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 MacRoe’s House (finito)
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MessageSujet: MacRoe’s House (finito)   MacRoe’s House (finito) EmptyMer 20 Fév - 23:37:47

Absynthe rasait les murs plus qu’elle ne les longeait.

Des petites propriétés défilaient au bruit de ses talons sur le trottoir humide des dernières pluies. Les mêmes haies impeccablement taillées, les mêmes massifs de fleur anormalement colorés pour la saison, les mêmes pelouses entretenues avec ce soin qui confinait à la maniaquerie. Soudain l’écho de ses pas s’arrêta net. 5 bis Coven Street : Jerkins Family. Derrière le portail en fer forgé s‘élevait une bâtisse plus grande et encore plus blanche que les autres, luisante dans cette nuit sans nuage pour faire obstacle au clair de lune. L’occultiste jeta un coup d’œil derrière son dos, vers le fond de la rue éclairée par de grands réverbères à la lumière orange. L’ampoule de l’un d’entre eux clignota avant de s’éteindre définitivement. Il n’y avait personne. Ses oreilles attentives ne percevaient que la clameur lointaine des bruits de la circulation moldue: des klaxons, des crissements de roue, des vrombissements.

Bien que la nuit ne soit ni particulièrement menaçante, ni particulièrement fraîche, la jeune femme gardait la tête rentrée dans les épaules, complètement raidie. Ses traits figés et tirés semblaient taillés dans du marbre et seul ses yeux verts vivaient encore sur ce visage tendu. Encore plus vifs, encore plus saisissants qu’à leur ordinaire car ils brillaient d‘un éclat puissant : celui de la peur. Et pas la peur la plus saine. De ces peurs viscérales qui vous feraient faire n’importe quoi, agir n’importe comment au moindre bruit. Et le n’importe comment pouvait devenir tragique lorsque celui qui suivait cette doctrine de la détresse à vif possédait une baguette qu’il ne maîtrisait pas.
Les doigts d’Absynthe se posèrent sur la poignée du portail, écrasant entre ses doigts nus les gouttes qui s’y trouvaient accrochées. Elles dégoulinèrent le long de son poignet, sur le tracé de ses veines en dessous de sa peau transie. Un parfait substitut aux sueurs froides.

La récente évasion d’Azkaban, l’imprenable forteresse dont personne ne s’évade, aurait pu effrayer même le plus stupide des Aurors endurcis. Ce qu’elle craignait ? Les moldus. Ou plus exactement : leur technologie. Ces objets étranges qu’ils possédaient pour palier à leur faiblesse ne lui inspirait aucune confiance et aussi désert que soit le jardin où elle venait de pénétrer, elle n’avait jamais été aussi proche d’eux. Ses yeux scrutèrent les moindres recoins d’ombre fournis par chaque buisson, par les murs de la maison, attendant la calamité qui allait forcément lui tomber dessus. Avec quoi se défendaient ceux qui n’avaient pas reçu le don de la Magie ?
On racontait des tas d’histoires sur des armes qui donnaient la mort avec le fracas du tonnerre et l’efficacité d’un Avada Kedavra. On lui avait toujours dit que les moldus véhiculaient des maladies terribles et que c’était pour cette raison que leurs rejetons graciés d’un talent magique avaient le sang souillé dès leur naissance. D’aucuns appelaient cela des préjugés archaïques. Principalement les Sang de Bourbe et autres dérivés contaminés de cette race.


*Au bout de la flamme, il y a le dragon.*

Et l’adage était attesté. Si le besoin n’avait pas torturé de son aiguillon acéré la famille d’Absynthe, jamais elle n’aurait posé ne serait-ce qu’un regard sur cette famille d’Impurs, calfeutrés derrière leur façade trop blanche. Mais quelqu’un voulait quelque chose qui leur appartenait. Sous la garde d’une Cracmol, honte insidieuse que les parents oubliaient souvent de tuer. Syn ne savait trop comment s’expliquer cette négligence qui aurait dû être punie de mort selon elle…Si l’on arrivait à enfanter des Cracmols sans réagirent, c’était que la fin était proche. Autant abréger la décadence qui s’annonçait aussi pénible que sa soirée.
La cadette des Morden repoussa ses cheveux sous la capuche de sa cape et s’avança puisqu’il fallait bien le faire. Le tintement des Gallions l’encourageait mieux que mille déclarations d’amitié éternelle.

Un travail facile et bien payé. Assez pour permettre à sa famille de tenir un mois de plus, prolonger l’illusion, entretenir le rêve virant au cauchemar.

Pas une lumière ne brillait aux fenêtres tendues de rideaux translucides. Avec de la jolie petite tendelle. La sorcière voyait déjà les petits chatons sur les murs de la salle de bain, et le papier peint à fleur de la cuisine…Le garrot autour de son cœur se desserra et ses battements retrouvèrent un rythme plus régulier. A l’ombre d’un arbre sans feuille, la jeune femme détaillait le bâtiment, un sourire ourlant presque le rebord de ses lèvres. Tout était calme et tranquille. Juste une petite infraction.

Un fluide chaud glissa sur le dos de sa main appuyée contre la surface rugueuse du tronc. Comme un serpent liquide au corps étrangement tiède. Lentement, Absynthe ramena sa main devant ses yeux pour découvrir la peau barrée par une traînée rouge à la matière qu’elle aurait voulu inconnue.

Du sang.

Sa main toujours portée devant son regard, elle tira sa baguette de l’autre et recula précipitamment pour faire volte-face, angoisse toute retrouvée, montée au stade de l’épouvante fulgurante.


Dernière édition par Absynthe Morden le Mar 29 Avr - 1:04:19, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: MacRoe’s House (finito)   MacRoe’s House (finito) EmptyVen 22 Fév - 1:05:12

Une dette. Une dette impayée depuis près de treize années, mais elle avait encore la force et la clarté d‘un brasier. Elle avait longtemps rongé le fil de ses pensées, embrumée ses souvenirs de cette sourde rancœur toujours plus amère jusqu‘à l‘écoeurement. Un sentiment de fiel acidifiant la salive, du sel sur une blessure toujours ouverte qu’il avait cru à jamais inscrite dans son âme. Unique sensation à ne pas être morte avec sa liberté, la douleur indicible de ceux qui ne peuvent plus rien le lui avait rappelé seconde après seconde durant tout ce temps passé emprisonné.

Il ne pourrait jamais oublier.

Une torture de chaque instant, la rage impuissante de ne pouvoir faire payer par le sang ce qu’on nous avait pris par le sang. L’humiliation cuisante de sa disgrâce, ces heures, ces jours, ces mois. Brûlés. Sa vie entière, par une seule action, devenue…inutile. Toujours cette ligne de feu qui consumait tout. Sauf sa résolution.

Jugson inspira l’air alourdi par l’odeur âcre du sang fraîchement répandu. C’était une folie. Le pays était en branle-bas de combat pour les retrouver, eux. Les évadés d’Azkaban. Qu’ils les retrouvent et meurent. Rien ni personne n‘avait le pouvoir d’effacer le passé. Ni murs de pierre ni détraqueurs n‘auraient pu mettre de fin à son ancienne traque.

Il ne pourrait jamais oublier, mais il pourrait s’en débarrasser. Et il le ferait ce soir.

La main du Mangemort trouva appui sur l’écorce d’un arbre. Elle en parcoura les rugosités, quasiment à s’en écorcher dans son désir de retrouver des sensations. Ses yeux scrutaient la demi pénombre, la façade, le jardin silencieux rempli d’échos lointains. Une autre maison, une autre nuit, mais la même famille. Les cris de cette femme, la traîtresse à son sang, ses pleurs qui devenaient des hurlements. Elle se traînait au sol jusqu’au cadavre de son rejeton, le crâne enfoncé là où il avait cogné la table lorsque Jugson l‘avait repoussé d‘une main négligente, sans y prendre garde. Elle n’avait même plus la force de se défendre, elle était à lui, ses bras drapés autour du chérubin mutilé. Presque à se jeter sur lui pour qu’il la fasse souffrir, qu’il ouvre des entailles sur sa peau et en extrait la douleur avec la vie.

Sa fille pleurait dans un coin de la pièce, petite chose recroquevillée qui n’attendait que son heure. Et qui l’attendait encore. Elle était là. Ses narines frémirent comme s’il pouvait sentir son odeur. Helena Jerkins. Iona MacRoe. Un pied dans la tombe depuis déjà si longtemps.


*On ne recule pas devant ces choses là, Iona MacRoe. Comme si changer de nom permettait de changer de destin.*

Ce luxe n’existait pas. Et ceux qui le croyaient, qu’ils fussent des traîtres ou bien des lâches, n’allaient pas tarder à comprendre douloureusement l’erreur dans laquelle ils s’étaient fourvoyés.
Rod serra le poing, des échardes se logeant dans sa paume. Tous ses nerfs étaient tendus vers ce seul but. Son cœur faisait battre le sang dans ses veines, à ses tempes. Depuis si longtemps…L’excitation était démesurée, intense et dangereuse. Malgré la part réflexive de son être qui l’avertissait de ne pas céder, la fièvre de la vengeance était bien trop attirante. Il anticipait déjà le plaisir qu’il aurait à tenir la vie de cette fille entre ses mains, à lui rappeler qu’elle l’avait toujours eu pour maître de sa destinée et que le fil de son existence ne pouvait être coupé que par sa main.

Un crissement métallique le força à se rejeter dans l’ombre. Une silhouette apparue, petite et féminine. Rien à voir avec les deux hommes qu’il avait tué précédemment dans la soirée. Il la regarda marcher, hésiter. Il vit le sang descendre sur la main de la fille, la couper en deux dans un présage funeste. Elle venait de se marquer du sang d'un mort. Et elle le sentait. Bien trop tard, pauvre petit animal aux abois, bien trop tard.
Il bondit quand elle se retourna et la projeta d’une main brutale contre l’arbre qui lui avait fait comprendre qu’elle n’était pas seule. Il saisit sa mâchoire pour relever son visage vers le sien. Sans douceur, l’attitude du maître qui inspecte une belle bête avant de l’acheter ou de la conduire à l’abattoir.


-On se promène, ma beauté ?
 
Belle, elle l’était réellement. Et jeune. Si jeune. Cependant ni sa grâce ni sa jeunesse ne la sauverait. Aussi brûlante soit-elle à des yeux qui furent longtemps privés de la vue d'un corps de femme, et peu importait la douceur de sa peau sous la main. Elle venait de pénétrer dans ses projets et ce n’était pas innocemment. Son attitude avait été la même que la sienne en dépit de leur rôle différent: Elle avait un but, peut-être même était-elle au courant de tout. Et Jugson aimait obtenir les réponses à ses questions.
Il releva sa baguette près des yeux de la jeune femme. De grands yeux de chat, provocateurs, indécents, même agrandis de frayeur. Un regard qu’il avait longtemps voulu retrouver et qui retenait le sien sans qu’il put s’en détacher. Un regard qui avait une certaine...emprise. Les doigts de l'homme se raffermirent, exercèrent plus de pression sur les os comme s'ils cherchaient à les broyer.


-Ce sont de très jolis yeux…Leur seul défaut est qu‘ils se posent là où ils ne devraient pas.

La pointe de sa baguette faite lame entailla doucement la peau fragile du coin de l’œil, une perle de sang descendit rapidement le long de la lame puis du manche pour glisser sur les doigts du Mangemort. Juste assez pour qu’elle comprenne. Juste assez pour qu’elle ferme les yeux, qu’il puisse se détourner de son désir naissant et des passions que ce regard ranimait hors de sa volonté.
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MessageSujet: Re: MacRoe’s House (finito)   MacRoe’s House (finito) EmptyVen 22 Fév - 15:08:17

"Have you seen these wizards ? Série d'incendies dans la banlieue de Londres, Terrible homicide à Bexley, Blood Traitors, Beware."

Les gros titres défilaient devant les yeux d’Absynthe qui n’en avait retenu qu’une seule et unique information : Aucun Sang Pur ne faisait partie des victimes. Pourquoi s’en serait-elle inquiétée ? Que les Mangemorts se distraient donc comme ils le désiraient, qu’ils mènent leur propre combat, rien de tout cela ne la regardait. Son point de vue était même positif quant à leur but ou ce qu’elle en avait compris. Voir disparaître des inconnus n’avait pas vraiment la propriété de l’émouvoir, d’autant plus lorsque ces inconnus se retrouvaient être la cible de ses préjugés. La pensée d’Absynthe se résumait impeccablement bien par : "Bon débarras". Ce n’était pas simplement la haine raciale, c‘était une nécessité. Il y avait trop de tête de bétail dans ce troupeau, rien qu’à BeauxBâtons ils étaient à un Sang Pur pour vingt Sang de Bourbe. Au siège du Magenmagot une voix contre six était celle d’un Sang Pur. De nouvelles lois étaient votées, les enfants de moldu s’arrogeaient de plus en plus les places jusqu’ici dévolues au Sang Pur et pire que tout : certains devaient bien posséder plus de richesse que sa famille aujourd’hui.
Elle ne s’était jamais préoccupée des Mangemorts. Elle avait tout fait pour se tenir à l’écart de ceux qu’elle considérait comme des fanatiques enflammés et les approuvait de loin. Son "cousin" ne faisait-il pas partie de la joyeuse compagnie ? Mais même si la sorcière ne s’était pas tellement sentie à l’aise avec l’idée d’avoir un de ces endoctrinés dans sa famille pour lointaine et méprisée qu’elle soit, rien n’aurait pu la préparer à ressentir ce qui la chavirait en ce moment.

Chavirée était le mot. Retournée, incrédule, mais surtout terrifiée. Par-dessus tout. C’était une émotion brute, presque charnelle, son corps tout entier était saisi par l’effroi. "Ce n’est pas possible" lui criaient les martèlements frénétiques de son cœur. Ses yeux eux-mêmes rejetaient la réalité de ce visage penché sur elle. Bien sûr, elle l’avait reconnu ! Sa figure était placardée aux quatre coins de Londres avec celles de ses petits camarades. Ils lui avaient semblé tellement lointains sur les affiches ministérielles ! Des genres de mythe, des petites histoires de rue qui n’auraient jamais l’occasion de croiser la sienne. Et pourtant elle avait un de ces évadés en face d’elle. Rod Jugson.

Son dos heurta violemment le tronc, lui coupant ce qu’il lui restait de souffle et sa main lâcha automatiquement sa baguette pour agripper le poignet de l’homme. C’était un geste totalement vain, mais elle n’avait pu empêcher ce réflexe. Syn tendit tous ses muscles pour retirer la main qui lui enserrait la mâchoire. Ces mains qui lui donnaient la sensation horrible qu’elles pouvaient faire ce qu’elles voulaient d’elle. Comme une poupée de chiffon, une petite chose de moindre importance…


-Je...Je suis une Sang Pur. , souffla-t-elle pour seule défense.

Que pourrait-elle lui dire à lui ? Que pourrait-il vouloir entendre pour ne pas la tuer ? Elle restait là, paralysée par son regard, à se demander ce qui pourrait sauver sa vie qu’elle n’avait jamais senti autant échapper à son contrôle. Mais non, ils ne tuaient pas les Sang Pur, ils ne tuaient pas comme ça, pas elle. Pas ici et maintenant. Il lui restait tellement de chose à faire.

*Je vous en prie, il faut que je vive.*

C’était ce que ses yeux lui disaient de tout leur éclat. Pas vraiment une supplique plutôt une demande enfiévrée, fébrile.
Un tressaillement secoua tout son corps lorsque l’homme resserra son étreinte sur le bas de son visage. Absynthe ne put retenir un faible gémissement plus dû à la peur de ne pas savoir à quoi s’attendre qu’au mal causé. La jeune femme ne parvenait pas à comprendre ce qu’il voulait d’elle, ce qu’il insinuait. Ses yeux cherchèrent désespérément une réponse qui ne vint pas. Jugeait-il qu’elle n’avait rien à faire ici ? Et lui, que cherchait-il dans les quartiers moldus de Londres ?


La lumière de la lune se réfléchit sur une surface lisse et luisante au coin de son œil. La réverbération l’éblouit un instant avant qu’une sensation de piqûre intense ne l’oblige à fermer les yeux, proche de vomir. Sa peau se déchira, une coupure infime, mais douloureusement décuplée par la peur. Elle voulut détourner son visage serré dans un étau, le mettre hors de portée avant qu’il n’ait le temps de l’énucléer totalement. Mais rien de plus ne se passa. La goutte de sang solitaire suivit le tracé des doigts contre sa peau en frôlant sa joue, comme une larme tiède. Une larme. C’était stupide, elle avait presque envie de pleurer. Pas par peur de mourir, non. Plutôt l’inutilité de la chose.

-Mon cousin est Mangemort ! Il s’appelle Lucius Morden !

Elle avait parlé précipitamment, encouragée par le fait qu’il n’ait pas chercher à lui faire plus de mal. Absynthe espérait de tout son cœur que Lucius soit en assez bons termes avec les autres pour que Jugson la laisse retourner d’où elle venait. Ses yeux se rouvrirent et contemplèrent le visage barré d’une longue cicatrice. Il avait pourtant l’air...sensé.
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MessageSujet: Re: MacRoe’s House (finito)   MacRoe’s House (finito) EmptySam 23 Fév - 1:13:33

La main qui entourait son poignet, soulevait une émotion indéfinissable…troublante. Ce sentiment n’avait rien à voir avec une quelconque sensualité, non, il s’agissait de quelque chose de plus profond, plus secret. Et ce quelque chose il n’aimait pas l’expérimenter. C’était la confusion. La confusion de sentir cette résistance derrière son visage terrifié, cette force qui jaillissait de son corps en totale contradiction avec son abandon. Il sentait la violence que la demoiselle déployait dans son geste avec cette "énergie du désespoir" qui en avait saisi bien d’autres à l’ultime moment où tout était perdu, sans avoir la virulence dont elle faisait preuve. La tension qui émanait d’elle était palpable et se communiqua au Mangemort par leur peau en contact, se glissa dans chaque parcelle de son corps pour réveiller un instinct furtif qu‘il avait oublié. Elle tenait énormément à la vie, c’était certain. Au-delà de la simple survie.
Et la belle pensait également tenir de quoi se protéger contre lui. La valeur du Sang. C’était imparable. L’idée qu’elle put croire qu’il suffisait d’être bien née pour jouir d’une immunité absolue le fit sourire.


-Tu me trouves content pour toi. Mais ça ne suffit pas…

Loin de là. Si elle n’avait pas menti pour sauver sa jolie carcasse, elle devait le savoir. Encore fallait-il valoir soi-même le prix de ce sang accordé gracieusement à la naissance pour pouvoir prétendre à quelque chose. Ses parents l’avaient ignoré et en étaient mort. D’autres se moquaient de ce privilège et en mourraient pareillement. Un sang pur n’était pas une aumône faite pour se parer d’un peu de gloire et s’élever au dessus des autres sans aucun mérite. Tout se payait.

Du reste, ces questionnements n’avaient aucune importance. Il n’avait qu’un intérêt limité pour cette fille, un intérêt qui n’allait pas au-delà de sa présence ici. De sa présence tout court. Sentir sa peau frissonner au bout de ses doigts, rougir sous leur pression, palpiter à l’endroit de son cœur, son souffle sur sa main. Une femme de chair et de sang, pas un souvenir, ni un fantôme. Ce serait un gâchis s’il se voyait obligé de la tuer. Elle n’aurait qu’à espérer que sa réponse soit bonne.

Et elle le fut d’une certaine manière. Oui, la jeune femme se révélait intéressante à sa façon, sans même qu‘elle ne le soupçonne. La cousine de Lucius. Elle avait mis tellement de conviction dans ce nom que pour celui au courant de l’échec récent du Mangemort il était impossible de ne pas se sentir amusé. Elle se démenait à maintenir en place les dernières pierres d’un rempart destiné à s’effondrer avec des bases aussi fragiles.
Un rire bref secoua les épaules de Jugson. Elle aurait seulement pu tomber encore plus bas si elle lui avait dit être la fille de Yaxley ou un autre de ses anciens confrères à la loyauté incertaine. La jeune femme ne devait pas entretenir des rapports très fréquents avec ce cousin si elle ne savait rien de cette histoire. Rod ne l’en blâmerait pas. Les perdants devaient être abandonnés à leur échec s’ils n’arrivaient pas à s’en relever.


-Il aurait mieux valu t’arrêter au Sang Pur, ma jolie.

Il la lâcha cependant et releva son menton avec sa baguette pour croiser son regard, satisfait de constater qu‘il ne le captivait plus autant.

-Prouve moi qu’il y a une cervelle derrière ces beaux yeux là. Que fais tu ici ?

Le sang resté sur la main du Mangemort avait maculé le bas de son visage, si proche de ses lèvres où son regard s’attarda un instant pour en suivre la courbe. Il se demandait ce qui allait bien pouvoir en sortir quand elle ferait à nouveau entendre sa voix.
Si elle était intelligente, elle comprendrait qu’il n’y avait pas d’autre issue pour elle que de lui avouer la vérité…et d‘en assumer les conséquences. Mais il savait d’expérience que les filles dans son genre, les petites jouvencelles à peine écloses, ne faisaient que rarement usage de ce qu’on appelait la jugeote. Un petit mot pour un grand manque qui n’incommodait que les hommes subissant leur idiotie sans cesse renouvelée. Encore n’osait-il pas repenser à toutes celles qui s’effrayaient d’un rien, aux cris d’orfraie horripilant et ces attitudes soumises, bégayantes dès qu‘on haussait un peu le ton…La futilité des femmes limitait leur usage au plaisir.

La sensation féroce des doigts fins et délicats s’imprima à nouveau sur sa peau, protestation muette à ses réflexions. Le regard de Jugson s’assombrit et il résista à l’envie de la jeter au sol comme n’importe quelle garce insolente. L’impulsion était démesurée, mais il y avait quelque chose qui agaçait prodigieusement ses nerfs chez cette fille et titillait un peu trop son irritation difficilement contenue. Se maîtriser était fondamental en raison des circonstances, il ne devait pas céder à l’illusion éteinte d‘un simple toucher.

Il y en avait toujours eu d’autres qui croyaient à leur propre importance, à leur dignité.

Jusqu’à ce qu’elles soient matées.
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MessageSujet: Re: MacRoe’s House (finito)   MacRoe’s House (finito) EmptySam 23 Fév - 17:44:50

L’agacement mutuel. Elle le sentait à plein nez. C’était le point où ils en étaient arrivés en quelques minutes, s’énervant l’un l’autre par leur seule présence et par leur attitude. Ce qui n’allait pas dans cette histoire, c’était qu’Absynthe était bien celle qui devrait s’inquiéter de déplaire au sorcier. Toutefois, la peur panique lovée au creux de son ventre avec un double nœud, bien que toujours présente lui laissait recouvrer un peu plus de ses capacités de réflexion et ses pensées retrouvaient peu à peu leur cours normal, soit quelque chose de bien acide et amer à la fois.

Sa main tressaillit légèrement prête à repousser la baguette posée sous son menton. Elle n’était pas en mesure d’exiger quoi que ce soit de lui, mais au moins elle était en vie, ne serait ce que quelques instants de plus, des précieuses secondes pour trouver une solution à son problème évadé d’Azkaban. Si seulement le Ministère dépensait un peu plus d’argent dans la sûreté de ses sortilèges de protection que dans les aides sociales pour cracmols et orphelins, il y serait peut-être resté, lui et tous ses petits copains tarés ! En l’occurrence, elle était celle à écoper de cette "négligence."


*Protection des citoyens, mes c**illes !*

Et Lucius, aussi pitoyable dans la vie que dans son groupuscule de mage noir, même pas capable d’avoir assez d’importance pour mettre Jugson à genoux devant elle en implorant sa clémence ! Il n’y avait même pas eu la lueur de respect ou de vague sympathie qu’elle aurait aimé voir dans les yeux clairs du Mangemort. Quoi qu’il en soit, il l’avait lâché. Peu importait ce qu’il lui dirait, n’ayant rien d’autre à quoi se raccrocher, Syn allait continuer d’espérer que c’était le nom de son cousin qui avait forcé sa réaction en sa faveur et qu’elle pouvait donc respirer plus largement sans craindre de se faire pulvériser pour un regard mal interprété. Il lui restait à tester jusqu’où elle pourrait pousser l’avantage.

L’odeur doucereuse du sang lui remplissait les narines pour descendre déposer un goût métallique dans sa gorge. Ses doigts amorcèrent un mouvement avorté pour serrer les poings. Cette ordure venait proprement de s’essuyer sur elle ! Même pas ! Il n’y avait sûrement prêté aucune attention avant de la saisir comme il l’avait fait ! Aucune blessure n’était visible sur lui…C’était donc le sang d’un mort. Peut-être le même liquide que celui ayant glissé sur sa main. L’occultiste se sentit à nouveau mal, partagée entre deux émotions intenses et contradictoires, la peur et la fureur. Elle voulait s’en sortir, mais sa nature profonde lui laisserait-elle l’occasion de le faire ?

La jeune femme avala sa salive afin d’humidifier sa gorge sèche et de faire passer l’âcre saveur sanguine, à lui donner des renvois. Des réponses, monsieur voulait des réponses. Monsieur allait être servi.


-Je…

Sa voix résonna plus faible qu’elle ne l’avait voulu. Il avait soudain l’air beaucoup plus hostile sans qu’elle ait pu ajouter quoique ce soit d’autre. Et s’il était venu pour la même raison qu’elle ? Elle s’aplatirait à ses pieds et regarderait sa prime lui passer sous le nez aussi détestable qu‘une telle prévision soit à sa fierté et à sa nécessité. Elle commençait à le détester autant qu’à le craindre, lui et ses appellations qui lui donnaient l’impression d’être une agnelle convenablement engraissée à force d’avoine. Ou une espèce de chatte de salon suffisamment bien léchée pour lui plaire.

-Je suis envoyée par mon employeur qui a un certain intérêt dans un objet en possession d’Helena Jerkins. Tout ce que je sais, c’est que c’est une Cracmol, alors si vous êtes venu pour la désosser ce n’est pas moi qui vais m’opposer à vous.

Ah, là elle se reconnaissait ! Hormis son cœur qui battait à toute allure elle aurait pu se croire dans son état normal.

-Je n’ai rien contre vous et même si c’était le cas je ne pourrais rien faire. Et vous le savez…, rajouta-t-elle dépassée par son amertume face à son impuissance.

Syn détestait ne pas pouvoir diriger ce qui la concernait d’aussi près. Elle hésita à lui dévoiler l’objet en question, mais si jamais il était là pour la même chose mieux valait lui montrer à quel point elle était coopérative à sa cause. Et dans le cas contraire, il voudrait certainement savoir ce qu’elle cherchait précisément et Absynthe ne faisait pas confiance à ses méthodes d’interrogation sûrement hautement dommageables pour la santé.

-Je cherche un anneau.

Suffisamment vague pour ne pas l’intéresser s’il n’était pas au courant. Après tout, elle pouvait bien jouer les cambrioleuses pour un amateur de beaux objets d’art et d‘art seulement. Malgré la vérité allant bien au-delà qu’un inoffensif bijou.
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MessageSujet: Re: MacRoe’s House (finito)   MacRoe’s House (finito) EmptyDim 24 Fév - 23:46:08

Le silence s’installa entre eux.

Les mots de la fille avaient eu un impact qu’elle n’avait pas l’air d’avoir envisagé, peut-être même n’en savait-elle pas plus, mais pour Jugson, son discours avait le ton de l’insupportable et de l’intolérable. Il l’avait écouté en accusant le coup, en accumulant la colère toujours plus présente, dès ses premiers mots, dès qu’il l’avait entendu affirmer qu’elle était ici dans un seul but: le dépouiller de son bien. Elle n’était qu’un simple outil, le limier qui devrait rapporter l’objet à son maître contre de l’argent et rien d’autre ne semblait lui tenir à cœur. A quel point ?
Le Mangemort tenta de maîtriser son agitation au mieux pour deux choses: il avait intercepté la voleuse venue lui prendre ce qui lui appartenait depuis sa naissance et la petite avait tout de même une parenté avec Lucius. Rod ne craignait pas d’entamer les précieux sentiments qui pouvaient les lier, elle et son cousin déchu. Cependant il préférait minimiser les heurts au sein de leur organisation car ils avaient un but trop capital pour perdre leur temps en petites querelles intestines à cause d‘une gamine un peu trop violentée.


*Mais ne t’avise pas de vouloir en jouer, fillette.*

Il connaissait les limites de sa patience et de son contrôle, revues à la baisse depuis sa sortie d’Azkaban, depuis qu’il avait toutes ces affaires à régler en suspens depuis bien trop longtemps. C’était à peine s’il supportait le contretemps échu à la prudence. Comment pourrait-il être sûr de son contrôle face à l’arrogance morveuse d’une jeune pousse si facilement foulée du pied ?

-Donc on est venue mettre son nez dans les affaires des autres. Ce que tu cherches est à moi, c‘est la chevalière de ma famille que cette chienne à sous sa garde depuis quatorze ans.

Les mots avaient été crachés, expulsés comme indignes d‘être prononcés. Il était venu réparé cette honte faite à son nom et à son sang et n’avait pas la moindre patience pour accomplir son dessein.
Toute sa vie, depuis sa venue au monde, on avait tenté de le spolier, de lui retirer des mains ce qui était à lui. Famille, parents, amis. Et il n’avait jamais rien lâché, avait toujours récupéré ses possessions avec les intérêts de circonstance...L’histoire se répétait avec une ironie amère. Il avait beau en avoir été coupé pendant des années interminables, le monde n’avait pas changé.
Il retira lentement sa baguette soulevant le menton de la fille, rougi par le sang d’un inconnu, et plongea son regard dans le sien comme si il y sommeillait une réponse attendant d‘être découverte. Il se sentait lassé de cette redondance. Et la manière d’y mettre un terme maculait le visage de la jeune cousine de Lucius, ce bel oriflamme sanglant sur la peau blanche crevait les yeux par son évidence.


-C’est inouïe cette fâcheuse habitude qu’ont les autres à vouloir s’approprier ce qui m’appartient de droit. Ça me vexe réellement. Tu me comprends, n’est-ce pas ma petite ? Qui t’envoie prendre des risques à sa place ?

Bien sûr, elle allait le lui révéler et hocher gentiment sa jolie petite tête pour lui assurer qu’elle partageait ses vues. Elle l’avait compris: le choix ne lui était pas offert. Et ensuite ? Il était hors de question qu’elle se colle à lui.

-Vas t-en.

Rod la dépassa et lui tourna le dos pour s’avancer vers la maisonnée toujours aussi calme et paisible. Inconsciente de ce qui la guettait dans l’ombre. Obéissant à un vieux réflexe il jeta un discret coup d’œil par-dessus son épaule, s’assurant par prudence que la jeune fille n’était pas assez stupide pour croire le prendre en traître.

Qu’elle retourne chez ses parents, son cousin, quelqu’un qui devrait un peu mieux la tenir plutôt que de la laisser vagabonder le soir à tenter le diable. Ce qui poussait la jeune colombe à se faire rapace ne l’intéressait pas. Il suspectait la sottise d’être à l’origine de sa lubie d‘écervelée. Si commune à nombre d’autres jeunes gens, les grandes filles, les braves garçons qui ne craignaient rien du commun des mortels et surtout pas la mort et la douleur. Tous se trouvaient détrompés à l‘heure du trépas, trop tard pour pouvoir racheter leur absurdité. Vivre stupidement, mourir désespéré.

Même si…la jeune femme pouvait être considérée comme un très beau gain gratifiant sa soirée, le Mangemort n’avait aucune envie de s’accrocher une oiselle piaillante qui pourrait tout renverser en sa défaveur.
Cette fille ne portait pas chance. Il y avait quelque chose d’insaisissable dans ses yeux, quelque chose qui lui disait qu’elle savait être une source d’ennui, une épine dans le flanc d’un homme.

Tentante, mais pas cette nuit.
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MessageSujet: Re: MacRoe’s House (finito)   MacRoe’s House (finito) EmptyJeu 28 Fév - 0:44:37

*Loen brein ! Quel immonde sal**d !*

Absynthe menaçait de s’étouffer d’indignation et de rage difficilement contenues. Deux petits yeux chafouins la fixaient derrière des petites lunettes impeccablement essuyées sur une petite tête huileuse de petit bureaucrate prétentieux. La petite voix nasillarde lui grinçait des perspectives aguichantes derrière la muraille de son bureau, ses petites mains rachitiques croisées sur une pile de petits papiers : "Miss Morden, nous avons une proposition des plus rentables à vous faire mais il vous faudra l’accepter dans un délai de trois jours"…à dater de la Grande Evasion d’Azkaban ajouta Absynthe in petto et rétrospectivement. Le jour où cette mission lui avait été proposée et le jour où Rod Jugson s’était vu recraché parmi les honnêtes gens coïncidaient étrangement sans qu’elle y ait prêté attention auparavant. "Ceci est extrêmement urgent, miss Morden, et ne souffre aucun délai. Une prime de cent Gallions vous sera offerte si vous acceptez immédiatement." Adjugé. Vendu. Vendu…Elle allait se gêner ! Il l’envoyait au casse pipe, lui qui était vieux et moche, elle qui était jeune et belle !

*Loen brein ! Attend, j‘aimerai voir ta tête quand mister Jugson va débarquer pour te l‘arracher de ton sale petit cou de mulot arthritique !*

-C’est Quinton Bailey ! Il habite au 5 de l’avenue Silverdraft, la petite maison avec le portail bleu, les clefs sont sous la queue du satyre et le mot de passe c’est "Opisthotonos" ! Allez me le massacrer ce con ! N’hésitez pas à le broyer ! Ecor…

*Comment ?!*

La jeune femme s’interrompit brusquement. L’homme n’était déjà plus là. Il se fichait totalement de ce qu’elle pouvait lui dire, en fait, il ne se souciait pas d’elle du tout. Syn se retourna vers Jugson qui ne lui prêtait pas la plus petite attention, trop saisie pour profiter de la chance inespérée qui lui était offerte: prendre ses jambes à son cou, s‘envoler à tire d‘aile, se barrer ventre à terre et retourner ramper dans l‘Allée des Embrumes.
Absynthe serra les poings et ramassa prestement sa baguette dans l’herbe humide, ses yeux ne quittant pas le dos du sorcier. Sa Raison le disputait âprement à sa Fierté. Qui d’elles deux prendrait les commandes de son corps ?

Une goutte tiède glissa de son œil au bord de son visage. La sorcière appuya un doigt négligeant sur sa provenance…et grimaça en réveillant une douleur tiraillante et désagréable là où le Mangemort l‘avait coupé. Pourquoi lui avait-il fait ça ? Et maintenant il la renvoyait comme..comme…un genre d’insecte nuisible. Il aurait pu faire tout ce qu’il voulait d’elle. Il pensait donc tout maîtriser. Comme son père.
Absynthe se trouvait sous le joug d’une profonde aversion physique et elle n’avait rien pour la faire passer, elle en était prisonnière et n’avait plus qu’à s’étouffer avec aussi. Il l'avait fait se sentir....dérisoire. Une pleureuse pathétique. Le rouge de la honte lui monta aux joues, témoignage flagrant de son humiliation.


*Monsieur tient à ses petites affaires ?*

Syn gratta négligemment la fine pellicule de sang séché qui recouvrait le bas de son visage, s’irritant volontairement la peau. Que le déplaisant picotement raffermisse sa détermination et alimente son indignation jusqu‘à l‘échauffement. Elle repensait à Margidius. Elle repensait à Eder Badcocke.

*C‘est totalement fou. *

Mais elle y alla quand même. Comme toujours.

En quelques pas, elle l'avait rattrapé et se collait presque contre lui, juste assez pour partager sa chaleur et que leurs hanches se frôlent. Elle remonta une main suggestive, effleurant son torse et l’endroit de son cœur comme si elle tentait d’évaluer quelque chose de plutôt indécent. Il aurait fallu s’appeler Callista pour ne pas avoir remarqué la façon dont il l’avait dévisagé tout le temps qu’ils s’étaient trouvés si proche l’un de l’autre. Et que risquait-elle sinon d’être repoussée plus ou moins désagréablement ?


-Hmmm…L’envers ou l’endroit ?

Un disque d'argent apparut entre son index et son majeur comme extrait du cœur de l‘homme. La jeune femme se recula d’un pas, retourna la piécette et l’écrasa sur le dos de sa main avant de relever les yeux vers le visage du Mangemort, rassemblant tout son courage pour le regarder en face sans fléchir, la Mornille ternie sur sa peau étincelante, posée entre leurs regards telle une "pièce" à conviction.

-Côté face, monsieur Jugson. Vous n’avez pas envie que je parte…, susurra-t-elle sur un ton à moitié équivoque.

Si seulement il pouvait sentir toute sa frustration. Frustration qu’elle tenait à lui faire partager avant la fin de la nuit, aussi risqué et démentiel soit ce projet chez une personnalité fuyante comme la sienne. Il y en avait peu à lui avoir fait risquer sa vie sur un coup de tête, peu à l‘énerver à ce point qu‘elle en devenait prête à prendre tous les risques simplement pour apaiser sa fureur qui lui agitait les sangs et tourneboulait ses pensées. Simplement pour se sentir satisfaite autant que l’autre serait dégoûté. Repue à la mesure de son futur sentiment de révolte impuissante.

-Je me ferai toute discrète, je ne vous dérangerai pas et si vous ne me regardez pas, vous ne saurez même pas que je suis à vos côtés. S’il vous plait… ,supplia-t-elle dans un murmure presque inaudible qui n'avait pas d'autre but sinon montrer à quel point elle était d‘ores et déjà murée dans le silence.
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MessageSujet: Re: MacRoe’s House (finito)   MacRoe’s House (finito) EmptyDim 2 Mar - 21:49:00

Une épine dans le flanc d’un homme.

Du coin de l’œil, il l’avait vu s’avancer. Et maintenant elle était là. Une piqûre atroce comme le crochet d’un serpent planté dans sa chair, une aiguille infusant un poison brûlant dans ses reins, le dévorant. Le contact de la jeune femme mêlait le délice au supplice, trop léger et trop plein d’une forme tactile de non-dit, un effleurement qui suggérait à la fois tout et rien. Et des mots, des mots qui tombaient là, sur son désir, avec leur cortège de sous-entendus, de propositions. Et lui ? Lui, restait immobile, paralysé à cause d’il ne savait quel venin injecté à sa volonté par les yeux de la jeune femme.
Seulement son regard dans le sien, et la pièce entre leur éclat, ses membres tendus à se romprent par l’envie de la toucher, de la plaquer contre lui, mais il ne pouvait pas faire un seul geste. Pourquoi ? Il ne voulait pas y penser, il aurait fallu qu‘elle détourne à nouveau ses yeux qu‘il puisse s‘en dégager. A présent, il ressentait la colère sous le pique de désir. Elle le contrôlait entièrement, il dépendait d’elle et sa tension ne partirait que lorsqu’elle l’aurait décidé. Ses yeux verts l’aveuglaient presque, éclipsaient tout le reste sauf la pièce posée sur sa peau fine, si claire à la lumière de la lune. Cette peau qu’il mourrait d’envie de toucher.

Son ton changea, devint plus faible et sa voix mourrut dans un murmure suppliant, inaudible, qui pourtant brisa avec fracas l’état de semi fascination dans lequel il se trouvait.
Lentement, une de ses mains glissa dans les cheveux noirs tandis que l’autre récupérait la pièce pour la retourner côté pile et refermer le poing de la jeune femme dessus. Yeux dans les yeux, sans plus aucun obstacle.


*Je prends ça comme une promesse, mon cœur.*

Sans réfléchir d'avantage, il l’attira ardemment contre lui, ses mains passèrent des épaules au dos de la petite imprudente et ses lèvres se collèrent aux siennes, avides d’y trouver la substance de ses mots, de caresser la langue qui avait si bien su mettre le feu à son esprit. Ces lèvres qui l’avaient nargué étaient maintenant à lui, mais elles ne pouvaient étancher sa soif à elles seules. Il voulait tout goûter de sa peau, entendre des sons plus délectables que des mots vides de sens. Les mains du Mangemort glissèrent du dos de la belle à ses cuisses, savourant chaque parcelle de son corps chaud, si plein de vie, un corps qu’il ferait sien comme il lui plairait. Une de ses mains remonta et agrippa les mèches soyeuses, véritables caresses sur ses doigts, les tira doucement mais fermement, afin de faire basculer la tête de la jeune femme, que son cou forme un arc vulnérable à la fragilité mise en évidence par les rayons de lune qui transformaient sa beauté en quelque chose de délicat, périssable. Elle aurait pu tout aussi bien attendre le couperet du bourreau ainsi contrainte et offerte. Rod se pencha un peu plus et traça un arc de cercle de la pointe de sa langue à la naissance du cou exposé, mimant une lame qui parcourrait amoureusement la chair tendre pour l’ouvrir et mettre un terme à la vie qui animait ce corps magnifique. Ses dents pincèrent délicatement la peau…avant de s’y enfoncer assez fort pour que le sang affleure à la surface, simplement retenu par la mince barrière de l’épiderme.

Il rejeta la jeune femme loin de lui, ses yeux fixés sur l’empreinte rouge, écarlate sur la peau blême. La garce l’avait tenu dans la paume de sa main tout ce temps ainsi que l’insignifiante pièce d’argent ! Son divertissement.
Jugson scrutait à présent son visage, la frustration inscrite sur le sien. L’effort qu’il déployait à se maîtriser faisait presque trembler son corps, tendu, raidi: le vulgaire adolescent en émoi qui serrerait sa première fille…ou l’animal en rut sachant à peine se contrôler. Pensait-elle s’offrir à son appétit comme l’os jeté à un chien affamé et qui n’aurait d’autre choix que d’en rogner pitoyablement la viande, puis lécher la main charitable ? Jouer le rôle de la maîtresse dans tous les sens du terme. Elle s’imposait à lui, forçait ses désirs dans le but d’en faire son jouet, d’obtenir ce qu’il lui refusait, si futile et incompréhensible en soit la raison. Mais jusqu’où serait-elle prête à s’abaisser ? Et si son petit jeu la dépassait ?

Un rictus moqueur s’inscrivit au coin de sa bouche, son regard plus méprisant, détailla celle qui lui faisait face et qui prétendait répliquer, se révolter pathétiquement alors qu’il aurait été plus simple de se laisser faire. Tant mieux. Il lui avait donné une chance de s’en aller. Il l’aurait oublié. A présent cela serait impossible.


-Brave fille.,laissa-t-il tomber.

Autant féliciter la chienne qui faisait bien son travail. Elle apprendrait qu’à chaque fois qu’il s’était laissé aller à ce jeu, il était le seul à décider, à dominer. Il ne cédait en rien, il possédait tout.


-Reste, ma belle. Si l’odeur de la curée te fait autant frémir, je m’en voudrai de te retirer ce petit plaisir. Mais je ne veux pas te voir traîner dans mes pattes.

Jusqu’à ce qu’il ait fini ce qu’il était venu achever. Ensuite…oh, ils auraient des choses à se dire.

Pour la deuxième fois, le Mangemort lui tourna le dos et s’avança jusqu’à la porte d’entrée aux vitres morcelées empêchant l’indiscret de regarder à travers et de découvrir l’intimité du foyer qu’elles protégeaient. Un léger mouvement de sa baguette et la porte s’ouvrit silencieusement sur un couloir débouchant vers un salon spacieux et un escalier, le chemin qui menait sans nul doute aux chambres. Un revêtement duveteux recouvrait le sol et étouffait le bruit de ses pas, ses chaussures maculées de boue laissant bien nettes les traces de son passage.
A quelques enjambées, son regard accrocha la photo immobile d’une jeune femme souriante, un nourrisson dans les bras. Sa chevalière au doigt posé sur les cheveux du bébé, une provocation semblable à l'effet d'un tisonnier chauffé au rouge planté dans ses yeux. L’idée même du bonheur de cette rescapée en sursis avait suffi à attiser sa haine impérissable depuis une dizaine d’années. La constater était dix fois plus intense et révoltant. Elle l’avait oublié, avait reconstruit une vie qu’elle lui jetait comme un défi. Comme s’il n’avait jamais eu la moindre valeur, la moindre incidence. Bientôt cette indifférence, feinte ou réelle, n’aurait plus d‘importance.

Il posa un pied sur la première marche, puis sur la seconde, les battements de son cœur le plongeant dans un étrange silence assourdissant au rythme de ses pulsations fortes et régulières. Surtout il ne fallait pas qu’il s’emballe, rien était gagné et tout était à perdre tant que la petite MacRoe ne serait pas rendue à la tombe ouverte pour elle il y a si longtemps.
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MessageSujet: Re: MacRoe’s House (finito)   MacRoe’s House (finito) EmptyJeu 6 Mar - 0:59:33

*En plein dans le mille, Syn.*

Oui, elle avait vu juste sur la façon d’attraper le gros poisson dans ses filets. Et elle n’aurait même pas besoin de resserrer les mailles pour qu’il ne s’échappe pas, l’évadé d‘Azkaban. Pourtant elle ne brandissait pas sa réussite comme un glorieux étendard. Elle n’aurait jamais de quoi en être fière. Non pas que le fait de pouvoir se faire apposer le qualificatif de "traînée" lui aille au cœur…Mais elle n’avait tout bonnement pas assez de cran face à lui pour se réjouir de quoi que ce soit. Même quand sa main caressa ses cheveux, là où elle aurait pu la frapper, la briser pour rien juste parce qu‘il pouvait le faire. Une main qui avait déjà ôté tellement de vies et qui en ôterait encore. Mais pas la sienne. C’était ce qu’elle lui disait à travers…sa douceur ? Incertaine quant au fait d’être réellement exempte de danger, la jeune femme releva ses yeux gardés baissés vers le visage de Jugson.

Ce qu’elle lisait dans son regard, elle le percevait sans le comprendre, sans pouvoir poser des mots dessus. C’était un de ces regards définis stupidement par des locutions toutes faites : un regard transperçant, ceux qui fouillent jusque à l’âme selon les expressions imagées des ignorants. Ignorants car ils ne parlaient jamais de la douleur, à quel point un simple regard pouvait faire mal par son intensité, en retirant toutes les barrières qui séparaient deux êtres et la laissait désespérément mise à nue. Celui de Rod brûlait. Sa peau et sa détermination. Elle se sentait dépassée tout en étant la maîtresse d’un jeu dont les rênes lui échapperaient sans la mener à sa perte. Les gestes de l’homme étaient trop lents, ils lui donnaient l‘impression d‘aiguilles s‘enfonçant dans sa chair pour piquer ses nerfs à mille endroits à la fois. Sentir sa main se refermer sur la sienne, la pièce retournée, cette si petite chose lui causait autant de mal que s’il l’avait écorché. Ses joues se colorèrent d’une teinte rouge, à vif.
Une sensation horrible se lova au creux de son ventre. Effrayante parce qu’inconnue. A peine Absynthe avait-elle eu le temps de la sentir nouer ses entrailles qu’elle se brisa en une centaine de petits éclats libérateurs lorsque le Mangemort supprima d’un seul coup les pesants centimètres qui séparaient leurs corps. Un geste brusque qui n’appelait pas de refus. Et il n’y en eut pas.

La première réaction de la jeune femme ne fut ni de le repousser ni de lui résister, mais au contraire de lui rendre sa passion avec toute l’intensité d’une morsure. Elle voulait que leurs lèvres se soudent, elle le voulait pour elle, pour son plaisir. Lui qui avait tellement tué, tellement fait souffrir. Sentir ses mains sur elle avait l’effet euphorisant d’une drogue ou d’un alcool fort. Tenir un assassin contre soi, partager sa chaleur pour la transformer en brasier qui les brûleraient tous les deux. Dès qu’elle eut conscience de son comportement Absynthe fut proprement scandalisée par son attitude. Comme une petite vieille toute sèche et jalouse qui regarderait s’ébattre ceux qui le peuvent encore. Ce n’était même plus un plan, une nécessité, elle ne préférait pas ses caresses à la douleur. Elle les désirait. Parce qu’elles étaient différentes de toutes celles infligées jusqu’alors. Il avait ce besoin d’elle, irrépressible et tyrannique, qu’elle acceptait avec complaisance à cause des sensations intenses qu’il lui procurait. Il pouvait faire n’importe quoi, en dépit de sa rancœur, en dépit de tout, elle le laisserait faire.

Absynthe noua fermement ses mains derrière la nuque de l’homme cherchant à l’empêcher de la délaisser trop rapidement, mais bien vite elles quittèrent la peau pour ses cheveux, traçant des sillons et des arabesques à travers les mèches courtes, ses doigts toujours plus avides de ressentir ces picotements incroyablement agréables. Au mouvement imperceptible qu’il fit pour se reculer, les ongles de la sorcière s’enfoncèrent légèrement dans le cuir chevelu et la pointe de sa langue caressa sa lèvre, une simple lichette câline, une invitation joueuse à venir retrouver sa jumelle pour un nouveau ballet. Pourtant les évènements prirent un autre tour qui la laissèrent…hésitante. Répugnant à s’abandonner entièrement, Absynthe se raidit lorsque la main du sorcier prétendit lui faire dévoiler son cou. La perspective de présenter sa gorge offerte à un Mangemort ne l’enchantait guère, mais elle céda comme pour le reste et son corps se plia aussi agilement qu’un roseau quand le sien se pencha sur elle. Les lèvres de Rod frôlèrent son cou et Absynthe hoqueta de surprise autant que de plaisir, à sentir la ligne qu’il traçait, son souffle sur sa peau…et la douleur de la morsure. Par réflexe ses mains se crispèrent et l’une entailla légèrement la nuque du Mangemort où elle s’était à nouveau posée. Un faible cri remonta dans sa gorge, mais la jeune femme n‘osa pas se débattre de peur d‘aggraver la blessure. Jugson la repoussa comme on repousserait la peste. Elle palpa aussitôt l’endroit lancinant à la naissance de son cou, s’attendant à y trouver du sang…Mais rien.


"-Brave fille."

Ses mots et son mépris lui firent l’effet d’une gifle et tous ses traits s‘affaissèrent, affichant au moins autant de déception que Jugson montrait de frustration. Comment avait-elle pu ? Comment avait-elle pu se faire cet affront, oublier ses fins, désirer sa présence ? Comment avait-elle pu se jeter à la tête d’un homme qu’elle détestait si fort ? Que chaque parcelle de son corps rejetait comme le poison que l’organisme cherche à extirper. S’en débarrasser. Elle le regardait sans le voir et pourtant il lui crevait les yeux. Son visage, elle voulait le griffer, y rouvrir d’anciennes cicatrices pour y retirer tout ce qui l’attirait, tout ce qu‘elle regrettait de ne plus pouvoir sentir sous sa main.

Brave fille.

Absynthe ravala son humiliation et haussa les épaules même s‘il s‘était déjà détourné d‘elle. Un moment de distraction et d’abandon sans importance. Rod venait de remettre les pendules à l’heure et le compte à rebours s’égrenait déjà contre lui.
Dans l’herbe noire, un éclat terne attira son attention. La pièce d’argent gisait à ses pieds, abandonnée pendant ce court moment de passion. Côté face. La française s’agenouilla et la récupéra pour la glisser dans sa poche sans vraiment s‘expliquer son impulsion puis elle resta un instant à considérer la porte d‘entrée grande ouverte. Le vent agita les branches des arbres et leurs ombres se mirent à danser sur la façade formant des dessins étranges que l‘esprit superstitieux d‘Absynthe chercha à interpréter. Soudain une petite lumière jaune clignota derrière une fenêtre au rez-de-chaussée, tellement fugace qu’elle crut l’avoir halluciné. Mais après tout…Elle jeta un regard au sang qui couvrait le tronc. S’il s’agissait de vieux comptes à payer…On s’attendrait forcément à voir redébarquer le Mangemort fraîchement évadé et à l‘attendre là où il était le plus susceptible de se rendre. Mais avec la vague d’attaque qu’essuyait Londres, combien d’hommes le Ministère pouvait déployer pour assurer la protection de toutes ces personnes en danger ?


*Il y a pensé.*

Ce qui ne l’empêcherait pas de prendre des risques. S’il réagissait aussi mal à l’humiliation qu’elle le supposait alors les périls encourus devaient lui paraître des piqûres de Doxys comparé à l’affront subi.

L’occultiste pénétra à son tour dans la maison, promenant son regard partout, inquiète de ne pas pouvoir s’éclairer en plein territoire ennemi. Elle évita soigneusement d’emprunter à son tour l’escalier et ainsi éviter les "pattes" de Jugson. Elle irait lui parler une fois que les cris qui ne manqueraient pas de retentir auraient cessé.

L’intérieur était encore plus déconcertant que l’extérieur. Les éléments familiers tels que les fauteuils et les chaises présentaient un drôle d’aspect perturbant et désagréablement étranger. Dans un coin de la pièce une grande surface noire lui renvoyait son reflet imparfait et bizarrement courbé, encastré dans un meuble garni de livres aux couvertures sans cuir. Le tout était extraordinairement moche à la vue et n‘avait apparemment pas d‘utilité apparente. « Thomson » déchiffra Absynthe sur le carré anormal en se demandant l’intérêt pour les Jerkins de conserver un objet volé à d’autres, bien en évidence dans leur salon…Quelle que soit leur stupidité, son cou la tiraillait à chaque mouvement. Il lui fallait un miroir pour observer l’étendue des dégâts.

Elle se releva…pour constater dans le reflet noir qu’elle n’était pas seule. Deux silhouettes se tenaient dans son dos, s’apprêtant à emprunter à leur tour l’escalier.


-R…, amorça-t-elle avant d'être soudain frappée de mutisme.

Elle fit volte face pour se retrouver presque nez à nez avec un jeune homme de son âge qui lui attrapa le poignet avant qu’elle n’ait pu le menacer. Aussi blond qu’elle était brune, il portait l’uniforme des Aurors et avait l’air prêt à user de la force à la moindre tentative. Leurs regards se croisèrent et jamais Absynthe ne s’était vu considérer avec autant de mépris et de froideur. Dans ces yeux là, elle était une bête indigne de vivre. Seulement tout ça, Absynthe s’en foutait et pour une raison : Lui, jamais il ne la tuerait. Elle étendit le bras pour faire basculer un vase à sa portée. Le cristal percuta le coin d’une petite table et se brisa dans le silence.
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MessageSujet: Re: MacRoe’s House (finito)   MacRoe’s House (finito) EmptyDim 23 Mar - 2:22:27

Le col de son vêtement frotta sur sa peau, irritant un peu plus les traînées rouges laissées par les ongles sur sa nuque. Lorsqu’il la tenait serrée contre lui, la chaleur de son corps avait occulté les tiraillements exaspérants. Maintenant qu’il ne sentait plus sa peau sous ses doigts, c’était les marques ciselées sur son cou qui le chauffaient et lui rappelaient sa présence par son absence. Un manque, une crampe étrange comme une barre de fer passée au travers de ses intestins, forte et inexplicable. La petite le déconcentrait, embrouillait ses pensées avec cette intensité incroyable qu‘il devait à l’intuition de sa présence auprès de lui, à portée de main. Il n‘aurait qu‘à descendre pour la trouver, réelle et palpable, vivante. Tellement plus qu’une réminiscence vaporeuse et il ne connaissait même pas son prénom.
Ni quel genre de garce elle était. Féline, belle offerte à ses caresses, petite chatte frissonnante, passionnée et joueuse. A présent elle rôdait quelque part, silencieuse, une ombre dans l’obscurité enveloppante. Autant il sentait sa présence à la limite de l’obsession, autant il ne parvenait pas à saisir le fond de ses pensées, ce que ses yeux cachaient derrière leur éclat. Elle restait un mystère, étrangère et quelque part intime sans qu’il parvienne à déterminer les raisons de son attirance exacerbée envers elle. En dehors des raisons bassement évidentes, de simples prétextes camouflant quelque chose de plus profond, ce qui la rendait aussi entêtante. Sa beauté conjuguée à son désir suffisait-elle à imposer une image aussi nette dans son esprit ?

Sa main hésita sur le chambranle de la porte qu’il s’apprêtait à pousser. Il divaguait. Et ses divagations n’avaient pas la parure blafarde de ses anciens souvenirs. Plus intenses, plus lumineuses, plus cuisantes, elles s’imprimaient sur sa peau, estampaient ses réflexions au sceau de ses yeux verts.
Jamais il n’aurait dû lui permettre de rester à ses côtés. Cette fille l’avait habilement manipulé pour obtenir il ne savait quoi, une basse victoire mesquine, ces choses sans importance que prisaient les femmes et qui avaient la propriété de satisfaire leur orgueil futile. Quoi qu’il fit, l’image féminine se dressait devant ses yeux, comme les sinistres tâches noires assaillant la vue de celui ayant trop longtemps regardé une lueur aveuglante. C’était bien cela. Elle l’avait rendu aveugle. Stupide.

Le prix de son absurdité éclata à l’instant même où il ouvrait lentement la porte entrouverte, son geste ridiculement lent et feutré comparé au fracas qui creva le silence et monta jusqu‘à lui. Un bruit déplacé dans cette maisonnée endormie, impassible comme le tombeau qu‘il se proposait d‘en faire. Un fracas de mille petites brisures chimériquement plantées dans son dos, décochées par la traîtrise évidente. Le bruit se répercuta dans ses os, trancha ses nerfs et son calme, amena son corps à se raidir, sa main à se crisper. Les éclats se percèrent un chemin jusqu’au cœur de ses pensées et se fichèrent dans l‘effigie parfaite et intense de la jeune femme pour la briser, les vestiges de son beau visage s‘effondrèrent, désagrégés par la haine subite qu‘elle venait de s‘attirer.
L’instant d’avant il aurait été prêt à être complaisant avec sa belle, à la laisser le distraire, peut-être à l’apprécier autant qu’il était possible d’apprécier le plus joli des accessoires ornant son orgueil. Le petit bibelot d’exquise facture dont il avait besoin pour saluer, célébrer son retour à la vie et sa liberté. Mais désormais tous ses appâts n’avaient d’autre effet que de le dégoûter par le désir qu’ils suscitaient encore chez lui alors qu’il ne ressentait plus que rage pour elle.

Le Mangemort se retourna et se pencha à la balustrade de l‘escalier, espérant intercepter la silhouette de la jeune femme ou tout autre personne alertée par le bruit. Chose étrange, il n’y eut pas d’autre choc pour perturber le silence et il ne pouvait pas croire que la chienne s’arrêterait en si bon chemin dans son tapage alors qu’un transplanage la sauverait.
Mais ce ne fut pas l’ombre de la fille qu’il perçut en bas des marches. Elle n’était visible nulle part, cependant ce n’était pas son affaire. Tout ce qu’il pensait à l’instant n’incluait rien d’autre que sa survivance. Il se retrouvait pris au même piège que par la passé, il savait déjà comment les choses allaient se dérouler et l’engluer dans cette toile qui l’avait envoyé à Azkaban pour y pourrir. Il s’y était attendu. Il avait même recherché cette situation, en dépit de toute prudence, de tout bon sens. Un moyen pour lui d’exorciser une blessure à sa fierté qui surpassait sa raison, envenimée par tant d‘années perdues, enfermées. Il était fou de remettre en jeu sa liberté, sa possibilité de maîtriser à nouveau son destin et de se prêter à cette cause qui lui avait valu sa captivité, mais cette folie ne lui venait pas de ces jours, ces mois interminables d’emprisonnement. Il l’avait toujours eu au cœur et c’était de son seul fait qu’il avait un ainsi forcé le destin à se reproduire.

Une prise de risques inutiles qui lui ressemblait si peu. Mais de quoi était-il fait à présent ?

Un premier flash de lumière brûla sa rétine. Un soleil éblouissant répandit sa lumière blême sur les murs baignés d’obscurité et l’amena à se reculer de la rambarde. Des bruits de pas précipités montèrent jusqu‘à lui, des voix criaient un nom, des ordres et il ne pouvait distinguer que des ombres devant lui. Des formes mouvantes dont il ne pouvait jurer de la réalité. Sa main pressa ses yeux avec la vaine espérance de chasser le voile blanc, ce linceul de fumée qui l’empêchait de distinguer quoi que ce fut. Une si petite chose le réduirait à l’impuissance ? A l’aveuglette Jugson lança un sortilège de mort, visant les marches dans son esprit. Il n’avait plus que cette représentation mentale de l’endroit et ces ombres dansantes, réelles et factices, pour assurer sa protection.

L’état indéfinissable dans lequel il se trouvait était indescriptible. Le sentiment de rejouer une scène, d’être ailleurs, l’entourait, pris dans une ouate feutrée. Les sons lointains et brouillés à l’image d’un rêve ne lui parvenaient pas avec moins de précision. Ils étaient son seul point d’ancrage avec ce qui se déroulait.
Le claquement d’une porte s’ouvrant brusquement retentit derrière lui et il fit un écart, son dos rencontrant un mur là où il s’était attendu à ne rien trouver pour l‘arrêter. Il projeta son bras devant lui, toucha une épaule fine, qu’il serra et propulsa en direction de la balustrade, mince barrière de bois contre le vide et les marches en bois massif. Une collision sourde et d’autres mots, des éclairs de sensations qui heurtaient son esprit acculé.
Une voix de femme hurla quelque chose, des imprécations mouillées de sanglots, des paroles sans queue ni tête qui lui permirent de localiser la source et de lancer un autre sortilège à la volée, d’un arc de cercle étendu. Quelque chose d’imprécis, quelque chose destiné à briser tout ce qui se trouverait sur son chemin. Plusieurs craquements retentirent, des échardes écorchèrent sa peau, de la poussière de plâtre infiltra ses narines et descendit dans sa gorge. Le reste ne fut que sons et sensations. Une vibration sous ses pieds, le bruit sourd d’une masse s’effondrant au sol et une douleur aigue contre sa main gauche. Le sang s’écoula d’une plaie, du point d’impact où il ressentait la froideur du métal bientôt tiédie par le liquide carmin qui dévalait le dos de sa main pour éclabousser le sol. Mais plus de sanglot.

En revanche un aiguillon glacé lui percuta l’épaule de plein fouet à l‘instant où un rayon vert jaillissait de sa baguette, vive au moindre mouvement perçu. Balayé par le choc, il ne put diriger sa chute et l’échine de son dos entra en contact avec le coin d’un mur, le chambranle d’une porte. Son corps pris de faiblesse et engourdi par le froid, ses jambes lui firent défaut et il glissa lentement contre le mur jusqu’à se retrouver assis au sol, pathétique, un souffreteux à l‘orée de sa mort. Ses doigts fatigués retenaient à peine sa baguette qu’une pichenette lui aurait arraché sans mal. Une défaillance de son corps comme une trahison faite à son esprit bouillonnant. Un esprit qui se rebellait violement contre l’inacceptable sans qu’aucun de ses membres ne fussent galvanisés par cette révolte incendiaire, initiatrice de feux meurtriers devant rester sans effet. Abattu, affaibli tel un infirme. Inacceptable.

Un sursaut le secoua et sa main raffermit sa prise sur sa baguette, il se releva, ses bras maladifs comme appui pour redresser son corps transi. Hésitants, les premiers pas se firent, guidés par la main blessée contre le mur éraflé. Si d’autres devaient le trouver, ils le trouveraient debout. Sa vue vacillante revenait à la normale ainsi le Mangemort put distinguer les premières marches de l’escalier. Pas d’autres bruits, pas d’autres clameurs. Juste le silence. Debout au milieu d‘une tuerie aveugle.


-Petite ?

Pourquoi s’en inquiéter ? Pourquoi l’appeler et espérer la voir apparaître comme par enchantement ? Pourquoi réclamer un témoin à sa faiblesse ? Aucune réponse à ses questions, après avoir manqué de tout perdre il tenait à s’assurer qu’elle était toujours là. Il ne fallait plus s’attarder ici et il aurait besoin d’elle si sa vue ne revenait pas. Rien de plus.
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MessageSujet: Re: MacRoe’s House (finito)   MacRoe’s House (finito) EmptyJeu 27 Mar - 1:59:42

Les choses allaient toujours trop vite dans ces moments là. Un bref claquement sec vint faire écho au fracas répandu par le bris du vase. La jeune femme porta la main à sa joue rougie. Désarçonnée par un tel geste, elle resta un moment interdite à considérer l’Auror, appuyée contre l‘étagère aux étranges bibelots, ses pieds raclant le verre brisé par ses soins. Une gifle ? C’était tout ? Que pensait-il obtenir d’elle avec ce genre de moyens ? Avec tant de haine brûlante dans son regard pourquoi retenait-il encore sa rage quand seul le plus radical des sortilèges aurait pu avoir raison de la résolution d‘Absynthe ? Une simple gifle.
Ce n’était jamais que la deuxième dans toute sa vie. La première à l’avoir frappé ayant été sa sœur. Sa sœur qu’elle avait fait souffrir sous l’effet de la colère et de la peur, par vengeance et par écoeurement sans doute. L’indignation à voir Callista défendre l’homme qui voulait la tuer, elle, sa petite sœur. Qu’aurait-elle dû faire ? Dire Amen, oublions tout ? La guérisseuse n’avait-elle pas toujours prétendu avoir voué sa vie aux autres à commencer par les siens, à commencer par sa petite "Absy" ?
Parée de vertu, blanche et intouchée, la colombe de justice aux ailes de velours dont les liens familiaux n’allaient pas au-delà son caractère de biche timorée. Passée derrière une pseudo-sainte morale était insupportable pour Syn. Elle était chair et sang, elle était tangible et réelle quand sa sœur préférait ses allégories, ses symboles de justice sans fondement, des utopies incertaines, au choix d’une vie humaine quant au prix à faire payer pour s‘être vu menacée.

Et lui ? Ce jeune homme au regard si clair ?

Lui aussi sans doute. Malgré tout, Absynthe n’arrivait pas à le détester. Il ne la menaçait pas. On ne pouvait rien lui prendre excepté cette vie qu’elle chérissait par-dessous tout, dans le malheur ou l’affliction aussi bien que dans les moments de joie où qu’elle puisse les trouver. Sa vie si précieuse, la seule chose qui, manquante, était capable de réduire tout à néant: combats, espoirs, efforts. Mourir avec la souffrance était une sinécure comparé à ce sentiment horrible qui assaillait ceux rendant leur dernier souffle sur un sentiment d’inachevé.
L’inachevé. Probablement la fièvre qui avait poussé Jugson dans la gueule du loup, et pire que tout: ce sentiment l’y avait poussé en son âme et conscience. Un acte tellement insensé et pourtant tellement brave. Apte à susciter autant l’admiration que l‘incompréhension face à pareille folie. Mais pas le mépris, pas pour elle. Il allait jusqu’au bout et elle comptait bien faire de même sans jamais penser aux conséquences qui pourraient la faire reculer.

L’expression la plus pitoyable dans toute son hypocrisie imprégna le visage d’Absynthe, incrustant chaque ligne de ses traits qui semblèrent se brouiller, chiffonnés par des mains invisibles et cruelles. Si elle ne respirait pas l’innocence elle respirait le chagrin et ses yeux luisaient de repentir.
De l’eau sous la pluie. Le jeune homme ne broncha pas, ne montra même pas le plus petit signe d’énervement ou de dédain face à un essai d’apitoiement, une preuve d’innocence muette qu‘elle n‘était qu‘une victime dans cette histoire, qu‘elle avait peur et qu‘elle n‘était pas une ennemie, encore moins une menace. Rien. Se retrouver face à ce "rien" devant ses tentatives était une habitude toujours déconcertante déjà expérimentée lorsqu’elle était enfant. Et ceci avait par contre la propriété de l’énerver. Mais elle ne fit…rien, car au moindre geste il n’aurait aucun mal à ne pas la rater, autre gifle ou sort cette fois, elle ne pourrait "rien" faire pour…Pour quoi ?

Certainement pas porter secours à l’évadé. Il n’en avait pas besoin, pas de la part d‘une gamine, et l’abandonner ici semblait être sa meilleure solution. S’il se faisait reprendre, elle serait vengée d’une fort belle façon sans avoir eut à fournir le moindre effort, un petit plaisir sucré salué par l’ironie d’une phrase : «vous vous êtes remis là dedans tout seul…».
Il était amèrement désagréable et cuisant de savoir que ses propres choix avaient à eux seulement abattus la ruine sur sa tête. En connaissance de cause, Absynthe l’affirmait, même si son expertise en matière d’esquive pour refiler à d’autres ses problèmes la sortait souvent des mauvais pas. Ce qui n’empêchait pas qu’au final, elle riait jaune sur son sort plus souvent qu’à son tour…Comme cette nuit.
Et s’il s’en sortait ? Il lui resterait la consolation amère d’être insignifiante pour lui, et donc qu’il ne chercherait jamais à la revoir. Étrangement, cette possibilité ne la réjouissait pas plus et lui laissait la répugnance ressentie face à l’échec d’un affront impayé.

Mais ses esquisses de projets n’allèrent jamais plus loin. Une lumière agressive prit de court la vigilance de son Auror gardien. Bien qu’étant éloignée de l’origine du sort et se trouvant dans le salon éclairé par la clarté bleutée émanant des fenêtres, la jeune femme se retrouva éblouie l’espace de quelques instants. De toute façon, elle n’avait pas besoin de sa vue pour se viser elle-même et mettre fin au sortilège de Mutisme. A peine s’était-elle trouvée libérée de l’emprise du maléfice qu’elle serra l’épaule du jeune homme d’une main désespérée en ignorant la baguette qu’il pointa aussitôt sur elle. Elle ne le détestait pas, mais il l’avait vu. Et Jugson constituait là encore une preuve que la mort n’était pas le seul moyen de prendre une vie. Elle ne pouvait pas se permettre le moindre risque, mais elle ne savait pas tuer de sang froid. Quoique sa peur lui suffirait amplement, il s‘agissait une fois encore de se préserver.
Un rayon vert troua l’obscurité comme un encouragement. Sauf que ce genre de mort, elle ne connaissait pas, elle ne la donnait pas. Quelque part elle en était incapable car la peur couplée à une appréhension infranchissable retenait sa main : celle de perdre un peu d’elle-même en voulant prendre une vie. Une ironie intolérable, une dernière vengeance par delà la mort qu’elle ne cèderait à personne.

L’occultiste jeta sa baguette au sol et releva les mains en secouant la tête.


-Je ne me battrai pas.

C’était un mensonge, la querelle et l’opposition étant depuis longtemps ses moyens d’expressions. Ce n’était pas sa faute, le monde s’opposait toujours à elle.
L’Auror attira à lui la baguette abandonnée par la jeune femme et recula, un pas, deux pas, sans un mot, ses yeux dans les siens, sans lui tourner totalement le dos. Absynthe secoua à nouveau la tête. Ses précautions étaient futiles. Derrière son dos, ses doigts débouchèrent un minuscule flacon libérant une poudre argentée dans sa paume prestement ramenée à son visage et aussitôt soufflée en direction de l’Auror avant d’être inhalée. Il visait déjà sa silhouette, un trait rouge qu’elle esquiva ranimant les tiraillements à son cou par son geste trop brusque. Profondément calme pour quelques secondes, elle était sûre des effets de sa poudre une fois aspirée. Ça ne loupait jamais.

Il s’effondra dans un grand bruit. La Française le regarda essayer de former des sons, mais elle, elle savait. Le Ferrum ça claquemurait, ça brisait les cordes vocales.

-C’est pas la peine, personne ne s’en tire de ce truc là.

Voilà. Ses gestes se firent désordonnés, maladroits et ses yeux se fermèrent d’eux même. Il chercha à se relever mais ses bras glissèrent sur le sol, ses jambes n’avaient plus que des mouvements brusques et décousus. On eut dit un pantin disloqué, terne corps à la rigidité de métal. Le pathétique de sa lutte contre le poison fit rire la jeune femme, nerveusement. Mais ce fut un rire qui ne dura pas car il lui amena des larmes menaçant de se répandrent sur ses joues. Elle était morte de frayeur, sa propre vulnérabilité lui revenait en pleine face.
De plus en plus gris, il pouvait encore se tenir à quatre pattes semi conscient de ce qui lui arrivait. Sa main encore vivace chercha à la retenir quand elle plia les genoux près de lui pour récupérer sa baguette et celle du jeune homme. Elle en fixa le bois clair un moment, se relevant lentement et finalement, lui tournant le dos. La même baguette que sa sœur, atrocement similaire. Toute à son observation, elle entendait l’Auror s’agiter derrière elle. Ce bruit spasmodique comme un cœur qui louperait des battements…ce bruit lui vrillait les nerfs et ses pas la guidèrent d‘eux-mêmes hors du salon. Où l’impact d’une chute horrible l‘accueillit près de l‘escalier.

Elle resta stupéfaite et abasourdie devant le corps fracassé sur les marches, tombé si soudainement, jusqu’à ce que ses yeux reconnaissent la chevalière de Jugson à son majeur. Tellement d’enjeux derrière ce cercle de métal. Une mince rigole de sang commença à couler des lèvres de la morte et Absynthe s’avança, ses yeux brillants dans le regard vide du cadavre.
Au dessus d’elle, les cris et le fracas, puis le silence. Ils pouvaient très bien tous être morts. La sorcière s’agenouilla près de la jeune femme portant le costume des Aurors et fit glisser l’anneau travaillé jusqu’au bout de son long doigt fin, avant de le fourrer au creux de sa poche. En faisant vite, en se cachant, loin d‘être fière ou triomphante, plutôt cent pour cent apeurée.

Le son de sa voix la fit se relever d‘une seule détente. Jugson. En haut de l’escalier, en vie et un appel comme un ordre à ses lèvres. Que pouvait-il lui vouloir encore ? Il ne l’avait pas vu faire, c’était impossible, le ton de sa voix était trop calme. Il fallait distraire l’attention du Mangemort de son visage où il comprendrait tout, elle en était sûre ! Il verrait le mensonge au fond de ses yeux et il les lui arracherait parce que c‘était ainsi qu‘il se vengeait, en infligeant le mal par là où s’était fait sentir l’offense. Elle faisait pareil et ce moment lui faisait honorer la clémence, cette stupidité d’ordinaire royalement méprisée. Souvent témoin de ce genre d’atrocité, elle se retrouvait actrice principale du côté funeste de la scène. Celui qu’elle évitait toujours soigneusement.


-Vous…Monsieur Jugson, je crois que c’est elle, la fille, dit-elle en poussant du pied le bras bizarrement replié sur le visage du cadavre pour mieux en dévoiler les traits.

Son cœur cognait contre sa poitrine, si vite que la tête lui tournait. Etait ce si facile de lui mentir ? Elle s’écoutait parler comme étrangère à elle-même, terrifiée à l’idée qu’il découvre la vérité. Pourquoi avait-elle fait ça ? Elle voulait la frustration du Mangemort, mais c’était elle qui tremblait devant lui. Sa main serra l’anneau dans sa poche. Absynthe dut se faire violence pour ne pas fondre en larme et lui tendre son bien, noyé dans un flot d’excuses proférées dans le seul but de s’épargner sa colère. Son pardon ne l’intéressait pas. Mais elle ne fit rien de tout cela, elle se contenta de le fixer, la crainte imprégnant ses yeux d‘une lueur un peu folle.
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MessageSujet: Re: MacRoe’s House (finito)   MacRoe’s House (finito) EmptyLun 31 Mar - 20:33:57

Une ombre se dressa à la périphérie de sa vision embrumée. Dans le ton sur ton obscur qui baignait la maisonnée il lui était difficile de détacher distinctement les contours les uns des autres et tout se mêlait dans un amas informe à peine émaillé de quelques touches de couleur. Des nuances fades à ses yeux éblouis, mélangées, mais une fois averti de sa présence par son mouvement, son regard ne lâcha plus la silhouette de la jeune femme. Il percevait faiblement les limites de son corps, une petite ombre chinoise inoffensive après le tumulte de la bataille. Ses mots flottèrent jusqu’à lui, raisonnant étonnement clairs pour des oreilles ayant subies le vacarme et trop soudainement retournées au silence. Sa respiration s’accéléra alors qu’il réalisait d’un seul coup les implications de ce qu’il croyait comprendre. Comment était ce possible ?! Pourquoi celle qu’il était venu tuer aurait-elle attendue que la mort vienne à elle si le Ministère avait déployé un peu de ses forces pour l’arrêter, lui, s’ils avaient prévu l’inévitable ?

-Qu’est-ce que tu me dis ?

Sa main blessée glissa sur la rampe en bois lisse sans se soucier de la douleur occasionnée par le bout de métal incrusté dans sa chair et que la pliure de son poignet faisait jouer sur les tendons. Son pied trouva précipitamment la première marche et en un rien de temps il fut près de la petite, le bout de sa chaussure rentrant en contact avec une masse inerte en travers de l’escalier. Rod jeta un regard interrogateur au visage de la cousine de Lucius, leur proximité lui permettant de distinguer chaque ligne gracile de son joli minois, lui aussi faiblement voilé, mais pas ses yeux. Ils ressortaient éclatants, deux émeraudes luisant d’un éclat humide. Etait-elle en train de céder à sa nature féminine ? Le flot de larmes bouillonnantes évité jusque là allait-il finalement s’extraire de ses yeux ?
Jamais une femme n’avait su lui épargner cette faiblesse. Il fallait toutes qu’elles pleurent, qu’elles expriment leur dépassement et leur résignation par des gémissements. Toutes ou si peu d’exception, généralement des murs de glace sans chaleur qui n’intéressaient pas le Mangemort. Les chiennes au cœur de pierre avaient trop peu d’aise dans la passion, luttaient stupidement pour se prouver quelque chose d’improuvable jusque dans leurs ébats, toutes incapables de s’abandonner totalement, entièrement. De quel genre était-elle ? Toujours cette question.

Jugson s’agenouilla péniblement sur les marches, son corps montrant une certaine lenteur à obéir à sa volonté et ses mouvements une certaine propension à ne pas se coordonner entre eux. Le cœur cognant contre sa poitrine à la manière d’un tambour déchaîné, prêt à briser l’enclos de sa cage thoracique alors qu‘il se penchait sur le visage découvert du cadavre. Ses doigts parcoururent ses traits, peinant à croire ce que ses yeux lui affirmaient pourtant. A cette distance il n’y avait aucun doute, c’était elle, la petite fille recroquevillée de ses souvenirs, ses cheveux d’or roux, ses yeux gris, désormais vides comme des billes de fer. La main de l’homme caressa machinalement le contour de la joue pâle sans vraiment parvenir à ressentir les prémisses de la victoire. Il n’était pourtant pas abasourdi…Juste ailleurs, pas au-delà, mais quelque chose faisait ses sentiments aussi brouillés que sa vue.
Une traînée de sang s’échappait des douces lèvres entrouvertes pour s’écouler sur ses doigts brûlants comme la fièvre. Alors…il était donc vengé après toutes ces années de sursis ? Toute offense était maintenant réparée ? Sa défaite, sa capture, son emprisonnement ?

Ses mains souillées par le liquide rouge suivirent doucement le tracé brisé de la gorge à l’angle distordu, touchèrent le tissu de l‘uniforme et frôlèrent le sein gauche de la jeune femme, l‘endroit sans battement. Plus aucune vivacité. D’ailleurs avait-on jamais vu une vie plus stupidement gâchée ? Sans doute n’avait-elle pensé qu’à lui, qu’à ce qu’il avait fait à sa famille, haïssant dans ses songes le visage du meurtrier pour nourrir ses délires de combat et de victoire chimérique. Des divagations de petite fille, poursuivre ses "rêves" d’enfant et en mourir au bout du compte. Iona MacRoe était morte, enfin. Jetée par-dessus la balustrade comme un verre renversé par inadvertance. L’ordre des choses était finalement rétabli, ce qu’il avait toujours voulu, alors pourquoi l’exaltation sommeillait tapie dans ses entrailles sans exploser et répandre dans ses veines l'élixir du triomphe ? C’est à peine si la satisfaction remuait ses sens aux aguets.

Sa mort, il l’avait vu mille fois déjà. Lente, à savourer, qu’ils revivent ensemble toutes ces années envolées, à rebours jusqu’à cette funeste nuit où tout avait basculé pour lui. Il avait eu le désir de voir, plonger dans les yeux si clairs de la jeune femme épargnée par le sort et devenue Auror pour se venger de lui comme si l’avoir pillé ne suffisait pas. Il aurait lui aussi voulu lui voler ses derniers instants, qu’elle n’emporte rien d’autre dans la tombe que la douleur, l’amertume et le visage de son bourreau. Elle l’avait défié et maintenant elle était morte. Ils étaient presque quitte bien que ses instincts féroces, d‘aucun aurait dit sadiques, lancinaient sa conscience d‘élancements de regret étouffés par le Mangemort. Il lui fallait son anneau, la chevalière de sa famille: ce qui importait vraiment. Pas de regret sur cette mort négligée, il savait ô combien les choses définitives étaient radicales.

Il s’empara des longues mains fuselées sans que son toucher ou ses yeux ne lui révèlent ce qu’il voulait ardemment. Plus que la simple et pourtant délectable vengeance, il s’agissait ici de reprendre son bien. Jugson repoussa les doigts vierges d’anneaux loin de lui et fouilla précipitamment les plis et replis de l’uniforme de l’Auror, gagné par un sentiment insupportable d’égarement.


-Petite ! Tu vois quelque chose par terre ?! La chevalière que tu étais venue me voler ? Tu la vois ?!

Le Mangemort se redressa d’un seul coup, le sang battant ses tempes et les pensées confuses, tandis que ses yeux embrouillés de fumée écorchaient l‘endroit à la recherche du cercle de métal argenté. Un faisceau de lumière vive jaillit de sa baguette pour fendre la pénombre veloutée, tranchant dans les ombres et les recoins de ténèbre. Il passa sur le filet de sang s’égouttant de l’Auror, le petit ruisselet imprégnant lentement le revêtement de sol aux pieds de la gamine. Sa chevalière pouvait être n’importe où ! Comment pourrait-il retrouver sa propriété, celle qui le désignait comme le maître de sa lignée si on l’avait scellé par le fer et les sortilèges ? Etait-elle seulement en ce lieu ? La question ne se posait pas, ne s’envisageait pas, il fallait qu‘elle y soit !

-Monte voir si tu la trouve ! Retourne tout s‘il le faut ! , s’exclama-t-il en saisissant d’autorité le bras de la jeune femme, dépêche toi !

Elle devait avoir le nez pour ces choses là. N’était-ce pas pour cette raison qu’elle était venue rôder ici cette nuit ? Qu’elle s’active donc et lui retrouve sa chevalière puisqu’elle était là pour jouer les limières. Mais son regard se posa sur le bras libre de la jeune femme, sa main fine disparaissant dans le tissu de sa robe éveilla soudainement un pressentiment qui mordit cruellement son flanc. L’épine.

-Tu dois être plus intelligente que ça, ma belle…

Une réflexion faite à lui-même, pour lui-même, alors que sa main libre se glissait par-dessus celle plus lisse, délicate et fragile de la jeune femme. Un contact qui amena un frissonnement incontrôlable le long de son échine. La moindre coupure sur cette peau serait un gâchis abominable. Oui, il espérait qu’elle était réellement plus intelligente que ça…
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MessageSujet: Re: MacRoe’s House (finito)   MacRoe’s House (finito) EmptyVen 11 Avr - 23:21:13

Quelque part un chien aboya et un engrenage de pendule cliqueta son roulement mécanique avant de frapper l’heure, deux coups brefs perdus dans le silence. Les yeux d’Absynthe, qui jusqu’ici fixaient vaguement le sol, se relevèrent vers l’homme, vers son visage surpris et méfiant, mais surtout avide. Elle lui apportait sans aucun doute une grande nouvelle.
La mort d’un ennemi détesté, la défaite de celui qui s’oppose à vous, qui vous nargue par sa seule existence, n’était-elle pas du plus grand soulagement ? La jeune femme se gardait de ceux qui respiraient mieux au débarras d’une âme et que soulageait la mort d’un autrui, ici en tout point innocent. Mais l’innocence n’avait jamais d’importance. Pas plus que la bonté ou le bon droit, la justice et l’humanité. Ces valeurs ne sauvaient pas de ceux qui voulaient votre mort, ni ne vous protégeaient de la haine meurtrière, pas plus que de l‘incident "malheureux" qui vous tuait, vous ou un autre, quelle importance. A vrai dire, ces belles qualités ne citaient pas en ce bas monde et étaient vouées aux romans et aux contes de fée, aux pages blanches qu’habitait la morale. Personne ne vous punissait dans cette vie, sinon un adversaire plus fort que vous.
Elle savait tout du sentiment libérateur de se dire que la gêne était annihilée, à quel point il était rassurant d’apprécier la menace détruite, l’affront remboursé, la simple satisfaction d’une contrariée enfin ôtée par le décès de celui dont même le portrait nous fut insupportable et la vie intolérable. Quelle satisfaction que celle de pouvoir enfin regarder la photographie d’un rival méprisé en souriant sur le dernier mot que le destin ou sa propre main aura arraché à des lèvres froides et sans vie. Encore des années à vivre quand l’autre nourrirait les vers. De quoi égayer une journée mal commencée.

Ou se rassurer quand les évènements prenaient un tour fâcheux, aussi fâcheux que la situation dans laquelle se retrouvait plongée Absynthe. Mais elle avait déjà vaincu, ne pouvait-elle pas vaincre encore ? Simplement goûter sa frustration, abattre tous ses efforts, réduire à néant le pourquoi de ses luttes et rendre inutiles ses souffrances. L’abandonner avec ce goût d’inachevé, comme cette fille stupide, morte sans avoir pu se venger de lui. Sans même le blesser.


*Idiote…*

Défaut qu’elle se reprochait à l’instant, mais il était un peu tard pour changer quoi que ce soit à présent. La française se voyait couronner Jugson avec la tiare de l’inaccompli et de l‘impossible. Ces choses contre lesquelles on ne pouvait rien. Azkaban devait l’avoir habitué à cette sensation, non ? L’irrémédiable. Descendre un escalier aux marches soudain évaporées, une pente infernale et glissante pour mener au plus bas : pieds et poings liés par des entraves invisibles.

Absynthe recula précautionneusement en voyant l’homme se rapprocher. Elle se décala d‘une marche et s‘accouda nonchalamment à la rambarde dissymétrique. Mais presque aussitôt, sa main rejoignit l’anneau dans sa poche, comme si le bijou allait sauter hors du tissu de sa robe pour bondir aux pieds de son légitime propriétaire. La jeune femme avala malaisément sa salive juste avant que le Mangemort ne pose à nouveau ses yeux gris sur elle. Elle lui jeta un regard en coin, ressentant pour la première fois l’impression que sa fourberie allait se lire sur son visage. Elle était sûre que ses traits habitués au mensonge dévoilaient tout de sa culpabilité. Tellement étrange.
Jugson lui faisait perdre ses moyens et ses stratégies, des choses pourtant si naturelles qu‘elle employait sans y prendre garde, ainsi qu‘on respire ou que l‘on marche sans penser à coordonner ses mouvements. Un naturel que Rod empêchait d’agir. Elle n’avait plus aucune barrière à lui opposer, elle se sentait infiniment vulnérable combien même son regard à lui n’était pas haineux. Il n’avait d’ailleurs pas l’air d’aller si bien que ça…

Les yeux d’Absynthe glissèrent sous leur paupière pour considérer l’état du Mangemort sans trop avoir l’air d’évaluer sa faiblesse. Aucune de ses blessures ne lui seraient fatales, c’était assuré..Et elles ne lui permettraient pas non plus de pouvoir prendre un quelconque avantage sur lui. Toutefois, il y avait quelque chose de rassurant dans le sang qui s’écoulait de ses plaies, c’était la certitude, la preuve qu’il n’était pas invincible. D’ailleurs, en le voyant chanceler lorsqu’il s’accroupit d’un seul coup au-dessus du cadavre de la Jerkins, Absynthe fut tentée de lui poser la main sur l’épaule afin de le soutenir. Par réflexe et par artifice. Dès ses premiers mots on lui avait enseigné la duplicité et bien que son caractère ne la porta pas à aller contre ce qu’elle pensait et ses sentiments, il y avait ces automatismes, ces phrases toutes faites qu’elle ne pouvait contrôler.

Ses doigts jouaient toujours avec la chevalière d’argent dans sa poche alors que Jugson fouillait nerveusement le cadavre, presque à lui arracher ses vêtements pour découvrir son précieux bien. Un léger sourire prit presque naissance aux coins des lèvres d’Absynthe. Une simple esquisse aussitôt disparue lorsqu’il se redressa et s’adressa à elle sur un ton impatient. De toute évidence, il n’était pas à prendre avec des baguettes et la moindre ironie sur sa situation se verrait très probablement peu favorablement saluée. Aussi, l’occultiste se contenta de descendre totalement les marches pour se retrouver à son côté en faisant mine de chercher alentour.


-Non. Je ne vois rien.

Sa main quitta enfin l’anneau au métal réchauffé par sa chaleur, mais si tôt qu’elle ne sentit plus l’argent gravé sous ses doigts, elle ressentit immédiatement un sentiment de malaise. Stupide bien sûr. A moins de la retourner par les pieds, la bague n’avait aucune chance de quitter les profondeurs de sa poche. Absynthe posa toutefois sa main sur le haut de sa cuisse, rassurée de sentir la chevalière à travers le tissu.

Cependant, elle ne put prévoir le geste de Rod quand celui-ci se retourna pour lui saisir le bras d’un geste violent, un geste qui lui fit faire un bond en avant et sa main retrouva illico l’anneau au fond de sa poche, le serrant de son poing crispé. Les yeux de la jeune femme s’étaient arrondis sous l’effet de la surprise soudaine de se retrouver si près de lui. De plus, elle ressentait d’autres craintes. Et s’il jetait un sortilège d’attraction ? Son poing se referma encore plus sur son anneau. A pareille distance il n’aurait aucun mal identifier la provenance du bijou…


-Vous saignez., fut tout ce qu’elle trouva à répondre à son empressement.

*Sur moi.* rajouta-t-elle en aparté, considérant la mince rigole de sang qui s’échappait de la main du Mangemort pour imprégner la cotonnade sombre à l’endroit où il la tenait.

C’était une habitude désagréable qu’avait cet homme à toujours la souiller lorsqu’il la touchait, corps ou esprit. La jeune femme fronça les sourcils en relevant le menton vers lui. Tout son visage exprimait assez bien sa contrariété face à ce qui s’était produit tout à l’heure, ce qui se reproduisait maintenant. L’humiliation ressentie, un court instant de désir pour lui, et à nouveau cette honte. Il n’y avait que cet homme à lui donner un tel sentiment de déshonneur et de bassesse, elle qui d’ordinaire se souciait si peu de ces choses là. Uniquement lui . Et la misère.

Cependant, en croisant son regard la française se sentit à nouveau frappée comme lorsqu’il l’avait cloué contre cet arbre. Son cœur fit un bond dans sa poitrine au contact de la peau du Mangemort sur la sienne, sa main recouvrant parfaitement celle de la jeune femme. Le geste n’était pas brutal, mais l’issue le serait sûrement.
Syn se retrouvait tétanisée, les yeux dans ceux de Jugson, ne sachant plus trop où elle était. La sensation de flotter, d’être ailleurs s’empara d’elle et plongea son esprit dans des eaux glacées qui anesthésièrent les salvatrices pensées logiques qui auraient pu la sauver. Elle ne pensait à rien, si ce n’était une peur étrange qui l’étourdissait, un engourdissement presque consentant quant à ce qui allait suivre.


-Faut croire que non…, dit-elle sans lâcher ses yeux des siens.

Aucune provocation dans ces mots prononcés avec banalité. Absynthe ressortit doucement son poing, ses doigts emprisonnant toujours l’anneau au centre de sa paume. Elle desserra leur molle étreinte pour présenter la chevalière au Mangemort. Que pouvait-elle lui dire ? Elle n’avait rien à prétexter sur la présence inattendue de l’anneau au fond de sa poche et sa main fermement enroulée dessus. Surtout pas qu’elle ne savait pas. Elle pourrait lui jurer son regret infini. Elle regrettait de s’être fait prendre. Malgré cela, elle avait profité d’un semblant d’amusement à le voir s’agiter pour récupérer son bien, de voir enfin la panique s’inscrire sur les traits de son visage. Perdue dans ses réflexions, la jeune femme esquissa un demi sourire lointain. Peut-être avait-elle encore une chance de calmer le jeu.


-Je ne voulais pas vraiment…

Ça, c’était vrai. Elle avait eu peur, elle avait hésité. Elle leva doucement son index, son bras toujours dans l’étau de la poigne du sorcier, et retraça du bout du doigt la longue cicatrice sur le visage de l’homme, son ongle de plus en plus insistant au fur et à mesure de sa descente, presque à le griffer.

Il devait le savoir qu’on ne contrôlait pas toujours tout ?
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MessageSujet: Re: MacRoe’s House (finito)   MacRoe’s House (finito) EmptyLun 21 Avr - 18:41:15

Il saignait ?

-Perspicace, ma chérie…

Mais pas assez.

Les traînées rouges visibles sur le tissu de sa belle inconnue arrêtèrent quelques instants le regard du Mangemort. Se permettait-elle de lui faire des reproches ? Avait-il sali sa précieuse tenue ce qui lui valait les critiques stimulées par la coquetterie absurde des jeunes demoiselles, ou était-elle simplement dégoûtée ?

Ses yeux gris remontèrent, des poisseuses tâches brunes aux brillantes prunelles mordorées de la petite, puis redescendirent suivre le tracé de ses courbes, ce corps vibrant de jeunesse qu’il devinait sous la toile épaisse de sa robe. Pris de langueur, il s’attarda mollement sur les galbes gracieux que formaient ses hanches et sa poitrine jusqu’à sa gorge nue où restait visible la trace rouge de sa morsure entre deux mèches de cheveux bruns.
La main de l’homme glissa sur le bras de la cousine de Lucius, agrippa doucement sa mâchoire et releva d’autorité son joli visage vers lui. Autant l’aider puisqu’elle voulait affronter son regard. Il voulait lui faire comprendre, mettre un terme à ses illusions de contrôle. Et peut-être…sûrement…s’affirmer à lui-même qu’il était le seul maître de ce qu’il désirait. Ce n’était pas une gamine, aussi grande soit sa beauté ou excitant soit son charme, qui allait le plier à ses volontés d’enfant capricieuse. Non, il l’avait senti, cette garce était un poison. Intacte et aussi fraîche qu’une rose. Et sûrement tout aussi piquante pour celui qui s’approcherait naïvement en vu de cueillir la fleur fragile. La jeune femme semblait avoir sa propre façon d’éviter tout ce qui pourrait gâter sa petite santé et sa peau à l’enjôleuse douceur. Le revers de sa main blessée effleura doucement la chevelure sombre de la belle, le fragment métallique dans sa chair lui attirant des titillements désagréables lorsqu’il s’accrochait aux mèches soyeuses. Au moins aussi agaçant que ne l’était la réponse de cette fille. Au moins aussi rageant que ne l’était son attitude.

Son irritation enfla doucement alors que son pouce caressait distraitement la joue de l‘impertinente, un geste mécanique n’ayant d’autre propriété que d’orchestrer sa réflexion. Cette fille savait se faire diablement contrariante, agaçante au possible, des petites aiguilles plantées dans ses nerfs. Les femmes étaient déjà de nature irritante, mais elle, sa beauté, elle y mettait du sien. C’était une évidence pour qui plongerait dans son regard, dans ces deux yeux à la lueur de provocation dissimulée, mais présente, bien présente. Ainsi, elle espérait faire de lui son jouet ? Pensait-elle réellement maîtriser la situation entre ses mains de jouvencelle ?


Elle abusait de sa tolérance, ses ongles aguichants sur son visage, ses mots, la banalité de sa justification, une défense qui n’en était pas une. Elle ne cherchait même pas à plaider, elle s’employait à détourner l’éventuelle punition. Comme une petite fille se déployant en cajolerie pour éviter de recevoir un coup de baguette sur ses doigts agiles. Croyait-elle que les frémissements qu’elle tirait de son corps, l’envie qu’elle suscitait, allait l’asservir tel un chien attendant piteusement au pied de sa maîtresse la prochaine caresse ? Des câlineries…était-ce tout ce qu’elle comptait offrir si son chien était affamé ? Lui tisser une laisse de ces fadaises pour l’empêcher de réclamer sa "pitance" ?

Elle présentait la chose d’une telle façon que sa colère se retrouvait désagréablement étouffée sans pouvoir s’exprimer comme il l’aurait voulu. Un sentiment de frustration naissait de cette mise en scène, la voix de cette fille et ses caresses qui n’apaisaient rien, bien au contraire. Elle contenait sa rage dans un étau et excitait un peu plus son ressentiment à travers son désir. Désir qui n’avait autant d’emprise sur lui que parce qu’il ne l’avait pas assouvi depuis des années. Simplement.

Il se rapprocha encore un peu plus de la jeune femme et entoura ses épaules de son bras pour l’amener contre lui, son autre main se réappropriant son anneau d’un geste vif. Il était déjà passé dans bien trop de mains étrangères et indignes. Le métal encore chaud de l’étreinte de la jeune fille lorsqu’il le passa à son doigt sembla pulser au rythme des battements du cœur de son légitime propriétaire. Une satisfaction brutale s’abattit sur lui, la sensation délicieuse de voir enfin les choses rentrer dans l’ordre, un véritable baume passé sur son esprit tiraillé en tout sens, sur ses aspirations méprisées depuis des années. Trop d’années. Une certaine forme de sourire incurva ses lèvres. Cette nuit il ne perdrait rien.

Le Mangemort enfouit son visage dans les cheveux de la gamine, retenant par le poignet la main qui avait escamoté la chevalière.


-Quel dommage, petite fille, quel dommage que tu sois si sotte. ,chuchota-t-il en déposant un léger baiser sur la marque rougie laissée par ses dents sur la peau blanche.

Rod resserra son étreinte sur le poignet de la jeune femme et frotta sa joue contre la sienne, amenant ses lèvres près de son oreille, à les effleurer. Il voulait être sûr que ses mots lui parviennent directement. La petite lui semblait tellement…loin de la réalité, et plus encore, des risques de cette réalité. Ne s’était-elle donc jamais retrouvée au pied du mur ?
Son bras glissa des épaules aux reins de la belle, son autre main trouva celle restée libre et l’enserra comme un amant l’aurait fait, entremêlant leurs doigts, les paumes soudées l’une à l’autre. Une embrassade affectueuse, à ceci près qu’il n’y mettait nulle douceur.


-Maintenant, trésor…, susurra Jugson en la serrant toujours plus fort contre lui, comprimant son corps délicat entre ses bras, Qu’est-ce qui pourrait me retenir de te prendre comme une putain ?

L’homme prit une grande inspiration, le nez dans les mèches brunes de la jeune femme…avant que ses épaules ne soient secouées d’un rire irrépressible. Il écarta légèrement la gamine, ses mains solidement drapées autour de ses poignets, tout son visage marqué par l’amusement.

-Tu crois être la première à vouloir jouer de tes charmes comme d’un piège à rat ? Chérie…Bien qu’il soit évident que tu produises ton petit effet, si j’avais eu envie de goûter à ça, dit-il en lui donnant une tape sur les fesses, je l’aurais fait, de gré ou pas.

Par son semblant de vol, elle avait détruit cette forme de respect qu’il avait eu pour elle. Cette admiration enfouie de sa grâce et de sa résistance malgré son apparente faiblesse. Une partie de lui regrettait cela. Il regrettait ce "quelque chose", ce sentiment si fort qui l’avait saisi. Elle était simplement devenue…Comme les autres. Ces millions de visages parés de la même grâce, des mêmes attitudes et avec lesquels il prenait les mêmes plaisirs et récoltait les mêmes désagréments. Il avait cru déceler un peu de matière à intérêt chez cette fille. Seulement cru. Peut-être son état d’excitation intense dû à l’imminence de sa vengeance n’avait-elle fait qu’exacerber ses émotions et ses sensations, et maintenant que tout était fini, ses ébauches de sentiments retombaient aussi platement que le corps anéantie de la MacRoe. C’était une impression désagréable. L’une avait vécu en profitant de ce qui ne lui appartenait pas et l’autre avait voulu faire de même. Les deux pensaient échapper aux conséquences, soit par inconscience, soit par malice. Et sa propre nature le poussait à ne pas laisser ça là.

Il emprisonna la main gauche de la gamine entre les siennes, celle qui avait tenu l’anneau, comme un oisillon tombé du nid et qu’on chercherait à réchauffer. Distraitement il joua avec les phalanges souples de la jeune femme et replongea son regard dans le sien, avec l’espoir de se sentir à nouveau "happé". Mais rien. Rien qui ne puisse lui apporter l’issue qu’elle espérait.

Jugson enroula ses doigts autour du poignet gracile de sa belle, cette anonyme trop sûre d’elle, trop agaçante et attirante à la fois. Les traits de son visage se contractèrent légèrement sous l’effet d’une colère intérieure avant que sa baguette n’effleure la peau de la jeune femme. Un sortilège de Découpe se formula dans l’esprit du Mangemort.

Avec une dureté qui n’eut d’égale que sa promptitude, il perça le bout de l’index de la jeune femme, crevant la peau comme la surface gelée d’un lac, comme une aiguille que l’on ferait passer au travers d’un canevas. Un seul point rougeoyant éclot au milieu de l’orifice ouvert sur l’épiderme, pour rapidement s’étendre en une traînée de sang alors qu’il descendait sa baguette selon la ligne médiane, ouvrant un chemin au cœur de sa paume jusqu’à son poignet. L’odeur saumâtre et vivifiante emplit ses narines tandis qu’il scindait en deux, que le sortilège tranchait dans les couches de l’épiderme aussi facilement que des ciseaux déchirant une feuille de papier, laissant derrière lui une peau délicatement dentelée et une ligne incarnate sur la chair mutilée. Sa main eut un écart, sa baguette ripa sur l’os du poignet pour écharper une veine et faire jaillir un mince filet de sang qui, sous la soudaine pression libérée, éclaboussa par petites tâches leur peau et leurs manches.


-Tu saignes, ma belle. , laissa-t-il tomber en relâchant son poignet.

Il n'y avait qu'une seule vérité à lire dans son regard: "petite chose de bien peu d’intérêt."
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MessageSujet: Re: MacRoe’s House (finito)   MacRoe’s House (finito) EmptySam 26 Avr - 9:16:00

Sous le regard du Mangemort, Absynthe faillit baisser le sien. Elle l’aurait certainement fait si elle ne s’était pas retrouvée dans cet état proche de l’hypnose qu‘accompagnait la certitude que quelque chose de funeste se préparait pour vous. Elle ne pouvait décrocher ses yeux des siens, comme si le simple fait de détourner la tête l’espace d’un instant allait entraîner son arrêt de mort. Sa situation n’était guère différente de celle de la proie et de son prédateur, même si ce constat était difficilement admissible pour elle, et la jeune femme faisait de son mieux pour prévoir les gestes de Jugson, décrypter ses envies, ce qu‘il attendait d‘elle. Autant de précautions qui l’empêcheraient de se retrouver à terre comme une moins que rien asservie à son bon vouloir.
Etait-elle vraiment la pâture de ce fauve ? Elle avait bien conscience de danser sur des charbons ardents, même si elle ne le réalisait qu’à présent. Un peu tard. Elle avait bien sentit son infériorité par rapport à cet homme, supérieur sur le plan du potentiel magique et sur celui de la force physique. Mais elle avait cru…pouvoir mener à bien ce que son ressentiment lui dictait. L’occultiste s’était laissée envahir par sa fierté blessée, mais maintenant il n’y avait plus que son ego qui risquait de subir le contrecoup de sa décision…Jusqu’ici elle avait eu le sentiment de posséder un certain ascendant sur le Mangemort qui venait à présent de s’envoler en fumée.

Elle avait fait un faux pas, mais elle pouvait peut-être se rattraper pour éviter la chute ?

Pourtant, peu importe l’envie que charriait le regard masculin, elle aurait donné n’importe quoi pour revenir en arrière dans le temps et partir quand Jugson lui en avait laissé la possibilité. Mais il ne pouvait pas la blesser, non ? Pas avec la connaissance qu’elle était la cousine d’un de ces collègues. Un homme que de toute évidence il méprisait, un homme auquel elle n’accordait pas d’avantage de valeur. Et c’était cet homme qui serait son bouclier ? Lucius…

Absynthe n’assumait jamais la conséquence de ses actes et trouvait toujours à s’en remettre à quelqu’un pour dévier les suites fâcheuses. Elle s’évitait le mal en plaçant ses pions devant elle, se protégeait avec le corps des autres et était toujours en vie grâce à elle ne savait quelle chance. D’une façon ou d’une autre, la sorcière arrivait toujours à faire rentrer les autres dans son jeu, en affectant l’innocence ou la stupidité d’une enfant, en mettant son charme en avant, en usant d’artifices magiques, quelque fois par la menace ou l’autorité. Mais cette autorité qu’elle faisait valoir n’était jamais la sienne. C’était celle de son père. Celle que son nom et son sang lui accordait.

Rod lui échappait. Les traits d’Absynthe se retrouvèrent tirés par une sorte d’inquiétude alors qu’il reposait à nouveau ses doigts sur sa mâchoire sans toutefois lui faire de mal. Malgré son apparente douceur, la position dans laquelle il maintenait sa tête était désagréable pour sa nuque et la faisait se sentir toute petite et vulnérable face à lui. La jeune femme enroula doucement ses doigts autour du poignet de l’homme et tenta une ombre de sourire d’excuse. Elle n’avait plus vraiment la possibilité de se payer le luxe de se montrer hautaine et non repentante. Si elle pouvait l’amadouer par sa complaisance ou une fausse docilité, ce serait parfait et elle n’aurait pas à rougir de ce procédé. L’inférieur, l’idiot, c’était celui qui se laissait prendre au piège tendu spécialement pour lui.

Aussi décida-t-elle de jouer le jeu quand il rapprocha son corps du sien. Comme si elle avait vraiment eu le choix…Elle se colla amoureusement contre lui et posa négligemment sa joue contre son épaule alors qu’il passait son bras autour des siennes. Un geste de protection qui n’avait en soi rien de dominateur ou d’inquiétant pourtant la cadette des Morden frémit, malgré la chaleur du corps de Jugson contre sa peau, malgré sa délicatesse envers elle. S’il avait voulu se venger, il l’aurait déjà fait, non ? Pensée qu’elle se martelait pour se convaincre qu’elle ne risquait rien.

Doucement elle releva une main presque hésitante jusqu’au visage du Mangemort et suivit le contour de sa joue, à l’aveuglette, le bout de ses doigts subtilement titillés sous le picotement de la barbe de trois jours, jusqu’à sentir la surface lisse de ses lèvres. Mais Rod se pencha sur elle et retint sa main par le poignet, fermement, sans brutalité. Rien qui ne fut inquiétant, en somme. C’était tout à fait le genre de comportement à attendre avec ce genre de personnalité. Absynthe pressa un peu plus son buste contre son torse, un léger sourire en coin sur son visage. Mine de rien et malgré elle, elle appréciait la fermeté de la chair sous le tissu et "l’emprise" de Jugson. Bien sûr, il faisait partie de ceux qui aimaient diriger, être les maîtres, dominer la fragile jeune fille…Il était tellement différent de tous ces autres qu‘elle avait approché. Loin , très loin du petit jeune homme rougissant, les mains dans les poches et les yeux sur la pointe de ses chaussures.


*Quel dommage que tu sois si faible quant à toi, mon grand…*

Il découvrait sa supercherie, il voyait sa duplicité et il se répandait en caresses et autres effleurements. Elle tenait là, la solution pour ne pas finir comme le cadavre derrière elle. Aussi peu flatteur que cela puisse être considéré, le Mangemort désirait manger à son râtelier et il allait être servi. L’expérience ne serait pas si désagréable…Il était plutôt bel homme et saurait sans doute la faire profiter de son expérience. Sans parler de ces années à rattraper…Autant de facteurs qui laissaient présager d’une conclusion somme toute très satisfaisante qu‘Absynthe savourait par avance.

*Pour mieux te traîner dans la boue par la suite. Brave fille, n’est-ce pas ?*

Absynthe amorça un mouvement pour se dégager, soudainement refroidie par cette pensée. Le mépris et le dédain sur le visage du Mangemort quand il l’avait repoussé dans le jardin réveillèrent des restes de dignité engourdis par sa peur sous jacente et le contact du sorcier. Il l’avait traité comme une chienne et elle se devait de lui rendre la pareille. Même si…même si au fond, elle désirait cet homme, sentir à nouveau ses mains sur sa peau et ses lèvres sur les siennes. Comme elle aurait désiré une robe neuve, ou un met particulièrement savoureux et fondant sous la langue. Ça ne devait pas se passer comme ça. Saisie d’un regain de volonté, la jeune femme chercha à briser l’étreinte qui la retenait pressée, serrée contre lui, ses bras emprisonnés dans ce simulacre d‘embrassade amoureuse. Sa marionnette.

-Vous me faites presque mal, monsieur Jugson…, informa la demoiselle sur un ton où l’agressivité le disputait à la froideur.

Syn chercha à décoller sa joue de celle du Mangemort, grimaçant sous des titillements devenus soudainement irritants. Elle ne tenait pas à lui offrir le plaisir de la sentir se débattre en vain. Il s’amusait, c’est tout…Non ?

Non.

Ses mots lui firent cette fois l’effet d’un véritable coup de fouet et la jeune femme se tétanisa , la mâchoire et les poings serrés.


-Lâchez moi, immédiatement, intima-t-elle d’une voix sourde, vous n’avez pas idée de ce que vous êtes en train de faire.

Elle n’était pas en position d’exiger quoi que ce soit de lui, mais sa colère ne lui permettait pas de s’en rendre compte. Sa peur aussi. En effet, qu’est-ce qui l’empêcherait de la traiter comme la dernière des garces ? S’il pouvait tuer sans sourciller, ce n’était pas des hurlements ou des pleurs qui allaient le retenir de se faire plaisir et de l‘humilier en même temps. Le rythme des battements de son cœur s’accéléra et la seule chose qui lui venait sur le bout de la langue était presque une supplique pour l’obliger à la lâcher et le dissuader. Mais elle n’eut rien d’autre à ajouter qu’il la repoussait loin de lui après l’avoir étreint si fort. Sans la lâcher cependant.

A son visage, il était évident que ce n’était pas un viol qu’il avait en tête, qu’il s’était simplement amusé avec ses peurs de petite fille et qu’effectivement il la trouvait bien sotte, chose qu’il voulait absolument lui démontrer en abusant de sa supériorité sur elle. Néanmoins son rire apportait un soulagement indicible à Absynthe. Même dans le jardin, sa certitude de mourir ne lui avait pas autant donner cette sensation d’horreur étouffante.


-Bas les pattesgrinça-t-elle en cherchant à éviter la main de Jugson sur ses fesses.

Il avait réussi. Elle se sentait incroyablement stupide. Et il se révélait incroyablement rempli de finesse derrière ses manières brutales. Il avait percé son jeu, peut-être depuis le début. Qu’avait-elle cru ? Bien sûr, il avait dû en croiser d’autres, des plus coriaces qu’elle, des plus retorses. La jeune femme ravala la bile qui lui montait du fond de la gorge et posa un regard chargé de haine sur le Mangemort. Jamais personne ne l’avait autant insulté avec une morgue aussi frappante et dégradante. Il ne l’avait certes pas touché, malgré cela, elle se sentait salie et outragée. Elle ne maîtrisait plus rien, n‘avait plus son mot à dire et n‘envisageait même plus de l‘insulter ou de se venger. Mais elle le détestait comme jamais elle n’avait détesté un homme. Elle n’était pas sa chose !

Son corps se retrouva pris de tremblements incontrôlables dus à la tension nerveuse accumulée. Comme s’il avait senti et désirait se faire pardonner, Rod reprit son jeu de douceur et sa main. La main qui avait tenu l’anneau. Les yeux de la jeune femme s’arrondir et elle secoua imperceptiblement la tête pour empêcher ce qu’elle prévoyait. Elle posa son autre main sur celle qui la retenait et chercha inutilement à lui faire lâcher prise avec toute la force que lui donnait le désespoir. Ce ne fut pas suffisant.

L’occultiste poussa un petit cri d’oiseau blessé en sentant une pointe lui déchirer la peau, plainte qui se transforma en un gémissement de douleur lorsque le Mangemort étendit la mince coupure au reste de son doigt, puis de sa paume. Elle eut une nouvelle secousse pour se dégager, partagée entre le dégoût et l’horreur de voir sa chair s’ouvrir sous sa volonté aussi facilement que l’on trancherait dans une motte de beurre. Son sang se mit rapidement à s’écouler de la plaie pour se loger dans les lignes de sa main. Avec une extraordinaire acuité causée par l’émotion intense de terreur et de souffrance, elle pouvait voir chaque couche de l’épiderme tranché à travers les lèvres de sa blessure. Qui s’étendait, s’étendait jusqu’à son poignet. Un dernier mouvement vif, un dernier élancement aigu à la veine coupée et Jugson la relâcha. Simplement.

Véritablement assommée, Absynthe recula sur des jambes incertaines. Le dos contre le pilier de la rambarde de l‘escalier, la jeune femme contempla la plaie ouverte sur toute la longueur de sa paume, la dégradation de sa peau lui donnant un curieux sentiment d’étrangeté. Comme si ce n’était pas sa main qui se retrouvait béante par le milieu. Une larme s’écoula enfin de son œil embué pour venir se mêler aux traces de sang sur son poignet. La sensation de cette goutte salée sur sa peau lui fit l’effet d’une brûlure et elle ne put retenir un autre gémissement où la douleur s’accompagnait de rancœur. Une rancœur aussi à vif que ses chairs mutilées.


-Espèce de salaud ! Espèce d’immonde salaud…Tu vas regretter ça ! , s’écria la française en relevant les yeux vers l’homme.

Elle ne put retenir un bref sanglot. Ces belles menaces étaient vaines. Le tiraillement atroce de l’entaille profonde ne partirait pas à coup de bravade en l’air. Elle devait laisser ces stupides sentiments qui l’avaient mené à ce désastre et parer au plus pressé. Elle devait s’éloigner de cet homme, se mettre hors de sa portée avant qu‘il n‘ait l‘idée de faire de son cadavre le prochain gros titre des journaux. Elle aurait voulu le faire souffrir à la mesure de ce qu’il lui avait fait subir. Elle aurait voulu l’humilier, trouver une faiblesse qui aurait pu le mettre à genoux. Mais c’était impossible. La seule chose dont elle pourrait être fière c’est qu’elle avait survécu quand tant d’autres étaient morts. Que disait la Gazette sur Rod Jugson ?

Une dernière fois la jeune femme releva les yeux sur lui, sur son visage, l’éclat métallique de son regard, à peine terni par cette cicatrice. D’autres avaient réussi à laisser leurs marques sur lui. Elle clôt ses paupières un instant, l’image rassurante du bureau de son père se forma sur l’écran noir, son visage, ses mains qui apaisaient tout. Il avait eu raison lui aussi. L’Angleterre était une folie, de ce genre qui la caractérisait si bien.

Absynthe plongea la main dans sa poche et en extirpa lentement la piécette d’argent. Un lien particulier entre elle et lui. D’une pichenette du pouce elle la lui envoya comme un joueur perdant un pari.


-Adieu, j’espère.

Des fourmillements parcouraient déjà son corps lorsqu’elle sortit sa baguette, toute l’ardeur de sa rancœur projetée sur le sortilège de maléfice cuisant qui emplissait entièrement son esprit. D’un geste vif, elle visa le métal fiché dans la peau du Mangemort avant de disparaître totalement dans un "crac" sonore.

Finalement, elle n'y laissait que sa fierté et un peu de sang.

[HJ : De dieu, que tu m‘auras fait bien gratter xD]
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MessageSujet: Re: MacRoe’s House (finito)   MacRoe’s House (finito) EmptyMar 29 Avr - 0:59:59

Ah, ils s’y retrouvaient finalement. Il n’y en avait pas eu une seule pour échapper à cette règle qui retentissait comme une fatalité aux yeux du Mangemort. Il ne supportait pas les lamentations, ceux qui imploraient, demandaient une grâce impossible à genoux quand il était pourtant évident que leur peine était inéluctable. La petite eut au moins l’intelligence de ne pas en rajouter. Ce n’aurait servi à rien sinon à empirer son sort. Parmi les victimes, les femmes avaient la langue si déliée qu’à la première coupure, la première déchirure sur leur peau, la plus petite des ecchymoses, amenait obligatoirement un son, des paroles sur leurs lèvres, en flot. Comme leurs sanglots. Des paroles rendues souvent plus creuses et navrantes par la souffrance, une futilité tellement exaspérante qu’il en serait venu à préférer les hurlements. Oh, même s’il devait admettre que les hommes avaient eux aussi leur part de gémissement dans les tourments, à chaque fois qu’une femme se retrouvait bousculée il était bien rare de ne pas la voir s‘effondrer aux pieds de son tortionnaire noyée dans ses pleurs. A moins qu‘elle ne choisisse de s‘évanouir. En tout les cas, le peu de résistance de leur esprit ne compensait pas leur corps si faible.

Pourtant, la petite fut résistante au peu qu‘il lui infligea. Elle aurait pu paniquer, mais elle avait lutté. Si peu efficacement, mais un bel effort tout de même, que le Mangemort se devait de noter. A cette pensée, Jugson adressa un sourire à la belle, un sourire qu’on n’aurait pas attendu sur le visage de celui qui vient de se faire ainsi insulter. Bah. Les injures étaient une forme supérieure de pleurnicherie pour les éclopés, un substitut à la honte des larmoiements. Elles sauvaient l’orgueil des éplorés.
Un certain cran se confirmait chez cette fille. Une volonté qui n’avait malheureusement pas grand chose à voir avec une quelconque force de caractère, mais plutôt à la sensation de se retrouver dos au mur et le désir de ne pas s’écrouler à son pied. Courageuse petite fille ? Tenace, assurément. Elle possédait très certainement une flamme difficile à éteindre, qu’on ne pouvait moucher avec doigté, mais plutôt avec l’eau tirée de ses yeux trop fiers. Il n’aurait pas le droit au torrent d’ affliction avant de l’avoir brisé totalement.

Rod s’inclina légèrement, sa vue encore recouverte d’un très léger voile ouaté lui permettait de distinguer le visage de la jeune femme et ses traits crispés par la douleur et la fureur. Un mélange trop dur pour ses traits délicats.


-Tu me blesses déjà, fillette. Cette poussée de rage ne te rend pas plus désirable. J’ai l’impression d’avoir brouillé l’œuvre d’un maître d’art et je pourrais me sentir obligé de rectifier mon écart par quelques coups de pinceau si tu persistes.

Jugson fit rapidement tourner sa baguette entre ses doigts, une idée déjà parfaitement claire et précise de ce qu‘il corrigerait. Il répugnait à toucher plus durement un visage si pur, à l’esquinter pour de bon, mais pourquoi pas ? Il savait avec une grande certitude que la jeune femme ne s’effondrerait que pour mourir. Même à ce moment précis, quand le froid viendrait, il doutait de la voir renoncer à son arrogance et à comprendre enfin qu‘elle était vaincue. Elle ne tenait pas plus sur ses jambes qu’un chaton, malgré cela, malgré tout, elle résistait. Elle persistait à vouloir croiser son regard, non pas pour y voir sa rémission, mais pour l’affronter.

Amusante. Une fleur si rare. Elle avait bien mérité qu’il la laisse tranquille.

Ses yeux ne quittaient pas sa silhouette, attentifs au moindre de ses mouvements. Les proies avaient souvent des réactions abominablement stupides. Et celle-ci, il la sentait carnassière, de celles qui se vengent. Il avait déjà eut un aperçu festif de sa mesquinerie sans vraiment savoir si elle n’était pas capable de mieux une fois son orgueil atteint. Il suivit le chemin de sa main jusqu’à sa poche, vigilant mais peu inquiet, la regarda en extraire le minuscule disque d’argent, le scellé d’un accord qui ne tenait plus.
Impassible, le Mangemort rattrapa au vol la pièce qu’elle lui lança, la regarda un bref instant, puis releva les yeux sur la jeune femme. Toujours anonyme et devant le rester. Il sut confusément ce qu’elle allait lui dire. Ses yeux parcoururent une dernière fois ses traits et les lignes de son corps avant que sa vue ne lui soit retirée. Il était quant à lui bel et bien sûr de ne jamais la revoir, à moins qu’elle ne lui garde une trop forte rancœur pour sa petite punition...et qu’elle ne cherche une fois de plus à se venger sottement. Une telle tentative n’aurait pas la même issue qu’en cette nuit.

Dans l’espace de l’instant où le visage de la jeune femme se faisait plus flou, Rod pensa à sa destination. Le Ministère ou les bras de son "cher" cousin. Un allié quelconque, peut-être Ste-Mangouste si elle se croyait si atteinte que ça. Lui, n’aurait plus ni l’intérêt ni l’envie de s’attarder ici plus longtemps.

Un mouvement trop brusque de la gamine lui fit remonter sa garde. Trop tard. Plutôt que de parer son sortilège il agit par l’instinct et les mots qui franchirent ses lèvres furent porteur du sortilège de mort. La lueur verte se brisa sur le pilier de la rambarde de l’escalier, là où quelques infimes secondes auparavant s’était tenue la gamine. Il ne s’était fallu que d’un soupir, un souffle pour que son cadavre ne vienne tenir compagnie aux gisants de la petite hécatombe. Un temps trop court, mais suffisant.

Une traînée de chaleur se répandit dans son bras, de sa main blessée à son coude, jusqu’à son épaule. Le métal chauffé à blanc grésilla sinistrement en cuisant les chairs qui formaient une gaine autour de lui, ainsi qu’un étui à couteau. A peine quelque secondes avant qu’il ne prononce le contre sort entre ses dents serrées. Quelques secondes suffisantes pour amener le sang à se coaguler, les bords de la plaie à fondre et à se souder au métal. L’extraction n’aurait initialement pas été une partie de plaisir. A présent, il allait devoir trancher dans son propre épiderme pour se débarrasser du corps étranger.


-Chienne., ragea-t-il en considérant le métal noirci et la respiration moins aisée qu’il l’aurait voulu.

Irrémédiablement, la petite tenait absolument à ce qu’ils se retrouvent. Il avait son nom, il n’aurait aucun mal à lui reposer la main dessus lorsque le moment serait voulu.

Le regard d’un enfant sur une photographie au mur attira son attention. Du père il n’y avait nulle trace. Rien. Plaise au sort que ce bambin devienne aussi revanchard que sa mère quand lui-même serait vieux et croulant. Il lui faudrait sans doute régler cette affaire là également, mais où pouvait-on l’avoir emmené ? Tellement de choses à ajuster, il lui aurait bien fallu les quatorze années passées à Azkaban pour en venir à bout.

L’homme haussa distraitement les épaules et serra le poing, ravivant la douleur de sa peau brûlée et gonflée avant de transplaner à son tour.

Il en viendrait à bout.


Hj: niarkhéhé
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