Citation :

« Nous admettrons donc tous d’un avis universelle et commun que la notion d’êtres s’étend bien au-delà d’une simple ressemblance physique qui nous différencie de la bête, de l’animal. Outre une connexion de muscles, de nerfs, et de neurones, l’être pense et réfléchie, il est capable d’analyser, de comprendre, mais surtout de communiquer, de ressentir également. Le vampire remplit il ces conditions ? Certes, nous pouvons ici parler de pulsions animales qui le rapproche de cette catégorie puisque l’homme est doté d’une capacité supplémentaire qu’est le contrôle : tout comme le lycan, le vampire est assaillit de mécanismes bestiaux… »

La jolie brune releva la tête, examinant le livre corné avec une minutie inhabituelle, parcourant du bout de ses doigts fins les écritures sinueuses, imprimées a l’encre noire et indélébile, sentant sous sa paume les aspérités du parchemin jauni. Elle n’aimait pas particulièrement la bibliothèque mais c’était l’un des rares lieux qui pouvaient l’aider a achever une devoir de défense contre les forces du mal dont le sujet n’était pas des plus passionnant, évident et qui plus est inspirant. Où se situait la limite entre ce qui faisait l’homme et la bête ? A en juger par l’esprit étroit, étriqué et peu ouvert de l’ambassadrice barbe a papa, la conclusion devait être très limitées et elle s’attendait probablement à voir répertorié les vampires comme quelques créatures dangereuses et menaçantes. La jeune verte et argent les trouvait, pour sa part modeste, fascinants, de part cette originalité, cette violence, cette distinction qui faisait d’eux des êtres uniques a part entière. Pas foncièrement du genre a aimer le sang et les histoires sordides racontables aux premières années naïfs et effrayés, le côté énigmatique et mystérieux avait cependant quelque chose d’attirant, a n’en pas douter. Jetant un regard morne sur la masse volumineuse des ouvrages posés a ses côtés, elle secoua lentement la tête et écrivit de sa plume acerbe aux lettres exigus et serrées les quelques notions qu’elle avait retenue de sa brève lecture, a savoir le titre.

Citation :

« Selon les récentes classifications du ministère… »

Mordillement de la lèvre inférieure caractéristique suivit cette tirade qui n’avait rien de glorieux, couchée sur feuille. Elle n’avançait pas, ramait dans ses idées qui se confondaient les unes aux autres, se mélangeaient en un brouillon emmêlés de phrases sans sens. Elle aimait bien les cours pratiques pourtant sur le sujet mais les questions restaient un domaine tout autre. Peut être cela expliquait son goût pour les potions : on rajoutait, extrayait, et les questions étaient rares ou nécessitaient uniquement une phrase d’explication. Elle raya son amorce d’un trait sec et droit, murmurant a haute voix la façon la plus appropriée de finir ou plutôt de commencer cette imposante rédaction. « Définition du vampire… c’est un… Oh et puis merde ! » Lâcha t-elle soudain avec aigreur en chiffonnant son parchemin avec énergie ponctuée d’une évidente amertume. Foutus devoirs, foutus examens, foutus profs… Un pensée fractionnée en désordre facilement résumée en ces quelques adjectifs qualificatifs des plus appropriés et judicieux. « Qu’est ce que tu veux toi ? » interrogea t-elle, s’emportant, vexé, contre un poufsouffle au regard terrifié et au nez écrasant déjà luisant de larmes a venir qui détala dans un chuintement aigu, reniflant abondamment en traversant la bibliothèque tandis que la brune se laissait tomber dans sa chaise avec un soupire de désespoir. A moins d’un sympathique cinquième année passant par là, elle devrait se contenter d’un vague acceptable au mieux comme note significative.

« Un problème ? "
« Hein ? Non… »
« Silence alors, c’est une bibliothèque ici, pas un… »

La cadette des Dedrak n’écouta pas la fin de la phrase murmurée d’une voix aigrelette et haut perché par une bibliothécaire squelettique et perturbante qui quitta les lieux en grommelant. Deux ans d’expérience lui avaient appris la jalousie minutieuse avec laquelle Mme Pince veillait sur les ouvrages et mordait quiconque ne faisait qu’évoquer l’idée d’abîmer un des précieux ouvrages entreposés, faisant régner avec une discipline rigoureuse le calme plat régnant constamment sous les fronts plissés d’étudiants sérieux et adeptes de l’arithmancie de premier cycle. Pas le fort de Shay en d’autres termes plus simples. La demoiselle quitta des yeux le papier roulé en boule pour prendre une nouvelle feuille sur laquelle elle gribouilla quelques dessins enfantins a la plume, laissant son esprit partir sur des sujets hautement plus intéressants que la position gouvernementale vis-à-vis des vampires et des loups garous. Et sûrement la plume acérée aurait continuait son sillage de lignes noueuses sans l’interruption d’une voix inopinée.

Alors que Shaar-Lun gribouillait sur son parchemin, quelqu'un lui arracha des mains avec surprise. Alexei Wittelsbach, le regarda de toute les façons possibles, mais sans être satisfait. Il lanca donc:

-C'est nul ton dessin "damoiselle serpentine!" Pourtant on m'avais dit que tu z'étais une bonne dessinatrice!

Alexei était loin d'être aussi démontable que le pauvre petit poufsouffle que Shaar-Lune venait de repousser. En fait c'est lui qui passait à l'attaque carrément! Avant qu'elle puisse répondre il prit un autre parchemin qui était devant la fillette. Il lut:-Déf

-déf...défini...définition d'un...vamp vampire! Vampire! Oh mince alors tu veux devenir z'une vampire! Terrible!

Alexei était rapide en fausse déduction. Mais là au moins il semblait plus impressionné et moins arrogant. Les vampires, enfin toutes créatures magiques et enchantés, le sidérait. Il revint vite à son arrogance habituelle néanmoins, mais sur une note provocatrice:
-Dommage que tu sois petite par contre! Ca sera difficile pour toi de grimper jusqu'au cou de tes victimes! Je te ferai la courte échelle si tu veux. Pfff ce n'est pas amusant une bibliothèque, c'est bien un endroit de "filles"!

Mme Pince repassa avec quelques livres dans ses mains et demanda aux élèves de faire silence, en poursuivant sa route.

-Ze n'est pas moi , c'est ELLE, madame!

Lanca sournoisement Alexei pendant que la vieille dame s'éloignait. Règles no 3 du parfait ratoureur; toujours accusée les "filles". Bien qu'Alexei ne craignait pas les punitions. Même au contraire qu'il tirait une certaine fierté de ces méfaits, qu'il considérait comme des actes brillants en fait. Mais là ce n'était que pour embêter Miss Dedrak.

-C'est stupide la règle du silence dans la bibliothèque, c'est pas comme si il y avait un minotaure qui rôdait par ici!

-Alors tu m'expliques comment tu va devenir une vampire?? Allez SVPPPPPPPP!

Le jeune homme était un peu naif, mais cela ajoutait à son charme. Alexei regarda un moment derrière la jeune étudiante.

-Oh mince, il y a une section interdite, on y va? Ou tu continue de gribouiller dans ton livre à colorier "Serpentine"? Oh c'est vrai les Serpantards sont si occupés à vouloir avoir de bon résultat qu'ils obéissent au doigt et à l'oeil aux réglements...

Alexei ignorait tout du caractère de la jeune femme. Il rajouta une provocation pour s'assurer qu'elle se joigne à lui dans un nouveau périple machiavélique.

-C'est nul ton dessin "damoiselle serpentine!" Pourtant on m'avais dit que tu z'étais une bonne dessinatrice!

Sans cette voix inopinée et désagréable d’hypocrisie suintante et de naïveté typiquement gamine, la jeune verte et argent aurait probablement continué le tracé maladroit de courbes a l’encre noire dans l’espoir vain d’une inspiration subite. Aussi lorsque la silhouette d’un première année apparut, forme fugitive avant qu’elle ne lui parvienne plus clairement, elle se surpit a un silence amère d’incrédulité, aussitôt espacé par le commentaire désobligeant du gamin de onze années tout au plus qui lui faisait face. A bien y regarder, le gribouillis maladroit n’avait rien d’une œuvre d’art de qualité et la jolie brune ne se serait en aucun cas risqué de prétendre a de telles compétences artistiques qui dépassaient le domaine sportif. Mais de la part de ‘adolescent au zozotement provocant et aux cheveux en bataille, elle aurait été prête a mordre sa main désobligeante et a redresser d’un valeureux coup de pied sa masse dégingandé aux fausses allures empreintes d’une maturité qu’il n’avait, a l’évidence, pas. D’une personne un temps soit peu proche qui aurait gentiment risquer une remarque moqueuse et joueuse, elle aurait peut être été encline a répondre sur le même ton faussement courtois et plaisant mais de la part de cet inconnu qui n’avait pas prit peine a se présenter ne serait ce que brièvement, elle jugeait le commentaire singulièrement déplaisant. A partir de là, deux choix se présentaient a elle : premièrement, soit le garçon était tout simplement idiot, soit il le faisait exprès, ce qui était peut être un peu plus glorifiant. Idiot pour de multiples raisons : d’abord, il cherchait une serpentarde plus âgée que lui qui, bien que de plus petite taille, connaissait certainement d’avantage de maléfices et ensuite, parce que l’humeur maussade de la jeune fille que seul une compagnie potable aurait pu dérider se lisait sans doute sur son visage fermé. Elle était de nature plutôt sociale et le genre morfondu de son sort et de sa vie dérisoire ne lui plaisait absolument pas. Elle s’estimait plutôt enjouée mais dans la situation présente… « Faut croire qu t’as été mal informé… ». Le qualificatif serpentine ne lui plaisait pas.

Quoique, ce ne fût peut être pas si péjoratif que ça. Elle laissa donc passer le surnom innocent en inclinant la tête pour observer le visage de son interlocuteur, occupée a calculer son degré d’importance et si les remarques acerbes devaient être sorties pour la personne désagréable qu’il représentait. Elle ne l’avait pas cherché mais maintenant que le gryffon avait mis les pieds dans le réseau de répliques basses et stupides, autant qu’il assume jusqu’au bout ces joyeuses conséquences. Lorsqu’il lut avec difficulté les quelques mots étalés sur son parchemin, la petite brune ne put s’empêcher de jeter un rapide regard vers le ciel : en plus d’être idiot, il était, pour ne pas dire illettré, dans une limite très juste et visiblement expert en théories farfelues et foireuses. La réflexion sur sa petite taille en revanche fut loin de détendre l’atmosphère. Il était vrai, sans contestations possibles, qu’elle paraissait relativement jeune et que son corps maigre ne jouait pas en sa faveur mais par rapport a un première année, les limites étaient tout de même présentes. « C’est ça, je me hisserais sur les épaules d’un gnome de ton genre et a deux, on y arrivera peut être » lâcha t-elle avec froideur. Endroit de filles… Ben voyons, il faisait les choses jusqu’au bout. « C’est d’ailleurs la raison pour laquelle tu es ici non ?! gamine… » Appuyant avec ferveur sur le mot, elle s’étira nonchalamment et se força a un sourire emplie de taquinerie et d’une arrogance légère.

Le claquement de dents secs de Mme Pince ramenant a l’ordre les deux élèves, ponctuant le silence d’un « c’est pas moi, c’est elle » de la part du gryffondor. « Bien sur c’est moi, aucun mots ne sortiraient de la bouche d’un brillant petit bouffondor qui trépigne d’impatience en levant le doigt ».

« Alors tu m'expliques comment tu va devenir une vampire?? Allez SVPPPPPPPP! »
« Trois gryffondors au petit déjeuner et deux pouffy le soir… » Grommela la jeune étudiante avec un soupire las devant la bêtise naïve du jeune rouge et ors. Pourtant, sa dernière réflexion lui arracha un sourire acerbe « C’est de cette façon qu’on discerne des verts réfléchis de rouges complètement débiles… ». Il espérait quoi ? La provoquer ?! Et bien il fallait croire que le visage de la jolie brune était transparent, puisque ce dernier commentaire eut exactement l’effet escompté et provoqua l’indignation de la demoiselle qui hocha la tête avec malice et provocation délibérée, faux charme plein d’ego amère. « Très bien le clown… Pour épargner tes pauvres petits yeux des livres que tu pourrais trouver l dedans, je passerais devant… » Acheva t-elle d’un ton chargée d’ironie et de dédain qui ne cherchait qu’a mettre un bout le fragile système nerveux de son interlocuteur. « Tu t’occupe de détourner l’intention de Pince… A moins que tu sois incapable de trouver un sortilège approprié… »