Envers et contre tout {Terminé}

Lynn était installée à une table de la salle commune, le regard perdu dans le vague, enroulant machinalement une mèche de cheveux. Elle n’avait presque pas bougé depuis que les membres de l’équipe de Quidditch étaient partit s’entraîner, emmenant bien évidemment William avec eux.

Elle avait bien essayé de s’intéresser à son devoir de métamorphose mais ses yeux étaient indubitablement attirés par la fenêtre et les anneaux du terrain de Quidditch qu’elle pouvait apercevoir à travers.

*Lynn, arrête, c’est ridicule…*

Elle secoua la tête et se mit à relire le sujet de son devoir pour la énième fois. Sans rien comprendre…

Elle poussa un soupir et referma son livre. Ça ne servait à rien… Il fallait qu’elle trouve quelque chose à faire. Après mûre réflexion, elle décida d’aller assister à la fin de l’entraînement. Elle était de toute façon incapable de se concentrer en cette fin d’après-midi.
Elle pourrait attendre William et ils rentreraient ensemble…

La jolie gryffondor rangea ses affaires dans son sac et après avoir été cherché son écharpe, sa cape et son éternel carnet de croquis, elle quitta la salle commune, puis le château, en direction du stade.
Il faisait encore jour mais la nuit ne tarderait pas à tomber.

Lynn arriva près du terrain et leva les yeux pour voir Lellia donner des instructions à son équipe.
Ne voulant déranger personne, elle rejoignit discrètement les tribunes et s’installa. Elle vit William lui faire un signe de la main et elle y répondit en souriant avant qu’il ne se fasse rappeler à l’ordre –heureusement gentiment- par Jaina qui vint également saluer la lionne.
Lorsque l’attrapeuse fut repartie, Lynn ouvrit son carnet de croquis sur le dernier dessin et se sentit rougir en voyant le portrait de William qu’elle avait réalisé près du Lac quelques jours auparavant… quand Cyanur l’avait surprise…

Se sentant complètement idiote de rougir pour un dessin, elle tourna la page un peu brutalement. Profitant d’avoir encore assez de lumière, la jeune fille observa quelques instants les joueurs et se mit à croquer sur la page vierge. Plus que les joueurs eux-mêmes, elle cherchait à reproduire leurs mouvements, à traduire leur fluidité et leur rapidité.

Elle frissonna lorsque le vent s’engouffra dans ses cheveux, les faisant virevolter devant son visage. Lynn repoussa quelques mèches derrière ses oreilles et se concentra sur l’équipe.

Prise dans son dessin, elle ne vit pas le temps passer. L’entraînement prit fin et les joueurs rejoignirent les vestiaires.

Lynn en profita pour quitter les tribunes et alla attendre le rouquin au pied de celles-ci.
Les filles furent étrangement les premières sorties et Jaina se contenta de lui faire un clin d’œil -que Lynn préféra ne pas chercher à comprendre- avant de s’éclipser.

Le soleil était bas à l’horizon et ne tarderait pas à disparaître derrière les montagnes. Perdue dans ses pensées alors qu’elle admirait le spectacle, Lynn n’entendit pas celui qu’elle attendait arriver derrière elle…

William avait quitté Lynn un petit moment auparavant, et ils s'étaient donné rendez-vous dans la Grande Salle, pour le dîner. La jolie brune avait annoncé, sans enthousiasme, qu'elle allait faire son devoir de métamorphose- celui qu'ils étaient censés faire depuis plus d'une heure, leurs parchemins dépliés devant eux... mais ils avaient consacré cette heure à une discussion nettement plus agréable, à mi-voix, sous les regards insistants de certains autres Gryffondor.
Bref, lorsque William, du haut de son balai, aperçut la silhouette de son amie, une bouffée d'inquiétude lui serra les entrailles. Que s'était-il passé pour que Lynn vienne le rejoindre au stade, si tôt avant leur rendez-vous? avait-elle eu un problème? une rencontre inopportune?... Aussitôt, l'image d'Ultan s'imposa à l'esprit de William, et un scénario catastrophe s'échafauda à toute allure... Lynn avait quitté, Merlin sait pourquoi, la salle commune, et elle était tombée sur Ultan qui avait recommencé à la brutaliser... Elle avait réussi à lui échapper in extremis et s'était précipitée vers le terrain de Quidditch, où s'entraînaient ses camarades de maison...

-WILLIAM ! Tu veux bien faire un peu attention à ce qui se passe, s'il te plaît?

La voix irritée de Lellia ramena Will à la réalité immédiate- en l'occurence, un Cognard qui volait droit vers lui. Le rouquin évita le projectile, et s'efforça de reprendre l'entraînement sérieusement, mais son regard revenait fréquemment sur Lynn. A cette distance, dans la pénombre croissante, il ne voyait pas ce qu'elle faisait, et son inquiétude le tenailla durant toute la fin de la séance.
Lorsque Lellia les lâcha enfin, Will se rua vers les vestiaires, où il se dépêcha de se doucher et de se changer... Il ne fut pas le premier à sortir, cependant, car il avait perdu l'une de ses chaussures, et il mit un certain temps à la retrouver (en haut d'une étagère, où quelque mauvais plaisant avait dû la cacher). Le rouquin se chaussa en ronchonnant, ses soupçons se portant (comme toujours) sur Jaina, qui était sortie en riant beaucoup...
William fut le dernier à quitter les vestiaires, et il se hâta en direction des tribunes, où Lynn l'attendait sans doute. La jeune fille se tenait au bas des gradins, plongée dans la contemplation d'un spectacle si passionnant qu'elle ne tourna même pas la tête à l'arrivée du rouquin. En revanche, elle sursauta violemment lorsqu'il lui demanda d'une voix tendue:

-Lynn... qu'est-ce qui se passe?

-Lynn... qu'est-ce qui se passe?

La jeune fille sursauta et se retourna pour faire face à un visage familier:

- Ho, William ! Rien, tout va bien... sourit-elle.

Se rendant compte qu'il avait l'air inquiet, elle expliqua:

- Je m'ennuyais... j'arrivais pas à faire ce fichu devoir alors..

Elle lui montra le carnet de dessin avec sourire d'excuse:

- Je me suis dit que j'allais venir t'attendre ! Je n'aurais pas dû ? Je suis désolée, je voulais pas t'inquiéter ! Je pensais que ca te ferait plaisir... et qu'on pourrait rentrer ensemble...

Elle détourna les yeux et retourna son attention sur le soleil couchant pour ne pas avoir à plonger ses yeux dans les siens, serrant son cahier contre elle:

- Alors, cet entraînement...? Interrogea-t-elle, se mordant légèrement la lèvre inférieure.

Elle jeta un regard derrière son épaule pour voir qu'ils étaient les derniers dehors. Elle frissonna et demanda:

- Est-ce qu'on peut... enfin ce que tu veux bien... qu'on reste un peu avant de rentrer...? Ca fait longtemps que je n'ai pa vu de coucher de soleil...

Et celui-ci était particulièrement beau. Les très rares nuages semblaient être en fusion, dans des teintes d'orange et de rose, faisant planer une atmosphère presque iréelle.

Le sourire de Lynn dissipa immédiatement les inquiétudes de William, qui se reprocha silencieusement de se faire de tels films pour rien. Il n'y pouvait rien ; depuis sa rencontre avec Aïlin dans la forêt, il s'inquiétait énormément pour Lynn. Entendre le Serdaigle parler d'elle avec tant de dureté avait convaincu le rouquin que son amie risquait gros... et qu'elle devait se méfier autant d'Aïlin que d'Ultan. Il s'était donc mis à surveiller discrètement Lynn, pour lui éviter de se retrouver dans une situation aussi pénible que l'année précédente, lorsqu'il l'avait trouvée en compagnie d'Ultan... Bien sûr, il essayait de se montrer attentif, mais il ne fliquait pas Lynn pour autant... un tel comportement lui aurait paru indigne. On protège ses amis, on ne les espionne pas...
William passa une main dans ses cheveux encore humides de la douche, qui lui tombaient devant les yeux, et répondit laconiquement:

-L'entraînement... ben... tu as vu toi-même...

Il ne s'était pas montré au mieux de sa forme, ce soir-là. Il avait plusieurs fois laissé échapper le Souafle, ce qui lui avait valu des remontrances de Lellia et les quolibets de Jaina. Les pensées du Gryffondor étaient constamment tournées vers autre chose... allez savoir quoi.

-Tu n'as pas froid? demanda-t-il à mi-vois lorsque Lynn proposa de rester dehors encore un moment. Moi, je commence à avoir un peu froid... Si j'attrape la crève, Lellia me tue. Mais on va marcher un peu, d'accord?

Il déploya sa cape autour de ses épaules, et posa sur les gradins son balai et ses affaires de Quidditch. Personne ne viendrait les lui voler ici. Il sourit alors à Lynn et lui offrit galamment le bras en minaudant:

-Me ferez-vous l'honneur, très chère?...

William passa une main dans ses cheveux mouillés et Lynn eut l'impression que son ventre faisait un looping. Il était si mignon....

Il ne lui donna pas beaucoup d'informations sur le déroulement de l'entraînement et elle ne lui avoua pas qu'elle n'avait pas suivit grand chose. A trop suivre les mouvements d'un seul joueur... on perdait rapidement le fils...

Il lui demanda si elle avait froid et elle secoua la tête. Ce n'était pas tout à fait vrai, mais pour le moment, elle était bien trop contente d'être là avec lui pour s'en soucier.

Lui en revanche, avait un peu froid:

- Ho, je suis désolée... je n'y avais pas pensé... on peut rentrer tout de suite si tu préfères !

Il mit sa cape et posa ses affaires sur les gradins avant de lui tendre le bras.

Avec un sourire en coin, elle posa son carnet à croquis près du balais du rouquin et lui fit une légère révérance avant d'accepter son bras:

- Avec plaisir, monseigneur...

Elle se serra tout contre lui, essayant de se réchauffer -bien qu'elle n'ait pas froid - et de lui communiquer un peu de sa chaleur:

- Je m'en voudrais que tu tombes malade à cause de moi...

Elle l'attira avec elle vers le centre du terrain et l'invita à s'asseoir dans l'herbe fraîche mais pas encore humide. Lynn posa sa tête sur l'épaule du rouquin et une fois à nouveau collés l'un à l'autre -dans le seul et unique but de ne pas avoir froid- ils contemplèrent le spectacle qui s'offrait à eux, baignant leur deux visages d'une douce lueur réchauffante et apaisante.

Ils restèrent silencieux un long moment à regarder les derniers rayons du soleil se battre pour leur donner encore un peu de lumière puis Lynn se tourna légèrement vers le poursuiveur, étudiant son visage à la dérobée. Ses joues rosirent lorsqu'elle se rendit compte de ce qu'elle faisait et elle voulut passer une main dans ses cheveux, chose qu'elle faisait machinalement lorsqu'elle était nerveuse. Mais c'est seulement à ce moment là qu'elle réalisa que leurs mains étaient toujours enlacées...

Lynn proposa de rentrer pour éviter à William d'avoir froid, mais il était manifeste qu'elle n'était pas très convaincue par ce qu'elle disait. De toute façon, une fois bien emmitouflé dans sa cape, le rouquin ne pouvait plus avoir froid... Il possédait une épaisse cape, étudiée pour protéger contre les pires froids. Il se garda bien, cependant, de mentionner ce détail - sentir Lynn tout contre lui était bien trop agréable, et la chaleur communiquée par la jolie brune était bien plus intense que celle que fournissait la cape... Bizarre, d'ailleurs... C'étaient les joues et les mains du jeune homme qui s'étaient réchauffées le plus vite- les joues parce qu'il avait rougi, les mains parce que Lynn les avait prises dans les siennes.
Les deux adolescents s'assirent dans l'herbe, et Lynn posa doucement sa tête sur l'épaule de William. Le rouquin n'osait plus bouger, à peine respirer- il avait peur de briser ce moment qui lui semblait si fragile.
Il sentit la main de Lynn s'agiter légèrement dans la sienne, mais il ne bougea pas. Elle avait pris sa main, elle était venue l'attendre au terrain de Quidditch... Tout un monde de pensées se bousculaient dans sa tête, mais un sentiment dominait...
Le bonheur.
Un bonheur intense, qui lui donnait l'impression d'être légèrement ivre... Jamais William n'avait éprouvé ce sentiment- il avait déjà été heureux, bien sûr, mais jamais à ce point-là. Un instant, il s'imagina à Brighton, dans le jardin de la maison familiale, présentant Lynn à ses parents... "Lynn, une amie", dirait-il- car il disait toujours qu'elle n'était qu'une amie, malgré les multiples signes qui tendaient à prouver le contraire.
Il ne doutait pas un instant de la réaction de ses parents : ils accueilleraient Lynn comme leur fille. Il se doutait un peu que lui-même ne serait pas traité comme un fils chez les Bower, mais il ne pouvait pas se résoudre à évoquer ces gens alors qu'il était si heureux.
Pour chasser de son esprit le visage d'Ultan, il murmura:

-On est bien...

Et, cesant d'observer le coucher de soleil, il se tourna vers Lynn, et rougit de plus belle. Leurs visages étaient à quelques centimètres l'un de l'autre....

-On est bien..

Lynn acquiesça, un petite sourire aux lèvres. Oui ils étaient bien... ils étaient toujours bien ensemble...

Ils se connaissaient depuis longtemps maintenant... Ils avaient appris à se connaître même si le courant était tout de suite bien passé entre eux... William était même le seul garçon -mise à part son frère- avec qui Lynn partageait de tels instants de complicité.
Avec beaucoup d'autres, un silence aurait paru gêné... alors qu'entre eux, même lorsqu'ils ne parlaient pas, ils parvenaient à apprécier l'instant présent, par la simple présence de l'autre...

Alors que Lynn observait le rouquin, les joues rosies, il se tourna vers elle.

Elle frissonna lorsque leurs regards se croisèrent, mais ce n'était pas de froid....

Elle eut l'impression que son ventre se tordait, que son souffle s'accelerait légèrement tout comme son rythme cardiaque... Elle avait ressentit la même chose avant son dernier examen de Potion, le regard de Rogue fixé sur elle, les mains tremblantes.

Elle remercia mentalement Merlin que ses mains soient toujours cachées par celle de Will. Au moins, ne les voyait-elle pas trembler, ce qui aurait eu pour effet de la faire complètement paniquer.

C'est vrai ! Qu'est-ce qui lui arrivait ? Elle ne comprenait pas pourquoi elle était si tendue tout à coup. Elle n'était pas en train de passer un examen très important, ou de ressasser le passé, elle n'avait aucune raison d'être stressée ou nerveuse... elle avait déjà été aussi proche de lui physiquement... ca ne pouvait pas avoir de rapport.... si ?

Peut-être était-ce la façon dont il la regardait... elle était bien trop inquietée par le bruit des battements de son coeur -est-ce qu'il les entendait ? Il lui semblait que la terre entière devait l'entendre...- pour faire attention au fait que lui aussi avait rougit. Et puis, elle ne regardait que ses yeux....

Un instant son regard descendit jusqu'à ses lèvres et elle repensa à ce que lui avait dit Lavande sur les baisers.

Lynn releva brusquement les yeux pour les river à ceux du rouquin. A quoi se mettait-elle à penser ? Ce n'était que William... Ils étaient amis... rien de plus...

Mais malgré elle, elle se demanda si ce serait agréable qu'il l'embrasse...

Elle desserra légèrement ses mains de celle du rouquin et se demanda depuis combien de temps ils se regardaient comme ça... Elle avait l'impression que cela faisait des heures tant son ventre lui faisait mal... mais cela ne devait avoir duré que quelques secondes....

Il fallait qu'elle fasse quelque chose... qu'elle dise quelque chose... mais seuls deux mots franchirent ses lèvres:

- Will.... Je...

Rien à dire. Ils étaient trop bien pour avoir besoin de mots... En l'espace de plusieurs minutes, les deux adolesents n'avaient prononcé que cinq mots- et encore, à voix basse et presque avec hésitation, comme s'ils craignaient de faire fuir leur bien-être. Autour d'eux, les bruits familiers de la nuit semblaient eux-mêmes un peu lointains, et les deux Gryffondor étaient comme dans une bulle ; une bulle de silence et de chaleur, c'était du moins ainsi que William le ressentait.
Son coeur cognait frénétiquement dans sa poitrine, et une chaleur extrême sur ses joues lui fit craindre un instant d'avoir la fièvre. Cette fièvre- car c'en était une- était apparue juste à l'instant où, tournant la tête vers Lynn, il s'était retrouvé avec son visage à quelques centimètres du sien... si près, qu'il pouvait sentir la respiration de la brune sur sa peau.
Il eut un instant d'hésitation, un terrible instant qui lui sembla durer une éternité. Elle était si près... Mais avait-elle envie de la même chose que lui?... n'allait-il pas la choquer?
Il renonça à son projet, conscient de la folle audace que ce serait que d'embrasser Lynn, là, sans raison, sans prévenir. Jamais il n'oserait faire ça, même si leurs visages se touchaient presque dans la pénombre.
Puis le visage de Kael passa dans son esprit- et le Poufsouffle s'écria, en français : "Idiot, qu'est-ce que tu attends?!!". Aussi étrange que cela puisse paraître, William comprit immédiatement ces quelques mots de français, et il sut que Kael avait raison. S'il apprenait que Will avait tenu Lynn dans ses bras, leurs lèvres si proches, et qu'il n'avait même pas essayé de l'embrasser, il serait désolé. Désolé que le Gryffondor soit si timide- ou si coincé, au choix.
N'en pouvant plus, William ferma les yeux (mauvaise idée, car Kael était plus présent que jamais, alors qu'il aurait voulu se concentrer sur Lynn, les lèvres de Lynn, les cheveux de Lynn, le parfum de Lynn). Se guidant à la respiration légère de la jolie brune, le rouquin approcha encore son visage... encore... encore un peu...
Une sensation de béatitude s'empara de lui. Il était en train d'embrasser Lynn- et, à moins qu'il ne se trompe lourdement, elle ne cherchait pas à le repousser.

William eut l'impression que cela durait longtemps, comme dans les films- mais il se trompait. Quelques instants, fugitifs instants, et le baiser cessa... Au loin, un hibou poussa un long hululement, comme pour saluer ce premier baiser.

Il aurait voulu dire quelque chose, s'excuser peut-être- mais rien ne venait. Rien, sinon peut-être... l'envie de recommencer.

William la dévisageait, comme hypnotisé, mais elle ne comprit ce qu'il voulait que lorsque ses lèvres se posèrent sur les siennes. Lynn se figea, cessant même de respirant. Elle ne lui rendit pas son baiser mais ne le repoussa pas non plus...

En réalité, elle se demandait même si elle en aurait été capable. Elle n'était plus sûre de pouvoir contrôler son corps, trop concentrée sur son coeur qui battait la chamade, son ventre dans lequel semblait virevolter une nuée de papillons et ses lèvres qui iradiaient d'une douce chaleur.

Cela fut si rapide qu'elle n'eut pas vraiment le temps de se demander si cela lui plaisait.

L'instant d'après, il lui faisait à nouveau face, semblant attendre une réaction de sa part. Elle retrouva son souffle et réalisa peu à peu ce qui venait de se passer alors que son cerveau se réoxygenait.

Elle eut un mouvement de recul involontaire. Elle retira ses mains des siennes et s'éloigna légèrement du rouquin, sans le quitter des yeux.
Il l'avait embrassée... Il l'avait embrassée ! Elle n'arrivait pas à savoir si elle en était heureuse tant cela lui faisait peur en même temps.

- Will....

Elle se releva et alors qu'il faisait de même, soudain inquiet, elle crut pendant une seconde qu'elle allait s'enfuir en courant.
Mais elle ne pouvait pas faire... elle ne pouvait pas lui faire ça... ils étaient amis... si jamais elle partait ainsi, elle briserait tout... et ce n'était pas ce qu'elle voulait... pas pour un si innocent baiser... si doux et si léger...

Est-ce que ca avait été agréable ? Est-ce qu'elle avait aimé ?

Elle n'en savait rien... c'était allé si vite...

- Je suis désolée... je...

Elle se demanda comment il allait réagir... Est-ce qu'il recommencerait... ? Est-ce qu'il qu'il s'en irait ? Est-ce qu'il ne voudrait plus jamais lui adresser la parole ?

Son coeur se serra à cette idée et elle comprit que ce n'était pas ce qu'elle voulait. Elle ne voulait pas le blesser, elle ne voulait pas le perdre...

Ils étaient là, debout face à face, dans la lueur tamisée de cette fin de journée.
Elle se sentait idiote de ne pas savoir quoi dire, ou quoi faire...

Elle s'approcha timidement pour que son visage soit presque aussi prêt de celui du rouquin que quelques instants auparavant, puis elle leva les yeux vers lui et comprenant qu'elle n'aurait pas le courage suffisant pour le faire, elle murmura dans un souffle :

- Tu veux bien... recommencer... s'il te plaît...?

Et elle attendit, légèrement nerveuse, qu'il réagisse. C'était le seul moyen de savoir si cela lui plaisait... mais quelque chose dans la façon dont son coeur battait à tout rompre, et dans le rythme légèrement saccadé de sa respiration, lui disait qu'elle allait aimer ce baiser autant que celui qui lui donnerait...

Encore stupéfait de sa propre audace, William fixait Lynn, en se demandant ce qu'elle pensait de cette initiative... Lui était terriblement gêné, mais en même temps étrangement satisfait. Il avait osé, il avait embrassé Lynn alors qu'il était persuadé qu'il n'y arriverait jamais- et il n'en était pas mort. Auparavant, pourtant, il s'imaginait que s'il venait à faire preuve d'une telle audace, les conséquences seraient spectaculaires, et probablement dramatiques... mais là, si fort que son coeur battît, il n'avait pas eu de malaise, d'infarctus ou de vertige... enfin, si, mais un vertige si agréable...
Lorsque Lynn se leva brutalement, William pâlit soudain et sauta sur ses pieds, mortellement inquiet. Il était allé trop loin, elle était en colère et allait le planter là... le gifler peut-être, pour le punir de cette témérité... se fâcher avec lui, ne plus vouloir lui parler, le traiter désormais comme le dernier des goujats... Une fois de plus, l'esprit de William se mettait à fonctionner à toute allure, échafaudant les scénarios les plus calamiteux. Il faut dire que Lynn s'était levée si vite, et s'était dégagée presque avec brusquerie...
Il était debout face à elle, silencieux, pâle comme un spectre, n'osant rien dire ou rien faire pour tenter de rattraper la situation. Jamais il n'aurait dû écouter Kael... en cet instant, il était à deux doigts de croire que Kael lui avait réellement parlé, que ce n'était pas un simple effet de son imagination... Il fallait bien trouver un responsable à ce fiasco...
Et puis Lynn parla. Au lieu de se mettre en colère comme Will le craignait, elle avait une voix douce, presque hésitante... et elle lui demanda de recommencer. Le rouquin sentit son coeur se remettre à battre la chamade, et il songea que c'était maintenant qu'il allait l'avoir, son infarctus... Mais il se pencha vers la jolie brune, passa ses mains autour de ses épaules et, refermant les yeux, l'embrassa à nouveau. Leur second baiser dura un peu plus longtemps que le premier, mais William ne cessait de se demander s'il s'y prenait bien... si les battements de son coeur ne dérangeaient pas Lynn... si ses jambes en coton allaient le soutenir encore assez longtemps...

Les temps changeaient, avec plus de brutalité que l'on ne pouvait l'imaginer. Les gens également et parfois... soit même. On ne s'en rendait pas forcément compte sur le moment, mais lorsque le jour arrivait où l'on regardait le chemin laissé derrière soit, le choc était violent.
C'était cette impression qu'avait Aïlin depuis plusieurs jours, peut-être même une ou deux semaines. Y réfléchissant dans son dortoir délaissé par ses camarades de chambre, le jeune Bower avait contemplé les montagnes à travers la fenêtre à réflechir à ce qu'il était devenu. Peut-être l'adolescence l'aidait à le mettre dans cet état, mais il n'y avait pas que ça. Sa vision dans le miroir, ses sentiments nouveaux qu'il ressentait avec Clarisse mais aussi ses récentes recherches sur l'occlumancie...
Il n'avait pas trouvé grand chose, mais ce qu'il savait était qu'il ne pouvait protéger son esprit s'il n'en connaissait pas les forces et les faiblesses... Depuis, des tas de questions avaient surgit dans son esprit.
Se connaissait-il assez ? Etait-il la personne qu'il croyait être, réellement ? Quelles étaient ses qualités et que voulait-il préserver ?
Toutes ces questions se retrouvaient sans, ou avec des demis-réponses qui ne le satisfaisait guère. Alors, du haut de la tour des Serdaigle, Aïlin avait fait un choix. Une introspection s'imposait.

C'est sa décision qui l'avait porté à marcher vers le terrain de quidditch. C'était un lieu auquel jamais il n'avait prêté une grande importance, mais depuis qu'il y avait embrassé pour la première fois sa jolie rousse, le stade ne lui était plus autant indifférent. Il y avait ressentit des choses nouvelles, des choses qui avaient peu à peu modifié la source de ses pensées et ses habitudes.
A ses yeux, s'il voulait apprendre à maitriser ses émotions et ses pensées, il se devait de remonter jusqu'aux premiers sentiments qu'il n'avait sut contrôler. Et ce sentiment n'était autre que celui qui le poussait à penser à Clarisse, à avoir envie de ses lèvres, de la sentir contre lui. Peut-être, donc, revenir sur le lieu de la scène l'aiderait à se remémorer cette matinée, peut-être parviendra-t-il à être dans un état plus propice à la réflexion. Et puis, il y avait l'avantage que le terrain de quidditch n'était que rarement visité, et presque uniquement par les équipes de Quidditch de l'école, lors de leurs entraînements. Aussi y avait-il peu de chose pour que le jeune Serdaigle y soit dérangé.

Sur le chemin, Aïlin croisa cependant quelques membres de l'équipe de Gryffondor qui rentraient, balais en main. C'était une chance qu'il était arrivé plus tard, autrement il n'aurait plus eut qu'à faire demi-tour, pensa-t-il.
Il ne rencontra pas William, cependant, qui faisait également parti de l'équipe à ce qu'il savait, et bien qu'il l'appréciait, il était plutôt soulagé de ne pas avoir à croiser le regard du jeune lion. Il ne se souvenait pas vraiment de ce qu'il lui avait dit, un soir, dans la forêt interdite alors qu'il était sous l'emprise du sortilège impardonnable, mais l'idée de devoir s'expliquer à nouveau devant quelqu'un le rebutait. Il savait qu'au fond, il le devait peut-être, et il était mal à l'aise pour le jeune rouge et orà qui il n'avait certainnement pas dit des douceurs, cependant il ignorait de quelle façon il aurait put s'excuser, ni même la réaction que William aurait put avoir à son égard.

Toute son attention portée sur ses pensées, Aïlin pénétra dans le stade de quidditch, marchant d'un pas tranquille vers le centre du terrain. Cependant, une masse sombre à quelques mètres de lui finit par attirer son attention plus que ses interrogations à propos de William. Pas très loin de lui, un couple se tenait là, s'embrassant tendrement tandis que la tombée de la nuit obscurcissait leur silhouette.
La première réaction d'Aïlin fut la gêne, pour avoir surprit les deux jeunes gens alors que, comme lui, ils avaient pensé se trouver seul. Cependant, à la vue de la masse de cheveux noirs qui couvrait quelque peu les mains du garçon, le coeur du Serdaigle eut un violent sursaut dans sa poitrine. Ce qu'il était en train de voir, il ne parvenait pas à le croire. Son coeur s'emballait douloureusement dans sa poitrine, tandis que ses muscles semblaient se raidir... Lynn, sa Lynn, sa petite soeur, était en train de se faire embrasser par... William !
Un étrange bourdonnement s'emparait de lui alors qu'il se tenait immobile, là à observer le jeune couple qui se formait devant lui. Il se crut un moment incapable de réagir, mais il se retrouva à avancer d'un pas furieux sans qu'il n'ait eu le temps de s'en rendre compte, et bientôt sa main se posa sur l'un des poignets de William, qu'il tira de sa soeur avec fermeté.
La colère faisait étinceler ses yeux bleus qui s'étaient braqués, féroces, sur le Gryffondor.

- Comment oses-tu ?... Comment oses-tu faire ça à ma soeur ?!
Murmura-t-il, révolté et incapable de contrôler la fureur qui s'emparait de lui. Son poing était toujours fermement serré autour du poignet de Will, le tenant ainsi éloigné de Lynn comme s'il craignait que le simple fait de le lacher le ramènerait à quelques secondes auparavant, où il se tenait indécemment près de sa petite soeur, dans un geste qui l'avait révolté.

Lynn crut un instant que Will n'allait pas accepter, ou qu'elle allait mourir avant qu'il n'ai pu faire le moindre geste. Mais après une poignée de seconde d'hésitation, il finit par poser ses mains autour de ses épaules et se pencha sur elle pour l'embrasser une nouvelle fois.

Elle s'y était préparée cette fois et malgré tout elle frissonna et crut que son coeur allait exploser. Elle ferma les yeux et ne sachant pas trop comment réagir, ce qu'elle devait faire ou non, elle se contenta de presser légèrement ses lèvres contre les siennes

C'était totalement différent de ce qu'elle s'était imaginé... c'était beaucoup plus agréable et au final... bien moins effrayant...

C'était juste William... qui la traitait comme jamais elle ne pensait pouvoir être traité un jour par un autre que son frère... comme si elle était importante à ses yeux...

Le baiser dura cette fois plus longtemps mais soudain, alors juste qu'elle commençait à se sentir un peu plus à l'aise, les lèvres de William quittèrent les siennes et elle rouvrit les yeux pour voir son frère tenir fermement le rouquin par le poignet, l'air fou de rage.

Elle le dévisagea et pâlit, terrorisée, se sentant étrangement coupable qu'il l'ait vu, sans en comprendre la raison. Elle ne faisait pourtant rien de mal.... elle s'était juste laissée embrasser... par un garçon adorable que lui-même avait approuvé...

- Comment oses-tu ?... Comment oses-tu faire ça à ma soeur ?!

- Aïlin, arrête...

Pourquoi disait-il ça...? Pourquoi s'enervait-il ? Ne faisait-il pas la même chose avec Clarisse...?

Elle sentit soudain une bouffée de panique l'envahir et eut l'impression de revoir son père dans le comportement du Serdaigle.

- Aïlin... laisse-le... !

Elle n'osait pas bouger. Elle ne se souvenait que trop bien de la dernière fois qu'elle l'avait vu en colère et qu'elle avait été à portée de coups... Mais de toute façon, le bleu et bronze tenait fermement le gryffondor, comme pour l'empêcher de rejoindre Lynn et de recommencer ce que son frère avait l'air de considérer comme indécent...

- Qu'est-ce qui te prend..? Il ne faisait rien de mal... Plaida-t-elle d'une petite voix, incertaine.

Le doute s'emparait d'elle. Etait-ce si mal d'embrasser un garçon...?
La réaction de son frère lui paraissait disproportionnée et pourtant... peut-être avait-il raison... peut-être était-ce mal... indigne... peut-être lui faisait-elle honte en agissant ainsi...?

C'était à William qu'il s'en prenait mais Lynn pensait qu'il ne tarderait pas à s'occuper d'elle. Un instant, elle se revit au bal, lorsqu'il avait parlé de sa tenue, comme si elle était une traînée... mais ce n'était pas lui... c'était leur père... elle ne devait pas y penser... elle ne devait pas laisser leurs deux images se mêler dans son esprit...

William avait volé un premier baiser à Lynn, mais il avait été trop court pour que le rouquin puisse l'apprécier. Le deuxième promettait d'être autrement plus délicieux... Will se concentrait sur chaque détail, le parfum de Lynn, la saveur sucrée de ses lèvres, comme s'il voulait tout graver dans sa mémoire, pour toujours. Les battements précipités de son coeur commençaient tout juste à se calmer, lorsqu'une poigne de fer se crispa sur son poignet et le tira en arrière. Furieux, Will se retourna, et se trouva nez à nez avec un Aïlin blême de rage. Le Gryffondor se dégagea brutalement, prêt à en découdre. Il n'avait pas revu le Serdaigle depuis leur rencontre dans la forêt, et il ignorait, bien entendu, qu'Aïlin n'était pas maître de lui-même à ce moment-là. Tout ce qu'il savait, c'était que ce type lui avait tenu des propos affreux sur Lynn, qu'il avait d'ailleurs brutalisée quelque temps auparavant... et c'était lui qui venait faire la vierge effarouchée alors que Lynn avait tout simplement trouvé quelqu'un qui l'aimait... Cette pensée porta à son comble la colère de William, qui répliqua sur un ton glacial:

-Tu viens défendre ta soeur? mais ce n'est pas la peine, je ne lui ai jamais rien fait, moi...

Il insista cruellement sur le "moi", pour bien marquer la différence entre eux... Il ne faisait rien de mal, il embrassait Lynn, à sa demande en plus... Elle était consentante, et elle avait son mot à dire dans l'histoire. William trouvait ridicules ces explications masculines, dans lesquelles les filles étaient traitées comme des êtres irresponsables, faibles ou manipulables... C'était ce qu'Aïlin faisait, en s'en prenant à Will seul. C'était comme si Lynn était un simple objet, un objet que le rouquin aurait traité avec négligence... Et pourtant ; elle avait parlé, elle avait elle-même demandé ce baiser, elle était aussi responsable que lui qui le lui avait offert...
Toisant Aïlin, malgré sa petite taille, William reprit d'une voix ferme:

-Tu ferais mieux de partir avant de raconter d'autres bêtises, Aïlin.

Il posa sur Lynn un regard inquiet- il n'aimait pas cet air qu'elle avait, il n'aimait pas quand elle prenait cette voix tremblante. Il avait l'impression de la revoir avec Ultan, encaissant les coups et n'osant accepter son aide... Détachant son regard de la jolie brune, il le posa sur Aïlin, comme pour le mettre au défi de lui faire du mal.

[HJ : bagarre?]

[HJ:

Pourquoi pas Willichou ! Désolé c'est court mais je veux vous laisser réagir.]

Aïlin ne savait pas ce qu'il lui avait prit de réagir ainsi. Il avait eut l'impression d'être le spectateur de ses propres actes, ses sentiments le submergeant sans qu'il ne puisse les analyser ni les contrôler. Il était en colère, il sentait cette émotion palpiter dans ses veines sans qu'il n'en comprenne vraiment le sens. William avait embrassé Lynn, sa soeur, ce fait si naturel et normal pour des jeunes adolescent lui semblait, lorsqu'il s'agissait de sa soeur, intolérable.
Tandis qu'il se rendait compte de son geste, de la brutalité de sa réaction tandis qu'il entendait, comme provenant de loin, la voix de sa soeur, sa prise se relacha quelque peu, mais la voix du Gryffondor retentit, plus forte, pluis puissante que celle de sa soeur derrière lui. La façon dont il lui répondit le choqua, l'intonation qu'il employa sur le "moi" le blessa, mais au lieu de le calmer, cela fit l'effet inverse.
Ses sourcils noirs de jais se froncèrent sur un regard dur, qui ne lui ressemblait en rien. Il n'avait cependant rien de Devin. Cette lueur qui brûlait au fond de ses iris était bien moins froide, beaucoup plus emporté et passionnée que ne le serait jamais le regard d'un des hommes Bower. Cela, pourtant, n'enlevait rien à la menace qui se lisait dans ce regard.

- Ne...
Mais avant qu'il n'ait le temps de prononcer un mot de plus, William reprit la parole, prononçant cette phrase humiliante qui attisa le feu qui grondait dans le creux de son estomac.
- Petit con.
Tout arriva très vite. Avant qu'il n'ait eu le temps de comprendre ce qu'il était en train de faire, il avait empoigné William à la gorge pour le plaquer dans l'herbe.
- Tu ne comprends rien à ce qu'il s'est passé ! Je t'interdis d'insinuer que je ferais de mon plein gré du mal à ma soeur !

Il le savait, ce qu'il était en train de faire était mal. Il y avait d'autre moyen de désapprouver ce qu'il venait de voir, puis d'entendre, qu'en agressant ainsi le rouge et or, mais il le faisait et était incapable maintenant de se reculer du visage sur lequel il s'était penché. Même les plaintes de Lynn lui semblaient obsolètes. Si William n'avait pas rétorqué aussi férocement, il se serait sûrement reprit, mais il avait dit quelque chose qu'il ne voulait plus entendre, plus jamais.
Les regards méfiants ou effrayés qu'on lui avaient jeté lui avait trop pesé, ainsi que les explications qu'il avait dû fournir et... le regard de Lynn... Il ne pouvait plus en supporter d'avantage, et avait l'impression que la frustration, la rage et la douleur qu'il avait accumulé au fil des mois semblait sur le point d'exploser.

-Tu viens défendre ta soeur? Mais ce n'est pas la peine, je ne lui ai jamais rien fait, moi...

- William, arrête... Ne dis pas ça !

Il ne pouvait pas dire ça... ce n'était pas juste pour Ailin... Pourquoi devaient-ils s'enerver si vite ? Ne pouvaient-ils pas avoir une conversation civilisée, sans coups bas et insultes ?
Lynn jeta un regard inquiet vers son frère et comprit qu'il était trop tard.
Le mal était fait... Elle vit la douleur dans son regard qui devint dur comme de la pierre et sa colère explosa.

- Petit con.

Cela arriva si vite qu'elle ne put que pousser un cri lorsque le Serdaigle plaqua férocement le rouquin sur le sol.

- AÏLIN !

Elle se précipita vers lui, l'attrapant par le bras pour essayer de le faire lâcher prise:

- Arrête ! Arrête ça tout de suite ! Aïlin ! Laisse-le !

Il ne l'entendait même pas. Elle avait l'impression de parler à un mur. William non plus ne semblait plus faire attention à elle, focalisé sur sa colère et sur son envie d'en découdre avec le brun.

Lynn sentit ses yeux s'embuer. Pourquoi devait-il toujours y avoir quelque chose pour tout gâcher...?

Elle essaya de faire reculer son frère mais elle fut repoussée brusquement en arrière. Impuissante, elle pria pour qu'aucun des deux ne soit blessé....

Deux petits coqs furieux qui se volaient dans les plumes, deux petits machos qui oubliaient complètement la fille que chacun prétendait défendre... Voilà à quoi ressemblaient Aïlin et William.
Saisi au col par le Serdaigle, Will avait roulé par terre, dans une tempête de pieds, de poings et de cris. Chacun tâchait d'atteindre l'autre, mais ce n'était pas facile quand on était emmêlé l'un dans l'autre, roulant dans la boue humide... Un coup vigoureux arriva cependant en plein sur l'oreille de William. Les larmes aux yeux, il parvint à riposter d'un grand coup de poing dans le ventre, juste au moment où Aïlin disait qu'il n'aurait jamais fait de mal à sa soeur de son plein gré. Will profita de ce que le brun, à qui le coup avait légèrement coupé le souffle, relâche sa pression pour s'écarter de lui et se relever d'un bond, sa main gauche plaquée sur sa tempe.

-Ah bon? Explique-moi un peu ça... J'ai rêvé quand je t'ai vu lui tordre le bras, ou quoi?

La colère était encore perceptible dans sa voix, mais elle n'était plus seule ; désormais, la volonté de comprendre, et la crainte d'avoir commis un impair se devinaient dans le ton du Gryffondor. Aïlin ne lui avait jamais semblé, en effet, assez violent ou assez déséquilibré pour s'en prendre à sa soeur, et il avait été très surpris de le voir se comporter presque comme Ultan. Prenant garde à rester hors de portée des coups du Serdaigle, William ajouta :

-Vas-y, explique... Je serais ravi de comprendre, et je t'assure que si je me suis trompé, je te ferai mes plus plates excuses.

William n'était pas bagarreur, et il était même assez fair-play ; il ne lui coûterait pas de devoir reconnaître ses torts, si cela devait permettre de rétablir des relations normales entre Aïlin et lui. Il suffisait qu'Aïlin consente à lui expliquer...

Aïlin ne s'attendait pas réellement à ce William réplique, bien que dans l'état de colère dans lequel se trouvait le dernier, il aurait dû s'en douter. Malgré le fait qu'il n'était pas bagarreur, les coups que lui portèrent le Gryffondor alors qu'il le plaquait contre le sol alimentèrent sa colère, sa frustration. Il ne voulait plus recevoir de coup, de personne, sans répliquer, et qu'il soit en tort ou non, Aïlin envoya violemment son poing dans le visage du rouge et or qu'il sentait lutter furieusement sous lui.
Une seconde après qu'il ait sentit ses phalanges heurter sourdement l'oreille de Craig, Aïlin sentit celles du rouquin s'écraser dans son ventre, coupant net sa respiration.
Cependant, cela ne fit pas reculer le Serdaigle, qui encaissa le coup sans broncher, rôdé par ceux qu'il avait subit durant l'été. William eut malgré tout le temps de se dégager et les deux adolescents se considérèrent avec un regard féroce, apparemment près à se sauter dessus à nouveau si l'un d'eux faisait un mauvais pas.

Aïlin se redressa vivement tandis que William reprenait la parole, l'accusant d'avoir tordu le bras de sa soeur durant le bal de la rentrée. Ces mots amenèrent un rictus sur les lèvres du jeune Bower, qui ne sut cependant rien répondre au Gryffondor.

Encore des explications à donner... Et William ne pouvait pas comprendre, il ne savait rien, rien du tout sur ce qu'il avait dû subir, sur ce que sa soeur avait vécu. Il en avait assez de tout ça, il en avait marre, et la fatigue venait éteindre quelque peu la rage qui se lisait dans ses yeux bleus habituellement si tranquilles.
- Des excuses m'importent peu.
Répondit-il d'un ton froid, un peu tremblant par le mélange d'émotions qu'il ressentait.
- Je me souviens à peine de ce qu'il s'est passé ce soir là, comme je ne me rapelle même pas de ce que j'ai bien pu te dire un soir dans la forêt interdite ! J'ai été forcé, je n'avais pas le choix, et je suppose que comme la plupart des gens ici tu n'es pas fichu de comprendre, et que tu me prendras pour un pitoyable menteur ! Je regrette ce que j'ai dû faire à ma soeur, j'ai brisé ma promesse la plus chère. Tu peux l'admettre, ça ?

Aïlin avait totalement oublié Lynn derrière lui, qu'il avait auparavant repoussé sans même s'en rendre compte. Son attention était focalisée sur William, à qui il venait d'adresser des paroles agressives. Cependant, l'intonation de sa voix s'était apaisée. Elle était devenue froide, et malgré les traces de rancoeur qu'elle laissait apparaître, sa lassitude se ressentait également.
Le Serdaigle poussa un soupir avant de faire un pas en arrière, marquant un peu plus de distance entre le jeune Craig et lui. Maintenant qu'il s'était un peu calmé, il regrettait d'avoir levé la main sur William qui se tenait à présent la tempe. Malgré l'angoisse de l'avoir blessé, Aïlin ne laissa rien paraître de ce léger malaise et ne s'interrogea pas sur son état. Après tout, c'était William qui lui avait lancé le premier coup, lui n'avait tenté de le blesser malgré la virulence avec laquelle il l'avait plaqué sur le sol.
Pour une fois, il ne s'en voulait pas, il n'avait même pas l'impression de s'en être réellement prit au rouge et or. Il ignorait même la réelle raison pour laquelle il s'était mit dans un tel état, ce qu'il savait, c'était que le baiser qu'il avait surprit était un fait bien moindre que ce que lui avait reproché Will'.

Lynn regardait les deux garçons en venir en main, sans rien pouvoir faire. C'était ridicule.... Elle n'arrivait pas à croire qu'ils en étaient arrivés là, chacun prétendant la défendre à sa façon, et final, n'arrivant qu'à lui faire davantage de mal....
Néanmoins ni l'un ni l'autre ne semblait avoir conscience de sa présence, comme si elle n'avait pas son mot à dire dans tout ça...

- Ca suffit ! Arrêtez !

Mais elle parlait dans le vide... peut-être était-elle devenue invisible sans s'en être rendu compte...?

Les yeux embués, Lynn n'arrivait pas à savoir quel sentiment la dominait en ce moment-même. La colère ou la peine ?

Pourquoi par Merlin se battaient-ils ? Est-ce que ca changerait quoi que ce soit ?

Lorsqu'ils se séparerent finalement, Lynn se précipita auprès de William et passa ses doigts sur sa tempe meurtrie:

-Ca va ? S'inquiéta-t-elle.

Il lui assura qu'il allait bien et elle recula légèrement, soulagée avant de le frapper violemment au bras:

- Espèce d'idiot ! Non mais tu es complètement cinglé !

Elle se tourna alors vers son frère avec colère:

- Et ca vaut pour toi aussi ! Mais qu'est-ce qui vous a prit !?

Elle inspira profondément, essayant de ne pas laisser couler les larmes dont ses yeux étaient envahis et continua:

- Ce qui s'est passé ne te regarde pas ! Déclara-t-elle brusquement à l'adresse de William d'un air blessé et sans appel. C'est une histoire entre mon frère et moi et je t'interdis de le juger pour des choses que tu ignores !

- Quant à toi... Poursuivit-elle en s'approchant de son frère, d'une voix tremblante, les yeux brillants. Pourquoi est-ce que tu as réagis comme ça...? On ne faisait rien de mal.... Tu ne peux pas simplement.. être heureux pour moi...?

Quelqu'un tenait à elle.... c'était si nouveau pour la jeune fille, si incroyable... elle aurait tant voulu qu'il partage son bonheur...

Et puis... ce n'était qu'un baiser innocent, rien de plus... Il n'avait rien à reprocher à William... donc aucune raison de s'enerver ainsi, n'est-ce pas...?

- Je ne suis pas une pauvre petite chose fragile qu'il faut préserver à tout prix ! S'écria-t-elle. C'est trop tard pour ça... Je suis assez grande pour savoir à qui je peux faire confiance ou pas ! Arrêtez de vouloir à tout prix me protéger de tout... Vous ne faites qu'empirer les choses.

Elle ne voulait pas qu'on dirige sa vie... Trop longtemps elle avait fait ce qu'on attendait d'elle et rien d'autre... trop longtemps on l'avait empêché d'être elle-même.... Plus jamais elle ne se laisserait faire...

Aïlin avait répliqué, toujours aussi méprisant, à William, et il avait précisé qu'il n'avait que faire de ses excuses. Pourtant, c'était une preuve de bonne volonté... mais s'il voulait continuer comme ça, pas de problème. Le rouquin pouvait être terriblement rancunier quand il s'y mettait. Il accueillit les explications du Serdaigle avec une mimique sceptique, et murmura un simple:

-C'est ça, oui...

Trop facile de prétendre qu'il avait été contraint de faire du mal à Lynn... et dans la forêt, il avait aussi été contraint de parler d'elle comme de la dernière des dernières? D'ailleurs, il affirmait ne se souvenir de rien, c'était bien pratique... un peu trop au goût de William.
Lynn s'était précipitée vers lui, mi-furieuse, mi-inquiète. Elle lui demanda s'il allait bien, avant de lui donner un grand coup dans le bras... Et en la regardant, William sentit soudain une sorte de déception, voire d'hostilité, monter en lui. Il ne comprenait pas, mais personne ne voulait lui expliquer... On lui interdisait de juger, et il n'avait donc plus qu'à obéir... Elle avait déjà dit quelque chose de ce genre lorsqu'il s'était interposé entre elle et Ultan. Après tout, si elle aimait se faire humilier, ça la regardait... mais William, lui, n'avait pas l'intention de se laisser parler comme ça. Il eut envie de lui rappeler qu'il s'était mis en danger pour elle, que sa baguette avait été brisée, et que c'était bien mal le remercier que de le traiter comme un gamin... mais un gentleman ne rappelle pas ses bonnes actions, et Will s'en abstint. Il la repoussa violemment, aveuglé par la colère, manquant de la faire tomber, et lança un regard haineux aux deux Bower. Il se sentait trahi, méprisé, et il n'aurait su dire s'il était furieux ou malheureux... Ce qui était sûr, c'est que des larmes commençaient à couler le long de ses joues. D'une voix tremblante, mais forte, il s'écria:

-Allez au diable, tous les Bower! vous êtes tous cinglés, je ne veux plus rien avoir à faire avec vous! je ne veux plus jamais vous voir! ni toi, ni tes frères, tu ne vaux pas plus cher qu'eux!

Ces propos péremptoires étaient destinés à Lynn. Dire que dix minutes avant, William s'était senti si bien en sa compagnie... Il tourna le dos aux deux Bower, et se dirigea vers les gradins pour y récupérer son balai, dans un état de fureur extrême.

Ce ne fut pas vers lui, mais vers William que Lynn courut en premier. Les froncils du jeune homme se froncèrent, son visage se crispa et une bouffé de quelque chose qu'Aïlin refusa d'appeler jalousie monta en lui.
Cependant, il avait reprit en apparence un air calme, mais c'est avec venin qu'il répondit aux demandes de Craig, écoeuré. Devin devait bien se frotter les mains, du chaos qu'il avait mit dans la vie social de son jeune fils. Il aurait été pleinement satisfait, de savoir que son fils était en ce moment même en train d'éclater, à bout. Cette pensée était loin de lui plaire, mais ne parvenait cependant pas à lui faire reprendre un total contrôle de ses réactions.
Il afficha un masque impassible tandis que sa soeur le réprimandait, bien qu'il sentait un certain malaise grandir.

Cependant, ce malaise disparut bien vite. Ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'il vit William repousser Lynn et manquer de la faire tomber. Il cria, les insulta et Aïlin ne voyait pas les larmes couler sur les joues du garçon. Il ne voyait pas non plus sa part importante de responsabilité dans tout cela. Depuis tout à l'heure, il était incapable de faire fonctionner son cerveau correctement.

Se faire insulter, se faire traiter de cinglé ne faisait rien à Aïlin. Non, ce qui le blessa, ce qui le mit en rage, c'est que William ne s'était pas adressé à lui, mais à sa soeur, avant de partir d'un pas furieux vers Poudlard.
Aïlin alla rattraper William dans un sursaut si vif qu'il sembla bondir d'un mètre avant de courir. Sa main attrapa l'épaule du garçon et il se pencha vers lui afin d'avoir dans cette poigne plus de fermeté pour pouvoir le retenir.
Là, il le tourna vers lui et lui fit face, droit comme un "i", dominant de plusieurs centimètres le Gryffondor. Seule son visage était baissé afin qu'il puisse transpercer le garçon d'un regard dégouté.

- Comment oses-tu l'insulter... Après ce que je viens de voir, tu la traite comme une moins que rien. Qui es-tu pour lui parler sur le ton ? Si j'étais aussi con que toi et ne l'avais pas écouté, je me serais fait un plaisir de te rendre en triple la violence que tu lui as faite !

S'il s'était vu, s'il avait fait un peu plus attention à ce qu'il disait, Aïlin ne se serait pas reconnu. Il n'y avait aucun doute sur le fait qu'il n'aurait pas hésité à envoyer une nouvelle fois sa main ou son poing valser dans le visage du jeune Craig.
Cependant, il venait de réaliser une chose : ce qu'il venait de se passer était de sa faute. Mais de quel droit William se permettait-il de faire violence sur sa soeur alors qu'elle n'avait rien fait, elle ?!

- Si tu veux frapper sur quelqu'un je t'attends, mais ne touche jamais à ma soeur, tu m'entend ? Lève encore une seule fois la main sur elle, même pour la bousculer, et je te promet que tu te souviendras de ce que je suis capable de faire !

Le ton était froid et féroce, transformant la voix habituellement douce d'Aïlin en un grondement qui n'avait plus rien de chaleureux. D'un geste vigoureux, il retira sa main en bousculant William en arrière grâce à la pression exercée par son avant bras.

- Tu parle d'un Gryffondor... Lâche et indécis. C'est toi qui est cinglé, Craig.

William la repoussa brutalement et Lynn tituba alors qu'il se mettait à crier.

- Will...

La jeune fille le regarda s'éloigner sans bouger, ses propres larmes inondant ses joues, brouillant aussi bien sa vue que son esprit.

- William ! Appela-t-elle d'un ton suppliant.

Il la détestait... il ne voulait plus jamais la voir... plus jamais avoir à faire à elle...

C'était impossible...

Elle vit Aïlin se lancer à la poursuite du rouquin et entendit encore quelques éclats de voix qu'elle ne parvint pas à comprendre. Son frère semblait encore une fois prendre sa défense... elle lui en fut reconnaissante, mais cela ne servait plus à rien...

Aucun d'entre eux ne semblait avoir entendu ce qu'elle avait tenté de leur dire... Qu'elle tenait à eux, qu'elle ne voulait pas les voir se disputer.... Le carnet de croquis qu'elle avait laissé sur les gradins en étaient sûrement l'une des meilleures preuves, sur tous les dessins qui s'y trouvaient, la majorité les représentait... Aïlin et William, les deux garçons les plus importants de sa vie.... Mais ils ne semblaient pas le comprendre... cela leur était sûrement égal au fond....

-J'espère que vous êtes content ! S'écria-t-elle.

Lynn essuya rageusement ses larmes, qui furent très vite remplacées par d'autres mais elle ne s'en rendait même pas compte. Qu'ils s'entretuent si cela leur faisait plaisir !

- Vous avez tout gâché...

Et elle s'enfuit en courant en direction du chateau.

William avait presque atteint les gradins lorsqu'une main se referma sur son épaule, le faisant pivoter. Il devina que c'était Aïlin (la voix de Lynn lui parvenait, lointaine, essayant de le retenir) et il dut faire un effort pour ne pas frapper. Une telle rage s'était emparée de lui... et Aïlin qui venait lui dire de ne pas traiter Lynn si durement. Il ne comprenait donc pas? William aurait tout donné pour elle, mais il en avait assez d'être traité comme ça... comme un gamin, comme un pauvre garçon incapable de comprendre, indigne de confiance. Finalement, Aïlin n'avait peut-être pas tort, dans la forêt, lorsqu'il lui avait dit qu'il était dangereux pour lui de s'attacher à sa soeur... Il tourna vers le Serdaigle son visage baigné de larmes, et répliqua sur un ton hargneux :

-Ta soeur n'a besoin de personne pour la défendre, au cas où tu n'aurais pas compris, elle vient de le dire elle-même. Et ne t'inquiète pas, je ne la toucherai pas, je ne lèverai pas la main sur elle... je ne veux plus jamais m'approcher d'elle, c'est clair?... et de toi non plus, par la même occasion! C'est ce que tu voulais, tu devrais être content!

Lynn leur cria des reproches, passa près d'eux dans sa course vers le château, et William s'aperçut qu'il n'éprouvait même pas de remords. Qu'elle parte donc, qu'elle aille trouver quelqu'un d'autre pour lui prêter main-forte quand elle en aurait besoin... quoique Will doutait qu'elle trouve jamais une poire comme lui. Il avait été heureux de lui être dévoué, mais elle passait les bornes. Des reproches, des cachotteries, des secrets, des "tu ne peux pas comprendre", des "il vaut mieux que je ne te dise rien"... il en avait soupé.
Il était si en colère qu'il ne sentait même pas les larmes qui coulaient de ses yeux et ruisselaient dans son cou. Il se sentait trahi, et peu à peu, une profonde tristesse remplaçait sa colère. Il venait de passer un si bon moment... si cet idiot d'Aïlin n'avait pas débarqué avec ses gros sabots, rien de tout cela ne serait arrivé... A cette pensée, le rouquin vit rouge, et il se jeta en avant, prêt à en découdre avec le Serdaigle. Peu lui importait de recevoir des coups, peu lui importaient les conséquences, il avait simplement besoin de frapper, de faire payer sa maladresse à Aïlin... et tant pis s'il était plus grand et plus fort que lui. Essayant désespérément d'atteindre le brun, il tenait, entre ses larmes, un discours décousu :

-Tu es content, pas vrai? c'est ce que tu voulais... eh bien... tu as gagné... je ne la regarderai même plus, ta soeur... plus jamais... qu'elle aille donc au diable... et toi avec...

Bien entendu, les menaces d'Aïlin n'arrangèrent pas les choses. Les yeux pleins de larmes, William lui cria que Lynn n'avait pas besoin qu'on la protège, qu'elle venait elle même de le dire, et qu'il ne s'approcherait de toute façon plus d'elle, qu'il en soit satisfait.
Non, Aïlin n'avait pas voulut ça, il s'était comporté comme le dernier des imbéciles, mais savait que malgré les dires de Lynn, elle avait besoin qu'on la protège, qu'on s'occupe d'elle.
- C'est l'émotion qui l'a fait parler, tu ne comprend pas ?!
Sa voix avait gagné plusieurs décibels. Elle ne voulait pas qu'on la protège de la manière dont il l'avait fait, il l'avait bien comprit, seulement il n'avait pas put se contrôler... Et surtout, voir William la bousculer de la sorte l'avait mit dans une colère difficilement maîtrisable.
Avant qu'aucun des deux n'aient le temps d'ajouter quoi que se soit, Lynn leur cria qu'ils avaient tout gaché, avant de s'enfuir en courant à son tour, en direction du château.

Quel imbécile, pourquoi diable avait-il réagit ainsi ? Cependant, ça n'était pas des regrets mais des remords qu'Aïlin ressentait. Après tout, si William n'était pas foutu de comprendre qu'il y avait des sujets inabordables, alors il n'avait rien à faire avec sa soeur !
Le jeune Bower se détourna donc de William et embraya un mouvement pour rattraper Lynn, après avoir murmuré faiblement son nom, désemparé. Mais il n'eut pas le temps. William s'était jeté sur lui.

Sous le coup de la surprise qu'une minute d'inatention avait permise, Aïlin ne put que sentir le poing de William lui asséner un coup fulgurant dans la machoire. Le Serdaigle recula en portant une main automatiquement à sa machoire inférieure tandis que le goût du sang envahissait son palais en même temps qu'une douleur qui allait en s'accroissant. Dans la violence du choc, il s'était mordu la langue, assez sévèrement pour lui faire fermer les yeux, les sourcils froncés par la souffrance occasionée.
Mais il n'eut pas le temps de se remettre de ses émotions, car Craig revenait à la charge. Un coup dans le ventre le fit réagir. Il n'aurait jamais dû faire ça, jamais dû le frapper. Aïlin n'était pas un adolescent à la carrure musclée. Mais il était grand et si le tour de son bras était amaigrit par les privations qu'il avait subit pendant l'été, ils n'ent gardaient pas moins une force nerveuse.
D'un geste vif qui aurait presque put défier ceux de son père dans une situation similaire, Aïlin étira son bras vers la gorge de William, les doigts écartés comme des serres qui se refermèrent sur le cou du garçon.
Cette fois, ça n'était pas avec douceur qu'il envoya une fois encore William au sol. Non, il l'avait presque soulagé dans son geste pour le balancer avec violence, fondant de par ce même geste sur lui pour se mettre à califourchon sur son torse. La main toujours fermement accroché, il lui adressa à peine un regard noir avant de lui envoyer un revers au visage.

- Ca suffit !
Tonna-t-il.
- Si tu ne veux pas la revoir, pourquoi tu m'attaques, hein ? Je ne voulais pas ça ! Je ne sais pas ce qu'il me retient de te faire pire, mais si tu recommences je ne serai pas aussi clément !

En réalité, Aïlin avait très bien comprit ce qui le retenait d'agir. Mais avouer tout haut ses fautes dans une situation pareille lui était tout bonnement impossible. Par fierté ou par orgueil, il ne le pouvait pas.

- Tu n'as pas encore comprit que Lynn a déjà assez de personnes qui lui font assez de mal pour qu'on en rajoute ?! Regardes-toi un peu, serais-tu seulement digne de confiance ?...

Alors qu'il parlait, le sang teinta ses lèvres d'une couleur écarlate. Malgré la douleur qui engourdissait sa langue à chaque mot prononcé, le Serdaigle reprit la parole, d'une voix cependant un peu plus faible.
- Qu'a-t-elle dit pour mériter une réaction aussi pitoyable ?!

Bloqué par Aïlin, William se débattait furieusement, donnant des coups de pieds et de poings dans le vide. Mais le Serdaigle était assis sur sa poitrine, fermement installé, et toutes les ruades du rouquin ne servaient à rien. De ses poings crispés, il cherchait à atteindre le visage d'Aïlin, jusqu'à ce qu'un coup en pleine mâchoire, suivi d'un "ça suffit!" impérieux le contraigne à se calmer. Il avait senti quelque chose craquer dans les os de sa joue, et la douleur l'assomma un instant... Un instant suffisant pour qu'Aïlin se mette à lui faire un sermon qui le remit en rage. Encore un peu, et c'était sa faute, tout ce cirque... peut-être devrait-il s'excuser, aussi?... Comme si c'était lui qui était venu tout gâcher... Sans écouter le reste de la diatribe du Serdaigle, il se remit à se débattre et à lancer ses poings un peu au hasard... Mais Aïlin ne prêtait pas attention à ce qu'il répétait, à bout de souffle:

-Lâche-moi... lâche-moi...

Comme il avait horreur d'être petit et maigre, dans cette situation plus encore que d'habitude... S'il avait eu vingt centimètres de plus, il n'aurait fait qu'une bouchée du Serdaigle. Mais là, même avec toute sa rage, il ne parvenait pas à se débarrasser du brun... Et l'autre qui continuait à lui parler comme à un moins que rien, sans bouger d'un millimètre... A bout de nerfs, William s'aperçut que la jambe du Serdaigle était à portée, et cessant soudain de s'agiter, il y planta les dents, le plus profondément qu'il put...
Il fallait vraiment qu'il soit au bout du rouleau pour en arriver là. Lui qui répugnait à se battre, voilà qu'il se comportait comme un catcheur... La réaction était à la mesure de la déception, et de la colère qu'il éprouvait.

Face au revers qui lui avait asséné Aïlin, William s'était calmé un instant. Peut-être était-ce seulement à cause de la douleur, car alors que le Serdaigle essayait de reprendre la parole, s'enervant à la fois contre lui même et contre le jeune Lion, ce dernier s'était mit à nouveau à se débattre.
Mais alors qu'il posait une ultime question, desserant légèrement la pression qui tenait William fermement au sol, un nouvel élan rageu du garçon lui permit d'aggriper Aïlin. Il sentit les dents du Gryffondor s'enfoncer dans sa cuisse avec une exclamation de surprise et de douleur. Cette fois, ce fut Aïlin qui ordonna à William de le lacher, sentant sa chair désagréablement pincée par la pression de la machoire.

D'un geste brusque, Aïlin se redressa en lachant définitivement la gorge de Craig et lui empoigna les cheveux pour le faire lacher. Il mit plus de peine qu'il ne l'aurait imaginé à se défaire du Gryffondor, mais quand il y parvint il se releva et se recula de Craig. Se faisant, il avait glissé sa main dans la poche de sa cape et sortit sa baguette, qu'il pointait maintenant en direction de William.

- Immobulus !
Tonna-t-il, le souffle court.
Il avait lancé le sortilège dans l'espoir d'entraver les mouvement de William et l'observait maintenant d'un regard brillants d'un mélange de douleur, de couleur et de remords.
- On va se calmer ou il faut que l'un de nous finisse défiguré ?!
La baguette toujours pointée en direction de William, il avait l'air moins enclin à se battre, mais demeurait prêt à se défendre de l'ardeur du rouge et or.