La compagnie d'un Demi-Géant (Pv Rub' ^^)

Il devait être approximativement 14 heures, peut être 14 heures trente et le bar se remplissait peu à peu, chacun comblant lentement l’espace, déjà enfumé d'encens, de vapeur des nombreux chocolats, cafés, thés brûlants et autres boissons chaudes qui étaient servies au rez de chaussée de l'auberge du même nom. Dans cette brasserie plutôt animée de Pré-au-Lard appelée «les Trois-Balais», Pénombre observait trois étranges sorciers à seulement quelques tables de la sienne, ils étaient assis nonchalamment sur une des nombreuses banquettes recouvertes d'un épais tissu de velours vert qui jalonnaient les larges fenêtres de l'endroit et semblaient se tenir trop aux aguets pour de quelconques civils mais qui, pourtant paraissaient souhaiter en donner de contraires impressions. Ainsi un des trois mages, celui qui avait revetu une large bure d'un noir profond émit un long bâillement sans même prendre la peine de dissimuler par sa main le gouffre de sa bouche qu'il exposait sans vergogne à la vue des autres clients du bar. L'homme d'une quarantaine d'années, tout au plus, possédait une unique cicatrice sur le visage, fine, longue et profonde, qu’il arborait sans complexe en attachant ses cheveux noirs de jais en une haute queue de cheval tandis que son regard étrangement opale passait d'un visage à un autre sans plus d'expressions que celle figée qu'il arborait depuis qu'il était entré en compagnie de ses deux autres compagnons. Le second, un trentainaire de grande taille un peu enveloppé, lançait des regards envieux aux autres consommateurs du café qui mangeaient, secouant ainsi son imposante tignasse d'un blond affadit par le temps. Ses iris étaient profondément brunes et il se dégageait de son regard quelque chose de très malsain, d'impur et de corrompu. Le dernier, à la fine silhouette éffilée et aux longs cheveux châtains, ne cessait de regarder nerveusement sa montre depuis plusieurs minutes déjà avant de lâcher dans un énième profond soupir :

«Encore en retard… Certaines choses ne changeront jamais. »

Les deux autres acquiescèrent et la Serpentarde détourna ses prunelles de jais des trois mages, laissant son regard balayer machinalement le reste de la salle en soufflant par instant sur sa tasse de lait chaud. Cela faisait quelques dizaines de minutes tout au plus qu'elle était entré dans la brasserie pour échapper à la pluie diluvienne qui s'était levée sans prévenir et frappait à présent de toute sa puissance les dalles grises de Pré-au-Lard. La Serpentarde avait été surprise par la violence de la bourrasque et, malheureusement pour elle, n'avait pu gagner un abri avant d'être complétement trempée. D'un geste distrait et sans grandes convictions, la jeune fille posa sa main sur sa cape de sorcier qui reposait à moins d'un mètre d'elle, sur une tringle de fer proche du feu pour constater qu'elle n'était pas encore sèche, ni même mettable. C'est alors qu'au même instant, un homme d'une taille de deux fois égale à celle d’un être humain et d'au moins cinq fois sa largeur passa la large porte de bois qui permettait l'entrée au bar et qui claqua violement sur son passage.

La jeune fille le détailla inconsciemment, il portait de longs cheveux noirs emmêlés ainsi qu'une barbe qui paraissait assez broussailleuse, et lui dévorait par la même occasion l'intégralité quasi-totale du visage mais il y perlait néanmoins deux yeux brillants comme autant de scarabées noirs qui parcouraient curieusement la salle. La Serpentarde de quatrième année reconnut immédiatement le garde chasse de l'école mais également son professeur de soins aux créatures magiques, en conséquence, elle esquissa à son intention un signe de salut de la main...

"Et voilà, il pleut !"
Décidement, ce n'était pas son jour ! Hagrid, le professeur de Soins Aux Créatures Magiques, s'était rendu dans la Forêt Interdite pour préparer un de ses cours. Mais un épais brouillard et l'absence de son animal de compagnie préféré, et le demi géant, pourtant habitué aux bois, s'était perdu. Gardant son calme, paniquer ne sert à rien, il retrouva rapidement son chemin et pensa l'incident clos.
" - J'ai pas attrapé ma bébéte, mais bon tant pis !"

Et lorsque contemplant l'heure il songea qu'il allait être en retard, il accéléra la cadence. Arrivé devant sa cabane, il redit à son chien qu'il allait revenir bientôt, et s'en alla au pas de course. Mais, dans sa précipitation, il s'était étalé de tout son long, fort grand d'ailleurs le long..., en glissant dans une marre de boue !
" - Bon, je rentre je me nettoie rapidement et je repars !"

Lorsqu'enfin il jugea qu'il était présentable, il prit la direction du Pré Au Lard.
" - Cette fois c'est sur, je vais être en retard !"
Des personnes autour de lui l'observèrent curieusement ! Hagrid en déduisit qu'il ne fallait pas parler seul dans les rues, et décida de ne plus faire partager ses réflexions.

"Et voilà, il pleut !" songea-t-il lorsque la pluie tomba !
Il était à mi chemin, et c'est donc sous une pluie battante qu'il traversa les ruelles le menant au bar des Trois Balais.

Enfin, il était arrivé. Il poussa délicatement la porte d'entrée, et se faufilla à l'interieur. Beaucoup de monde était présent et il chercha du regard les personnes qui devaient l'attendre. Lorsqu'il les vit, il allait leur faire signe, leur dire qu'il était là... Mais à l'une des tables, une jeune fille venait de voir Hagrid et elle le salua !
Par politesse, le demi-géant lui rendit son signe, sans trop savoir qui était cette personne. Toutefois, il s'approcha d'elle et la reconnaissant...
"Hum, qu'est-ce qu'elle va penser de moi maitenant ! C'est pas un lieu des plus fréquantable ici... Mais si elle y est aussi c'est que... Non j'l'ai jamais vu ici moi ! Bon, je fais quoi maintenant ?"
Tout à sa réflexion, il lança à l'adresse d'une table proche de celle de Pénombre !
" - Hey bonjour ! Euh attendez je reviens..."
Puis s'approchant de la jeune fille :
" - Ce n'est pas un endroit pour vous mademoiselle..."

Pénombre n'était pas ce que l'on pouvait commodément appeller une jeune fille modèle, docile ou soumise et encore moins respectueuse des traditions stupides et discriminatoires qu'ont toujours souhaité imposer les hommes aux femmes généralement plus par la force et la puissance physique que par l'esprit. Elle avait rapidement appris à ne pas se montrer serviable vis à vis de ceux qu'elle considéraient comme ses égaux et n'avait pas moins pris l'habitude de garder figée ses prunelles de jais dans celles de son interlocuteur lorsqu'échange de paroles il y avait. La jeune fille ne tolérait absolument pas de recevoir l'ordre de qui que ce soit, surtout d'un homme désirant être obéit simplement parce qu'il en était un et que Pénombre n'était justement qu'une demoiselle et que de ce fait, il la dominait et la dominerait toujours. C'était une Serpentarde, une sang pure ainsi qu'un membre à part entière de la famille ancestrale des Craft et elle était très fière de ce qu'elle était sans pour autant en être imbue. Mais ce qui l'horripilait le plus parmi toutes les sales manies et attitudes de supériorité qu'un mâle pouvait avoir envers elle, c'était bien qu'il se permette de la juger faible ou fragile en dépit du jeune âge que son visage et corps ne pouvait réellement démentir. Mais il y avait bien pire comme affront et insulte qu'un homme pouvait proférer à son égard, c'était bien de ne porter sur elle qu'un regard de dédain, vide et creux de ceux que l'on accorde seulement aux vulgaires objets décoratifs, aux meubles et autres bibelots sans valeurs ou pas. Elle avait une cervelle, savait se battre, répliquer et n'était pas du genre à se laisser marcher sur les pieds par qui que ce soit, encore moins à se taire quand sa langue la démangeait, ce qui d'ailleurs lui avait valu un nombre incalculable de punitions paternelles et de soirées de privation sévère comme autant d'entrainements rendus difficiles par leur durée et leurs circonstances. Mais Pénombre était ainsi et n'existait pleinement que de la sorte, se voulant forte, cherchant sa place en ce monde cruel. Elle voulait prouver au monde entier que le sexe n'influençait pas la capacité d'une personne à réfléchir, agir et commander et que certaines femmes étaient ainsi bien meilleure que leurs égaux masculins dans des domaines qui leurs étaient pourtant reservés.

Et bien que la quatrième année ne soit intimement consciente de la nature protectrice et légèrement inquiéte qui avait incité le demi-géant Rubeus Hagrid à s'adresser à elle de la sorte, la Rusée de quatrième année ne put s'empêcher de répliquer un peu sombre :

" Quelles bases solides peuvent appuyer ce genre de jugement Seigneur Hagrid ? Laisseriez-vous vos yeux juger pour votre âme et esprit de ce qui est bon pour une jeune fille de mon âge ? La rue me serait elle préférable à ce lieu selon vous ? "

Puis un léger sourire se dessina sur ses lèvres et elle s'abaissa un peu vers lui en ajoutant :

" Serait ce malgré tout un endroit pour vous ? Devrais je me méfier de vous ? "

Marquant un temps de silence afin qu'il puisse répondre, la jeune fille détacha ses doigts fins et pâles de la tasse de lait chaud qu'ils enlaçaient, exposant la paume de sa main droite dans un geste d'invitation et acheva d'une voix plus mielleuse :

" Puis je vous proposer de voir un verre en ma compagnie ? A moins que quelques affaires ne tardent à vous retenir ailleurs, auquel cas une pauvre et frêle jeune fille comme moi pourrait bien se faire dépouiller par d'horribles et perfides brigands... "

Hagrid s'en voulait de s'être laissé avoir dans ce piège aussi grossier, et que pourtant il s'était tendu tout seul ! En effet, pourquoi lui pourrait être là et pas elle ? Tentant tant (à prononcer très vite et plusieurs fois ^^) bien que mal de se dépêtrer, il répondit :
" - Hum... Je voulais simplement vous mettre en garde jeune fille ! Les tripots de ce style sont plus pour des hommes que pour des petites filles ! N'importe qui pourrait s'attaquer à vous et vous seriez sans défense... Et puis il y a des mots que vous pourriez entendre, et..."
De toutes évidences, il s'enfonçait un peu plus à mesure qu'il parlait ! Il choisit donc de faire silence.
" - Et puis après tout, vous avez peut-être raison, ici ou ailleurs... Les rues ne sont plus ce qu'elles étaient !"

Ceci étant, Pénombre semblait prendre ironiquement les mises en garde du demi géant, certe plutôt naïf et balourd, mais dont le fond était toujours pur et sincère (et les chevilles pas enflées du tout !).
La Serpentard proposa à Hagrid de boire en sa compagnie ; le garde chasse hésita, il était venu rencontrer des gens, mais il ne voulait pas laisser une pauvre innocente demoiselle seule, car bien qu'appartenant à la maison verte, elle n'était pour lui qu'une frêle jeune fille.
"C'est décidait, personne ne s'en prendra à elle si elle est avec moi ! Je suis deux fois plus grand qu'eux, ça impose le respect !"
" - Eh bien puisque vous me le proposez, j'accepte !"
Il s'installa donc à ses côtés, et se tournant vers le bar il cria :
" - Comme d'habitude !"
Puis, parlant toujours fort, mais à l'adresse de ses compagnons :
" - De toutes façons, elle ne va pas rester !"

Un verre arriva, Hagrid jugeant le contenu trop enivrant pour le boire devant Pénombre, feignant la méprise...
" - Du lait, enfin, c'est du lait que je bois généralement ! Et chaud s'il vous plait... Le personnel n'est plus ce qu'il était, lui non plus... hum."
Il lui fallait engager la conversation, lui dire quelquechose, histoire de passer le temps. Le temps ! En voilà un beau sujet.
" - Sale temps aujourd'hui, hein ? Euh..."

[ MDR !! J'ai bien aimé l'humour de ton dernier post, franchement bravo ]

Pénombre le regardait avec curiosité, tentant de limiter en temps et en intensité l'appui de ses prunelles de jais sur les détails du visage barbu du demi-géant afin d'éviter de le gêner mais c'était tout de même Rubeus Hagrid et il en imposait autant par sa taille que par son étrange regard sombre et éveillé qui semblait sans cesse chercher et capter chacun des mouvement environnant, détailler ce qui entourait les deux êtres l'un en face de l'autre à cette petite table du bar des Trois-Balais. Pourtant, lorsque le professeur de Soins aux Créatures Magiques s'adressa à elle, la jeune Serpentarde perçut aisément l'hésitation dans ses dires en même temps que cette même douceur quasie paternelle qui avait déjà teintée ses propos précédents, ce qui encouragea la demoiselle à esquisser un sourire d'une franchise palpable alors qu'elle lui répondait sur un ton moins froid et plus enclin à l'échange verbal que tout à l'heure :

" Je n'ai guère eu la réelle opportunité de discuter avec vous, Seigneur Hagrid. Me permettriez vous, en conséquences, d'exprimer la requête de n'être, durant ce moment, plus considérée telle une élève à vos yeux mais comme une égale ? "

Enfin, lorsque le demi-Géant exprima à haute voix qu'il acceptait l'invitation qu'elle avait formulée quelques minutes auparavant, la brune aux yeux clairs ne put qu'acquiescer silencieusement, soufflant distraitrement sur sa tasse de lait chaud qui fumait encore. Pourtant lorsqu'il lança à ses compagnons d'à côté que l'héritière des Craft n'allait pas rester bien longtemps en ces lieux si mal fréquentés, Pénombre se permit d'intervenir à voix haute :

" Lorsque la pluie cessera, je partirai... Vous pouviez commander de l'alcool vous savez, cela ne me gène en rien, ni me m'incitera à en boire également. Vous aviez peut être rendez-vous avec ces étranges sorciers ? "

Interrogea t elle en montrant discrètement du menton les trois mages formant une petite équipe douteuse qu'elle avait longuement observé avant l'arrivée de son enseignant, le grand rouquin venait d'ailleurs de se lever et arborait une attitude qui, aux premiers semblants, pouvait paraitre naturelle aux autres consommateurs de la brasserie mais qui n'étaient que suspectes et peu rassurantes aux yeux de la vert et argent. L'homme ne cessait, en effet, de lancer de petits regards autour de lui, l'air de rien, l'air juste curieux, la façade d'un toutiste ou d'un voyager découvrant de nouveaux endroits mais Pénombre n'y sentait qu'un repérage les lieux à moins qu'il ne soit présentementn en train de chercher quelqu'un en particulier :

" J'ignore qui ils sont et ce ne sont sûrement pas mes affaires me direz vous mais ces hommes là ne me semblent pas nets, pas nets du tout... "

Mais Hagrid avait déjà changé de sujet et alors qu'une grande blonde aux fins traits slaves et aux petites mains blanches apportait une grande choppe marron de lait chaud au demi-Géant, Pénombre répondit à sa question sur ce futil sujet afin que la serveuse en question ne puisse capter la moindre bride de leur conversation qui pourrait s'avérer, plus tard, dangereuse :

" Oui, les informations du jour ont prévu de la pluie toute la semaine, c'en est déprimant..."

Quelle étrange jeune fille, devait se dire à ce moment-là Hagrid. En effet, elle ne manquait pas de courage ni de répartie, ce qui n'était pas sans plaire au demi-géant. De plus, malgré son jeune age, elle désirait qu'Hagrid voit en elle plus qu'une élève de Poudlard mais bien la jeune femme qu'elle devenait.
" - Qu'il en soit ainsi alors, Pénombre, j'oublierai l'espace de cette conversation que vous avez quelques décennies de moins que moi !" ajouta-t-il lorsqu'elle le lui demanda.
Par contre une question le hanta.
"Comment diable est-elle au courant que je bois davantage de l'alcool que du lait ?! Aurais-je l'air d'un ivrogne ? Mais non, ce n'est qu'une feinte qu'elle me fait... Enfin j'espère..."
" - Lorsque la pluie cessera... Espérons qu'elle ne va pas redoubler, on ne sait jamais !" précisa Hagrid, comme pour lui-même.

La Serpentard était tout de même bien curieuse. Certes le demi géant était semble-t-il mal à l'aise, certes il regardait un peu partout comme s'il craignait qu'on le voit, ou plutôt qu'on ne le voit pas, mais bon de là à lui demander avec qui il a rendez-vous... Quoiqu'il en soit, il n'eut pas le temps de répondre que déjà arrrivait la serveuse, son lait à la main. Pénombre changea aussitôt de sujet, elle-aussi, pourr la plus grande joie d'Hagrid.
" - Le mauvais temps toute la semaine, eh ben... Avec tout ça on va pas manquer d'eau !"

"On va pas manquer d'eau, non mais mon pauvre Rubeus t'as pas plus stupide comme phrase ?" pensa-t-il au même instant.
Autour d'eux, dans la salle certains s'agitaient, comme pour signaler à Hagrid qu'il était temps pour lui de laisser là la demoiselle. Regardant vers les tables voisines, puis vers Pénombre, et de nouveau de côté, il se décida à lui expliquer, à mi voix.

" - Bien, surtout ne le dites à personne mais... voilà hum... oui en effet je venais voir ces personnes, mais euh, de manière totalement informelle !"
Il ne voulait pas en dire trop, de peur de la mêler, d'une quelconque façon à ses propres intrigues, après tout, peut-être plus tard lle en saurait davantage.

Pénombre trouvait une vraie figure paternelle tendre et dense dans la personnalité assez épurée du demi géant Hagrid avec qui elle partageait une table, un verre, un instant dans un bar plutôt mal famé du chemin de Traverse. Ce petit air bourru et renfrogné, revêche conjuguée à son apparence sombre autant que broussailleuse en aurait et en avait effectivement effrayé plus d’un, mais en même temps, son attitude malhabile et son comportement profondément gentil, protecteur ne pouvait que l‘éloigner indiscutablement des anciens contes enfantins dans lesquels les ogres dévoraient avec grand et féroce appétit les chérubins rebelles ou les rejetons mal élevés. Là, devant la Serpentarde de quatrième année, l’immense homme de plusieurs années son aîné lui apparaissait moins menaçant qu’un doudou de fourrure et l’enfance dans le cœur de la poursuiveuse de Quidditch l’attirait étrangement à perdre son pâle visage dans le piquant de sa barbe noire comme on étreignait une peluche fort pour en apprécier les particularités…

Le garde chasse l’interrompit soudainement dans ses pensées d’innocences lorsque sa voix grave et rauque troubla franchement le chaos environnant de paroles et d’éclats de rires confondues dans le brouhaha général, par sa tonalité bien plus tonitruante et guttural que celles de leurs voisins de table. Pénombre se sentait indubitablement en sécurité au côté de ce grand homme et c’est avec une joie non dissimulée dans un sourire sincère que l’animagus non déclaré accueillit les paroles de son aîné. Ainsi, il tolérait volontiers de la considérer l’instant durant de leur rencontre comme son égale, comme une adulte et cela prenait sûrement effet immédiatement. Elle nota également qu’Hagrid n’était pas dépourvu d’humour et ne put donc que se demander les raisons qui pouvaient bien l’attirer à rencontrer et à faire des affaires avec les trois sorciers aux allures lugubres et querelleuses au coin de la taverne, les logiques explications qui lui permettaient d’être si léger, de plaisanter avec une élève de Poudlard alors qu’il allait bientôt se retrouver face à face avec ce trio de mages peu avenants, aux vécus visiblement guerriers. Lorsque le demi géant reprit la parole et qu’il évoqua, l’air de rien, la pluie qui battait encore avec rage à l’extérieur, Pénombre se balança quelque peu en arrière sur son tabouret de chêne massif pour contempler le ciel maussade et grisâtre par la fenêtre, lequel qui déversait des torrents d’eaux glaciales. Sa voix s’adressa néanmoins au demi géant :

« Je ne sais combien de temps durera l’averse mais elle n’a pas l’air de vouloir cesser… »

Si le temps ne daignait vouloir s’améliorer, il faudrait bien songer à regagner Poudlard d’une manière ou d’une autre :

« Dites moi Hagrid, comment êtes vous venus jusqu’ici ? »

Mais alors que la jeune fille posait sa question à son interlocuteur, celui ci la prit de court en abordant exactement le sujet particulier de conversation qu’il avait pourtant semblé vouloir à tout prix éviter d’introduire et surtout de développer et cela depuis que la brune aux yeux clairs, éternelle curieuse, avait débuté ses petites interrogations à ce propos là, notant les coups d’œil explicites de sens entre les trois mystérieux sorciers et le garde chasse. La descendante des Craft abaissa le ton et, se penchant imperceptiblement en avant, feintant l’intention de refroidir d’un souffle sa choppe épaisse de lait chaud, lui adressa discrètement :

« Ils n’ont pas l’air maniables, ni même dignes de confiance… J’ai remarqué les allers et venus anormales de l'homme de droite, près de l’entrée, celui qui porte une longue et profonde cicatrice sur le visage… Ils préparent quelque chose Hagrid, c’est évident et je ne leur accorderais qu’une confiance apparente à votre place…»

Surtout que l’animagus ne leur connaissait aucune identité…