What a naff day ! [PV Miss Taylor]

Ce mois de janvier était une véritable malédiction. Neige et froid puis froid et neige, voilà tout du féerique tableau où la morbide sorcière dépérissait de jour en jour sous les coups de sorciers tous plus minables les uns des autres.

Avant d'arriver à Poudlard, Stan n'était pas du genre cynique et encore moins misanthrope. Il était juste ce petit garçon de onze ans, réservé et un véritable inculte de la société tant sorcière qu'humaine, tellement son éducation l'avait tenue éloignée de la-dites société.

Sa première année et la moitié de la seconde avaient grandement participé à l'échafaudage de son caractère distant et de son esprit plus pratique que romantique et ces traits se mêlaient à son sens chevaleresque tant bien que mal. Ses rencontres avec d'autres personnes restaient forgées dans sa tête comme des déceptions toutes aussi intenses les unes que les autres. Chez lui il se plaignait de solitude, l'école était plutôt sujette à la dépravation de l'intellect de ses "collègues".

Quoiqu'il en soit, c'est par un temps dont la noirceur n'avait d'équivalent que les pensées du jeune noble, qu'il s'était aventuré à Pré-au-Lard. Aucunement avec l'intention de profiter de la magie du lieu, même si dans un tel cas cela pouvait s'avérer plus que possible, mais dans la seule intention d'acheter un traité d'escrime médiévale qu'il avait commandé il y a peu. Le livre s'avérant trop lourd pour un hibou, il avait dû se résigner à effectuer le trajet depuis Poudlard par un temps minable. Se couvrant de vêtements chauds aux couleurs de sa famille, le noir et le roux ayant une bien plus grande importance que le vert et argent depuis qu'il s'était rendu compte de qui la portait, le jeune renard avait alors décidé de se rendre rapidement à la bourgade magique et d'en revenir le plus rapidement possible.

Mariana aimait la neige.

En rêve, en image, en photos, en tout ce que vous voudrez mais pas en vrai. C’est vrai quoi. C’était pareil que la pluie la neige : ça mouille les cheveux, et après on se transforme en moutonne, et nos cheveux gonflent, gonflent, gonflent, jusqu’à nous faire ressembler au sosie des Jackson 5. Mais aujourd’hui, Mariana avait décidé de prendre son courage à deux mains. De toute façon, elle était bien obligée. Sa réserve de chocogrenouille était épuisée et son ~~dealer~~ fournisseur officiel, Oswald, semblait avoir disparut de la surface de la terre. Pré au Lard était le seul endroit où elle pourrait s’en procurer et pourtant rien ne lui faisait moins plaisir que de sortir par un temps pareil. La neige avait à moitié gelé sur le sol, on pouvait à tout instant traverser la glace et se retrouver les deux pieds dans de l’eau frigorifiante et, comble de l’ironie le ciel était noir, si noir que la rouge et or se demanda si, avec sa malchance naturelle, elle n’allait pas se prendre un éclair sur la tête durant le trajet. Pour contrer toutes les maledictions possibles, recevoir une boule de neige dans la figure, faire un vol plané en plein dans un tas de neige, la rouge et or s’était équipée. Vêtue d’un jean moldu, de boots blanches avec de longs poils balayant le sol, de plusieurs pull enfilés à la va vite, et d’une énorme doudoune rose pâle, Mariana avait plus l’air du bonhome Michelin que d’une étudiante de troisième année à Poudlard. Le jeune sorcière avait enfoncé un bonnet blanc sur ses cheveux, et protéger ses oreilles avec un cache oreille du même rose que la doudoune. Avec tout cet atirail sur la figure, on ne voyait presque plus son visage. Tant mieux. Elle était parée contre tous les accidents possibles et inimaginables.

Mwouais. Avec les plaques de verglas sur le sol, la pauvre manquait de tomber à chaque pas. Mais elle allait arriver jusqu’à son magasin préféré, celui qui vendait les meilleures chocogrenouilles de tout pré au lard ! Elle allait y arriver et … en fait non, elle n’y arriverait pas. En tournant dans l’une des nombreuses ruelles du village sorcier, la jeune fille dérapa sur une plaque plus resistante que les autres, et se retrouva à glisser dessus, heureusement pas sur les fesses. On aurait dit qu’elle skiait. Certains devaient certainement trouver cela géant comme sensation mais Mariana, tout ce qu’elle souhaiter c’était que cela s’arrête enfin. Aussitôt demandé, aussitôt fait. La rouge et or se retrouva enfin sur le plancher des vaches, nez à nez avec un jeune homme dont les traits ne lui étaient pas inconnus. Elle n’eut pas le temps de se pencher sur la question car, emportée par son élan, son front vint se loger dans celui du garçon.

- Outch … désolée … vraiment mais avec tout ce verglas et …

Elle s’interrompis, reconaissant enfin son interlocuteur. Stanislas Gatween, le petit ami de Lucy, enfin ancien. Celui avec les belles manières nobles. Celui que son amie avait largué dans les couloirs. Et enfin celui qui était à l’origine de la jalousie d’Emilien. Bref, celui qui causait bien des problèmes et des maux de têtes à Lucy, Emilien, et même à tous les autres, obligés, malgré eux, d’écouter les lamentations de la première et les ronchonneries du deuxième.

- Stanislas ... cela faisait un bon bout de temps.

En effet, depuis l’incident, particulièrement dramatique aux yeux de Mariana, ils ne s’étaient pas vu ni dans les couloirs, ni en assistant aux cours, ce qui était plutôt normal, le vert et argent étant en deuxième année, comme Lucy. D’ailleurs c’était peu probable qu’il se souvienne d’elle.

Stanislas sortait de la librairie furieux, c'est imbéciles lui avaient commandé un traité d'escrime à la baguette magique.

*Ou l'art d'avoir l'air d'un parfait idiot avec un morceau de bois.*

Bouillonnant de rage, à son grand dam non assez littéralement pour faire fondre la neige, il dévala la rue en sens inverse courroucé, il se promit de ne plus jamais passer par le biais d'incapables pareils.

*C'est bien la peine de vivre dans un monde magique si on n'est même pas foutu de commander correctement un misérable petit bouquin. Ces gars-là méritent vraiment que j...*

- Aouch ! Bordel vous...

Sans réellement regarder où il se dirigeait, le jeune noble se prit un coup de boule et se retrouva les quatre fers en l'air. D'abord, prit au dépourvue, il jura à sa plus grande honte, mais s'apercevant qu'il avait à faire à une damoiselle il pondéra un peu sa rancoeur.

- Vous m'en voyez vraiment désolé mademoiselle, je ne regardais pas où j'allais et le sol est traître par ici, de plus je...

Affichant cette fois-ci un sourire sincère en se rendant compte à qui il avait affaire lorsqu'elle prononça son prénom, il ajouta tout en se relevant :

- Mariana, c'est un plaisir pour moi de vous rencontrer dans un coin aussi... ignominieux et par un temps pareil qui plus est. Mais je vous en prie !

Disant cela il lui tendit une main afin de l'aider à se relever.

- Alors, miss Taylor, que me vaut le plaisir d'une telle apparition par un climat si rebutant ? Je dois bien vous avouer que j'ai faillit ne pas vous reconnaître sous cet attirail !

Puis se ressaisissant par peur d'être mal compris il s'empressa de rajouter :

- Mais cela ne gâche rien à votre charme. Enfin je veux dire que... euh...

Le jeune renard préféra abandonner de peur de continuer à s'enfoncer tout seul.

Oups. Décidément, elle n’était vraiment pas douée. C’était quand même la deuxième fois qu’elle mettait un coup de boule à un élève de Poudlard. Et elle devait avouer que ce dernier était plus réussi que le précédent. Mais il n’y avait pas de quoi s’en vanter. En plus, Stanislas prenait la faute sur lui. C’était mignon, et Mariana n’allait pas le contredire tout de même. Elle fit un grand sourire au jeune Serpentard, le laissant croire qu’elle lui pardonnait sa bourde.

- Mariana, c'est un plaisir pour moi de vous rencontrer dans un coin aussi... ignominieux et par un temps pareil qui plus est. Mais je vous en prie

La rouge et or n’avait aucune idée de la signification du mot « ignominieux » mais elle fit semblant de comprendre, en hochant la tête d’un air entendu. Cela devait vouloir dire que l’endroit était plus que sale et qu’un bon coup de balai n’aurait suffit à enlever toutes les toiles d’araignées pendouillant sur le mur. Tiens, qui dit toiles d’araignées dit araignée. Acceptant la main amicale de Stan, la rouge et or se releva en surveillant du coin de l’œil si une quelconque bêbête velue et à huit pattes ne se baladait pas dans le coin. Au pire, Stan ferait le héros et la sauverait. C’est vrai qu’il avait de drôles de manières, cela elle l’avait complétement oublié. Il parlait bizarrement, insérant des mots compliqués et dont Mariana n’avait aucune idée de ce qu’ils pouvaient bien vouloir dire, et vouvoyait les gens. Les mots compliqués ne la gênaient pas, elle pouvait toujours faire semblant de les comprendre comme à l’instant présent, mais le vouvoiement lui donnait l’impression d’être une très très très vieille femme. Et, même si elle avait un an de plus que le jeune homme, il allait en couler de l’eau sous les ponts avant qu’elle ne prenne des rides et encore plus de graisse que présentement sur les hanches.

Le vert et argent ajouta alors qu’il avait faillit ne pas la reconnaître. Normal, avec toutes ses couches de vêtements on aurait pu facilement la confondre avec Porky, le Poufsouffle martyrisé par Milien.

- C’est qu’en fait, je voulais éviter tout … débordement. Les gens aiment bien lancer des boules de neiges à tout va, pis moi j’ai horreur de la neige. On peut dire que cela n’aura pas suffit à éviter tout accident.

Tout en évitant bien entendu de révéler où elle avait l’intention d’aller. Après tout, il n’avait pas besoin de savoir que son passe temps préféré était de se goinfrer de chocogrenouilles.

- Mais cela ne gâche rien à votre charme. Enfin je veux dire que... euh...

La jeune fille remercia le ciel de lui avoir donné l’idée de porter autant de vêtements. Sans son bonnet et son cache oreille, chacun, dans un rayon de deux cent mètres, aurait pu voir son visage devenir rouge tomate. Là, elle pu garder contenance et rétorqua au jeune homme :

- Je sais … Et toi qu’est-ce que tu fais ici si ce n’est pas indiscret ?

Elle ferma la bouche quelques instants, avant de la rouvrir, d’un air assez hésitant. Après tout, elle ne le connaissait pas vraiment, mais c’était plus fort qu’elle, il fallait qu’elle lui demande d’arrêter de la vouvoyer.

- Euh … ça te dérangerais de me dire « tu » ?

La jeune rouge et or précisa que si elle s'était affublée de la sorte, c'était dû au fait que le climat était propice aux mitraillades de boules de neiges et qu'elle avait en exécration cette eau cristallisée.

Stan ne put s'empêcher d'enrayer un rire qui lui monta aux lèvres, mais se revoir allongé dans la neige lui rappela suffisamment le froid pour le ramener à la réalité.

- J'ai moi-même la neige en horreur, je ne comprends que trop bien votre attitude.

Tout de suite après, vint de la part du jeune noble, la phrase de trop.

*Mais cela ne gâche rien à votre charme... Mais quel idiot je fais !*

Tout occupé à chercher ses mots, il parût soudain se soucier, avec beaucoup de sérieux, de la qualité des semelles de ses chaussures. Ne trouvant rien de salvateur à dire il fut en partie soulager par l'intervention de Mariana. En partie seulement, car elle-même semblait gênée par sa remarque.

*Voilà que je la rends mal à l'aise maintenant...*

Puis la regardant à nouveau dans les yeux, il se décida tout de même de répondre à sa question. Mais avant même qu'il ouvre la bouche, la Gryffondor lui demanda s'il pouvait la tutoyer.

- Bien sûr, pas de problèmes. Si tu préfères, je peux te tutoyer.

Puis se remettant en mémoire ce qu'il désirait dire plus tôt, il bafouilla, sous le regard de la jeune lionne.

- Ben... Euh... En fait j'étais venu chercher un livre, mais ces dé... incapables avaient commandés le mauvais.

Se rehaussant d'un sourire, il continua :

- Donc me voilà ici, récent blessé de guerre, en ta compagnie.

Prenant subitement une mine soucieuse, il s'exprima :

- Mais tu vas attraper froid par un temps pareil avec tes vêtements trempés. Je peux t'offrir un verre le temps qu'ils sèchent ?