Baptême du Feu [PV]

Pluie. Pluie. Et encore pluie.
C’était un de ses Vendredi soirs, juste à la fin des cours et avant le repas, où les élèves se sentaient déjà en week ends… Sauf ce vendredi là. Il avait pourtant fait un soleil radieux toute la maudite semaine, et comme pour narguer la tribu, la météo eut plutôt choisi qu’il pleuvrait pour accueillir cette fin de semaine tant attendu…
Morgan lui, s’en accommodait bien. Il préférait faire ses farces à l’intérieur de Poudlard. Et il fallait dire que pluie dehors signifiait pour le sale gosse plus de victimes potentielles dedans. D’ailleurs, il s’était prostré à cette fin au beau milieu d’un de ses enchevêtrements d’escaliers mouvants, source pour lui de beaucoup d’imagination à ses facéties… Facétie dont il ne serait pas l’auteur en ce jour pluvieux. Il aperçut en contre bas une première année chez les rouges et or arborant une chevelure blonde…
Il la connaissait de visu… Oui, il l’avait vu plusieurs fois en cours. Néanmoins, en dépit de la couleur de son blason, elle l’avait intrigué. Déjà par sa manière de choisir sa place en cours, de préférence vers le fond, ensuite, la mine réjouit qu’elle semblait avoir affiché lors de l’annulation du cours de Botanique par ses soins… Et même parfois, il avait cru apercevoir une lueur dédaigneuse dans son regard… Mais était ce vraiment le cas ? Était-elle vraiment un potentiel intéressant de vilenie? Quand tu ne savais pas, il fallait test ! Et c’était ce que Morgan comptait bien faire. Se hâtant, il descendit les escaliers quatre à quatre et prit la même sortie que la demoiselle. Il rattrapa la jeune Gryffondor au détour d’un couloir, elle marchant devant, lui derrière le recoin d’un mur… Quitte à aller taquiner une lionçonne, autant mettre de la finesse dans le travail.

Peeves, ce cher Peeves… Même à lui, sale gosse qui se faisait déjà sa réputation en ce domaine, l’esprit frappeur venait de temps à autres lui faire subir ses facéties. Eh oui ! Ce n’était pas parce que l’on était un garnement accompli que l’on échappait pour autant aux pitreries du fantôme. Mais il fallait lui reconnaître ses qualités, et sur le moment, Morgan lui concédait l’imagination. A l’instar de l’esprit farceur, il se mit en tête d’aller provoquer la rouge et or par des piques orales façon poème moqueur.
S’approchant silencieusement de la jeune fille, une fois qu’il fut à sa portée, il sifflotait son petit chant préparée à la hâte en imitant la voix de Peeves afin de parfaire l’allusion qu’il comptait sous entendre.

« On dit que les Gryffys
Font preuve de courage,
Plus que force, ni que rage,
Ceci dit, es tu aussi cul béni ?
Un de ceux-ci demi Pouffy ?
Offusquée par le mot vilenie ?
Trouillarde ou hésitante
Serait tu cap de t’en prendre
En dépit de ne pas la connaître
A la première personne venante
Quelque soit son blason,
Quelque soit sa maison ? »

Il s’était écarté de deux pas en sautillant aussi vite qu’il l’avait approché, se plaçant à une distance le protégeant de toute attaque par les mains… Deux mètres de distance en somme. Des fois qu’elle répondrait à sa provocation non pas par la réalisation du défi, mais en s’en prenant directement à l’auteur de la provocation… Dans tout les cas, il arborait une mine mi provocatrice, mi intéressé, cela restait un défi certes, mais un défi à but de test, et cela Morgan ne le perdait pas à l’esprit.
Celui qui a dit que les hommes étaient égaux était un abruti. La preuve, certains avaient la chance incroyable, extraordinaire même, de naître muni du goût du jeu, du risque et de la vilenie, et d’autres non. Serait-elle du bon coté de la Force ?

Il pleut. Mais c’est beau, la pluie, voir le Château sous l’eau, les vitres floues sous les gouttes, rendant la vision du Parc impossible. La pluie, on aime ou on n’aime pas, ça dépend de notre état d’esprit. Et visiblement, autour de Cherry, les gens n’aimaient pas la pluie. Ils comptaient tous sur un week-end ensoleillée, pour paresser langoureusement sous les derniers rayons de soleil de l’année, et la pluie, cette infâme pluie diluvienne qui tombait à flots, cette empêcheuse de tourner en rond leur gâchait tous leurs projets d’héliotropisme.

Contrairement à la majorité des élèves, la Gryffondor aimait la pluie. C’était beau à regarder, d’une fenêtre. On ne voyait plus au dehors que des ombres floues, fantômes brouillons qui disparaissaient au gré de la pluie battante. On ne voyait même plus la cabane de Hagrid, mais on la devinait par un éclat de lumière vacillante au loin, sans doute celui d’un feu de cheminée. Après le diner, la jeune fille n’était pas remontée immédiatement dans son dortoir, préférant flâner dans Poudlard, et, le front collé à une vitre, s’était perdue dans ses pensées, la vision de la pluie qui tombe provoquant chez elle un véritable encouragement à philosopher, à penser et à se remettre en question.

Lorsqu’une vague douleur au front - due à sa position peu confortable - avait commencé à l’envahir, Cherry s’était arraché à regret de sa fenêtre, et avait repris le chemin de sa salle commune, quelques sept étages plus haut. Elle n’en était alors qu’au premier, pestant en silence contre la position géographique de leur dortoir, quand une voix nasillarde vaguement familière retentit dans ses oreilles. Malheur, elle était juste devant ce satané esprit frappeur qui rôdait dans Poudlard, aussi attaché au Château que du lierre à un mur. Avance, ma fille, avance, ne t’arrête pas, il se lassera avant toi. Mais alors qu’elle se préparait à courir pour échapper à Peeves, les paroles de sa chanson l’interpellèrent. Peeves lui proposait un défi, où elle avait mal compris ? Elle se retourna brutalement vers le fantôme, pour lui dire où il pouvait se le mettre, son défi, et se retrouva face à un Serpentard. Une lueur de stupéfaction passa dans ses yeux, rapidement remplacée par de l’énervement. Elle le connaissait, celui-là, c’était le chouchou du prof de Potions. Par contre, delà à se rappeler de son nom... Elle le pensait également responsable de l’accident en Botanique, mais sans preuves. Pour ça, il remontait dans son estime. Mais tout ça n’expliquait pas pourquoi le Serpentard l’avait suivi, ni l’intérêt de la chanson. Il la défiait ? Provocation ouverte : soit elle y répondait, soit elle l’ignorait et elle serait donc en conséquences une demi Pouffy ?! Il ne lui laissait guère le choix, plutôt mourir que de passer pour une trouillarde.

- Bien sur que je suis capable de m’en prendre à n’importe qui, la preuve en images !

Sortant sa baguette magique de sa robe, elle la dirigea en direction du Serpentard. Non qu’elle ait l’intention de s’en servir, elle voulait juste poser quelques questions au sale gosse et avec sa baguette magique, elle se sentait plus impressionnante, même si elle mesurait un mètre quarante les bras levés, et qu’elle était infichu de lancer un autre sort que celui de changement de couleur. Mais ça, le Serpentard n’était pas censé le savoir...

- Voyons voir... Je ne te connais pas et tu es la première personne venante. Tu me sembles donc la victime idéale, non ? Alors si tu veux pas te retrouver avec les sourcils rose fluo, réponds moi : qu’est-ce que tu me veux ?

Pointant toujours sa baguette en direction du Vert et Argent, elle réfléchit au défi lancé par le Serpentard. Était-elle quelqu’un de vil, capable de s’en prendre au premier venu ? Non, pas vraiment. Non qu’elle soit sympathique et altruiste, genre tout le monde il est beau tout le monde il est gentil. Loin de là. Mais les gens autour d’elle la laissaient indifférente. Pour qu’elle s’en prenne à quelqu’un, il fallait qu’il ait blessé son égo, ou que d’une manière ou d’une autre il l’ait agacé. Certes, c’était relativement facile de se mettre Cherry à dos, mais autrement, elle n’allait pas chercher des noises à ceux qui ne demandaient rien.

- Avec une bonne raison, peu m’importe la maison, que ce soit la mienne ou non. Sans bonne raison, ça ne m’intéresse pas. Je peux m’en prendre à n’importe qui, mais pas sans motifs. Enfin, ça dépend quel sens tu donnes à "s'en prendre". Si c’est dans le sens de s’en prendre méchamment à quelqu’un, je n’agis jamais au hasard et cible toujours mes victimes pour une raison bien précise et souvent personnelle. Si c’est plutôt dans le sens de faire une blague au premier qui passe par contre, je suis partante. Tu as quelque chose de précis à me proposer ?

La réponse serait probablement positive. C’était étrange, mais Cherry avait l’impression que le Serpentard était en train de la tester. Après, pour quelles raisons, cela restait un mystère, qui, la jeune fille l’espérait, s’éclaircirait de lui-même quand le sale gosse lui expliquerait son plan, si plan il y avait.

Un sourire mesquin s’affichait sur le visage du sale gosse alors que la baguette de la Rouge et Or était pointée sur lui. Oui, elle avait parfaitement raison, il était la première personne venante rentrant dans le cadre de ses propres dires. Il avait lui-même pensé à cette possibilité, c’était pour cela qu’il avait songé à mettre un peu d’espace entre eux. Dans tous les cas, elle venait de marquer un bon point dans l’esprit de Morgan
En dépit de la mine amusée et confiante qu’il affichait, il se trouvait en réalité en état de grande tension, une de celles en provenance de la partie de défense primaire de notre inconscient, et sa main gauche qui semblait négligemment fourrée dans sa poche en réalité était crispée sur une bombabouse à expédier droit sur elle si le combat devait s’amorcer. Lequel cas, il aurait éventuellement d’ailleurs l’occasion de la convier au Fight Club, mais chut ! C’est un secret… Il n’espérait cependant pas arriver jusque là, rentrer au dortoir avec des sourcils rose fluo le dérangeait passablement… Comment expliquer cela tout en gardant sa fierté aux autres Serpentards ?
Elle reprit la parole lui exigeant d’expliciter ce qu’il avait déjà dit. Le sale gosse eut pour toute réponse un soupir las, elle savait déjà dans la forme ce qu’il attendait d’elle… Bien que dans le fond, lui-même n’ait encore qu’une idée incertaine de ce qu’il cherche en jouant avec le feu… Mais il savait que dans cette idée incertaine se trouvait le mot « en groupe » en facteur sine qua non. Le reste… Cela ne devrait pas être trop dur à deviner et à clarifier. Il écouta la lionçonne jusqu’au bout avant de lui-même reprendre la parole sur un ton confiant :

« …Qu’est ce que je te veux… Tu l’sais déjà, j’te l’ai dit. Mais j’veux bien détailler dans ma grande bonté. Moi, en vrai, j’m’ennuie. J’pensais que Poudlard, c’était plus drôle qu’ça. Alors puisque cela m’amuse pas, et bien j’ai décidé que ça doit changer. Mais tout seul, c’pas drôle non plus. Tout seul, on fait quoi ? Une bombabouse par-ci, une bombe à eau par là ? Naaaaaan, pour faire des trucs vraiment marrant, faut être plusieurs.
Et puis, être en groupe, ça peut permettre de se faciliter la vie sur certaines… Choses dirons nous. »

Il accentua particulièrement la dernière phrase. Là aussi, il avait une idée incertaine sur ce qu’il voulait. Que voulez vous, on ne donne pas naissance à une organisation sur une réflexion de quelques minutes ! Cela se travaille, et surtout, cela s’expérimente en live… Ce que Morgan comptait bien faire. Mais l’heure n’était pas encore à penser à cela, le sale gosse avait toute son attention centrée sur la personne qu’il testait… D’ailleurs, il n’hésita pas à lui lancer d’un ton provocateur :

« Et toi, cette vie ‘dodo cours manger’ t’amuse ? »

Il observa un léger silence concerté. Elle lui demandait s’il avait un plan précis. Non, il n’en n’avait pas, il avait abordé la Rouge et Or sur un coup de tête. Faisant le point sur ce qu’il avait sur lui en termes de farces et attrapes à cet instant précis, une idée lui traversa alors l’esprit. Le sale gosse plongea les mains dans sa sacoche en bandoulière afin d’en extraire les ‘armes’ nécessaires à la farce qu’il allait proposer à la demoiselle.

« Tiens, prends cela. »

Il présenta quelques Feuxfous Buseboum et deux pétards mouillés du Docteur Flibuste aux yeux de la Gryffondor, puis lui en fourra quelques exemplaires dans les mains… Il sortit aussi un parchemin et commença à griffonner les plans des couloirs tout en expliquant son plan.

« Alors, le plan, c’est de se servir du fait que dans ce coin du château, on peut prendre un des couloirs à revers en se servant des autres. C'est-à-dire qu’à partir d’ici, si tu prends ce couloir là et moi celui là, en faisant le tour on peut coincer quelqu’un dans ses couloirs-ci, disait il en pointant de son crayon 3 couloirs accessibles de là où ils se trouvaient, donc, l’idée c’est de prendre quelqu’un en sandwich dans l’un de ses couloirs, et de lui faire quelques frayeurs en le bombardant de feuxfous buseboum des deux cotés du couloir. Comme ça, il peut pas s’enfuir, et en plus, ce sera encore plus impressionnant pour cette personne de se retrouver cerné par les feux d’artifices ! »

Ce plan avait plusieurs avantages. D’une part, la victime ne pourra pas fuir les feuxfous, car elle sera encerclée de part et d’autre du couloir par ces derniers… En plus, les feux d’artifices ne pouvaient pas être interrompus par un sort, sous peine d’être amplifier. Le sale gosse imaginait déjà la surprise future de leur victime au beau milieu de feux multicolores au beau milieu d’un couloir !
Morgan tendait l’oreille, guettant des bruits de pas qui indiquerait la présence d’une victime potentielle… Qui ne tarda pas à se faire entendre. Des sons résonnaient dans les couloirs silencieux, des sons différents de celui de la pluie sur les carreaux… Morgan regarda vite fait son petit plan, au l’écoute de la direction du son, la future victime ne pouvait venir que de là. Il montra le petit plan à la Rouge et or en montrant la position estimée de la personne.

« Tu entends ? Tu entends ? Quelqu’un arrive ! Moi j’pars par là, et toi par là ! Comme ça on l’encercle là ! »

Se hâtant dans la direction qu’il s’était auto-indiquée, il pensa avec ironie qu’il jouait lui-même à son propre jeu : il allait s’en prendre à la première personne venante, qu’elle que soit sa maison, son âge… Vraiment n’importe qui, il ne savait pas lui-même sur qui ils allaient faire cette facétie.

[hj : un mois plus tard... j'ai honte Embarassed

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