu'il se plongeait dans les réflexions qu'avaient engendré cette pensée. Il aurait put également en avertir Torin de sorte à le dissuader définitivement de passer à l'action, si jamais le mangemort y avait pensé (et il doutait sérieusement que ce fut l'inverse, l'occasion était trop belle et il était certain que l'aîné Bower n'estimait pas son frère comme un témoin, quand bien même un témoin aurait put changer la donne), mais il ignorait comment formuler cela. Qui plus est, il ne pouvait parler par signe à leur « accompagnateur » sans avertir par la même occasion Harry. Il se contenta par réflexe de poser une main sur son épaule là où le contact c'était fait, comme pour mieux se remémorer l'instant.
Et puis, qui savait ce qu'avait été cette décharge à la vérité... Ça avait eu tout l'air d'être une forme de protection, la sorcellerie ne se manifestant jamais au hasard, mais il ne pouvait en être certain.

[HJ: me pardonnerez-vous ce retard aussi impardonnable qu'un sort impardonnable ? Sad

]

« Je crois que c'est unanime. Je vous raccompagne à Poudlard. Les malheureux qui t'ont laissé sortir de l'école, Harry, doivent être réprimandés. »

L'adolescent tourna à peine le regard, ne désirant pas s'attacher à la silhouette de Torin, qui, pour tout dire ne lui inspirait aucune confiance. Sa soudaine apparition, sans même avoir rendez-vous avec son frère lui paraissait vraiment trop étrange. Que Harry tombe sur Aïlin par hasard était déjà suspect; mais bon il n'allait pas non plus s'accuser lui-même de choses illicites; il s'agissait d'une simple coïncidence entre deux personnes qui n'avaient rien à voir... Cependant Torin avait beaucoup à voir avec le Serdaigle: c'était son frère et le plus jeune paraissait d'ailleurs très-trop-soumis. Le Survivant qui ne faisait jamais dans le gris voyait plutôt noir pour le plus vieux des deux; doutant encore en ce qui concernait Aïlinn... Et cette manie qu'avait Torin à parler en leur nom: " Je crois que c'est unanime", à le traiter comme un enfant: " Les malheureux qui t'ont laissé sortir de l'école, Harry, doivent être réprimandés" ne jouait pas faveur. Le jeune sorcier fronça les sourcils, stoppant ses pas tout à coup. Bien décidé à être enfin seul sans garde du corps... Sans compter que torin lui semblait plus inquiétant que rassurant. Il n'avait pas du tout l'apanage d'un gentil garçon; il n'y avait qu'à voir l'expression figée de son frère à l'arrivée de ce dernier, son désir de se cacher sans compter l'attitude vraiment autoritaire de Torin.

-Je ne crois pas que ce soit unanime, non. -L'adolescent jeta un coup d'oeil sévère par-dessus ses lunettes rondes; le fait est qu'il se sentait bien plus en sécurité seul qu'accompagné de Torin et d'Aïlinn qui paraissaient un peu trop bien s'entendre selon lui; exactement comme deux complices.- Je ne suis plus un gamin de 12 ans; Je ne te connais pas et pour être sincère je ne me sens pas en sécurité avec les inconnus. Ce n'est pas contre toi mais c'est comme ça. Ainsi je préfère rentrer seul! J'ai besoin d'être un peu tranquille.

L'adolescent mit sa main dans sa poche quelques instants pour toucher le tissu soyeux de sa cape invisible; il se sentait bien mieux avec qu'elle qu'avec la pseudo protection de Torin et de son frère qui suivait comme un petit chienchien un peu trop obéissant à son goût... Comme si exposer son avis pourrait lui coûter beaucoup. Le jeune sorcier n'avait plus de parents et il n'avait pas du tout envie que quelqu'un s'improvise père, lui ordonnant subtilement qu'il n'avait pas le joie et devait être raccompagné.

« Alors comme ça Harry, c'est toi qui a pour mission d'achever le Seigneur des Ténèbres? »

L'interessé tourna les yeux vers Torin qui semblait regarder l'heure au lieu de le fixer comme on le faisait normalement lorsqu'on discutait avec un interlocuteur. La montre était très belle et Harry laissa ses yeux la détailler un instant; ne se doutant pas une minute de la supercherie... C'était un garçon très rusé et intuitif à ses heures mais il ne fallait pas exagérer. La seule raison pour laquelle le Survivant se raidit donc était à cause de la question. Ce Torin paraissait bien sûr de lui dans cette question plus réthorique qu'autre chose... Saurait-il quelque chose sur la prophétie ou parlait-il juste au nom des rumeurs nombreuses qui circulaient évidemment sur son statut de "sauveur du monde"? L'adolescent se sentait rassuré que Torin ne le regarde pas directement et s'intéresse plutôt à sa montre-douce ironie n'est-il pas?- A défaut d'être poli ça avait au moins l'avantage de ne pas devoir subir le regard perçant du sorcier sur sa personne.

« Quoi qu'il en soit, nous n'aurons certainement pas à craindre ce genre de scénario ce soir, les aurors sont partout dans les environs. Aussi bien à l'intérieur de Poudlard qu'à l'extérieur, d'après ce que j'ai vu. »

-Raison de plus pour ne pas s'inquiéter. Je rentrerai donc seul; il n'y a aucun souci à se faire Monsieur Bower

Fit le Gryffondor, profitant des paroles pour Aïlinn afin d'appuyer ses dires et la volonté qu'il avait de rentrer tranquillement sans personne pour le suivre. Surtout que l'adolescent n'avait pas eu l'autorisation de sortie alors forcément... Même si Torin n'était pas un danger, il n'avait pas envie de se faire repérer. La punition serait sans doute exemplaire afin de lui faire passer le désir de se promener. Dans tout ça le pire c'était que le Survivant n'avait pas pu trouver la tombe de ses parents... Godric Hallow's n'était donc pas ici, il avait oublié de regarder sur la carte... Mais tout humain n'est pas infaillible n'est-ce pas? Surtout un jeune de 16 ans impatient et nerveux; dont les parents sont tellement fameux qu'il croit en toute logique que le cimetière le plus proche abrite la tombe de ces derniers.

« Je suis désolé, Torin. J'ai cherché à emprunter les manières illégales avant de vous contacter toi et Dumbledore pour obtenir l'autorisation de me rendre sur la tombe de notre père... C'était stupide, il y a déjà bien assez eu de dégâts dans notre famille pour s'essayer à quelques péripéties ainsi, seul. »

Voila l'heure des excuses... Harry crut évidemment qu'elles étaient vraies tant le jeu d'acteur était bon. Il y trouva une fois de plus, une raison pour échapper à ses deux nounous. Haussant les épaules et pestant intérieurement contre ses 16 ans qui l'empêchaient de se servir de la magie sauf pour ultime défense le sorcier essuya de son mieux ses lunettes mais c'était peine perdue... Il était trempé jusqu'aux os! Le sorcier avait aussi hâte d'apprendre à transplaner... Ca serait tellement plus facile pour rentrer à Poudlard: Bon pas directement vu la protection mise en place mais au moins s'avancer un peu sur le chemin et échapper à Aïlinn et surtout Torin qui commençait à lui courir sur les nerfs.

-Je vais vous laisser en famille; ça vaut mieux. Aïlinn enchanté de t'avoir connu. On se reverra au château... Allez; Au revoir.

Fit l'adolescent en jetant un dernier coup d'oeil au plus âgé des deux frères. Prétendant laisser leur intimité aux deux sorciers; Harry s'éloigna doucement, toutefois attentif à ce qui se passait dans son dos sans trop savoir pourquoi... Espérant que Torin essayait toujours de décrypter l'heure sur sa belle montre-tâche rendue compliquée à cause de la pluie- au lieu de le regarder avec ses yeux gris acier... D'une couleur aussi rare que l'émeraude de son regard mais bien plus froid et inquiétant. Il n'avait pas encore totalement catalogué le grand frère chez les méchants mais s'en méfiait vraiment... Tout dans son comportement était louche et de toutes façons; Harry n'était pas du genre à voir les choses en gris... Tout était noir ou blanc; pour l'instant Torin n'avait pas la bonne couleur d'esprit et pour cela le Survivant était prêt à réagir, sa baguette dans les mains. Quitte à faire de la magie alors que c'était interdit, il voulait être capable de se défendre...Même si le fait que plein d'Aurors soient présents le rassurait assez.

Les aurors, les aurors... Oui, il y avait des aurors, cela, Torin le savait et il encourait pourtant le risque, mais Ailin persistait en le prévenant une énième fois. Là, sa couverture serait brisée: qu'est ce qu'une personne innocente aurait eu à craindre des aurors? Insister sur la question n'arrangerai pas la situation. Au moins, le plus jeune des Bower se rattrapa en expliquant qu'il n'avait point eu d'autre solution que de demander une autorisation de sortie. Fallait-il encore espérer que cela suffise à dissiper les craintes du jeune Potter. Le mangemort lança donc un regard noir sur son frère avant de reporter son attention vers le survivant. Ce dernier lui répondit d'ailleurs à propos de sa décision de les raccompagner. Monseigneur sa Sainteté Harry Potter le Survivant protestait, tutoyant par la même occasion Torin. Quel infâme culotté ce gamin. Il ne méritait décidément rien de plus que de mourir dans les pires souffrances, lui qui avait occasionné bien trop de problèmes depuis qu'il avait vu le jour.

Torin du retenir sa haine pour continuer de paraître un minimum innocent -si cela s'avérait encore possible. Il allait passer à l'action, oui, il allait le faire avant que Potter ne s'échappe. Mais pour cela il devait compter sur le soutient de Ailin, ce dernier devrait convaincre l'idiot de Gryffondor de ne pas s'aventurer seul dans la nuit. Hum, ça aurait été trop demander, aussi fit-il signe à son frère de le suivre lorsque Potter annonça son départ.
Le mangemort n'avait pas émit un seul mot, ni à Ailin car il n'y avait rien à commenter, si ce n'est quelques remontrances sur cette fausse paranoïa, ni à Potter car il aurait tout le temps de l'insulter lorsqu'il l'aurait capturé. Le Seigneur de Ténèbres serait aux anges et, à défaut de pouvoir se hisser à l'échelon le plus élevé de la hiérarchie, Torin atteindrait certainement la place de second. Vu le désir presque incompréhensible tant il était fort d'obtenir la tête du gamin, le Lord récompenserait hautement celui qui le lui rapporterai.

« Attends! »

Potter commençait à s'éloigner, il fallait qu'il trouve quelque chose pour le stopper. Il fit donc mine d'avoir quelque chose à lui demander puis s'avança d'un pas rapide pour le rattraper. Pendant ce temps, sa main se glissa à l'intérieur de sa manche, au-delà de la magnifique montre. Lorsqu'il ne fut plus qu'à un mètre de Harry, se doigts ne se trouvaient plus qu'à quelques millimètres de la marque de ténèbres. Seulement, deux craquements se firent entendre, l'interrompant. Les autres mangemorts étaient-ils déjà prévenus? Car il s'agissait bien là du son typique lié au transplanage.

Mais non. Deux hommes à l'allure aguerrie venaient d'apparaitre à côté du trio. Torin ne les connaissait pas. Tout du moins pas dans le bon sens: aucun des deux n'étaient mangemort, pas à sa mémoire. Cela signifiait-il que... Ailin n'exagérait pas et ne tentait pas de protéger Potter? Ses avertissements étaient-ils bien fondés? Il faut croire que oui, les deux nouveaux arrivants pouvaient très bien être des aurors. Et Torin gardait un souvenir amer de sa dernière rencontre avec l'un des représentants de la fonction. D'ailleurs, l'un d'entre eux s'avança jusqu'au survivant. Regardant alternativement les deux élèves et le mangemort.

« Ah t'es là Harry, on te cherchait partout! Bon, hum. Vous faites quoi ici au juste? »

La question était directe, mais avant toute autre réponse, Torin prit la parole pour répondre.

« Messieurs. Je comptais reconduire le jeune Potter à Poudlard, il ne semble pas avoir d'autorisation de sortie, contrairement à mon frère. »

Torin désigna Ailin. L'autre auror jusque alors muet sortit un badge représentatif de sa fonction, avant de prendre la parole à son tour.

« C'est gentil, mais on va s'en occuper, vous savez par les temps qui courent... Bref, bonne soirée. »

Le message était très bien passé et Torin n'était pas en mesure de riposter contre deux aurors. La haine. S'il avait agit avant, il aurait pu capturer le survivant. Mais non, il était désormais trop tard. Il esquissa donc un sourire faussement reconnaissant aux deux hommes, puis lança un regars resque sympathique à Harry.
Il vint ensuite poser sa main sur l'épaule de Ailin, s'apprétant à transplaner avec son frère.

« Bonne soirée... »

[HJ: désolée, le post est minable mais j'avais pas d'inspi et en plus j'suis nulle pour les clotures. Bref, c'est fini pour moi ici!]

« Attends! »

Aïlin ne réagissait pas alors que son frère se faisait de plus en plus collant. Si bien que même si Torin était un véritable ange ne voulant que l'aider; Harry ne pourrait guère le supporter plus longtemps. Qu'avec donc ce garçon le connaissant à peine à vouloir à tout prix le protéger, corps et âme... Lui parlant, le suivant comme s'ils étaient de vieux amis et que l'un d'eux mettait tout son coeur pour empêcher l'autre de faire une bêtise. Cela le rendait plus louche que jamais et le Survivant souhaitait s'éloigner le plus possible, le plus rapidemment surtout; sans compter que du côté "Poudlardien" de la chose, l'adolescent n'avait pas le droit d'être ici. Avec tout ça il allait se faire remarquer et se prendre la retenue de sa vie.

« Ah t'es là Harry, on te cherchait partout! Bon, hum. Vous faites quoi ici au juste? »

La poisse tiens! Un auror venait de débarquer... Bon ils avaient du voir que le sorcier avait quitté son lit et avaient aussitôt employés les grands moyens. Le Survivant roula des yeux, poussant un discret soupir... Décidément, personne n'avait songé à la solution " le laisser tranquille" aujourd'hui. L'auror n'avait même pas l'air fâché; un peu perdu vu sa tournure de phrase presque amusante tant elle semblait anodine. Il se reprit en raclant sa gorge façon Ombrage, c'est à dire avec un "hum" sonore voulant rendre son timbre de voix plus sévère par la suite. Impossible de placer un mot puisque l'aîné des deux frères s'exprima pour lui.

*Non, mais je sais parler hein...*

« Messieurs. Je comptais reconduire le jeune Potter à Poudlard, il ne semble pas avoir d'autorisation de sortie, contrairement à mon frère. »

Ah oui, on protégeait son frère et on l'enfonçait, très aimable ça! Pour qui se prenait Torin au juste? Un saint sauveur des âmes insoumises et inconscientes qui se promenaient sans autorisation? Le brun profita de l'échange qui le concernait mais au sein duquel il n'avait pas le droit d'intervenir visiblement pour essuyer, ou plutôt tenter, d'essuyer ses lunettes; les reposant aussi mouillées qu'avant au final. Au lieu de discuter gentiment, l'auror ferait mieux de lui lancer le fameux sort d'imperméabilité tiens. D'accord, Harry n'avait pas des pensées très aimables présentement; mais au fond il fallait le comprendre... L'adolescent s'en voulait de ne pas avoir regarder une stupide carte avant de foncer ici, persuadé qu'il s'agissait de Godric Hallow's. Sa colère contre sa propre personne était immense; sans compter la déception de ne pas voir la tombe de ses parents. Alors si en plus, on lui collait un jeune garçon douteux flanqué de son frère si obéissant ainsi qu'un auror un peu pommé... Sans parler de la retenue qu'il risquait; on pouvait peut-être comprendre pourquoi l'esprit du Survivant était si sombre en cet instant.

« C'est gentil, mais on va s'en occuper, vous savez par les temps qui courent... Bref, bonne soirée. »

* je suis là... Inutile de parler de moi comme si j'étais absent!*

Cependant, trop fatigué par les événements, il ne lui vint pas à l'idée de râler. Se rangeant même docilement du côté de l'Auror, méfiant envers Torin le "Juste" le jeune sorcier jeta un regard morne et surtout mouillé à Aïlin que la pluie empêchait d'être totalement visible. C'est sûr, planqué derrière son cher frère si autoritaire...

« Bonne soirée... »

Au regard sympathique de Torin, n'ayant toujours pas fixé son jugement; le jeune sorcier préféra détourner ses yeux d'émeraude, lançant un simple

-Bonne nuit

Au jeune Serdaigle et à celui qui avait voulu le tuer ou le protéger; deux extrêmes que le Survivant ne parvenait pas encore à définir. Préférant pour cela suivre gentiment l'auror tout en étant mécontent de la tournure des événements; le sorcier se tourna vers le nouvel arrivé qui avait apparemment débloqué la situation de fuite d'Harry et d'insistance de Torin à son égard. Il pleuvait encore et le brun se sentait lourd à cause de ses vêtements imbibés d'eau, il avait très froid et hâte de rentrer au château quand bien même une retenue l'attendait... A moins que l'auror ne se décide à le couvrir et à dire qu'Harry avait été appelé à l'Ordre du Phénix. Tiens, voilà, le jeune Gryffondor savait quoi faire maintenant... S'intéresser au cas de celui qui venait de le récupérer et tout faire pour ne pas être puni. Oui Harry était un peu Serpentard sur les bords mais ça on le savait déjà... Et puis bon, il fallait faire ce qu'il fallait faire en temps et en heures pour sauver sa peau avant de se faire dévorer tout cru dans ce monde. Le Survivant avait assez d'ennuis comme ça pour avoir d'autres retenues! Discuter avec l'homme lui paraissait être une bonne idée; ce dernier avait l'air receptif, il suffirait de lui expliquer le tout en enjolivant un peu et en ayant l'air vraiment abattu... Ce qui n'était pas trop difficile vu le déluge qui tombait présentement sur eux, le faisant grelotter de froid.

Harry jeta un dernier coup d'oeil derrière avant de sentir la sensation habituelle de légère ivresse et de perdition lorsqu'on transplanait. L'auror soucieux de bien faire son travail n'avait pas perdu de temps à les faire transplaner jusqu'aux portes du château...

[HJ: terminé pour moi; c'était un chouette RP, on remet ça quand vous voulez ]