Autour d'une bièreaubeurre... [totalement libre]

Clarisse venait de rentrer d’un entraînement particulièrement éprouvant de Quidditch, après avoir pris une bonne douche, la jeune fille ne sut plus que faire. En ce samedi soir, elle avait terminé ses devoirs et s’était avancée dans son travail, elle n’avait donc plus rien à faire. Lire ne lui disait rien, quant à aller se balader dans le parc ou dans le château, elle n’en avait pas non plus envie. Il était à peine vingt heures, elle était seule dans le dortoir. L’aiglonne eut alors l’idée de sortir. Oui sortir de ce château et aller à Prés au lard, boire quelque chose et faire un petit tour, se promener dans les rues…

Elle sortit de la salle de bain une serviette autour d’elle et s’approcha de son lit. Elle choisit des vêtements sombres, sécha ses longs cheveux roux et s’habilla lentement. A quoi bon se presser ! Une fois habillée, elle enfila une paire de bottines noires, et sortit sa cape, noire elle aussi. Ce qu’elle allait faire était interdit par le règlement. Ce n’était pas la première fois qu’elle transgressait les règles, mais son cœur battait tout de même très fort, par peur de se faire prendre. Mais elle ne devait pas penser à ça, ni à la punition qui l’attendait au cas ou elle serait surprise la « main dans le sac », et encore moins au nombre faramineux de points qu’elle ferait perdre à sa maison.

Avant de quitter la chambre douillette des demoiselles, Clarisse vérifia la présence de sa baguette magique dans l’une de ses grandes poches. Mieux valait être armée dans ces cas-là ! Puis elle attrapa une fine bourse de cuir qu’elle glissa aux côtés de sa baguette. Les pièces de monnaie tintèrent joyeusement les unes contre les autres avant de se taire, enfouies au plus profond de la noirceur de sa poche. Clarisse descendit les escaliers d’un pas assuré, même si au fond elle tremblait que quelqu’un lui demande ou elle allait dans cet accoutrement. Heureusement, personne ne parut lui prêter la moindre attention, comme d’habitude, elle avait eut peur pour rien.

Mais la fillette ne put réellement respirer plus librement lorsqu’elle se retrouva dans les rues du village. Ayant rabattu sa capuche sur ses yeux, personne n’aurait été en mesure de la reconnaître. La jeune fille croisa deux ou trois sorciers et sorcières, aucun d’eux ne se retourna sur son passage. Clarisse savait que le bar des « trois balais » était très souvent fréquenté par des professeurs de Poudlard. Aussi de dirigea t elle dans des ruelles annexes, retirée du centre du village. Là encore elle croisa des sorciers aux pas pressés. Après quelques minutes de marche au rythme modéré, elle poussa la porte du pub « la tête de sanglier ». Il était réputé au collège magique pour être mal fréquenté, mais la serdaigle ne s’en souciait pas spécialement. Elle avait une petite boule au ventre, chose normale puisqu’elle enfreignait le règlement, mais pas grand chose de plus. L’intérieur du pub était un peu crasseux, à l’image du barman. Ce dernier avait l’œil vitreux et n’inspirait pas confiance. L’éclairage était mauvais et les conversations se faisaient à voix basse. Lorsque l’aiglonne commanda sa bièreaubeurre, les quelques clients attablés se retournèrent en sa direction, une fraction de seconde.

Clarisse paya rapidement et alla s’asseoir dans le coin le plus reculé de la pièce, à côté d’une fenêtre, dos au mur. Le choix n’était pas des plus stratégiques, mais la rouquine était novice. Elle promena tranquillement son regard sur la clientèle. Elle ne reconnut personne, et tous semblaient beaucoup trop occupés pour faire attention à elle. Du moins en apparence… Rassurée, la poudlardienne porta le verre à ses lèvres. Mais alors qu’elle les trempait à peine dans la mousse de sa boisson, la petite cloche au dessus de la porte tinta. Quelqu’un entrait…

La nuit tombait. En fait le crépuscule avait déjà envahi la quasi totalité de pré-au-lard mais Kevin n'y prit pas garde, ces temps-ci il faisait nuit noire avant même l'heure du thé. "La faute à la saison et aux lattitudes, avait-il prit l'habitude de répondre lorsqu'il rentrait tard au château, on ne peut jamais savoir l'heure qu'il est: le soleil tente de dépasser la lune." Cette fois encore il s'y laissa prendre, alors qu'il était entré dans la forêt à 13 heures il n'en sortit que 7 heures et demi plus tard sans la notion du temps écoulé. Lui et Hagrid avaient passé l'après midi à cueillir des champignons, les derniers de la saison d'après le garde chasse, et en étaient revenus avec de quoi rassasier les estomacs d'un régiment de légionnaires. Cela faisait des semaines qu'Hagrid convoitait ces champignons, mais ceux-ci poussant dans la forêt interdite il eut trop peur d'y aller seul et c'est seulement lorsque Kevin se proposa de l'accompagner qu'il se décida.

Dès qu' Hagrid l'eut quitté, Kevin s'installa sur le perron d'une maison plutôt coquette et réfléchit. Bien que la compagnie du demi-géant lui soit agréable, il eut préféré faire les champignons seul, car son amour de la forêt venait des sons que celle-ci produisait et donc, lorsqu'il s'y trouvait, les bavardages ou ne serait-ce que le simple froissement de feuille qui ne soit pas dût aux mouvements de ses pieds mais à ceux d'autres l'irritaient au plus haut point. Mais alors qu'il avait cherché la solitude toute la journée il décida de se mêler à un lieu de convivialité, faire la connaissance de quelqu'un ou écouter une conversation, peu lui importait pourvu qu'il s'accrocha à cela. Intuitivement cet endroit lui parut être la Tête de sanglier. Il s'y rendit donc le sac de champignon en bandoulière et non sans avoir lavé, d'un sort, ses bottes collées de boue séchée.

Il prit une boisson et s'installa au comptoir pour la siroter calmement. Au bout d'un moment il sentit peser sur son dos peser un regard et sans se tourner il devinat d'ou celui-ci venait, en entrant le poufsouffle avait remarqué une jeune femme à l'allure pas très nette au fond du bar, une femme toute de noire vétue.

Quelqu’un entrait, comme je viens de vous le dire et le regard de l’aigle se scotcha littéralement dessus. Ce n’était pas très discret, et si la personne qui s’avérait en fait être un garçon faisait un tant soit peu attention, il (enfin elle puisque j’ai dis la personne…) donc elle s’en apercevrai très facilement. Alors que le jeune homme s’approchait du bar et qu’accessoirement il tournait le dos à Clarisse, cette dernière le détailla des pieds à la tête ~~parce que comme dit Artémis, de la tête aux pieds c’est moins bien parce que les pieds sont généralement d’une beauté moindre que le minois d’une personne.~~ Enfin bref ! Ce garçon portait des bottes, chose qui surpris beaucoup la jeune fille. Que pouvait-on faire avec des bottes à Prés-au-Lard ? Sans doute ne venait-il d’un autre endroit. La forêt ? Cette piste n’était pas à exclure, mais la rouquine ne pouvait en être certaine.

Elle remarqua ensuite un détail intéressant : il portait un sac de toile en bandoulière, qui semblait, de loin, assez rempli, sans que la serdaigle n’arrive à déterminer de quoi. Elle n’était pas voyante, juste élève ! L’écossaise ne voyait malheureusement pas son visage, et n’avait fait que l’apercevoir furtivement lors de son entrée. De dos, elle voyait néanmoins ses cheveux, blonds. Il avait l’air assez costaud, entendez par là musclé, pas enrobé de chocolat et suffisamment grand pour être plus âgé qu’elle, sans pour autant être un adulte, ou alors une jeune adulte. Donc selon toute probabilité, il s’agissait d’un élève de Poudlard.

Deux clients se levèrent en émettant d’affreux bruits, provenant du frottement des pieds de leurs chaises sur le carrelage sale du pub. Cela coupa l’élève dans ses pensées et la fit revenir à la réalité. Les deux hommes sortirent en riant, saluant le barman en passant la porte, comme s’il se fut agit d’un vieux camarade. Un instant distraite, Clarisse ne remarqua pas que le dernier arrivé avait commandé une boisson, vraissemblablement une bièreaubeurre, comme la majorité des sorciers. Délaissant le jeune homme du regard, elle avala une gorgée du délicieux breuvage qu’elle tenait devant elle. Et si elle l’invitait à s’asseoir à sa table ? Le risque qu’il s’agisse de quelqu’un de mauvais n’était pas inexistant, mais la bleue et bronze n’avait rien (ou presque) à perdre. Lorsque le jeune homme se retourna, elle l’invita, d’un signe de main à la rejoindre, agrémentant le geste d’un sourire en coin. Viendrait? viendrait pas?

En sortant du bar, les deux clients n'avaient pas fermé la porte et l'on pouvait voir par l'ouverture la pluie tomber en trombe, son lit l’attendrait donc encore un peu. On a beau dire mais tuer le temps n’est pas la chose la plus facile qui soit, c’est un combat de tous les instants, il faut s’occuper sans répit, et l’adversaire est inépuisable. Le combat ne peut être emporté que si le niveau de concentration requis par l’occupation est supérieur au niveau de conscience. Or siroter une bièreaubeurre est bien loin de suffire pour atteindre ce niveau de concentration. Kevin focalisa tout de même toute son attention sur sa boisson mais au bout de quelque minutes il dut, hélas, faire face à l’ignoble vérité : il s’ennuyait.

Le jeune pouffy se tourna vers les autres clients du bar dans l’espoir que ceux-ci seraient à mène de capter son intérêt. Son regard se posa sur la table voisine et sur les trois sorciers qui l’occupaient. Ceux-ci n’avaient pas l’air commode, les mines sinistres ils discutaient entre eux à voix basse et à bâtons rompus. L’un deux, un barbu vêtu d’un ciré noir qui ressemblait étrangement à un pêcheur, sentant le regard de Kevin posé sur lui le regarda à son tour d’un œil noir rempli de menaces. Fuyant le regard du pêcheur, il aperçut une jeune fille à une table du fond qui lui souriait. Etonné, il la regarda pendant quelque secondes sans oser lui retourner son sourire. Rousse, à première vue âgée d’une douzaine d’années, *sûrement élève à Poudlard* pensa-t-il, *pas l’air bien méchant*. Se disant qu’elle pourrait l’occuper de manière assez efficace voir agréable, Kevin se leva et rejoignit la rouquine à sa table non sans avoir prit soin de ne pas trop s’approcher du pêcheur cependant.

-Salut! Est-ce que j’ai le plaisir de te connaître? Ta tête me dit quelque chose...

Pensant qu’il avait peut-être manqué de politesse, il ajouta bien qu’il pensât que la jeune fille ne s’en formaliserait pas :

- Est-ce que je peux m’asseoir à tes côtés ?

Viendrait ? Viendrait pas ? Telle était la question. D’un côté, la jeune fille aurait adoré avoir un peu de compagnie, quelle qu’elle soit. Aussi bien que des surprises qui allaient avec. Mais d’un autre côté, elle savait qu’on pouvait faire de mauvaise, et même de très mauvaises rencontre à la tête de sanglier. Le bruit courait à Poudlard que des mangemorts y trouvaient parfois refuge, ou d’autres créatures, humaines de visages, mais pas de cœur. A cette pensée, elle eut un frisson dans le dos. Se pouvait-il que le jeune homme qu’elle avait invité en soit ? Non, non et non. C’était très improbable. Il avait plus la tête d’un élève du collège voisin que d’un sérial-killer ou toute autre chose s’en apparentant.

Le garçon se détourna du bar et s’approcha tranquillement du coin vers lequel était assise la rouquine. Ainsi, il répondait présent. La petite croisa mentalement les doigts dans l’espoir qu’il s’agisse d’un élève fréquentable, et pas d’un gros pervers fuyant les bancs de l’école afin de commettre ses forfaits en toute impunité. Car si elle avait apprit une chose, c’était bien qu’il ne faut jamais jurer de rien. Même si le garçon avait l’air aimable et gentil, il cachait peut être bien son jeu. N’ayant pas loisir de construire d’autres hypothèses, Clis’ regarda le jeune homme dans les yeux, tentant de percer ses intentions. Celui-ci prit alors la parole d’une voix qui se voulait enjouée, insinuant même qu’il la connaissait, avant de se reprendre et de demander de façon plus polie s’il pouvait s’asseoir.

L’ecossaise fit la moue. Drôle de façon de se présenter. Enfin, chez les sorciers, ça se passait toujours bizarrement. Si on se souvient bien, toutes les rencontres qu’elle avait faite s’étaient passées de façon étrange, ou presque. Ne sachant trop sur quel pied danser, elle bu une nouvelle gorgée afin de se donner le temps de réfléchir à la conduite à tenir. Son cerveau d’aigle se mit en route à toute allure, et elle finit par penser que jouer le jeu ne pouvait pas lui nuire.

_ Je t’en prie, prends place !

Elle attendit que le garçon soit installé à son aise avant de reprendre la parole.

_ Il ne me semble pas t’avoir déjà croisé…. Mais, peut être que ma mémoire me fait défaut…. Bien que j’en doute !

Elle fit de nouveau une pause, guettant la réaction du garçon. Elle n’avait rien de particulier à dire, et même si elle était curieuse, elle s’interdit de lui poser une question la première.

_ C’est un triste temps je trouve. Personnellement, la pluie ne me dérange pas, mais le problème c’est que les hiboux et les chouettes ne peuvent pas remettre le courrier aussi rapidement que de normale. Ça les gêne beaucoup…

Pourquoi diable parlait-elle de hiboux à un inconnu dans un pub mal fréquenté et de surcroît à tombée de nuit, au lieu de s’enfuir en courant jusqu’à son dortoir ? Impossible de le dire. A moins d’être à sa place, ce qui n’est pas mon cas en tant que narratrice, bien qu’elle me dise beaucoup de choses, celle-ci n’en fait pas partie !