Ceux sont les plus malins qui parviennent à leurs fins...

Qu'est-ce que ces gens étaient bruyants !!!! Par Merlin, mais où était-elle tombée ? Dans un zoo ! Oui, oui dans un zoo. Pendant que la demoiselle Symphonie attendait patiemment d'être interpellée pour aller sur ce tabouret pour choisir sa future maison, les gens autour des quatre tables étaient un tantinet... sonores ! Qui l'aurait cru ? Même ces Serpentard hurlaient de joie à l'idée de voir un nouvel adepte de leur maison chérie. Non mais vraiment... ils allaient devoir refaire leur éducation ici. Et ces Gryffondor, s'étaient sans doute les pires. Dès que le choixpeau osait crier le nom: Gryffondor, tous les gens de leur table hurlaient, sautaient, tapaient des poings et applaudissaient comme si leur vie en dépendait. Quelle honte, vraiment... D'ailleurs en les regardant plus attentivement, Symphonie avait pu remarquer à quel point ces personnes ressemblaient à des singes. Comme quoi, elle avait eu raison de penser à un zoo, n'est-ce pas ?

Enfin dans tous les cas, Symphonie en avait déjà marre. Comment cela se faisait-il que des gens puissent faire autant de bruit ? Espérant sincèrement qu'il n'y aurait jamais de tapage nocturne, l'adolescente s'était réfugiée au bout de la table pour être seule et surtout tranquille. Elle voulait retrouver son dortoir pour enfin passer une nuit convenable, mais c'était peine perdue car déjà les gens faisaient la fête. Quelle drôle d'idée d'être aussi joyeux pour des nouveaux venus. Enfin soit, après deux, trois regards froids qu'elle lança en direction de plusieurs personnes qui osaient la regarder, elle réussit à avoir la paix. Une chose était certaine, jamais elle n'irait se fondre dans la masse avec tous ces animaux.
Symphonie attendit patiemment que le préfet en chef de Serpentard lève son arrière train pour les diriger vers les dortoirs. Heureusement qu'elle n'aurait besoin d'attendre qu'une fois pour les rejoindre. Elle détourna cependant son regard, faisant le tour de toutes les têtes Serpentardesques pour trouver au bout de quelques minutes, l'insigne du préfet en chef. Elle le toisa alors pendant un moment, espérant qu'il capte son attention pour lui faire comprendre à quel point c'était ennuyant.

Rien n'y faisait, le jeune homme ne semblait pas du tout y prêter attention. Quel bougre ! Croisant les bras sur sa poitrine, la jeune fille ronchonnait sans vergogne. Elle sursauta en s'apercevant que des personnes des années supérieures semblaient rejoindre leur salle commune, mais elle n'eut pas le temps de les suivre. Quel dommage... Encore une fois, elle se renfrogna l'histoire d'un instant avant de voir aux coins des yeux, que le préfet se décidait enfin à les accompagner. Symphonie ne se fit pas prier et se dirigea à grandes enjambées en direction de la porte. Elle dévisagea un bien grand nombre d'individus puis laissant un sourire niais sur son visage froid en regardant avec dédain ce cher préfet en chef. L'avait-il remarqué ou pas, cela lui importait peu. Elle marcha d'un pas rapide en direction des sous-sols, suivant avec grâce le jeune homme en question. Qu'avait-il de particulier pour être préfet celui-là ? Elle se doutait fort bien qu'il n'avait pas été choisi pour son beau regard, mais alors quelles raisons ? Son intelligence serpentardesque peut-être ? Un léger sourire méprisant naquit sur son visage alors qu'elle se plantait derrière le garçon en attendant qu'il leur donne le mot de passe.

Cela aurait pu être « Pâté en croûte » ou « Couleuvre verte » mais il avait fallut que ce soit ce mot de passe. Symphonie soupira exaspérée en levant les yeux au ciel puis entra dans ce qu'on pouvait appeler la salle commune. Elle était plutôt coquette pour une pièce comme celle-ci, avec ces couleurs vert et argent. Des fauteuils recouverts de tissus brodés au fil d'argent sur une couleur vert émeraude. Symphonie releva la tête vers les autres pour savoir si il y avait encore des choses à entendre puis se décida enfin à partir à la découverte des pièces. Une petite bibliothèque se trouvait dans un recoin de la salle où Symphonie vint glisser ses doigts fins le long des livres poussiéreux de potions. Aurait-elle pour directeur de maison, ce professeur aux cheveux noirs et demi longs qui n'était autre que le Maître des Potions ? Elle se redressa dignement puis lança de bref regard autour d'elle en s'apercevant que le calme était revenu à ses oreilles. Une chance que ces abrutis de gens soient si fatigués. Elle se glissa alors dans un des fauteuils confortables avec un livre en main, prête pour une petite lecture.

* Serpaquoi? Bon, j'dois aller rejoindre tous les débiles qui m'applaudissent... *

Edan se leva en dévisageant une dernière fois le Choixpeau poussiéreux qui avait osé salir ses cheveux puis s'avança vers la table des vert et argent. Il prit place un peu à part, ne désirant pas se mêler aux conversations des autres étudiants. Déjà, il entendait des rumeurs parlant des Pouffys ou des Bouffontruc. En écoutant d'une oreille distraite les nombreuses conversations purulentes que se transmettaient les étudiants, il remarqua sans peine que tous ses jeunes sorciers étaient des illuminés du mal et du pouvoir. Il se demanda même qu'elle était sa place dans cette maison qui prônait les sorciers de sang-pur génies du mal. Bon, il avait le caractère, les habiletés et le potentiel pour être admis dans cette maison... du moins, il était heureux de ne pas faire partie des jaunes et noirs avec leur grands yeux vide de tout esprit.

Edan s'était prit au hasard quelques trucs à manger en se disant que si ce n'était pas du guide touristique qu'il devait attendre, il serait déjà enfermé à double tour dans le dortoir en espérant ne croiser aucune âme qui vive. Il n'avait toujours pas digéré le fait que son père l'est forcé à suivre ses cours dans une école paranormale où les étudiants s'amusent avec des bâtons de bois à faire voler des turcs dans tous les sens.

Edan se leva en même temps que tous les premières années qui se devaient d'être escortés jusqu'au dortoir pour le couvre-feu. Il entra dans les rangs, n'adressant aucun regard à personne, le visage neutre et figé par ses pensées.

Une fois dans le dortoir, il alla vérifier que toutes ses affaires étaient en ordre près de son lit puis rejoignit la salle commune juste après s'être débarassé de sa robe de soricer. Porter une robe et puis quoi encore, un tutu rose?

Il s'évacha dans le premier fauteuil inoccupé. Tout était si vert dans cette salle commune. Il fixa le mur, rageant contre son père. Avec un peu de chance, il pourrait lui écrire pour lui dire à quel point il détestait l'école simplement pour le rendre mal à l'aise. Il aurait bien sa vengeance sur lui, quoiqu'il en pense.

Edan fixa le plafond, il n'avait rien de mieux à faire. Son regard suivit le mur puis se stoppa sur une jeune fille qui s'apprêtait à lire. Il la fixa un moment puis s'intéressa à autre chose comme le livre ou la patte d'une chaise.

Symphonie aimait la tranquillité, en était-ce de sa faute ? Enfin en réalité, elle aimait aussi passer du temps seule, à écouter de la musique classique. C'était peut-être le seul "bruit" que l'adolescente supportait bien. Sortant dans le domaine de la musique, les quatre saisons de Vivaldi semblaient de loin dominer les préférences de la jeune Serpentard. Connaissez-vous donc le conte de ces mélodies ? Ces légendes qui vous font rêver pendant votre jeunesse, laissant croire aux princes charmants pour les jeunes filles et aux belles aux bois dormants pour les jeunes garçons. N'est-ce pas le songe de toute une populace infantile ? Qui n'a pas entendu un jour l'histoire des quatre saisons ? Rien de plus niais pour commencer une vie, ne trouvez vous pas ? Oyé, oyé gentes damoiseaux et belles jouvancelles ! Et voilà que le chevalier à la chevelure d'or sur son cheval blanc se battait contre vents et marées dans l'espoir de sauver sa belle princesse cloîtrée dans la grande tour de la forêt endormie... et gnagnagna... N'est-ce pas que du blablatin tout ceci ?

"Au tout début des temps, le souverain Soleil pensait qu'un mari comblerait de bonheur sa fille la princesse Terre, alors désepérément seule et triste. Il invita alors quelques princes à sa cour, pensant que l'un d'eux saurait gagné le cœur de sa fille.
Seuls le Prince-Pêcher, seigneur du Printemps, le Prince-Cerise, seigneur de l'Été, le Prince-Érable, seigneur de l'Automne, et le Prince-Sapin, seigneur de l'Hiver, répondirent à l'invitation. Ils pressèrent alors la princesse Terre de dire lequel d'entre eux elle préfère. Ne sachant que répondre, la princesse leur suggéra de fixer son choix après avoir passer une journée avec chacun d'eux.
À la fin du délai, la princesse Terre ne parvint pas à faire un choix, et retourna voir son père. Le souverain Soleil comprit alors qu'aucun des princes ne pourrait entièrement combler sa fille. Il prit alors la décision de partager le temps de sa course en quatre parties distinctes que la princesse Terre vivra avec chacun des princes." Et bla... bla... bla...

Mais pour en revenir à nos moutons, la jeune Symphonie en aimait bien d'autres musiques et des légendes. Cependant, dans l'instant présent, la jeune fille était plongée dans un livre de Potion. Potions magiques de Arsenius Beaulitron s'il vous plait !
Symphonie allait commencer à lire la première page quand un bruit dérangeant vint lui chatouiller les oreilles. Ne voulant relever la tête pour une absurde présence, elle ne sentit pas moins un regard indiscret la parcourir. Son regard se noircit d'avantage alors qu'elle daignait enfin bouger sa tête pour voir l'intrus qui osait poser son regard sur elle sans son autorisation. Elle le toisa d'un air mauvais avant de claquer sa langue dans sa bouche en signe de désaccord. Elle ne voulait pas être dérangée et encore moins enquiquinée par un abruti de garçon qui allait encore vouloir papoter sans autre intérêt que les potins du jour. Aura-t-elle un jour la paix ? Enfin... maintenant qu'il était là, elle n'allait tout de même pas oser le virer. La salle commune était à tout le monde d'après le préfet en chef. Joie, vous ne trouvez pas ?

Enfin, il semblerait que ce garçon ne désire peut-être pas papoter ce soir. Tant mieux ! Car elle avait des choses bien plus intéressantes à faire... Elle claqua le livre puis se leva pour le ranger à sa place avant de reprendre son emplacement dans le fauteuil moelleux. Elle sourit légèrement avant de retirer ses chaussures et de mettre ses jambes sous elle. Puisqu'il était là, pourquoi ne pas profiter de la situation à son avantage pour s'amuser un peu ?!
La tactique était simple en plus... lui faire un magnifique jeu set et match avec un langage plus soutenu du échec et mat ! D'un revers de la main, l'adolescente agrippa sa baguette et avec une souplesse légendaire dont elle fit preuve, elle plongea son regard dans les prunelles du garçon, le sourire carnassier aux lèvres. Alors que sa baguette pointait le jeune homme, le regard de Symphonie ne semblait guère s'adoucir.

« Accio jeu d’échec ! »

Un jeu d'échec apparut au coin des escaliers alors que Symphonie ne quittait son adversaire des yeux. Fallait-il encore qu'il accepte mais n'était-ce pas assez suffisant comme provocation déjà pour qu'il comprenne ? Il ne semblait cependant pas idiot, et le regard de défi qu'avait la jeune fille semblait bien montrer ce qu'elle désirait à présent. Elle rangea sa baguette puis attrapa le jeu de société avant de le déposer sur la petite table basse qui se trouvait face à elle. Elle le déplia puis sortit les pions pour les placer convenablement. Roi et reine au milieu accolés des fous puis des cavaliers pour terminer par la protection des tours. Les simples soldats nommés pions dans le jeu se retrouvaient devant, face à l'ennemi juré de leur contrée. Symphonie regarda une ultime fois son vis-à-vis, lui demandant d'un simple regard si il désirait ce joindre à elle pour une petite partie de rigolade.

Edan ne passa pas inapperçu aux yeux de sa compagne de maison bien longtemps. Lorsqu'elle pointa sa baguette vers lui, il n'eut même pas le réflexe de faire de même, se contentant de la fixer comme si de rien n'était, le visage glacé par l'indifférence. Il n'avait pas la prétention de se dire sorcier, lui qui n'avait aucune envie de brandir un morceau de branche en l'air en débitant je ne sais quelle formule débile. Il avait bien vu les effets néfastes d'un sort lancé au hasard et ne souhaitait pas finir de la même façon.

Accio, aucune idée. Jeu d'échecs? Le jeune homme fronça un sourcil, déviant son regard légèrement sur le jeu d'échecs que la jeune fille venait de commander. Il resta là à la défier du regard, elle souhaitait visiblement être son adversaire pour une... partie d'échecs?

* Les échecs sont nuls, c'est complètement débile... *

Le jeune homme n'avait, en fait, jamais jouer aux échecs de sa vie mais il s'était surpris à assister à une partie que deux de ses amis s'offraient. Au bout de quelques minutes, il s'était endormi sur le divan ayant à peine compris les règles du jeu. Inutile de préciser qu'il ignorait complètement l'existance de la version sorciers.

Edan ne bougeau pas, le regard de la fille devenait insoutenable, elle avait l'air de le narguer, comme si elle savait déjà qu'elle serait la gagnante. Pourquoi autant de cérémonie pour une simple partie d'échecs?

* Étrange cette fille... *

Edan finit par se lever pour rejoindre son adversaire. Il s'assit en face d'elle et la regarda poser les derniers pions. Il ne lui adressa aucune parole, se contentant de fixer le jeu en espérant un heureux flash-back qui lui permetterait de se souvenir des règles. Les pions n'étaient pas conventionnels, c'était assez étrange. Ils étaient beaucoup plus gros que dans son souvenir. Ah ces sorciers avec leur extravagance.

Symphonie ne pouvait s'empêcher de dévisager son adversaire, se doutant parfaitement que provoquer un Serpentard ne pouvait que l'obliger à riposter. Alors qu'elle suivait le vert et argent du regard pendant que celui-ci prenait place face elle, un sourire carnassier naquit sur ses lèvres. Elle se contenta cependant que de le fixer quelques instants, voir si la réaction du jeune garçon pourrait changer mais il semblerait que non. Pourquoi fixait-il ce jeu avec autant d'acharnement ? Cherchait-il déjà les failles de l'adolescente pour s'en servir contre elle ? Symphonie en doutait un tantinet de cela et tout en glissant sa main dans ses cheveux fins, elle s'éclaircie la voix. Elle n'aimait pas commencer une partie d'échec sans mettre en garde son adversaire. Il était beaucoup plus prudent de poser calmement les bases d'un jeu stratégique et d'y mettre un peu plus de piment avec récompenses ou gages... héhé, il fallait bien se distraire de temps en temps et c'était le seul passe temps que la jeune fille avait eu droit de faire durant plus de cinq ans.

« Les règles du jeu d'échecs sont très simples. Je rappelle cependant que le but du jeu est la capture du roi adverse. Les blancs commencent toujours la partie et chaque joueur joue un coup à tour de rôle car il ne peut y avoir de « je passe mon tour ». La particularité du jeu d'échecs sorcier est qu'il te suffit de prononcer le nom de la case où se trouve la pièce que tu veux déplacer puis lui ordonner d'aller dans une autre case que où tu daignerais la mettre. Cependant… pour y mettre un peu plus de piment, si je gagne tu auras un gage et vice versa. Je te laisse le choix de faire ce que tu veux mais attention au cas où je gagne. Compris ? »

Elle continua de parler sur les règles précises du jeu d'échec ( pour ce qui est de l’échiquier http://www.iechecs.com/echiquier.htm et des pièces http://www.iechecs.com/pieces.htm ) puis tout en se détournant du jeune homme pour attraper un coussin, qui se trouvait sur le fauteuil se trouvant derrière elle, elle le plaça derrière son dos. Elle tourna alors l'échiquier vers son adversaire dont elle ne connaissait même pas le nom pour lui donner les blancs. Non qu'elle n’aime pas commencer à jouer mais pour être sûre que la partie serait dure si il savait y jouer un tantinet. Personne jusqu'à présent n'avait réussit à la mettre en échec et mat ni même en échec. Peut-être serait-ce le début d'une nouvelle ère, non ? Elle aimait beaucoup se donner ce genre de défit même si elle pouvait perdre gros... enfin, les tactiques qu'elle avait apprivoisé ne serait sans doute pas inutile en ce jour. Son regard froid vint se poser une nouvelle fois dans les prunelles sombres du garçon puis se détendit en lui demandant si il était prêt. De toute manière elle n'avait pas le choix... vu qu'il devait commencer.

Elle ne savait pas du tout comment son adversaire aller s'y prendre d'où son envie de jouer avec lui. De plus l'air froid et imperturbable du jeune homme, rendait la jeune demoiselle encore plus pétillante bien qu'aucun trait de son visage ne le montre. Elle gardait toujours ce physique froid et vide de tout émotion. Etrangement, c'était la première fois qu'elle prenait plaisir à faire quelque chose. Elle avait pratiquement perdu le sens de la parole avec ses nombreux silences qui faisait fuir pratiquement tous les gens. Mais à Poudlard, elle avait décidé de faire une exception... celle de vouloir se lâcher rien que pour voir où cela la mènerait dans un futur proche...
Elle s'étira en attendant la réponse du jeune vert et argent alors qu'une caresse vint se faire sur sa main. Elle ne se retourna guère sachant pertinemment qui se trouvait derrière elle. Mistigri ne l'avait pas laissé un instant dans le train alors pourquoi ferait-il une exception à présent ? Elle sourit légèrement puis glissa sa main sous le ventre du chat avant de le déposer sur ses jambes repliées sans dire un seul mot.

Le jeune homme se sentit un tentinet idiot. Pourquoi son adversaire avait-elle sous-entendu qu'il ne connaissait rien aux échecs? À moins qu'elle se soit enregistré ce petit dicours par coeur, il avait "nul aux échecs" d'écrit au milieu du front.

* Quoi, les pions sont magnétiques? Ils sont pas capable de bouger leurs bras, les sorciers? Les pièces sont trop lourdes?*

Bon, malgré le discours presque patriotique de la jeune fille, il n'était pas plus avancé en stratégie d'échecs.

*Comment déjà? Dire E5 à la pièce et elle bouge toute seule? C'est du délire... bon, j'imagine que les pions sont les premiers à bouger... Elle a dit un gage? Elle veut parier en plus? Je vais encore me ramasser comme esclave, je le sens... pourquoi tu abandonnes pas déjà, tu lui dis que t'as mal à la tête et tu t'enfermes à double tour dans ta chambre, nah?*

A2 en A3

*Je t'aurai prévenu, idiot.*

Edan n'avait pas lâché les yeux de l'échiquier, ses yeux s'écartèrent lorsque la pièce se déplaça mais il tâcha de ne pas trop le montrer pour ne pas parraître d'un imbécile sortit de nul part.

Symphonie adorait les sous-entendus qu'elle instaurait avec ses adversaires mais ne s'était guère attendu à ce qu'un Serpentard soit disant digne de ce nom ne riposte pas à son attaque. L'avait-elle donc si mal juger ? D'habitude, devant une telle accusation, les gens avaient tendance à y répondre négativement dans le genre : " Essayerais-tu donc de me discréditer en jugeant mon talent d'irréel ? " ou " N'essayes-tu pas de dire que je suis nul et débile ? ".

Seulement le problème à présent était que ce jeune homme ne daigne même pas lui répondre... où même dire quelque chose... Symphonie en restait sans voix.
Elle continuait de caresser tendrement son chat noir aux yeux bleus quand le garçon se décida enfin à parler pour déplacer une pièce. La jeune fille fit une moue légèrement déçue avant de sourire légèrement aux coins des lèvres. N'était-ce pas l'ignorance qui déplaisait le plus aux individus de cette planète ?

« B8 en C6 »

Le pion face au cavalier se déplaça légèrement pour laisser la place à celui-ci qui vint se poster devant le pion qui se trouvait face du fou. Quelle magnifique description ?! Symphonie savait parfaitement comment protéger son roi sans pour autant bouger sa reine. C'était une manière comme une autre de rester pépère de son côté. Autant elle aimait piquer au vif les gens, autant risquer sa peau dans le camp adverse était bien deux choses différentes. Comme disait le proverbe " C'est un homme sage que celui qui tire profit de ses expériences, mais c'en est un encore plus sage qui laisse les serpents mordre les autres. "
L'adolescente releva alors la tête pour voir celle de son adversaire puis se colla un peu plus contre le fauteuil. Elle glissait sa main lentement contre le corps fin du chat alors que son regard ne cessait de parcourir le visage sombre du jeune homme. Et dire qu'elle ne saurait sans doute jamais son nom...
Elle sourit sans s'en rendre réellement compte quand cette pensée lui vint à l'esprit, mais elle reprit très vite un visage impassible qui lui était tant connu.

D'ailleurs... si elle perdait, que lui arriverait-il ? Peut-être avait-il une idée derrière la tête comme la faire devenir sa bonniche... ou l'obliger à faire ses devoirs pendant une année ou encore...
Et si elle gagnait ?! Elle avait plusieurs idées en tête comme l'humiliation ou ... elle n'allait tout de même pas tout dévoiler maintenant, si ?
Symphonie attendait avec impatience la suite du jeu, se demandant réellement qui pourrait avoir l'avantage. Des milliers de technique étaient possibles dans ce jeu de stratégie mais parfois la chance du débutant y était pour quelque chose. Arf, il était impératif qu'elle gagne même si elle n'y avait pas jouer depuis des mois entiers.
Elle regardait le plateau avec concentration, reprenant peu à peu la manipulation des mots pour ne pas perdre. Un seul faux pas pouvait lui être fatal car après tout il ne fallait pas sous estimer un partenaire qui restait silencieux sur son jeu...

Edan regarda avec autant de fascination la pièce adverse bouger. Il avait du mal à croire que les pièces avaient conscience de la présence des autres, il se demanda alors à quoi pouvait ressembler un hors-jeu de pièce version sorcier. Il resta immobile à fixer l'échiquier comme s'il travaillait mentalement une stratégie planifiée, organisée, structurée, mais il ne faisait qu'observer le visage des pions, du roi et de la reine. Il s'imaginait déjà en train de faire le lit de la jeune fille, ses devoirs, lui masser les pieds. Il soupira puis dit au hasard.

B1 en C3.

Le cavalier s'exécuta, les pièces lui cédèrent le passage et Edan suivit le mouvement du regard. Tout semblait sous contrôle jusqu'à présent, il lança un regard à son adversaire, comme il pouvait la détester avec son chat noir et ses airs de gagnante. Heureusement qu'elle était migonne.

*J't'avais dit de laisser tomber. Mais non, il a fallut que tu prouves je ne sais quoi à cette fille pour lui faire plaisir. Tu sais bien que tu ne vaut pas mieux qu'un clou rouillé aux jeux de stratégie, pauvre débile. Ne viens pas pas te plaindre si tu dois porter une robe à tutu devant toute l'école.*

Il soupira, jeta un regard en coin à son adversaire. Elle n'était peut-être pas si bonne que ça finalement. Lorsqu'il constata le coup suivant, il lia ses mains et se craqua les doigts.

*J'suis dans de beaux draps maintenant...*

Le jeune homme eut un sourire en coin, l'humiliation pouvait être amusante si elle était bien traîtée, après tout, avait-il parié ouvertement?

Symphonie se voyait déjà dans un grand lit à baldaquin, avec un servant lui apportant des grappes de raisons avant de lui masser délicatement les pieds...
Revenant à la réalité, l'adolescente plongeait son regard intense sur son adversaire qui semblait bien éprit de son échiquier. Cherchait-il à son point une stratégie ou admirait-il les pièces bouger ? Symphonie ne s'était guère posée la question car il fallait toujours se méfier de ses rivaux. Surtout quand il s'agissait d'échecs par ailleurs. Mes les très bons joueurs avaient environ une dizaine de stratégies en tête ainsi que toutes les possibilités de son opposant. Elle ne savait pas si la tension qui s'était installée entre eux allait rester ou si elle allait enfin pouvoir s'amuser correctement. Quoi qu'il en soit, si le jeune garçon se doutait un seul instant les idées qui traversaient l'esprit de la vert et argent, il était certain qu'il l'aurait fuit rapidement. Cependant, elle avait envi de corser un peu plus son jeu et avec un léger sourire aux coins des lèvres elle reprit.

- G8 en F6.

Elle releva alors les yeux puis dévisagea le jeune homme jusqu'à ce qu'il daigne en faire autant. Il était vrai que leur discussion n'avait été guère intéressante jusqu'à maintenant puisqu'en dehors d'expliquer les règles du jeu d'échecs, ils n'avaient pas fait d'échange verbale correcte. Elle soupira alors tout en s'amusant à caresser délicatement son chat. Que cela pouvait être ennuyant quand même... il ne pouvait pas faire un effort pour trouver un sujet sympathique ?
Symphonie aimait par dessus tout le silence mais depuis qu'elle était arrivée en cet endroit magique, elle avait envi de voir ce que cela pouvait donner que de provoquer les gens. Ce n'était que par plaisir mais n'était-ce pas suffisant ?
Avec grâce, l'adolescente s'étira lentement tout en s'affalant encore un peu plus contre le canapé sans pour autant retirer son regard impassible de sur Edan. Un sourcil interrogateur se souleva lentement sur le visage de la jeune fille alors qu'elle se prêtait au jeu de la provocation.

- Et à part déplacer des pièces d'échecs... saurais-tu répondre à une devine comme celle-ci ? Un jeune homme rentre dans un Café et se dirige vers un bar pour demander un verre d'eau. Le barman sort immédiatement un revolver et le pointe vers le jeune homme. Ce dernier s'exclame "Merci !" et sort du Café. Pourquoi ?

Symphonie ne savait absolument pas si le jeune homme allait même vouloir répondre à sa devinette mais n’était-ce pas marrant que de jouer en plus là-dessus ? Elle aimait par-dessus tout réfléchir à une stratégie tout en étant déconcentrer par une question bidon comme celle ci. Enfin bidon pour celui ou celle qui connaît cette façon de réfléchir. Pour elle, rien n’était plus évident que la réponse mais ce n’était pas le cas pour tous. Peut-être que ce jeune Edan allait la surprendre encore un peu plus. Après tout n’avait-il pas accepté de jouer avec elle au jeu d’échecs sans même savoir ce qu’elle avait en tête.
Mais il ne fallait pas non plus se laisser aller car le garçon était malgré tout un Serpentard et de réputation cette maison renfermait des gens rusés. Il cachait sans doute bien son jeu… ou alors n’était vraiment un idiot de base. Quoi qu’il en soit, elle n’était pas prête de vouloir perdre. Et encore moins face à un garçon ! Pas qu’elle ne le trouvait pas sympathique ou autre mais pour elle, il était clair que même si c’était un garçon de sa maison elle serait sans pitié. Elle n’aimait pas particulièrement les gens alors pourquoi faire une exception à la règle ?

Edan resta concentrer sur les tons de l'échiquier, se demandant bien à quoi pouvait ressembler une robe faite avec des motifs semblables. Puis la pièce bougea, celle de son adversaire qui ne perdait pas son enthousiasme pervers. Elle allait gagné, Edan ne s'en offusquerait pas puisqu'il avait accepté de jouer à un jeu dont il ne connaissait pas les règles. Il avait été trop idiot pour refuser simplement, il avait les pieds dans les plats, aussi bien mener la partie à terme.

Lorsque la jeune fille lui parla, il leva sèchement les yeux sur elle, comme si elle l'avait surprise flambant nu. Son visage froid resta immobile face à elle avant de redonner toute son attention sur l'échiquier.

* Ça y'est, elle te teste encore... Elle a bien vu que t'étais nul aux échecs donc elle essaie de se rassurer en te trouvant des trucs débiles à dire pour prouver que t'es pas un imbécile... bon... un verre d'eau... un fusil... pourquoi on remercie quelqu'un qui nous menace... *

Edan ouvrit la bouche et indiqua à sa fou de bouger. Malheureusement, l'énigme étant plus intense que le jeu lui-même, le pauvre fou succomba, éclaboussant en morceaux.

* Merde! *

Edan leva les yeux sur la jeune fille.

Le hoquet. Le type a perdu son hoquet.

Son regard noir défia celui de son adversaire. Edan n'était pas stupide, ses yeux brillaient de malice. Elle ne gagnerait à tous les coups, il ne la laisserait certainement pas faire. Il ne serait pas à sa mercie totale. Tant qu'on prend plaisir au jeu, peu importe notre position.

Une voiture sillonne dans les ruelles, les fards fermées. Soudainement, un chat noir traverse la ruelle et la voiture l'évite. Comment est-ce possible?

Le regard noir de son adversaire fit sourire la jeune fille qui posait sa tête contre la paume de sa main pour la tenir. Qu'est-ce qu'elle pouvait aimer voir ce genre de regard chez ses opposants. Alors qu'elle se délectait de ce magnifique regard sombre, ses doigts glissaient dans ses cheveux blonds. Son index s'amusait au passage à tortiller avec frénésie une petite mèche de cheveux rebelle alors qu'elle ne baissait pas son regard. Quand le garçon regarda une nouvelle fois le jeu d'échec pour voir qu'un fou s'était fait détruire sur place, la jeune vert et argent se préparait à attaquer dans la stratégie des cavaliers. En huit coups seulement elle était capable de mettre en échec et mat son adversaire. Quelle douce victoire allait elle être... Symphonie avait presque envie de plus de fantaisie en allant récupérer un Gramophone et mettre une belle musique des années cinquante en fond sonore.
Quand Edan daigna répondre à son énigme, un large sourire narquois naquit sur les lèvres de la première année. Il semblait fort intelligent et c'était pour le plus grand bonheur de l'adolescente qui allait enfin passer un agréable moment. Et le mieux de tout, c'est qu'il continua de vouloir jouer...

*Pff... Facile !*

- C'est évident voyons ! Cela se passe en plein jour !

Et dans un haussement d'épaules, la jeune fille détourna le regard pour le plonger dans un coin de la pièce. Puisqu'il semblait un tantinet fort à ces questions, pourquoi ne pas prendre plus dures ? Humm... Elle hésitait pourtant et préférait rejouer sur le même genre de sujet. Après tout, peut-être connaissait-il déjà la devinette...
Symphonie se redressa légèrement et posa ses coudes avec lenteur et délicatesse sur la table tout en portant avec ses mains sa tête fine. Son sourire malicieux et son regard provocateur pouvaient absolument tout dire mais elle frémissait rien qu'à l'idée que le garçon soit en colère. Tout en continuant de fixer ainsi, elle commanda à son premier fou de venir protéger en avant son roi ce qu'il fit sans encombre. Ses cavaliers étaient dans assez bonnes positions bien qu'elle avait un risque d'en perdre un à cause d'un tour adversaire. Elle fronça le bout de son nez alors qu'elle se mordillait avec douceur sa lèvre inférieure. Tout ce passait correctement même si deux pions venaient de perdre la vie. Tout ça pour lui faire plaisir... non mais vraiment !

- Un homme par tous les matins de chez lui par l'ascenseur puisqu'il habite le trente-deuxième étage. Comme chaque soir, quand il rentre il prend l'ascenseur jusqu'au vingtième étage et finit le reste à pied sauf quand il est accompagné dans ce même ascenseur où qu'il pleut. Pourquoi ?

Symphonie commençait à fortement apprécier cette rencontre imprévue. Bien qu’elle avait eu envie de passer un moment seul, il s’était avéré que ce garçon était plutôt d’agréable compagnie. La jeune Serpentard s’était finalement reculée pour s’adosser une énième fois contre le fauteuil alors que son chat grimpait doucement sur son épaule. Ce sourire taquin et son air moqueur donnait à la jeune fille une attitude des plus décontractées et amusantes. Ce côté pervers de cacher son jeu derrière une provocation était tout à fait digne de Serpentard et surtout de la jeune fille. Ce n’était tout de même pas sa faute si le jeune vert et argent avait accepter finalement, si ?
Il ne fallait jamais jouer sur le terrain miné que pouvait laisser la jeune Symphonie sans en connaître parfaitement les conséquences. Il était évident qu’elle n’allait pas s’amuser à lui faire faire ses devoirs ou encore son lit ni même lui tenir son sac pendant les cours. Elle avait une manière bien plus amusante de s’occuper du perdant. C’était presque une manie que de les faire mijoter jusqu’au bout des choses pour finalement leur avouer ce à quoi elle pensait. N’était-ce pas plus amusant de laisser l’imagination des gens jouer plutôt que de leur faire perdre toute illusion ?

[Je suis désolé du retard, j'ai beaucoup de trucs irl à faire ces temps-ci.]

Edan se posa une main contre le menton et se massa l'épiderme. Il ignorait la plupart des stratégies que les joueurs d'échecs utilisent pour se sortir d'un mauvais pas, il arrivait à peine à savoir s'il était dans un mauvais pas. Quoiqu'il en soit, une couleur dominait l'échiquier et vu la passivité de son adversaire, il ne pouvait qu'en déduire une défaite iminente.

*Je t'avais prévenu... t'avais qu'à dire que t'avais mieux à faire et on s'en balance! Mais non! Il fallait que tu joues, c'était plus fort que toi! T'es pas game, t'es pas game! Ouais, j'suis game!! GRrr!*

Le jeune homme eut un bref soupire puis indiqua à son cavalier d'avancer un peu au hasard. Il fut tiré de ses obstinations par l'énigme plutôt compliqué que Symphonie lui avait lancé. Il leva les yeux vers elle puis la fixa de son regard noir, plongé dans ses pensées.

* Un homme qui habite au trente-deuxième étage descend... il remonte jusqu'au vingtième étage... sauf quand il est accompagné ou quand il pleut... c'est débile... pourquoi il utilise pas l'ascenseur jusqu'au trente-deuxième étage, comme tout le monde... accompagné... d'un valet? Mais c'est quoi le rapport de la pluie... à moins que le type travaille dans son immeuble... nah, pas possible pourquoi la pluie... *

Edan resta silencieux, la jeune fille pouvait bien s'impatienter, gagner la partie et lui imposer son châtiment mais jamais il se laisserait dominer l'esprit, ça non...

*Tic tac, tic tac, allez Edan, serts-toi de ta tête, tu veux? Accompagné... la pluie... avec quelqu'un... qu'est-ce qu'on a de plus ou de moins quand y pleut... un manteau, un imperméable...un parapluie... Euh... accompagné donc... avec de l'aide... Merde, c'est ça!*

Le jeune homme eut un sourire victorieux.

"Le mec est trop petit... il peut pas atteindre le bouton, du coup, il demande l'aide de quelqu'un ou prend son parapluie."

Il baissa ses yeux sur les marques noires et blanches. Il entendait les chevaux hénir, la reine crier, les fous se marrer de tout. À l'aiiiiddde oooo mon rooiii se meurrrttt! Hiiiii!!!