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 La mort aux trousses [Finito]
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MessageSujet: Re: La mort aux trousses [Finito]   La mort aux trousses [Finito] - Page 2 EmptyMer 23 Jan - 5:48:48

[HJ : Dieu te punira na]

La réaction d’Absynthe fut immédiate exactement comme l’avait prévu Callista. Ce qu’elle n’avait pas prévu c’était la nature de cette réplique qui prit la forme d’un sortilège de Découpe. A même sa peau. Trop surprise pour pouvoir dire quoi que ce soit la guérisseuse ne put que relever la main vers sa blessure, geste exactement identique à sa cadette après qu’elle l’eut giflé. La jeune femme contempla un instant le bout de ses doigts tachés de sang dans un état indescriptible. Elle n’avait plus aucune illusion sur sa sœur sauf celle qu’elle venait de lui enlever à l’instant. Même au comble de la colère jamais Callista n’aurait fait usage de la magie sur sa sœur. Jamais. Et certainement pas dans le but de la blesser ! C’est pourtant ce qu’Absynthe venait de faire avec elle ! Et tout, dans son ton et surtout son regard, l’expression même de son visage, indiquait que le remord était bien loin de ses dispositions à son égard. C’était même le contraire.

Une vague d’énergie implacable lui faucha les jambes d’un seul coup et le dos de la guérisseuse rencontra durement les aspérités du sol. Sol qui lui semblait glacé, d’une dureté qui lui coupa le souffle sans qu’elle ait encore compris qu’elle était à terre. Dans une position vulnérable que personne ne lui envierait, sans baguette et aux pieds d’une sœur qu’elle ne reconnaissait pas.
La jeune femme n’avait même pas esquissé un mouvement pour se relever qu’un nouveau fardeau s’abattit sur elle pour la retenir au sol. Ses yeux sombres s’écarquillèrent comme s’ils peinaient à croire que ce qu’ils voyaient les dominer portait bien le nom d’Absynthe. Et la sorcière avait sa baguette. Alors seulement elle sentit sa joue la picoter comme si tout son corps revenait brusquement à la vie après s’être arrêté le temps de sa chute. Elle plongea son regard dans celui de sa sœur. Tellement brillant, le regard préféré de leur père alors que Callista partageait avec lui ses yeux bleus de nuit. Toujours plus de fierté pour Absynthe, toujours plus d’intérêt pour Absynthe.
Pour une seconde, une infime seconde, elle aurait donné tout ce qu’elle possédait et aurait tout renié, convictions et façon d‘être, pour posséder les yeux de sa sœur, sa beauté, son caractère. Etre sa sœur. Ce que son père aimait. Celle que tout le monde aimait d’un amour qu’elle n’avait jamais inspiré à personne ! Elle enviait sa sœur. Jamais un tel sentiment n’avait un jour été si évident. Elle l’enviait et peut-être la détestait-elle au moins aussi fort que sa sœur la méprisait.


*Comment peux tu ?*

Elle pouvait. Elle rendait tous ses "petits principes" à la face du monde, l’Ordre, son combat, ses talents de guérisseuse. Elle rendait tout et en échange elle voulait être une autre. Une autre capable de faire ce qu’Absynthe faisait sans remord, sans même se rendre compte de l’immoralité.
Son esprit était dans une telle ébullition que la brûlure infligée par les baguettes lui sembla lointaine. Même en dépit de la fumée blanchâtre qui lui piquait les yeux et l’obligea à les fermer. Et tout retomba. Toute son indignation, sa colère et le reste disparurent de son regard. Quand elle rouvrit les yeux elle ne pensait plus à rien d’autre qu’à ses réponses. Qu’Absynthe s’amuse comme elle le voudrait. Car oui c’était bien un jeu pour la brune jeune femme. Bien plus humiliant que douloureux. Interprétant à merveille son rôle de petite peste. Callista se félicita de ne pas l’avoir traité de garce ou de folle sanguinaire…Au moins avait-elle vu juste sur une chose. La colère de sa sœur lui déliait la langue. Et la médicomage était prête à passer par toutes les petites mesquineries de sa cadette pour obtenir des réponses. Mais Absynthe hésita et finalement ce ne fut pas ce qu’elle attendait.


*Il est un peu tard pour vouloir me cacher des choses "Absy".*

Sa sœur taisait Décembre. En oubliant une chose. A présent que Callista savait que peut-être il y avait une machination plus noire que la soif de carnage derrière cette tuerie, elle ferait tout pour découvrir ce qui s’était réellement passé cette nuit là ! Avec ou sans son aide. Elle le découvrirait. C’était une promesse muette à sa sœur qui se croyait invulnérable. A son père…A son père qui…La médicomage trembla. Non. Son père ne pouvait rien avoir à faire avec la mort d’être qui étaient chers à sa première fille. Même si Absynthe le traitait d’ordure, de sal***, Callista ne pouvait le voir tomber aussi bas. Car comme Syn l’avait très justement dit, Ophedius Morden était un homme d’honneur.

*Tordu ?*

Non. Et oui. Elle ne savait plus. Lui savait pour Absynthe. Il l’avait empêché d’agir. Il l’avait encouragé. Elle ne savait plus rien ! Elle n’avait jamais su. La membre de l’Ordre n’était plus très sûre de vouloir entendre la suite tout en la désirant de toutes ses forces. Les souvenirs que faisait rejaillir sa soeur étaient à la fois poignants et plein de tendresse.
Pauvre Séléna venue au monde sans père et contrefaite. Cette petite cousine qu’on leur avait toujours caché en leur disant qu’elle ne supportait pas la lumière du soleil qui la brûlerait aussi sûrement qu’un vampire. Sans leur dire de quoi elle était affligée. Sans leur dire quoi que ce soit sur son apparence. Jusqu’au jour où ils l’avaient vu. Callista s’était toujours étonnée qu’on ne les autorise pas au moins à aller lui tenir compagnie dans sa chambre-prison. Ou bien à jouer avec elle au clair de lune si la lumière lui était fatale. Et elle avait compris en posant son regard sur elle la première fois. Elle s’était révoltée contre ce traitement et avait oublié. Puis un "miracle" s’était produit. Un miracle qui avait redonné un visage humain à leur cousine et quoi que puisse en dire Syn : un joli visage.
Callista dévisagea intensément sa sœur et ressentit la peur de comprendre là où elle voulait en venir. Elle répondit néanmoins à ses questions, jouant le jeu jusqu’au bout. Malgré son malaise et son teint de plus en plus gris.


-C’est qu’il s’agit d’une maladie incurable ou d’un maléfice lancé par un sorcier plus puissant ou suffisamment haineux pour donner à sa magie une répercussion irrévocable.
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MessageSujet: Re: La mort aux trousses [Finito]   La mort aux trousses [Finito] - Page 2 EmptyVen 25 Jan - 18:02:46

-C’est bien Calli, bravo ! C’est exactement ça. Alors ? Alors tu te doutes déjà de ce que je vais te dire non ? Quand on a ramené le corps de Théron en France il y avait une petite aiguille enfoncée dans sa poitrine. C’est notre grand-père qui la garde désormais. Le cher papa de Séléna s’est retrouvé en bisbille avec précisément le genre de personne qui n‘aime pas du tout qu‘on vienne marcher sur ses plates-bandes. Et apparemment c’était vraiment un grand méchant puisque papa et notre oncle Arcadius ont dû s’y mettre à deux pour le retrouver et pour lui faire taire le Battant, si tu suis ma pensée…

Syn aurait aussi pu retranscrire les faits crûment et très authentiquement par "ils l’ont traqué comme un chien et l’ont abattu, probablement salement, vu que notre oncle Arcadius était de la partie et qu‘on a pas le droit de trucider un Morden impunément". Bien entendu son père ne lui avait jamais raconté cette petite histoire dans les détails ni permis à son oncle de le faire, mais pour qui connaissait les penchants particuliers de l’eontr a-berzh tad Morden nul besoin d’être devin pour présager des conditions de passage de vie à trépas particulièrement douloureuses qu‘il avait pu expérimenter sur son cobaye.
Si Absynthe connaissait des sorts aussi tordus, "sortis de nulle part", c’était que tonton avait été bien plus ouvert et encourageant que papa sur certains domaines. Par contre, tonton était bien moins recommandable que papa. Hautain même avec le sourire, ouvertement immoral et corrompu jusqu‘à la moelle, le prototype parfait de ces érudits chercheurs fous visionnaires et appliqués insensibles. Le genre de type qui gardait des Inferis dans son sous sol et revissait des mains à la place des pieds en quête de toujours plus de pouvoir. Et employé au département des Mystères, cause ou conséquence de son activité mentale soutenue et singulière...


-Avant de passer la baguette à gauche notre ami leur a très courtoisement révélé la nature de la malédiction qu’il avait lancé contre Théron Morden et ses futurs descendants. Il avait l’âme poétique et se "piquait" de justice car il décréta que « le mal était au cœur et ferait le corps miroir de l’esprit ».

Oui. Que tout le monde sache et reconnaisse la monstruosité des Morden dissimulée par des trompeuses apparences. Absynthe détailla le visage de Callista. Pour elle ce n’était qu’une petite histoire à raconter parmi tant d’autres. Elle n’appréciait ni sa tante ni Séléna et avait trop peu connu Théron pour éprouver ne serait ce qu’une petite pointe d’affection envers lui alors elle n’allait certainement pas geindre sur son cadavre. S’aurait été le cas s’il n’avait pas été vengé.

*"Il n’y a pas pire offense faite à sois même que de laisser l’insulte et le crime impardonnés. C‘est se cracher au visage. S‘en prendre aux tiens, c‘est s‘en prendre au nom que tu portes et cette atteinte doit être punie avec autant de sévérité que si tu étais toi-même visée. Notre unité est notre force." *

Un des rares discours de son père avec lequel elle était en total accord. Calli s’en souvenait-elle ? Sa sœur défendrait toute la terre par charité ce qui rendait moins sûre sa loyauté au clan. Paradoxalement Absynthe qui était la plus prompte à servir ses propres intérêts aurait bondi pour la mise à mort du premier clampin se croyant assez malin pour s’attaquer à un lointain cousin Finlandais ou Autrichien. Par cet orgueil que lui conférait son nom elle ferait n’importe quoi. Elle l’avait prouvé. Cependant pour bénéficier de cette protection il fallait bien entendu rentrer dans les standards Mordeniques ce qui excluait d’emblé les ratés fangeux d’Angleterre et les Traître à leur Sang opportunistes d’Italie…

-Et qu’est-ce qu’on fait nous pour contrer le mauvais sort ? Eh ben on lui change le cœur !

Tadzam…Mais ce n’était qu’une mise en bouche introductive et admirable de pureté comparée à ce qui allait suivre. Nul doute cependant que son aînée trouverait le moyen de se récrier.

-Je devrais même dire on l’échange si je veux être correcte. Malheureusement il ne suffit pas d’aller dépecer le premier chiard qui déboule au détour d’une rue et de repartir avec son cœur sous le bras. Si ce genre de choses était aussi simple personne n’aurait jamais rien su de "l’affliction" de Séléna parce que c’est-ce que notre grand-oncle aurait fait de suite pour sa petite fille et ainsi s‘épargner cette honte qui leur pendait au nez. Toujours avec moi ?

HJ : Eontr a-berzh tad = oncle paternel, mais ça évitait une répétition et c’était plus pittoresque. niarkhéhé
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MessageSujet: Re: La mort aux trousses [Finito]   La mort aux trousses [Finito] - Page 2 EmptyVen 25 Jan - 22:33:01

Ainsi donc on y était. Absynthe rentrait enfin dans le vif du sujet et détruisait mot par mot les certitudes de Callista. Leur famille était particulière. Vrai, ça elle l‘avait toujours su. Mais ils n’étaient pas des monstres assoiffés de pouvoir et ivres de la soumission des autres, ça elle y avait toujours cru.

*Pas comme eux. Ce n’est pas possible. Non, pas comme EUX !*

Ces autres Sang Pur. Du tout au tout pourtant, devant ses yeux fixés sur le visage de sa sœur, la jeune femme voyait se jouer ces évènements passés. Son père et son oncle réclamant vengeance pour leur cousin décédé et obtenant justice d’eux même. Sans ébruité, sans procès ni lois. Pouvait-on réellement parler de justice dans ces conditions ? Syn ne le disait pas clairement mais Théron Morden n’avait-il pas été le premier à déclarer la guerre à cet homme, cet inconnu, ce mage noir, mort désormais ? Cet homme à la revanche disproportionnée pour vouloir gâcher les vies innocentes. Pas de vertu contre le vice dans ces combats. Sa famille avait répondu au mal par le mal.

*Nous ne sommes pas eux, nous sommes pires.*

Callista tenta d’écouter sans s’impliquer, de ne pas penser à son père, son oncle, son grand-oncle. Tout ceux qui avaient oeuvré dans cette affaire. Des membres de sa famille, son quotidien, ce banal quotidien. Ce n’était pas une histoire sordide dans la presse comme on en trouvait parfois. C’était leur histoire. Son histoire. Un règlement de compte entre deux plaisanteries qu’on s’échangeait d’un bout à l’autre de la table de Noël rassemblant tantes et cousins. Leur famille. Tout le monde s’en fichait. La guérisseuse était la seule à s’en révolter. Quelle était la bonne question : Pourquoi sont-ils tous comme ça ou bien pourquoi suis-je ainsi ? Pas tous…Il devait y en avoir d’autres qui ne se doutaient de rien ou qui ne cautionnaient pas ces actes à défaut de s’y opposer.

"-Et qu’est-ce qu’on fait nous pour contrer le mauvais sort ? Eh ben on lui change le cœur !"

-De quoi ?! Qu’est-ce que tu dis ?!

Le sens était très clair, mais absurde. Au cours de ses études pour devenir guérisseuse la jeune femme avait étudié la Magie Noire afin de pouvoir mieux lutter contre les maléfices et en atténuer les séquelles. Car on ne guérissait jamais de ces sortilèges sauf si l’on faisait appel à une magie si puissante et si coûteuse qu’elle n’était à la portée que de quelques personnes. Ou plus simplement on en détournait les effets. Ce qu’Absynthe était entrain de lui raconter.
Callista déglutit malaisément. Dans quoi ses souvenirs les plus heureux étaient-ils entrain de sombrer ? La guérison de Séléna, son échappée des ténèbres et de la réclusion, était un de ses souvenirs qui lui ramenait toujours l’espoir de voir les choses s‘améliorer. Un drôle d’espoir terni à présent, plus aussi lumineux, imparfait et bancal. Les siens pouvaient-ils ne pas entacher leur mérite avec la mort ? La loyauté elle-même devenait effrayante. La valeur du sacrifice parmi les plus belles de toutes prenait un jour sanglant éclairée par la « dévotion » de ses proches. Ce n’était pas un mal pour un bien. C’était le mal et le bien mélangés jusqu’à ne faire plus qu’un, un sentiment étrange sans nom.

Mais alors que sa sœur parlait, révélait, quelque chose de plus sinistre s’insinua lentement. Dans son ventre contracté ou son cœur ralenti Callista pouvait lire une chose. Elle n’en voulait pas à sa famille. Sa révolte était grande, mais son ressentiment inexistant. Elle se sentait révulsée à l’idée de faire couler le sang, mais cette situation, initié par Théron, frappait une innocente. Un peu plus tôt Callista avait enfreint la plupart des règles les plus importantes de Ste-Mangouste pour sauver Absynthe. Au mépris de tout. Si le prix avait été plus grand…Encore une fois elle ne savait pas. Et son manque de connaissance sur ses propres actions acheva de l’assommer. Avec quoi devait se mesurer le prix de l’attachement ?


*"Cette honte".*

Attachement vraiment ?

-Ne t’inquiètes pas je reste avec toi jusqu’à la fin.

Répondit la médicomage d’une voix faible. Le sentiment de flotter entre deux eaux malgré la froideur du pavé sous son dos, elle ne voyait même plus sa sœur seulement ses souvenirs qu’elle regardait se dissoudre et se découdre. Tout était noir, sans souffrance. Un peu de sang tiède coula de sa joue à son oreille provoquant une sensation désagréable.

La guérisseuse devait maintenant prier pour que ses souvenirs restent fait d’ombres et ne se colorent pas du sang versé au nom de leur famille. Un espoir désespéré, elle le savait. Ses yeux cobalts se tournèrent alors vers la forme dénaturée et amorphe de Badcocke. Elle n’aurait jamais cru devoir penser ça, mais à présent tout était différent. Il fallait qu’elle le sauve si elle ne voulait pas être comme ses parents et participer à leur sinistre manège de châtiments et représailles.
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MessageSujet: Re: La mort aux trousses [Finito]   La mort aux trousses [Finito] - Page 2 EmptySam 26 Jan - 19:11:18

-On se sent prête et on a pas peur ? Je voulais te ménager parce que tu es déjà toute grise, mais c’est toi qui le veux, donc…Bien, comme je te le disais à l’instant…

Absynthe s’interrompit pour suivre le regard de sa sœur en direction de l’Eder limacisé qui enrichissait de sa présence gluante le pavé de Londres déjà bien garni en matière sur lesquelles le promeneur n’appréciait pas de marcher. La jeune femme se pencha un peu plus vers l’avant, les yeux plissés pour vaincre l’obscurité.

-Il a bougé là ? Non ?

De toute façon, il ne pourrait pas aller bien loin. Le temps qu’il comprenne que son statut d’être humain avait régressé au stade de l’invertébré basique métazoaire triploblastique cœlomate bilatérien protostomien….Ensuite le moment de panique et/ou de désespoir qui s’ensuivrait…Puis il lui faudrait comprendre comment fonctionnait son nouveau corps. Et s’il essayait malgré tout de se faire la malle à la vitesse de pointe de trois mètres par jour, Syn était optimiste sur ses chances de le rattraper. Le résultat parfait de son sortilège la faisait se sentir heureuse d’être plus cultivée que la moyenne. Toutes ces années passées à se plonger dans les livres en oubliant de vivre avaient au moins eu cet avantage ! Oui, elle y pensait maintenant, comme ça. Il n’y avait jamais assez de bons moments pour la gratification de sa personne.
Cependant Callista soupirait qu’Absynthe l’achève et la guérisseuse était en première sur sa liste d’attente. Si la position de l’occultiste était tout à fait confortable, elle devait s’avouer grandement surprise de ne pas encore avoir essuyé une seule tentative de rébellion de la part de sa sœur. Surtout que si elle comparait leur réaction respective, quand Badcocke l’avait étendu au sol et s’était allongé par-dessus elle, la française n’avait pas joué les comateuses hibernatives et s’était débattue comme une diablesse. Pour finalement se libérer d’un poids nettement supérieur à ce que Calli devait supporter avec elle. Trop faible, trop bouleversée, trop désireuse d’écouter ou bien préparant un plan ?


*Sûrement un peu des trois premiers.*

Méfiante tout de même, Absynthe ramena les baguettes dans son dos avant de poursuivre son récit sur le même ton de fait divers. Tout était déjà si vieux…

-Ce qu’il nous fallait était pour ainsi dire introuvable. Le cœur d’un enfant doué de pouvoirs magiques, en bonne santé et mort de sa belle mort. Pas de sortilèges impardonnables ni aucune autre magie ne devait avoir été utilisé pour le tuer. Pas de mort violente à la façon des moldus et des bêtes non plus. Bref une véritable impasse car à sept ou dix ans la plupart des moutards se réservent encore de belles années devant eux. Jusqu’au jour où Maiwenn est passée à travers la glace du grand lac…

La petite fille de leur nourrice dont le frère aîné, Deniel, était ami avec Absynthe. Souvent à les suivre sans leur autorisation lorsqu‘ils s‘aventuraient dans les bois environnants, l‘enfant qu‘était alors Absy détestait cette habitude désagréable et indiscrète. Avec Deniel elle partageait la plupart de ses secrets, elle avait ce qu’elle voulait, un confident inférieur à elle de part sa position et qui la considérait comme une princesse de conte de fée. Elle s’était dit qu’ils seraient plus tranquille sans cette sœur encombrante et que sa nourrice désormais privée de fille lui réserverait une affection exclusive. Mais la famille était partie juste après le drame et la cadette des Morden n’avait même pas revu Deniel à BeauxBâtons.

-C’est Jova qui a découvert le corps pris dans la glace, qui a prévenu notre père précisément en compagnie de son frère quand le garde forestier lui a tout déballé d’une traite et notre oncle a tout de suite vu l‘opportunité à saisir. Que la gamine fut morte de froid ou les poumons plein d’eau il tenait là l’ingrédient essentiel, l’ingrédient qui leur manquait pour "guérir" Séléna. Tu dois le savoir mieux que moi : l'asphyxie conjuguée à un froid intense n'arrête pas le coeur brutalement mais graduellement. La mort parfaite. Je sais que c’est notre oncle qui a eu l’idée et qui s’est chargé de tout puisqu’il s’est plusieurs fois plaint à moi de la réticence de papa dans cette affaire. Mais il lui a cédé et une fois la gamine enterrée tonton Arcadius est venu rouvrir sa tombe, lui et un de ses sbires, pour s’emparer du cœur.

Absynthe marqua un bref temps de pose et jeta un coup d’œil à la forme hésitante de Badcocke avant de revenir à sa soeur.

-Et il a substitué le cœur de Maiwenn à celui de Séléna. Je l’ai vu, ajouta la jeune femme en parlant de l’organe vital de leur cousine, c’est une petite chose racornie qui flotte dans un bocal d’eau putride et noircie par la malédiction toujours agissante. Le mauvais sort est enfermé dans ce bocal et protège notre cousine et ses futurs enfants, il ne faut jamais qu’il soit brisé sinon elle donnerait naissance à des monstres. Et ce serait l’hécatombe pour fournir des cœurs à toute la marmaille, maintenant qu‘il sait comment faire il n‘attendra pas que des gamins viennent prendre des bains de glace.

Elle n’aurait jamais rien su si son oncle n’avait pas laissé ouvert la porte de son laboratoire. A dessein. Comment sa nièce de quatorze ans aurait-elle pu résister à une porte toujours close soudainement béante devant elle, derrière laquelle se cachait tellement de mystères ? Il mourrait d’envie de lui raconter toute l’histoire depuis qu’Absynthe avait découvert la créature hideuse qu’était sa cousine et par-dessus tout, il avait besoin de quelqu’un pour flatter son génie, apprécier son talent, admirer son œuvre méconnue, l’admirer lui l’habile thaumaturge qui avait sauvé Séléna d’une vie vouée aux ténèbres. Du moins jusqu’à temps que quelqu’un ne la tue par charité. Elle s'en rappelait si bien...L'expression penaude de son oncle devant cet oubli, ô combien impardonnable, de ne pas avoir scellé cette porte. Expression gâchée par ce sourire triomphant aux coins de ses lèvres et son regard brillant d‘excitation à l‘idée d‘avoir l‘oreille qu‘il attendait pour raconter ses exploits.

"-Qu’est-ce que c’est que ça ?!
-C’est le cœur de ta cousine, c’est le cœur de Séléna. Je suis celui qui l’a délivré. Et ton père m’a aidé. Un peu…Mais j’ai juré de garder le secret alors il va falloir oublier maintenant.
-Vous n’y croyez pas vous-même. Dites moi tout.
-Ne m’en veux pas, je censurerai quelques détails inutiles pour l’histoire ou bien ton père aura vraiment ma peau quand il saura que je n’ai rien épargné à ton ouïe délicate.
-Je ne lui dirai jamais rien.
-Bien sûr."

HJ : Mouallez comme c’est certainement mon avant dernier post, t’as le droit de lui faire un Tai Otoshi na *supra généreuse*
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MessageSujet: Re: La mort aux trousses [Finito]   La mort aux trousses [Finito] - Page 2 EmptySam 26 Jan - 23:42:40

"-Il a bougé là ? Non ?"

*Quelle discrétion Callista !*

-Heu…non non !

Il ne fallait surtout pas que sa sœur se doute de ses projets de sauvetage concernant le mage noir ! Badcocke était peut-être mauvais sous tout rapport, mais aussi peu fréquentable soit-il, il avait le droit à un procès équitable. La guérisseuse ne savait pas ce que lui réservait sa cadette mais elle n’avait plus peur d’envisager le pire. Absynthe n’était pas encore une meurtrière, elle devait s’en convaincre et elle ferait tout pour que sa sœur n’ait pas à le devenir cette nuit emportée par la colère et la vengeance.
Bien que les révélations de cette dernière ne lui amenaient aucun réconfort, la jeune femme fut soulagée de l’entendre poursuivre. Cela voulait dire qu’elle ne s’était pas trahie en montrant un intérêt trop évident à l’homme/limace. Il lui faudrait apprendre à dissimuler un peu mieux ce qu’elle ressentait à l’avenir. Surtout si la guerre entre membres de l’Ordre et Mangemort se prolongeait. Comme il était étrange de s’entraîner *avec* sa sœur qu’elle avait toujours voulu protéger contre ce genre de menace…


-Maiwenn…?

Callista avait répété le mot par automatisme, sans y penser. Réentendre ce nom l’attrista. Personne ne l’avait plus prononcé depuis près de onze ans. Depuis que la petite était morte gelée dans le grand lac aux abords du château. Depuis que la nourrice de sa sœur était partie loin de cette terre qui lui avait pris sa seule fille. Même si elle ne connaissait pas la petite, généralement fuyante et timide avec sa famille et les personnes plus âgées, Callista partageait un peu de cette douleur atroce, l’horreur de perdre son enfant. Le lac lui était apparu depuis sinistre et dangereux et si ses cousins et sa sœur ne l’avaient pas encouragé elle ne serait jamais retournée s’y baigner.
Mais c’était elle qui était plongée sous la glace à présent. Tous ses membres gelés, pétrifiés, il lui semblait regarder sa sœur derrière une plaque de verglas, loin au dessus d’elle. Ces mots comme autant de flocons de neige venaient se poser sur la plaque de givre et recouvrir peu à peu ce que Callista voyait du monde. Ce qu’elle en avait compris. Totalement recentrée sur elle-même la guérisseuse sentit une larme couler sur sa joue et s’accrocher à la commissure de ses lèvres. Elle ne faisait même plus l’effort de relever la tête pour croiser le regard d’Absynthe. Elle ne voulait rien lire dans ses yeux de jade car elle était sûre que ce qu’ils contenaient la blesserait encore plus. De l’admiration ou de l’indifférence. Voir les deux à la fois.
Elle n’avait rien fait, n’avait jamais rien su et pourtant elle se sentait crouler sous le poids de la culpabilité. Jamais la jeune femme ne s’était sentie aussi fautive. Coupable d’être une Morden, de partager le sang de ceux qui…qui faisaient ce genre de chose. Et de les aimer encore. A quoi devrait-elle se raccrocher cette fois ? A quelles illusions ? Trouverait-elle la paix de l’esprit dans l’innocence de son père ? Et quelle innocence ? Il avait permis, laissé faire, autorisé. Pour Séléna.


-Ce n’est pas possible.

Chuchota-t-elle totalement dépassée.

-Personne ne pourrait. TU MENS !


Elle revoyait son père à l’enterrement. Son père et son oncle adresser leur parole les plus respectueuses à cette mère dont l’enfant lui avait été arraché, leurs condoléances et promesses de soutient. Et ensuite son oncle aurait été profané cette tombe, la tombe d’une enfant, une petite fille, pour mutiler sa dépouille, échanger les cœurs par quelques noirs procédés et…et contourner la malédiction de Séléna. La faire naître à la vie après toutes ces années passées dans le noir, obligée de vivre cachée, sans recevoir d‘amour qui ne soit mêlé de pitié. Un destin horrible.
La similitude existante entre le geste de son oncle et le sien planta une lame glaciale dans son cœur qui sembla se clouer à sa cage thoracique. Elle ne voulait pas être comme
eux. Une vie pour Séléna. Elle n’était pas comme eux. Un innocent mourrait parce qu’elle avait utilisé les dernières Larmes de Licorne pour purger sa sœur de la Magie Noire qui lui nécrosait la jambe. Elle était comme eux. Mais Maiwenn était déjà morte. Mais les Larmes de Licorne prolongeaient souvent une vie qu‘on ne pourrait plus vivre.

*Des excuses, encore ?*

Callista pleurait vraiment désormais. Que pouvait-elle faire ? Elle était ulcérée par ce qu’avait pu commettre son oncle. Et elle aimait Séléna qu’elle ne pouvait blâmer, dont elle ne pouvait regretter la guérison. Elle était déchirée. Perdue. Le visage de Séléna était là, dans sa mémoire, sérieux et honnête. Jusqu’à quel point ? Savait-elle ? S’en moquait-elle ? Que ressentirait-elle si jamais elle apprenait que le cœur qui battait dans sa poitrine n’était pas le sien mais celui d’un cadavre ? Que l’avenir de ses descendants était à la caution d’un bocal infecté ? Qu’elle devait son bonheur à une enfant morte noyée ? La mort parfaite. La mort syncopale de ceux qui se noient dans l’inconscience. Oh oui on le lui avait appris sur les banc de l’université ! La respiration se suspend, état de mort apparente, le cœur continue de battre, lentement, doucement, longuement et s‘arrête, état de mort réelle. La mort parfaite.

-JE VOUS DETESTE TOUS !

Saisie, transportée par un éclair de haine elle renversa sa sœur sur le dos et la plaqua violemment contre le sol. Une pauvre enfant qui se débat aux membres engourdis par le froid et dont les yeux se ferment déjà. Son corps qui glisse par le fond, si calme après cet instant de panique insoutenable. Et ce que les siens en avait fait. C’était ça qu’elle comprenait.

-Vous n’avez pas pu faire ça !!! Dis moi la vérité ! Vous n’avez pas pu !

[HJ : Vas y je suis prête à perdre >.<]
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MessageSujet: Re: La mort aux trousses [Finito]   La mort aux trousses [Finito] - Page 2 EmptyDim 27 Jan - 13:04:36

-Mais c’est pas possible ! Non je ne mens pas ! Qu’est-ce qu’il te faudrait de plus pour me croire ? Un roman photo ?! Tu es vraiment désespérante là, je t’assure que ça me désole pour toi !

Callista s’enfonçait toujours plus dans la négation à tel point que s’en devenait réellement exaspérant. On aurait pu lui coudre les yeux au barbelé que ça n’aurait pas été un pire calvaire pour la forcer à les rouvrir ! Irritée, la jeune femme croisa les bras et inclina un peu plus la tête vers sa sœur qui lui faisait le coup de la larme à l’œil.

*Au bout du compte elle a compris ou pas ?!*

Syn repoussa d’un geste rageur les longues mèches de cheveux ondulés tombées devant ses yeux. Que pouvait-elle faire de plus ? Attaquer sournoisement le prochain couple de petits vieux moldus qui croiseraient son chemin, découper le mari et piquer le sac de sa moitié juste pour monter qu‘elle était "oh so evil" comme ces couillons de mangemorts le jour de la coupe du monde de Quidditch ? Qu’on ne s’y trompe pas, en temps normal elle aurait apprécié leur sens de l’humour, le coup des moldus volants aurait pu être amusant…Si seulement ils n’avaient pas flambé la tente sous laquelle elle arrosait fêtait la victoire Irlandaise. D’accord ce n’était pas sa tente qui avait pris feu et ses amis n’étaient pas vraiment ses amis, elle s’en fichait un peu. Beaucoup. Mais quand même ! Quand on avait un peu de sens civique on ne venait pas plomber le clou de la fête à trois heures du mat’ ! Un an après elle l’avait encore en travers de la gorge !

Et sous peu un autre souvenir devrait rester en travers de la gorge d‘Absynthe. Il ne vaudrait peut-être pas la gifle que sa sœur lui avait collé et encore moins le jour ou ce sal*** de fils de porc au sang de bourbe avait osé plaquer sa bouche contre la sienne, mais il serait à marquer d’une pierre noire également !
Comme une harpie qui se sentirait le soudain besoin d’étriper, son aînée renversa et la situation et sa sœur contre le sol. Absynthe heurta le pavé épaules les premières, mais sa tête emportée par le choc suivit et cogna contre les pierres humides. La sorcière grimaça et l’image de Callista aux traits déformés par…la haine ? Etait ce seulement possible que ce mot fasse partie de son vocabulaire ? Jusqu’ici la jeune femme l’avait cru bloqué à "l’indignation contrariée" comme plus bas niveau de son échelle à sentiments négatifs. En tout cas l’image de sa sœur se divisa, se recolla et se divisa par trois fois avant de se recoller pour de bon.
Ce qui vexait hautement la française était de ne pas avoir senti venir le coup. Mais quoi ? Quand quelqu’un se mettait à jouer les fontaines de larmes ce quelqu’un n’était pas censé vous sauter dessus comme un Loup Garou sur de la chair fraîche ! Le plus beau était tout de même son côté "je n’y crois pas" jusqu’au bout. Au lieu de profiter de son avantage pour reprendre sa baguette, elle lui demandait d’infirmer la vérité trop dur à ses jolies petites oreilles. L’ouie délicate de la famille c’était elle…


*Quand je pense que même moi j’ai dit à papa "Tu as fait ce qu’il fallait." !*

-Et donc qu’est-ce que tu espères après cet aveu peu banal ? Que je brûle d’amour pour toi ? Incendio !

L’occultiste pointa les deux baguettes vers le visage de sa sœur et la fit basculer sur le côté en lui donnant un coup de jambe latérale. ( ça fait trop judoka xD ) La jeune femme roula sur le côté et écrasa quelque chose de moelleux en se relevant. Le bouquet de Badcocke. Syn éclata de rire en contemplant les fleurs à ses pieds. Quel sens de l’ironie… et quelle éducation ! Son acharné vengeur connaissait le langage des fleurs ! Des hortensias pour vanter sa beauté gâchée par une trop grande froideur, des stramoines pour lui signifier que ses charmes n’étaient que des leurres, des juliennes pour lui rappeler que c’était elle la traîtresse et la fautive, des buglosses pour en remettre une couche sur sa perfidie et ses mensonges. Des pétunias pour signifier sa colère, sa fureur même, encerclés de chardons qui lui criaient sa vengeance. Et au centre une rose sauvage. Une seule. Et cette fleur généralement gage de fidélité sans faille avait une signification funeste au centre de ce bouquet. "Je vous suivrai partout". Ou que tu ailles quoi que tu fasse je serais là à t‘attendre, derrière toi. Jusqu’à ce que tu meures.
Absynthe lança un coup d’œil à la limace inoffensive et envoya le bouquet voltiger loin d’elle d’un coup de pied.


-Tu peux nous détester ça ne changera rien ! Tu fais partie de notre famille ! Même si tu n’en es pas le membre le plus représentatif et que j’ai souvent pensé qu’on t’avait adopté, tu es une Morden ! N’oublie pas à qui va ta loyauté. Si tu laisses filtrer quoi que ce soit de ce que je t’ai dit tu seras responsable du sort de notre cousine. Et si tu ne me crois pas…eh bien je ne sais pas : va chercher l’aiguille qui a servi à maudire notre oncle Théron dans le bureau de notre grand-père ! Tu es tellement douée en sortilège tu ne devrais pas avoir plus de mal que moi à t’infiltrer ! Ou si tu penses pouvoir tirer quelque chose d’un squelette va rouvrir le cercueil de Maiwenn Laudren ! Diffindo !

Mais cette fois ce n’était pas Callista qui était visée. Le corps flasque et visqueux de Badcocke se trancha en deux par le milieu et la bestiole se tortilla un moment en répandant un peu plus des fluides répugnants contenus dans sa dépouille de larve abusivement grasse. Une mort écoeurante et dans la caniveau, une mort d’une simplicité pitoyable. Pas plus qu’il ne méritait. Absynthe était tellement au dessus de tout maintenant qu’elle ne ressentit pas de plaisir particulier à mettre un terme à la vie du sorcier qui avait tenté de la tuer. Son trépas était même tellement fade qu’elle en était déçue et une moue boudeuse gonfla ses lèvres.

-Ou si tu as un peu de cran va parler à papa.

Elle jeta la baguette de Callista à ses pieds et transplanna sans un mot de plus, laissant sa sœur se mouronner seule dans son allée londonienne. Elle en avait assez de l’Angleterre pour cette nuit !
Devant elle se dressait les murs d’une grande bâtisse blanche aux tuiles bleues. L’air était plus tiède et les saules bruissaient au gré du léger vent nocturne. Un petit cours d’eau contournait la maison et des canards aux plumes bariolés dormaient sur la berge tapissée de mousse. Un charmant petit tableau idyllique qu‘elle n‘avait pas vu depuis longtemps, perdue dans sa grisaille anglaise, cette foutue grisaille anglaise. Elle se sentait tellement…usée…
Une silhouette apparue derrière une des hautes fenêtres étroites aux rideaux translucides. La française n’avait pas eu le courage de rentrer au château et que son père la voit ainsi. Ce n’était peut-être pas sa maison, mais elle s’y sentait comme chez elle, dans sa famille helvétique. Des gens à l’accent traînant aussi charmants que l'endroit. Mais ce fut une petite voix flûtée qui perça le silence feutré à hauteur de ses genoux.


-Oh mademoiselle Absynthe dans quel état vous vous êtes mise pour venir ici !

-Je meurs de faim Mazzie. Annonce moi à tes maîtres et prépare moi quelque chose à manger.

-Tout de suite mademoiselle !


Dernière édition par le Sam 16 Fév - 2:29:20, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: La mort aux trousses [Finito]   La mort aux trousses [Finito] - Page 2 EmptyDim 27 Jan - 15:48:39

Que devait-elle faire pour faire taire la vérité ? Etrangler sa sœur ? La jeune femme regretta de ne pas en être capable. Si seulement elle avait pu hériter de cette capacité d’indifférence, elle aurait fait un véritable carnage dans sa famille ce soir ! C’est tout ce qu’ils méritaient ! Pour l’avoir tenu à l’écart, pour être ce qu’ils étaient : despotiques et s’adorant eux-mêmes sous le nom d’Elite, de Sang Pur. Quel mauvais sort avait voulu que Callista subisse cette famille à la philosophie sanguinaire d’un autre âge ? Qui l’avait faite si faible qu’elle ne pouvait toujours pas oublier l’affection pour ses parents sous les nuages noirs de la fureur ?

-Ça suffit je ne veux plus rien entendre !!! Plus un mot quel qu’il soit, Aaah !

Callista détourna la tête sur le côté pour épargner les flammes à la peau de son visage. Ses cheveux en revanche n’eurent pas cette chance et une odeur de brûlé lui remplit les narines. Elle accompagna le geste de sa sœur visant à la mettre par terre, les petites flammèches léchant ses boucles noires, si près de sa peau qui se fendillait déjà comme du bois trop sec. Ne sachant quoi faire sans baguette pour éteindre l’incendie elle chercha d’abord à moucher les flammes en tapotant ses cheveux contre les pavés mouillés, mais si quelques flambeaux s’éteignirent les autres continuèrent à monter jusqu’à lui rougirent l’oreille. Elle referma une main à la peau fine totalement roussie sur ses cheveux en feu, espérant arrêter la progression avant qu’elle ne lui incinèrent le sommet du crâne. Son stratagème de secoure fonctionna et elle s’en sortit avec des cheveux grésillant de braise et une main endommagée, paume et doigts brûlés jusqu’au sang.
Assise pitoyablement au sol elle chercha les yeux de sa sœur. Elle voulait se couper contre leur éclat si vif, que plus jamais elle n’ait d’affection pour elle. Que tout ce qu’elle avait cru soit mort et enterré. A propos d’elles. A propos de leur famille. Et à présent il lui faudrait faire un choix. Ignorer et oublier ou bien découvrir…et affronter.
Se couper définitivement de sa famille aux principes à l’encontre de ce qu’elle s’était jurée de défendre, prendre un autre nom peut-être, ne plus jamais les voir, ne plus jamais les entendre, ne plus jamais retourner dans sa chambre. Perdre l’espoir d’être réellement aimée par son père. Ou s’opposer à eux. Ouvertement. Avec tous les risques qu’elle supposait encourir. Que feraient-ils ?


*Nous verrons cela. Nous verrons jusqu’où ils oseront aller.*

-Ahah ! Oui bien sûr, je vais aller jouer les profaneuses de tombe comme notre cher oncle Arcadius ! Parce que c’est tout à fait normal d’agir comme ça ! Nous sommes quand même les Morden, nous ne nous arrêtons pas à des choses aussi futiles que la morale ! Les principes ? Pff c’est bon pour les pégus ! Nous avons le pouvoir du sang, nous voulons, nous prenons ! Désolée d’être une déception mais je ne suis pas comme vous ! Je ne le serais jamais ! Je vous…NON !!!

La peau de son visage tirée et ridée par les flammes s’étira douloureusement au cri poussé par Callista. Elle l’avait fait ! Absynthe venait d’assassiner Badcocke comme s’il n’était qu’une vulgaire…vermine. Ce en quoi elle l’avait transformé. Muette d’horreur elle ne réagit pas au rebond de sa baguette contre les pierres grisâtres. Elle resta là à fixer le corps fendu en deux, les yeux perdus et l’esprit effondré. C’était un meurtre. Le meurtre d’un mage noir qui devait certainement avoir plusieurs victimes à son actif, mais un crime loin de la légitime défense. Aux yeux de la lois la différence se jouait aux nombres d’années à purger sa peine. Aux yeux de Callista la différence était floue. Sa cadette avait simplement découpé le sorcier. Comme ça. C’était fini. Elle posa ses yeux sur les restes de la larve, "écoeurament" luisante à la lumière blafarde de la lune. Un tout petit meurtre sans importance. Un insecte qu’on écrase. La mort parfaite. Si fautif ? N’avait-il pas tenté de dire à l’aînée des Morden que sa sœur avait été la première à ouvrir les hostilités ?

*Ce qu'il méritait c'est tout. Ne pleure pas cette fois, ne sois pas faible.*

Comme on changait avec un rien...

Son regard se posa par inadvertance sur la petite balle en mousse toujours fichée à son talon. La jeune femme l’en extirpa et commença à la faire tourner entre les longs doigts pâles de sa main indemne. Parler à son père elle ne pourrait jamais. Pourtant il fallait qu’elle soit sûre avant de faire quoi que ce soit. L’aiguille ne prouverait rien concernant Séléna. Elle devait donc parler à leur oncle et la médicomage doutait qu’il lui réponde avec autant de sincérité qu’à Absynthe. Ou qu’il ne tente pas quelque chose pour lire dans son esprit. Il y avait peut-être quelque chose de plus fin à accomplir parmi les siens. L’inverse de ce que sa sœur avait dû faire durant toute ces années. L’ange de façade. Pourquoi ne pas prétendre la même chose ? Si elle pouvait en apprendre suffisamment sur eux, s’introduire au cœur de leurs machinations, elle pourrait les détruire plus facilement, faire s’effondrer leur empire de l’ombre. Son père, sa mère, ses cousins. Tous. Où trouverait-elle le courage de se retourner contre eux ? Personne ne pourrait le faire sinon un autre Morden.

Elle ramassa sa baguette et se soigna mécaniquement appréhendant déjà ce qu’il lui restait à faire. La membre de l'Ordre se pencha à nouveau et recueillit dans ses bras le bouquet traînant au sol. Puis elle reprit la direction de Ste-Mangouste d’un pas calme, quoique encore hésitant.

La vieille Mrs. Abbey serait contente de recevoir des fleurs.
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