La veille au soir, en vérifiant son agenda, William était tombé sur une annotation juste sous la date du trois mars: "ANNIVERSAIRE MATHIAS", à l'encre rouge et encadrée. S'il oubliait, malgré ses précautions, il serait impardonnable... De toute façon, il était impossible qu'il oublie, puisqu'il avait même acheté un cadeau pour son ami... enfin, plusieurs cadeaux. L'un d'eux était un petit livre intitulé "J'apprends l'anglais avec Gudule l'Acromentule", destiné à des sorciers nettement plus jeunes que Mathias... mais le livre avait plu à Will, avec son acromentule animée qui corrigeait l'accent de celui qui prononçait les phrases exercices... Le préfet de Serdaigle ne lui avait-il pas dit qu'il comptait apprendre l'anglais? Le deuxième cadeau était un grand sac de friandises de chez Honeydukes. Pas très original, mais ça fait toujours plaisir. Enfin, le dernier- le vrai cadeau- était un nécessaire à écrire; un assortiment de plumes, un encrier finement ciselé et plusieurs encres différentes, le tout dans un joli coffret de bois qui contenait également une trousse de cuir. Connaissant le goût du Serdaigle pour l'étude, ce cadeau-là allait certainement lui plaire.
William quitta son dortoir, le trois au matin, avec ses paquets sous le bra, et se dépêcha de descendre jusqu'à la Grande Salle. Il se dirigea vers la table des Serdaigle et repéra vite Mathias, encore seul pour le moment, qui entamait son petit déjeuner. Le Gryffondor se précipita vers lui, lançant un "Joyeux anniversaire!" sonore en approchant de la table. Il empila ses cadeaux sur la table, par-dessus la lettre, mettant Honeydukes dessus, le livre au milieu et le vrai cadeau dessous. Puis, sans se gêner, il attrapa une tasse et se servit du thé, comme à sa propre table, en complimentant son ami:

-Joyeux anniversaire, vieux... Tu es bien conservé pour ton âge!

Le dix de ce même mois, lui aussi aurait treize ans... et il n'était pas trop mal conservé non plus...

HJ: J'étais ironique avec l'histoire du cadeau, mais je vais pas me plaindre

Il faut dire les choses comme elles sont: lorsque vous dites à quelqu'un "Oh, il ne fallait pas!" quand ce quelqu'un vous a offert un cadeau, ce n'est pas pour ça que vous allez refuser le cadeau. C'est plus une modalité de politesse qu'autre chose. Et bien... En fait ça n'a rien à voir, car l'état d'esprit de Mathias en entendant William débarquer à trois kilomètres était tout autre, bien que proche... Vous me suivez? En réalité, le jeune Serdaigle s'attendait à ce que ses amis viennent lui souhaiter son anniversaire, et savait que s'ils ne l'avaient pas fait, il l'aurait mal pris. Mais pour une obscure raison, il préféra faire comme s'il était surpris. Même si quelque part, celui qui était devenu son meilleur ami avait tout intérêt à ne pas oublier ce genre d'évènement. Mathias, pour sa part, n'avait pas encore oublié la date de naissance de son cadet d'une semaine. Un morceau de tartine encore dans la bouche, le jeune Préfet adressa un sourire gras de confiture à son ami, tout en le gratifiant d'une poignée de main.

Bravo, j'étais persuadé que tu allais oublier! dit-il d'un ton ironique, une fois son bout de pain avalé. Non, merci, ça fait plaisir! Dit, me vieillit pas plus, tu veux?

Brisant ensuite le tabou des maisons de Poudlard, Will prit place en face de Mathias, à la table des Serdaigles. Les gens commençaient à arriver, mais la Grande Salle n'était pas encore bondée comme elle l'était quand tous les élèves étaient réunis. Des petites premières années de Serdaigle regardèrent William avec curiosité, se chuchotant leur consternation entre elles. Mathias leur jeta un oeil lointain, mais n'insista pas, et prit une nouvelle bouchée de tartine. Cette bouchée allait être la responsable de sa mort. Bon, presque... N'empêche que le jeune Serdaigle s'étrangla presque en voyant la montagne de cadeau que Will posa sur la table. Une fois qu'il eut repris une respiration normale, il put exprimer sa surprise, les yeux grands ouverts.

Tout... TOUT CA?!? Mais t'exagères, Will, t'étais vraiment pas obligé! Pas...autant! Wow... Et bein... Merci beaucoup, si je m'attendais...

Le temps de reprendre ses esprits... Voilà. Mathias resta quelques secondes sans rien faire, avant qu'un regard de William lui fasse comprendre qu'il pouvait ouvrir maintenant. Prenant alors le paquet sur le dessus de la pile, sans même s'être rendu compte que sa lettre était complètement écrasée.

Miam, des bonbons! Ca fait longtemps que j'en ai pas mangés! Tu m'aideras à finir? Il faudra que je fasse attention à ma ligne. Bah oui, à mon âge...

Envoyant un petit regard complice à son ami, il posa à côté de lui les nombreuses friandises, avant de procéder à l'ouverture du deuxième cadeau. Avant de remarquer que ce qu'il tenait entre les mains était un livre, Mathias fut persuadé qu'il tenait bien une Acromentule. Oui, une Acromentule... Une Acromentule?!?

Hein? Mais... AAAAAAAAAAH!!!!!!

De peur, le jeune garçon laissa tomber le livre. Ce ne fut que lorsqu'il regarda attentivement ce qui était une couverture qu'il réalisa sa stupidité. Derrière lui, des petits Poufsouffles s'étaient retournés, et à la vue du livre pour enfant avaient commencé à pouffer.

Dites, vous savez que je peux encore vous enlever des points? dit sèchement Mathias en montrant son insigne de Préfet.

Appeuré, les premières années quittèrent précipitemment la Grande Salle, craignant de voir leur sablier baisser de moitié. Ramassant le livre, Mathias comprit enfin la touche d'humour qu'avait eu William, et ne put s'empêcher de sourire.

"J'apprends l'anglais avec Gudule l'Acromentule". Pour trois à six ans... Très amusant, Will, très amusant. Mais il me semblait t'avoir dit que je détestais les araignées et autres créatures à huit pattes. Alors la prochaine fois tu évites, ok?

Le sérieux avec lequel il avait prononcé ses derniers mots dissuaderaient certainement son ami pour l'avenir. Rassereiné, le jeune Préfet entreprit de défaire le dernier paquet, libérant ainsi la lettre de sa famille qui était maintenant toute plate. La surprise fut de taille...

J'espère que c'est pas le coup du cadeau dans le cadeau dans le cadeau... Voyons... Wow, William! Vraiment, t'aurais pas dû te donner tout ce mal, dit Mathias, les yeux brillants, faisant rouler une des plumes entre ses doigts. Dire que j'allais être à court d'encre... Merci beaucoup! Pour peu, j'ajouterais bien quelques points à Gryffondor. Hey, je peux pas, te fait pas de films, ajouta-t-il rapidement en voyant ce qu'il croyait être un regard plein d'espoirs de son ami.

HJ: allons, c'est la moindre des choses^^

William se beurra un toast en regardant Mathias ouvrir ses cadeaux. Il avait pris un air offusqué lorsque le préfet avait dit qu'il pensait qu'il oublierait, mais son sourire était vite revenu... comme si on pouvait oublier ça ! Il tendit le bras pour attraper un pot de marmelade, lorsqu'un murmure attira son attention. Quelques petites Serdaigle le regardaient de travers, et il précisa à haute voix, au cas où:

-Ma gale va beaucoup mieux ces derniers temps, je ne suis presque plus contagieux!

De toute façon, il n'était pas interdit de prendre place à la table d'une autre maison, surtout en compagnie d'un préfet de cette maison... Il était rare que des élèves prennent leur repas à d'autres tables que celle de leur maison, mais certains le faisaient. William lançait aux petites Serdaigles un regard qu'il voulait impressionnant, mais la toux épouvantable de Mathias lui fit tourner la tête précipitamment. Le jeune Préfet venait d'avaler de travers et s'étouffait à moitié, perdant toute dignité. Will lui tapa dans le dos, et lui servit un verre de jus d'orange pour l'aider à reprendre contenance. Son ami put alors lui reprocher gentiment de s'être un peu excité sur les cadeaux... mais son sourire radieux démentait ces reproches.

-Oh, ce n'est rien, fit le Gryffondor tandis que Mathias découvrait le paquet de bonbons.

Le livre, en revanche, passa moins bien, sans que William comprenne pourquoi. La lumière se fit soudain, et le jeune homme fronça les sourcils.

*Quel sombre imbécile je fais!*

William venait tout juste de se remémorer l'aversion de Mathias pour les araignées... en achetant le cadeau, il n'y avait absolument pas pensé! Il avait simplement trouvé ce livre marrant... et le fait qu'il ait un rapport avec une Acromentule ne lui avait posé aucun problème... oubli stupide... Il eut un sourire d'excuse envers son ami, et marmonna:

-J'avais oublié que tu n'aimais pas les araignées... désolé...

Il espérait que son ami ne croirait pas qu'il avait voulu se moquer de lui... mais non, Mathias s'était repris et il parlait tout à fait normalement à Will. Comme prévu, le dernier cadeau fut un succès... William avait trouvé ce coffret tout à fait adapté au caractère de son camarade. Avec un clin d'oeil malicieux, il répondit:

-Mais j'ai tout intérêt à te gâter, mon vieux... mon anniversaire est après le tien... même si tu ne m'ajoutes pas de points...

A vrai dire, William n'avait même pas lu les dernières lignes de la lettre. En arrivant aux embrassades maternelles, il avait interrompu sa lecture, et n'avait donc pas vu la référence aux deux mots. Il était suffisamment occupé à chercher comment faire main basse sur une des lettres de Mathias pour y ajouter quelques mots destinés à sa maman... Quelques petits mots pas méchants, absolument pas, juste une salutation pour la forme, et surtout pour lui dire qu'il n'était pas à Serdaigle! Ou alors, il faudrait qu'il envoie à la mère de Mathias une photo de son fils avec ses amis, en uniforme scolaire. Elle verrait bien qu'il portait un cravate rouge... Oui, bonne idée. Il faudrait qu'il en parle à Clarisse, la photographe de service, pour envoyer le document en cachette de Mathias...
Réjoui par cette idée, il n'avait pas trop fait attention à ce que disait Mathias. D'après le préfet, on n'était pas obligé de choisir deux options... Will avait donc tout compris de travers, il était persuadé que deux options étaient obligatoires. Il secoua la tête lorsque Mathias sous-entendit qu'il était moins bon élève que le Gryffondor, l'air de dire "vaut mieux entendre ça que d'être sourd", et reprit:

-Je croyais qu'on était obligé de prendre deux options... Je n'ai pas dû suivre, c'était peut-être le nombre conseillé... Tu es sûr de prendre Arithmancie? J'ai regardé des manuels à la bibliothèques, ça a l'air difficile... Enfin, si j'ai un ami dans ce cours, ce sera déjà plus facile... En fait, j'aimerais bien essayer, mais j'ai peur de ne pas suivre. Tu sais, les chiffres et moi, ça fait deux... conclut-il avec un clin d'oeil, sans se douter qu'il avait probablement incité Mathias à tout faire pour qu'il étudie l'arithmancie.

En primaire, il n'était pas bon en maths (trop désordonné dans ton raisonnement, avait décrété l'enseignante excédée) et il avait littéralement sauté de joie en apprenant qu'il n'étudierait plus cette matière de fous. Rien que pour cela, il valait la peine d'être élève à Poudlard! Souriant, William attrapa une corbeille de petits pains encore chauds et en beurra un avec entrain, en demandant:

-Tu as prévu quelque chose de spécial aujourd'hui, Mathias?

William éclata de rire en mordant dans son petit pain, et le leva comme pour porter un toast à la santé de Mathias. Il avala sa bouchée et expliqua rapidement:

-Je ne peux pas résister quand ils sont tout chauds! et puis, je n'ai pas beaucoup mangé, moi...

Juste un toast, à vrai dire, mais accompagné de plusieurs tasses de thé, comme à son habitude. C'était peut-être ce qui faisait dire à Mathias qu'il mangeait "encore"... De toute façon, l'odeur des petits pains chauds était trop alléchante pour que le Gryffondor puisse y résister. Il termina son pain en deux bouchées, en beurra un autre en souriant à Mathias et annonça:

-Après celui-là, j'arrête, promis.

Tout en étalant une généreuse couche de beurre sur le petit pain, il repensait aux options. Il est vrai que l'Arithmancie le tentait, mais le souvenir de ses mauvaises notes en maths l'effrayait un peu... allait-il suivre? Il avait peu à peu appris à haïr les chiffres... mais qui sait si, dans cette école de sorciers, ce ne serait pas différent? Levant la tête, il proposa à Mathias:

-Si tu n'as rien de prévu, ça te dirait de m'accompagner à la bibliothèque pour que je me renseigne sur les différentes options? Je voudrais mieux regarder les manuels d'arithmancie... j'y ai juste jeté un coup d'oeil en passant, mais pas assez pour me rendre compte de la difficulté de la matière...

Il sourit à Mathias avant de croquer son petit pain, songeur. Peut-être pourrait-il demander conseil au professeur d'Arithmancie? C'est que lui aussi aurait aimé être en cours avec Mathias... Jusqu'à maintenant, cela leur avait bien réussi... Il était d'ailleurs frappant de voir à quel point leurs goûts les avaient portés vers les mêmes matières; les Runes, et peut-être l'Arithmancie... Les deux amis avaient les mêmes intérêts, et il aurait été dommage de séparer le Serdaigle et le Gryffondor...

William se tourna vers Mathias, visiblement offensé, les yeux lançant des éclairs. Posant brusquement son couteau, il répliqua:

-A MA table? mais cette table n'est pas destinée aux poussins qui grignotent à peine... Nous, à Gryffondor, on mange, monsieur... pas comme les petits moineaux de Serdaigle, conclut-il, s'attirant le regard haineux des deux petites Serdaigle qui se levaient de table.

Ce regard fit rire William, qui se tourna aussitôt vers Mathias pour lui faire partager sa gaieté. Craignant d'avoir offensé son ami avec cette réplique (sans réfléchir que Mathias venait de lui en servir une du même genre), il dit doucement, sans regarder le jeune préfet:

-C'est gentil à toi de m'accompagner... Comme ça, tu pourras essayer tes nouvelles plumes, en plus... Tu as déjà commencé le devoir de Sortilèges?... Je l'ai attaqué, mais il me manque la dernière partie, sur les exemples concrets d'utilisation du sort... Je manque un peu d'idées... Si tu veux, on pourra travailler ensemble... J'ai tout fait au brouillon, je dois recopier...

Le travail scolaire, la passion commune de Mathias et William. Le Gryffondor ne s'étonna même pas que son ami veuille consacrer la journée de son anniversaire à travailler, il savait que c'était une activité naturelle chez le Serdaigle. Will repoussa sa tasse vide et proposa:

-On va y aller?