Comme Mathias s'y attendait, hélas, son tir ne fit pas mouche. Le rayon de Chatouillis alla même carrément à côté de sa cible. Mais William y était pour quelque chose. Le Gryffondor avait eu le bon réflexe de se décaler, évitant ainsi le sortilège qui, bien que mineur, l'aurait quand même grandement handicapé. D'ailleurs, cela lui aurait peut-être valu un nouveau séjour à l'infirmerie... Si c'était arrivé, Mathias aurait surement éclaté de rire, lui aussi, mais pas sous l'influence d'un sortilège. Pour le moment, la situation n'avait rien de drôle, et comme lui rappela Will, le jeune Serdaigle devait rester concentré. La moindre faille dans ses défenses, hélas encore restreintes, pouvait lui faire subir n'importe quel effet désagréable. Pour l'heure, un autre sortilège fusait vers lui. Le Tarantallegra, un autre grand classique. Enfin... On ne pouvait pas encore parler de classique, après tout, ce n'était que le premier duel de Mathias. Le jeune Serdaigle ferma les yeux, et fit tournoyer sa baguette au dessus de sa tête.

*La force de Serdaigle...*

Avis!

Sans voir, le jeune garçon sentit que le sort avait fonctionné. Il avait choisi de faire apparaître trois oiseaux, mais trois gros. En réalité, c'était même trois...pigeons... L'oiseau le plus stupide et le plus sale que l'humanité ait connu, mais en l'occurence, il serait certainement utile à Mathias. D'ailleurs, l'utilité le frappa lorsqu'il ouvrit les yeux. L'un des trois pigeons dansait la tarantelle juste devant lui. Le pauvre était désormais inutile. Heureusement, il n'existait pas vraiment. D'ailleurs, il disparut dans un petit éclat de fumée sitôt sa danse finie. Un oeil caché derrière une mèche brune, Mathias regardait William, sa baguette tenue d'une main ferme devant lui, tandis que les deux autres pigeons tournaient autour de lui en un cercle parfait. Une ingénueuse idée dont il se félicita, même s'il y avait encore du travail.

Mathias commençait à fatiguer, et surtout à manquer d'énergie. Non pas que ses sorts soient particulièrement difficiles à lancer, mais c'était surtout ses nerfs qui étaient mis à rude épreuve. Il ne comprenait pas, lui pourtant si paisible d'habitude n'arrivait pas à garder son calme. Il paniquait pour un rien, et lançait des sorts à droite à gauche sans toujours arriver au résultat escompté. En même temps, on ne pouvait pas en attendre moins d'un premier duel. Encore inconscient de ses capacités, Mathias perdait peu à peu la confiance qu'il avait réussi à amasser avant le duel, et il se demanda ce qui lui avait pris de s'en prendre à un sorcier tel que William. Être à Serdaigle signifiait peut-être être intelligent, mais savoir utiliser la magie ne devait pas être la seule clef. Et cette clef, c'était surement le courage des Gryffondors.

Cette maudite impression d'avoir déjà perdu disparut comme elle était venue lorsque Mathias entendit l'incantation Waddiwasi. Oh, c'était trop bête! William venait involontairement de lui piquer son idée! Le sortilège de Catapultage n'atteignit pas l'armoire comme le craignait le jeune Serdaigle, mais seulement un gros livre, qui sous l'action du sort fut projeté violemment vers Mathias. Alors que celui-ci avait à peine réussi à se relever, il se prit le lourd volume en plein ventre. Le coup était violent, et coupa le souffle du jeune garçon pendant une seconde. Celui-ci appuyait sur son ventre douloureux, tombant à genoux sur le sol. Le coup avait été très violent, et Mathias fermait les yeux avec force, comme pour oublier la terrible douleur qu'il éprouvait. Cependant, même s'il était une nouvelle fois genoux à terre, cette fois les deux, il avait toujours sa baguette en main, et nullement l'intention d'abdiquer. Au contraire, ce coup venait de le réveiller totalement. Il fallait riposter, à présent.

*Je vois... Très bien William, pas de quartiers, j'envoie le paquet...*

Tandis que sa main gauche restait cramponnée à son ventre, la main droite de Mathias, qui tenait la baguette magique en bois de saule, se levait péniblement à la suite du bras. Le jeune Serdaigle serrait les dents, et cette fois savait ce qu'il allait faire. Il avait trop pratiqué ce sort pour ne pas l'utiliser au moins une fois dans sa vie. Voyant que William était toujours à terre, Mathias oublia tout scrupule, et pointa sa baguette sur lui.

Impedimenta!

Un sortilège très puissant, le plus puissant que connaissait Mathias, en tout cas. Le maléfice d'Entrave fusa de la baguette du jeune Français, le faisant même un peu reculer sous l'effet du choc. Une intense lumière jaune sous forme de rayon fonçait à présent vers William, qui sans que Mathias le sache reprenait petit à petit le contrôle de ses jambes.

Encore un effort... quelques centimètres encore... tandis que Mathias se concentrait sur le combat, William essayait de récupérer l'usage de ses jambes. Bientôt, elles seraient entièrement décollées...
Le livre heurta Mathias en plein ventre, et le Serdaigle se plia en deux, suffoqué. William oublia aussitôt ses jambes, et regarda Mathias, craignant de lui avoir fait mal. Machinalement, il voulut se lever pour courir voir son ami, mais ses jambes tremblantes refusèrent de se déplacer. Bon, il tenait debout, c'était déjà ça... et Mathias retrouva bien vite son souffle, puisqu'il lui lança un sort qui le renvoya par terre. Décidément, c'était un jeu amusant, le lancer de Will au sol... c'était devenu la technique numéro un de Mathias... L'avantage du maléfice d'Entrave est qu'il ne durait pas aussi longtemps que le maléfice du Bloque-Jambes... William put donc se relever presque immédiatement, mais il commit l'erreur de se relever avant de riposter... quelques secondes de perdues, avec un adversaire comme Zweilldachs, ça ne pardonnait pas. Avec Mathias, c'était moins risqué, mais ce n'était pas moins une erreur... Will s'était privé d'une chance de prendre Mathias par surprise. Il se reprocha cette désorganisation, mais il était trop tard pour y remédier... Sa baguette pointée vers Mathias qui continuait à respirer anormalement vite, il s'écria:

-Serpensortia!

Il avait utilisé le premier sort qui lui était venu à l'esprit, sans réfléchir que ce pouvait être dangereux. Une détonation accompagna l'apparition d'un serpent au bout de sa baguette... pas un serpent énorme, mais un reptile d'une quarantaine de centimètres à peine, qui s'approcha de Mathias, menaçant. William ne pouvait pas quitter le serpent des yeux, et il observait, fasciné, la langue fourchue qui sortait par moments de sa gueule...

Pendant un petit moment, faisant confiance au maléfice d'Entrave, Mathias se permit de baisser la tête, comme si le moindre effort en moins contribuerait à la disparition de la terrible douleur qu'il ressentait. Rien à voir avec celle qu'il avait sentie sur le coup, c'était à présent une douleur grave, continue. Mais on ne pouvait pas se permettre de trop penser à sa douleur en duel. Ignorant qu'il existait un sortilège de Guérison, le jeune Serdaigle ne pouvait s'appitoyer sur le fait de ne pas le connaître. C'était un poids de moins. Lorsqu'il releva la tête, Mathias eut la désagréable surprise de constater que William s'était de nouveau relevé. Il avait raté, autrement le Gryffondor aurait dû se trouver entravé, comme l'indiquait le nom du sort. Il l'avait bien touché, mais peut-être avait-il fait une erreur en incantant l'Impedimenta. Toujours était-il que ce n'était pas le bon moment d'échouer. Mais pourquoi? Il avait passé tellement d'heures à pratiquer l'enchantement... Cependant, Mathias n'eut guère le temps de faire un examen plus approfondi. William avait profité de son moment de faiblesse pour riposter. Petit problème: Mathias ne connaissait pas le sortilège qu'il avait employé.

*Quoi? Serpent?*

Oui, serpent. A la grande surprise de Mathias, William venait de faire apparaître un serpent bel et bien vivant. Le jeune Serdaigle ne croyait même pas cela possible! Remarque, il pouvait bien faire apparaître des oiseaux, pourquoi William ne pourrait-il pas faire apparaître un serpent? Il aurait été de mauvais goût de faire une blague sur les Serpentards à ce moment-là. D'autant plus que le serpent ondulait lentement vers Mathias, prêt à attaquer. Contrairement aux araignées, les serpents ne faisaient pas peur au jeune garçon, il lui inspirait simplement un terrible dégoût, avec leurs écailles luisantes qui paraissaient gluantes et leur corps ondulant qui n'en finissait jamais. Une main toujours cramponnée à son ventre, Mathias pointa sa baguette vers le serpent.

Beuark! Va-t-en, sale bête! Evanesco!

En manque d'idées, Mathias avait prononcé une incantation qu'il avait lue rapidement dans un livre de sortilèges. Mais il n'avait jamais essayé, et c'était une première. Comme il s'y attendait intérieurement, le sortilège de Disparition n'eut aucun effet. Il savait également que le Finite Incantatem ne fonctionnerait pas plus, il n'affectait que les sorts. C'était sans issue...jusqu'à ce que le dernier espoir se présenta aux frontières de l'esprit de Mathias. L'ultime recours, la dernière chance qu'il avait de contrer l'attaque de William. Dans un sursaut de mémoire, le jeune Serdaigle en appela au sortilège de Domination.

Oppugno!

Il n'y eut aucun effet particulier, aucune lumière, rien. On aurait cru que le sort de Mathias n'avait pas marché, et pendant une seconde, ce fut la pire crainte du jeune garçon. Il regarda le serpent dans les yeux, ce dernier s'était arrêté juste au moment où l'incantation avait été prononcée. Puis finalement...le serpent fit demi-tour, et se dirigea vers William, cette fois menaçant. Mathias poussa un soupir de soulagement. Oppugno était un sortilège qui obligeait un animal à se montrer agressif envers tout individu autre que le lançeur de sort. En l'occurence, le seul être présent était William. Pendant une seconde, la même où il avait paniqué, le jeune Serdaigle s'était demandé si le sortilège fonctionnait sur les créatures artificielles, autrement dit celles qui étaient invoquées, et qui n'existaient pas vraiment. Mais le demi-tour du serpent lui prouva qu'il avait eu tort de s'inquiéter. Réussissant enfin à se redresser, Mathias tenta d'oubler sa douleur, ne regardant pas le serpent, mais plutôt William, pour voir comment celui-ci allait réagir face à son propre sortilège.

HJ: Désolé du retard^^'

Mathias tituba, sitôt son incantation prononcée. Contrairement à ce qu'il pensait, ce n'était pas l'ensemble des sorts qu'il avait utilisé qui l'avait épuisé, mais simplement le maléfice d'Entrave. Impedimenta avait était mal utilisé, et ne s'était pas simplement contenté des connaissances et de la conviction de Mathias, il lui avait en plus sapé une grande partie de son énergie physique. Ainsi le jeune Serdaigle se sentait essoufflé, comme après avoir courru un marathon, et mort de fatigue.

Le maléfice qu'il avait utilisé ensuite ne se révéla pas plus efficace... Et William parvint sans peine à riposter par un autre. Cependant, l'incantation ne parvint pas très clairement aux oreilles de Mathias... La fatigue amenuisait ses réflexes, c'était comme s'il sombrait dans un sommeil profond... Den...tes...

BOUM!!!!

Mathias se prit le maléfice de plein fouet, si bien qu'il recula de quelques pas. C'était suffisant, et il tomba à la renverse de l'estrade. Massant sa tête douloureuse, il ramassa sa baguette de sa main libre...avant de prendre réellement conscience de l'ampleur du désastre. Il avait perdu? Peut-être, qu'importait après tout... Mais il sentait très clairement ses dents de devant grandir, grandir... Bientôt, elles parvinrent à passer devant sa lèvre inférieur. Incapable de parler, Mathias ouvrit de grands yeux, lançant des regards de détresse à l'adresse de Will, sachant très bien qu'il ne tarderait pas à accourir pour voir comment il allait. Mathias avait préféré abandonner une nouvelle fois sa baguette au sol pour porter ses mains à son visage. Ses dents grandissaient de plus en plus au fut et à mesure du temps...

William avait lancé le sort un peu à la désespérée, persuadé que Mathias saurait l'esquiver. S'il avait pu se douter qu'il toucherait sa cible, il aurait certainement utilisé un autre sort... Il n'avait aucune envie d'infliger à son ami un maléfice aussi désagréable. Il vit, comme au ralenti, Mathias tomber de l'estrade, et il resta un instant immobile, horrifié par ce qu'il venait de faire. Retrouvant soudain ses esprits, il sauta de l'estrade pour se retrouver près de Mathias. Le Serdaigle se tenait la tête... Le coeur de William s'accéléra douloureusement.

*Mais quel idiot... qu'est-ce que j'ai fait...*

Il s'agenouilla auprès du jeune préfet et se lança dans un discours légèrement décousu:

-Mathias... je ne voulais pas... Je suis désolé... Finite incantatem! tu m'en veux, je suis désolé, je te... tu comprends... je...

Il avait prononcé la formule "Finite incantatem" sans y penser, au milieu d'autres mots sans suite. Par chance, il tenait toujours sa baguette, et le formule fut suivie d'effet. Les dents de Mathias cessèrent de grandir- mais elles ne rapetissèrent pas pour autant, William n'avait pas assez de pouvoir pour cela... Catastrophé, il parvint à articuler enfin une phrase claire:

-Je... je suis désolé Mathias... Tu veux que je t'emmène à l'infirmerie?

A cet instant, plus rien ne lui importait- rien, sinon d'entendre à nouveau la voix de son ami, et de savoir qu'il ne lui en voulait pas. Il redoutait tellement d'entendre des reproches... Pourquoi avait-il utilisé ce sort? Pourvu qur Mathias ne lui en tienne pas trop rigueur...
Tout à son inquiétude, Will ne s'était même pas aperçu qu'il avait remporté le duel. D'autres soucis plus importants monopolisaient son esprit.

Catastrophé par ce qu'il venait de faire, William aida Mathias à se relever, et il ramassa la baguette que le Serdaigle avait laissée tomber. Il la mit dans la main de son ami en se disant que si Mathias lui lançait un maléfice, il n'aurait pas tort... Comment avait-il pu faire ça? Mais Mathias ne pouvait pas parler, et donc William ne craignait rien pour l'instant... Il était certain, cependant, que dès que le Serdaigle aurait retrouvé la parole, il le traiterait de tous les noms... Cette idée l'attristait profondément. Il se précipita vers leurs sacs et leurs capes, qu'ils avaient laissés dans un coin, et récupéra le tout sans cesser de tenir des propos décousus:

-Je ne voulais pas... tu dois m'en vouloir, Mathias... et tu as raison... quel idiot... ma cape... Je suis désolé...

Il marmonnait plus qu'il ne parlait, mais le préfet de Serdaigle devait entendre tout ce qu'il disait, car il le fixait avec attention. Il se tenait la tête et massait ses immenses dents, et William se sentait si coupable qu'il n'osait même pas regarder Mathias en face. Il attrapa sa cape et proposa à son ami:

-Tu veux mettre ma cape devant ton visage?

Cela éviterait à Mathias d'être vu avec ces dents démesurées... c'était tout ce que William pouvait faire pour l'instant. Il chargea leurs deux sacs sur son dos et fit d'une voix lasse:

-On y va...

*Pourvu que Madame Pomfresh trouve une solution...*