Etrangement, William sentait que le cours de potions, sans le redoutable professeur Rogue, serait beaucoup plus intéressant. L'ancien maître des potions avait en effet le don pour paralyser le rouquin... Mais désormais, c'est en Défense contre les forces du Mal que le préfet devait subir l'enseignement de Rogue. En potions, le professeur serait un vieux bonhomme ventripotent, que William avait vu le soir du festin et qu'il n'avait plus vu, ensuite, qu'à la table des professeurs... à croire qu'il passait sa vie à manger. Vu l'énorme panse qu'il trimballait, c'était d'ailleurs bien possible.
Le préfet des Lions avait abandonné le cours de duels, pour mieux se consacrer à ses deux autres options ; il n'avait donc pas cours avant le cours commun de potions mis le jeudi en fin d'après-midi. Il avait passé son temps libre à la bibliothèque, à essayer d'avancer une traduction de runes qui lui donnait du fil à retordre ; rien à faire, cette année, il fallait qu'il décroche de meilleurs résultats que l'année précédente. Il faut dire que sa troisième année n'avait pas été de tout repos et que, surtout vers la fin, il avait un peu délaissé ses études au profit d'activités moins scolaires.
A quatre heures moins le quart, il ferma d'un coup sec son manuel de runes et quitta la bibliothèque pour prendre un peu l'air avant les potions. D'après ce qu'on disait, Slughorn était d'un abord facile, mais il avait ses têtes- et même ses chouchous. C'était du moins ce qu'avaient raconté ceux qui avaient déjà eu cours avec lui. William songea qu'il n'avait guère de chances de faire partie de ces élus ; pas de sorcier célèbre dans sa famille, pas d'ancien élève brillant du maître des potions, rien qui puisse lui valoir l'attention de Slughorn.
Personne n'était encore arrivé quand le rouquin se présenta devant la porte du cachot. L'imposant Slughorn surveillait l'entrée, visiblement impatient. Après un instant d'hésitation, William entra et sa voix résonna bizarrement dans la pièce voûtée :

-Bonjour, monsieur.

Il se choisit une place au troisième rang- vieux réflexe de Gryffondor : toujours se tenir loin du bureau en potions, qui persistait avec le nouvel enseignant- et jeta un vague regard au chaudron posé dessus. Un quart de seconde, guère plus, et il ouvrit son sac pour sortir ses affaires. Le manuel, un parchemin, et sa trousse contenant la plume flambant neuve qu'il s'était offerte sur le Chemin de Traverse. Il fallait bien un petit cadeau pour accompagner les bonnes résolutions qu'il avait prises pour cette année scolaire.

Ne plus avoir Rogue en potions avait été la meilleure surprise de ce début d’année pour Mariana. Cela voulait dire qu’elle allait pouvoir enfin se concentrer, ne pas trembler sur sa potion, et surtout éviter de détruire tout le matériel. Car c’était clair que, dans son esprit, il ne pouvait exister pire professeur que Rogue en personne. N’êtes-vous pas d’accord ? C’est donc ravi que Mariana arriva en cours de Potions, cours qu’elle avait en commun avec les troisièmes années. Encore mieux, elle verrait sans doute Lucy. Les deux jeunes filles n’avaient plus trop l’occasion de se voir et chaque moment était bon à prendre. C’est donc tout sourire qu’elle passa la porte. Le Professeur Slughorn était déjà là, ainsi que quelques élèves. Ni trop en retard, ni trop en avance donc. La jeune fille salua son nouveau professeur de Potions d’un « Bonjour Monsieur » distinct avant de chercher une table où s’asseoir. Son regard se posa sur Ashley, Ashley qu’elle n’avait pas revu depuis des années lui semblait-il. La Poufsouffle était déjà assise à côté de William, le Préfet des Gryffondor, mais que cela ne tienne. De toute façon elle ne connaissait personne d’autre. La rouge et or se dirigea donc vers son amie et William, les saluant tous deux d’un sourire et d’un :

- Salut William ! Contente de te revoir enfin Ash …

Mariana s’assit donc, en tout logique, derrière Ashley et William, au quatrième rang. Elle était seule, pour l’instant. Il n’y avait qu’à attendre que Lucy arrive, ce qui ne devrait pas tarder. Son amie ne manquait aucun cours, en bonne Serdaigle qu’elle était. Elle travaillait trop, tout ça pour que la coupe soit bleue. Qu’elle fasse donc, de toute façon la coupe serait rouge. Mariana avait même décidé de participer plus pour faire gagner des points à sa maison. Dans la mesure du possible étant donné ses capacités limitées en matière de cours. Néanmoins, elle aimait bien les Potions et s’il n’y avait pas Rogue pour la traumatiser, elle était à peu près sûre de réussir quelque chose de pas trop raté. Peut-être même qu’elle parviendrait à avoir une note moyenne, pour la première fois de sa vie en potions. Enlever ce poste au professeur Rogue était la meilleure chose que Dumbledore n’ai jamais faite de sa vie. Bon, lui donner le poste de DCFM était une connerie monumentale. Mais cela équilibrait à peu près la balance.

La rouge et or sorti son manuel de potions, une plume, et un bout de parchemin neuf qu’elle posa sur la table. Elle avait hâte que Lucy arrive, que le cours commence, et qu’il finisse. Bah oui, faut pas en demander trop à Mariana. Assister à un cours avec le sourire, certes, aimer ce cours, non. Il n’y avait pas marqué Serdaigle sur son front.

Une procession intéressante entra dans le cachot. L’anonymat frustrant de ses premières et deuxièmes années étaient loin. Il lui sembla reconnaître le petit William Craig sous les traits du roux qui fut le premier à le saluer. En tant que professeur, Slughorn ne devait pas encourager le désordre qu’il avait pu causer l’année passée, mais le garçon en avait tiré une certaine notoriété, et la célébrité l’attirait autant qu’un papillon la lumière. On le disait plutôt brillant, et il fallait, à n’en pas douter, procéder une bonne part d’ingéniosité pour gêner la stupide Dolores Ombrage. Dire que Fudge l’avait préféré à l’un de ses élèves pour le poste de sous secrétaire ! Il salua le jeune garçon, s’attarda avec intérêt sur son visage. Il ressemblait bien au Gryffondor que McGonagall avait désigné à contrecœur de la table des professeurs la veille, à l’heure du déjeuner, quand il avait cherché obtenir de nouvelles informations à propos des Br. L’enfant poursuivit son chemin sans se présenter et il ne l’arrêta pas. Ce, n’était pas le bon moment. Les autres enfants arrivaient.
Une jolie Serpentard bouclée d’or lui fit d’ailleurs oublier très vite le gryffon en reconnaissant le créateur de sa veste. Arraw, oui, c’était bien ça. Et il bomba aussitôt le torse, confit de fierté.

- Oh oh ! Vous avez l’œil jeune fille ! Jane Arraw m’offre de temps en temps ses derniers modèles, c’était une de mes anciennes élèves, du temps où j’étais directeur de… - Il prêta enfin plus attention à Liliana et nota la ressemblance troublante qui existait entre la styliste et elle. Mais bien sûr ! – Oooh Oh !, s’exclama-t-il soudain mais le nom éloquent d’une Serdaigle, Leakey, le détourna à nouveau. Il faudra que vous passiez me voir tout à l’heure et… Oh… Miss Leakey ! Quelle bonne surprise ! Il faudra que vous passiez me voir un de ces jours pour me donner quelques nouvelles de votre père.

L’agitation allègre du professeur Slughorn n’aurait pas été plus vive si chaque élève s’était présenté à son bureau les bras chargés de cadeaux qui défiaient son imagination. Et ses exclamations joyeuses atteignirent leur point culminant lorsque le sujet tant attendu parut. Orion O’Neill. Le vieil homme avait eu le privilège de rencontrer le garçon dans le train et ces deux maîtres des politesses intéressées et caressantes s’étaient trouvés un parfait terrain d’entente, où ils pouvaient mutuellement s’apporter ce qu’ils recherchaient, des flatteries, du grade et du prestige.

- Ah ! Orion ! L’étoile montante de notre classe ! s’exclama-t-il ravi en serrant la main cordiale du Serdaigle. Il apprécia sa tirade joliment formatée. – Ne vous inquiétez pas, la semaine prochaine votre emploi du temps sera plus adapté, j’y veillerai personnellement.

Il lui envoya un clin d’œil malicieux et le regarda s’installer aux côtés de la jeune Leakey en estimant que c’était un bon choix. D’autres élèves suivirent, mais l’éclat du début était passé, comme à l’arrivée d’une course, les meilleurs étaient les premiers. Une Serdaigle lui adressa cependant un "bon retour" digne de lui arracher un plus large sourire.
La cloche teinta, il était temps d’entrer en scène.

- Bien bien, tout le monde a l’air bien installé, nous allons pouvoir commencer ! lança-t-il avec énergie. Aujourd’hui, la potion ne sera pas une nouveauté pour vous, mais elle nous permettra d’aborder un chapitre court mais important pour tous les petits maîtres de potion en herbe que vous êtes. Malgré les différences de tons, la potion est la même pour tout le monde. Quelqu’un peut-il me dire de quel type de potion il s’agit ?

Il attendit les mains, en espérant saisir celles de ses ‘bons éléments’. La question n’était pas bien compliquée, puisque la couleur mauve du liquide était lié à un type bien particulier de potions, quelque soit ses variantes de tons.

Hélas ! Que faisaient donc ses jeunes espoirs ? Des mains inconnues se levaient, et Slughorn n’avait d’autre choix que celui de donner la parole à d’illustres inconnus. Le nom, la réputation ne faisaient évidemment pas tout, mais sa curiosité était trop piquée par quatre éléments de cette classe pour qu’il s’intéressât à d’autres sujets.

Deux Serdaigle se succédèrent. Le premier trouva la réponse, et le vieil Horace acquiesça, satisfait. Malgré sa petite déception, il n’était pas ingrat et savait récompenser à leur juste valeur les bonnes interventions. Il était important que chaque élève essaye de tirer son épingle du jeu, et les réussites de sa classe ne pouvaient que l’enorgueillir. Une tendance perfectionniste le poussa cependant vers des déclarations un brin hors sujet. Mais pourquoi pas après tout ? Contrairement aux potions, la gamme de couleurs était limitée.
Sa collègue délia la suite de son discours avec quelques précisions sur la Pimentine. Slughorn porta un regard plus intéressé sur elle. Bien que cette potion ne fut pas à l’étude aujourd’hui, il ne pouvait qu’apprécier la qualité de sa définition. Rien ne serait perdu de toute façon. Il était important de dévier de temps à autre du thème pour étendre la culture des élèves.

- Très bien ! s’exclama-t-il enthousiaste. J’accorde 14 points à Serdaigle pour vos bonnes réponses. Notez bien ce que vient de nous dire cette jeune fille, toute information complémentaire est bonne à prendre… Oh… Quelque chose à ajouter Monsieur Craig ?

Le regard vif de Slughorn avait fondu sur la main du rouquin, et il n’avait pas manqué de lui montrer qu’il connaissait déjà son nom. Une réponse concise, sertie d’un détail plus intéressant que les autres pour ce cours. Brillant ! Ce garçon était brillant. Il ne se trompait jamais !

- Ah ! Je vois que vous avez l’œil ! 8 points pour Gryffondor ! Vous allez en effet travailler sur des potions de sommeil. Celles-ci ne sont évidemment pas d’une grande complexité et vous les avez normalement étudiées l’année passée. Il n’y aura donc pas de Goutte du Mort Vivant pour vous aujourd’hui… Mais, puisqu’il s’agit là de la plus puissante potion de sommeil, et que vous l’avez très justement nommée, pouvez-vous nous en parler un peu plus longuement ?

Le professeur s’adressait toujours à William. Puisqu’il s’était dévoué, il ne le lâcherait pas avant de mesurer ses capacités.

[La réponse revient d’office à William. S’il ne donne pas toutes les réponses, Une autre personne aura le droit d’intervenir. Cependant, mon premier message sera assez rapide. Je m’excuse de vous avoir fait attendre.]

William remarqua la mine ravie du professeur lorsqu'il répondit laconiquement à sa question, et il nota, stupéfait, que Slughorn connaissait son nom. Curieux, ça... Le nouveau maître des potions connaissait le nom de ses chouchous, de ses "gloires montantes" comme il disait... Comment le rouquin pouvait-il en faire partie ? Il n'avait même pas pensé que les quelques actions des BR pouvaient lui valoir cette attention. Bon, ce n'était pas le moment d'y réfléchir ; Slughorn voulait qu'il continue à parler de la Goutte du Mort Vivant, il fallait donc essayer d'ajouter encore quelques points à l'escarcelle de Gryffondor. Par chance, le préfet des Lions avait beaucoup lu pour essayer de sauver sa tête dans les cours de Rogue- qui aurait été capable d'étriper un deuxième année de Gryffondor ignorant quoi que ce soit au sujet des potions de niveau ASPIC-, et il gardait quelques souvenirs de cette potion. Il hésita tout de même un peu, mais il semblait clair que c'était lui que Slughorn voulait entendre, aussi répondit-il :

-Oui, professeur. La Goutte du Mort-Vivant porte ce nom car elle plonge la personne qui l'absorbe dans un sommeil tellement profond qu'on peut le comparer à un état de coma : la personne est vivante, mais elle ne perçoit rien. A trop forte dose, cette potion peut même provoquer un sommeil éternel... Pour préparer cette potion, on a besoin d'asphodèle et d'armoise, entre autres... euh... et de la fève sopophorique aussi, je crois. La potion a une couleur violette, comme... euh... dans ce chaudron, conclut-il maladroitement en désignant le chaudron contenant le liquide.

Il regarda l'enseignant pour lui faire comprendre qu'il avait terminé, et espéra que ce serait suffisant. Il avait déjà gagné huit points- plus qu'il n'en avait jamais obtenu avec Rogue, songea-t-il, amusé- mais il serait dommage de ne pas essayer d'en gagner quelques-une de plus. Il se sentait tout de même un peu gêné par rapport aux autres, à cause du traitement de faveur que lui réservait Slughorn, mais il s'y habituerait sans doute mieux qu'aux brimades de Rogue....

Le sourire de Slughorn s’élargit lorsque le jeune Craig confirma poliment ses espoirs. Il n’avait pas lancé le nom de la potion au hasard et pouvait étayer sa réponse. Comment pouvait-on prêter à cet élève appliqué des actes révolutionnaires ? N’était-il pas adorable ? Aveuglé par son enthousiasme, le maître de potions décelait chez le Gryffondor une kyrielle de qualité. Il aimait s’attacher aux « noms connus », mais rien n’était plus exaltant que de découvrir un talent anonyme. Il avait alors le sentiment d’exhumer une figure qui, sans lui et sa légendaire capacité à dénicher les futures célébrités de ce monde, serait restée dans l’ombre de ses semblables.

- Ah ! Je n’aurais pas dit mieux ! s’exclama-t-il en frappant brusquement dans ses mains. Bravo mon garçon, Gryffondor mérite bien 8 autres points.

Il se tourna vers l’ensemble de la classe et poursuivit plus sérieusement :

- Les potions de sommeil contiennent toutes de l’asphodèle et c’est ce qui, suivant des étapes communes à chaque préparation, leur donne cette teinte violette. Comme vous pouvez le constater, aucune potion dans cette salle n’est colorée du même violet. Pourtant, toutes sont issues de la même recette. – Et, tandis qu’il prononçait ces mots, ses yeux s’animèrent d’éclats malicieux. - Ah… Vos esprits s’éclairent n’est-ce pas ? Toutes ses préparations présentent de légers défauts de fabrication. Vous avez donc pour mission de les sauver. Il n’est pas toujours nécessaire de recommencer sa potion et, à votre niveau, vous devez apprendre à corriger les petites imperfections des philtres les plus simples.

Il laissa passer un silence pour savourer, amusé, la surprise de ses élèves. L’exercice était nouveau et, par conséquent, tous le jugeaient difficile ou irréalisable. Son défi était lancé. Il n’essaya pas de les rassurer et poursuivit, primesautier :

- Pour votre premier essai, j’ai choisi de vous présenter une potion sympathique qui attire les rêves et chasse les cauchemars. Ceux qui sauront la récupérer pourront emporter un flacon avec eux. Il n’y a rien de tel pour bien commencer sa journée, ajouta-t-il avec un clin d’œil.
Voici la recette – Il agita sa baguette et elle apparut sur le tableau. – Etudiez bien chaque étape et faites de votre mieux !

Citation :

Potion Onirique

Ingrédients :

- Asphodèle
- Sève d’if
- Essence de pavot
- Feuilles de menthe
- 1 Aile de sphinx

Préparation :

1)Placer votre chaudron, préalablement rempli d’eau, sur un feu doux.

2) Lâcher deux feuilles de menthe aux premiers signes d’ébullition et tourner trois fois dans le sens des aiguilles d’une montre. Vous attendez cinq minutes avant de reprendre la préparation.

3) Percer votre coque de pavot à l’aide d’un coutelet d’argent et verser le dans un récipient.

4) Tremper la dernière feuille de menthe dans le récipient. Laissez là s’égoutter au dessus du chaudron avant de la laisser tomber dedans. Ne remuez pas.

5) Attendre que votre préparation soit sur le point de déborder pour y verser 10g de sève d’if. Comptez jusqu’à 30 et remuez 8 fois. La potion devrait retomber et se teinter d’un rose orangé.

6) Verser 5 nouveaux grammes de sève et remuer 3 fois dans le sens inverse.

7) Laisser mijoter 10 MN.

8) Broyer votre aile de sphinx jusqu’à en obtenir de la poudre que nous effriterez du bout des doigts au dessus du chaudron jusqu’à ce que le rose prenne des tons violacés.

9) Poser un pétale d’asphodèle au milieu du chaudron. Attendre qu’elle soit totalement immergée et remuer 30 secondes.

10) Vous devez obtenir une potion très fluide de couleur lilas.

Notes :

Or, aucune potion ne présente ce résultat. Voici quelques indices :
- La potion sera trop foncée si les premières étapes ont été négligées, et trop claire si les dernières étapes n’ont pas été suivies assez scrupuleusement. Cette règle est commune à toutes les préparations.
- Pour cet exercice, vous disposerez d’une coque de pavot, de 3 grammes de sève d’if, de 5 feuilles de menthe, de deux ailes de sphinx et d’un pistil d’asphodèle (qui devra être ajoutez à la fin, à l’instar du pétale dans le protocole). A vous de sélectionner les ingrédients qui vous permettrons de rattraper votre préparation.

[Le TP vous laisse une certaine liberté. Je vous laisse choisir l’état de votre potion de base et analyser le « problème » qu’elle présente. Vous développerez votre propre méthode pour le résoudre. Essayez de développer un raisonnement cohérent. Car la réussite de votre essai (ainsi que la note) pourra en dépendre.]

Bon, encore une fois, il brillait. À l’aide de sa fabuleuse complicité avec son professeur, développée même avant le début des cours, il s’attira déjà les regards jaloux des autres élèves lorsque le vieil homme le reconnut en l’appelant immédiatement par son prénom, sans aucune hésitation. Bah, il fallait dire qu’en mettant deux personnes de ce genre, fervents adeptes des flatteries et des gonflements superflus d’ego, la conversation prenait inlassablement une tournure des plus suspectes, voire même prétentieuse... Mais bon, après avoir trouvé un professeur comme celui-ci, qui se laissait aisément prendre au jeu, acceptant ces attentions et, allant jusqu’à les récompenser, Orion ne pouvait pas ne pas profiter d’une telle occasion de se faire bien voir. Slughorn ne ferait qu’augmenter son prestige au sein de l’école, tout en agrémentant ses discours de quelques notes visant au bien-être du préfet. Oui, en ce moment, plaire à son professeur n’était pas une option, c’était une priorité. Une telle priorité qu’elle pouvait même nécessiter plus d’efforts même, que le travail scolaire. En effet, si on avait la chance de faire parti de l’un des élèves préférés du vieillard, les avantages n’en seraient qu’augmentés invariablement. Et puis, il fallait bien dire qu’Orion était sur la bonne voie pour remplir ce critère, non?

Bref, le cours commença bien vite et, pointant les chaudrons répartis sur les différentes tables de travail, leur professeur leur demanda de leur nommer la nature de ces potions. Car oui, malgré leur nuance de teinte, elles étaient toutes identiques, ou presque. Dès la seconde où la question fut posée, les mains fusèrent, tous souhaitant, sûrement, eux aussi, impressionner Slughorn. Par contre, pour une raison inconnue, Orion ne participa pas. Enfin, raison inconnue... Premièrement, il n’était pas sûr de sa réponse et, deuxièmement, le vieillard connaissait déjà sa valeur. Alors, pourquoi se forcer et se battre pour répondre à une simple question? Il brillerait, comme d’habitude, quoi que le reste du cours leur réserverait. Il continua à regarder la scène, rigolant des pitreries des élèves pour se faire bien voir. Finalement, un jeune Serdaigle de sa maison donna une réponse assez complète et, le préfet roux précisant un léger point. Malgré le fait qu’il n’ait prononcé qu’une seule et unique phrase, Slughorn lui porta beaucoup plus d’intérêt qu’à la petite Serdaigle qui avait débité un énorme discours sur les potions de sommeil. Il posa ensuite une question uniquement réservé à William et, après qu’il ait bien répondu et qu’il ait reçu un (énorme) gain de points, le reste du cours fut annoncé. Ils devraient, en effet, effectuer correctement une potion mais, pas comme avec Rogue. Toutes les potions aux différentes nuances s’alignant sur les tables étaient toutes la même potion, constituées de la même base mais, avec un défaut et, eux-mêmes, ils devraient corriger ce défaut. À la mention de ce défi, les yeux d’Orion s’allumèrent. Comme il s’y attendait, une meilleure occasion de se faire valoir, encore meilleure que les petites questions du début du cours, arrivait. C’était quelque chose de complètement nouveau et, Slughorn, conscient de ce point, ne mettait sûrement pas beaucoup d’espoir en la réussite de la potion mais, si quelqu’un réussissait, il s’accorderait immédiatement la reconnaissance de bon vieux professeur.

Il se leva donc de son bureau et, confiant, alla sélectionner une potion “incorrecte”, extrêmement claire, qu’il posa sur sa table de travail. Bon, en l’analysant, selon les instructions de Slughorn, comme elle était claire, trop même, cela voulait donc dire que les dernières étapes avaient été bâclées. Bon, il devrait donc ajouter certains éléments et refaire, même, certaines étapes... Par contre, la question la plus compliquée restait encore ; comment allait-il s’y prendre? Il commença par relire sa recette une première fois. Et, une deuxième fois même. > <” Bon, selon la recette, les premières étapes avaient été réussies... Cependant, qu’elles étaient les premières étapes? Devait-il cocher les trois premières, les quatre premières où, les sept premières? En y repensant ; les premières étapes... C’était assez vague, non? Mais bon, à force de relire la recette, il réussit à trouver un point milieu, à l’étape 5, lors du changement de couleur. Si on y allait par logique, en déterminant que les premières étapes avaient été réussies, on pouvait déduire que, jusqu’au changement de couleur, la potion était correcte. Il cocha donc les cinq premières étapes, pour se dire qu’il ne devait plus y toucher. Bon, c’était un début, non? ^^

Bon, il continua à regarder sa potion et, en suivant les ingrédients et les changements de couleur, il se dit qu’il devrait noter la couleur prise par la potion, à l’ajout de ces ingrédients. Peut-être cela l’aiderait-il à déterminer quelle substance à mettre dans sa potion, et dans quelle quantité? Il prit sa plume et, sur un parchemin vierge, à l’aide de la recette de base, il nota :

Citation :

Feuille de menthe + sève d’if = Rose orangé
Sève d’if = Rose *
Aile de sphinx = Rose-violacé, violet
Asphodèle = Lilas

*Comme à l’étape 5 on parle de rose-orangé et, à l’étape 8, après avoir ajouté de la sève d’if supplémentaire, dans la recette, on parle seulement de rose, j’ai conclu que la couleur avait changée à cause de cet ingrédient. C’est peut-être seulement une erreur mais, je l’utilise à mon avantage alors... ^^

Bon, il contempla sa feuille, est-ce que c’était réellement utile? Il ne le savait pas mais bon, en regardant la couleur de sa potion, un violet extrêmement pâle, presque rose, il réussit à faire un rapprochement. Si sa potion était de cette couleur, c’était que l’étape concernant l’aile de sphinx, visant à rendre la potion violacée, n’avait pas été effectuée correctement. Si on décelait le rose dans la mixture, la sève d’if avait sûrement été mise correctement, non? Il s’empara donc d’une des deux ailes de sphinx utilisables et, utilisant ses doigts pour la broyer, il l’ajouta à sa potion et, elle prit une teinte violette. Oui, un violet un peu pâlot mais, c’était quand même du violet, non? Il remarqua qu’il avait droit à une autre aile de sphinx alors, il fit la même chose qu’avec la première avant de la voir prendre une teinte beaucoup plus foncée que précédemment, une teinte, violacée... Peut-être même un peu trop pâle mais, il n'avait plus d’aile de sphinx alors... M’enfin, il ne s’en soucia pas vraiment à l’instant, il avait son idée pour corriger le tout plus tard. Il regarda sa recette et, l’état de sa potion correspondait précisément à l’étape 8. Cela voulait donc dire que la personne ayant effectué cette potion avait complètement ignoré les trois dernières étapes? M’enfin, il ne s’en plaint pas et, regardant la suite, il ajouta son pistil d’asphodèle, regardant patiemment sa potion prendre une couleur lilas. Par contre, avant qu’il ne soit complètement dissout dans la potion, il en retira le quart. Pourquoi le quart? Vous vous rappelez qu’elle n’était pas assez violacée alors, s’il laissait tout le pistil se dissoudre, elle serait lilas, oui, mais un lilas trop pâle. C’est la raison pour laquelle il regardait attentivement sa potion et, qu’il avait retiré le pistil au bon moment. En y repensant, avec toutes les transformations qu’elle avait eu, c’était possible qu’il y ait quelques petits changements alors... Et puis, sa potion avait de l’allure et une couleur correspondante à la “vraie” potion, pourquoi se stresser avec quelques détails?

Et, de toute façon, comment sa potion pourrait-elle être autrement que parfaite?

Conditionné à force de subir le sinistre Severus Rogue, Isaac n’imaginait pas qu’un professeur de potion pût présenter des dehors sympathiques. Slughorn, ce rescapé des retraités, écrasait, sous son poids de mastodonte et sa voix de stentor, un mythe entretenu depuis deux décennies par un cliché ambulant. Il fallait reconnaître la dure réalité, tous les maîtres de potions n’exhibaient pas un teint de cadavre défraîchi, une chevelure de dépressif chronique – qui a passé le stade du « Pourquoi me laverais-je ? Tout est si vain ! » après l’étape du « Non, je n’ouvrirai pas mes rideaux, laissez moi dans le noir, je ne puis souffrir l’éclat insolent de l’astre solaire alors que tout n’est plus que ténèbres en moi », puisque cet état peut éveiller une âme de poète, ou encore, ressusciter en vous l’esprit d’un Chateaubriand. -, un nez digne des caricatures d’un Jérôme Bosch et une joie de vivre si communicative que les morts pourraient se retourner dans leur linceul. Le gros bonhomme qui s’agitait devant lui défiait les règles de sa logique. Sa présence lui semblait presque déplacée, et il ne pouvait s’empêcher de fixer avec dégoût l’énorme boule de graisse enveloppée dans des vêtements de luxe. Si un jour il devenait créateur de mode, jamais il ne pourrait tolérer qu’une masse pareille porte ses œuvres. Ce serait une véritable insulte à son art. Il n’habillerait pas les pokéballs lui ! Pourtant, il avait fallu que Vanloock se fasse remarquer. Ainsi, l’auteur de ce crime odieux, perpétré au palais même du bon goût, était sa mère. Il n’y avait pas de quoi en être fier… Et qu’avaient donc tous ces prétentieux à s’attrouper autour de ce vieux mammouth, comme s’il s’agissait d’une grande célébrité ? Du temps de Rogue, les élèves faisaient profil bas. Un détail essentiel lui échappait, et il regrettait déjà de ne pas s’être davantage informé. Orion, qui faisait bien évidemment parti de la bande des courtisans, avait cité le nom de Slughorn dans le Poudlard Express pour justifier son retard, mais cette information ne l’avait pas beaucoup retenu, le Serdaigle étant connu pour exagérer l’importance du peu de personne qui s’intéressait vraiment à lui. Ce professeur entrait-il dans l’Exception ? Il nia cette possibilité. Slughorn n’était pas plus éminent qu’un autre, une longue carrière s’étendait derrière lui, et les enfants de sorciers se plaisaient à lui rappeler le nom de leurs parents, en espérant bêtement des points en plus sur leur copie, comme certains Serpentard le faisaient, à raison, auprès de Rogue… Si les Serdaigle s’y mettaient, cela signifiait que cet enseignant, malgré sa surcharge pondérale, serait plus agréable que son bien aimé directeur.

Hélas, ce changement annonçait aussi la fin du règne des Serpentard. Sa maison perdait ses privilèges, et de bonnes occasions de rire aux réparties cinglantes de Rogue, qui ridiculisaient même les meilleures tentatives des Serdaigle. Même ce sale roux de Craig avait eu l’occasion de s’exprimer plus longuement que les autres. N’était-ce pas scandaleux ? Isaac commençait à perdre son optimisme. Après tout, depuis sa nomination au poste de préfet, il aurait peut-être pu se racheter auprès de Rogue et faire remonter sa piètre moyenne en potion… Il n’avait jamais brillé dans cette matière, les connaissances ne lui faisaient plus défaut depuis quelques temps, mais ses préparations n’atteignaient presque jamais l’Acceptable. Une étape finissait toujours par lui échapper, et, lorsque, par miracle, la recette était respectée à la lettre, le résultat restait passable. Afin de pallier sa frustration, il avait conclu que sa constitution génétique retenait son génie – c’était évident, il ne pouvait être complètement nul – et que, celui-ci avait trouvé d’autres domaines où s’exprimer – et je vous retiens de penser que la connerie constituait l’un de ces domaines. Ce raisonnement lui permettait donc d’excuser son absence totale de bonne volonté. Pour sauver les apparences, il préférait annoncer d’emblée le résultat, en se donnant des airs je m’en fouttistes et en soulignant évidemment l’inutilité absolue de la potion qu’ils allaient étudier. La preuve :

- Oh chouette, une potion pour les gros blasés de la vie ! avait-il lancé au fond de la classe, aux troisièmes années de Serpentard. De quoi élever la discussion demain au petit-déjeuner. Au lieu de nous étendre sur les méandres de notre existence on pourra tous parler de nos merveilleux r… - L’apparition de la recette interrompit ses railleries. - … Non mais attendez, il était sérieux ? On n’a jamais appris à rattraper des potions. Et qui voudrait rattraper une potion pareille ?

Une pointe de panique le chatouillait désagréablement. Slughorn venait d’ouvrir un exercice qui lui semblait d’une difficulté inouïe comme s’ils allaient passer une heure de franche rigolade. Comment pouvait-il récupérer une potion ? Des élèves prenaient déjà des notes sur un bout de parchemin, et il aurait donné n’importe quoi pour saisir la logique qui guidait leur plume. Hélas, les potions étaient toutes sensiblement différentes, il ne pourrait pas calquer la moitié de ses gestes sur Emilien pour cette fois… Quoique… Il inclina subrepticement son regard vers le chaudron de son ami. Le liquide était d’un noir violacé, aux antipodes du mauve délavé qui mijotait sur sa table. Selon les misérables informations que le professeur avait daigné leur laisser, il devait concentrer son attention sur les dernières étapes. Mais comment doser ? Comment cerner la bonne étape ? S’il était fin stratège, ce type de logique n’avait jamais été son point fort. Son cerveau se bloquait et sa tête s’élançait à la simple idée d’une réflexion à venir. Il fixa bêtement le tableau, d’un regard vague qui se voulait concentré, une bonne dizaine de minutes avant d’enclencher les engrenages à moitié rouillées de son esprit. Donc, s’il avait bien compris, la cinquième étape de la recette était le point clef. Il s’agissait en effet de la première indication de couleur. Si toutes les premières étapes étaient réussies, et Slughorn n’avait vraisemblablement pas poussé le vice jusqu’à multiplier les erreurs, sa potion avait prise, comme prévu, une teinte saumâtre. Donc tout se jouait entre la sève d’if et les ailes de sphinx…

Avec un – très – léger retard, Isaac sélectionna les bons ingrédients, puis, il examina plus attentivement sa potion. La couleur était une chose, mais, il était bien précisé que le liquide devait être bien fluide. Or, il semblait assez compact. Le gros professeur avait pêut-être eu la main lourde sur la sève. Mais, en ce cas, s’il ajoutait de la sève, son problème ne serait pas plus avancé… Non ? Il avait déjà entendu dire que, pour rattraper une erreur, il fallait tout d’abord commencé par la grossir pour mieux l’affiner… Ou quelque chose dans ce genre. Ce sage précepte ne concernait pas les potions, il l’avait plus ou moins adapté à la situation pour se rassurer mais, au moins, ce murmure, tirés des limbes embrouillées de son esprit, lui soufflait quelques instruction. Et, en un sens, il était plus amusant de prendre quelques risques. Il prit son doseur et médita un instant devant les mesures. 3 cl de sève étaient à sa disposition… Et il devait manifestement choisir à l’aveuglette… Dans le doute, il opta pour… 1,5 cl (eh oui, une logique imparable je vous dis), et il versa tout sans trop réfléchir. Et à présent, il fallait sans doute remuer. Sens inverse, comme dans l’étape 6 ? Mais s’il refaisait l’étape, c’était comme s’il refaisait la potion, il fallait peut-être au contraire tenter d’inverser le processus ! Oui ! Il allait remonter le temps de la préparation de la potion ! De toute façon, il n’avait pas le temps d’envisager une solution plus intelligente car de grosses bulles visqueuses commençaient à se former à la surface du liquide, qui était devenu encore plus compact. Avec toutes les peines du monde, notre futur maître de potions, remua trois fois sa potion. Et trois fois approximatives je précise, à ce stade, il lui fallait presque une bétonneuse.

Le résultat était désolant. Le violet était, certes plus affirmé, il lui semblait même plus foncé que la teinte lilas attendue, mais sa potion avait pris la consistant d’un ciment prêt à être versé sur la chaussée. Son raisonnement ne lui avait pourtant pas semblé si stupide… Pourquoi les exercices de potion ne lui réussissaient-ils jamais ? Gagné par la contrariété, Isaac broya sans réfléchir les ailes de sphinx et versa tout dans le chaudron, en oubliant bien sûr qu’il fallait les effriter avec les doigts. La réaction ne se fit pas attendre, toutes les bulles explosèrent bruyamment en envoyant quelques gerbes violettes sur les paillasses de ses camarades.

- Heu… Désolé…, marmonna-t-il confus à l’adresse de Précieuse qui en avait reçu sur le dos de sa main. Si cet exercice n’était pas aussi stupide…

Oui, il fallait bien des excuses. Slughorn aurait pu, pour une première fois, leur indiquer précisément comment rattraper cette potion, et le regard sombre du préfet de Serpentard se tournait avec évidence vers une humeur orageuse. Il serrait déjà les dents pour retenir une répartie cinglante si cette espèce de gros morse, osait s’arrêter devant lui pour l’achever avec ses condescendants « ohlalala mais c’est une catastrophe mon petit !: ». Afin d’éviter cette visite malvenue, il termina donc l’exercice comme si tout allait pour le mieux en déposant son pistil d’asphodèle au centre de la potion. Les grosses bulles disparurent définitivement, et ce fut son seul réconfort. Les violet purpurine de son mélange n’avait rien de convaincant.

[Je ferme aussi ce cours, je pense que le délai était assez long. J'attend cependant une semaine avant de verrouiller, au cas ou certains voudraient poster un dernier message, mais les Tp ne seront plus notés.]

Ah, les élèves n’aimaient pas la nouveauté, surtout lorsqu’elle se passait d’instructions précises. L’exercice n’était pas des plus attrayant, mais moins compliqué qu’il n’y paraissait, ce qui rendrait la réussite plus gratifiante et pourrait ainsi lui permettre de développer le sujet sans se heurter à la mauvaise volonté de ses élèves. Potion n’était pas une matière facile, et la préparation de recettes toutes faites n’était rien à côté du nombre impressionnant de composants, d’alliances, d’effets, de dosages à retenir, pour identifier d’un simple coup d’œil le problème d’un mélange, sa nature, et trouver des solutions pour l’améliorer. Si les élèves de premier cycle ne dépasseraient pas l’élaboration des antidotes, il était important d’esquisser les bases du sauvetage de potions pour prévenir les catastrophes. Rien n’était plus dangereux qu’un philtre raté et mal rattrapé. Il suffisait d’acquérir les bons réflexes.

Un éternel sourire satisfait sur les lèvres, Slughorn circulait parmi ses élèves, lançant quelques « ah ! très belle initiative » pour apprécier la démarche des élèves qui suivaient la logique attendue, et se taisant devant les plus maladroits. Certains étudiants avaient une imagination fertile, qui se signait par une application aride. Il avait ainsi surveillé avec méfiance les gestes désordonnés du préfet de Serpentard, dont il n’avait pas retenu le nom et il commençait à comprendre pourquoi. Les idées ne manquaient pas. S’il avait décidé d’aggraver l’état de la préparation pour obtenir, à l’aide du peu d’ingrédients laissés, le philtre onirique le plus désastreux possible, il était sur la bonne voie. Des bulles avaient explosé, et ce désastre semblait le contrarier.

- Non non non non non, murmura-t-il en passant derrière lui et en secouant négativement la tête.

A côté, la préfète des vert et argent, Précieuse McLane – comment pouvait-il ignorer ce nom ? – l’interpella pour obtenir l’autorisation d’aller se laver les mains, suite aux dégâts de son camarade. Elle n’accusa pas son collègue, se montra très polie, et sa potion semblait plutôt réussie. Cependant, Slughorn conserva une façade très sobre. Il était mieux informé qu’il n’y paraissait, et savait à quoi s’en tenir avec la famille McLane. Aussi, la jeune fille n’eût-elle droit qu’à un simple :

- Je vous en prie Miss. Ce sera même plus prudent. Et puisque votre potion est terminée et ne pose visiblement aucun souci, vous pourrez aussi commencer à ranger vos affaires.

Il commenta vaguement le travail d’autres élèves puis s’attarda à la table d’Orion, dont il avait suivit la préparation avec intérêt.

- En voilà une manipulation intelligente ! s’exclama-t-il alors que le Serdaigle venait de terminer son exercice. Parfois, il vaut mieux sacrifier une partie de la potion pour la sauver. Je te félicite Orion ! Je pense que tu pourras emporter une fiole avec toi afin de mieux savourer cette victoire.

Le ton devenait sensiblement plus familier. Slughorn n’aimait pas mettre de barrière entre ses petits préférés, et on pouvait dire qu’Orion réussissait très bien les étapes d’intégrations, à son sens. Comme le cours se terminait, il retourna devant la classe.

- Bien, notre petit exercice s’achève ici. Certains se sont illustrés plus brillamment que d’autres, mais, ne vous inquiétez pas, nous aurons tout notre temps au cours de l’année pour nous attarder sur les erreurs commises durant la séance et les corriger !

Il attendit derrière son bureau les échantillons des élèves qui quittaient le cachot. Et retint une fois de plus Orion en déclarant sans la moindre discrétion :

- Je pense organiser très bientôt une petite fête entre belles personnalités. J’espère t’y voir, et Miss Leackey pourra bien entendu t’accompagner… Et… ooh vous aussi Monsieur Craig – dit-il comme le préfet de Gryffondor s’approchait de son bureau – je suis sûr que vous avez un tas d’histoires passionnantes à nous raconter !

Sa liste d’invités se déroulait doucement. Il s’était déjà appliqué à y poser quelques noms.