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 La mort aux trousses [Finito]
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MessageSujet: La mort aux trousses [Finito]   La mort aux trousses [Finito] EmptyMer 5 Déc - 15:35:56

Absynthe passa les portes de Ste-Mangouste avec toute la grâce d’un épouventail malmené par les intempéries et nos amis les oiseaux. Sa chevelure sombre qu’elle avait mis tellement de soin à coiffer ce matin n’était plus qu’un véritable désordre de boucles rêches agrémentées de feuilles et de brindilles en tout genre. Sa robe prune était déchirée en plusieurs endroit et sur ses épaules s’accrochait un lambeau de cape qui ressemblait davantage à un rideau "filtre-mouche". La sorcière boitillait de sa jambe gauche ce qui ne l’empêchait pas d’avancer à toute allure dans le hall immaculé à l’odeur d’herbe médicinale et de corps malade.
Syn fronça le nez, un air de mécontentement sur le visage. Devant elle une véritable file d’attente dans les règles de l’art se profilait si loin qu’elle pouvait d’ors et déjà prévoir qu’elle n’atteindrait le comptoir que lorsqu’il faudrait l’amputer. Ce qui, étant tout à fait inacceptable, obligea la jeune femme à prendre des mesures drastiques pour sauver son intégrité physique.


-Poussez vous vous ! Oui ben moi je suis entrain de me videz de mon sang ! C’est comme même plus important qu’une tête de poule ! Allez va caqueter ailleurs ! Hep toi ! Oui toi le bubobulbé ! Lâches moi ta place où…mais laissez moi passer je vous dit ! Hii ! Ne me touchez pas avec vos sales pattes velues !

Absynthe recula devant le mur infranchissable de patients qui s’érigea devant elle, la menaçant de leurs maladies sûrement ultra contagieuses. Si la cadette Morden éprouvait un dégoût non dissimulé face aux malformations magiques et aux faces ravagés, ces corps tordus par les maléfices, elle n’avait pas la plus petite once de compassion pour les malheureux. Elle n’en aurait pas eu l’étincelle d’une en temps normal, mais la provoquer dans une période de crise était tout bonnement suicidaire. Et Syn se sentait proche d’exécuter un suicide collectif avec toute sa brochette d’amoindris qui tenait à peine debout.
La sorcière sortit sa baguette pour faire le vide autour d’elle à petits coups de décharges électriques. Les insultes volaient et notre distinguée demoiselle n’était pas en reste pour faire entendre sa voix de plus en plus dans les aigus à force d’exaspération.


-Mais va te faire soigner espèce de folle !

-Justement j’en prenais le chemin face de troll ! Han !

A elle seule, Syn était entrain de déclancher une véritable petite émeute. Elle avait déjà gagné cinq places dans la file d’attente et jugea le moment propice pour l’apothéose finale. D’un coup sec dans le dos d’un sorcier à l’aileron de requin aiguisée elle fit s’effondrer les derniers patients qui la séparaient encore du bureau de la réception. Comme un jeu de domino plus ou moins humains les malades se raccrochèrent les uns aux autres s’entraînant ainsi mutuellement dans leur chute.

*Et n’me remerciez pas ! Héhé !*

Absynthe claudiqua jusqu’au comptoir où elle se jeta presque sur la réceptionniste qui la regardait avec des yeux ronds, effarée et outrée.

-Mais…Mais enfin miss ce n’est pas accept…

-Ma sœur ! Ramène moi ma sœur ! Je sais qu’elle est ici ! C’est Morden son nom ! Callista Morden !

-….nous ne pouvons tolérer un tel comportement, acheva l’autre qui n’avait pas écouté un traitre mot de ce qu’elle venait de dire.

Derrière Absynthe les gens commençaient à se relever et leurs regards indiquaient sans peine que Syn allait passer un sale quart d’heure. Paniquée à la puissance 10 la cadette des Morden sauta presque à plat ventre sur le comptoir ( tel flipper le dauphin bravo! ) pour attraper la réceptionniste par le collet de sa blouse.

-Appelle moi ma sœur ou sinon je te jure que si je meurs t’auras affaire à moi ! Hey !

Du personnel de Ste-Mangouste venait de se saisir de la jeune femme qui leur opposa une résistance farouche, mais futile car ces montagnes de muscle devaient avoir été recrutées parmi les batteurs des Haileyburry Hammers.

-Callistaaaa !!! ,hurla Absynthe au désespoir en essayant de toucher quelque chose avec ses pieds qui visaient à droite à gauche.


Dernière édition par le Dim 27 Jan - 16:12:20, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: La mort aux trousses [Finito]   La mort aux trousses [Finito] EmptyMer 5 Déc - 20:41:30

Les paupières de Callista tressautèrent dans son sommeil. La tête renversée sur le dossier d’une chaise raide elle s’était laissée surprendre par les ailes de plomb de la fatigue et faisait à présent sa nuit en plein milieu de l‘après midi. Entre Ste-Mangouste et l’Ordre la médicomage n’avait pratiquement plus un instant pour elle. De nature travailleuse elle ne s’en plaignait pas mais le revers de la médaille se faisait sentir de lui-même. Son corps ne suivait pas ce rythme effréné qu’elle s’était imposée depuis son arrivée à Londres. Depuis son entrée dans l’Ordre du Phénix.
Soudain une poigne implacable vint briser le repos sans rêve de Callista. On commença à la secouer bien que ses paupières se soient ouvertes sur le champs. Elle avait un sommeil d’oiseau car son esprit n’était que très rarement en paix. Mais pouvait-on l’être en cette époque troublée où chaque coin de rue dissimulait un ennemi? La guérrisseuse tressaillit en repensant à sa propre mésaventure d’il y a peu et fronça les sourcils.


-Qu’est-ce que c’est que ça?

Un épouvantable vacarme lui parvenait de l’étage du dessous. Des voix en colère et des bruits de cavalcade. Deux gorilles passèrent devant elle au pas de charge et ses cheveux s’agitèrent sur son visage devant le vent qu’ils brassaient en courant.

-Où courent-ils?

-Hé bien justement je crois que tu devrais ve…

"-Callistaaaa!!!"

La susnommée bondit sur ses pieds et sans demander plus de précision se précipita vers la voix qui venait de l’appeler. La voix de sa sœur!

*Mais qu’est-ce qu’elle fabrique ici?! Oh Merlin!*

Comme si elle était victime d'un sortilège d'attraction Callista dévala les escaliers imaginant déjà mille et un scénario horrible où Absynthe se retrouvait le plus souvent dans une marre de sang et amputée d’un membre quand ce n’était pas les quatre. Elle devait la voir! Voir si elle allait bien. Ou pas.
Blanche d’inquiétude Callista se fraya un chemin dans le petit attroupement de curieux qui s’était formé pour assister à la scène. Calli dut se baisser presque à croupetons pour émerger en dehors du cercle fermé.

Et alors son cœur manqua un battement. Et un autre.

Jamais elle ne se serait attendue à tomber sur...ça. Absynthe était dans un piteux état. Et quel état! L’aînée des Morden aurait pu jurer que ce fauve indomptable n’était pas sa petite sœur Absy si elle n’avait fait que regarder avec ses yeux. Mais aucun doute n’était possible. Elle ressentait ce que ses yeux ne pouvaient croire. Cette créature belliqueuse qui tentait d’échapper au contrôle de deux aide-guérisseurs était bien de son sang. Son soulagement de la voir aussi…vive ne fut que de courte durée. Qu’était-il arrivé pour la mettre ainsi hors d’elle?
La médicomage se précipita vers ses collègues qui dansaient presque pour éviter les coups de pieds rageurs et désordonnés de sa sœur.


-Mais stupéfixez là! Vous attendez qu’il y est un mort ? Elle m'a pratiquement égorgé avec ses ongles!

-Non! Non c’est ma sœur! Vraiment!

Toute l’attention se concentra sur elle et Callista évita le pied droit d’Absynthe pour l’attraper elle aussi par un bras.

-Tout va bien je vais m’en occuper! Mais lâchez là!

Intima-t-elle en tirant de son côté et en lançant un regard mi-implorant mi-autoritaire aux deux hommes qui la maintenaient comme on maintiendrait une forcenée.

-Moi j’dis qu’on devrait la stupéfixer tout de même pour être sûr!
-L’enfermer ce serait mieux, nan?

Callista pâlit, vexée pour Absynthe, mais sa prise sur le bras de sa sœur se raffermit et son regard se fit plus déterminé.

-Je sais ce que je fais.

Finalement sa sœur fut relâchée et la guérisseuse ne perdit pas son temps à regarder la foule attroupée se faire remettre en ligne par les deux malabars. Elle entraîna sa sœur à l’écart dans une petite salle vide aux murs nus qui sentait la potion purgative. Là elle détailla son visage. Sa sœur avait l’air d’avoir traversé un champ de bataille! L’angoisse fit trembler les mains qui tenaient les épaules d’Absynthe mais Callista ne la lâcha pas. Plus que l’aspect de sa sœur c’était les raisons qui la terrifiaient. Etait ce de sa faute comme elle l‘avait si souvent craint?

-Mais qu’est-ce qu’il te prend d’arriver comme ça?! Dans quel état t’es tu mis?! Avec qui et pourquoi?!
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MessageSujet: Re: La mort aux trousses [Finito]   La mort aux trousses [Finito] EmptyJeu 6 Déc - 21:48:31

*Sauvée !*

-Aha !

Voulu dire Absynthe. Au lieu de cela, la sorcière produit un marmonnement étouffé par la manche d’un des guérisseurs anabolisés qui la soulevait au dessus du sol. Comme un gnome des jardins près à être expédié par-dessus la haie. Il n’y avait rien de pire que d’assister impuissant à un échange qui vous concerne surtout lorsque vous vous appelez Absynthe Morden. Les plus grandes colères sont toujours muettes et la jeune femme redoubla de hargne espérant au moins pouvoir orienter vers une cible sa baguette serrée dans sa main à s’en faire pâlir les jointures.

"-Moi j’dis qu’on devrait la stupéfixer tout de même pour être sûr!
-L’enfermer ce serait mieux, nan? "


*Y’a des Avada qui se perdent bande de lâche !*

Et bien sûr sa sœur blablatait pour faire entendre raison. Syn roula des yeux proprement atterrée par le caractère mollasson de Callista.

*Propose leur de l’argent pendant que tu y es !*

Toute la frustration d’Absynthe se reporta sur sa médicomage de sœur qui faisait traînailler les choses comme un opossum paralytique. Si leur père avait vu ça...C'était elle qu'il aurait stupefixé pour l'empêcher de continuer ses âneries.

*Mais c’est pas vrai ils ont des tarifs de gros au cimetière pour faire traîner comme ça ?*

N’importe qui aurait eu le temps de mourir deux fois et notre accorte brunette commençait à attaquer le tissu de la manche qui lui bâillonnait la bouche. Dans deux heures elle atteindrait sûrement la peau et pourrait mordre à belle dent dans les muscles du guérisseur. Fort heureusement pour ses dents elle fut libérée avant l’échéance fatidique et sa sœur toujours aussi dévouée l’attira loin de la vaine populace.

-Hé hé moins vite hé !

Cahin cahan l’occultiste claudiqua presque à cloche pied jusque dans une petite salle qui lui rappelait désagréablement une salle d’intervention. Les narines pleine d’une odeur atroce qui aurait découragée un hypocondriaque d’attraper un rhume de saison Absynthe sentit la tête lui tourner. Heureusement sa sœur, qui avait parfois ses bons cotés, la soutint par les épaules…

"-Mais qu’est-ce qu’il te prend d’arriver comme ça?! Dans quel état t’es tu mis?! Avec qui et pourquoi?!"

…Pour la bombarder de questions. Typique. Syn fronça les sourcils et releva un peu plus son visage maussade pour regarder sa sœur beaucoup plus grande qu’elle. Un autre détail horripilant. Ce n’était même pas un geste de soutient. C’était juste pour l’empêcher de filer. Le genre de geste qui disait "je veux des explications ici et tout de suite et regarde moi dans les yeux pour que je puisse te croire". Le genre de geste qui énervait Absynthe au plus haut point (oui beaucoup de chose l’énerve niarkhéhé ). Elle se sentait…"maternée".

Une autre bouffée de colère ( mais plus vicieux là Twisted Evil ) prit possession de la cadette Morden et elle griffa les mains de sa sœur pour se défaire de son emprise. Déséquilibrée elle recula vers un lit de camp où elle s’affala en relevant la longueur de sa robe trouée jusqu’au dessus de ses genoux écorchés. Sur sa jambe gauche était visible un gros hématome violet qui recouvrait une étrange protubérance oblongue. Comme si un os était remonté à la surface juste derrière la peau. Ce qui était le cas.


-Heu la guérisseuse tu négliges pas tes priorités ? Parce que si c’est le forfait famille tu repasseras, hein ! Je fais probablement une hémorragie interne alors presto ! Au boulot !
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MessageSujet: Re: La mort aux trousses [Finito]   La mort aux trousses [Finito] EmptySam 8 Déc - 14:00:06

Deux traces rouges se dessinaient maintenant sur la peau de Callista. Absynthe venait de la griffer. Pas jusqu’au sang, mais elle avait eu le geste de la blesser plutôt que de lui demander de la lâcher. La guérisseuse resta interdite et perdue dans ses sentiments jusqu’à ce que sa sœur lui dévoile une horrible blessure. Seul un maléfice aurait pu produire un tel effet. Un maléfice tel qu’en jetait les mangemorts. La vue de la peau meurtrie de sa sœur lui causa un choc. Comme si son cœur s’était décroché d’un seul coup. Elle était tellement désireuse d’obtenir des réponses qu’elle en avait négligé l’état de sa sœur et ses propres ressentis. Calli avait fait passer ses propres craintes avant celle d’Absynthe mais sa sœur ne lui offrait aucune réponse et la médicomage n‘était pas plus certaine de ne pas être la responsable. Combien de membre de l’Ordre avaient vu les leurs mourir et souffrir à cause du combat qu’il menait? L’amour pour les siens était une arme mortelle dans les mains de l’ennemi. Une arme mortelle et lâche qui détruisait par la culpabilité.

Avec l’impression d’être prise en faute elle se précipita vers sa sœur et étouffa un sanglot en voyant de plus près sa chair enflée par l’os qui avait presque traversé la peau. Callista était même tellement éplorée que les paroles de sa sœur ne lui parvinrent qu’avec du retard. Et le doute s’insinua. Depuis le début Absynthe avait une attitude étrange, tellement loin de celle qu’elle lui connaissait. Absynthe était quelqu'un de calme et de réservé et sa sœur aînée doutait que même acculée par la douleur ou la détresse elle se laisse aller à de telles dérives. Sa voix ne contenait aucune panique seulement de la colère. Vibrante et Intense. Etait-elle vraiment elle? Etait ce vraiment elle?

Callista se pencha sur la jambe de sa sœur et commença à palper les contours de l’hématome qui s’étendait au-delà de la protubérance désormais. Qui que ce soit elle devait la soigner dans le doute. Les questions viendraient après.


-C’est un sortilège de désossement qui a décroché ton tibia des autres os. Mais on a essayé de…

La guérisseuse frissonna prise de dégoût devant la barbarie d’un tel acte. Comment pouvait-on faire des choses pareilles gratuitement ou pour se défendre? De tels sortilèges n’avaient d’autres buts que de propager la douleur et de faire souffrir par simple plaisir.

-…de te l’extraire. Il faut le remette en place et régénérer les tissus qui ont été perforés pour arrêter la propagation du sang. Et ensuite tu devras rester ici une nuit le temps que le poussos reconstruise les cartilages manquants autour des articulations.

Poussos.

*Oh non! Ce ne peut pas être vrai!*

Rien de tout ceci n’était la vérité. Elle était entrain de rêver ou plutôt de faire un cauchemar. Mais une voix hurlait dans son dos. Elle lui hurlait des mots qui éclairait la situation sans atténuer ce sentiment de culpabilité qui ne fit que croître.

Citation :
-C’est ça déguerpi! Et surtout: dis à ta frangine que dès que je sors d’ici c’est moi qui ferais des osselets avec son squelette! Cette sale petite…

Une boule se forma dans la gorge de Callista dont le teint virait au gris souris. D’une certaine manière elle était fautive mais pas comme elle l‘aurait cru. La guérisseuse renifla et essuya ses yeux pour empêcher ses larmes de couler sur ses joues.

*Arrête ça et reprends toi!*

-Oh, Absynthe je suis vraiment désolée! Je…je

Elle déglutit.

-Je ne savais pas…En fait si je savais justement…Eder Badcocke! Il était ici pour…on l'a soigné! Et il a dit…Il m’a prévenu mais je n’ai pas…Mais c’était tellement inconcevable!
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MessageSujet: Re: La mort aux trousses [Finito]   La mort aux trousses [Finito] EmptySam 8 Déc - 18:24:24

Absynthe tua le temps en fixant le plafond, les mains croisées sur son abdomen tandis que sa sœur évaluait l‘étendue des dégâts. La sorcière n’écoutait que d’une oreille ce que lui disait Calli parce qu’après tout s’il y en avait une qui s’était trouvée au premier plan c’était bien elle ! Ses yeux se fixèrent sur une tâche du plafond. Une fois rafistolée dans les règles de l’art elle prévoyait déjà d’aller régler ses comptes avec celui qui avait essayé de la démembrer en traître. Ses mains et ses traits se crispèrent, mais ce n’était pas de douleur. A vrai dire Absynthe se fichait bien de ces petits désagréments physiques. Le plus vexant pour elle dans cette histoire n’était pas d’avoir été salement estropiée. Non le pire était que l’on est *pu* lui faire du mal ! Comme tout ceux qui n’avaient rien à voir avec le commun des mortels Syn se voyait comme intouchable.

*Rejeton de gobelin !*

Cette fois elle ne se contenterait pas de le rendre plus mou qu’un vers de terre elle allait en faire un vers de terre ! Une limace visqueuse qu’elle écraserait sous son talon avant d’aller…

"-Oh, Absynthe je suis vraiment désolée! Je…je"

-Quoi ENCORE ?!?

C’était tout à fait le genre de sa sœur de l’interrompre dans ses projets de vengeance gastéropodique. La cadette Morden s’appuya sur ses coudes pour se redresser et regarder sa sœur qui se transformait en pierre tombale.

*Tu parles d’une guérisseuse !*

Sa douce et sensible sœurette n’était même pas capable de regarder une blessure qui n’était pas une plaie sans en pâlir. Quoique Syn avait rendu son copieux petit déjeuner devant l’hôpital lorsqu’elle avait jeté un œil à sa jambe. Le sortilège l’avait d’ailleurs mit dans tous ses états d’où son entrée fracassante à Ste-Mangouste. Elle avait proprement paniquée, mais…Mais tout de même ! Elle n’était pas médicomage elle ! na

*Elle va pas tourner de l’œil maintenant comme même ?*

Alors sa sœur se lança dans un flot plus qu’interrompu de pseudos explications qui décomposèrent le visage de l’occultiste dont la peau devint presque aussi verte que ses yeux. Des yeux qui se réduisirent à deux fente dans son visage figé de colère. Au-delà des mots Syn était véritablement soufflée par l’imbécillité de sa sœur ! Mad

-Calli chérie…Ne me dis pas que tu savais…

Mais le mot inconcevable avait aussi retenu l’attention d’Absynthe. Évidemment ! Qu’elle idiotie pouvait être la sienne à certain moment ! Comment Callista qui l’avait toujours connue sous son masque de petite fille modèle pouvait avoir cru à un seul moment qu’"Absy" est eu quelque chose à voir avec un individus aussi ouvertement louche tel qu’Eder Badcocke ?
:connerie:
La jeune femme se morigéna pour son manque total de présence d’esprit dans cette affaire. Depuis qu’elle était arrivée à Londres, il y avait presque un an de cela, agir de cette façon s’était imposé comme un merveilleux naturel. En fait elle ne s’était jamais sentie aussi proche d’elle-même qu’en étant odieuse et invivable. Dans sa panique elle avait agis en accord avec cette nature profonde qu‘elle avait dissimulée dans son enfance et son adolescence. A cause de son manque de maîtrise elle n‘avait pas pu se cacher derrière ce masque lorsqu‘il l‘aurait fallu. Et Callista il fallait qu’elle continue à ne se douter de rien. Sans être un danger elle pourrait devenir réellement ennuyeuse avec ses élans charitables à deux noises et sa vocation avortée de redresseuse de torts. Le tout d’une manière absolument et affreusement pacifique.

Absynte se racla la gorge et serra les draps. Ce qu’elle allait dire lui donnait des montées de pression, mais c‘était ce que sa sœur devait entendre. Elle n’était pas en mesure de lui cracher tout son ressentiment à la face. Pas encore.


-Ce n’est…pas grave Calli.

*Beuark ! Heureusement que j’ai vomi avant de venir ici !*

-Je crois que nous avons beaucoup de chose à nous dire, mais là pourrais tu…

Absynthe ne finit pas sa phrase et se contenta de lever un peu plus sa jambe gauche où l’infiltration sanguine commençait à atteindre le genoux. Et dire qu’elle avait plutôt envie de donner un coup de pied à Calli avec la droite...

* Maîtrise, maîtrise, maîtrise.*
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MessageSujet: Re: La mort aux trousses [Finito]   La mort aux trousses [Finito] EmptyDim 9 Déc - 18:22:47

"-Calli chérie…Ne me dis pas que tu savais…"

La salle se transforma soudain en une horrible prison pour Callista qui aurait voulu se terrer très loin du regard perçant de sa sœur. Avec cette expression elle ressemblait encore plus à leur père. Lorsqu’il la faisait venir dans son bureau pour lui faire la morale. La petite fille qu’elle était ne pouvait alors que baisser des yeux honteux sur ses chaussures. Et c’est-ce qu’elle fit. Elle se reprochait déjà bien assez de ne pas avoir prévenu sa cadette lorsqu’elle l’aurait dû. Qu’Absynthe puisse être en colère lui apparaissait désormais légitime. Et même cela l’aurait soulagée.
Le silence était tellement lourd entre elles. Calli craignait l’orage à venir.
Mais les mots suivants ne furent pas les reproches auxquels s’était attendue la médicomage. En fait sa sœur semblait au moins faire l‘effort de lui pardonner son erreur. Le revirement de ton provoqua une légère gène en elle. Le comportement de sa sœur n’avait cessé de l’étonner, voir de l’effrayer. Ici comme au bouge de la Baguette Agile, ( je prend de l’avance comme je sais que tu vas y venir ^^). Elle percevait de nombreuses zones d’ombres comme si sa sœur lui cachait quelque chose. Mais Callista était bien la preuve vivante que l’on pouvait dissimuler même les actions les plus justes. Pouvait-elle demander à sa sœur de tout lui dévoiler quand elle ne lui révélait pas quelque chose qui pourrait peut-être la mettre en danger ? Et Absy ne lui cachait sûrement pas quelque chose de néfaste. Vu sa situation et sa sensibilité ( xD ) elle pouvait largement être excusée !


*Je suis sûre que je me fais des scènes. Je pourrais bientôt écrire des articles pour Le Chicaneur à fonctionner comme ça !*

Elle voyait vraiment le mal partout ! Callista eut un léger sourire. Auror, sœur, ombre tous représentaient une menace à cause de son esprit trop impressionnable. Esprit qui lui volait de son sommeil lorsqu’elle scrutait un point fixe devant elle aux dernières heures de la nuit. Dans ces moments là elle retournait toujours les mêmes questions dans sa tête. Toujours les mêmes tourments: sa famille, l’Ordre, ses choix, sa famille, l’Ordre, ses choix. Et l’avenir.

Ses préoccupations changèrent lorsqu’elle se pencha sur la jambe que sa sœur lui tendait. Soigner les gens était véritablement sa vocation. Se consacrer aux autres et soulager leurs maux lui permettait de faire abstraction de ses angoisses en se rendant utile. Cela lui montrait qu’elle n’était pas la seule à avoir des problèmes et que les siens n’étaient rien en comparaison de ce que d’autres avaient à endurer. Petite elle passait son temps à venir en aide à tout le monde malgré les reproches de ses parents. Sans distinction de rang ni de sang ni même d’espèce. Une vie était une vie qu’elle soir celle d’un sorcier ou d’un gobelin.

La guérisseuse décrivit quelques arabesques avec sa baguette et des étincelles bleutées apparurent dans les airs pour former plusieurs rubans de lumières. Les bandages magiques se déposèrent sur la peau meurtrie d’Absynthe, des petites lignes pas plus grosses qu’un fil sur ses égratignures et de larges bandes sur sa jambe.


-Ça risque de piquer un peu.

Prévint elle un peu tard. Les bandelettes déjà en contact avec la peau avaient commencé à la pénétrer refermant les coupures bénignes dans de petits crépitements secs. Puis elle forma un rond parfait d’un petit mouvement de poignet. Un cercle de lumière blanche entoura la jambe d’Absynthe comme une écharpe.
Et disparu.
Le peu de couleur qui restait sur le visage de la guérisseuse s’en alla avec lui.


-Il va falloir monter au quatrième étage Absy. Je n’ai pas tout ce qu’il me faut ici pour faire reculer l’hémorragie et régénérer les tissus.

Sa voix était faible et légèrement tremblante. Callista lutta contre ce sempiternel hoquet qu’elle sentait arriver du tréfonds de sa gorge. Elle devait rester en pleine possession de ses moyens. Pour sa sœur. L’échec de son sort ne voulait dire qu’une chose: la magie de celui qui avait blessé sa sœur était bien plus puissante que la sienne. Sa magie ou sa haine pour Absynthe. C’était ainsi que fonctionnait les maléfices. Et contre ça elle n‘aurait que son affection à opposer. Et elle savait très bien que parfois ce n’était pas suffisant. Mais par Merlin elle ferait tout pour protéger sa sœur au maximum ! A commencer par lui cacher la gravité de son état.

*Toujours des mensonges…*

Et cela ne finirait jamais. Pas tant que tout ceux qui faisaient usage de Magie Noire n’aient été éliminé.
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MessageSujet: Re: La mort aux trousses [Finito]   La mort aux trousses [Finito] EmptyLun 10 Déc - 17:56:20

Syn observa sa sœur tracer des signes cabalistiques dans les airs le front soucieux. Oui Callista était sa sœur aînée et, oui, elle était aussi affligée d’une tare qui la vouait au pacifisme mais…Mais Absynthe était du genre suspicieux. Et comme beaucoup de traits de caractère lorsqu’on est né avec il faut vivre avec. En clair la jeune femme se préparait à subir un raté. Elle savait pourtant sa sœurette bien plus douée qu’elle pour tout ce qui était "magie d’improvisation" et Absynthe n’aurait pu dire à quand remontait la dernière fois qu’elle avait vu Callista louper un sort sans que sa cadette y soit pour quelque chose. Eh oui Absy cumulait les qualités et la jalousie en faisait partie. Il n’y avait rien de plus agaçant que de voir quelqu’un réussir avec son petit doigt ce qu’on arrivait même pas à faire avec ses deux mains. Métaphoriquement parlant. Bref.

Des petits rayons de lumière sinueux voletèrent jusqu’à elle et l’un deux approcha du bout de son nez la faisant loucher. Et sourire du même coup.


*C’est mignon ces petits zigouigouis.*

Cependant obéissant à une loi qui échappait à la compréhension de l’intéressée son petit moment de ravissement fut de courte durée. Le ruban de lumière rentra dans son nez en claquant comme un élastique qu’on tend et des larmes montèrent aux yeux d’Absynthe.

-Aïe !

"-Ça risque de piquer un peu. " "prévint" sa sœur au même moment.

*Grumph…S******** de loupiotes volantes !*

La douleur n’était pas excessive, mais à classer parmi la catégorie des irritantes, voir assez désagréable lorsque répétée plusieurs fois comme pour notre pauvre Absynthe qui serrait les dents et les draps avec courage et résignation. Si elle n’avait pas su Callista incapable de rancune lorsqu’il s’agissait de soigner elle aurait juré qu’elle était entrain de régler sournoisement un des nombreux coups bas de sa sœur. Mais de toute façon Syn était bien trop maligne pour se faire prendre ! na

Préparée à toute éventualité la sorcière banda tous ses muscles au moment où sa sœur décidait de repasser à l’attaque avec ce qui donnait la forte impression d'être un sortilège curatif "lourd" qualificativement parlant. Mais le sort qui la toucha alors ne lui fit rien. Mais vraiment RIEN.


-Heu, c’est tout ?

Ses yeux passèrent de sa jambe toujours dans le même état à Callista.

*Oh non. Pas la pierre tombale Calli !*

Avec un seul regard au visage de sa sœur Absynthe sut que quelque chose n’allait pas. Le teint pâle et l’inquiétude enfouit dans les yeux sombres de la guérisseuse confirmait son appréhension.

*D’un autre coté elle panique toujours pour un rien…*

Pensée creuse de quelqu’un qui cherche à se rassurer. Mais si elle se laissait entraîner dans les tréfonds ( j’te le pique ! Razz ) de l’angoisse par sa frangine elle n’aurait plus qu’à se choisir une place au cimetière et s’y laisser mourir. Seulement c’était de sa jambe dont il s’agissait et pas d‘un quelconque objet à voler ou d'un grand coup à réussir…

Avec célérité elle bondit à bas du lit de camp comme montée sur ressort, s’emmêla les pieds en prenant appui sur la mauvaise jambe, en trouva un autre en s’accrochant au bras de Callista et se redressa sans lâcher sa sœur à laquelle elle se cramponnait comme si elle était sa troisième jambe.
Syn commença à la tirer vers la porte, les dents serrées sur sa douleur. Tantôt sa colère et sa peur l’avaient anesthésiée. Maintenant elle se prenait tout de plein fouet. Dans les os, dans les muscles, un élancement qui partait de sa cheville pour se propager jusqu ’à sa hanche. Comme s’il suivait les vaisseaux sanguins.
A l’escalier elle n’avait pas fait une marche qu’elle se tordit la cheville droite et se rendit compte que ses bottines avaient toutes les chances de la faire trébucher. Et il ne lui resterait plus que ses rotules.


-Sang de Gorgone ! Raa !

La jeune femme se laissa choir assise sur la troisième marche et pointa sa baguette surs ses lacets qu’elle aurait mis 2 bonnes minutes à défaire sans magie. A force de ne s’en remettre qu’à la magie Absynthe n’était plus spécialement douée avec ses dix doigts. Si tant est qu’elle le fut un jour.

-Allez ! , intima t-elle en rattrapant le bras de sa sœur, pieds nus et les chaussures dans l’autre main.

*J’ai vraiment l’air d’une pauvresse.*
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MessageSujet: Re: La mort aux trousses [Finito]   La mort aux trousses [Finito] EmptyMer 12 Déc - 1:20:19

Cet hôpital ne lui avait jamais paru aussi désespérément grand et tortueux que dans le cas présent. Ste Mangouste se résumait à des escaliers et à des couloirs bondés de guérisseurs afférés pour arriver à ces escaliers ( x2 mais là c'était voulu ). Le pied sur la troisième marche de l’escalier (x3 j'ai pas trouvé de synonyme Embarassed ) du troisième étage Callista soutenait sa sœur du mieux qu’elle le pouvait. Celle-ci trottinait les pieds nus sur les dallages où piétinaient des dizaines et des dizaines d‘autres chaussures. Du tic tac de ses talons au discret flip et flap des pieds d’Absynthe jusqu’au son chuintant du pied que l’on traîne après avoir passé une nuit blanche au chevet d‘un malade.
Les oreilles de la médicomage captaient une multitude de sons auxquels on ne prêtait généralement pas attention. L’esprit vide et sans rien pour s’occuper elle aurait été sensible au bruissement d’un parchemin. Caractéristique familiale. Les Morden n’aimaient pas le bruit quand ils s’étaient plongés dans le silence. Et le front barré de petites rides soucieuses la jeune femme aurait bien eu besoin de pouvoir faire le point au calme.
Mais il y avait tout ce monde sur leur chemin. Et le poids de sa cadette qui l’avait agrippé avec une poigne que Calli ne l’aurait jamais soupçonné avoir ! La griffe d’Absynthe empêchait sa sœur d’oublier l’urgence et la gravité de la situation. Callista déglutit et étouffa un hoquet dans sa gorge sèche.

Les yeux pleins de murs blancs où se détachaient parfois le portrait d’un guérisseur célèbre la membre de l’Ordre faillit rater la porte qu’elle cherchait. Celle de la salle Lusistis Paderborn. Là où l’on mettait les cas d’urgence. Normalement Absynthe n’aurait dû bénéficier d’une telle salle qu’en danger de mort expresse. Mais Callista se permettait cette entorse au règlement lorsqu’il s’agissait d’un membre de sa famille. Que devait-elle faire en sachant que l’état d’Absynthe empirerait au-delà de toute possibilité de guérison ? Comment affronterait elle le fait de ne pas avoir tout tenté ? Elle allait appliquer ce que l’on appliquait aux mourants pour vaincre le néant. Seulement ici elle ne s’en servirait "que" pour empêcher la vie de sa sœur d‘être marquée à jamais. La mutilation n’était ce pas une sorte de mort sous un faux nom ? Une plaie toujours ouverte sur des souvenirs à vifs ?


*Si. Tu fais ce qui est juste. Ne rien faire c'est la perdre complètement. Elle ne pourra jamais pardonner ou oublier.*

Lorsqu’elle poussa la porte elle put voir cinq lits entourés de rideaux entrouverts déjà occupés par des malchanceux. Des formes silencieuses ou gémissantes dans la lumière douce de l’endroit.
Elle poussa sa sœur de côté pour ne pas qu’elle s’effraye du corps spongieux et verdâtre d‘un patient qui ressemblait désormais d‘avantage à un fruit de mer qu‘à un être humain. Sur son chevet était posé une photo de lui avant qu’il ne soit frappé par ce sort et changé en éponge marine à forme d’homme. Le contraste était hautement dérangeant. Ce n‘était pas la peine de donner encore plus d‘inquiétude à la jeune fille maintenant qu‘elle était calmée.


La médicomage guida Absynthe jusqu’au seul lit vide ( mauvais jeu de mot déjà dehors! ) près du mur. Elle la regarda un instant, l’œil inquiet, puis repoussa une mèche de cheveux noirs et pelucheux de son front.

-Tes cheveux ont toujours été impossibles petite sœur.

Calli tenta un pauvre sourire. Elle attrapa une brindille qui s’attardait dans la crinière d’Absynthe et ce simple geste banal la chamboula comme une pile de chaudron qui s’effondre. Elle se força à ne regarder que le visage de sa sœur, ses traits altiers et ses yeux verts toujours aussi vifs et lumineux. Elle avait constamment l’air d’être prête à se battre même plongée dans un livre. Callista sourit doucement sans raison. A dix neuf ans Absynthe ne lui apparaissait pas autrement que comme sa petite sœur. Comment pouvait-elle être si...Non ce n'était pas possible ! Elle cligna des yeux pour écraser les larmes avant qu’elles ne s’échappent et reprit la parole d’une voix chevrotante.

-Je…je dois aller prendre quelque chose dans la remise au bout du couloir. Alors essaie de…Essaie !

Coupa Callista en faisant volte face. La main sur la bouche pour ne pas laisser un sanglot s‘échapper elle couru presque en dehors de la salle. La porte claqua dans son dos et la guérisseuse s’y adossa au bord du désespoir. Pourquoi Absynthe ? Elle n’avait pas voulu pleurer devant sa sœur et là encore elle ne s’autorisa que trois sanglots avant de se passer les mains sur son visage. Elles étaient fraîches et son visage brûlant. Elles tracèrent leur chemin jusque dans ses cheveux bouclés, des sillons apaisants qui l’aidèrent à reprendre son calme. Callista rouvrit les yeux et re-rentra dans la salle d’hospitalisation gagnée par une fermeté nouvelle.
Elle ramena quelques boucles de cheveux derrière ses oreilles et plongea sa main dans une poche de sa robe verte pour en sortir une clef. Elle la fit entrer dans un meuble de marbre blanc tellement poli qu’il lui renvoya son regard coupable.


*Tu n’as pas le droit.*

Lui disait son reflet. Elle ouvrit le meuble et en sortit un coffret scellé par un cadenas à combinaison directement intégré à son bois noir. Callista fit jouer ses doigts sur la surface trop froide et se rapprocha du lit où reposait Absynthe. Elle ouvrit le coffret sur un rebord du lit et en sortit une bourse en velours. Elle déversa son contenu dans sa main avant de placer méthodiquement les petites pierres irisées sur la jambe de sa sœur qui avait pris une teinte pourpre de la cheville au genou.

-Ce sont des cristaux particuliers que tu ne dois pas connaître. On les appelle "les larmes de Licorne". Ils vont canaliser l’énergie de la pièce et dissiper ce qui m’empêche de te guérir.

L’aînée des Morden plaça une pièce dorée dans le creux de sa paume et prit doucement la main de sa sœur pour la serrer dans la sienne.

-Tout va aller mieux maintenant.

La pièce jaune chauffa entre leurs mains et activa un lien entre les deux sœurs. Un lien qui permettrait à Callista de guérir Absynthe du mal visible qui lui corrompait la jambe en puisant dans ses propres forces. Mais il y avait quelque chose d’autre qu’elle ne pouvait que sentir et cela aucun sortilège au monde ne pourrait l’empêcher de se propager dans l‘âme de sa soeur. Sauf peut-être l’amour.
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MessageSujet: Re: La mort aux trousses [Finito]   La mort aux trousses [Finito] EmptyMer 12 Déc - 14:51:16

HJ : Que de souvenirs encombrants dans ce post niarkhéhé

Absynthe avait clos les paupières sur sa douleur. Durant le trajet elle avait tout essayé pour faire passer le mal qui lui rongeait le flanc. Haïr le responsable en se promettant de lui infliger mille mort une fois qu’elle serait sortie de cet hospice pour éclopés, essayer de penser à tous ses futurs projets, ses affaires à remettre en ordre, ses contacts à prendre, d’autres à éliminer de toute urgence et aux bénéfices juteux qu‘elle allait en tirer. Elle commencerait par s’acheter une nouvelle robe. Cela lui semblait faire bien trop longtemps qu’une étoffe neuve n’avait touchée sa peau.
Au bout du compte le fil de ses pensées fut loin de la distraire. Elles se plantèrent comme des dards dans son cœur qui jusque là n’avait vibré que de colère. Et sans colère Absynthe était faible. Le poison du regret commença à suinter des blessures ouvertes par ce sentiment insupportable qu’était la nostalgie. Petite fille elle s’habillait différemment chaque jour. Et même par jour. Des taffetas, des voiles et des chaussures vernies. Les souvenirs de jours qu’elle avait cru heureux revinrent danser dans sa mémoire. Des vêtements de toutes les couleurs . Au moins avait elle le luxe de se rappeler des tissus hors de prix pour en habiller ses regrets. Mais on ne revenait pas en arrière.


*Vraiment ?*

Un sourire amer tordit la bouche d’Absynthe. En fait c’était bien ce qu’elle comptait accomplir pourtant. Aller de l’avant pour faire un grand bond en arrière, restaurer une gloire passée, la rendre plus grandiose pour que ses souvenirs n’aient plus aucune prise sur elle. Qu’ils deviennent des ombres ton sur ton avec sa vie morte d’enfant.

Au terme de son chemin de croix Callista la fit pénétrer dans une salle spéciale. Et peut être un peu trop spéciale au goût de sa sœur cadette. La médicomage venait en effet de la faire rentrer dans l’antichambre monstrueuse où les guérisseurs de Ste-Mangouste entreposaient les échecs les plus écoeurants de leur médecine. Comme une enfant qu’on sortirait à la ménagerie, la sorcière se tordit le cou pour dévisager une femme sans visage derrière l’épaule de sa sœur. Ses traits de cire avaient fondu en un amas de n’importe quoi. Syn grimaça.


*C’est absolument immonde ! Eurk il est entrain de moisir celui là ! Je suis sûre qu’une fois mort ils ne pourront même pas réutiliser les draps pour un autre cas désespéré !*

Absolument fascinée par ce musée de l’horreur Absynthe se laissa docilement "mettre au lit" le cou toujours tendu vers un homme-mollusque de composition verdâtre. Elle admirait le contraste avant/après ses yeux passant successivement du cadre d‘une photographie au corps ravagé. Celui qui avait posé une photo du pauvre type avant sa défiguration magique avait une sacrée bonne dose d’humour noir.

*On se marre bien à Ste-Mangouste…*

Un frisson secoua l’échine de la jeune femme et ses élancements reprirent. Comme des coups de poignards qui lui descendraient le long de la jambe pour en faire des lanières de peau. L’occultiste ferma les yeux. Elle jouait avec le feu pratiquement tous les jours de sa vie. Elle manipulait des énergies très sombres et de l’ancienne magie qu’elle savait extrêmement dangereuse sans en avoir jamais vraiment compris les conséquences. Pour ce qu’elle faisait Syn était douée c’était un fait. Ses ratés n’avaient jamais été si catastrophiques qu’elle ne puisse régler ça toute seule. Elle savait tisser des malédictions, les attacher à un objet, une personne, un lieu selon la demande et la taille de la bourse. Et elle faisait ses nœuds tellement serrés, ses laçages tellement embrouillés mais aussi tellement fins que sa magie était indétectable et surtout il n’y avait qu’elle à savoir sur quel fil tirer pour lever ses maléfices sans dégât.
Une main très douce s’aventura sur son front et la jeune femme rouvrit les yeux. Elle croisa le regard velouté de sa sœur. Bien qu’elle eut hérité des yeux de leur père il n’y avait aucune dureté dans ses prunelles. Rien d’autre que de la compassion et un amour sans faille.


"-Tes cheveux ont toujours été impossibles petite sœur."

Et Callista lui sourit gentiment. Se produisit alors un fait assez rare pour être souligné: sans qu’elle puisse le contrôler un sourire apparu sur le visage fermé d‘Absynthe. Un sourire que l’on aurait pu qualifier de complice et sa physionomie en fut transformée. Elle sembla d’un seul coup aussi douce et aimante que sa sœur aux yeux de tourterelle. Mais n’était elle pas entrain de sourire au passé ? D’autres souvenirs revinrent : Callista qui brossait les cheveux de sa sœur, la coiffait avec application malgré les protestations d’Absynthe enfant qui grimaçait avec exagération devant une glace richement décorée. Et l’instant se brisa en mille éclat. Le miroir n’existait plus maintenant. Leur mère l’avait brisé lors d’une crise de rage et Absynthe avait enterré les morceaux de verre éclaté dans la propiété des Ælred pour détourner les sept ans de malheur de sa famille.

"-Je…je dois allée prendre quelque chose dans la remise au bout du couloir. Alors essaie de…Essaie ! "

*C’est ça cours y vite ma petite biche.*

Les yeux de nouveaux remplis de hargne et de mépris elle se laissa retomber sur ses oreillers se fichant totalement du prétexte bidon de sa sœur. Elle devait sans doute pleurnicher dans son coin comme d’habitude ! Tss…Absynthe se massa les yeux d’une main, les sourcils froncés. Du moment qu’elle ne mettait pas trop de temps à revenir elle s’en fichait. Elle n’apprécierait pas du tout d’avoir à se relever pour aller lui remettre les pendules à l’heure de ses priorités.
Mais l’attente ne fut pas longue et bientôt Callista refit surface de sa minute pleureuse pour revenir dans la chambre. Sa sœur l’observait d’un œil attentif entre ses doigts écartés, toujours avachie sur ses couvertures.


*Quel drôle de manège.*

Oui, vraiment. Et à en juger par la mine déconfite de Callista elle était entrain de faire quelque chose de très très vilain. Un fin sourire ourla les lèvres d’Absynthe.

*Pour sauver sa petite sœur si c’est pas mignon tout plein !*

C’était principalement la raison pour laquelle la tout à fait désintéressée demoiselle avait cherché après sa sœur et seulement sa sœur. Et d’une l’amour rendait aveugle et ne posait pas trop de question. Et de deux Callista était compétente dans sa matière étant donné tous les traînes savates qu’elle avait déjà rafistolés. Et le troisième point, le plus important, Syn savait. Elle savait que sa chère grande soeur ferait tout, absolument tout pour que sa cadette reste indemne et épargnée.

*Certains ne changeront jamais.*

Avide, elle se redressa sur le lit en buvant toutes les explications de sa sœur comme du petit lait. Non en effet elle ne connaissait pas ces pierres mais elle allait sérieusement se pencher sur la question ! Quelle énergie leur fallaient-elles pour fonctionner ? N’y avait-il pas un moyen d’en dévier le fonctionnement avec un autre type de déclencheur ? Aussi Absynthe observa la position exact des cristaux sur sa jambe presque noircie. Une véritable infiltration sanguine et au milieu la protubérance de son os qui formait un long tubercule. Répugnant oui. Et en même temps…elle avait du mal à en lever les yeux. La difformité de son propre corps avait de quoi rendre nauséeux mais éveillait aussi un instinct curieux en elle.
Toute à son observation morbide elle n’avait pas vu sa sœur s’asseoir près d’elle pour lui prendre la main. Syn aurait parié sur un stupide instinct protecteur et maternel, mais elle sentit le contact d’un métal chaud contre sa paume. La chaleur était douce et agréable cependant…La sorcière avait la désagréable impression d’être reliée à sa sœur par un sorte de fluide immatériel. Un flot d’énergie ou d’ondes positives se déversait de Callista à Absynthe.


*Je peux te dire que c’est une chance que ça ne fonctionne pas dans les deux sens,hey.*

-Ah !

La jeune femme poussa un faible cri de surprise. Des milliers de petites fourmis couraient sur sa jambe et faisaient reculer le sang et la pourriture au centre de sa jambe tandis que son os reprenait sa place et que les tissus se reconstruisaient pour l’envelopper avec amour. Il n’y avait pas d’effet spéciaux incroyables, de lumières étincelantes et de voix célestes pour annoncer sa sanctification. Non il y avait juste cette sensation de fourmillement et la claire impression d’avoir été purifiée, purgée. Saine et sauve.
Absynthe releva sa jambe intacte, et en admira le galbe dans la lumière douce qui semblait émanée des murs.


-Je suis guérie ! Yeah !

Elle se mit à rire joyeusement. Aussi légère qu’une plume et libre de toute préoccupation elle battit des jambes comme pour pédaler dans le vide, puis commença à les croiser et à les décroiser avant de se redresser sur le lit. Elle s’empara d’un des cristaux qu’elle avait éparpillé dans sa joie d’être sauve et le porta à bout de bras en fermant un œil à la façon d'un expert qui voudrait en évaluer la valeur.

-Ça ne vaut plus un clou maintenant je parie ?
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MessageSujet: Re: La mort aux trousses [Finito]   La mort aux trousses [Finito] EmptyJeu 13 Déc - 20:35:07

HJ : Tu as rencontré la muse I love you Attention passage dramatique niarkhéhé

Callista sentit la main de sa sœur la lâcher et la pièce roula au sol pour disparaître sous le lit. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine en constatant le résultat de ses soins. Syn avait relevé sa jambe désormais sans plus aucune trace de meurtrissure et il aurait été facile de croire à un mauvais rêve. Callista aurait tellement voulu. Absynthe se mit à rire comme une folle et à faire des effets de jambe toujours allongée sur le lit. La guérisseuse se joignit à elle l’esprit beaucoup beaucoup plus léger. En cet instant rien n’aurait pu l’inquiéter ni même l’effrayer. Absynthe était hors de danger, guérie ! Et son cœur faisait à présent de véritables bonds dans sa poitrine au fur et à mesure que l’idée s’imposait à elle. Peu importait ce que ça avait bien pu coûter sa petite sœur n’aurait jamais à expérimenter le poids du regard des autres ou à vivre cachée. Une demi vie de recluse à cause de son apparence. A traîner une jambe morte qu’il aurait été impossible de soigner ou même…d’amputer. La médicomage frissonna.

*Et quelqu’un d’autre mourra pour elle ?*

*En vaut-elle vraiment la peine ?*


Cette pensée choqua Callista qui pâlit sur le coup. Elle se baissa au bas de sa chaise et commença à rassembler dans sa main les larmes de Licorne qu’Absynthe avait envoyées de tous les côtés dans son soulagement. Comment pouvait-elle avoir de telles pensées ?! Sur sa propre sœur ?! Bien sûr qu’elle en valait la peine et plus encore ! Elle avait fait ce qu’il fallait, elle en était sûre ! Certaine. Affirmative… Elle avait réussi même si elle avait fait ce qu’elle n’aurait éthiquement pas dû faire. Enfreindre une des règles du code des guérisseurs. Trahir la confiance qu’on lui avait accordé dès son arrivée. Elle avait conscience d’avoir agi injustement et cette idée la troublait. Un peu de remord vint entacher son soulagement. Elle releva le visage vers sa sœur qui admirait une des pierres irisées. Son expression était calculatrice. Et le doute revint.

"-Ça ne vaut plus un clou maintenant je parie ?"

Un bruit de grêlon retentit dans la pièce. Callista venait de lâcher tous les cristaux et fixait à présent Absynthe en proie à un sentiment indéchiffrable. Un patient gémit derrière elle et la guérisseuse tourna la tête vers la plainte. Coupable, elle se sentait coupable. Et idiote. Comme jamais auparavant. Elle ne répondit pas tout de suite à sa sœur. Elle se releva sortit sa baguette et rassembla d’un sort les petites pierres dans la bourse bleue et la pièce jaune dans le coffret. Elle chancela légèrement. Donner de ses forces l’avait épuisée. Elle attrapa la dernière des pierres dans la main d’Absynthe et plongea son regard dans le sien.

-Non ce genre de magie ne marche qu’une fois. Parce qu’on ne meurt qu’une fois.

Elle se mit à trembler comme une feuille et ses poings se refermèrent. Elle sentait la larme de Licorne froide et inutile dans sa paume, incrustée dans sa peau.

-Ces gens que tu vois ici auraient dû mourir des suites de maléfices ou de terribles accidents magiques. Ces pierres ont permis de les sauver d’une mort assurée et de leur permettre de continuer à vivre. Certains sont au delà de toute rémission. Pour d’autres il y a un espoir de voir leur état s‘améliorer au point de leur permettre de retourner chez eux, dans leur famille même s‘ils seront toujours marqués par ces sorts. Malheureusement on ne peut jamais savoir qui sera guérissable et qui devra passer le reste de ces jours emprisonnés dans un corps déformé ou totalement mort.

Callista se tut un instant pour laisser le temps à sa sœur de bien peser ses premières paroles avant de continuer. Le comportement d’Absynthe était celui d’une inconsciente qui ne comprenait pas la portée ni les conséquences de ce à quoi elle était confrontée. Ou bien avait-elle perdu toute sa compassion ? Depuis qu’elles s’étaient revues, sa sœur était étrange. Différente. Que lui avait-on fait ici ? Que lui avait on fait pour qu’elle se tourne vers la magie noire ?

-Et Absynthe…Ta jambe était perdue. Ce n’était pas qu’une hémorragie, elle avait commencé à se nécroser. J’ai utilisé la magie des cristaux pour te sauver et t’empêcher de passer toute ta vie avec un membre mort accroché à tes hanches. Mais je n’en avais pas le droit. Avec ou sans cristaux tu aurais survécue. J’ai utilisé les dernières larmes pour toi. Pour te purger de cette affliction.

Et elle n’en voulait nulle reconnaissance. Tout ce qu’elle espérait c’était de ne pas s’être trompée. Absynthe était le membre de sa famille qu’elle aimait le plus ayant passée toute sa vie à veiller sur elle. La guérisseuse avait cherché à remplacer leur mère à l’humeur inconstante dans l’éducation de sa soeur. Elle avait cherché à lui offrir une stabilité affective qu’elle même n’avait pas reçue. Même si de tous les enfants Morden, sa cadette avait certainement été la plus aimé. Au moins par leur père.

Ce qu’elle avait à dire ensuite était encore plus difficile. Cette fois il n’était plus question de la transgression qu’elle venait de commettre par affection. Et peut-être par aveuglement mais elle ne regrettait rien.
La guérisseuse prit les mains de sa sœur dans les siennes et la regarda fixement dans les yeux, attristée.


-Syn, petite sœur…La magie noire laisse des traces.

Elle prit une inspiration et reprit d’une voix claire. Claire et étrangère. Ce n’était pas sa voix. Si calme et lointaine alors qu'elle se sentait déchirée. C'était comme d'être le témoin d'une exécution. Callista s'observait de loin. S'écoutait parler à des années lumières. Et pourtant la détresse était bien là.

-Certains sorts ne peuvent être efficaces que s’ils sont lancés par un sorcier qui use de magie noire et n‘affecte que ceux qui la pratique. Badcocke t’a lancé un sortilège de Main Noire. C’était un sort utilisé pour marquer aux yeux de tous la victime d’un sorcier malfaisant. La peau de la cible noircissait comme du charbon là où le sorcier l’avait touché et la peur de subir la vengeance d‘un mage noir faisait que la victime avait peu de chance de trouver des alliés. Et même rien n’efface la marque pas même un sortilège de métamorphose. Si la cible est invisible la marque apparaîtra toujours. Il est impossible de se cacher.
Mais chez un autre utilisateur de magie noire le sort a un effet différent. Celui qui est le moins puissant des deux se voit affecté. La marque s’étend et le membre touché meurt. Infectée de l’intérieur, la chair commence à se putréfier puis les os se désagrègent. Les arts sombres ne servent pas les sorciers et la noirceur cachée se retourne contre son maître Est-ce que tu comprends ?
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MessageSujet: Re: La mort aux trousses [Finito]   La mort aux trousses [Finito] EmptySam 15 Déc - 22:44:46

Les cristaux de Licorne se répandirent au sol sous les yeux d’une Absynthe consternée.

*Mais qu’est-ce qu’elle peut être gauche des fois !*

La sorcière s’assit sur ses jambes repliées et ses restes de robe en lambeaux. Voilà au moins une chose qu’elle ne lui enviait pas ! Callista avait presque continuellement l’air embarrassé et ses postures étaient souvent empruntées. Surtout si elle se savait observée avec un peu trop d’intérêt. Ou pire si on l‘a jaugeait.
Au contraire Absynthe avait toujours été la plus féline des deux, à se nourrir des regards posés sur elle quels qu‘ils soient. Une sensualité "tout terrain" émanait de ses gestes et de son corps qui s‘inquiétait peu de savoir si on l‘observait avec le transport le plus fébrile ou avec la convoitise la plus…malvenue. A sa décharge Callista avait une démarche gracieuse et légère et pour ceux qui aimaient se faire materner de la douceur à revendre dans ses gestes et ses expressions. Mais si on cherchait vraiment le bonheur de ses yeux c’était Syn qu’il fallait regarder. D’ailleurs sa sœur ne la lâchait plus des yeux. Sauf que vu la tête qu’elle lui tirait on n’était bien loin de l’admiration et du ravissement.


-Non ce genre de magie ne marche qu’une fois. Parce qu’on ne meurt qu’une fois.

-Je m’en doutais un peu…, déclara-t-elle en s’apprêtant à marcher sur des œufs de dragon. Elle n’aimait pas du tout ce qui était entrain de se passer entre elles. Il y avait comme une barrière froide, un mur de glace derrière lequel sa sœur s’était retranchée.

*On grelotte ma petiote ?*

Absynthe ne souriait plus et arborait un air grave comme le faisait son père au quotidien. Cette expression impersonnelle derrière laquelle il cachait tous ces sentiments qui ne pouvaient être montrés. Ses haines, ses répugnances, ses mépris et ses peurs peut-être. Pour faire comme lui Absynthe avait l’habitude de sourire. Seulement son aînée avait réussi à lui geler les zygomatiques.
Elle en voulait déjà à Callista pour ce qu’elle allait dire car elle savait que ça n’allait pas lui plaire. Mais elle se reteint d’afficher pleinement son mépris pour les parlottes de sa sœur et ce qui pouvait sortir de sa tête vide.


*Talentueuse et stupide.*

Elle lui parlait de cette salle, de ses occupants, de leur horriiiible destinée jouée au pile ou face. Et alors ? Absynthe croisa les bras sans battre des cils. Les yeux de Calli étaient une mare sombre et la jeune femme y fit un plat. Elle ne pouvait croiser ses yeux sans se heurter. Ceux d’Absynthe avaient toujours eu l’éclat coupant d’une pierre de jade aiguisée. Même avec le plus bel effort ils devaient s’habiller d’un sourire pour ne pas paraître cruels. Or l’occultiste ne souriait pas. Vraiment vraiment pas.

*Et quoi ? J’ai oublié la gratitude c’est ça ?*

Sa sœur avait beau prendre de grands airs et se draper de nobles et beaux sentiments elle ne valait pas mieux qu’elle. Un petit merci lui aurait épargné ce beau petit discours moralisateur. Angélique Callista, ô si blanche , ô si pure !
Syn faillit éclater de rire. Personne ne lui avait demander de s’enchaîner à ce genre de bondieuseries dignes d’une princesse de conte de fée. C’était même le contraire. Callista qui avait acheté la guérison de sa sœur avec la vie du prochain "espoir de la magie" qui se serait défiguré et assassiné à la fois.


*Oh je t’aime ! Et puis de toute façon quand tu vois l‘état repoussant de ses larves tu auras une chance sur deux de faire une bonne action en laissant mourir ce pauvre type. *

La cadette des Morden avait attrapé ses bottines pour se donner une occupation mais elle restait toujours coite à écouter la médicomage. Le silence était sa meilleur défense ici. Tout ce qu’elle avait envie de dire mettrait le feu à la confiance précaire que Calli avait en elle.
Sa sœur prit ses mains dans les siennes et les doigts d’Absynthe se crispèrent légèrement au contact de la peau fine et pâle. Elle se sentit vraiment plus jeune à comparer les doigts longs et délicats qui entouraient les siens plus courts. Comme si malgré toute sa féminité elle restait encore une enfant que l‘on devait guider et prendre en charge. Sa mâchoire se contracta.


"-Syn, petite sœur…La magie noire laisse des traces."

La jeune femme entrouvrit la bouche pour laisser échapper un souffle de surprise, exclamation quasi inaudible de son ébahissement. Elle avait l’impression que le monde avait tourné d‘un seul coup sur lui-même pour la laisser étourdie.
Un drôle de trouble s’était abattu sur elle qui devait être le frère de l’épouvante. Elle releva un sourcil, la respiration difficile, malaisée, qu’elle essayait de maîtriser. Tout comme les battements de son cœur. Callista devait les entendre, sourds et précipités à lui traverser la cage thoracique pour atterrir sur le sol, à ses pieds.
Syn réfléchissait à toute vitesse. Cette heure qu’elle avait tellement attendue celle où elle devrait se révéler sous son vrai jour à Callista était enfin arrivée. Elle ne l’aurait pas cru si soudaine. Elle s’était tellement habituée à ce que sa sœur la voit comme une jeune fille candide et sage qu’elle n’imaginait pas un instant qu’enfin elle ait pu comprendre. Et encore ne comprenait-elle pas par elle même !
Et elle faillit à nouveau éclater de rire à cette idée.
Mesdames et messieurs admirez ici la performance de la sœur aînée qui aura mis près de dix neuf ans à découvrir la pourriture dissimulée sous l’évidence ! Les yeux de la jeune femme s’allumèrent de véritables feux grégeois. C’était impossible ! Et vraiment délectable.


*Quelle sotte !*

Absynthe étendit ses jambes pour descendre du lit et releva la tête vers sa sœur. Sa grande sœur. Au moins Calli lui avait appris quelque chose d’utile. Elle devrait encore manger de la soupe pour grandir si elle voulait la rattraper. Le pouvoir était vraiment indispensable pour survivre.

-Charmant prêchi-prêcha…

Qu'elle comprenait parfaitement. Elle devait devenir plus puissante pour ne plus rien craindre. Si elle l’avait été Badcocke aurait été bien attrapé. L’ironie de l’arroseur arrosé.
Dans le mélo de la guérisseuse il n’y avait que ceux ayant approchés la magie noire qui étaient capable de répliquer, de se protéger. Eux seuls pouvaient retourner le mal, sur un coup de chance oui, mais la vie était injuste et rien ne saurait la faire changer. Les mages noirs étaient les seuls à bénéficier de cette chance égalitaire. Les autres étaient simplement marqués comme des bêtes en sursis vers l’abattoir.


-Ce que je vois c’est que tu choisis de croire ce que tu veux croire. Comme tout le monde ici bas.

Un sourire flottait quelque part sur les lèvres d’Absynthe. Elle éprouvait un certain soulagement à l’idée d’être reconnue pour ce qu’elle était après tout ce temps. Mais Callista avait-elle bien saisie l’ampleur de sa décadence ? Si tant est qu’Absynthe ait pu descendre plus bas depuis son adolescence. Il lui semblait être née ainsi.

-On peut tout faire plier. Il ne suffit pas simplement d’être le plus fort, il s‘agit de ne pas se voiler la face. C’est toi qui a une compréhension limitée de tout ça. On ne tombe pas dans la magie noire comme dans un gouffre. On la choisit. Il n’y a que les idiots pour s’y laisser prendre et s’y noyer ! Elle est fatale lorsqu’elle devient une fin en soi. Mais utilisée pour ses ambitions elle est le tremplin idéal ! Le seul qui existe pour parachever ses désirs.

L’occultiste eut un bref ricanement de dépit. Elle savait parfaitement ce qu’elle devait se dire !

-Ne me prends pas pour une fanatique Callista , laissa-t-elle tomber avant de se détourner pour rejoindre la porte.

La main sur la poignée elle se retourna vers la haute silhouette de sa sœur, plus suave que jamais. Les mots volèrent dans les airs comme les paroles d’une chanson qui devait être le pendant ironique de l’hymne à la joie. Qu'avait-elle pu craindre l'instant d'avant ? Elle ne s'était jamais sentie aussi vivante. L'élan de cette fameuse" joie mauvaise" ?

-Il t’en auras comme même fallu du temps ma chère sœur.

Absynthe passa la porte savourant son exaltation à chacun de ses pas dans les couloirs blancs.

HJ : Comme tu t’en doutes c’est loin d’être fini Wink
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MessageSujet: Re: La mort aux trousses [Finito]   La mort aux trousses [Finito] EmptyDim 16 Déc - 19:18:09

HJ : Oh ça oui attends un peu que Callista récupère ! bruce lee

Pendant un instant, un bref instant, sa sœur avait semblé comprendre tous les dangers qu’elle faisait peser sur elle. Callista eut l’espoir que ses paroles ne soient pas vaines, que même si Absynthe n’y croyait pas vraiment que peut-être elle ferait l’effort de l’écouter, d‘y penser. Parce qu’elles étaient sœurs.

La médicomage voulait les raisons, les pourquoi et les comment qui avaient poussés sa cadette à faire usage de magie noire. Que cherchait-elle dans les ténèbres ? Etait-elle donc si inconsciente ou si innocente qu’elle ne pouvait concevoir le mal qu’elle était entrain d’agiter ? Qu’avait-elle fait au juste ? Depuis combien de temps ? L’y avait on entraîné ? L’avait-on forcé ?
Mais à voir son visage et ses yeux agrandis par la surprise ou par la peur toutes ces questions semblèrent secondaires à Callista qui tendit la main vers le visage de sa sœur pour lui caresser la joue. Et s’arrêter à mi chemin.

Un brusque changement c’était opéré et Absynthe semblait rayonner à présent. Un voile était comme tombé de son visage et la guérisseuse appréhendait déjà d’entendre les mots qui allait se poser sur l’éclat de ses yeux verts. Car ce n’était pas du bonheur soudain du repentir qu’un incendie si était allumé. Ce n’était pas pour brûler toutes ses fautes mais pour les éclairer d’un feu ardent que Callista reconnu. Elle l’avait déjà vu mais l’avait toujours pris pour illusion, un jeu de lumière bien vite disparu. Bien vite camouflé. Ceux qu’elle combattait, ceux qu’elle détestait avait ces mêmes yeux et voir ce regard sur sa sœur produisait un étrange sentiment poisseux de dégoût et de peine.


"-Charmant prêchi-prêcha…"

L’aînée des Morden pâlit et se sentit prise de vertige. La pièce tournait autour d’Absynthe qui était maintenant le seul point fixe contre lequel son attention pouvait se reposer. Mais il y avait toujours les yeux de sa sœur si coupants qu’elle en avait mal à les regarder.

"-Ce que je vois c’est que tu choisis de croire ce que tu veux croire. "

-Absynthe, souffla-t-elle d’une voix trop faible pour l’arrêter.

Elle leva faiblement la main pour stopper ses paroles. Elle ne voulait rien entendre ! Elle savait ce que sa sœur lui dirait. Elle savait que ses mots allaient l’écorcher jusqu’à l’âme aussi sûrement que cette expression de délice sur le visage d’Absy. Absy ? Croyait -elle pouvoir garder sa petite sœur ? Elle n’a jamais été à toi lui disait une voix cruelle. Les yeux de Callista commencèrent à se brouiller de larmes retenues. Si elle les laissait couler elle verrait de nouveau le visage de sa sœur, son air exultant. Elle ne voulait pas. Elle voulait continuer à croire.

*Idiote.*

Elle l’avait toujours été et chacun des mots de sa sœur s'enfonçait dans sa poitrine comme les crochets d'un serpent qui lui injecterait son venin. Plus que ce qu’Absynthe lui disait c’était ce qu’ils impliquaient qui la blessait cruellement. Elle s’était trompée sur sa sœur. Y avait il encore quelque chose de sûr pour elle en ce monde ?

*L’Ordre. C’est la seule cause juste qu’il te reste.*

Le visage sage de Dumbledore revint à sa mémoire. Il était à côté d’elle il la soutenait. Lui ne l’abandonnerait pas.

*Et toi ? Sais tu où ta sœur finira ?*

"-Ne me prends pas pour une fanatique Callista"

La guérisseuse inspira à fond et clôt les paupières avant de trouver le courage de regarder sa sœur. Dans les yeux. Elle s’appuya d’une main au baldaquin du lit et la regarda lui tourner le dos. A la porte elle se retourna et Callista eut l’espoir un peu fou qu’elle allait courir vers elle pour se jeter dans ses bras. Elle la consolerait comme lorsqu’elle était petite fille et tout serait oublié.

"-Il t’en auras comme même fallu du temps ma chère sœur."

Ces mots là furent les pires de tous. Parce qu’ils se moquaient d’elle, de son aveuglement et lui arrachaient les doutes qu’elle avait encore sur sa sœur. Elle avait toujours été comme ça. Personne ne l’y avait poussé. Et ces mots comme des insultes n’avaient été dit que dans la seule intention de faire du mal.
Ce n’état pas Absynthe si calme, si réservée, si douce. Si froide, si hermétique, si fausse ?


*On dirait père.*

On dirait père. Avec une passion qu’il n’avait jamais eu. Une hargne qu’elle ne lui avait jamais entendu. Et si…Comme beaucoup d’autres enfants au Sang Pur. Si leur père l’y avait poussé ? Quels "désirs" voulait-elle accomplir ? Pourquoi alors Absynthe et pas elle ? Que savait-elle réellement sur les siens ?

*Bien moins qu’Absynthe.*

Sa sœur avait tort dans ses opinions, mais elles étaient fondées sur des bases qu’elle n’arrivait pas à percevoir. Elle était dans le noir le plus total. Et cela avait déjà bien trop duré. Sa sœur ne devait pas être partie bien loin.

La médicomage passa à son tour la porte de la salle Lusistis Paderborn et s’élança dans le couloir manquant de bousculer un de ses collègues au passage. Elle dévala l’escalier qui la ramenait à l’étage n: 3 la main glissant sur la rampe. Son cœur battait d’émotion et ses joues étaient rouges comme après une longue course.

Et si elle ne la rattrapait pas ? Quand pourrait-elle la revoir ?


-Absynthe ! Attends !
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MessageSujet: Re: La mort aux trousses [Finito]   La mort aux trousses [Finito] EmptySam 22 Déc - 13:56:17

*C’est pas vrai, mais sur quel ton je dois lui dire pour qu’elle me lâche la baguette ?*

Cette situation avait comme un relent de déjà vu passablement écoeurant qui avait presque de quoi lui ternir sa satisfaction. Sa sœur était bien mignonne, elle la soignait et en profitait pour lui mettre une pression monumentale dans le but d’avoir des réponses qui chamboulaient toute entière sa jolie petite tête et ensuite…Ensuite elle en redemandait en lui courant après comme un chien après son maître. Ou Syn ne s’y connaissait pas ou il s’agissait bien de masochisme.
Un sourire en coin vint saluer cette pensée.


*Je le savais qu’elle avait ses travers comme tout le monde la petite sainte !*

Enfin ce n’était pas vraiment un scoop. A toujours vouloir moucher tout le malheur du monde et à perdre son temps à donner la becquée aux immondices de cet hospice pour causes perdues…Ce n’était tout de même pas QUE par charité ? Il devait forcément y avoir une sorte de plaisir pervers à ressentir qui n’était pas dans les penchants d’Absynthe.

La jeune femme accéléra l’allure pour arriver au rez-de-chaussée avant que l’Altruiste en Chef ne l’ait rejoint.
Sur son trajet elle avait réussi à se débarrasser de toutes les brindilles et ramures de feuille qui embrouillaient sa chevelure charbonneuse. Sa sœur pourrait toujours les ramasser et s’en faire une couronne, tiens. Callista était bien du genre à collectionner précieusement tout un tas de souvenirs sans importance et à pleurnicher dessus pendant des heures.

En vérité à part son père la sorcière n’avait jamais été entourée de personne qui comprenaient vraiment la valeur des choses. Décourageant.
Décourageant parce qu’Absynthe n’appréciait pas particulièrement son père. Ou plutôt elle n’appréciait pas ce qu’il essayait de faire d’elle avec ses directives déguisés en petits conseils avisés, ses "chuuut Absynthe ne dis pas ça quand tu seras à BeauxBâtons" , sa main qui se crispait sur son épaule au moindre faux pas.

Le cœur d’Absynthe fit un véritable bond dans sa poitrine et sembla s’accrocher quelque part au niveau de son épaule ne laissant qu’un trou vide et froid à l’endroit qu‘il habitait avant. Il pulsait toujours là où s’était posé les mains de son père, il vrillait son épaule d‘élancement douloureux et brûlants. Son père avait de très belles mains, des mains qui auraient facilement pu lui broyer ses épaules de fillette mais il n’avait jamais laissé que la trace rouge de ses doigts sur sa peau. Des marques incandescentes qui disparaissaient quelques heures après. Ou quelques jours.


*Et oui, tu as échoué !*

Callista bis qui n’ouvrait jamais le bec que pour dire oui ou pour gémir sur la dureté de cette vie ce n‘était pas pour aujourd‘hui. Son père l’avait très tôt compris mais n’avait pas renoncé à la maintenir dans un sentier qu’il avait tracé pour elle. Tout en la comprenant, en voyant vraiment qui elle était. Le seul. C’était à la rendre totalement folle. Pourquoi personne ne l’avait jamais laissé tranquille ?!

L’humeur nettement moins favorable malgré la pluie de bienfait qui venait de s’abattre sur elle la jeune femme entama une traversée du Hall principal…pour se ruer à nouveau dans l’escalier qu’elle remonta quatre à quatre. Il n’y avait rien de plus désagréable que de se croire sauver et finalement découvrir qu’il s’agissait d’un retard du destin sur les comptes qu’il tient à régler avec vous. Pour Absynthe ce genre de chose arrivait bien trop souvent à son goût à tel point que sa paranoïa confinait désormais à la prescience à force d’envisager de multiple possibilité. Mais ce coup là elle n’aurait jamais pu le prévoir.

Lorsque sa sœur fut en vu au détour d’un couloir elle se jeta littéralement dans ses bras avec au moins autant de force d’impact qu’un cognard. Elle agrippa Callista par ses épaules et les agitait par spasme de panique pour ponctuer l’urgence de sa situation.


-Calli ! Calli ! Il est là en bas ! Avec des fleurs ! Mais j’te jure je crois pas qu’il vienne pour me souhaiter un bon rétablissement ! Qu’est-ce qu’on fait ?!
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MessageSujet: Re: La mort aux trousses [Finito]   La mort aux trousses [Finito] EmptyDim 23 Déc - 22:34:47

S’il y avait bien une chose à laquelle Callista ne se serait pas attendue de son côté c’était bien de voir Absynthe ressurgir subitement comme un diable qui sort de sa boîte. La médicomage stoppa net sa course et son souffle. Qui retrouva presque instantanément un rythme régulier.
La présence subite de sa sœur dans ses bras ne lui amena pas le moindre soulagement cependant. Même si…même si l’attitude désespérée de sa cadette, une enfant qui retrouverait sa mère après une trop longue séparation, n’était pas sans l’émouvoir. Stupidement, elle le savait désormais. Aussi grande que pouvait être l’affection qu ’elle portait à Absynthe elle devait se jurer de ne pas laisser ses sentiments obscurcirent à nouveau son jugement. Il lui avait déjà été trop douloureux de recouvrer la vue. Et elle était sûre que la lumière qu’elle entrevoyait au bout du tunnel éclairerait d’un jour encore plus cru ce que les paroles d’Absynthe avaient suggéré.

Callista ne fut soudain plus très sûre de vouloir continuer sur cette voie. Après tout qu’avait-elle besoin de savoir ? Qu’avait-elle à y gagner si ce n’était plus de souffrance ? Et de quoi souffrirait-elle le plus en fin de compte ? De savoir que sa sœur n’avait jamais été qu’une petite peste hypocrite ? Ou bien de comprendre qu’on l’y avait délibérément entraîné ? Pour perdre du même coup ses utopies de foyer uni. L’idée même qu’elle se faisait de sa famille. Dans les deux cas cet idéal en pâtirait. Mais pourrait-elle croire Absynthe avec ce que la jeune fille lui avait déjà dit ? Avec ce que la médicomage savait de ses activités douteuses ? Avec ce qu'elle lisait dans son regard ?


*Tu ne fais déjà plus confiance à ta sœur ?*

Non. Et ce constat la déchira de l’âme au cœur. Comme si elle déchirait par le milieu une vieille photographie en laissant sa sœur d’un côté et elle de l’autre. Elle plantait un pieu en plein cœur de ses souvenirs. Leurs souvenirs non ? Et dire qu’il n’y avait pas si longtemps Callista aurait tout sacrifier pour sa petite sœur Absy, qu’elle aurait cru aveuglément tout ce qui serait sorti de sa bouche. Mais plus maintenant. La seule chose qu’elle savait c’était qu’elle l’aimait encore mais qu’à présent ce sentiment était mêlé de chagrin et d’amertume au lieu de n’être que pur réconfort.

-Parfait.

Dit-elle sans avoir presque rien écouté de ce qu’avait dit sa cadette en dépit de toute la frénésie tout l’enthousiasme qui y avait été mis ( ^_^ ).
Avant qu’Absynthe ait pu faire quoi que ce soit la médicomage lui attrapa le bras presque à hauteur de l’épaule. Elle la fit rentrer dans la première salle qui se trouvait juste sur leur droite et claqua la porte derrière elle au nez d‘une de ses collègue, chargée d‘un bouquet de fleur. Celle-ci essaya tout de même d’ouvrir la porte que Callista repoussa de son pied. L’autre guérisseuse protesta et actionna la poignée mais Calli redonna un coup de pied un peu plus fort et sortit sa baguette du même mouvement.

-Collaporta !

Avec un bruit de succion la porte blanche ne fit plus qu’une avec la cloison de la salle médicale. Une petite pièce carrée avec des lits pour la plupart occupés disposés le long des murs ivoires. Mais pour une fois Callista se fichait bien des patients, elle se fichait bien de qui que ce soit et qu‘on puisse l’écouter !

La jeune femme se retourna vers sa sœur qu’elle avait lâché et planta littéralement son regard dans le sien. Elle voulait des réponses et Absynthe n’aurait nulle part où se défiler avant de les lui avoir donné ! D’ailleurs autant commencer par là…

-Ça suffit à présent ! Je *veux* des réponses ! Et je *veux* que tu me répondes sincèrement si tu en es encore capable ! Est-ce que tu te crois maligne à manipuler des énergies qui te dépassent ? A faire joujou avec la magie noire ? Tu ne mesures donc pas le danger auquel tu t’exposes c’est ça ? Et depuis combien de temps ça dure ce petit "passe-temps" ? Pourquoi est-ce que tu te livres à ce genre d‘activité à la fin ?!

Elle s’interrompit après son dernier éclat la gorge nouée. Oui elle était en colère mais elle était aussi malheureuse. Ses yeux étaient luisants d’émotion et ses joues roses sur son teint pâle. L’aînée des Morden avala sa salive pour redonner un peu de souplesse à sa gorge et reprit d’un ton plus calme, presque absent.

-Est-ce que ça a quelque chose à voir avec père ?

Elle avait réussi à le dire d’un seul tenant. Sans sourciller. Sans trembler. Et sans bégayer.

-*Hip* !

Mais pas sans hoquet…
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MessageSujet: Re: La mort aux trousses [Finito]   La mort aux trousses [Finito] EmptyJeu 27 Déc - 1:43:33

Toujours solidement cramponnée aux épaules de sa sœur Absynthe était sur le point de se demander si elle ne devrait pas passer à quelque chose de plus offensif qu’un simple secouage en règle.
L’occultiste sonda le regard sombre de son aînée, toute sa panique douchée d’une traite par l’inertie de la médicomage. Et oui la petite brunette était encore un peu une enfant et sans doute le resterait-elle jusqu’à la fin de sa vie. Ce qui voulait dire que l’échelle de gravité des évènements fluctuait aux grés de ses intérêts. Pour peu qu’on lui pose quelque chose qui l’intriguait sur son chemin, l’Angleterre pourrait jouer les remakes de l’Atlantide qu’elle continuerait à fixer Callista dans le blanc des yeux et à se demander comment c’était possible. Comment c’était possible de partir en vrille à l’annonce de son malheur pour celle que l’état civil lui avait accrédité comme sœur ??

La Curiosité et l’Instinct de survie de la jeune femme se livraient une lutte à mort à l’intérieur de son crâne et s’en foutaient pour les séquelles qu’ils allaient encore laisser. Ils avaient déjà commencé à retourner toutes les pensées qui meublaient son esprit et à les envoyer valdinguer partout, sans dessus dessous. Absynthe en reçu une perdue…Et en quelques secondes elle résolut des interrogations de plusieurs siècles.

Cet air d’absence était une preuve par la matière que Descartes n’aurait pas dû rejeter la théorie du vide en ergotant pour sur son
cogito ergo sum, un contre argument irréfutable pour ruiner toutes les doctrines transcendantales des métaphysiciens qui s’étaient meurtris l’esprit sur le "pourquoi l’être plutôt que le rien ? De quoi les êtres sont-ils fait ?" Un simple coup d’œil à Callista et on avait sa réponse. D’un substratum de rien et peut-être de quelques petits atomes pour que le corps tienne debout.

Mais l’Instinct de survie porta un coup en traître et la jeune femme revint à son cas présent. Dans ce cas présent et pressant, ce néant sur sa face c’était à lui arracher les yeux de ses orbites pour vérifier s’il y avait bien un cerveau, même en état de veille, tapi derrière ces billes vides. Histoire de savoir si elle n’attendait pas pour rien devant une mécanique cassée. Parce que, oui, dans ces moments là la jeune française se demandait vraiment dans quelles eaux pouvaient bien naviguer Callista pour avoir un regard aussi noyé. Sa situation exigeait une réponse simple et brève et Syn ne voyait pas quelle parole dans son discours aurait pu plonger la guérisseuse en introspection profonde. Et quant bien même sa sœur se serait retrouvée prise dans une de ses sempiternelles et pathétiques crises de "doutisme aigu" sa cervelle devait bien avoir quelques automatismes à déclancher en cas de danger, non ? Comme sa Curiosité et son Instinct de Survie. Comme tout le monde.


*Mais non pas Callista, non ! *

-Heu Calli…, tenta la cadette des Morden en entourant les épaules de la médicomage avec ses bras, ce qui l’obligeait à remonter légèrement sur la pointe des pieds. Je n’sais pas si tu m’entends ou si tu es prisonnière d’un délire là, mais heu…Si tu pouvais éviter de te recentrer sur ton Moi Profond quand c'est pour mes fesses que ça chauffe ça serait, comme on dit, fraternel...

"-Parfait."

*Pourquoi j’ai l’impression que ce n’est pas pour ce que je viens de dire ?*

Impression tristement confirmée lorsque Callista l’agrippa avec toute la force d’un radin ( dédicace spéciale à un jeune homme Wink) sur ses dernières noises de fond de bourse afin de la propulser d’un seul élan à travers une porte miraculeusement ouverte pour lui éviter l’impact et tout aussi miraculeusement refermée pour l‘empêcher de s‘enfuir. Enfin presque refermée.

Sous les yeux d’Absynthe s’engagea alors une lutte pour l’ouverture de la porte entre Callista d’un côté et une guérisseuse de l’autre. En temps normal Syn n’aurait donné aucune chance à sa sœur en ce qui concernait le domaine de la lutte quel qu’il soit. Mais elle sentait que mademoiselle l’Altruiste en Chef avait retrouvé un zeste d’instinct belliqueux perdu dans ses veines…et que ça allait être son tour juste après.

La jeune femme ne perdit pas son temps à prendre des paris sur l’issue du combat et fila directement vers une fenêtre au bout de la salle. Elle y colla son nez et ses paumes ouvertes en jetant un regard à la petite ruelle désertique qui semblait l’appeler deux étages plus bas. Elle tourna la poignée de la fenêtre…


"-Collaporta ! "

La sorcière fit volte face les mains dans le dos mais resta près de sa fenêtre, les paumes à plat contre les carreaux froids et sa baguette en leur creux. Par surprise peut-être avait-elle une chance contre la première fille d’Ophedius qui ne devait même pas connaître l’existence du mot feinte.
Observant sans gêne sa sœur derrière une mèche de cheveux elle releva un sourcil qui demandait à lui seul la suite du programme. C’est à ce moment où leur regard se croisait comme des épées qu’un malade toussa et Absy pris conscience de l’endroit où l’avait encore traîné sa folle de sœur. Deuxième étage ! Virus et microbes magiques !


*Celui là c’est la scrofulite c’est sûr !*

Une grimace de dégoût tordit son visage et la jeune femme faillit se trahir en ramenant une main devant sa bouche et son nez pour se protéger des microbes. Il aurait été idiot de voir sa baguette rebondir sur le sol blanchâtre de la pièce…Même sa sœur aurait compris.

Elle ne respirait plus désormais que par petite inspiration expiration de peur d’aspirer un virus quelconque. Le bilan de cette manœuvre était qu’un poids lui oppressait la poitrine et que sa situation était tout sauf confortable. Donc ses nerfs s’irritaient un peu plus à chaque semi bouffées d’air qu’elle osait grappiller. En clair c’était encore moins le moment que d’habitude.

Le discours de Callista l’énerva au plus haut point et elle ne fit rien pour le cacher, affichant son mépris sans vergogne. Certain se drape dans leur dignité et bien Syn, elle, elle se drapait dans sa fierté qu‘elle avait blindée et cuirassée. Avec des petites pointes de dédain et des barbelés d’indifférence . Tout ce qui ne lui plaisait pas venait s’y accrocher et aucun des mots que put prononcer son aînée n'eurent même la chance de passer jusqu'à ses oreilles qu’elle avait de toute façon aussi endurcies que le reste.
La pauvre Callichette se donnait des palpitations pour rien.

Jusque là tout aurait bien pu se passer. C’est vrai. Absynthe voulait simplement sortir d’ici en évitant Eder Badcocke et savoir qu’il rôdait dans le même hôpital qu’elle avait tendance à la rendre nerveuse. Juste un chouia. Sa sœur mettait premièrement un frein à sa volonté de foutre le camps pour sauver sa peau déjà bien malmenée. Et deuxièmement elle venait lui pépier de pauvres petites questions avec sa petite voix douce que même la colère ne réussissait pas à rendre convaincante.
Elle aurait dû s’arrêter là. Evoquer leur père était une grave erreur, le genre de chose qui la mettait en rage. Son père, elle le respectait plus qu’aucun membre de sa famille. C’était un premier point. Le deuxième point et le pire, c’était que par ses mots Callista reléguait Absynthe au rang de pion qu’Ophedius Morden jouerait sur le grand échiquier de ses intrigues. Assez ironique car Callista n’était pas au courant du quart de ce qu’Absynthe savait sur leur famille, à peine si la médicomage commençait à se douter. La plus jeune des deux filles en aurait mis sa vie au bûcher.

Les mains de l’occultiste se crispèrent sur sa baguette qu’elle tenait toujours cachée dans son dos. Il lui restait encore assez de raison pour agir intelligemment mais ne pouvoir véritablement hurler sa colère lui donnait le sentiment d‘étouffer de l‘intérieur. La jeune femme inspirait de grande émanation d’air vicié par les corps malades entre leurs draps de toiles blanches. Elle s’en fichait maintenant. Il fallait bien juguler le feu qui la dévorait. Il ne fallait pas qu’elle s’oublie dans sa colère cette fois.


-Teod lous torr revr !, cracha-t-elle le cœur battant au rythme de sa fureur. Laisses notre père en dehors de ça comme il t’a toujours laissé en dehors de tout !!! Tu l’accuses de tout ! Tu l’accuses sans savoir ! Tu as toujours eu peur de lui ! C’est pour ça qu’il m’a toujours préféré à toi ! Toi qui n’as jamais rien fait d’autre qu’obéir et pleurer ! Je fais ça pour nous ! Mais toi tu ne sais rien ! RIEN !

Finalement la colère qu’elle avait cherché à contenir s’était fait entendre dans le dernier mot de ce discours véhément. Il avait été crié d’une voix aigue et hystérique qui rappela instantanément le timbre de leur mère à Absynthe. Celle-ci éclata de rire. Oh oui elle lui dirait tout ! La bêtise de sa sœur était bien plus grande que ce qu’elle avait d'abord cru ! Elle ne s’était pas contenter de se bander les yeux pour elle mais pour toute leur famille ! Elle n’avait aucune mesure de la décadence des siens et les prunelles d’Absynthe pétillaient à l’idée d’être celle qui lui révèlerait tout de but en blanc ! Et elle savait par quoi elle allait commencer.

-Oh Calli tu n'as pas idée…J’aurais plein de petites confidences à te faire ma chère Callista. Sur papa, mère et les autres. Je suis sûûûûûûre qu‘il y a quelque chose que tu meures d‘envie de savoir même si…eh bien même si tu ne le sais pas encore !

Elle ramena lentement sa main devant elle et pointa sa baguette sur sa sœur. C’était la première fois de sa vie qu’elle exécutait un tel geste autrement que pour s'amuser. C’était étrange. Une expression indéfinissable se peignit sur son visage. Une appréhension qui ne serait pas craintive. Mais impatiente. Sa baguette brûlait tout contre sa paume, d'une sensation qu’on aurait pu appeler puissance peut-être. Oui elle se sentait supérieure à son aînée. Talentueuse Callista, douée, si douée, mais trop bête pour utiliser tout son potentiel !

-A présent je te conseille de me laisser passer ou je te montrerais à quel point je peux être "maligne" avec mes nouveaux "joujoux" qui te dépassent…Allez, allez on se pousse ! "Tu ne mesures donc pas le danger auquel tu t’exposes c’est ça ?" Hahaha !
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MessageSujet: Re: La mort aux trousses [Finito]   La mort aux trousses [Finito] EmptySam 29 Déc - 15:36:07

Gravé sur les traits de sa cadette. C’était là. Absynthe matérialisait un sentiment qui n’avait rien de sympathique. Malgré sa petite taille elle n’en était pas moins inquiétante parce que chargée d’une méchanceté évidente. Comme un nuage noir de tempête. Lourd d’éclair. Elle allait être servie. Et bien servie. Mais la guérisseuse était prête à essuyer tous les orages que sa sœur semblait ne pas pouvoir s’empêcher de libérer. Absynthe finirait bien par se lasser de crier. Et ça ne l’impressionnerait pas. Absy n’était qu’une…jeune fille. Callista avait affronté bien pire que quelques éclats de voix !
Cependant les combats étaient loin dans son esprit à cet instant et elle ne pouvait s’empêcher de penser qu’aucune bataille, aucune blessure ne l’avait fait autant souffrir, ne pourrait jamais la faire autant souffrir que ce qu’Absynthe avait à dire.


*Mais ce n’est que ta sœur ! Que tu la connaisse ou que tu crois la connaître ça ne change rien ! Elle n’est que ta sœur !*

Elle redressa la tête en croisant les bras sur sa robe verte et tempéra l’appréhension dans son regard. Quoiqu’il se passe il ne fallait pas qu’elle montre une quelconque faiblesse. Elle avait cruellement appris que celle qu’elle pensait connaître était en faite une étrangère. Et la médicomage craignait d’avoir déjà compris autre chose sur la vraie personnalité de sa cadette. La tristesse était faiblesse dans son vocabulaire. Remplacé par l’intransigeance ? La cruauté ?
Car oui les premiers mots de sa sœur furent des insultes qui désarmèrent totalement la jeune femme. Elle ne s’était pas attendue à autant de véhémence de la part d’Absynthe. Elle cilla et releva une main sur sa bouche trop choquée pour être vraiment vexée par les vulgarités qu’elle venait d’entendre. Ce n’était pas de l’insolence ou de l’irrespect. C’était ce que sa petite soeur pensait. Elle le savait.
La suite de ses paroles fut encore plus dure à attendre. Le ton était horrible et plusieurs malades s’agitèrent dans leur lit, troublés dans leur sommeil.

Callista dévisagea sa sœur sans tenter un mouvement. Pour la première fois de sa vie elle eut envie de la gifler. De frapper le visage arrogant de sa sœur, toujours beaucoup trop belle. Toujours la plus séduisante, la plus chérie, la plus protégée et désirée ! Absynthe la favorite ! Absynthe qu’on avait toujours regardé bien plus qu’elle ! Elle aurait voulu la frapper pour la faire taire. Parce qu’elle savait qu’elle avait raison et la guérisseuse ne voulait plus rien entendre de tout ça.
Avec une finesse incroyable Absynthe venait de soulever un pan douloureux de la personnalité de son aînée. Avec des crochets elle mettait à nu un ressentiment peut-être plus présent que ce que Callista aurait cru et voulu. Ce n’était pas vrai. Elle aimait son père ! Elle ne l’accusait pas ! Seulement…Seulement…


*Seulement il ne t’a jamais aimé ? Et il n’a pas attendu qu’Absynthe soit née pour t’ignorer. Tu voudrais qu‘il soit responsable de tout pour te dire que ce n‘est pas à cause de toi s‘il ne t‘a jamais prêté attention. Tu le voudrais mauvais pour te réconforter.*

Non, ce n’était pas vrai. Callista se sentait glacée. Plongée dans le noir et le froid. Un hiver intérieur horrible et sans issu. Son père. Leur père. Il l’avait toujours effrayé. Sa froideur, son mutisme, sa raideur et son regard intraitable. Enfant et en sa présence c’était à peine si elle osait chuchoter. Elle ne lui avait jamais vraiment parlé. Mais elle l’aimait tout de même. A sa façon il devait bien l’aimer lui aussi, non ? A sa façon…Et il aimait Absynthe différemment.

*Malgré tout ce que tu as fait pour lui plaire ! Et regarde la peste qu’est celle qu’il aime !*

La peste ou défendait-elle son père ? Aurait-elle dû se montrer impitoyable elle aussi pour recevoir de l’amour ? Pourtant Absynthe petite n’avait jamais fait montre d’un caractère aussi détestable. Emportée parfois. Au cours de légers accrochages avec d’autres enfants. Des gamineries dont on ne pouvaient tirer des conclusions, non ?Et fière oui. Mais généralement très calme. Ça ne collait pas…Elle ne savait vraiment rien. A quel jeu lugubre s’étaient livrés les siens ?

A demi mot sa cadette lui offrait certaines réponses aussitôt suivies d’une foule d’autres questions. Pour nous…Pour nous qui ? Sa famille ? Syn aurait donc un but altruiste à toutes ses abjections ? Etait ce sa faute de n’avoir rien vu ? Sa faute si elle «ne savait rien» ?


-Absynthe je t’en pries calme toi. Je n’aurais pas dû amener les choses de cette façon…C’est parce que je suis très inquiète pour toi…

Et la jeune femme avait décidé de l’inquiéter encore plus si c’était possible. A nouveau cet air sinistre de satisfaction flottait sur son visage. A nouveau cette lueur dans ses yeux verts. Elle éclata d’un rire suffisant pour la faire interner sans préavis. Callista fronça les sourcils et s’avança de quelques pas. Elle ne savait plus à quoi elle devrait s’attendre. Etait ce vraiment sa sœur ? Cette créature instable ? On aurait dit une petite fille cruelle.
Tout dans le «spectacle» que lui offrait sa sœur, oui tout lui semblait dénaturé et déplacé. De la salle aux murs blancs aseptisés, aux lits en ferraille occupés de malades murmurants, gémissants et protestants. Un curieux contrepoint dérangeant au babillage diabolique de sa sœur. La guérisseuse avait bien noté l’emphase qu’avait mis Absynthe sur un mot de son discours. Et tout était trop bien calculé pour que celle-ci l’ait fait fortuitement. Il y avait une raison derrière toute cette mascarade insensée. Une raison que sa sœur se refusait à lui donner clairement. Elle jouait avec elle. Comme un chat avec sa proie. Elle la parodiait, se moquait ouvertement d’elle, de sa détresse. Elle n’agissait pas en sœur mais en «gast». Et avec plaisir en plus.

Toute douceur avait disparu de Callista. Ses traits trop fins pour supporter les déchaînements de sentiment se déformèrent sous l’effet de sa peine et de sa colère conjuguée. Et de son humiliation. Absynthe la menaçait ! La traitait comme une idiote et ce qui lui faisait vraiment mal c’était cet écho qu’elle retrouvait avec son passé. Toute sa vie l’avait-on prise pour une sotte et une ingénue ? Ne l’avait-on pas délibérément tenu à l’écart de tout ?! Ils se moquaient d’elle depuis toujours !!!


*Non. Elle te ment.*

Elle essuya d’un revers de manche rageur les quelques larmes silencieuses qui venaient de s’échapper de ses yeux humides. La guérisseuse foudroya sa sœur du regard sans esquisser un seul mouvement pour se défendre. Elle resta là, droite comme un i et refusant de s’abandonner au désespoir. Même si elle ne savait plus qui ou quoi croire. Sa sœur et ses paroles de fiel ? Elle était bien capable de lui mentir simplement pour lui faire du mal. Maintenant elle en était sûre mais trop stupide pour l’admettre encore. Que lui faudrait-il d’autre ?

-Je ne me battrais pas Absynthe. Et je ne me pousserais pas. Vas-tu quand même me lancer un sort alors que je suis désarmée ? Es tu tombée aussi bas ? En admettant que tu es value quelque chose un jour.

Sa voix sonna claire dans la petite pièce d’hôpital. Oh comme elle aurait voulu que tout ceci ne soit qu’un mauvais rêve. Qu’un mauvais sort, une maladie ait affecté sa sœur et soit la raison de tout ce mal en elle. Mais c’était sans espoir. Il n’y avait que sa méchanceté et sa propre stupidité à mettre en cause.

-Comment ai-je pu ne pas me rendre compte…

Ajouta-t-elle par devers elle à mi-voix. Les yeux fixés, aimantés par la silhouette de sa sœur qui se découpait contre la fenêtre, elle secoua la tête. Elle allait lui demander des précisions quand un jet de lumière lui frôla la joue. Mais il ne venait pas de Syn. Il venait de derrière elle. De la porte qu’elle avait fermé.
L’aînée des Morden se retourna au mépris de la cible parfaite qu’elle offrait ainsi à la baguette de sa sœur. On était entrain de découper une ouverture par-dessus l’ancienne maintenant fondue au mur ! La membre de l’Ordre sortit sa baguette et s’adressa à sa sœur sans se retourner.


-Je vais t’aider à te sortir de là, mais ne penses pas t’évanouir dans la nature. Si tu refuses de me répondre je pense que le Ministère sera très intéressé par ton petit trafique et qu’il sera beaucoup plus loquace que toi à mes questions.

Menace ou promesse ? Rien dans son ton n’aurait pu permettre de déceler sa véritable intention. Car elle ne le savait pas elle-même.
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MessageSujet: Re: La mort aux trousses [Finito]   La mort aux trousses [Finito] EmptyDim 30 Déc - 15:48:51

*Ooooh poor poor Calli ! I’ve been a naughty naughty girl, aren’t I ?*

Absynthe continuait de sourire sans que cela soit lié d’une quelconque façon aux semblants de larmes de sa sœur. Ce genre de réaction c’était du Callista tout craché ! Il aurait suffit de lui annoncer la mort d’un des pécores de leur village pour qu’aussitôt elle se mette en deuil et tienne absolument à aller sangloter avec la famille de l’expirant. On appelait ça la sollicitude et cela découlait de la compassion. Eh bien la jeune femme pouvait s’estimer bénie des dieux de ne pas avoir été frappé de ces maux à la naissance. Ça vous pourrissait une vie et vous rendait neurasthénique. Et Absynthe aimait bien trop la vie pour en perdre une moitié à pleurer et l’autre à se moucher.
Cependant son sourire et son petit air triomphant s’éclipsèrent assez vite de son visage occultés par un rictus de rage et de frustration.

Alors comme ça la très miséricordieuse Callista allait encore faire montre de cette noblesse caractéristique en refusant de lever sa baguette sur sa petite sœur qui ne demandait pourtant que ça ?! Et elle pensait être meilleure de ne pas chercher à l’affronter ?! Syn se fichait bien de la valeur qu’on lui prêtait. De par sa naissance et du simple fait qu’elle était elle, la sorcière savait valoir plus que nombre de roturiers sur cette terre. Et si le prix d’une âme s’estimait réellement en bons sentiments et dévotion charitable envers les crèves la dalle et autres pauvres gus en détresse alors elle ne valait pas une noise. Et s’en foutait royalement. Ce qu’elle jugeait respectable n’allait pas dans le sens de la morale mais être vertueux ne dénotait pas spécialement d’une force de caractère. Syn aurait penché pour un manque de courage ou une stupidité crasse. Ou une incapacité déclarée à ne pouvoir se détacher de la majorité pour trouver ses propres idéaux. Le Bien était tellement éculé comme principe…


"-Comment ai-je pu ne pas me rendre compte… "

Le point positif était que sa véritable nature travaillait son aînée. Toute sa vie Absynthe s’était retenue de dévoiler ses sentiments qu’elle retenait prisonniers dans son corps, trop petit pour eux. Dans l’intimité elle les avait laissé exploser plus d‘une fois. Mais jamais ô grand jamais elle n’avait pu,sinon à demi mots, cracher le fond de sa pensée à la face d’un de ses camardes de BeauxBâtons tout pétri d’utopies. Alors elle avait commencé à agir en douce pour ne pas devenir folle. Callista pouvait au moins expérimenter ce qu’elle avait subit durant toute sa vie. Rester seule avec ses propres pensées sans pouvoir agir pour les faire sortir de son crâne. La guérisseuse pouvait pleurer, pour changer, ou même l’insulter, pour la surprendre, ça ne changerait rien au fait. Elle s’était fourvoyée toute sa vie.

-Parce que tu ne comprends jamais rien, dit-elle à mi-voix entre ses dents, tu remercieras papa, sans lui tu n’aurais jamais pu te bâtir toutes ces belles illusions. Maintenant si tu permets nous allons tout de suite éclaircir le doute qui plane sur ma va

Absynthe ne put finir sa phrase car un rayon d’un blanc aveuglant frôla sa sœur à la joue et bien que ne risquant rien, puisque étant largement plus petite, l’occultiste rentra tout de même la tête dans les épaules et fit un pas de côté en se protégeant le visage de son bras. On cherchait à renter dans la salle et Absynthe avait une petite idée de celui qui tenait temps à la voir.

*Il faut vraiment que tu décanilles !*

Revenant à son plan avorté de filer à l’anglaise par la fenêtre, la jeune femme tourna le loquet et se hissa d’un pied sur le rebord. Une grande bouffée d’air frais s’engouffra dans la pièce, agitant ses cheveux noirs devant ses yeux. Elle les rabattit vers l’arrière de son crâne, mais d’autres prirent immédiatement leur place. Elle n’avait qu’à poser un pied dans l’étroite ruelle en contre bas, ensuite elle pourrait transplaner et…aviser.
Des nuages gris voilaient le ciel de fin d’après midi et la nuit n’allait pas tarder à tomber sur les toits luisants des maisons. L’air d’Octobre était à l’humidité et Absynthe constata qu’il avait encore plu depuis le début de sa petite odyssée dans Ste-Mangouste. Elle racla le rebord de fenêtre du talon de sa bottine pour en tester le potentiel dérapant. Il faudrait qu’elle fasse attention mais heureusement pour elle, elle ne connaissait pas le vertige. Un privilège de ceux qui habitaient dans les hautes sphères sans doute.

Alors qu’elle tendait le bras pour attraper la gouttière sa sœur cru bon d’en rajouter un couplet pour parfaire à son rôle de la parfaite petite sainte. Mais pas tant que ça…Grande première dans l’histoire de sa vie : Calli s’essayait au chantage ! Absynthe pouffa alors que ses doigts se refermaient sur le fer de la gouttière. Elle savait que Callista ne le ferait pas. Et pour une bonne raison. Elle avait un argument de poids de son côté, un ancien secret, une manigance que la médicomage avait pris pour une tragédie.


-Oh mais tu fais comme tu veux ma chère ! Seulement pense à papa et à notre pauvre maman. Et les pantins du Ministère ne te parleront jamais de Décembre.

Sans attendre pour voir sa réaction, la française se laissa glisser par à coup le long de la gouttière, mètre par mètre, jusqu’à ce que ses pieds buttent contre les petites vis qui retenaient le long chéneau au mur de brique. La pluie lui facilitait finalement les choses et ses mains ne seraient pas trop irritées par le frottement due à sa descente. Son seul problème furent les petits morceaux de robe qu’elle laissa accrocher presque à chaque vis comme si elle balisait un chemin. Et l’état pitoyable de sa robe déchirée ne lui permettait pas d’en perdre d’avantage. Sa chair de poule était clairement visible entre les accrocs du tissu et tout ce qu’elle avait de mieux à faire était de penser au bain chaud qui l’attendait dans son petit chez elle.

*Mais est-ce que je fais bien de rentrer chez moi directement ? Je devrais peut-être passer chez…*

-Je vois que ma petite vipère a retrouvé ses jolies gambettes pour ramper hors de danger…

-Hiii !

Au son de cette voix le cerveau d’Absynthe s’emballa et voulu lui faire faire trois choses en même temps : dégainer sa baguette, regrimper le long de la gouttière glissante qu’elle venait de descendre et appeler sa sœur à la rescousse. Ce qui en résulta ne fut qu’un mélo risible et totalement inutile.

-Oh my dear, I startle you ?

-Ne me touches pas ! Bas les pattes j’ai dit ! E…

Mais à peine la sorcière avait-elle prononcé la première lettre de son sort qu’Eder la saisit par la cheville et lui fit dégringoler le mètre qu’il lui restait à faire. Absynthe s’effondra en tas sur le pavé humide et sali par les averses, ses cheveux s’humidifiant et adhérèrent au sol. Elle chercha de suite à se relever mais le sorcier pesa de tout son poids sur elle. Beaucoup plus grand et beaucoup plus fort il n’eut aucun mal à la maîtriser. Son regard fixe et son calme contrastait avec l’attitude hystérique d’Absynthe qui avait l’horrible impression qu’il était entrain de choisir quel "morceau" contaminer.

En se débattant elle sentit ses ongles riper sur le bord de son orbite et passer entre sa paupière fermée. Leurs pointes acérées accrochèrent un film translucide et de l’eau mouilla le bout de ses doigts. Badcocke poussa un véritablement hurlement de rage et de douleur. La pression qu’exerçait le sorcier sur son corps se relâcha d’un seul coup et Absynthe put enfin respirer librement. Eder avait reculé jusqu’au mur une main sur son œil pourtant malgré la douleur qu’il semblait ressentir il n’avait pas lâché sa baguette. Syn se releva maladroitement mais n’eut pas la présence d’esprit d’aller chercher la sienne qui avait roulée contre le mur opposé.

Elle recula seulement de quelques pas ses propres yeux grand ouverts et la respiration effrénée. Assaillie par la peur. Elle ne le quittait pas des yeux, pas une seconde. Elle ne pouvait pas lui tourner le dos. C’était impossible. La parfaite image de la souris hypnotisée qui resterait pétrifiée devant le corps d’un cobra pris de convulsion. Trop abrutie pour même songer à fuir. C’était une véritable force magnétique qui la retenait.

Finalement l’homme releva la tête vers elle et redressa son corps penché par la souffrance. Sa main s’écarta elle aussi, ses doigts se refermant en un poing tremblant. Il la foudroya de son oeil encore valide, son visage déformé par la haine et son globe oculaire droit inondé. La corné blanchâtre maintenant mêlée de sang empiétait à moitié sur son iris voilé. Une coupure d’un rouge vif était visible là où les ongles d’Absynthe avait touché leur cible laissant sur leur passage des stries sanglantes : les écorchures érubescentes sur sa tempe…Les vaisseaux sanguins éclatés, la plaie suintante et l’oeil s’infiltrait, il s’embrumait de ce liquide carmin, à la limite de la paupière mais il ne débordait pas . Elle ne voyait plus l’iris. Son œil devenait Sang. Comme une fraise écrasée.
Il cligna des yeux et plusieurs traînées vinrent se répandre sur ses joues comme des petites ruisseaux aux étranges ramifications qui dessinaient de sanglant lacis sur sa figure contractée par la douleur. Du coulis de fraise.
Absynthe passa la pointe de sa langue sur ses lèvres.


-Petite **** ! Éructa l’homme visiblement mit hors de lui par la mimique de la jeune femme.

[HJ : Ça devient une fresque notre truc. :sifle: Me demandes pas pourquoi j’ai eu une poussée angliciste…Je compte sur toi pour la sauver,hey titeuple ]
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MessageSujet: Re: La mort aux trousses [Finito]   La mort aux trousses [Finito] EmptyMer 2 Jan - 1:42:00

[Oh ma doué par la fenêtre xD ]

Toute son attention focalisée sur le rayon lumineux qui dessinait une nouvelle porte, Callista mit un certain temps à comprendre que ce sentiment glacé qu’elle croyait transmis à la pièce par son cœur était en fait bien réel. Une mèche frisottée plus courte que le reste de sa chevelure vint danser sur l’arrête de son nez, animée par un authentique courant d‘air. Et dès qu’Absynthe recommença à parler avec ce ton mielleux enfantin, elle sut qu’elle était entrain de lui refaire un authentique coup en traître. Ces insinuations proclamées avec tellement de légèreté lui tombèrent dessus comme une chape de plomb lancée du haut d’une tour.
Ses joues rougirent d’un seul coup. Elle faisait enfin le lien avec ce que sa sœur avait susurré tantôt. Et son sang se déchaîna dans ses veines. Il alluma des flammes dans ses articulations. Lui brûla le cœur. Anima ses yeux bleus veloutés d’un brasier polaire ( ne cherchez plus: c’est mon premier oxymore I love you ).
Absynthe était donc rendue si bas qu’elle était prête à salir la mémoire des défunts ?! Des morts affreuses qui n’avaient rien à voir avec leur situation actuelle et qui ne pouvaient rien avoir à faire avec leur famille ! La guérisseuse voulait bien croire à l’indifférence des siens. Pas en leur monstruosité. S’il y avait des degrés dans l’abject ce souvenir serait au plus bas, au plus noir. Et Absynthe s’en servait tel un « pousse je passe !» malicieux pour esquiver ce qu’elle avait elle-même initié ? Si peu de valeur. Si peu.


-TU N’AS MÊME PAS LA PLUS PETITE ONCE DE RESPECT POUR LES MORTS !?!

Rugit Callista face à une fenêtre qui s’ouvrait sur une vaste étendue morne et grisâtre de ciel d‘automne. Il n’y avait plus nulle trace de sa cadette. Faisant fi des protestations des malades qui lui demandaient « si elle comptait la boucler à la fin» la guérisseuse se rua vers la fenêtre ouverte et se pencha au dehors. Pendant une seconde elle pensa que sa sœur était en plus de tout une Animagus non déclarée et qu’elle venait de prendre littéralement la fille de l’air transformée en oiseau. Mais un bruit de glissement voleta jusqu’à ses oreilles et elle baissa les yeux vers sa provenance. Yeux qu’elle écarquilla la seconde suivante.

-Absynthe qu’est-ce que tu fabriques encore ?! Mais tu es COMPLETEMENT folle !!!

Et lâche. Toutes les sorties bloquées puisqu’il fallait passer par le hall principal et que le hall principal était derrière la porte devant ( xD) laquelle attendait Badcocke…Avec l’impossibilité de transplaner à l’intérieur de Ste-Mangouste excepté le hall…
Absynthe l’abandonnait et c’était à son aînée de réparer ses dégâts. A elle de subir le destin de sa soeur. La colère fit trembler Callista des pieds à la tête. Elle se sentait tellement trahie et indignée !


-Absynthe, tu me le paieras !!! Tu entends !?

Bien sûr la formulation exacte des pensées de Callista, dépouillées de leur colère, aurait été plus juste en enlevant le pronom personnel de sa phrase. Elle était persuadée qu’"Absy" recevrait la monnaie de sa pièce. Pas par elle cependant. La vengeance personnelle ne lui apporterait rien et la vie s’en chargerait à sa place. Syn se noierait dans ses manigances tôt ou tard. Et elle n’aurait alors plus personne vers qui se tourner.

*On parie ?*

Callista aurait voulu être quelque un d’autre qu’elle. Quelqu’un capable de tourner le dos par rancœur. Quelqu’un qui serait resté insensible face à la détresse de celle qui ne méritait pas mieux. Et pourtant elle savait que le moment venu elle ne pourrait pas se détourner de sa sœur. Peut-être parce qu’elles partageaient le même sang, peut-être parce qu’elle l’aimerait toujours. Et peut-être qu’elle se disait que malgré tout Absynthe n’était qu’une enfant et pas la garce qu’elle donnait à voir. Que derrière ses yeux verts sans douceur il y avait quelque chose à comprendre. Et à accepter.

Un claquement sec dans son dos la fit sursauter. Elle se retourna le cœur battant, s’attendant à retrouver leur Némésis dans l’encadrement abattu du mur…


-Hé bah comme même dit ! Qu’est-ce qui te prends d’hurler comme ça et de te cloisonner dans les chambres des patients !? Mais…que !? Callista où tu cours comme ça ?! Callista ? Il y a le brûlé dans la chambre Ja…

Mais Callista n’écoutait pas ce que sa collègue au pot de fleur avait à lui dire. Dès que ses yeux s’étaient rendus compte que la personne qu’ils dévisageaient était un peu trop petite et ronde et féminine pour s’appeler Eder Badcocke elle s’était repenchée par la fenêtre. Elle n’avait rien vu, mais elle avait entendu le cri poussé par sa sœur. Un cri de détresse. Qui résonnait encore dans tous les os de son corps et faisait vibrer la corde de ses nerfs. Ce cri elle l’avait entendu comme poussé à l’intérieur d’elle-même. Absynthe recevait bel et bien la monnaie de sa pièce…Le moment était venu beaucoup plus tôt que prévu et tout se conformait avec ce qu’avait prédit Callista. Elle accourait pour défendre sa sœur, au mépris de tout.

Elle passa à toute vitesse la porte du magasin factice Purge & Pionce Ltd, percuta au passage une vieille sorcière aux bras chargés de présents qui se déversèrent sur le trottoir et le talon de sa chaussure droite se retrouva pris dans une petite balle molle en mousse. Sans même accorder un regard à la vieille dame malgré ses vigoureuses réprobations, la médicomage amorça son virage à gauche, la petite balle toujours empalée sur son talon. Cette ruelle lui rappela un souvenir cuisant qu’elle aurait préféré oublier. Le souvenir de sa propre négligence. Cette fois il n’en serait rien !

Déchaînée elle déboula dans l’allée d’un bond et lança un Stupéfixe autant en informulé qu’à l’aveuglette. Le sortilège passa entre sa sœur et l’homme qui la menaçait pour aller s‘écraser contre le mur du fond de l‘impasse. Badcoke tourna son visage vers elle. Elle venait de gâcher son effet de surprise. Ce n’était pas ce qui la mettait le plus en colère cependant. C’était ce visage. Son visage. Et dire qu’elle lui avait donné la becquée comme à un oisillon tombé du nid ! Elle aurait mieux fait de le laisser se déshydrater !


*Mais c’est la faute de ta sœur tout ça. C’est elle qui l’a désossé !*

Oui mais…Mais elle avait de bonne raison Calli en était sûre ! Eder n’était pas un pauvre innocent. C’était un sorcier noir, un…

*Comme Absynthe ?*

Pire. Il était allé plus loin dans la déchéance comme l’avait montré l’effet de son sort de Main Noire sur sa cadette. La membre de l’Ordre était en grande partie soulagée de constater que sa petite sœur n’avait rien. En tout cas elle se tenait debout.

-Eder Badcocke !

-Gagné ! Un bon point pour toi !

Le visage ouvertement railleur de l’homme lui donnait la nausée. A travers sa froideur il paraissait haineux au possible. Elle voulait qu’il s’éloigne de sa sœur. Elle voulait qu’il sorte de leurs vies sans jamais y revenir. Sa main tressaillit et des étincelles rouges crépitèrent au bout de sa baguette. L’homme pointait aussi la sienne sur elle mais ne faisait pas mine de s’en servir. Curieusement il dédaignait Absynthe. La guérisseuse en déduit que celle-ci devait donc être désarmée.

-On se calme ma grande !

-Allez vous en.

-Ta petite sœur chérie que tu protèges avec tant de zèle…

-Je vous ai dit de partir !

-Tu ne veux pas savoir ?! Elle ne t’a rien dit c‘est ça, c‘est ça ?!

-Il n’y a rien à dire. Partez, vous abusez de ma patience. Hé !

Un choc dans son dos la fit se ravancer de trois petits pas précipités et elle étendit les bras pour conserver son équilibre. Une voix de crécerelle retentit à ses oreilles.

-Et ça c’est pour t’apprendre les bonnes manières petite mal…Oh par Merlin !

Un jet de lumière rouge jaillit de la baguette de Badcocke qui avait sans doute voulu profiter de l‘instant de distraction fourni par la vieille dame. Mais il les avaient toutes les deux manquées de 30 bons centimètres. Callista fronça les sourcils. Quelque chose n’allait pas.
Les bruits de pas de la petite vieille s’ensauvant derrière elle lui firent tourner la tête.


-Allez chercher de l’aide !!

Cria-t-elle au dos voûté qui traçait à toute allure. Du coin de l’œil elle perçu un mouvement suspect en direction de sa sœur et tendit sa baguette en clamant un très clair et net Lumos Maxima. C’est alors qu’elle comprit ce qui n’allait pas. Sous l’effet de la trop vive clarté l’homme ferma les yeux, ou plutôt un œil, avec un grognement sourd. La moitié de son visage était ensanglantée et tout ce sang s’échappait de son œil droit. Fermé et enflé. Comme si un œdème s’était développé sous la paupière. La fulgurance de l’éclairage faisait ressortir avec plus d’évidence encore l’horreur de sa bouffissure sanglante, des griffures sur sa tempe.
La médicomage ouvrit la bouche, médusée. Mais qui devait-elle neutraliser en fin de compte ?


*Stupéfixe !*

[HJ : Je pense que tu sais qui elle vise bien sûr niarkhéhé ]
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MessageSujet: Re: La mort aux trousses [Finito]   La mort aux trousses [Finito] EmptySam 5 Jan - 16:16:35

[ Bien sûr niarkhéhé ]

Si Absynthe avait été en état de penser, sans doute ce serait-elle dit que son cas était désespéré. Pas que son esprit fut vide, loin de là ! Notre chère brunette faisait partie de ces gens qui ne sont jamais seuls dans leur tête et bien sûr ses pensées, fidèles à elles même, s’emballaient et peinaient à se trouver un sens commun sur lequel s’entendre.
Pour le compte la française en était réduite à suivre des yeux les petits ruisseaux carmins qui laissaient dans leurs sillages la trace sanglante de leur descente le long du visage étroit de Badcocke. Elle suivit une petite gouttelette rougeâtre particulièrement vive issue du coin de la paupière aux couleurs de cassis. Paresseuse il fallu un battement de cil pour la faire plonger et encore la petite récalcitrante tenta de se loger au coin d’une ride d’expression, espérant sans doute éviter la chute sur le col noir du sorcier. Mais elle succomba comme ses autres sœurs qui n’avaient pas fait tant de manière. Deux autres faisaient la course sur sa joue et la plus rapide des deux glissa le long de son cou pour finalement disparaître sous ses vêtements. Une impudique en somme.

Cette observation qui pour n’importe qui aurait duré des siècles et aurait exigé une promiscuité certaine avec le sorcier ne fut en réalité qu’un petit intermède dont le répit se mesurait en seconde. Welcome to Absyntheland. Le royaume enchanté où les perceptions et le temps s’étirent selon les désirs en faisant peu cas des lois de la physique. Mais de l’autre côté, in the real world, le réveil se faisait toujours très dur, secondes ou minutes. Point positif de ce retour à la réalité triviale des gens du commun : Il s’effectua avec Callista. Ainsi ses peurs qui lui revinrent en pleine face trouvèrent aussitôt de quoi s’alimenter pour ne pas la mener à la panique. Seulement Callista en carburant…on ne pouvait pas dire qu’elle marchait du feu des Dieux. Et Absynthe paniqua quand même lorsque le sort de sa sœur, qui en plus de ne pas être un sortilège de mort, alla percuter le mur de l’impasse en ratant magistralement sa cible.


*Mais qu’est qu’il t’arrive Callista !? Tu ne rates jamais ta cible !!!*

Syn avait suffisamment jalousé sa sœur pour son adresse et sa facilité à lancer les sorts les plus complexes sans plus de difficulté que si elle se beurrait des tartines pour être affirmative sur ce sujet ! Et en informulés s’il vous plaît ! La cadette des Morden aurait eu bien du mal à en faire de même. La concentration se préparait pour des tâches à long terme chez elle: potions, rituels et divination. Avec ses pensées chaotiques il ne lui suffisait pas de claquer des doigts pour faire le vide dans sa tête et lancer un Avada de masse sur commande. Bien entendu elle ne se considérait pas moins talentueuse. C’était une différence purement physiologique. Et à ceux qui ne la croiraient pas l’occultiste était prête à faire partager l’intimité de son esprit, qu’ils jugent par eux même du foutoir avec lequel elle se débrouillait.

*Ou alors elle savait pas lequel de nous deux viser cette gourde et elle a fait une moyenne !*

La jeune femme fit un pas discret sur la gauche. Maintenant que tout était (enfin) plus clair dans sa tête elle repensait (enfin) à un certain petit bout de bois en ébène indispensable à sa survie si sa sœur continuait d’agir en incapable chronique. Surtout qu’Eder Badcocke et Callista semblaient être tombés tacitement d’accord pour ne pas la laisser vivre. La tension dans l’air était à couper au couteau et si Absynthe avait possédé une pierre de silex elle n’aurait eu qu’à la frotter "contre" l’atmosphère pour produire un brasier. Après le branle bas d’un quart de seconde soulevé par Calli avec son arrivée spectaculaire et loupée, voilà ces deux bubons asphyxiants occupés à s’échanger des passes verbales pour lui pomper son air. De crainte.
Elle se rappelait très distinctement ce que lui avait braillé sa sœur alors qu’elle s’accrochait à sa gouttière. Et bien que Callista soit bel et bien là Syn n’avait pas envie de donner plus de raison au destin qui était décidé à la mettre à/en terre à l’aube de ses dix neuf ans.


*Mais c’est vrai ! Dans neuf jours c’est mon anniversaire ! J’peux pas mourir !*

Ce que craignait la jeune femme ? Que Badcocke en dise trop et que Callista l’écoute. Et pour une fois elle aurait raison de faire confiance à quelqu’un. Une chose qu’Absy avait tu : c’était elle la première qui s’était retournée contre le sorcier. Parce qu’elle s’était prise pour la reine des négociatrices, qu’elle avait sincèrement cru pouvoir le trahir en toute impunité. Quand on remplaçait tous les os d’un squelette par du vide et qu’on abandonnait la peau liquéfiée du type dans un coin perdue et miteux de l’Allée des Embrumes on ne s’attendait pas à le voir ressurgir bien portant en chair et en os.
Absynthe ne parvenait vraiment pas à comprendre comme ce sale type avait fait pour se sortir de là. Il avait rampé sur le sol peut-être ?
Mais quoi ce n’était pas croyable ! Il aurait dû mourir de faim et de soif ou se faire dévorer par de la vermine ou finir en ingrédient pour potion en kit ! Depuis quand des anges de miséricorde sillonnaient ils cette maudite allée et ramassaient tous les corps crevés qu’ils trouvaient pour les amener à Ste-Mangouste prendre soin de leur petite santé ?! Et s’il avait été mort de chez mort ? On l’aurait enterré avec une petite croix en marbre et des petites fleurs blanches ? Ridicule !
Et s’il avait réuni assez d’énergie pour tout bêtement transplané jusqu’au hall de Ste-Mangouste ?


*Dans son état ?*

Avec sa rage oui. Pour pouvoir exercer sa vengeance sur celle qui l’avait abandonné à sa mort. Une telle détermination refroidit encore l’air ambiant autour de Syn. Il était au moins aussi obstiné qu’elle et acharné à survivre. Il ne la laisserait jamais en paix si son aînée le laissait filer. Il fallait qu’il meurt et cette fois elle devrait s’assurer de son passage de vie à trépas. Ou le Grand Départ serait pour elle .

Il fallait qu’elle reprenne la situation en main, mais comment ? Eder ne pouvait viser qu’une seule personne à la fois et en l’occurrence Callista était la plus préoccupante. Mais si il la voyait courir vers sa baguette il ne la raterait pas. Et notre prudente demoiselle n’était pas sûre de pouvoir compter sur Callista pour couvrir ses arrière. Sûrement qu’elle réussirait à faire mouche. Mais réussirait-elle à faucher Badcocke avant qu’il ne la fauche elle ? Un fait qu’Absynthe ne désirait pas expérimenter de son chef.
Quelqu’un d’autre le fit pour elle.

Sans prendre la peine de comprendre ce qui se passait la jeune femme bondit fébrilement sur sa baguette percevant à peine une voix de harpie se changer en glapissement à la lumière rouge d’un sort. De toute façon s’aurait tout aussi bien pu être un Pansedefer Ukrainien venu se remplir une dent creuse avec sa sœur que ça n’aurait rien changé. Tout ce qu’elle comprenait c’était qu’il s’agissait de l’élément pare-sort tant espéré. Ses doigts se refermèrent sur sa baguette qu’ils serrèrent comme s’ils voulaient se souder indéfiniment au bout de bois et d‘un même élan Syn fit volte face mi-accroupie mi-relevée, prête à éliminer définitivement la menace Badcocke. Son ardeur fut brisée par une lumière éclatante qui l’obligea à fermer les yeux et des petits points multicolores éclorent sur l’écran noir de ses paupières closes. La sorcière maudit intérieurement sa sœur pour son rush de stupidité.


-Mais à quoi tu joues Calli !? , s’écria-t-elle écumante de rage.

Encore ingrate ? Pas cette fois. Absynthe était totalement ignorante du fait que le sortilège de la guérisseuse avait empêché le mage noir de lui en lancer un dans le dos. Pour elle son imbécile de sœur venait proprement de l’aveugler au plus mauvais moment. Sa vision encore à moitié troublée, elle rouvrit les yeux seulement pour voir un éclair rouge filer de la baguette de sa sœur au sorcier qu‘il frappa en pleine poitrine. Sur le visage de l’homme l’expression de défi fit place à la stupeur imbécile et il s’affaissa sur le pavé comme un pantin dont on aurait soudain coupé les fils. Un grand sourire apparu sur le visage d’Absynthe.


*Aaaah, là je te reconnais !*

Calli venait de se racheter merveilleusement de sa lamentable performance en lui prémachant le travail ! Elle venait de stupefixer Badcocke pour elle ! Bien que la neutralisation du sorcier ne soit pas de son fait Absynthe en était aussi satisfaite que si elle en avait été la responsable. La jeune femme frappa ses mains l’une contre l’autre en éclatant d’un rire délié. Maintenant elle était hors de danger et elle avait tout le temps nécessaire pour "régler ses petites affaires" . Son cœur était redevenu léger d’une façon si soudaine qu’elle s’étonna de ne pas le voir s’envoler !

Syn s’avança jusqu’au sorcier et s’agenouilla près de celui qui avait voulu rien moins que la tuer ou à défaut la rendre boiteuse à vie. Elle lui saisi un poignet qu’elle leva bien haut avant de le relâcher. Son bras retomba sur le pavé humide avec un bruit flasque et la jeune femme sourit à son regard vide d’expression.


-On dirait que tu es comme mort mon vieux…Juste comme. , commenta-t-elle à mi voix en lui saisissant la mâchoire entre ses doigts d‘enfant. Je t’aime en lymphatique. Poursuivit la jeune femme en faisant glisser sa main sur la peau molle jusqu’aux cervicales.

Son regard analysait chaque centimètre carré de peau. Il fallait qu’elle comprenne comment il était fait, la texture de son épiderme, de ses cheveux, toute cette structure qu‘elle allait modifier. Le bout de ses doigts se retrouva vite souillé de son sang et la sorcière l’essuya sur la robe du stupefixé. Elle ne trouvait déjà pas ça bien hygiénique mais avec le sort qu’elle avait en tête il ne valait mieux pas qu’elle "garde" quoi que ce soit de lui sur elle. Enfin elle se recula pour avoir une vu d’ensemble du corps allongé à ses pieds. Elle ferma les yeux en se représentant toutes ces propriétés, l’interaction des organes ensemble et visualisa sa métamorphose. Le corps qui se tordait et rapetissait, les membres qui se soudaient, le bruit de craquement des os qui s’émiettaient pour finalement se dissoudre dans un sang changé en mucus. Elle sentait sous ses doigts la matière visqueuse de sa peau désormais luisante et uniforme, plus de traits sur son visage lisse et dénaturé. Elle y était.

-Tu as vraiment fait du bon travail Calli ,dit-elle d’une voix lointaine.

Puis elle rouvrit les yeux brusquement et étendit le bras qui tenait sa baguette comme si elle avait peur de perdre le fil de ses pensées à trop attendre.

-Mutatis Mutandis !

Une lumière dorée recouvrit tout entier le corps du sorcier avant de virer à une mince pellicule de poussière jaune sale. Les grains de poussière pénétrèrent dans la peau d’Eder Badcocke lequel eut un spasme inconscient qui arc-bouta son dos. Celui-ci céda avec un bruit de craquement écœurant bientôt rejoint par une pétarade d’autres bruits similaires alors que les os de son corps ployaient sous la pression exercée par la métamorphose. Absynthe ne pouvait détacher ses yeux de cette chair en mouvement qui se marbrait de tâche, s’ébranlait, se tordait pour se fondre en une masse informe, une ébauche d‘être vivant primitif. Autant d’effet pour obtenir une si petite chose.
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MessageSujet: Re: La mort aux trousses [Finito]   La mort aux trousses [Finito] EmptyMar 8 Jan - 15:29:20

C’était fini. *Elle* y avait mis fin.

La guérisseuse abaissa son bras légèrement tremblotant et contempla le corps inanimé étendu dans l’allée. Le soir s’installait rapidement et les ombres des murs se projetaient de plus en plus loin dans la petite impasse. Avec cette noirceur grandissante qui recouvrait tout Callista eut l’impression d’observer un mort au fond de sa tombe. Des frissons agitèrent ses épaules.
Sa baguette toujours à la main elle fit quelques pas vers le corps du sorcier lorsqu’un claquement sec la fit presque sursauter. Ce claquement fut suivi d’un rire et ce rire venait d’Absynthe. Contrairement à sa sœur qui ne se sentait étrangement pas mieux d’avoir réussi à mettre Eder Badcocke hors d’état de nuire la jeune fille était visiblement réjouie du résultat. D’une certaine façon c’était compréhensible. Chaque personne réagissait différemment à la peur et Callista ne savait pas vraiment encore où se situer entre soulagement et désarroi. En regardant Absynthe elle eut cependant l’impression d’assister à la fin d’une pièce de théâtre tragi-comique. Ou au final d’une exécution particulièrement divertissante.


*Au moins est-elle soulagée pour nous deux…*

Ce que la médicomage ne pouvait pas faire, hantée par les images de ce qui aurait pu se passer. Ce qui aurait peut-être même dû se passer si elle n’avait pas été là. Ou sa sœur aurait-elle trouvé quelqu’un d’autre pour la défendre ? L’incertitude peinte sur son visage et le teint blafard due à l‘assombrissement nocturne lui donnait un air quasiment maladif. Transie elle resserra les pans de sa blouse verte contre elle.

Elle vit Syn s’approcher du corps et s’agenouiller à son côté ainsi qu’on veillerait un alité. Callista fronça les sourcils et se rapprocha encore un peu elle aussi. Silencieuse elle observa le petit jeu de sa soeur. Cet étrange petit jeu. On aurait pu croire qu'elle cherchait des réflexes comme le faisait parfois les guérisseurs. Le croyait elle vraiment mort ? Ou bien n‘avait-elle pas reconnu le sort ?
Un sortilège de Stupefaxion n’était pas dangereux en soi et dépendait en grande partie de l’intention et de la puissance du sorcier qui en faisait usage. Sauf chez les personnes âgés ou asthmatique il n’y avait rien susceptible d’entraîner la mort. Badcocke ne devait vraiment pas être de ceux qui avaient le cœur fragile…


-Je ne l’ai pas tué tu sais…Ce n’était qu’un « Stupefixe »…

Le baragouinage de sa cadette la mettait mal à l’aise. Le crépuscule était là à présent et le peu de lumière qu’il diffusait encore l’empêchait de voir le profil de sa sœur. Qui de toute façon lui tournait magistralement le dos.

-Qu’est-ce que tu fais ? Je te dis qu’il respire. Maintenant il n’y a plus qu’à attendre que la vieille dame revienne avec une brigade de la police magique ou nous pourrons toujours envoyer un message si elle a eut trop peur pour m‘entendre….

La voix de Callista résonnait faiblement contre les murs de l’allée. Il régnait un tel silence qu’elle n’osait pas le troubler avec ses mots. L’attitude d’Absynthe l’inquiétait réellement. Son immobilité, son indifférence.

*Qu’est-ce que tu es entrain de manigancer ?*

Calli s’humecta les lèvres avec le pressentiment contrariant que le pire était à venir. Sa sœur se concentrait. Et elle n’était certainement pas entrain de faire le vide dans son esprit pour décompresser. Pourtant l’aînée des Morden restait clouée sur place. Incapable d’aller même toucher l’épaule de sa sœur pour la tourner vers elle. Incapable de jeter un peu de lumière sur la scène pour la rendre moins macabre. L’image de la paupière enflée et dégoûtante de sang du mage noir lui revint aussitôt devant les yeux et elle n’osa pas essayer. Elle se sentait presque attirée par l’aura de concentration qui émanait d’Absynthe. Sa mise décousue offrait un contraste superbe avec son maintien empli de dignité ( pour une fois Rolling Eyes ). On aurait dit qu’elle canalisait en elle d‘importantes énergies. Et Callista devait l’avouer: un tel débordement de pouvoir avait quelque chose d’attirant.
Ne pouvant que parler la médicomage tenta de briser l‘état de fascination malsaine dans lequel elle était tombée et du même coup l’application de sa soeur.


-Tu sais qu’il va falloir aller au Ministère pour témoigner si tu veux qu’il soit incarcéré. Tu devrais peut-être me dire exactement ce qu’il s’est passé entre toi et lui pour que vous en arriviez là, tu ne crois pas ?

Proposait-elle de mentir ? Ses yeux cobalts regardèrent ses pieds comme s’ils avaient croisé un regard inquisiteur. Pour une fois elle laissa des mèches de cheveux lui couvrir les yeux sans chercher à les replacer. Oui c’est-ce qu’elle suggérait. Elle avait beau se raccrocher à ses derniers lambeaux d’illusions elle sentait qu’Absynthe avait toute seule attirée ce malheur sur sa tête. Se serait-il agi d’une autre, la guérisseuse aurait voulu que cette personne soit jugée. Sa sœur était coupable jusqu’au bout des ongles (Wink). Elle lui avait menti pas seulement cette nuit mais toute sa vie. Callista aurait pu se le répéter indéfiniment qu’elle ne parvenait toujours pas à accepter l’image de sa petite sœur recroquevillée dans un coin infect d’une cellule d’Azkaban à cause d’une histoire de vengeance. Absy n’avait tué personne et elle ferait tout pour la protéger parce qu‘au bout qui était coupable ? «Je fais ça pour nous.»

*Ou tu fais ça pour lui ?*

Quoi qu’ait pu dire Absynthe, la première fille d’Ophedius accusait toujours son père de ce comportement. Sa froideur et sa distance en premier lieu. Peut-être sa sœur pensait-elle restée ainsi la « favorite » ? Mais ça ne collait toujours pas avec son passé, ni avec ce qu‘elle avait dit par la suite: « tu remercieras papa, sans lui tu n’aurais jamais pu te bâtir toutes ces belles illusions. »

*Père qu’avez-vous fait ?*

"-Tu as vraiment fait du bon travail Calli."

-Comment ? NON !!!

Avant que la membre de l’Ordre ait pu clairement enregistrer que sa sœur était en fait entrain de la féliciter comme un bon élément cette dernière lança un sort qui en soit n’était pas intrinsèquement mauvais. Mais au bout de la baguette d’Absynthe il avait la potentialité énorme de le devenir. Et même pire encore.
Callista s’était jeté en avant pour dévier le sortilège mais il avait déjà touché le corps inanimé de Badcocke lorsqu’elle poussa sa sœur sur le côté. La fulgurance de l’attaque de Syn la laissa pantoise et anxieuse au possible. Elle n’aurait jamais cru qu’une fois préparée sa cadette puisse être aussi rapide. Ni aussi puissante.

Un craquement horrible se fit entendre lorsque le dos d’Eder se cabra selon un angle impossible. Callista recula et poussa un cri d‘horreur, catastrophée. Elle ne pouvait se départir de cette culpabilité persistante. C’était elle qui avait stupefixé le mage noir ! De ce fait elle avait donné à Absynthe le temps nécessaire pour canaliser assez de puissance de feu ! Qui l’avait laissé faire alors même qu’elle sentait que quelque chose se préparait ?! Elle était complice sans l’avoir voulu.


-Qu’est-ce que tu as fait ?!!

Devant ses yeux horrifiés le corps se tournait en tout sens. Sa peau se déformait de façon improbable et les os semblaient fondre ou être aspirés au plus profond du corps avec d’abominables bruits de succion. Un homme stupefixé pouvait-il sentir la douleur ? Si tel était le cas Callista ne vivrait sûrement jamais assez de souffrance pour imaginer la torture qu’il pouvait endurer.
Elle releva sa baguette et la pointa sur le corps en surmontant son écœurement et son effroi. Ses gestes étaient saccadés et c’est avec toute l’énergie du désespoir qu’elle tenta d’annuler le sort.


-Finite incantatem ! Finite Incatatem !! FINITE INCANTATEM !!! LEVE LE SORT !! LEVE LE !! ARRÊTE ÇA TOUT DE SUITE !!! *hip*!

Son échec acheva de faire monter la panique en elle. Elle n’était plus que peur et nausée désormais. Jamais elle n’avait échoué à défaire un sortilège et surtout pas ceux de sa sœur. Ce revers la bouleversait peut-être autant que la métamorphose monstrueuse de celui qu‘elle plaignait de toute son âme à présent. La guérisseuse agrippa sa sœur par le peu de tissu qu’il lui restait sur l’épaule et se mit à la secouer en agrandissant le trou. ( à poil ! )

-ARRÊTE ÇA OU…OU…!!!

Ou quoi ?
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MessageSujet: Re: La mort aux trousses [Finito]   La mort aux trousses [Finito] EmptyVen 11 Jan - 22:06:10

-Ou quoi ? (Wink) Je suis entrain de m‘épargner le Ministère dearest…

Absynthe agrippa la main de sa sœur qui la tenait par un pan de robe. Callista s’était même tellement excitée dessus qu’elle lui en avait décollé une lanière qui ne tenait plus maintenant que par trois pauvres fils. Les coutures cédèrent le fragment de tissu lorsqu’Absynthe croisa les bras en relevant la tête pour braver l’hystérie de sa sœur. La pièce avait été lancé et elle était tombée du côté pile. L’occultiste allait donc tout prendre par-dessus la jambe. Jusqu’au nouveau lancé.

Syn se mit hors de portée de la poigne de Callista et releva légèrement sa baguette assez subtilement pour s’en servir de menace. Si la guérisseuse était encore capable de saisir quelque chose elle en comprendrait la signification. Sinon sa chère petite "Absy" l’aiderait.

La jeune femme régulait sa respiration et s’interdisait de se laisser influencer par ses sentiments. Notamment celui de triomphe qu’elle n’avait jamais ressenti aussi fort de toute sa vie. Un large sourire lui dévora cependant le visage quand ses yeux croisèrent ceux de Callista. La grande Callista toujours plus talentueuse, toujours plus intelligente. Callista l’infaillible qui venait lamentablement d’échouer à défaire le sortilège de sa soeurette. Pour la première fois de toute leur vie Absynthe venait de surpasser son aînée en magie.

Au lieu de s’agiter comme s’aurait normalement dû être le cas ses sentiments et ses pensées restaient disciplinés. Intenses et affûtées mais disciplinés. L’effet de sa concentration extrême de tantôt. Son esprit était toujours beaucoup plus clair lorsqu’elle se prêtait à ce genre de petit exercice. La française se sentait si…souveraine. Et elle tenait à profiter de cet état de grâce au maximum ! Pas faire comme ces sots de la famille Callistienne qui perdaient des heures en méditation à la recherche de paix intérieure laquelle consistait généralement à rester assis une éternité de plus sans bouger ou à mariner dans son marasme…Et ils passaient ainsi à côté de leur vie. La léthargie n’était pas le vrai savoir et n‘était qu‘une excuse pour les faibles, ceux qui n‘avaient pas la force de contrer leur destin. Ils se couchaient et appelaient leur apathie Sagesse ou Grandeur.

Elle n’esquissa pas un geste de plus et se contenta de regarder la médicomage, une lueur ironique dans les yeux. Espérait-elle vraiment qu’elle allait lui obéir ? Pourquoi voudrait-elle revenir sur un procédé qu’elle avait elle-même initié ?


-Essaye encore Calli chérie. Vite il n’a déjà plus de bras…, susurra t-elle d’une voix veloutée.

Absynthe tourna ostensiblement la tête vers le corps en grand chambardement sans toutefois arrêter de surveiller Callista du coin de l‘œil.
Il aurait été faux de dire que la cadette des Morden n’était pas dégoûtée du spectacle qui se livrait à ses yeux. Elle l’était même beaucoup. Mais quelque soit l’horreur qu’elle aurait pu ressentir devant l’odieuse transformation dont elle était responsable celle-ci aurait été compensée par la satisfaction. Et de un, elle avait eu le plaisir de se venger. Et de deux, elle était indemne et elle avait appris quelque chose. Et de trois, quel est le sorcier qui ne rêverait pas de voir se matérialiser ainsi sa propre puissance ? De posséder la confirmation tangible que le pouvoir qu’il sentait affluer le long de sa baguette n’était pas qu’une contrefaçon de son esprit ? Qu’il avait reçu un don qu’il pouvait plier à sa volonté ?
Ce corps réduit de moitié et à la peau anormalement luisante était la preuve de son habileté et du talent qu‘il y avait en elle. Et qui ne venait que d’elle. Elle avait la maîtrise d’un grand pouvoir.
Ce qui ne l’empêcha pas de ressentir une autre bouffée d’écœurement alors que les yeux mutilés s’étendirent hors de leurs orbites dans un flot de sang clair presque translucide, le nerf optique rigide comme un bâton grisâtre. Ressemblants à des antennes, pareils à des antennes. De vraies antennes. Mais point de remord dans son frisson juste cette pensée :"
Qu’est-ce qu’il ne faut pas faire quand même !"

-Tu crois qu’il est conscient de ce qui lui arrive ? On ne l’entend pas crier et pourtant il a encore un truc qui ressemble à une bouche nan ? Questionna-t-elle sur un ton mi avide mi amusée. Dommage que les loches n‘aient pas de cordes vocales, il ne pourra jamais nous répondre.

Ce couplet était purement calculé. Elle avait prononcé ses mots principalement pour faire enrager, pour choquer sa sœur. La jeune femme voulait provoquer cette confrontation à laquelle l‘Altruiste en Chef s‘était dérobée. Et mine de rien elle était aussi curieuse de savoir si Ederinouchet souffrait mille morts…
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MessageSujet: Re: La mort aux trousses [Finito]   La mort aux trousses [Finito] EmptySam 12 Jan - 13:08:44

[HJ : Je t'ai fait ça vite fait avant mes partiels comme ça tu vas avoir une bonne semaine pour t'en remettre niarkhéhé ]

Le lambeau arraché à la robe de sa sœur toujours serré dans son poing tremblant Callista ouvrit des yeux comme des souaffles et se récria d‘une voix de plus en plus aigue.

-T’épargner le Ministère ?!? Mais tu ne peux pas faire ça, tu n’as pas le droit ! Il faut qu’il soit condamné par la cour de justice magique ! Tu ne peux pas faire justice toi-même ! Tu n’es pas au dessus des lois ! ARRÊTE TOUT MAINTENANT !

Par le plus curieux des effets Absynthe était pour une fois la plus calme des deux. Un calme exaspérant et insupportable. La provocation était inscrite sur le beau visage de sa sœur. Elle l’exsudait par tous les pores de sa peau et ce qui en temps normal n’aurait jamais eu prise sur la guérisseuse l’énerva prodigieusement. Elle se sentait à la fois crispée et prête à exploser. Aussi quand sa sœur leva sa baguette sans faire mine de s’en servir avec ce sourire triomphant sur le visage Callista pointa directement la sienne sur Absynthe. Qui la nargua en lui proposant de retenter sa chance et mit en avant l’état avancé de l’insoutenable métamorphose de Badcocke. Sa sœur se riait totalement de ses transformations qui lui retournait le coeur autant que l'esprit. Et elle devait avoir compris que son aînée ne supportait pas de voir ce corps se tordre et se disloquer de la manière la plus affreuse sans pouvoir rien faire.

De toute évidence Syn avait utilisé un charme de métamorphose. Si elle parvenait à en savoir plus sur le réel usage de cette magie alors peut-être pourrait-elle en annuler les conséquences sinon au moins en stopper les effets. Un corps à moitié métamorphosé était toujours plus facile à ramener sous forme humaine car le squelette et les muscles n’avaient pas encore tout "oublié" de leur ancienne forme.

Ce sort était de toute évidence destiné au châtiment. Au cours de ses études la médicomage n’avait jamais été confronté à une métamorphose aux effets aussi spectaculaires et épouvantables. Elle fut heureuse d’avoir stupefixé le malheureux sans quoi sa souffrance aurait été intolérable. Sans parler de l’horreur qui l’aurait saisi en constatant les déformations de sa propre chair. En sentant ses os se courber, ses muscles disparaître. Comprendre que tout son être se modifiait.

La formule lui avait parlé sur la base latine car on la retrouvait dans de nombreux sort de mutation. Ce n’était pas de la Magie Noire et elle n’en portait pas l’aura viciée. C’était de l’ancienne magie et une fois de plus Callista se reprocha d’avoir sous estimé l’étendu des connaissances de sa sœur. Elle n’avait jamais pris Absynthe pour une idiote et la savait vive d’esprit et curieuse. Il semblait cependant qu’elle n’ait jamais assez pris au sérieux l’importance de son savoir. Callista avait toujours cru qu’elle se "cultivait" par simple envie d‘enrichissement personnel. Pas par désir de domination.
Une image de sa sœur se forma dans son esprit. Une Absynthe assise dans l’ombre d’un vieux chêne avec un épais grimoire sur les genoux.


*D’où es-ce que tu l’as sorti ?!*

Elle s’était assise à côté d’elle. Elle lui avait parlé. Et lui avait demandé ce qu’elle lisait avec tant d’intérêt par un aussi bel après midi de juillet. Le grimoire était entièrement écrit en latin elle s’en souvenait. Mais le titre lui échappait aussi bien que le thème.

De la sueur froide descendait le long de son échine. Même si elle ne regardait pas directement le sorcier elle percevait sa transformation du coin de l’œil. Les sons de plus en plus humides lui amenèrent le cœur au bord des lèvres. Son teint verdi considérablement et elle se sentit sur le point de rendre son maigre déjeuner. La tête commença à lui tourner et elle eut la sensation que le sol se déformait sous ses pieds. Ce qu’elle voyait de net ? Les yeux de sa sœur. Beaucoup trop lumineux, beaucoup trop verts pour faire partie de ce monde. Leur éclat tranchait dans l’obscurité floue qui entourait la médicomage.

Puis il y eut ces mots. La jeune femme regarda le visage d’Absynthe sans vraiment pouvoir en discerner les traits. Tout ce qu’elle percevait en cet instant c’était sa voix. Et la rumeur sinistre d’organes qui éclatent comme le bouillonnement d’un chaudron à feu doux.


CLAC !

La gifle était partie toute seule comme si la main de Callista avait possédée sa propre volonté. Elle avait frappé sa sœur de toute ses forces à tel point que sa tête avait déviée de la droite vers la gauche. Ce geste ne réussi pourtant pas à la calmer ni à lui amener de soulagement. La guérisseuse ressentait des picotements le long de sa paume et de ses doigts en raison de la violence de son coup, mais n’éprouvait aucun sentiment de culpabilité. Rien. Aucun signe de remord qui poindrait dans son coeur. C’était la première fois qu’elle levait la main sur quelqu’un de sa famille et il avait fallu que ce soit celle qu’elle aimait le plus. La membre de l’Ordre s’était trompée. Absynthe n’avait pas besoin d’amour. Elle avait surtout besoin de se trouver des limites et des valeurs.

-Après coup je me dis qu’il y a plein d’autres occasions où père aurait dû s’asseoir sur son favoritisme et te remettre les idées en place.

*Nous n’en serions peut-être pas là aujourd’hui.*

Callista se rappelait tellement de petites injustices enfantines où elle-même avait écopée d’une punition à la place de sa sœur sous prétexte qu’elle était l’aînée. Ce n’était jamais que des gamineries qu’elle avait longtemps imputées au désir d’attention d’Absynthe. Qui n’en avait jamais eu besoin en vérité. Même après que leur père se soit fait plus rare à leur côté il avait toujours privilégié sa dernière enfante. Ils partageaient ensemble ce qu’Ophedius Morden n’avait jamais cherché à partager avec sa première née. Et Callista ne pouvait pas croire qu’étant si proche de sa fille il n’ait jamais rien remarqué !

*A moins qu’elle ne se soit jouée de lui aussi ?*

Comment savoir ?
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MessageSujet: Re: La mort aux trousses [Finito]   La mort aux trousses [Finito] EmptyDim 13 Jan - 22:10:25

[J‘aurais voulu te demander par MSN mais miss est en partiel plus moi mouhahaha ! J’ai fait comme si Calli avait lâché sa baguette pour coller une baffe à Syn et qu’elle était toujours au sol. Si ça va pas compte pas sur moi pour éditer ]

Absynthe soupira d’exaspération en levant les yeux au ciel. Les poings sur les hanches elle laissa passer la flopée d’idioties que lui balança Callista. Et blablabla c’est pas bien de faire ça, c’est pas bien de jeter un sort à celui qui n’a voulu rien de moins que te faire la peau, et salement en plus. Dans cette tirade de l’inutile une seule chose ramena les yeux de l’occultiste au visage palot de sa sœur. Pour le compte elle se serait récriée à son tour.

Ne pas se faire justice sois même ? Mais qu’est-ce que c’était que cette nouvelle lubie encore ?! Les Morden avait TOUJOURS fait comme ça depuis des siècles !
La guérisseuse aurait-elle gobé ces histoires de procès et de justice aussi bien que tout le reste ? Croyait-elle que l’appartenance de leur père au Magenmagot le rendait vertueux en dépit de sa froideur et de son manque flagrant d’affection pour elle ? Certes il était tellement appliqué et méthodique qu’il en devenait insoupçonnable et de ce qu’elle savait Ophedius Morden n’avait pas enfreint la loi depuis au moins…belle lurette. Non pas qu’il soit rentré dans les chemins étriqués de la moralité. C’est qu’au contraire il trouvait toujours le moyen de faire jouer les textes à son avantage et à donner une légitimité pernicieuse à toute illégalité.


*Oh oui, papa a toujours su obtenir ce qu’il voulait en restant dans son "bon droit".*

Celui de père par exemple. Un tic nerveux agita d’un spasme la joue de la jeune femme alors que sa mâchoire se contractait. Ce réflexe elle l’avait eu tant de fois, toutes ces fois où elle s’était vue imposer le silence par son père qui d‘un simple regard pouvait étouffer les mots que personne d’autre n’aurait pu retenir. Mais pas toujours. Pas toujours.

*Et plus maintenant.*

Absynthe s’était trop longtemps murée en elle pour avoir encore la moindre envie de se réessayer à ce jeu pour qui que ce soit. Elle se fichait des apparences et si sa sœur devait la détester elle s’en fichait éperdument aussi. D’un autre côté…Il fallait avouer que son père avait souvent eu raison. Pour ne pas dire toujours. Il était avisé de ne pas trop se dévoiler lorsque sa façon de penser s’éloignait ainsi de la masse qu‘on appelait norme. Les sentiments que lui inspirait son père étaient aussi indéfinissables que son comportement envers elle. Combien sa cadette détestait son attitude d’estime et de contrôle si étroitement mêlés qu’elle ne pouvait le maudire sans l’admirer !

Elle se retrouvait perdue dans un étrange mélo de sensations diverses qui lui donnait autant la sensation de flotter que d’être maintenue la tête courbée par un énorme poids comme si on cherchait à la noyer. En tout cas Absynthe sentit son bras la démanger affreusement avec une netteté incroyable et à ce stimulus il n‘y avait pas trente six explications. Elle ressentait une envie grandissante de taper dans le dos de Calli pour l’aider à expulser tout ce qui avait l’air d’être resté coincé dans son œsophage…


*C’est qu’elle serait capable de s’étouffer dans ses vomissures par excès de convenance cette dinde hey !*

La française n’eut même pas le temps d’esquisser un semblant de sourire à cette ombre de trait "d’humour" que sa tête passa d‘ouest en est encore plus rapidement qu‘une girouette charriée par le mistral. Sa sœur étendit le bras si vite et la frappa si fort qu’elle n’eut même pas le temps de réagir, ne serait ce que de résister au choc qui lui engourdit la joue et la laissa sonnée pour le compte. Les muscles de sa joue pulsaient à un rythme douloureux, se contractant et raidissant la peau douce où fleurissait à présent une étoile rouge. Sa joue la brûlait avec autant d’intensité qu’une fluxion et ses cervicales l’élançaient douloureusement à cause de son mouvement trop brusque.
Lentement, très lentement Absynthe releva sa main vers sa joue dissimulée par ses cheveux emmêlés, rideau noir et désordonné qui couvrait d’un voile irritant de douceur le côté gauche de son visage. Les doigts de la sorcière caressèrent délicatement sa pommette contusionnée et ses yeux ivres de rage revinrent se poser sur le visage de Callista.


PERSONNE n’avait jamais osé la frapper ! PERSONNE. Pas même son père qui de tous aurait été le seul être au monde à en avoir l’allégation. Mais il le lui avait dit, toujours en la prenant par l’épaule, avec cette gravité dans ses yeux sombres : "Personne, jamais, ne doit te toucher." Ne laisse pas cet affront impuni. Ces mots là, son père ne les avaient jamais prononcés, mais c’était bel et bien sa voix que la cadette des Morden venait d’entendre raisonner dans les profondeurs de son crâne. Callista venait de la frapper…C’était totalement impensable et l’esprit d’Absynthe peinait à rendre sa réalité à la gifle de sa sœur. Ne laisse pas cet affront impuni répéta la voix de son père.

Les yeux de l’occultiste s’abaissèrent un quart de seconde, attirés par la baguette qui gisait sur le sol humide, étincelante de blancheur dans la pénombre nocturne. La guérisseuse avait dû la laisser tomber sur le sol lorsqu’elle l’avait giflé…Syn comptait bien la récupérer, mais elle avait d’abord quelques petites vérités à cracher avant qu’elles ne mettent le feu à sa langue.


-Qu’est-ce que j’entend Callista ? Ne serait ce pas de la jalousie qui filtre de cette bouche à sermon ?, siffla-t-elle entre ses dents, Oui, tu me jalouses simplement parce que moi je suis capable de faire ce que tu n’oseras jamais faire ! Et c’est ton manque de courage qui fait de toi une moins que rien ! Pourquoi papa te jetterait-il un regard ?! Pourquoi chercherait-il à enlacer celle qui le fuit au seul son de ses pas ?! Tu voudrais l’affection qu’il me porte ?! Mais il ne m’aime pas pauvre petite idiote ! Il me respecte parce que je l’ai obligé à me respecter et il me "favorise" uniquement parce que je suis sa meilleure pouliche, celle qui va l’aider à empêcher notre nom de devenir synonyme de déchéance et de décrépitude ! Sais tu seulement qu’il ne nous reste plus rien d’autre que ce nom que tu n’aurais jamais dû porter ?! Mais non toi bien sûr tu ne sais rien du tout sur tout, pas même ce qui se joue sous tes yeux ! Pendant des années il a voulu me détourner de moi, dès qu’il s’est rendu compte…Accio !

Absynthe interrompit soudain son discours et la baguette de Callista, attirée par le sort, vint se loger dans sa paume tendue. La jeune femme refit un pas vers l’arrière en menaçant sa sœur une baguette dans chaque main et reprit sa tirade précipitée comme si de rien était.

-…Dès qu’il s’est rendu compte que sa fille était une c’hwezerez tan. Il s’est sans doute reconnu en moi quelque part…Mais je suis sûre d’une chose, lui aussi a eu peur de ce que je pourrais devenir et bien qu’il ait toujours embrassé les mêmes idées que moi il m’a toujours forcé à la discrétion en espérant m’assouplir ! Parce que la magie noire est un art trop bas pour lui, parce que Monseigneur Morden a des principes tordus et un code d’honneur tordu !, s’exclama-t-elle en simulant une révérence excessive, mais il faut que tu saches quelle ordure est notre père. Il n’utilise pas la magie noire, mais il n’en a pas besoin pour être premier parmi les s******…!

Là encore Syn s’interrompit abruptement et son regard changea du tout au tout, un voile de douceur tombant sur son visage et atténua la dureté de ses traits.

-Et un grand homme., rajouta la jeune femme par devers elle sur un ton mille fois plus calme, presque avec tendresse. Si tu as jamais été heureuse dis toi que c’est à lui que tu dois ton bonheur.

c’hwezerez tan : La souffleuse de feu, le brandon de discorde qui sème le vent pour que les autres récoltent la tempête. Equivalent plus fort et plus connoté de la fouteuse de…mouise Wink
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MessageSujet: Re: La mort aux trousses [Finito]   La mort aux trousses [Finito] EmptyVen 18 Jan - 22:39:14

Callista aurait été bien en peine de dire quoi de la gifle ou de sa réflexion avait eu le plus d’effet, mais une chose était sûre: Absynthe était à présent remontée contre elle. Et bien remontée.

*Ce sera pour toutes les fois où il n‘y aura aucune raison.*

La médicomage ne put retenir cette pensée amère qui lui étira étrangement la bouche. Elle sentait qu’il y aurait comme une habitude à prendre face aux sautes d’humeur de sa sœur et à son caractère de dragon qui étaient loin d‘être le fait de ce qu’elle avait vécu cette nuit. Non tout cela venait d’une nature profonde.
Elle soutint l’intensité de son regard rivé sur elle qui aurait suffit à lui faire comprendre qu’Absynthe n’allait pas en rester là, et encore moins s’excuser, même si elles avaient été deux parfaites inconnues ne sachant rien l‘une de l‘autre. Ce qu’elles étaient du reste. Du moins pour la guérisseuse qui peinait toujours à réaliser et à accepter ce véritable volte face de sa sœur. Tout lui semblait si soudain…C’était trop soudain. Le lieu lui-même lui apparaissait irréel. Non ce n’était pas vrai. C’était tout bonnement impossible ! Ce ne pouvait pas être ce jour, dans ce petit hôpital anglais que la vérité venait lui déciller les yeux. Lui ouvrir bien en grand les paupières qu’elle avait tenu closes toutes ces années durant. Et pourtant la haine explicite dans les prunelles de sa cadette était à la fois surprenante et dérangeante car Callista n’avait pas le souvenir de lui avoir découvert un tel regard plus jeune. Surprenant, dérangeant et…une preuve éclairante s‘il en était encore besoin.

Mais peut-être pas tant que ça…?


*Oui Callista tu es vraiment une idiote.*

N’avait-elle pas eu une preuve chaque jour de qui était Absynthe ? Comment avait-elle pu être aussi aveugle ! Avec ce qu'elle avait sous les yeux c'était encore plus cuisant.
Le ressentiment qui exsudait de sa sœur était si fort qu’il en acquérait une certaine matérialité et Callista ne fut pas surprise de ses premières paroles ni du ton acide sur lequel elles étaient prononcées. C’était tout à fait le genre de bile impétueuse que la guérisseuse avait prévue d’entendre et elle put conserver son calme et sa dignité bien que son teint se fit plus pâle au fur et à mesure que la dureté de ces mots lui écorchait l’âme.

Absynthe lui renvoyait une fois de plus son caractère et la peur qu’elle éprouvait pour leur père comme raison de son peu d’attention envers elle, de son manque de gestes d‘affections et de moments partagés. Pour extrêmes qu’elles soient, ces paroles avaient un peu de vérité. Une vérité qui était déjà dure à entendre et que la sorcière rendait particulièrement pénible, enveloppée de cette hargne toujours plus croissante.
A nouveau, l’envie de la gifler fit trembler sa main encore endolorie sans qu’elle cède à cette impulsion. Absynthe était entrain de lui donner ce qu’elle lui réclamait depuis le début. Des réponses. Des réponses qui lui amenaient encore plus de questions ! Et qui lui amenaient d’autres doutes.

Avec tout ce qui avait déjà été dit, la jeune femme avait commencé à croire qu’elle avait toujours été tenu à l’écart de quelque chose d’important, mais à présent elle se demandait à quel point Syn pouvait être cru. Sans que cette dernière ne cherche à lui mentir, il y avait des choses que la médicomage ne pouvait admettre dans son discours. Ophedius Morden n’aurait jamais aimé Absynthe ? Sa sœur n’avait-elle pas remarqué la différence de ton, d’attitude et le regard tout à fait unique que lui dédiait son père ? Elle disait avoir forcé son respect et que cet acte était un des jalons qui l’avaient monté dans l’estime de son père. Seulement son estime. Et elle n‘en resterait pas moins un outil dans ses espoirs de grandeur pour reconquérir une gloire sur le point d’être emportée...

Là, elle se sentit rougir de la tête aux pieds. Elle s’était peu rendue compte de la perte de richesse des siens. Bien qu’avec ses études elle n'ait été que rarement au château, il était impossible de passer à côté de quelque chose d’aussi flagrant aurait-on pu penser. La jeune femme se rendit compte avec horreur qu’elle n’y avait pourtant jamais prêté attention. N’ayant jamais eut les besoins de sa mère et de sa sœur en matière de toilettes et de loisirs cette situation qui avait l’air catastrophique n’avait fait que l’effleurer. De plus elle ne s’occupait jamais des activités de son père. L’image qu’ils offraient au monde étaient bien la même…Les mêmes sourires, les mêmes galas, les mêmes réceptions…Le faste toujours présent dans leur vie sociale avait suffit à lui cacher leur dénuement. Comme n’importe qui d’autre, n’importe qui qui n’était pas de leur famille. Nul besoin de préciser le sentiment d’exclusion qui assaillit Callista d’autant plus que sa part de responsabilité était élevée dans cette mise à l’écart.

Sa sœur semblait vouloir répondre d’une traite à toutes les interrogations soulevées dans la soirée et Callista restait suspendue à ses lèvres, s’habituait au ton pour ne plus y prendre garde. Seulement écouter. Et la jeune fille la prit par surprise. A la brusque interruption de son récit, Callista sursauta mais ne put que regarder impuissante sa baguette rejoindre la main de Syn. Qui s’en servit pour la menacer. De tout le long Absynthe n’avait eu que cette idée en tête, elle en était sûre ! Et elle ? Elle, la membre de l'Ordre, avait la tête vide ! C’était tellement stupide et inconsidéré ! Oublier sa baguette au sol ! A croire qu’elle n’avait rien appris ! S’aurait pu être un mangemort ou…


*Aucune différence.*

Non. La médicomage le voyait bien. Cela ne ferait aucune différence. Cependant la panique ne l’étreignit pas comme de coutume. Sa cadette parlait à nouveau, de plus en plus passionnée, et pour le moment au moins, se venger de sa sœur semblait ne pas lui traverser l’esprit. Elle apprenait le pourquoi de l’attitude d’Absynthe même si elle ne pouvait qu'imaginer dans les grandes lignes les liens malsains tissés entre son père et sa sœur. Des liens qui lui vaudraient des insultes aussi ordurières à la mesure de louanges aussi fervantes. Tout dans les mots de Syn n’était que paradoxe et Callista peinait à trouver une logique pour y voir plus clair. Si Absynthe n’y croyait pas, la guérisseuse voyait de l’amour par-dessus cette énorme ressentiment. Ce déchaînement d’émotion avait de quoi la rendre pantelante, mais elle était bien plus avide de savoir ce qu’il restait encore à éclaircir. Quoi qu’il en soit son père avait joué un rôle inverse à ce qu’elle avait cru dans la détermination d’Absynthe et son attitude. Et en même temps…Oui, c’était encore trop confus.

Elle devait choisir ses mots avec soin si elle ne voulait pas qu’Absynthe s’arrête de lui fournir les réponses tant attendues. Ensuite…Elle déciderait. Un souffle de vent frais vint agiter sa robe et ses cheveux qui voletèrent devant ses yeux. La guérisseuse cligna sous l'effet du picotement sans bouger un doigt pour chasser les mèches irritantes.
Callista n’esquissa pas un mouvement pour se rapprocher de sa sœur qui risquait de prendre son geste comme une tentative pour récupérer sa baguette. Plus que tout il ne fallait pas que sa sœur se taise car sinon il ne lui serait peut-être jamais plus offert une telle occasion de savoir. Elle croyait avoir compris comment s’y prendre pour obtenir ce qu’elle voulait, mais pour ça elle devrait la manipuler…


-Je…je ne sais pas Absynthe. Tout ce que tu me dis me semble vraiment incertain. Comment aurais-je pu passer ainsi à côté de ma famille ? En fait qu’est-ce qui me garantit que ce n’est pas toi qui invente au fur et mesure...en brave petite peste ?
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MessageSujet: Re: La mort aux trousses [Finito]   La mort aux trousses [Finito] EmptyLun 21 Jan - 1:23:04

HJ : Puisque j’ai ton autorisation : Banzaï ! Twisted Evil

C’est-ce qu’on appelait être désespérant au-delà de toute rédemption ! Car oui chez Syn les emmerdeurs payaient le prix de ce qu’ils cassaient, soit quelque chose que la décence interdit ici de nommer pour les moins de dix huit ans. Elle éprouvait un tel rejet de tout ce qui se rapportait à sa sœur que l’avoir sous les yeux en cet instant aurait très bien pu la faire vomir si elle avait encore eu quelque chose dans l’estomac. Callista ne voulait donc vraiment rien comprendre ?! Comme Absynthe était bien entourée ! Son père qui ne voulait rien entendre, sa mère qui ne voulait rien faire d’utile, son frère qui ne voulait pas réapparaître et maintenant Calli qui ajoutait le fait d’être bornée à son statut d’idiote invétérée ! Invétéré…Invertébré.
Les yeux de l’occultiste repassèrent à Badcocke dont la transformation lui était totalement sortie de l’esprit. Elle était à présent achevée et une limace molle et flasque reposait immobile dans un creux des pavés humides. Un large sourire carnassier revint trôné sur son visage triomphant. Elle l’avait dit, elle se l’était promis et avait réussi ! Le mage noir était maintenant un digne représentant de la famille des gastéropodes et à sa merci.


*Mauvais tirage, je n’en ai pas ! *

Mais déjà, Calli…Absynthe pointa sa propre baguette sur la guérisseuse.

-Une peste ? Ma chère sœur je crois que je vais devoir te rendre la juste notion des choses ! Diffindo !

Le sortilège stria la joue de la médicomage d’un filet sanglant en une imitation élégante de la gifle que cette beg magn avait osé lui donner. Des gouttelettes de sang fusèrent de la plaie pareilles à des petites bêtes écarlates qui s’attachèrent aux boucles sombres de sa sœur, rouges sur noir, si vives et excitantes à mettre en contraste avec le visage blanc de Callista. Sa sœur donnait l’impression d’être déjà exsangue alors qu’Absynthe ne lui avait infligé qu’une modeste coupure. Son aînée avait toujours eu le teint d’une morte. Une blancheur de peau qui lui donnait à présent l’envie de colorer cette pureté immaculée par le sang issu de ses veines. Qu’il serve à quelque chose !
De son autre main, celle qui tenait la baguette étincelante de Callista, la jeune femme lui lança un sortilège destiné à la faire trébucher sur le pavé. Qu’elle se retrouve donc le dos contre le sol comme sa petite Absy s’y était retrouvée ! Sans lui laisser le temps de chercher à se relever la demoiselle vint s’asseoir à califourchon sur son ventre, appuyant d’une main sur son épaule pour la maintenir au sol, les deux baguettes dans l’autre.


-Voilà ce que fait une peste ! Ou ça ! , s’exclama-t-elle en appuyant les extrémités fumantes des baguettes entre les sourcils de sa sœur, C’est totalement gratuit. Moi je ne fais que te dire la vérité mais tu es trop mal embouchée pour accepter, hein ? Ça heurte tes petits principes ?

Une brûlure en forme de cercle quasi parfait apparaissait maintenant à la base de l’arrête de son nez, un rond rosâtre qui commençait déjà à cloquer.

-Ouais c’est pas trop mal…Ça fait un peu Indien…Je te dessinerais bien un papillon mais je suis archi nulle en dessin. Et puis on a des choses plus importantes à se dire que de faire du gribouillage pas vrai ? Je vais t’en donner des preuves ! J’ai toujours su que tu étais d’une naïveté proprement surnaturelle mais là c’est carrément de la cécité ! Tu sais ce qu’on dit : les naïfs il faut qu’une bonne vérité leur crève les yeux ! Alors…

Et là Absynthe hésita. Oui elle avait tantôt nargué sa sœur en lui parlant de Décembre. Les Loups-Garous, les pauvres pèquenots que chérissaient Calli, les charpies, la neige fumante de sang et le rôle de leur père en faisait une révélation choc propre à ébranler Callista. Mais…que dirait son père ? Que dirait son père s’il savait que sa fille avait tout révélé à celle qui ne devait jamais savoir ? Son enfant craignait sa réaction et ce qu’elle pourrait déclancher en en dévoilant trop sur cette évènement. A présent qu’elle maîtrisait la situation Syn n’avait plus la même rage aveuglante et comprenait que ce qu’elle pourrait dire aurait la couleur d’une trahison. Qui pourrait aisément leur faire de l’ombre si Callista venait à l’ouvrir. Et elle l’ouvrirait. Elle était peut-être faible et tremblante, mais face à de tels crimes elle se trouverait des ailes pour aller dénoncer leur père au Ministère. Non il lui fallait quelque chose d’autre, quelque chose qu’elle ne pourrait elle aussi pas révéler parce que ce que ce secret à garder lui serait trop précieux. Et Absynthe avait trouvé le souvenir idéal pour ça.

-Alors si on commençait par notre pauvre petite cousine Séléna ? C’est quand même pas de chance, hein ? Son père meurt trois mois avant sa naissance, sa mère tombe malade au même moment et elle accouche prématurément d’un monstre boiteux et tordu avec une espèce de pince qui lui sert de main droite, des dents complètement à refaire, un œil plus haut que l’autre et des cheveux de bicentenaire fillasses couplés à une maladie de peau qui lui fait fuir la lumière du jour et l’oblige à vivre dans le noir la journée, cloîtrée dans sa chambre et à se déplacer dans le manoir par des galeries dans les murs parce qu’on en a trop honte pour la laisser sortir. Je crois que j’ai fait le tour de ses tares là…On reprend la même aujourd’hui et même si on retrouve pas une Vénus on peut dire qu’elle peut traverser la rue sans se faire jeter des sorts ce qui était loin d'être le cas avant. Oh miracle ! Les sortilèges de guérison qui avaient toujours échoué se sont finalement décidés à marcher après huit ans d’essais infructueux ! Et tu le sais toi-même si un sort de guérison ne marche pas c’est que…?

Eh oui autant faire ça de manière interactive que sa sœur obtuse comprenne bien le raisonnement, qu’elle sache qu’Absynthe ne pouvait pas mentir cette fois.
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