Lorsqu'une mauvaise nouvelle vous tombe dessus sans préavis, il est parfois très difficile d'encaisser et de se relever pour continuer à avancer. On a tendance à se donner à fond dans quelque chose qui nous passionne (ou pas) pour tenter de passer le temps et ne pas penser au problème qui nous occupe l'esprit, seulement que fait-on lorsque l'on a envie de ne rien faire, si ce n'est de déprimer à mort et de cogner sur tout ce qui bouge ? Vous ne voyez pas ce qu'on peut faire ? Très bien, alors je vais vous le dire ... on va se bourrer la gueule, c'est évident ! Enfin, boire pour oublier et oublier qu'on a bu, vous ne connaissez pas ce célèbrissime cercle vicieux ?!

Mais, vous devez sûrement vous demander pour quelle raison suffisamment grave une jeune fille pleine de joie de vivre, à moins de deux semaines de son anniversaire déciderait de passer la sortie trimestrielle à Pré-Au-Lard, seule, à la Tête de Sanglier dans l'unique but de se bourrer la gueule, non ? Eh bien, ce qu'il se passe c'est qu'une semaine auparavant, Lavande avait reçu à l'heure du petit-déjeuner une lettre de ses parents. Elle l'avait ouverte en pensant qu'il s'agissait de la lettre hebdomadaire que ses parents lui écrivaient pour lui donner des nouvelles, mais non cette fois-ci, il s'agissait d'un sujet tout à fait différent. Voici le contenu de cette lettre fatidique :

Citation :

Ma chérie,

Ton père et moi avons une très mauvaise nouvelle à t'annoncer, alors je t'en supplie sois forte ! Tu sais que ta petite cousine Aurore était très malade depuis plusieurs mois, les médecins de Ste Mangouste avaient promis de faire tout ce qu'ils pourraient dans le but de la sauver, seulement son petit corps d'enfant de seulement un an et demi n'a pas tenu le coup face à la maladie. Je suis désolée mon coeur mais elle est décédée, on la mettra en terre mercredi, j'ai déjà envoyé une lettre à Dumbledore et tu as l'autorisation de manquer les cours ce jour-là pour assister à l'enterrement.

Je sais combien tu aimais ce petit ange, mais sois forte, dis-toi que maintenant elle veille sur nous depuis là où elle se trouve.

Je t'aime de tout mon coeur, ta maman.

En lisant cette lettre, la Gryffondor avait d'abord cru à une blague de très mauvais goût, elle avait immédiatement pensé à Lou et aux Serpentards, mais pourtant son coeur savait parfaitement que c'était la réalité, simplement elle n'était pas prête à réaliser l'ampleur de la tragédie. Sa belle petite cousine, cet adorable bout de chou qui riait sans cesse, cette enfant merveilleuse qui l'avait tellement inquiété depuis qu'elle avait été hospitalisée s'était envolée vers l'au-delà ! Lorsque la nouvelle était enfin arrivée jusqu'à son cerveau, elle avait lâché sa cuillère et avait pleuré tout son saoûl sur l'épaule de Parvati. Le mercredi, elle avait encore plus pleuré à l'enterrement et elle avait passé une semaine atroce, maintenant tout ce qu'elle voulait c'était oublier, oublier jusqu'à l'existence même d'Aurore pour ne pas avoir à supporter le poids de son absence.

Voilà pourquoi, elle poussa le battant de la Tête de Sanglier d'un geste brusque en cette fin d'après-midi de novembre. Elle se dirigea d'un pas raide vers le comptoir et commanda d'une voix rauque un Whisky Pur-Feu. Le barman la regarda bizarrement et dit :

-Les jeunes filles ne devraient pas boire ce genre de boissons.

Lavande jeta deux gallions sur la barre et dit :

-Tant qu'il paye le client est roi, alors tu m'en mets deux et sans discuter.
-Très bien ma petite dame, on se calme.

Il prit l'argent, s'éloigna et revint avec deux bouteilles. La quatrième année en déboucha une et commença à boire. Tout d'abord, elle eut très chaud, mais elle n'arrêta pas et lorsque la première fut finie, elle entama la deuxième. Elle ne contrôlait plus rien, mais au moins comme ça elle oubliait tout !

Qu'est-ce qu'on pouvait s'ennuyer dans un bureau, aussi bien aménagé soit-il... La pièce circulaire emplie d'objets plus étranges les uns que les autres avaient fini par lasser son locataire, qui était déjà le quatrième en quatre ans... Ce bureau était celui du professeur de Défense Contre les Forces du Mal, communément appelée, pour les élèves trouvant le nom de la matière un peu trop long, DCFM. Vous aurez donc logiquement deviné quel était cet homme qui refermait la porte de ce lieu peu propice à une quelconque distraction... Sa crinière de cheveux gris, sa canne, sa jambe de bois ? Ce visage tellement couvert de cicatrices que l'on finit par se demander si c'est encore un visage ? Cet oeil étrange, bleu électrique, sphérique, tournant dans tous les sens dans son orbite ? Ca y est, vous avez trouvé ?

Assez plaisanté. Alastor Maugrey Fol Oeil, puisque c'est de lui qu'il s'agit (ceux qui n'ont pas trouvé me copieront vingt fois : "Je suis bigleux et mon crâne sonne aussi creux qu'un vieux chaudron de Rogue.") boîtait dans les couloirs, réfléchissant à un endroit qui pourrait accueillir sa personne... Portant sa main libre à la poche intérieur de son vieux manteau, l'ancien Auror constata avec une grande déception que la bouteille qui s'y trouvait habituellement, eh bien, ne s'y trouvait plus... Pourtant, le breuvage qu'elle contenait était l'un des meilleurs qu'un vieux roublard pouvait goûter dans sa vie... Certes, il avait passé depuis longtemps le stade du simple goûtage, et c'est bien pour ça qu'il se trouva d'un coup dans un mauvais jour... En plus de s'ennuyer, il était énervé. Gare au premier qui passe...

Mais durant les dernières minutes passées à arpenter le château pour se retrouver dans le hall, Maugrey avait fait bosser ses méninges et une idée lui était venue : aller boire un coup. Ainsi, il règlerait les deux problèmes à la fois. Il trouverait peut-être de l'animation dans un bar, et il boirait, compensant la perte de la bouteille... Une traversée du parc à la vitesse que lui permettait son état physique amena le professeur de DCFM au portail. Après l'avoir franchi, il se dématérialisa dans un craquement sonore.

Le même son retentit alors dans la seconde devant un pub miteux : la Tête de Sanglier. Il y avait plus animé, comme les Trois Balais, mais c'était justement trop animé... Poussant la porte de l'établissement, Fol Oeil se dirigea vers le comptoir derrière lequel se trouvait une connaissance, le frangin du dirlo. Celui-ci gardait l'anonymat, donc son visiteur ne prononça pas son nom, le saluant seulement d'un signe de tête...

"Un whisky Pur-Feu..." grogna-t-il.

La boisson lui permettrait d'oublier les quelques désagréments qu'il venait de subir... La bouteille à la main, Maugrey pivota pour s'adosser au bar... Il fixa alors deux élèves qui s'étaient aventurés ici... Le professeur les avait bien sûr repérés dès son entrée et son oeil magique ne les avait pas quittés. A présent, les deux yeux demeuraient sur les Gryffondors... Après une gorgée du liquide ambré, il boîta jusqu'à eux...

"C'est pas un endroit pour vous, ici..." maugréa le vieil Auror en se postant devant la table...

[HJ : Neville ne vient pas, tant pis !]

A peine Lavande s'était-elle étonnée de voir son professeur de Défense Contre les Forces du Mal que la table fit un bond de quelques centimètres, répandant le contenu d'une bouteille de Whisky sur la jeune Gryffondor... Cela ne fut pas une surprise pour le vieux Maugrey, du moins pas complètement... Depuis qu'il était arrivé, il avait repéré le porte-monnaie et avait aussi vu Lou entrer, tout ça grâce à son oeil magique... Tout en se postant devant la table à laquelle était installée la Rouge et Or, il avait suivi le périple de la Serdaigle, se demandant pourquoi elle s'était mise à quatre pattes... Ce n'est que lorsqu'elle s'était glissée sous cette fameuse table qu'il comprit... La fille en bleu était la propriétaire légitime de cette petite bourse abandonnée... C'est là que réside le peu de surprise éprouvé par l'ex-Auror : les élèves de cette maison sont censés être intelligent, et pourtant rien dans l'attitude de Miss Belacqua ne le montrait... Si déjà elle n'avait pas demandé, tout simplement, qu'on lui donne son porte-monnaie, elle aurait tout de même dû savoir qu'elle était sous une table et que le risque d'entrer violemment en contact avec le bois était quand même bien présent... Toujours sans rien dire, Alastor regarda la Bleue s'extirper de sa cachette, son oeil magique fixé sur elle, et Lavande, qu'il observait de son oeil normal...

*Sont vraiment bizarres, les élèves de Poudlard quand ils y sont pas...*

Puis le professeur assista à une scène bien étrange... Les deux Quatrième Année semblaient bien se connaître, et les relations entre elles ne devaient pas être celles qu'entretiennent les meilleures amies du monde... La Gryffondor avait sorti sa baguette, traitant Lou et Maugrey de monstres, et s'était retrouvée sur le derrière... Mais apparemment, la quantité de boissons alcoolisées avait atteint un niveau trop élevé... Lavande s'était penchée en avant, au cas où tout ce petit monde voudrait faire le chemin inverse... Maugrey se retourna et grogna aux quelques clients :

"Vous occupez pas... Ca vous regarde pas..."

Puis il s'approcha de son pas boîteux de la Rouge et Or après avoir déposé sa propre bouteille sur la table... De sa main libre, celle qui ne tenait pas la canne, il attrapa la jeune fille par l'épaule et la remit debout... Puis il sortit sa baguette, la pointant sur le visage de l'élève... Un 'aguamenti' informulé plus loin, elle se prit de l'eau dans la tête, un des meilleurs moyens pour que la lucidité fasse son retour... Toujours penché sur Lavande, il pointa du pouce Lou, qu'il regardait avec son oeil magique :

"Puisque t'es là, tu devrais l'aider... L'asseoir, ou l'emmener à l'infirmerie..."

Il savait, bien entendu, que l'idée ne conviendrait ni à l'une, ni à l'autre, mais il fallait bien que la Serdaigle se rende utile, au lieu de rester plantée là...

[Hj]Désolée pour le retard monstrueux mais avec les vacs puis mon ordi qui a planté, j’ai pas trouvé le temps, alors me voilà avec un post pour tenter de me rattraper.

L’état d’agitation avancée dans lequel se trouvait Lavande n’avait fait qu’empirer son état physique. Non seulement chaque son qu’elle entendait retentissait dans son cerveau comme un coup de gong lancé à côté de ses tympans, mais en plus elle état en proie à une nausée plus forte que les autres qui ne tarderait pas longtemps à lui faire rendre à la nature ce que celle-ci lui avait gentiment donné pour ses besoins nutritifs. Elle était donc assise parterre, la tête penchée en avant pour l’instant fatidique qui s’approchait de plus en plus, lorsqu’une main l’attrapa avec force par le haut de sa robe et la remit debout. Tout ce mouvement n’arrangea en rien son état et elle eut un haut de cœur qui manqua de peu d’être le bon. Elle réussit néanmoins à conserver le minimum de dignité qu’il lui restait et se contrôla. Elle reprit peu à peu ses esprits et comprit que l’ennemi -à savoir le professeur Maugrey- l’avait attrapé et que ç’en était fini d’elle et comme pour la conforter dans son idée, ce dernier pointa sa baguette droit sur son visage. Elle voulut se débattre et crier pour qu’une des personnes présentes fasse quelque chose pour l’aider, mais elle savait pertinament que c’était inutile car Maugrey leur avait intimé l’ordre de ne rien faire. Elle se résigna donc à subir le sort qui l’attendait, s’attendant à voir sa vie défiler devant ses yeux, comme elle l’avait lu plusieurs fois dans ses bouquins où l’amoureux transi meurt devant les yeux de sa belle mais au lieu de ça, ce qu’elle vit c’est un jet d’eau qui lui arrivait droit dessus.

**Hein ? De l’eau, mais pourquoi il me lance de …**

-Gloubbbbmmmmmmfggggrlllllll … kof …kof

La puissance du jet faillit l’étouffer, mais tout s’arrêta rapidement. Elle ouvrit alors précautionneusement les yeux qu’elle avait fermés pour ne pas se recevoir des trombes d’eau dedans et ne comprit strictement rien à ce qui se passait ! Elle se mit alors à faire un certain nombre de constatations qui ne semblaient avoir aucun lien entre elles :

-elle se trouvait dans un pub à l’air franchement miteux (pas normal)
-elle était trempée (normal elle venait de se prendre de l’eau en pleine tronche, mais pourquoi ?)
-le professeur Maugrey la tenait par le col de la robe (pas normal)
-Lou criait qu’elle ne voulait pas l’aider (normal, mais l’aider à quoi ?)
-Neville regardait la scène totalement paumé (normal dans le sens qu’il était paumé, mais qu’est-ce qu’il fichait là ?)
-elle avait un mal de crâne horrible (pas normal)

Elle lança alors un regard interrogateur aux trois personnes qu’elle connaissait, leur demandant du regard qu’est-ce qu’il se passait et qu’est-ce qu’ils faisaient tous rassemblés dans cet endroit sordide. Mais aucun ne semblait lui prêter la moindre attention, elle décida dons de prendre la parole et confirma les paroles de Lou car, quelle que ce soit la situation, il n’y avait pas de doute à avoir, elle ne voulait pas de son aide.

-Professeur, je n’ai aucune idée de qu’est-ce qu’il se passe ici et à vrai dire je m’en fiche un peu, même si j’aimerais bien comprendre mais en tout cas, je suis d’accord avec Lou, je ne veux pas de son aide.

Elle eut alors une douleur plus forte à la tête et dut se prendre le front et s’asseoir sur une chaise. Une fois que ce fut fait, elle tenta de reconstituer les derniers évènements pour comprendre la situation présente mais dans ses souvenirs il n’y avait qu’un énorme trou noir et de plus, le fait de réfléchir avec sa migraine et avec son manque d’entraînement ne fit qu’augmenter son mal de crâne, elle arrêta donc immédiatement cette activité fort dangereuse pour sa santé et se contenta de reposer sa question :

-Et donc sinon on fait quoi là ? Mis à part Lou qui pète un câble ce qui me paraît relativement logique, le reste m’échappe donc une petite explication serait la bienvenue.

Elle fit alors son plus beau sourire au professeur Maugrey et attendit sa réponse patiemment.