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 The lethal side of life's vicissitudes (Pv)
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MessageSujet: The lethal side of life's vicissitudes (Pv)   The lethal side of life's vicissitudes (Pv) EmptyDim 3 Aoû - 17:39:55

Pour la centième fois Callista sortit une petite carte de sa cape sombre et y jeta un rapide coup d’œil.

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Elle savait où elle allait, elle était déjà venue ici deux fois, mais cette carte parcheminée était tout ce qui lui restait de sa sœur. Comme si la jeune femme craignait que l’ancienne boutique d’Absynthe ait elle aussi totalement disparue, elle recommençait inlassablement cet étrange rituel pour s‘assurer de ce qui était déjà certain. Plus certain que le sort de sa sœur, véritablement volatilisée du jour au lendemain il y avait de cela presque un mois. Un mois déjà que la gracile silhouette de sa cadette ne hantait plus les couloirs vides de leur demeure en ruine, un mois qu’elle n’avait plus croiser son regard amère et haineux, un mois qu’elle n’avait pas entendu claquer une de ses répliques cinglantes chargées du fiel des offensés.

Blessée dans sa chair et lésée dans ce qu’elle croyait être ses droits, Absynthe s’était révélée plus venimeuse que jamais. Après les cris, les injures, la révolte face à leur père et à sa décision de mettre définitivement un frein à toute activité pernicieuse, vengeance et autre ignominie, sa cadette s’était finalement murée dans le silence. Un silence lourd de rancœur et de mépris, encore aggravé par l’infection de sa main. Tant de mois moroses et d’heures pénibles. Mais même en piteuse condition, elle avait écarté toutes les tentatives de Callista pour renouer avec elle, des tentatives que l’aînée avait su vouées à l‘échec avant même de les avoir initiées.

En dépit de ce qu’elle savait sur sa sœur, elle en avait beaucoup appris de son père et de sa part de responsabilité dans les prédispositions dangereuses de sa dernière fille. Un état de fait que la guérisseuse avait déjà soupçonné et qui l’empêchait de détester totalement Absynthe, finalement plus fragile ou victime des circonstances. C’était ce qu’elle voulait continuer de croire. Au-delà du silence et de la bouderie querelleuse, il y avait eu la folie. Les crises fiévreuses d’Absynthe avaient donné un inquiétant contrepoint aux états de nerf de leur mère. Comme leur frère, lui aussi disparu il y avait si longtemps, comme leurs cousins, cousines, Absynthe avait toujours porté le germe d’une aliénation qu’il n’était pas possible d’annihiler par une potion ou une cure, aussi puissante soit-elle. Il s’agissait du sang malade de la famille maternelle. Une triste circonstance atténuante, mais jusqu’à quel point ? Jusqu’à quel point Absynthe s’était-elle retrouvée impliquée dans le meurtre de Helena Jenkins lors de cette nuit d'hiver aux côtés de Rod Jugson ?

Croire qu’ils aient été de connivence relevait à la fois de la logique si l’on se basait sur les anciennes activités de sa sœur, mais également de l’irrationnel si l‘on considérait la mutilation du Mangemort sur sa benjamine. Le maléfice avait évolué sournoisement. D’abord une "simple" coupure profonde du haut de la paume jusqu‘à son poignet, une longue plaie inguérissable, jusqu’à ce que la vie se résorbe laissant la peau plus lâche et sèche autour d’un membre décharné et racorni toujours caché par un éternel gant noir. Ce Mangemort était-il donc si corrompu pour qu’il puisse se retourner contre ses alliés sans remord ou bien étaient-ils tombés l’un sur l’autre dans un lieu qui n’avait rien à voir avec la maison de l‘Auror décédée ? Ce qu’en disait la langue traîtresse d’Absynthe ne pouvait être cru. Surtout pas à présent qu’elle était partie sans un mot quelques jours après que l’orphelin de Helena ait été mis sous la garde de Callista, au château des Morden.

D’abord, elle n’y avait prêté aucune attention et ce fut en interrogeant la vieille Elfe de Maison que des soupçons étaient apparus. Malgré tous ses efforts et ses menaces, elle n’avait pu tirer que ces huit mots "Elle est partie quand elle l’a su" et de nombreux regards agités de la part de l’Elfe. Qu’est-ce qui avait bien pu guider sa petite sœur ? La peur ? La jalousie de voir les siens porter secours à un étranger quand ils ne la soutenaient pas de la façon qu’elle aurait exigé ? Absy ne se serait-elle pas vengée alors ? Et peut-être était-ce ce qu’elle avait fait d’une façon moins directe que ce qui lui était coutumier. Pensait-elle se racheter aux yeux de Jugson en lui dévoilant l’ultime cachette de l’enfant ? Pensait-elle le lui dire par crainte ? Pourquoi attendre si longtemps avant de frapper en ce cas ? S’en souciait-il ? Absynthe était-elle morte ? Ou était-elle simplement allée régler quelques comptes ? Réclamer d’anciens dus pour se soigner, s’offrir malhonnêtement ce que les siens ne pouvaient lui payer ? Tellement de questions, trop de questions. Sa tête en était pleine à éclater.

La jeune femme releva ses mains à ses yeux cernés pour en masser les paupières alourdies. Elle avait trop d’heures de sommeil en retard, ses nuits n’avaient jamais été aussi peu tranquilles qu’à chaque fois où Absynthe découchait. Déjà à l’époque de son commerce et ignorante des vraies activités de sa sœur, elle s’inquiétait et craignait que son propre engagement envers l’Ordre du Phénix ne porte préjudice à un membre de sa famille. Elle devait s’avouer avoir été soulagé de sa culpabilité en apprenant qu’elle n’était pour rien dans l’infortune de l‘occultiste. Peut-être cette dernière avait-elle raison, elle devait être stupide et faible. C’était aussi ce qu’avait pensé son père toutes ces années durant lesquelles Absynthe avait été l’étrange favorite d’Ophedius Morden. Avant qu’il ne change d’amour quand son bel objet de fierté était revenu vers lui, sanglotante et meurtrie. Une autre interrogation. Que devait-elle faire vis-à-vis de son père sachant ce qu’il avait été ? D’une fille à l’autre, il avait toujours montré une préférence et désormais Callista était l’élue. La part enfantine de son être se réjouissait de son revirement, mais elle en était également dégoûtée.

La pâle jeune femme ressortit la petite carte et s’avisa que ses pas l’avaient mené sans encombre jusqu’à l’ancienne boutique de sa sœur. La façade grisâtre avait bien triste allure. Entièrement mise à sac, la porte n’existait plus et les vitres éclatées s’étaient répandues en brisures coupantes sur les pierres déchaussées. Evidemment. La vermine de l’Allée des Embrumes avait dû chercher à faire main basse sur tout ce que sa sœur avait laissé derrière elle. Il fallait reconnaître à sa cadette une certaine forme de courage pour avoir tenu en respect et vécu au milieu de ces bêtes pendant presque un an. Sans doute soutenue par cet orgueil insensé qu’elle lui avait dévoilé si tardivement.

La guérisseuse posa un pied sur les petites marches et gravit le perron, une désolation muette au cœur. Dans le fond, sa sœur n’avait agis ainsi que pour les sauver de la misère et épargner la honte à leur nom. A présent, tout était détruit. Son regard balaya la salle, considérant les fioles cassées et les étagères vides, les poudres divers empoussiérant le sol de cette boutique abandonnée. Toute l’énergie qu’avait mis sa sœur, démantelée. Finalement…Finalement l’aînée pouvait comprendre ce que sa cadette avait pu ressentir et en voulu une fois de plus à leur père pour ne pas avoir su trouver quoi dire. Il n’avait jamais su apaiser tristesse ou désarroi.

Elle posa sa main sur le chambranle de ce qui fut la porte et se tint un moment dans la clarté de l’embrasure. La pleine lune jetait une lumière blafarde et crue sur la désolation devant elle, laissant le reste de la pièce camouflée par l’ombre bleue. Le cœur de Callista se serra de chagrin autant que de surprise. Une mouvance attira son attention, une forme plus sombre, un léger bruissement d’étoffe et la guérisseuse posa doucement sa main sur sa baguette dissimulée dans les plis de son vêtement. On ne pouvait se défendre de trop de prudence en ce lieu. Cette silhouette appartenait certainement à un simple rôdeur venu fureter dans l’espoir que la rapacité de ses collègues lui aurait laissé quelques miettes. Mais il s’y prenait un peu tard…


-Je crois que la boutique est définitivement fermée…

Monsieur, madame, Absynthe ?
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MessageSujet: Re: The lethal side of life's vicissitudes (Pv)   The lethal side of life's vicissitudes (Pv) EmptyJeu 7 Aoû - 1:00:09

Une latte du parquet craqua sous son pas, sourde plainte qui lui rappela le grincement pitoyable de l’os sous une brusque traction, lorsque le cartilage exposé à trop de pression se rompt presque et finalement se sépare en esquilles dans la chair. La silhouette de l’homme se retourna vers l’armoire aux portes grandes ouvertes sur du vide. Son index traça un sillon négligeant dans la poussière recouvrant un meuble à sa portée. La petite Morden avait bel et bien tout abandonné. Où que se posât son regard, il n’y avait que des manifestations d‘un lieu brusquement déserté: dans le bois gémissant, dans l’odeur de renfermé des pièces et celle de vieillesse précoce des textiles, du matelas apparent dépouillé de ses draps au divan dépossédé de ses dorures par quelques mains avides, dans les derniers cadres aux murs, voilés d’une fine pellicule grisâtre et tous ces filaments de poussière qui frôlaient son visage, toiles d’araignées contrefaites, les larmes des maisons laissées sans maître. L‘absence de la cousine de Lucius frappait, mais il demeurait quelque chose d‘elle, une fragile évanescence, certaines de ses possessions ayant échappé à la purge des racailles et témoignaient de ses habitudes, de sa présence, ténue et spectrale telle une ombre du passé. Comme si la petite si vibrante de vie avait du jour au lendemain été fauchée par une peste foudroyante. Ici, il restait un châle de trop peu de valeur pour attiser les convoitises, là, quelques fruits luisants de pruine rejetés au sol car on avait dû s’emparer de leur coupelle, prisonniers d’une brosse quelques cheveux bruns et des restes de cosmétiques sur une console, de ces choses de femme, futiles et charmantes.

Distraitement, il s’empara du châle froissé, roulé en une masse informe au pied du lit, fit glisser le tissu entre ses doigts agacés par les rebords frangés et laissa finalement retomber la noire étoffe sur le plancher où elle souleva une faible nébulosité de particules, troublant l‘air comme ses pensées. Arrangée convenablement, l’étole ferait un appréciable vêtement à la gamine, recouvrant une épaule, dénudant l’autre avec tout l’art d’un drapé antique, dissimulant sa poitrine et son ventre entre leurs plis jaloux de ses charmes, mais laissant tout de même entrevoir d’autres lieux plus secrets à peine voilés par les brins souples des bordures effilochées. Impudique et agaçante.
Une autre beauté se substitua rapidement à l’élégante vision, la silhouette finement sculptée laissant la place à un corps plus voluptueux, d’une sensualité plus envoûtante. Le visage de la belle exotique arborait ce sourire satisfait et ses prunelles jetaient cette œillade moqueuse propre à sa délicieuse personne qui lui conférait une expression irrésistible de défi. A demi nue, parée en tout et pour tout que de ce pauvre châle ordinaire noué autour de ses reins comme un pagne et de ses sombres mèches ondulant entre ses seins, dans son dos, contre ses épaules, elle était somptueuse, magnifiquement femme.

Du bout du pied, le Mangemort rejeta négligemment l’étoffe importune sous les ombres du lit afin de la soustraire à sa vue. Il avait d’autres choses à faire que de se perdre en rêveries, aussi agréables fussent-elles.

Cette histoire traînait depuis plus de quatre mois. D’abord obsédante, et par la suite indifférente, il avait régulièrement accordé une pensée à la jolie cousine de Lucius, la petite occultiste restée pendant longtemps sa belle je-ne-sais-qui jusqu’à ce qu’il pût enfin poser un prénom sur son visage. Ce n’avait pas été très difficile en somme, et il n’avait jamais pressenti que cela le fût, bien qu‘une main invisible qu‘il suspectait être celle de l‘intrigante jeune femme ait commencé par lui compliquer la tâche en supprimant la première personne à pouvoir le renseigner sur elle: son ancien employeur, Quinton Bailey. De même, lors de cette réception idiote entre Mangemorts, Lucius s’était révélé aussi peu loquace que pathétique et les provocations de Jugson n’avaient mené à rien, si ce n’était au départ prématuré du cousin d’Absynthe sur un unique avertissement. Ensuite, d’autres affaires l’avaient simplement retenu, des désagréments exigeant de son temps et reportant cette investigation au mois de mars.
Fort heureusement, les rats de l‘Allée des Embrumes n‘ayant pas leur pareil pour se dévorer les uns les autres, s‘il suffisait d‘un nom, l’on était vite renseigné et conseillé quant à la manière la plus efficace de supprimer cette personne. Connaître la cachette d‘une péronnelle attiseuse de tant de haine et de passion fut en définitive relativement simple dès qu‘il put s‘y consacrer. La plupart de ses mouchards s’accordèrent à dire qu’elle avait dû retourner se consoler en France de ses meurtrissures où le nom de Morden reluisait davantage qu‘en Angleterre. Rod avait alors attendu, satisfait de la savoir à portée de main, d‘avoir pu deviner sa silhouette à une fenêtre, d‘apprendre qu‘elle avait une sœur, appréciant secrètement l’insouciance de la gamine parmi les siens alors qu‘il était si proche d‘elle, simplement séparés par des murs de pierre et quelques sortilèges de protection. Oh, et Lucius aussi. Il ne le jugeait pas comme une réelle menace, il n’avait gagné que son mépris en raison de son manque de fierté, mais il ne tenait pas à amener des tensions inutiles au sein de leur groupe à la stabilité déjà précaire. Bien que s’il avait vraiment eu envie de disposer de la petite à son idée, il l’aurait fait. Sa nombreuse famille toujours dans ses parages et ce château anachronique certainement autant hérissé de maléfices qu’un tombeau égyptien l’avaient retenu bien plus sûrement que son collègue fantoche.

Rien qui ne pût le tenir en échec bien longtemps, il trouverait le moyen de l‘approcher, d‘une façon ou d‘un autre. Que voulait-il d’elle ? Ils avaient soldé leurs plus violents acomptes cette nuit de janvier, la gamine avait payé le prix de son idiotie et de sa sournoiserie avortée pour se venger de lui, pour soulager sa précieuse petite fierté mise à mal. Il ne cherchait pas à se disculper de quoi que ce soit, mais si l’on passait sur les broutilles, miss Morden n’avait jamais eu aucun droit légitime sur ce qu’il était venu récupéré cette nuit aux doigts morts d’Helena, elle avait tenté le jeu de la séduction, avait perdu et perpétué sa folle arrogance au lieu de profiter de sa chance. Si elle n’avait pas eu sa beauté pour elle, s’il n’avait pas subi près de quatorze années à Azkaban sans la moindre créature féminine pour ravir ses yeux, contenter sa main, elle aurait été morte dès son premier faux pas. D’ailleurs, tout à la fin, il aurait fallu le temps infime d‘une seconde pour que l‘Avada ne la frappe au lieu de broyer la colonne d‘escalier où le corps de la Jenkins gisait en travers des marches.

Il se rappelait de tout, du sang de la fille sur sa peau, de la douceur de ses lèvres conjuguée à leur ardeur, sa langue joueuse, la douleur de sa propre chair brûlée par le sort d’Absynthe avant qu’elle ne disparaisse abruptement, esquivant la plus sommaire exécution. Il détestait l’inachevé et comptait lui rappeler sa promesse, faite sous le cadre ô combien stupidement romantique d’un clair de lune et avec le gage d’une mornille, fidèle témoin de leurs meilleurs instants. Serait-elle à la hauteur de ce que cette piécette d’argent suggérait entre eux ? Saurait-elle répondre de ce qu’elle avait initié sans y mettre un terme frustrant par la fuite ?

Le Mangemort se retourna vers la console appuyée au mur tapissé et décrocha les cheveux emmêlés entre les poils de la brosse ronde. Quelques filaments châtains, à peine de quoi faire une mèche, à peine de quoi se rappeler le contact de sa chevelure. Son regard tomba sur un mince feuillet glissé entre deux lattes grises, le coin blanc du petit mot apparaissant à peine à la surface de l’interstice. Sans vraiment y prêter un sens quelconque, il attira le morceau de papier à lui d’un mouvement instinctif de sa baguette et le parcourut rapidement. Rien de remarquable. Des banales flatteries d’un très courtois G.W, accompagnées de fausses modesties vantant un "humble présent". Sourire amusé aux lèvres, Rod poussa du pied une petite boîte mauve abandonnée au sol, et la tourna de façon à pouvoir observer l’étiquette dorée indiquant l’adresse d’un joaillier sur le Chemin de Traverse. Il voyait tout de suite où cet homme avait voulu en venir. Certains se donnaient bien du mal…

Agréablement distrait par sa trouvaille, il ouvrit un tiroir rempli à ras bord de lettres et de créances en tout genre. Beaucoup étaient signées de Callista, la chère sœur qu’il n’avait jamais eu l’occasion d’apprécier, bien que G.W la talonnait de près pour son assiduité dans l’écriture de missives sentimentales. Emportant une liasse de ce courrier du cœur avec lui, il se releva et redescendit au rez-de-chaussée, le nez sur les lignes tour à tour transies ou fleur bleue. Vers les dernières tartines de mots, G.W était devenu Geoffroy. Et Rod était prêt à parier qu’il n’avait pas pour autant goûté au fruit défendu.

Il jeta les lettes sur le triste comptoir solitaire et s’apprêtait à sortir quand il remarqua qu’une forme humaine se découpait dans la clarté lunaire de l’entrée, directement en face de lui. Les yeux noirs de la jeune femme se dirigèrent dans sa direction, montrant qu’elle avait perçu sa présence malgré l’obscurité et la distance. Il était cependant assuré qu’elle ne pouvait le discerner avec autant de précision que lui en dépit de ses grands yeux de biche. Il voyait clairement son visage fin et fatigué, son habit et ses cheveux sombres conspirant avec la lumière si vive des rayons nocturnes afin de donner à son teint la pâleur du sépulcre ou la blancheur de craie des agonisants. Il considéra en silence sa silhouette élancée, bien trop grande, bien trop diaphane et maladive pour lui plaire, jusqu‘à ce qu‘elle brisât le silence, confirmant ce qu‘il pensait: elle le devinait, mais les ombres le cachaient.


-Perspicace., laissa-t-il tomber.

Il savait très bien que la seule marchandise qu’il désirait acquérir n’était plus en stock depuis un certain temps. Il avait simplement voulu…voir les dépouilles de ces choses qui lui avaient appartenu et peut-être trouver une faille, n‘importe quoi qui lui permettrait de se rapprocher d‘Absynthe. Mais il n’y avait rien d‘intéressant. Pas même cette fille. L’unique suspens était la raison de sa présence ici, elle qui possédait toutes les allures d‘une brave petite des beaux quartiers. Il lui trouvait, du reste, un certain air de déjà vu…Pourtant, il ne se rappelait pas avoir croiser sa face fantomatique auparavant. Et Merlin savait s’il faisait attention aux femmes...


-Tu ne devrais pas rester dans ce genre de clarté. Elle ne flatte pas tes traits et te donne l’air d’une trépassée rejaillie de la tombe pour apporter un message funeste. Croiser le Sinistros serait moins angoissant…Avance donc dans l'ombre.
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MessageSujet: Re: The lethal side of life's vicissitudes (Pv)   The lethal side of life's vicissitudes (Pv) EmptyDim 10 Aoû - 16:51:14

Au mois était-elle fixée. Il s’agissait d’un homme et pas des plus courtois, mais elle ne s’attendait pas à autre chose des arpenteurs de cette ruelle infestée de boutiques douteuses. Aussi évidentes que des amanites tue-mouches et pourtant florissantes. Pourquoi le Ministère ne faisait-il rien pour assainir l’endroit ? Libres de se livrer à tous les travers possibles, les déviants pullulaient dans l’Allée des Embrumes et n’importe quel sorcier pouvait avoir accès aux dangereux services proposés. Ce bassin d’immoralité ne pouvait qu’entraîner toujours plus de mal et offrir une cachette impeccable à tous les petits criminels et les vauriens de la pire espèce. Dont éventuellement cet homme tapi dans les ténèbres. Dont éventuellement sa sœur. Que serait une petite fuyarde parmi ce grand rassemblement de personnes aux vices et aux bassesses innombrables, toujours plus abjectes les unes que les autres ?

La jeune femme eut un mouvement d’agacement comme si elle cherchait à repousser les mots de l’inconnu dans les ombres d‘où ils étaient sortis. L’endroit lui-même, vandalisé et abandonné, la rendait nerveuse. Tomber sur un invité surprise qu’elle ne pouvait pas voir et au ton si méprisant n’était pas non plus fait pour apaiser son anxiété. Il lui en fallait peu depuis quelques temps. Pendant un instant, la guérisseuse fut proche de tourner les talons et de revenir le lendemain afin de s’éviter des complications inutiles avec quelqu’un dont elle ne savait rien. Ni de sa puissance magique ni de son tempérament et de ce qu’il oserait faire. Elle avait vu tellement de choses horribles à Ste-Mangouste ces derniers temps. Tellement de personnes innocentes ou incapables de se défendre se retrouvaient victimes de déséquilibrés et subissaient les tortures les plus horribles. Pour rien. Parce qu’ils s’étaient trouvés au mauvais endroit au mauvais moment, parce qu’ils étaient considérés comme différents à cause de la valeur stupide que certains accordaient au sang. Un des plus dangereux non sens de l’histoire sorcière et les victimes de ce préjugé se comptaient par millier à travers le monde. Partout les mêmes violences depuis des temps trop reculés. N’était-il pas urgent d’y mettre une fin ? Le monde laissait faire et n’avait pas besoin qu’elle apporte sa pierre à l’édifice de la passivité.

Peut-être cet homme avait-il sa part de méfaits. Peut-être n’était-il qu’un provocateur sans grand courage. En tout cas, la jeune femme croisa résolument les bras, sa baguette en bois de bouleau tranchant sur le tissu noir de sa cape. Quelle idiotie de vouloir s’habiller comme les habitués de cette maudite allée ! Qui croyait-elle pouvoir abuser ? Sûrement pas lui, dans le noir, à en juger par le ton qu’il avait employé pour s’adresser à elle, il était loin de la respecter.


-Permettez moi de décliner votre "invitation" monsieur, rétorqua-t-elle d’une voix sèche.

Qui qu’il puisse être, l’aînée des Morden avait la ferme intention de lui demander de vider les lieux puisqu’il était si évident de remarquer qu’il n’y avait rien d’intéressant à emporter pour se remplir les poches.


-Je sais que ce genre de concept n’est pas facilement compris par ici, mais cette boutique est une propriété privée. Même s’il n’en restait que la façade vous n’avez pas le droit d’y pénétrer. Aussi je vais vous demander de bien vouloir vous en aller.

La prise de la jeune femme se raffermit sur sa baguette. Sa voix n’avait pas tremblée, mais elle sentait monter dans sa gorge ce hoquet nerveux qui lui était propre. Parler au néant avait quelque chose de dérangeant. Quel visage avait-il ? Etait-il une brute épaisse ? Quelqu’un à l’allure raffinée et délétère ? Sa voix indiquait un homme d’un certain âge et bizarrement elle ne l’imaginait pas fluet et binoclard. Plutôt grand et intimidant. Il ne fallait surtout pas qu’elle se laisse impressionner par l’assurance qu’elle avait perçu dans l’intonation impérieuse de cette voix surgie de nulle part !

Callista fit un pas de côté, rejoignant un coin d’ombre moins exposé à la lumière blanche de l’astre nocturne. La porte était « grande ouverte », il pouvait partir. Une idée lui traversa soudainement la tête. Et si cet homme cherchait lui aussi Absynthe ? Sa sœur s’était indifféremment fait amis et ennemis lorsqu’elle vivait de son commerce et peut-être s’agissait-il d’un ancien habitué ? En le voyant partir, elle verrait peut-être aussi filer des réponses à certaines questions ! Et dans le cas où cet homme chercherait sa cadette pour un remboursement ou pour régler un litige de la même eau, ne risquait-il pas de vouloir "s‘expliquer" avec sa plus proche parente à sa disposition ? Peut-être avait-elle été moins habile qu’elle ne l’avait pensé…Pauvre dinde, aurait dit sa soeur et son père lui aurait jeter un regard neutre comme à une chose de peu d'intérêt qui commence à agacer. Avant, avant qu'il ne change.

L’envie de lancer un sort pour éclairer les traits de l’inconnu s’empara d’elle. Ainsi, elle pourrait voir l’expression de son visage si jamais ce qu’elle lui disait éveillait de l’indifférence, comme s’il savait, ou au contraire de l’intérêt. La guérisseuse se torturait l’esprit pour savoir si elle devait ajouter quelque chose ou se taire avant de sortir une ânerie préjudiciable à sa sœur. Ou à elle. Absynthe était quelque part dans la nature et si elle échappait si bien aux recherches de sa famille, elle n’aurait certainement aucun mal à se cacher des autres. D’un autre côté, la disparition d’Absy n’avait pas déclanché une grande vague de panique et leurs efforts pour la retrouver avaient été discrets et limités à leurs maigres ressources. Callista elle-même devait s’avouer que derrière toute l’inquiétude fraternelle, il y avait une certaine satisfaction à voir disparaître le seul élément qui pouvait encore nuire au rachat de leur famille. Et pourtant, elle voulait savoir ce que Syn était devenue, elle le désirait profondément et malgré sa raison. Simplement savoir, même si elles ne devaient jamais plus se recroiser. Elle ne pouvait aller contre ses élans, bien qu’elle en ait déjà trop fait Absynthe, restait sa petite sœur, celle qu'elle avait toujours voulu protéger et échouer à défendre, elles avaient grandi ensemble, ce qui rachetait pour une part ce que sa benjamine était devenue. La question du bébé demeurait en premier plan également.

Finalement, la guérisseuse resta coi. Elle aviserait quant il passerait près d’elle.


*Je lui dirai qu’Absynthe s’est volatilisée depuis presque un mois…et ensuite..je..*

Si il s’exécutait. Mais en fin de compte, elle en doutait. C’était l’Allée des Embrumes.
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MessageSujet: Re: The lethal side of life's vicissitudes (Pv)   The lethal side of life's vicissitudes (Pv) EmptyMer 13 Aoû - 1:34:37

Brave petite si bien dressée. Dommage qu’on ne lui ait appris qu’à montrer les crocs et non à faire la belle. Une levrette ne pouvait passer pour un dogue quand bien même elle écumerait de rage, il n‘émanait pas assez d‘agressivité de son visage blême et de ses membres fins pour prétendre faire reculer son adversaire la queue entre les jambes. Le Mangemort regarda la jeune femme s’agiter, suivit le délié de ses longs doigts pâles, comme crispés à outrance, refermés sur sa baguette dont le bois étincelait et se confondait avec les phalanges arachnéennes qui le serraient. La noire étoffe du vêtement servait d‘écrin à l‘arme élégante de cette apparition spectrale, étrangement mise en évidence par ce contraste de deux extrêmes. Une menace silencieuse ? Rod sourit, secrètement amusé.

Vraiment, une brave petite qui tentait de faire bonne figure comme on impressionnait les blancs-becs, par quelques rodomontades réglées à la virgule près. Pourtant, s’il ne la voyait pas clairement sur son visage, il la sentait pour l’avoir mille fois perçue chez d‘autres, hommes, femmes, vieillards, enfants: la nervosité. C’était bien cela: Racée, mais nerveuse. Jusque dans sa posture pourtant emplie de détermination et de fermeté, elle n‘était que tension. Ou agacement, peut-être. Etait-ce l’émoi d’une jeune fille ? La vanité d‘une orgueilleuse ? Impossible de le déterminer clairement, et du reste, savoir ne l‘intéressait pas. Tout au plus constatait-il ce qu’il avait sous les yeux et ce qu’il avait la misère d’entendre. Elle devait se raccrocher à sa politesse dédaigneuse par inexpérience, parce qu’elle ne savait pas quel comportement adopter face à l‘opposition que rencontrait sa nature trop chancelante et vulnérable, ou parce qu’elle souhaitait montrer qu’elle venait d’un monde bien au-dessus de ce qu’elle pensait être le sien, et que ces insignifiances n‘étaient que des réflexions de bas étage, de la boue lancée sur l’immaculé de sa peau dramatiquement albescente. Ce mouvement qu’elle fit…on aurait bien dit qu’elle chassait des salissures imaginaires…Repousserait-elle un maléfice de la même façon ?

Car, oui, que fallait-il faire maintenant ? Devrait-il se tirer une chaise et entamer un duel de patience avec cette créature formaliste ? Vingt ans de moins et il aurait tenté l’expérience, un essai qui n’aurait pu que démontrer son manque de tolérance face à ce genre de petite oie qu’on n’avait pas encore gavé de mouflets et de brimades. Plus fraîche que réellement froide, toutefois, malgré ses efforts pour paraître de glace. Il y avait en dépit de cet aspect revêche, un caractère infiniment plus doux, perceptible au fond de ses grands yeux noirs. Pourquoi avait-elle quitté son nid pour se mêler aux rapaces nocturnes ? Il fallait être dépossédée du plus élémentaire sens commun, une folie épidémique répandue parmi les godiches de cet âge, ou être rendue téméraire par une nécessité quelconque. Jugson n’eut pas le temps de pousser plus loin le cours de ses réflexions, quelque chose dans le discours de la blanche demoiselle arrêta son attention. Tel un éclair qui déchirerait soudain un ciel pourtant radieux, il ressentit un pic d’excitation traverser son cœur entre deux battements réguliers.

"Propriété privée."

Ces mots lâchés avec une prépotence sous-jacente réveillèrent des échos de paroles enfouies dans sa mémoire. Une voix plus tranchante, mais aux intonations semblables ressurgie subitement, un visage plus orgueilleux se superposa à celui de la jeune femme en face de lui. Un air hautain, des lèvres boudeuses et des yeux à l‘éclat incisif. Il se rappelait ce qu’il avait songé alors, en croisant son regard d’ambre vert: l’épine dans le flanc d’un homme. En connaissance de cause, en sachant pertinemment qu’elle ne pouvait apporter que des complications, il avait accepté sa présence, il l’avait même accueillie avec complaisance, aiguillé par ses désirs. Une fois sa haine assouvie, il aurait eu de quoi mettre un terme extrêmement plaisant à cette soirée d'homicides avec Absynthe…La petite cadette des Morden.


«"Vous me faites presque mal, monsieur Jugson…","Lâchez moi, immédiatement, vous n’avez pas idée de ce que vous êtes en train de faire.","Hmmm…L’envers ou l’endroit ?", "Côté face, monsieur Jugson. Vous n’avez pas envie que je parte…" ,"Espèce d’immonde salaud…Tu vas regretter ça !" »

Il revoyait toutes ces situations se succéder, flot impétueux et sans logique dans l‘intimité de son esprit, il revoyait les poses et les mimiques de cette fille, Absynthe, si différente de sa sœur et pourtant…Il y avait bien cette attitude semblable de hauteur arrogante, de petite supériorité agaçante. Aucun doute possible, il s’agissait bien de la sage Callista, la sentimentale altruiste des lettres, la douce guérisseuse de Ste-Mangouste, qu’il découvrait enfin par le plus fortuit des hasards. Il la scruta intensément, avec un intérêt nouveau, redécouvrait les lignes de sa figure blafarde, reconnaissait cette finesse qu‘elle partageait avec sa sœur, poussée jusqu’au famélique dans son cas. La sorcière avait dû être svelte fut un temps, peut-être l’était-elle encore derrière cette cape qui dérobait ses courbes à sa vue. Ses gestes avaient également dû être extrêmement gracieux au lieu de présenter ce côté effroyablement éthéré.

-Callista Morden.

Rod extirpa sa baguette d‘un repli de tissu aussi noir que celui porté par la deuxième cousine de Lucius, un large sourire satisfait sur son visage animé d‘un feu triomphant. Dire qu’un pauvre type comme Morden avait de tels trésors parmi les vermines de sa lignée à bout de souffle. Bien qu’elle n’ait fait que se décaler, la retraite de la jeune femme dans un coin plus ombré adoucissait la pâleur surnaturelle de son visage et offrait moins de ce contraste dérangeant. Sans égaler sa cadette, elle n’était pas désagréable à regarder, même si étant d’un charme plus discret, moins provocante, sans toutes les basses pulsions que soulevait sa belle garce de soeur. Une reine de grâce plutôt qu’une vraie beauté, il se dégageait néanmoins quelque chose d’elle…Jugson ne parvenait pas encore à déterminer la teneur de cette propriété, mais il pressentait une étrange saveur. Ce n’était pas une aura diffuse autour d’elle, ni le magnétisme d’Absynthe, ni l’exotisme envoûtant d’Eslyne. Cela venait d’elle, de sa peau, c’était quelque chose qu’il lui faudrait goûter pour vraiment le capturer. Bien.

-Tu ne m’as pas amené la plus belle. J’ose espérer qu’elle l’est toujours autant. J’ai entendu dire qu’elle dépérissait.

Finalement, il tenait le moyen de percer les défenses de sa petite insolente, retranchée derrière les murailles de sa forteresse supposée imprenable ! L’excitation couplée à une certaine exultation accélérèrent son rythme cardiaque, ces vives émotions donnèrent à ses yeux une lueur d’avidité, à l’instar du fauve affamé qui se voit enfin jeter sa pitance encore vivante dans sa cage et qui salive d‘avance sur la viande qu’il mettra à nue, imbibée de sang rouge et chaud. Bouillonnant, il sentait l‘énergie magique s‘écouler le long de ses doigts pour picoter les endroits où sa peau était en contact avec le bois brûlant de sa baguette, à moins que ce ne fût sa propre chair qui se trouvât brusquement embrasée. Oui, il était fiévreux et ses pensées avaient le même emballement et la nébulosité que celles d’un esprit sous le joug d’une passion insensée, agitées, tempétueuses, folles, désordonnées. Centre de ce branle-bas étourdissant, la petite Morden ressemblait à une pauvre mouette au milieu de vagues déchaînées par des courants meurtriers. Plaise au Mangemort de faire pleuvoir la foudre. Et il le ferait. Honnêtement…Lucius pouvait aller se faire foutre. Celle-là était remplaçable, il n’allait certainement pas laisser passer une telle opportunité à portée de sa baguette ! Mais il n’allait pas se jeter sur elle comme un meurt-de-faim sans bonnes manières, non, bien sûr que non, il allait la prévenir, en tout bien tout honneur, ainsi qu‘elle l‘aurait fait pour lui.

Jugson s’avança d’un pas, le parquet déjà malmené gémissant encore un peu plus sous la pression de son pied, et étendit son bras vers la silhouette élancée de Callista, sa baguette et la main qui la tenait s’extrayant hors de l’ombre qui protégeait le reste de sa personne.


-Avada Kadavra !

Ce n’était pourtant pas la guérisseuse qu’il visait. Le sortilège ne ferait que frôler les boucles de ses cheveux et se briserait contre la pierre, sans plus de mal que le frôlement d’une aile d’oiseau. Il serait seulement souhaitable qu’elle n’ait pas de malheureux réflexe, tourner la joue d‘un quart vers le mauvais côté serait aussi mortel qu'une lame en plein coeur. La tension qu’il ressentait était intense, le fil de la vie de cette fille allait peut-être se couper par inadvertance, bêtement, comme tant d‘autres qui trouvaient la mort avant de l’avoir cherchée. Alors, le Mangemort n’aurait aucunes réponses à ses questions et se retrouverait doublement frustré, car il n’aurait tenu qu’à lui de mettre un terme à cette longue attente croupissante. Oh, non, si elle mourrait, si sa dépouille s’étendait dans la poussière, les poudres et la saleté, il pourrait toujours s’en satisfaire et se dire qu‘il venait de jouer le destin d‘Absynthe avec le dernier souffle de sa soeur. Il ne serait pas bredouille, mais la gamine lui échapperait indéfiniment et son désir de la revoir était si grand…Un simple geste de la main et cette affluence euphorisante d’adrénaline dans ses veines...Tout ça pour quelques malheureuses syllabes au pouvoir effrayant.

Il toucha la piécette de l‘occultiste, tapie dans le fond de sa poche, et en caressa la surface gravée de son pouce. Une chance sur deux.
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MessageSujet: Re: The lethal side of life's vicissitudes (Pv)   The lethal side of life's vicissitudes (Pv) EmptyLun 18 Aoû - 14:06:37

Les yeux de la jeune femme s’arrondirent de surprise lorsque l‘inconnu prononça son nom. Elle tendit le cou vers l’obscurité et chercha rapidement une voix déjà entendue dans les registres de sa mémoire, mais elle ne lui rappelait rien de familier. Son étonnement était tel que la française ne pensa pas à nier son identité ou à camoufler sa réaction alors qu‘il pouvait parfaitement chercher à la déstabiliser pour s’assurer de bien avoir affaire à Callista Morden. Il avait dit son nom de façon si assurée. Pas une question hésitante. Non, plutôt comme quelqu’un qui vient de tomber sur quelque chose qu’il cherchait. Cette certitude dans la voix masculine ne l‘alarma pas autant que la connaissance qu’il avait de son identité. Que savait-il d’autre ?

La guérisseuse ravala sa salive. Elle sentait l’inquiétude envelopper un peu plus son coeur aux battements rapprochés. Quelqu’un qui la connaissait, qui l’avait peut-être observé dans un but précis, quelqu’un qui pouvait savoir ce qu’elle faisait une fois sa blouse de médicomage retirée. N’était-elle pas assez précautionneuse quant à ses activités pour l’Ordre du Phénix ? Elle n’était que rarement sur le devant de la scène et se préoccupait bien plus de protéger et de mettre des vies hors de portée des mauvaises mains que de se lancer dans des affrontements directs. Un intime de sa sœur ? Mis au parfum par ses soins ? Absynthe n’était peut-être pas loin. Peut-être à côté de lui dans cette noirceur inquiétante, à suivre la scène de ses yeux toujours si brillants. Elle tendit l’oreille, mais aucun murmure ne se fit entendre à la suite des paroles presque suintantes de délectation. Comme s’il savourait par avance un plaisir inconnu de la jeune femme.


-Qui-Comment me… ?

Les questions se bousculèrent sur ses lèvres sans qu‘elles puissent sortir entières et dans un ordre convenable. Incertaine, Callista humidifia son palais desséché à la langue sableuse, mécontente de s’abandonner ainsi à l‘anxiété. N’était-elle donc pas capable d’un peu de cran dans une situation qui n’avait encore rien d’explicitement dangereux ? Sauf ce que ses pressentiments soufflaient à sa raison. C’était cette lueur de pleine lune, cet homme dissimulé, sa sœur disparue, ces dernières nuits sans sommeil, tout cela la rendait particulièrement à fleur de peau. Si sa nature s’était rapprochée un peu plus de celle de sa cadette, elle aurait sans doute déjà fait feu au lieu de chercher à éclaircir ses idées avant d‘agir. Au final, elle se fit plus l’effet d’être un jouet entre les pattes d’un félin qui s’amuserait de ses réactions que d’être la cible d’une réelle menace…au moment où il reprit sur ses ébauches de questionnements.

Cette fois, la pâle jeune femme sentit la colère concurrencer ses craintes, presque à les recouvrir. Il parlait de sa sœur et renforçait cruellement un ressentiment qu’elle n’avait que rarement exprimé, un point plus sensible qu‘elle ne l‘aurait voulu. Bien qu’autrement plus importants, les sévices dont souffraient Absynthe jetés banalement dans la conversation heurtèrent moins sa susceptibilité que la première phrase prononcée. Syn la plus belle, la moins fade, celle que l’on remarquait toujours, qu’on avait toujours choyé malgré le peu de retour d’affection, si ce n’était une manifestation évidente de sa bonne humeur une fois ses caprices satisfaits. Quand ce n‘était pas un stoïcisme total. Callista devrait-elle éternellement être une silhouette vaguement aperçue, un personnage de second plan dans un tableau, placée là pour soutenir et flatter une icône désirée et regardée ? Peu importait ce qu’elle avait essayé de prouver au cours de son enfance ou de son adolescence, ce n’était jamais sur elle que se fixait l’attention. Comme si son prénom allait de paire avec l’insignifiance et que tout ce qu‘elle faisait était inutile, maladroit. Elle ne possédait pas cette chose en plus qu’avait sa sœur. Voilà qu’un étranger sans visage venait lui braquer cet état de fait sous le nez ! Peut-être ne l’avait-il pas clairement ciblée, mais la jalousie déjà présente s’était emparée de ses mots, ramenant la généralité de sa formulation à son cas personnel.

Blessée dans son orgueil, Calli resta muette et droite, sans la moindre trace d’irritation pour plisser son front blanc. Il ne voulait donc pas se montrer ? La médicomage bougea imperceptiblement sa main, prête à viser le fond obscur de la boutique comme elle en avait eu l’idée auparavant. La suite se passa en un éclair.

C’est à peine si elle prêta attention au craquement qui indiquait que l’homme se déplaçait. Elle ne le pointait pas lui de toute façon, il pouvait courir où il voulait. Elle désirait voir son visage, découvrir les traits de celui qui la narguait depuis ces ténèbres. La main qui perça soudain les ombres, pointant sur elle une baguette, lui fit immédiatement relever la sienne pour parer un éventuel maléfice. Mais ce qui surgit de ce bout de bois ne pouvait être contré, rien n‘aurait pu la sauver d’un sortilège impardonnable. Au départ, son cerveau ne sembla pas comprendre les mots assassins qui venaient d’être déclamés. Ce ne fut que lorsque ce rayon vert jaillit dans l’instant de la dernière syllabe qu’elle réalisa le caractère inéluctable et mortel du sort. C’était sa mort qu’elle voyait arriver vers elle, son meurtre qui se réalisait et elle n’aurait pas le temps de l’éviter. Elle rentra la tête dans ses épaules en fermant les yeux, basculant vers l’arrière sur des jambes d’ores et déjà privées de vie. On se dit qu’on pourra tout éviter, qu’il ne suffira que d’un pas, mais ce n’est pas vrai. Tout allait beaucoup trop vite et elle ne pouvait songer à rien, ni accorder une pensée à un être cher, elle n’avait qu’à l’esprit cette ultime seconde qui lui restait à vivre avant que tout ne s’arrête.

Le faisceau lumineux traversa la peau fine de ses paupières, une onde passa près de sa joue, comme une flèche immatérielle qui trouerait l’air avant de s’éclater contre la pierre à quelques centimètres d’elle. Son cœur s’envola. Il l’avait manqué ! De peu, si peu, mais elle était en vie !

L’angoisse atrocement ressentie ne la priva pas de ses moyens, réalité absurde par rapport à tout ces petits tracas qui avaient le pouvoir de la faire bredouiller et hésiter. Elle n’avait plus conscience des ressentis de son corps, de son coeur qui devait pourtant continuer à battre, de la crampe dans son ventre, mais sa détermination était intacte malgré ses membres raidis par la tension nerveuse.

La scène lui sembla étrange lorsqu’en se ramassant sur elle-même, elle se jeta dans l’embrasure de la porte et décrivit un arc de cercle de son bras. L’ancien commerce dévasté s’illumina comme éclairé par un soleil d’été, les seules ombres restantes demeurant celles du mobilier en piteux état.

Pour la deuxième fois, les yeux de Callista s’arrondirent, ses lèvres s’entrouvrirent lorsqu’elle le vit, lui. L’impact de cette vision arrêta son souffle. Choc tellement plus soudain que la fulgurance de l’éclairage faisait ressortir avec davantage d’évidence l’horreur de cette confrontation. C’était à peine croyable ! Ce ne pouvait pas être cette nuit, dans l‘allée la plus sordide de Londres qu‘elle croisait cet homme craint et détesté qui avait déjà tant fait souffrir autour d’elle et hanté ces derniers mois ! Sa main tressaillit et des étincelles rouges crépitèrent au bout de sa baguette.


-Vous ! , gronda-t-elle d’une voix rendue plus basse et sourde par la colère suffocante.

Tous ces malheurs passés lui revinrent brutalement, d’un seul coup et la rage contracta les traits fins de son visage émacié. Elle se sentait tellement indignée de le voir en face d’elle, tellement ulcérée de savoir qu’il était en vie malgré tant de morts dans son sillage, tellement révoltée de son attaque qui aurait dû être fatale, tellement écœurée par tout ce qu’il représentait ! Grisâtre de teint, elle se sentit proche d’avoir un renvoi tant ce Mangemort la dégoûtait, tant les sentiments et émotions que sa vue déclanchait étaient forts. Glacée jusqu’à l’os, relevant aussitôt sa baguette, elle informula un Stupéfixe en poussant un cri chargé de rancoeur. Le puissant jet doré qui projetait sa violente clarté sur le criminel s'éteignit quand une langue rouge fusa vers sa cible.
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MessageSujet: Re: The lethal side of life's vicissitudes (Pv)   The lethal side of life's vicissitudes (Pv) EmptyMer 27 Aoû - 13:35:29

La peau diaphane de la jeune femme refléta l’éclat de l’Avada Kedavra, son visage aux paupières closes sali par la lumière verdâtre qui ne fit que la frôler sans prendre sa vie. La tension retomba brusquement sans apporter au Mangemort l‘apaisement de son effervescence. Pauvre petite qu‘il pensait déjà ébranlée. Ainsi, l’envers de cette condescendance obligeante n’était que docilité, derrière cette façade démantelée de maintien calculé, il ne restait en tout et pour tout qu’une fragilité brutalement mise à nue. Exactement ce qu’il avait voulu obtenir d’elle en faisant mine de lui lancer un sortilège impardonnable...La menace d’être soudainement réduit au néant avant que le temps ait fait son œuvre n’était-il pas le plus sûr des moyens pour forcer une âme à se dévoiler en ce qu‘elle avait de plus vraie, de plus spontanée ? Mais vulnérable ou résistante, tout ne se résumait, en somme, qu’à une question de durée. Il était loin d’en avoir fini avec cette créature blême et frêle.

Sa soumission à la fatalité, à l’inéluctabilité de son sort, l’avait peut-être sauvé d’une mort inutile, si elle ne devait pas la mettre hors de danger. Comme ils étaient peu ceux qui trouvaient le remède à la terreur ou à la révolte pour accepter de leur plein gré le châtiment irrévocable qu’un autre leur imposait. Comme elle était à l’opposé de sa sœur et de sa rage apeurée face à la certitude de sa fin prochaine. Rod se rappelait de la prise violente d’Absynthe sur son poignet, de ses ongles enfoncés dans sa chair, toute sa détermination jetée dans cette tentative éperdue, ne croyant pourtant pas repousser la main qui enserrait sa mâchoire, mais essayant tout de même. Jusqu’au dernier instant, jusqu’à ce que la lame émergeant de la baguette du sorcier entaille la peau si fragile au coin de son œil, elle n’avait pas détourné son regard, ce regard excessivement intense qui lui déniait le droit à disposer d’elle selon son bon plaisir, ses yeux si brillants et si farouches, à l‘expression à mi-chemin entre la prière et l‘ordre de lui laisser la vie sauve.
Callista n’avait rien de ce feu qui l’animait, ce feu qui avait à la fois excité son désir et sa colère, éveillant autant d’agressivité que d’ardeur, suscitant une soif démesurée de s‘abreuver de passion à la coupe de ses lèvres et un appétit d‘autant plus grand à voir son harmonieux corps mince brisé à ses pieds. Que ce fût entre ses bras ou par la force, il avait voulu la dominer et le désirait encore. Mater cette arrogance et cette fierté que même la plus pathétique des situations n’avait pu mettre à bas…L’aînée, que le maléfice avait épargné, incarnait selon lui la promesse qu’il accéderait à l’accomplissement de cette aspiration longtemps contrariée.

Jugson allait faire un pas hors de l’ombre quand la guérisseuse se mut avec une promptitude qu’il ne lui aurait jamais soupçonné après l’avoir vu si faible et hésitante. Il s’était attendu à ce qu’elle s’affaisse sur elle-même ainsi qu’une marionnette dont on aurait coupé les fils, sans main maîtresse pour la guider. Croyant qu’elle cherchait à se sauver, il s’apprêta à la retenir en l’immobilisant, mais la jeune femme réagit de façon étonnante. Surpris par son sortilège, il ferma presque les yeux, la fine membrane protectrice de ses paupière recouvrant à demi ses pupilles habituées à l’obscurité, réflexe incontrôlable dressant un modeste rempart face à l’aveuglante clarté. Sa vision éblouie et voilée par ses cils, il entraperçut son sort passer au-dessus de l’épaule maigre de la cousine de Lucius pour s‘évanouir dans la ruelle habituellement sombre, à peine décrassée de sa noirceur par la lumière du clair de lune.

Il ouvrit plus largement les yeux, désormais exposé au regard de la Morden comme elle l’était au sien. Le visage de Callista s’altéra à nouveau, de la même façon que tantôt, lorsqu’il avait prononcé son nom et que la gracieuse colombe s’était mise à pépier de travers. Mais cette fois, nul balbutiement ne franchit ses lèvres pâles, l’inquiétude succéda à une aversion évidente, ses traits se durcirent, et le peu de sang présent sous les joues et la bouche de sa figure hâve se retira, la faisant paraître réellement exsangue. Un seul mot claqua dans le silence nocturne, un mot qui résonna comme une gifle, une accusation, un mot porteur de toute son indignation, de la rage qui couvait sous sa peau de lys, des émotions violentes et insoupçonnées sous son apparence de timide demoiselle. Elle ne l’avait pas hurlé et pourtant…ce mot possédait toute la puissance et la révolte d’un cri, cette révolte qui ne l‘avait pas saisi au moment où elle avait cru mourir. Etait-il donc pire que la mort à ses yeux de jouvencelle ?

La réponse se révéla positive. Comment aurait-il pu en être autrement alors que se sachant condamnée elle n’avait pas cherché à lui infliger une dernière douleur en guise de pauvre vengeance posthume, amère revanche pour adoucir ses derniers instants avec la satisfaction de le voir souffrir, et que, découvrant son identité, elle révélait des intentions stupidement belliqueuses ?

Rod sentit un certain emballement proche de l’enthousiasme éclore au fond de lui parmi le tourbillon des sentiments qui l‘agitait déjà. Elle n’allait pas seulement servir ses projets: elle lui donnerait également l’occasion de se divertir plus sûrement qu’une craintive et obéissante petite fille. Il jubilait de ce revirement ! Combien de temps la poupée de porcelaine résisterait-elle avant de se briser ? Devait-il être magnanime ? Tout dépendrait de ce qui animait son tendre cœur de justicière...

Préalablement alerté par les étincelles rougeoyantes échappées de la baguette aux doigts de la nerveuse guérisseuse, Jugson se tenait près à parer ou à éviter la prochaine attaque, s’empêchant à grande peine de ne pas prendre l’initiative dès que la luminosité ambiante expira brusquement. Très vive malgré son allure d’outre-tombe de plus en plus évidente, elle faillit réussir à le toucher, le Mangemort n’évitant l’éclair à la rougeur caractéristique qu’en se rejetant prestement contre les hautes étagères encombrant les murs de leur surface dépouillée, aussi misérables que des carcasses d’animaux laissant voir leur squelette. L’endroit ayant été dévalisé il y a longtemps, le choc de ses épaules contre le bois ne fit que soulever un nuage de poussière et quelques feuillets de parchemins oubliés, sans autre bruit qu‘un heurtement sourd et le glapissement de cette fille.

Les contractions de plus en plus précipitées de son myocarde semblaient se répercuter, frénétiques, jusque dans ses veines, jusqu’à faire battre le sang dans ses tempes. La Callista des lettres pouvait donc ressentir une hostilité extrême et se laisser envahir par ses pulsions agressives. Etait-elle purement et bêtement hors d’elle…? Lui était-elle rancunière de son attaque ? Ou bien y avait-il une signification plus profonde comme il le suspectait ? Il l’avait lu pétrie de bonté, le genre à étouffer son caractère sous de grands idéaux, à tel point que dévorée par la haine, elle n’osait rien de pire qu’un Stupéfixe. Coup classique qui l‘avait déjà envoyé à Azkaban par le passé.


-Allons, ma douce, tu en es simplement quitte pour une belle frayeur ! Ne joue pas à ça, c’est dangereux. Tu n’es pas à la hauteur., la prévint-il dans un mélange de raillerie et de provocation. En la méprisant, en dédaignant ce qui la poussait à faire front, il espérait l’inciter à aller plus loin encore.

Toujours dans la pénombre où elle l’avait replongé, Rod pointa sa baguette aux pieds de la jeune femme, le parquet éclatant sous la pression invisible de sa volonté sur la matière friable. Echardes et copeaux s’envolèrent, mêlés de poudre et de poussière qui s’accrochèrent à la robe de la sœur d’Absynthe, avant qu’un deuxième craquement ne soulève un autre nuage trouble, plus près encore de la silhouette élancée qui se tenait dans l’encadrement de la porte. Puis, du même mouvement énergique, il releva subitement la main, visant les chevilles dissimulées sous la robe longue de Callista, modérant son élan afin de ne pas totalement l‘estropier en fracturant et déchirant d’un seul trait la structure cartilagineuse et les ligaments reliant le pied au reste du corps. Le prochain craquement qu’il entendrait serait sans doute celui de l’os broyé laissant apparaître fragments ivoirins et tendons sanglants par le cratère d’une peau écorchée. Ainsi que le vieux bois râpé s’effiloche et s’écharde.
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MessageSujet: Re: The lethal side of life's vicissitudes (Pv)   The lethal side of life's vicissitudes (Pv) EmptyVen 5 Sep - 15:17:28

Aucun bruit de chute ne suivit l’éclat rouge du sortilège de Callista. Elle n’entendit que le claquement sec du bois heurté violement, mais ce fut tout. Elle l’avait manqué.

Comme si toute sa haine et le courage qu’elle lui donnait était partie avec le trait lumineux jailli de sa baguette, la guérisseuse sentit mordre la panique sur sa détermination. Comme des crocs glacés plantés dans son cœur, le doute et la peur se rappelèrent à elle. Ils ne l’avaient jamais quitté bien sûr. Ils avaient seulement été occultés par cette vague encore plus glacée de haine mordante déferlant sur le Mangemort replongé dans les ténèbres. Elle redoutait ce qui allait suivre, mais elle savait qu’elle ne pouvait plus reculer et qu’elle ne pouvait qu’aller de l’avant. Quel que soit ce qui l’attendrait au bout de son périple. Son sentiment de révolte n’avait pas faibli et s’était même accru, Callista comprenant qu’elle ne serait certainement pas en mesure de remporter une victoire méritée face à ce meurtrier. Elle craignait d’en envisager pleinement les conséquences et pourtant elle ne pouvait se détourner de ce combat. Cette parodie de combat. Ils n’étaient pas de force égale. Combien de sorciers cet homme avait-il vaincus avant elle ? Croyait-elle pouvoir l’emporter avec sa maîtrise académique des sortilèges ? Pourtant…

Elle se souvenait de cette nuit où sa sœur s’était révélée dans toute sa petitesse de sentiment et sa mesquinerie, chose qu’elle n’aurait jamais faite si elle n’avait pas été acculée par le danger personnifié sous l'apparence rustre d'Eder Badcoke. Sa cadette avait fait une chose affreuse contre laquelle la médicomage n’aurait rien pu faire avant de se retourner contre elle. Là non plus elle n’avait rien pu faire. Faux. Calli avait toujours été supérieure à Absy. Seul son affection l’avait empêché de retourner la situation. Absynthe n’avait dû son avantage qu’à sa connaissance des chemins détournés et obscurs de la magie. Callista n’avait dû son échec qu’à ses réticences et son absence totale de savoir concernant la magie noire. Elle n’en connaissait que les dégâts sur les corps mutilés de Ste-Mangouste.

Il lui aurait fallu davantage de temps. Mais Rod Jugson ne lui offrirait pas ces précieuses secondes. Déjà sa voix assurée s’élevait à nouveau de son coin d’ombre, comme si la nuit s’était mise à lui parler pour la railler. Absynthe se serait mise en colère et aurait répliqué vertement des paroles vexantes ou un sort sournois. Leur père aurait écrasé ces attaques sous son talon et les aurait foulé de son mépris. Leur mère ne les aurait sans doute pas entendu , ou elle se serait aussi mise en colère, ou à pleurer, ou les deux à la fois. Callista les écouta, l‘œil sombre et la mine grave. Les paroles ne la touchèrent pas. Se fut le son de sa voix qui les rendit insupportables. Tout ceci n’était donc qu’un jeu ?! Elle était la petite poupée dansante d’un dérangé qui s’amusait avec les gens comme un enfant lance ses jouets dans tous les coins et les oubli une fois l’heure de distraction passée ! Une fois qu’il les avait cassé. Il n’avait même pas de considération, de prise de sérieux de tout ceci ! Ses mots reflétaient-ils sa pensée ? Cherchait-il à miner la sienne ? Comment ne pas se sentir offusquée de tant de mépris de la part de quelqu’un d’aussi méprisable ?! Elle détestait cette voix sortie des ténèbres, elle détestait tout ce qu’elle exprimait et tout ce qu’elle pourrait bien dire. Elle aurait voulu qu’il ne puisse plus jamais parler.

Un sentiment venu de plus loin que sa haine instinctive pénétra ses émotions figées et gelées. Une idée qui s’imposait de plus en plus comme une évidence et dont l’horreur n’apparaissait plus qu’en demi teinte. Il ne méritait pas de vivre. Pour tous ces crimes, toutes ces familles qu’il avait déchiré à jamais, pour ce dédain qu’il affichait de la vie, ces valeurs qu’il négligeait, il ne méritait rien d’autre que la mort. Etre abattu comme l’animal qu’il était.

Sombrement déterminée, Callista se prépara à prononcer des mots auxquels elle n’avait jamais songé. Ils étaient là, tapis dans son esprit, pas encore vraiment clairs et précis, mais elle se jura de ne pas faillir. Elle ne songea pas à ce qu’elle ressentirait après, elle se sentait plus froide et inanimée que jamais, toujours haineuse, mais il y avait une certaine transcendance à cette haine. Elle ne la torturait plus, elle la soutenait dans son acte. Quoique elle ne sentit nulle puissance courir dans ses veines. Rien ne l’habitait que sa révolte, son indignation incroyable, son hostilité envers lui. Seraient-elles assez fortes pour lui donner une vraie pulsion assassine ? Son désir de mettre un terme à tout ce mal serait-il suffisant ?

Le parquet craqua près d’elle en soulevant une pluie de minuscules débris et copeaux de bois qui s’envolèrent comme balayés par un coup de vent violent. Saisie d’un sinistre pressentiment, la jeune femme au teint pâle fit un écart sur le côté au moment où une autre décharge invisible répétait le même chaos de poussière et de sciures tournoyantes, le même craquement bref. Trop près de ses pieds à son goût, elle se rejeta sur le côté opposé, vers la pénombre qu’elle avait quitté, mais quelque chose vrilla une de ses chevilles, un autre crac plus plaintif se faisant entendre. Trop effrayée pour ressentir de la douleur, elle s’appuya d’une main contre le mur, la jambe où elle ne sentait plus son pied légèrement relevée. Son erreur fut de reposer son pied blessé au sol en décrivant un grand arc de son bras, visant de mémoire les étagères appuyées contre le pan de mur gris afin de déloger le Mangemort de son recoin. Avec de la chance, elles pourraient même le retenir un instant si jamais il devait se retrouver en dessous.

Elle ne trouva aucun appui, une flèche de douleur remonta de sa cheville à son aine, presque à lui percer le ventre de souffrance, des dizaines d‘échardes osseuses incérées dans les tissus à vif de son derme. Se fut elle qui s’effondra sur le sol, accompagnée du fracas des étagères, une tache de sang s’étendant sur le parquet en une petite flaque pas assez abondante pour en imprégner le bois. Les mains frénétiques de Callista soulevèrent sa robe, découvrant ses jambes blanches où ne se voyait qu‘une note de rouge élevée d‘une crevasse de sa chair, un trou profond où existait auparavant la protubérance de son tibia. Elle avait mal, tellement mal que même les larmes embuant sa vue lui parurent du sel dans ses yeux.

Guettant d’un œil anxieux les ombres agitées de poussière, elle retira sa chaussure trop brusquement, le mouvement de son pied la faisant gémir, puis elle pointa sa baguette sur sa meurtrissure qui laissait échapper un sang écarlate et paresseux sur son talon. Faisant fi de sa douleur, elle empoigna le bout de son pied dans son autre main afin d’obtenir un angle droit, chancelante et haletante sous le lancinement qui remontait de sa jambe maigre. Elle tenta tant bien que mal de régénérer la chair déchirée, de relier les tendons sectionnés et de remettre en bonne place les os pulvérisés. Son esprit obstrué par son tourment n’était pas dans les conditions adéquates permettant de visualiser clairement la guérison attendue, mais la sorcière partageait son attention entre le Mangemort qui pouvait lui lancer un autre maléfice à tout instant et son sort curatif. Les lueurs bleues voletant autour de sa jambe rajoutèrent leur supplément de picotements et de claquements secs, extrayant les brisures d’os de ses muscles pour reconstituer la configuration compliquée de l‘ossature mobile, restructurèrent les ligaments qui se renouèrent autour des os ressoudés. Les saignements s’arrêtèrent, précédant l’apparition d’une nouvelle peau, plus rose que l’épiderme blanc l’entourant.

Fébrile, la guérisseuse se releva, trébucha, sa cheville soignée donnant un angle étrange à son pied sali, et se rattrapa au comptoir de la main qui tenait fermement sa baguette. La sensation de son poids sur sa jambe droite était désagréable. Au moins ne souffrait-elle plus même si le choc l’avait rendu plus sensible, plus nerveuse sans l'ébranler. Elle en avait l'habitude en quelque sorte.

Ses yeux sombres se posèrent sur des feuilles de parchemin soufflées par la chute des étagères. Les lettres qu’elle avait envoyées à sa sœur.
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